Pensées et attitudes françaises à mi chemin du confinement

On entre dans les crises avec des idées bien fixées et on en sort avec les mêmes, à la grande surprise de ceux qui croient que tout a été tellement bouleversé et que l’on va découvrir un monde enchanté, jamais vu jusqu’ici, où toutes les vertus oubliées vont soudain s’exprimer allègrement.

M. Piketty était entré dans la crise sanitaire avec l’idée d’un énorme prélèvement fiscal sur les riches. Il la traverse avec l’idée d’un super énorme prélèvement fiscal sur les riches. Il en sortira avec l’idée d’un hystérique super prélèvement fiscal sur les riches.

Les collapsologues étaient entrés dans la crise avec l’idée que la nature était tellement malmenée par l’homme qu’elle ne pourrait bientôt plus fournir. Les voilà qui pensent que « la nature tellement malmenée » se venge cruellement sur l’homme des mauvais traitements qu’il lui a fait subir et qu’il faut désormais, et vite, se prosterner bien bas,  la figure repentante et méditer sur nos fautes, devant la déesse nature.

M. Jacques Julliard, dans la tradition socialo-chrétienne, mitterando-papale et très Ouest-France, pense que le capitalisme, « son productivisme et son économisme », est une infection « qui fait des vieux des rebuts avec comme seul horizon le cimetière ». En pleine crise sanitaire le voilà qui cite les bonnes appréciations d’un guide que le Parti Communiste de Chine avait mis à la disposition de son groupe de visiteurs,  expliquant que le Communisme était supérieur au capitalisme parce qu’il traitait merveilleusement ses vieux. Il sortira de la crise sanitaire, sans vouloir malgré tout passer ses derniers jours à Wuhan, ses urnes, ses fours crématoires derrière les hôpitaux, mais en crachant sur cette société infâme d’individus qui ne pensent qu’à consommer.

La nature a voulu que la vieillesse soit un naufrage. Nos efforts humains ont retardé d’une vingtaine d’années le moment de cette affreuse réalité. La collectivité finance près de 700.000 personnes en France pour s’occuper de nos dix millions de très vieux. Et il faudrait faire pénitence ? Ils seraient abandonnés par leurs enfants. Quels enfants ?  Des milliers de femmes très âgées n’ont pas de descendants. Leur mari est souvent mort depuis longtemps et elles n’ont eu qu’un enfant, qui a pu décéder avant soixante-dix ans, ou pas du tout d’enfant. Avec des parents qui décèdent maintenant routinièrement à plus de 92 ans, les héritages disparaissent. De toute façon, hériter à 70 ans, cela rime à quoi ? Doit-on vraiment culpabiliser les jeunes pour un prétendu « individualisme » forcené ?

Mme Natacha Polony est entrée dans la crise sanitaire en pensant que le système social et économique de ces dernières années était à bout de souffle. Au milieu du confinement elle explique que l’acte de décès a été signé par le Sars-Cov-2. « Il ne faut plus faire de nous des rouages de la machine économique mais nous réinstituer comme citoyen ».  Cela tombe bien la machine économique est grippée. Mais elle est délicate, Natacha :  il va falloir de l’exigence aux Français, pour ne pas tomber dans l’arnaque, « dans l’entourloupe des avant-hier qui déchantent ». Marianne, ce journal fondé sur le « vous vous rendez compte Madame Michu », fait bien de nous avertir. Il va sérieusement déchanter le citoyen, quand il n’aura plus d’économie(s) !

Le Conseil de la résistance, CNR, est à la mode. Quand il ne faut pas faire un « Grenelle du Covid 19 », ou un « Plan Marshall », il faut reprendre le merveilleux programme fondateur du Conseil National de La Résistance. Là encore, il faut ne pas regarder l’histoire de trop près pour s’enthousiasmer : pratiquement tout ce qui a été mis en place du plan du CNR sont les mesures qui avaient été décidées dès le début des années 40 sous le gouvernement de Vichy, autour d’Yves Bouthillier, Ministre des Finances, par une poignée de hauts fonctionnaires décidés à moderniser le pays. La Sécu, les Ordres professionnels, l’étatisme forcené, tout était là. La fonction publique et les boîtes nationalisées se sont accordé de formidables statuts protecteurs et pour les autres on a créé le sécurité sociale, régime général (traduire : sauf les fonctionnaires), sur les bases que Laroque avait défini sous Pétain. Décidemment on entre dans la crise comme on en sort.

Autant dire que les chances de voir les pouvoirs dominants, médiatiques ou politiques, en France sortir de leurs préconceptions et de leurs idées fixes sont nulles.

Les Islamistes expliquent que Dieu a envoyé le virus parce que les bons musulmans n’avaient pas tué assez de Chrétiens. Les Européistes considèrent que la crise aurait été tellement mieux gérées si l’Europe avait le monopole de la politique de santé publique. Bref, c’est partout pareil.

On a préféré, dans la plupart des pays, la faillite à la mort de quelques dizaines de milliers de personnes en général âgées.  C’est nouveau et généreux peut-être jusqu’au déraisonnable. Mais cela devrait tout de même nous éviter les dénonciations continuelles de « l’économisme » et l’indifférence aux vieillards. Leur mort n’aurait eu aucun impact économique grave, au contraire. La réalité est cruelle, mais pas la politique suivie. Elle n’est pas le fruit d’un calcul économétrique, mais du refus de tout calcul économique.  

Ceux qui demandent plus à l’impôt et moins au contribuable, et exigent plus de consommation pour une population en croissance exponentielle, tout en suggérant moins de production, donc de prédation sur les ressources naturelles (destruction, déchets, pollution), considèrent le Sars-Cov-2 comme un allié et une preuve de leur sagesse. « La ruine des hommes est un sursis pour la terre. Ouf ! C’est un bon début. On va pouvoir légitimer la frugalité nécessaire, la fin du tourisme de masse, la suppression des bagnoles, les rues de Paris converties en pistes cyclables, l’urgence de passer aux 32 et peut être aux 28 heures (payées 40 naturellement), la permaculture sur les toits, la dénatilité française, la fin de l’industrie, sauf pour les masques et les respirateurs), la disparition des inégalités grâce à une fiscalité ravageuse réservée aux riches. A chacun selon son absence de besoins ! »  

L’imbécillité crasse a donc quelques beaux jours devant elle et nous devons nous attendre à un cortège de grands prêtres du bien supérieur de l’homme, de la société, du monde et de la terre. Nous devons nous endurcir face  aux discours d’exaltés pleins de hargne et de repentance (pour les autres).  

Pourtant, ce n’est pas « l’économisme » qui a croisé les virus de pangolin et de chauve-souris ! Dame Nature est une marâtre comme chacun sait, qui vous envoie des virus tueurs assez régulièrement et nous accorde ses bienfaits avec parcimonie.

Ce qui force et forcera longtemps l’humanité à l’économie, à l’artisanat et à l’industrie.  Et donnera à notre jeunesse le champ nécessaire à son épanouissement. Rien de changé !

La crise sanitaire nous a surtout montré qu’il valait mieux avoir quelques réserves et une industrie puissante. Cette France post mitterrandienne incapable de fabriquer masques, respirateurs, médicaments et de maintenir un nombre de lits suffisants à l’hôpital, ces Français leaders mondiaux du non-travail, des impôts et de la dépense publique et cette Administration que tout le monde nous envie, reine absolue de la bureaucratisation stérile, n’ont exalté personne.  Surprise, surprise !

La France est entrée dans la crise avec ses problèmes et en sortira avec les mêmes en pire. C’est-à-dire avec l’urgence aggravée de revenir sur tout ce qui l’a mise par terre, avant et pendant. Au lieu de cela, les machines automatiques à se tirer des balles dans le pied sont toutes en train de se mettre en place avec des artilleurs qui salivent en chargeant les magasins.

Les rigolos s’amusent à compter les Français dans la dépendance directe de subventions d’état : les retraités et assimilés, près de 19 millions, les fonctionnaires et assimilés, près de 5 millions (certains disent sept), les personnels des entreprises publiques à statut protégé (Poste, SNCF, RATP, Dockers, Intermittents du spectacle , etc.) 1.5 millions, les chômeurs indemnisés de base (autour de 5 millions), les nouveaux travailleurs en « partiel », autour de 10 millions, les malades, invalides et assistés permanents ( 2 millions), soit environ 48 millions de personnes sur 66, moins les enfants de moins de 18 ans (11 millions) et les femmes au foyer qui ne travaillent pas (2 millions), mais reçoivent des allocations familiales, la gratuité de l’école et des soins, plus la cantine presque gratuite, etc.   Restent un peu moins d’une demi-douzaine de millions de braves personnes décidées à travailler et à vivre sur leur travail et non sur les versements publics, alimentés par les impôts et taxes les plus lourds du monde et un arrosage d’emprunts dont le montant va atteindre deux fois et demie la production marchande de 2020 dès la fin 2021 !

Déjà certains s’extasient : on peut le faire ! Pérennisons ! Vive le revenu universel ! Vive l’hélicoptère à monnaie ! Les syndicats montrent les dents. Les entreprises tendent la gamelle. L’émotion est partout avec des gens qui pensent que le « malheur » qu’ils viennent de vivre justifie moins de travail, des vacances, et des compensations directes. Et des gratifications supplémentaires pour ceux qui ont travaillé un peu. Que les autres paient ! Une calinothérapie avec défoulement fiscal sur les Riches, voilà la solution. Mais voilà : combien des entreprises qui ont mis les 10 millions de travailleurs-travailleuses au biberon étatique de secours survivront-elles ? Combien de projets auront avortés ? Combien d’investissements auront été perdus ?

La situation de la France n’est pas seulement ridicule et honteuse. Elle est catastrophique, avec des risques sérieux d’effondrement radical. A force d’essayer de courir avec des poignards dans le dos, et des hémorragies torrentielles, on finit par tomber !  

Tous les médias bruissent des mêmes interrogations : qu’est-ce qu’il faudrait changer ? Mais pratiquement tous indiquent le résultat espéré sans jamais regarder le moyen d’y arriver. Il faut retrouver nos industries stratégiques et reconstituer nos stocks de même nature. On fait comment lorsqu’on a grevé notre production de mille charges et qu’on l’a mise en compétition sans limite avec le monde entier ? On met fin aux 35 heures et à la retraite à 62 ans ? On réduit le pouvoir des syndicats ? On casse l’énarchie compassionnelle qui ligote tout et a mis la France sous tutelle ?

Il faut mettre fin à la disette et à l’inefficacité de nos services publics. Effectivement, ils sont tous à demi effondrés.  Mais on fait comment pour briser la bureaucratie infernale qui en grippe tous les rouages ? On casse les ARS et on restaure le pouvoir des « mandarins » ?  Préfère-t-on des grands « pontes » dans leur discipline à la tête de services en pointe dans le monde, ou des énarques directeur d’ARS qui comme celui du Grand Est, débordé par l’épidémie, gère son poste en édictant des règles absurdes et loin des patients, en télétravail de son appartement parisien ? On construit des prisons et on rétablit une chaîne pénale digne de ce nom ? On s’attaque aux phénomènes exogènes qui finissent par saturer tous nos systèmes pénaux, hospitaliers et sociaux ou on laisse faire?

On en revient sempiternellement aux tares qui précédaient la crise. Ce n’est pas par idéologie ou force de l’habitude, ou envie d’avoir toujours raison. On sait pourquoi les Français ont cessé définitivement de rattraper le niveau de vie américain, une fois mis en place le programme Commun de la Gauche. On sait comment les Britanniques ont mis fin à l’effondrement travailliste de la fin des années soixante-dix et ramené leur économie dans le peloton de tête. On sait pourquoi les Allemands ont vu leur revenu augmenter de 15% de plus que celui des Français depuis l’instauration de l’Euro. On sait parfaitement que le système monétaire international basé sur les changes flottants et un étalon dollar problématique ne fonctionne pas. Et même les Américains se rendent compte qu’il commence à leur causer du tort.

Les dirigeants français et leurs électeurs sont nés malin. Cela fait maintenant 40 ans que les élites socialistes et étatiques françaises s’essaient à la paupérisation relative de leur peuple, avec le soutien occasionnel et hagard d’un peuple désarticulé et déboussolé. Le ludion qui dirige actuellement le pays s’essaie à différentes formes de séduction sans jamais embrayer sur aucune réalité. Il s’est aperçu qu’il buvait la tasse quand il voulait noyer le poisson.  Alors il chante ce que les gens veulent entendre avec des paroles insincères tendues exclusivement vers son obsession : être réélu.  Lui « pense l’impensable » et sur le terrain, le gouvernement « dépense de façon impensable », et fait face comme sait le faire la bureaucratie, entre oukases, arrosages et impuissance.

Le paradoxe est qu’un pays où les politiques masquent avec ténacité toutes les tares accumulées depuis mai 68 et où la réalité présentée par les médias est totalement trafiquée et masquée, manque désespérément de masques.   

Emmanuel Macron : le vide et le Covid !

Le retour de supercandidat.

Le discours d’E. Macron a plus donné d’indication sur ce qu’il est, sa méthode et son ambition que sur la crise et les moyens de la surmonter. Ses discours sont comme ses lois : trop longs, trop vagues et trop confus. Ce qui est voilé est aussi important que ce qui est dit. Le clair-obscur, et les effets de lumière, façon studio Harcourt, sont là pour l’effet, jugé artistique. L’art est absent mais pas le flou.

Sur le fond, quand on le trouve, quelques mesures secondaires surnagent ; on concède et on cède à quelques revendications qui ont pris un peu d’ampleur. On tente de se protéger par quelques mots lâchés comme on débondait naguère au château, en gants blancs.

Cette préoccupation permanente de la protection personnelle et de la sauvegarde d’image, où chaque mot devient un petit paratonnerre, pour évacuer un risque ou une tension, cet excessive préoccupation de soi, empreinte de fausse compassion et d’outrancières visions idylliques pour le futur, est la marque d’une habileté, mais non d’une compétence, encore moins d’une sincérité.

Le jeune Emmanuel joue un jeu de rôle, pour épater encore et toujours sa prof admirative. Il ne dirige rien. Il chante « Marchons ! Marchons !» comme on le fait dans Don Carlo à l’Opéra-comique : on piétine sur la scène sans jamais avancer. Le but n’est pas de gagner la « guerre ». A la guère comme à la guère, on quémande assez d’applaudissements pour que la pièce continue.

Gamin dans un costume trop grand pour lui, Macron compte que son culot et ses beaux yeux bleus lui permettront de tenir une part suffisante de l’opinion pour lui permettre de jouer les boucliers face aux méchants de rigueur. L droite ? Elle a peur. Elle se couchera en demandant qu’on la sauve. Reste la gauche et les Verts !  C’est à ce camp là que l’Enarque compassionnel veut montrer la richesse de ses bons sentiments et sa souplesse idéologique.

Alors il a multiplié les révérences, appuyées et accompagnées de lourds clin-d ’œil. L’écornifleur échoue s’il ne renchérit pas indéfiniment sur ses courbettes et ses flatteries. Alors, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! Surtout si tout le monde est confiné. Pour le reste, en période de guerre, ce que l’on nie est ce qu’on avoue et ce qu’on avoue, ce que l’on veut minimiser.

« J’avais laissé mon premier ministre vous annoncer la fin temporaire de vos libertés de circuler. Mais c’est moi qui vous annonce votre libération ». Voix off :« tout en doublant votre temps de confinement et en avouant que je n’ai pas la moindre idée de la manière d’en sortir vraiment. J’ai doublé la durée de confinement pour que vous voyez le nombre quotidien de morts baisser. Ce sera ma victoire : j’ai sauvé des vies.  Ils vont me dire merci.  Mais pour beaucoup, ce ne sera qu’un sursis, car il n’y a pas de traitement réel, pas plus aujourd’hui qu’hier, et que je n’ai toujours pas les moyens de lutter qu’il faudrait. Ah, ma trouvaille des masques « grand public », c’est-à-dire des masques sans aucune efficacité autre que psychologique !  Dans un mois la France sera globalement dans la situation où sont déjà la moitié des départements. Alors pourquoi ne pas leur rendre la liberté de travailler ? C’est cela ma réponse ; je n’ai pas de masque grand public… »

« Je vous annonce la fin des festivals et du Tour de France ». Voix off : « Mais pas le report des élections municipales, toujours censé avoir lieu en juin ! Ah ! Ah ! Ah ! ça sera pour le Premier Ministre si personne n’a encore compris ».  

« J’ai fait fort en annonçant le retour de la liberté de circuler après le 1er mai et après les ponts ». Voix off : « Comme je suis malin ! Ce n’est pas maintenant que les gilets jaunes vont inventer le masque jaune petit public ! »

« Je vous annonce le retour des mômes dans les classes, parce que les garder à la maison est vraiment insupportable ». Voix off : «  Mais pourquoi ai-je fermé les classes dans les régions non contaminées, sachant que les enfants ne risquent rien, et leurs jeunes parents presque rien et qu’il faut qu’on atteigne un jour ou l’autre les 60% de contaminés ? Chut ! »  

« Je vous annonce des flots d’argent, des océans d’or pour tous, sans restriction ». Voix off : « et jamais je ne vous demanderai le moindre effort ni ne lutterai contre les feignasses et les abusifs tout heureux de ne rien faire à 85% de salaires ou à 100% pour les personnes à statut, comme à la poste où ils ont tous déserté saint Service Public sauf quelques honnêtes gens. Et j’ai obtenu du MEDEF qu’il la ferme sur une augmentation du temps de travail. Bien sûr qu’un trou de richesses ne peut être comblé qu’en travaillant d’arrache-pied pour compenser la perte. Vous me voyez annoncer des larmes et du sang ? Et du travail ! »

« Je vous annonce un monde radieux à la sortie et vous vous trouverez beaux comme jamais. » Voix off : « Je veux dire : vous me trouverez beau comme jamais ! Alors que franchement quelle incroyable incurie est apparue dans toute sa splendeur, là où la presse politiquement correcte ne cessait de parler des « merveilleux ceci ou cela que le monde nous envie » ».

Voix off : « Je me suis mis à la hauteur de notre ridicule national.  En ce jour anniversaire de la mort de Jean de la Fontaine, personne n’osera relire la fable Le Corbeau et le Renard. Heureusement.  Isatis, c’est moi ! Vous n’avez pas vu mes yeux ?  Dans le jardin de l’Elysée, je suis la seule Narcisse qui reste. J’en bronze de plaisir et je n’ai pas résisté à l’envie de montrer ce bronzage sous tous les angles favorables, même si la maquilleuse a un peu forcé sur le fond de teint.  Sinon à quoi a pu bien servir ce discours ridicule ? 

Un communiqué de quatre lignes du Premier Ministre aurait suffi :

« En accord avec le Président de la république, nous allons sortir du confinement progressivement à partir du 11 mai 2020, si la situation sanitaire le permet. Le Ministre de l’Education Nationale étudie les modalités du retour des élèves dans les écoles. Tous les ministères sont penchés sur les difficultés à surmonter pour réussir cette opération. Les modalités seront précisées dans les trois semaines à venir ».  

Il fallait lire l’interview au Financial Times pour comprendre. Le prurit pseudo-littéraire de notre Eliacin national, n’avait pas trouvé auditoire à sa mesure.  Il lui fallait le monde.  « Il est temps de penser l’impensable ». L’impensable, c’est le capitalisme qui doit être « transformé ». Avec le jeune Emmanuel, il n’y a plus de réforme seulement des transformations et ce transformisme est le guide vers l’impensable.  Être à la hauteur est d’abord de monter en Montgolfière à gaz chaud à des altitudes qui vous font toucher le sommet de la caverne de Platon !

Evidemment le journal s’amuse à lister les grands projets d’un Président qui n’a jamais cessé depuis son arrivée au sommet et aux sommets de solliciter les grands de ce monde pour des actions aussi nébuleuses qu’ambitieuses ? Le soufflé est toujours retombé, et il a bien fallu subir autant de soufflets. Contrairement aux autres dirigeants ricane FT, Macron ne cherche pas à rétablir la situation d’avant mais voit dans une crise sanitaire, qu’il n’a pas su gérer tant les pénuries de moyens sanitaires accablent la France et sa population, un évènement propice à changer la nature de la globalisation et la structure du capitalisme international. Rien que cela. Et avec « humility » bien sûr, puisqu’on ne sait pas où nous emmène le virus.

Toujours avec l’humilité qui le caractérise, il veut utiliser le cataclysme pour donner la priorité à l’homme, plutôt qu’à la croissance, à l’action contre les désastres écologiques, plutôt qu’à l’extension de la consommation, mais naturellement avec un œil acéré sur les inégalités. Comment réduire les inégalités en réduisant la richesse ? En tapant dans le stock et en réduisant les flux ? Les stocks ont été anéantis. On prend quoi et à qui ?

A l’Allemagne et à la Hollande, ces égoïstes qui ne veulent pas venir au secours de l’Italie et des pays du sud, et qui laissent donc tomber…la France. Tiens voilà la cigale française qui veut accaparer l’argent des fourmis voisines.  Et son humble président de taper sur la table à poings redoublés.

La France, pays leader en matière d’absence de travail, d’impôts, de dépenses publiques, qui a cessé depuis longtemps de faire croître son industrie, qui est à la remorque dans tous les domaines, qui a géré sa crise sanitaire dans des conditions dantesques faute de toute préparation et prévoyance, qui a effondré toutes ses fonctions régaliennes, qui a replié depuis longtemps tout son appareil diplomatique extérieur, qui finance bien moins que les autres les organisations multilatérales comme l’OMS, a-t-elle tant de leçons à donner au monde ?

Mais oui ! « Si nous avons su prendre des mesures impensables, comme interdire le droit de circuler pendant des mois, nous saurons sauver la planète ».

Rien que cela. Hallucinant !

A quoi rime tout ce cinéma se demande le journal, qui donne la solution : le Président français fait des clins d’œil à la gauche et aux Verts en vue des prochaines élections présidentielles. Alors les réformes sont au panier. Reste les postures, nécessaires pour faire oublier le passage chez Rothschild, le « président des riches », et le goût pour les « premiers de cordée ». La triangulation, l’art de reprendre à son compte les arguments des autres, quitte à faire radicalement l’inverse si cela a marché et qu’on se retrouve au pouvoir, est la baguette électorale magique de l’ambitieux sans autre projet qu’électoral.

Voici le Sars-cov-2 devenu agent électoral en vue des présidentielles qui approchent à grands pas.  Pas d’ennemi à gauche et en marche !

Ce n’est pas le déconfinement qu’a initié le discours du candidat perpétuel Macron, mais l’ouverture des Présidentielles, sur fond de désastre national de grande ampleur, désastre qu’on aggrave par électoralisme mais qu’il s’agit de balayer sous le tapis aux prix de contorsions qu’il n’est pas interdit de trouver totalement déplacées et parfaitement grotesques.   

L’Union Européenne et l’exploitation du virus Sars-cov-2

Un des côtés franchement odieux des européistes est l’opportunisme qui les animent à chaque fois qu’une crise touche le monde pour arracher aux Etats plus de pouvoirs et de moyens, alors que rien ne prouve jamais que les démembrements obtenus auraient eu un avantage quelconque. La crise de  2008 a vu une extension considérable du rôle de la BCE dans le contrôle des banques, sans réel bénéfice pour personne.              

Ce soir, l’interview de Thierry Breton est annoncée et on nous promet un discours en faveur d’une extension du rôle de l’UE dans la santé. L’Europe institutionnelle avait-elle un rôle à jouer face à l’épidémie de coronavirus et a-t-elle eu une attitude utile et efficace ?  Tout le monde a constaté que non, mais la réponse immédiate a été : « normal, ce n’est pas une compétence de l’Union Européenne ».

Ce qui est partiellement faux.

La Commission et le Parlement, depuis le catastrophique traité de Lisbonne, se sont vus attribués la possibilité d’agir à peu près dans tous les domaines, même et surtout dans tous ceux qui ne sont pas de la compétence exclusive de la Commission. Il faut se souvenir que le traité de Lisbonne accorde des compétences exclusives à la Commission mais a supprimé les politiques exclusives des états.

« Il existe des défis transnationaux, communs à tous les Européens, sur lesquels avoir une vision d’ensemble devient un atout. Dans ces cas, l’action de l’Union européenne vient compléter celle des Etats ». Comme il n’y a guère de sujets où de tels défis ne peuvent pas se trouver, tout est ouvert à des « politiques complémentaires » pou « d’appui » dont le développement pourra, à terme, créer les conditions d’un nouveau monopole d’initiative de la Commission. C’est la politique dite du rhizome, née à l’extrême-gauche, reprise par les Islamistes et idéale pour les européistes, tendance Jean Monnet et comité Delors : des racines souterraines se développent partout, se joignent et finissent par créer un tissu inexpugnable.

L’exemple de la politique de santé le démontre avec la plus grande clarté. Qui sait qu’il y a une politique de santé publique européenne ? Personne à part quelques initiés. La presse quotidienne nationale n’en parle pas. Les grands médias télévisés encore moins. Même les professionnels de la politique dans les partis n’en savent en général rien. Lors d’une récente l’émission Zemmour & Naulleau personne ne paraissait même le savoir, alors qu’il s’agit de journalistes plutôt bien informés.

Le traité sur le fonctionnement de l'UE (TFUE) lui donne pourtant, à l'article 168, une base pour intervenir dans les domaines (très larges) suivants :

    L'amélioration de la santé publique ;

    L'information et l'éducation en matière de santé ;

    La prévention des maladies et des causes de danger pour la santé physique et mentale ;

    La lutte contre les grands fléaux, en favorisant la recherche sur leurs causes, leur transmission et leur prévention ;

    La surveillance, l'alerte et la lutte contre les menaces transfrontières graves sur la santé ;

    La réduction des effets nocifs de la drogue sur la santé.

 

On voit que la « surveillance et l’alerte contre les menaces transfrontalières graves sur la santé » sont dans la liste et que le Sars-Cov-2 a dû être immédiatement ciblé par la cellule « d’appui » (sic) européen, comme menace grave transfrontalière. En vérité, il ne s’est rien passé du tout et les Etats ont pris leur responsabilité et fermé leurs frontières dès qu’ils ont compris la nature de la menace, sauf naturellement E. Macron pour qui l’idéologie européiste est un réflexe plus solide que la crainte des effets d’un virus sur la population du pays qu’il dirige. 

Certains diront : peut-être l’administration de cette fonction d’appui n’avait-elle pas pu être effectivement mise en œuvre. Pas d’effectif ; pas de budget ; pas d’action. Normal !

Faux une fois de plus. 

« L'UE agit dans le cadre d'une programmation pluriannuelle, mise en œuvre par l'Agence exécutive pour les consommateurs, la santé et l’alimentation (CHAFEA). Actuellement inscrit dans la stratégie globale Europe 2020, le Programme Santé pour la période 2014-2020 poursuit "quatre objectifs spécifiques dans 23 domaines prioritaires" :  

    "Prévenir les maladies et favoriser des modes de vie sains" ;

    "Protéger les citoyens des menaces transfrontières graves" ;

    "Contribuer à des systèmes de santé innovants, efficaces et viables" ;

    "Faciliter l’accès des citoyens à des soins de santé sûrs et de qualité".

Pour réaliser ces objectifs, des appels à propositions, appels d'offres et appels pour des actions conjointes sont lancés par la CHAFEA. Les financements sont attribués en fonction des priorités et des critères redéfinis chaque année avec les Etats membres dans un "plan de travail annuel". Le premier programme Santé (2003-2007) de l'UE bénéficiait d'une enveloppe de 353,77 millions d'euros, le deuxième (2008-2013) de 321,50 millions d'euros. Le programme actuel est quant à lui doté d'un budget de 449,4 millions d'euros. »

Donc, nous trouvons bien une administration, la CHAFEA, et d’un budget d’un demi-milliard d’euros, ce qui n’est pas rien, qui aurait été très utile pour acheter des masques, des tests et des respirateurs. 

Il existe deux autres instances :

- le Direction Générale de la Santé (DG Santé), qui dépend du commissaire européen à la santé

- la Direction Générale de la recherche (DG Recherche), qui dépend du commissaire européen à la recherche.

De ces instances, seule DG Recherche, gérant la contribution financière des états membres et finançant les projets clefs, a un réel pouvoir. DG santé n'est absolument pas habituée à intervenir en cas de crise et est d'ailleurs incapable de le faire, simplement par qu’elles sont privées de compétences médicales.

« Toutes ces directions sont truffées de bureaucrates qui ne connaissent qu'une chose : la novlangue bureaucratique ; ils ont une idée totalement floue de la réalité. Dans une période comme celle que nous vivons ils sont complètement perdus », dira en démissionnant le président du Centre Européen de Recherche.

Impact de ce budget, de ce plan d’action et de cette administration sur la politique contre le virus ? Nul. De l’argent fichu en l’air. Mais quelques prébendiers ont été et restent bien rémunérés et une racine a été plantée pour expliquer que l’Union aurait dû être à la tête de la lutte contre le virus, qu’il faut lui donner plus de moyens, qu’il faut une « vraie » politique de santé publique européenne, avec un budget réellement conséquent, d’au moins x% du PIB global etc. Telle est l’éternelle réclamation des européistes : l’Union européenne a été défaillante, il faut lui donner plus de pouvoirs et d’argent. 

Des exemples comme celui-ci, il y en a des dizaines, avec à chaque fois une enflure des programmes et des dépenses au fur et à mesure que le temps passe, dans le silence médiatique total, avec des résultats nuls, sinon celui de déresponsabiliser les Etats, confrontés à mille luttes analogues,  portés par des groupes de pression, des élus européens qui se croient titulaires de la politique à y mener, des associations militantes ou des clubs subventionnés par l’UE et qui militent inlassablement pour « toujours plus d’Europe ».

Comme l’écrit Giscard : « La seule démarche fédérative qui peut aboutir en Europe n’est pas la démarche imposée du haut vers le bas, de type napoléonien, vouée à l’échec, mais celle conduite avec réalisme du bas vers le haut, par le jeu du transfert de compétences ! » Surtout si ces transferts sont cachés à l’opinion.

En attendant la Commission, le 7 avril, entendait jouer la mouche du coche sur le déconfinement : « Demain (mercredi 8) la Commission va adopter des orientations, sa vision sur comment les États membres devraient de manière coordonnée mettre en œuvre, le moment venu, des mesures pour sortir de cette période de confinement et, de manière générale, des autres mesures prises dans ce contexte », a annoncé mardi son porte-parole Eric Mamer. « Nous pensons qu'il est important de sortir avec ces propositions maintenant puisque certains Etats membres commencent déjà à annoncer des premiers pas dans cette direction pour les semaines à venir, et il nous a semblé très important que cela puisse se faire de manière coordonnée », a-t-il précisé.

Pour ceux qui ne le savent pas, il existe un service des porte-parole, avec chef et chefs adjoints et 12 porte-parole, plus une flopée de secrétaires et administratifs, dans plusieurs centaines de m2, avec informatique, bureautique, etc. Personne ne tient compte de ce qu’ils peuvent bien dire. La PQN française ne rapporte JAMAIS les propos de ce service.

Les bureaucrates restent et Mauro Ferrari, le président du centre de recherche européen, a remis sa démission. Servir de caution à un « machin » au milieu d’une catastrophe sanitaire ne lui a pas paru digne. Bravo !

Il serait peut-être utile de tirer définitivement la leçon de cet échec cinglant.

Il vaut mieux ne pas créer d’institutions ni de budget s’ils ne servent qu’à faire semblant et à grignoter du pouvoir sur les Etats, et éviter de les peupler de bureaucrates incapables (mais super bien rémunérés et/ou en argent et/ou en honneurs). 

Les Européistes, eux, sont déjà en chasse. L’institut Jacques Delors l’affirme : « L’UE ne dispose que d’une compétence d’appui, qui prévoit pour l’essentiel des actions de coordination et de coopération. Une fois passée, la crise liée au Covid-19 devra être l’occasion de revoir les dispositifs existants et de réfléchir à la mise en place d’une véritable politique commune européenne de la santé, y compris sur le plan de la production industrielle. Plus que jamais, les citoyens demandent à l’Europe de les protéger, sur le plan sanitaire comme dans d’autres domaines ».

L’Europe protectrice ? Elle a tout cédé à la mondialisation version américaine, supprimé le tarif extérieur commun, accepté des traités commerciaux inégaux, toléré des sanctions américaines de D. Trump sans vraie réaction, imposé une croissance faible dans le cadre de budgets cadenassés, refusé de contrôler les mouvements de populations problématiques, interdit de créer des grandes entreprises européennes capables de résister aux molochs américains et Chinois, etc.

La seule chose quoi intéresse l’UE et les mouvements européistes, c’est d’arracher le plus de pouvoir et d’argent possible aux Etats nationaux, éclatés par la régionalisation, et devenus un ensemble de « territoires » sans force et sans âmes, afin, à terme, de créer une Europe fédérale de type américaine et sous domination américaine, parlant anglais et gérant pratiquement toutes les politiques au profit de grands intérêts étrangers, tout en faisant droit à mille lobbies et groupements militants.  

Une fois une fonction captée, impossible de revenir en arrière. Le fait que  les socialistes, de Mitterrand à Hollande aient détruit le système de santé français, avec l’appauvrissement des médecins et chirurgiens libéraux, l’installation d’une bureaucratie terrifiante, incapable et paralysante (35% d’administratifs en France contre 24% en Allemagne) ,  les 35 heures et la retraite à 60 ans, l’imposition d’une cogestion avec les syndicats,  la sous-traitance au moins disant mondial pour les médicaments et les équipement médicaux, l’envahissement des structures par des immigrés, légaux ou non, avec le triomphe de la sottise tous azimuts avec Marisol Touraine, incapable notoire,  imposée pendant 5 ans à des professionnels de santé catastrophés, ne justifie pas qu’on transfère la politique de santé à l’Union Européenne.

Non, il faut simplement l’arracher au socialisme et à l’énarchie, pour la rendre aux professionnels de santé.

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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