Comment nos impôts augmentent massivement : l'exemple de Paris

Nous avons déjà montré sur ce site  comment la croissance et le cycle  étaient mis à profit par les élus pour accroitre constamment les impôts.  Ce qui vient de se passer à Paris avec l’annonce d’une formidable augmentation d’impôts pour 2009  en est une nouvelle démonstration.

Depuis 1997 les transactions immobilières étaient  en forte croissance, sous le double aspect du nombre et des prix.  Tout le monde sait désormais qu’il s’agissait  d’une bulle exceptionnelle : elle vient d’exploser.

Il se trouve que la fiscalité locale dépend étroitement de l’immobilier. Que   les habitants soient largement taxés  à raison de l’ampleur et de la qualité de l’emprise qu’ils ont sur le sol de la commune, cela se défends. Que l’impôt doive être prélevé sur les transactions immobilières, c’est déjà plus contestable. C’est comme cela. Soit. 

La Ville de Paris s’est donc branchée confortablement sur la bulle immobilière au point que des ressources colossales lui sont tombées du ciel.   Parti d’environ 350 millions d’Euros au milieu des années 90 on est arrivé en 2007 à près de 940.  Pour la période Delanoë la recette a donc doublé.

Au lieu d’utiliser avec parcimonie une recette hautement spéculative (ou de la mettre en réserve pour les temps de vaches maigres) , on l’a dépensée entièrement, créant chaque année des centaines de postes nouveaux   et multipliant les investissements  les plus contestables.  

On ne savait pas que Paris manquait de bras. Quarante mille personnes, ce n’est pas rien pour une ville de  moins de 2.000.000 d’habitants serrés comme des harengs sur une toute petite surface et dont la population a constamment baissé jusqu’à ces tout derniers temps.  Les voici désormais  budgété à  43.000. On est bien content : un fonctionnaire local pour 46 habitants, c’est formidable non ?   

 Ramené à un immeuble les chiffres sont encore plus drôles.  Voici un grand immeuble de dix étages du 14ième arrondissement ; 150 appartements, près de 460 personnes.  Il se suffisait d’un gardien et d’un employé d’entretien.  Il bénéficie aussi de 10 employés locaux  pour ses besoins divers ;  un par étage. A la fin du mandat du maire actuel on en sera à 11. Alors que les copropriétaires discutent de façon acharnée de la réduction des effectifs de la copropriété  dont le coût grimpe inexorablement.

Et voilà que la bulle éclate. Que fait la mairie ? Elle enclenche le fameux cliquet à la baisse des impôts.  Un impôt dont le rendement monte ?  Il faut en profiter aussitôt et tout dépenser. Un impôt dont le rendement baisse ? Intolérable. Il faut augmenter les taux  impôts d’urgence et/ou en créer d’autres.  Dans le cas d’espèce on annonce  une hausse globale de 9% avec des hausses de taux pour la taxe foncière et la création d’un impôt nouveau très lourds (3%  sur la valeur des biens immobiliers : l’équivalent de trois ISF).

En vérité on joue comme toujours sur les mots. Quand le rendement de l’impôt monte sans que l’on touche aux taux, on dit « les impôts n’ont pas augmenté ». 

Grosse ficelle également la manière de faire passer la pilule, toujours la même :

-    D’autres villes paient plus. Il est vrai que Paris, totalement figé dans ses frontières depuis des lustres,  n’a pas les besoins d’équipement d’une ville nouvelle.  Peuplé d’habitants riches,  le rendement fiscal est important, ce qui n’est pas nécessairement le cas d’une ville dortoir pour immigrés fraîchement arrivés.   A l’échelon national on nous explique toujours qu’à partir du moment où un pays à un taux de prélèvement supérieur au nôtre on doit être content et tenter d’atteindre ce maximum.  Localement c’est pareil.

-    L’augmentation ne représente presque rien pour le locataire de base.  On souligne le cas de la petite famille  économiquement faible louant dans un quartier pauvre et qui ne paiera que quelques dizaines d’Euros et «  passez muscade ».  Quand on regarde de plus près on aboutit à 50 ou 100% pour de larges fractions de la population.  Mais chut ! Contester une hausse d’impôt est incivique et les journaux ont bien compris le message.
La vérité est que désormais le propriétaire d’un appartement, souvent à l’ISF,  est encore plus lourdement taxé au moment même où la valeur de son bien  a beaucoup augmenté alors que la crise le prive de revenu, que les prix à la consommation, déjà les plus hauts de France, flambent .  

On ne peut imaginer hausse d’impôts moins bien venue et plus à contre temps.   Ce même propriétaire est en plus dans l’étau de la modernisation obligée des ascenseurs (qui double à peu près sur deux ans les charges de copropriété)  et sous la menace de restriction d’emploi de son automobile.  

En termes de pouvoir d’achat tous ces événements concomitants représentent une formidable baisse dont AUCUN JOURNAL NE PARLERA, pas plus qu’elle n’avait signalé la hausse délirante du nombre d’assujettis à l’ISF à Paris pendant la bulle.  Et si la crise envoie au chômage un propriétaire nouveau qui avait pris un crédit !

C’est son problème dira M. Delanoë qui a ses propres priorités.

Le site de Mairie de Paris vante l’emploi mirifique de ses nouvelles ressources. N’a-t-il pas créé une nouvelle salle de spectacle  indispensable (Paris étant incroyablement sous équipé) : la Maison des Métallos, bien nommée puisqu’il n’y a plus un seul métallo à Paris. Entièrement subventionnée bien sûr.  Les copains du Maire  et de son adjoint à la culture ne sont pas sûrs que les parisiens paieront spontanément pour les considérables créations qu’ils envisagent et pour lesquels ils attendent de grasses rémunérations (100.000 euros annuels paraissent le minimum vital).

Un simple examen du programme de cette salle qui fait fureur (il faut lire le budget de la mairie pour savoir qu’elle existe)  est éloquent : une pièce pornographique (Corpus eroticus )  suivi d’un colloque de l’association ATTAC  contre les multinationales agricoles.  On sait que cette association rassemble des communistes  du PC, des communistes de la CGT, les communistes trotskistes et des communistes tiers-mondistes  contents de faire perdurer les réseaux  d’influence de la guerre froide après la chute du mur  sous un faux nez de « d’organisme d’éducation populaire ».

Voilà comment un budget de dépense initialement de 4.5 millions d’Euros lorsque M. Delanoë est arrivé  va passer à près de 9, un doublement en 10 ans.    Sur le thème : nous avons été très raisonnables en matière d’impôts !  Et le maire veut aussi restaurer sa base fiscale immobilière en créant des tours immenses, sources de recettes en proportion.

L’opposition ne dit rien. Il est vrai que la municipalité précédente avait augmenté massivement les impôts après la crise de 1993, pour ne pas renoncer aux dépenses mirifiques également faites grâce aux rendements inattendus de  la période de croissance précédente.

A la veille de la plus grande crise depuis  1929 les politiques font comme si de rien n’était en utilisant les grosses ficelles qui ont fait passer le taux de prélèvements en France de 35 à 45% en trente ans.  Au niveau local comme au niveau national.
Gare aux conséquences !  

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes E-toile.

Post scriptum :


1.    Présentation de la maison des métallos  (par eux mêmes)

« Située au bas de la colline de Belleville, la Maison des métallos s'impose comme une matrice de liens entre des artistes et un quartier cosmopolite, héritier des faubourgs industriels. Véritable espace de création, ce foyer de mixité sociale et d'engagement citoyen entrelace la danse contemporaine, le théâtre et les arts plastiques pour mieux mettre à l'honneur la pluralité culturelle ».

Note : si vous avez compris ce que cela veut dire vous aurez le droit de concourir au concours du « plus beau BOBO parisien 2009 » (gare à la concurrence)  et de vous « entrelacer dans la matrice » gratuitement pendant un an (préservatif fourni gracieusement par l’adjoint à la culture).   

2.    Présentation de « corpus eroticus »  (par eux mêmes)

« Un quartier chaud, constitué de trois alcôves rouges. Six espaces à découvrir : arène, peep-show, chambre mystérieuse... Et autant de confidences érotiques à recevoir. Dans une rare proximité, les douze spectateurs de chaque 'alcôve' sont appelés à prendre des places troublantes : confident, cobaye, voyeur... Intégrés au spectacle même, ils participent à une série d'expériences concrètes et intérieures en dépassant leurs appréhensions pour pousser le rideau, transgresser l'interdit et découvrir une variété de situations, d'imaginaires et de sensations ».

Note : si vous avez compris comment on amortit un spectacle  de 72 spectateurs maximum avec une entrée à 9 Euros, soit 675 euros de recette par spectacle,  vous avez gagné une place !  


3.    La journée des femmes : un exemple d’exposition

Corps et ombres par Valérie Grange
Maison des métallos - Salle claire - 6 mars à partir de 17h00 -  7,  8,  9 mars à partir de 10h00
Pendant une période de recherches sur le thème de l’ombre (d’objets, de végétaux, de corps) j’ai fait un voyage dans le Finistère et j’ai photographié l’ombre de mon corps sur les paysages « à plat » de la grève, le sable, les rochers, les algues.
Je travaille à compléter cette série : corps projetée sur de nouveaux support (intérieur, extérieur, urbain, naturel).   

Si vous avez compté plus de 72 visiteurs conquis par tant d’audace,  vous avez aussi gagné une place, mais il faudra prendre une photo de l’ombre de votre portefeuille projeté sur un mur de la Mairie centrale.

Commentaire
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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