Les certitudes dans la crise mondiale (2) : l’impuissance des banques centrales

Lorsqu’on étudie l’histoire des banques centrales ont est frappé par l’écart entre la haute réputation que ces institutions ont réussi à imposer au public et leur remarquable inefficacité. 

La France monarchiste a essayé avec Law un système qui s’est assez rapidement effondré, avec la Révolution un nouveau système qui s’est tout aussi vie  effondré et avec Bonaparte puis Napoléon un   système centralisé et pompeux  qui a tenu, mais essentiellement parce qu’il avait un monopole et que les billets étaient totalement convertibles en or et argent, et que la Banque n’avait aucun rôle vis-à-vis d’un système bancaire qui ne sortira de la léthargie qu’avec napoléon III. 

A partir de 1844 et le Banking act, la Grande Bretagne a eu sa banque centrale et son monopole absolu d’émission des billets.  Le résultat sera une formidable dépression dans les colonies et un système de « stop and go » absolument désolant qui a marqué tout le reste du 19ième siècle.  Entre 1873 et 1878 par imitation de la Banque centrale anglaise le bon chic bon genre et le prêt-à-porter  intellectuel de l’époque imposent un étalon or unique dont le premier effet est de provoquer une dépression pendant près de 15 ans !

Aux Etats-Unis, il faudra attendre la crise bancaire de 1907 pour qu’on crée une banque centrale sans lui en donner le nom  et en la divisant en un grand nombre d’établissements régionaux.  La grande crise de 1929  démontre que des erreurs ont été commises par ces banques qui n’ont rien vu venir de la débandade spéculative  et qui ont aggravé les choses.  10.000 banques disparaissent aux Etats-Unis alors qu’on avait créé une banque centrale  pour stabiliser le système bancaire ! C’est l’Etat par l’intermédiaire d’une obscure officine  la Société Fédérale d’Assurances des Dépôts  qui stoppe la crise de défiance des déposants.

  Aujourd’hui plus aucun observateur ne doute que la politique de la FED sous Alan Greenspan a été gravement perturbatrice, renonçant à toute régulation protectrice pour l’épargne et le système bancaire, oubliant totalement le change du dollar,  et faisant faire le yoyo aux taux d’intérêt dans des proportions déstabilisante. Passer d’abord en 2002 à un intérêt NEGATIF, le maintenir plus d’un an  et le  remonter ensuite à 5.5%, était-ce bien raisonnable ?

Le projet d’Euro d’abord par son ombre porté puis par sa réalité vécue en tant qu’institution  a toujours eu un rôle dépressif.  La BCE n’a rien vu venir et n’a rien su ou pu prévenir des pratiques bancaires dangereuses.  

Lors la FED cesse de publier M3, C. Noyer, vice président de la BCE,  ne trouve qu’une chose à dire, de tête à peu près cela : « avec les nouveaux produits de placements de toute façon cela devient compliqué à interpréter ». C’est ainsi que les CDO ont fait leur apparition dans le discours des banquiers centraux :   on ne comprend pas trop mais on ne fait rien. Ce brave garçon sera aussitôt nommé à la tête de la Banque de France, toujours aussi prestigieuse mais sans aucune fonction autre que micro résiduelle !

Lors que la crise éclate en juillet 2007 les banques centrales sont totalement surprises et il ne se passe …rien. Il faudra que l’explosion générale  ait lieu à partir de la mi-septembre 2008 et  que tout d’un coup la panique gagne tout le monde et que les banques soient à la merci d’une ruée des déposants. Qui l’empêche ? Les Etats comme en 1929.  Seules les garanties d’Etat permettent d’éviter l’effondrement.  Mais le Secrétaire d’Etat au Trésor, M. Paulson, a eu tout de même le temps de faire une énorme gaffe en liquidant Lehman Brothers. La FED est hors du coup.

Alors bien sûr maintenant  la FED et le BCE manipulent à tour de bras la planche à billets : il n’y a plus de marché interbancaire !  Les taux d’intérêt sont descendus à un niveau très bas, bientôt plus bas que ceux atteints par Greenspan ce qui laisse bien augurer de la suite. 

L’inondation monétaire est digne d’une crue du fleuve Pactole. On parle d’une émission de près de 10.000 milliards de dollars entre la Fed et la BCE ! Au passage, c’est le montant du PIB français, une paille.

Et pourtant les banques ne boivent pas à ses sources miraculeuses. C’est l’histoire de la ficelle. Avec elle on peut tirer mais on ne peut pas pousser. Toutes les banques sont en restructuration accélérée mettant le feu à ce qu’elles avaient adoré un temps : la conquête du monde, les placements dangereux à effets de levier, l’investment banking,  le LBO et le private equity, etc. 

On peut estimer que d’ici à fin 2009  entre 300 et 400.000 employés de banque auront été licenciés à travers le monde !  On reconstitue les marges en prêtant peu et cher au pékin de base. Et on élimine sans pitié l’économiquement faible et le canard boiteux. 


Les banques centrales n’y peuvent exactement rien. 

Alors on prend la pose. M. Obama va rechercher Volker, le prédécesseur de Greenspan pour bien montrer que la récréation est finie.  Il a quatre vingt un ans aux prunes. Il nomme un Secrétaire au Trésor qui est le président du System Federal Reserve Board de New York,  un machin qui n’a plus AUCUN pouvoir depuis… 1936.  C’est comme ci on allait chercher comme général d’armée le chef du bureau des médailles et pensions.

Ajoutons la géhenne du FMI et de son directeur dragueur compulsif, et finalement  l’absence de tout système monétaire international organisé : le tableau est complet.

La lumière crue de la crise est redoutable pour les institutions de régulation monétaire,  nationales et internationales.



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