DSK : entre posture et imposture.
Nous sommes de ceux qui n'ont jamais compris l'auréole dont les médias coiffent Dominique Strauss-Kahn.
En dehors des aspects de personnalité souvent cités (cupidité, gourmandise, esprit de domination allant du péremptoire au méprisant sans beaucoup d'étapes) , le jugement qui s'applique aux mesures qu'il a prises ou aux propos qu'il a tenus doit presque toujours être extrêmement négatif. Et ce ne sont pas les éloges récents du Financial Times qui nous pousseront à changer cette appréciation.
Promoteur de l'énorme erreur des 35 heures , il aggrave son cas en 1997 en ne voyant pas la reprise et aggrave les impôts déjà violement augmentés par Alain Juppé, envoyant le taux des prélèvements obligatoires dans la stratosphère et générant l'affaire de la cagnotte. Il prononce à cette occasion une contrevérité flagrante : la croissance diluera l'impôt et le taux de prélèvement baissera. On sait, et on l'a encore vérifié dernièrement, que la loi d'airain de notre économie est que l'impôt est progressif en France et donc croit plus vite que le PIB en phase de croissance. Lorsqu'un Ministre des Finances dit une pareille bêtise et fait de pareilles erreurs, où est son mérite ?
Pendant le premier quinquennat Chirac, il ne fait rien pour rénover le PS et, faute de présenter le moindre programme, se fait battre à plates coutures par Ségolène Royal, dont les limites sont pourtant bien établies. A force de jouer une partition d'extrême gauche au sein du parti, tout en laissant entendre par ses goûts et fréquentations qu'il est du côté de l'argent, il n'a jamais pu convaincre les militants du PS, réduits à une analyse schizophrénique de son image.
Tout cela pour choisir la collaboration avec Nicolas Sarkozy afin de toucher les énormes rémunérations défiscalisées du poste de directeur du FMI. Là il se distingue par un comportement sexuel débridé qui passe mal. Mais en fin politicien il sait ménager les pouvoirs réels qui dominent l'institution et la crise économique qui remet les questions monétaires internationales au centre des réflexions du G.20 le remet en selle sans grands mérites.
En interne, il réorganise le FMI de la façon la plus facile : il vend l'or de l'institution pour financer les licenciements ! Pas trop difficile, comme gestion.
En externe il accompagne les pensées dominantes en cherchant à pousser le rôle du FMI. Aucun diagnostic réel : de la complaisance aux puissants tout en caressant les pays émergents dans le sens du poil.
Sa récente interview dans un grand quotidien français est truffée d'erreurs. Il se présente comme ayant été parmi les premiers à alerter sur la crise. C'est totalement faux. Nous l'avons écrit sur ce blog en temps réel à l'époque. Le FMI a eu un an de retard dans la compréhension de la crise et a produit des prévisions fausses pendant plusieurs trimestres. On retrouve la propension à la contre vérité déjà montrée lors de sa gestion du Ministère des Finances du gouvernement Jospin.
Jamais le FMI n'a fait la moindre analyse des causes de la crise, se contentant de la bouillie pour les chats qu'est l'histoire de la crise immobilière qui se transforme en crise bancaire locale puis en crise financière mondiale puis en crise boursière puis en crise économique et désormais en crise sociale.
DSK se contente d'enchaîner les banalités : il faut que les banques puissent re-prêter pour sortir de la crise ; il ne faut pas relâcher les plans de relance tant que la crise n'est pas finie.
Bref l'eau mouille, le feu brûle, etc. Ouvrez le rouge parapluie, il pleut des vérités premières.
Tout son discours est désormais égotiste :
" - j'annonce le risque du pire pour être paré si la situation s'aggrave
"- Je fais preuve d'optimisme en laissant entendre que les plans marchent et que la reprise est là, grâce à mon auguste vigilance.
Je suis donc bordé de tous côtés et n'ait qu'à attendre en laissant filer et en laissant courir. Pourquoi prendre le moindre risque intellectuel ou politique ? ".
On croyait que les prêts douteux, c'était les subprimes : et voilà que Dubaï tombe en faillite menaçant à nouveau toute la planète bancaire. Il avait prévenu, M. DSK ? Rien du tout ! N'ayant jamais voulu comprendre que la crise est due à un gonflement global inouï et insupportable des encours de prêts et pas seulement du développement des crédits subprimes, comment voulez-vous qu'il imagine que la crise puisse affecter tous les gros emprunteurs ? Nous l'avons déjà écrit ici : la notion de" prêts toxiques" est vide de sens. Ce qui est toxique ce n'est pas la nature des prêts mais leur ampleur et l'impossibilité globale de tout rembourser.
Que vaut l'idée consensuelle mais totalement creuse qu'il suffirait d'une assurance pour que le secteur financier soit considéré comme sain ? Rien naturellement. Que sont donc les CDS sinon des assurances sur le crédit ? On en a émis des millions de milliards. Et quand il a fallu payer les pots cassés l'assureur en est mort. Il a fallu d'urgence aller chercher les Etats et plonger les mains dans les poches profondes des contribuables. La seule assurance contre la prise de risque excessive par une banque c'est la certitude qu'elle fera faillite si elle se trompe. le meilleur gendarme de la banque c'est le risque de la faillite (avec mise en cause pénale de ses dirigeants : la capitaine doit sombrer avec son navire, chacun sait cela !).
Mais pour cela il faut que les banques ne soient pas trop grosses pour éviter les risques "systémiques" et les effets de dominos incontrôlables.
Monsieur DSK est donc en faveur de la diminution des tailles de banques et leur spécialisation ? Pas du tout. Vive les mastodontes et la confusion des activités. Mélangeons allégrement assurance et crédit, placement et prêt, dépôts et spéculation pour le compte propre de la banque.
Il suffit que chaque activité soit saine car bien régulée pour que le global soit sain et sans danger affirme DSK. Est-ce sérieux quand on sait les conflits d'intérêts et les possibilités d'interférences qu'offrent ces conglomérats incontrôlables ?
Mais les changes flottants n'entraînent-ils pas l'ensemble des banques dans une économie casino par nature instable et totalement orientée vers les gains spéculatifs à court terme et à la complexité des contrats ? Pas du tout. Il suffirait que la Chine laisse flotter le Yuan pour que tout aille le mieux possible dans le meilleur des mondes. Vive le flottement généralisé !
"DSK" est un marchand d'illusions. Mais surtout un Narcisse qui ne voit guère au delà de son intérêt propre et ne souhaite pas prendre à sa charge les lourdes querelles qui seules permettraient d'envisager les vraies solutions : la restructuration complète des secteurs financiers en distinguant bien les activités, la responsabilisation des Etats dans un système de changes fixes et ajustables, sans monnaie nationale dominante et de nation disposant de droit de veto ; la prohibition de certains types de spéculation. .
Tommaso Padoa-Schioppa, ancien Ministre des finances du Gouvernement Prodi, le DSK italien, est autrement plus convaincant. Dans son livre "Contre la courte vue, entretiens sur le grand Krach , il écrit à propos de l'introduction des changes flottants en 1971 : Ce virage " a privatisé les changes et a nationalisé les monnaies". Il faut revenir sur ce choix malsain. On ne saurait mieux dire. Ce nouveau système ne marche pas. Il n'a jamais marché. Il ne marchera jamais.
A-t-on jamais vu M. Strauss- Kahn prendre ainsi le risque d'une idée forte et dérangeante afin de viser un résultat bénéfique pour l'ensemble de la collectivité ? Faites vous-même le test en demandant autour de vous de citer une idée forte, une initiative personnelle, une décision courageuse et utile prises par DSK au cours de sa carrière ! Vous serez sidéré : personne n'est capable d'en citer une seule.
DSK ne pèse sur rien. C'est un bouchon qui essaie de flotter le plus haut possible en s'appuyant sur n'importe quelle vague, en enveloppant dans le baratin distancié et la morgue pateline des positions exclusivement tactiques visant à des objectifs rigoureusement personnels. Aucun intérêt.
On dira : oui d'accord, mais pourquoi s'attaquer particulièrement à DSK alors que les médias ont tressé une couronne de "meilleur ministre des finances du Monde" à Mme Lagarde qui a constamment été dépassée par les évènements . Et on se souvient que les sondages avaient fait de M. Mitterrand le meilleur économiste de France !
Mieux vaut rire de la comédie humaine et médiatique, dira-t-on avec le cynisme enjoué de ceux à qui on ne l'a fait pas.
Mais c'est comme cela que le programme commun de la gauche a assommé la France et l'a fait entrer dans la sous croissance, le sous investissement, le sous emploi permanent, la dette à jamais, les dépenses publiques incontrôlables. La France ne s'en ait jamais remise.
Mais c'est comme cela que la reprise mondiale de 1997-2000 a été perdue pour la France, aucun des problèmes de fond n'ayant été pris à bras le corps et les 35 heures ont bloqué l'économie.
Mais c'est comme cela que les institutions qui devraient être en pointe pour l'avertissement, le diagnostic, l'élaboration des vraies solutions, sont silencieuses et en fait quasiment inutiles.
Il aurait mieux valu mettre à la tête du FMI une personnalité ayant développé une pensée, sachant discerner les vraies solutions et capable de les imposer aux Etats.
On a préféré, pour la troisième fois de rang, choisir une politicien en transit et surtout soucieux de durer sans faire de vagues.
C'est à cela qu'on voit qu'une institution est malade. Le FMI est gravement malade.
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
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