2010 : la suite mais pas la fin d'un désastre intellectuel

En 2007, les défauts du système monétaire international ont entraîné un blocage des marchés monétaires. Aucune réforme n'a été entreprise.

En 2008, les défauts du système monétaire international ont provoqué la plus grave crise bancaire et financière depuis le crise de 1929. Aucune réforme n'a été entreprise.

En 2009 les défauts du système monétaire  n'ayant toujours pas été pris à bras le corps il a fallu laisser filer la création de monnaie par les banques centrales et les gouvernements. Alors qu'une magistrale récession étranglait le monde, que les dettes publiques dépassaient toutes les limites de l'histoire connue, aucune réforme du système monétaire international n'a été esquissée. Quelques pays voulant montrer leur activisme ont taxé les bonus des banquiers, ouvrant la voie à d'autres augmentations fiscales.

En 2010 les défauts du système monétaire international seront toujours là, ne seront pas discutés, encore moins traités. On vivra les inconvénients d'un système "qui ne marche pas" conjugués avec ceux des politiques inutilement coûteuses qui ont servi des substituts à des réformes de fond.

Les Etats cupides voudront imposer, imposer, imposer. Par tous moyens. En cherchant les méthodes d'imposition quasi invisibles et en frappant des boucs émissaires pour ceux qui sont visibles. La chasse fiscale aux "vilains" déjà bien entâmée en 2009, reprendra de plus belle.

Plutôt que d'observer et de traiter le malade, les Diafoirus se répandront en "purgare ! purgare !" aussi sonores qu'exaltés.La haine sociale servira plus que l'inteligence économique.

Les économistes de cour une fois de plus se tairont. Ils accompagnent les gouvernements. Ils accompagneront la course aux impôts. Ils chanteront avec les Purgon : mais oui il faut des impôts. Après tout, presque tous vivent de l'impôt.

Cela ne demande aucun courage, aucune pertinence. S'il fallait se colleter avec les mystères des systèmes monétaires internationaux, les différents intérêts, les Etats, les collègues, en allant contre le courant de la bêtise et de l'ignorance qui emporte tout, en plus d'avoir à apprendre, à connaître, à percer à jour ! Impensable ! Et avoir du courage en plus ? 

Chut ! Le système monétaire international des changes flottants ne marche pas. Depuis 1971 il n'a provoqué qu'une succession de crises toujours plus graves. La politique d'expédients menée par des sots et des lâches a aggravé encore la situation et plus personne ne sait comment en sortir ? Qu'importe : il suffit d'espérer un miracle. En hurlant avec les loups.

En 2010 le système monétaire international débile qui nous régit  ne sera pas réformé.

Sur Sirius il y a surement un observateur découragé qui murmure : "décidemment, il n'y a rien à faire avec ces idiots : quarante ans que le système les ruine et ils n'ont toujours pas compris !".

Crions aux étoiles : bonne année ! En sachant qu'elle sera mauvaise. Alors qu'on voudrait crier "au secours !".

Le crier aux hommes ne sert à rien.

 

Lewis Holden pour le Cercle des Economistes E-toile

 

 

 

 

 

 

 

 



Commentaire
DD's Gravatar Cher Lewis,

Ne te casse pas le moral avec cela. Cela ne fait que dix ans que tu constates que le débat autour des changes flottants est tabou. Pour moi cela date depuis 1971 ! Près de quarante ans.

La vraie question : pourquoi ce tabou alors que l'évidence de l'échec se constate tous les jours ? Il faudra qu'on se penche sur cette intéressante question en 2010 ! Best wishes etc.

DD
# Posté par DD | 24/12/09 16:42
Jean-marc's Gravatar Et bien ce systeme qui ne marche pas doit bien profiter à quelques uns quand meme non ?
# Posté par Jean-marc | 25/12/09 00:07
LH's Gravatar Évidemment, qu'il y a des gagnants :

- La finance au sens large qui voit son secteur prendre une place disproportionnée ; mais il faut que les contribuables sauvent le système régulièrement.
- Les Etats Unis et la Chine qui peuvent impunément maintenir des déséquilibres absurdes mais au prix de crises régulières.
- Les Etats qui ne sont plus reponsables de rien puisque les prix sont gérés par les banques centrales, le change par les marchés, le chômage par l''assistance, c'est à dire un rôle valorisant de préleveur d'impôts et de distributeur de douceurs, mais dans une ambiance de chute constante de la santé économique.
# Posté par LH | 27/12/09 10:00
jean-marc's Gravatar Alors si le monde financier n'est pas contrôlable puisque les états démissionne, il ne reste plus que la societé civile qui puisse avoir un poids pour orienter les choses. Il me semble qu'a l'heure actuelle des mouvements comme attac ( je ne partage pas forcement toutes leurs vues ) sont indispensables, je veut dire que c'est a travers des organisations qui deviennent indépendantes de l'économique et du politique qu'une solution peut finir par se mettre en place, puisqu'une réforme de l'intérieur ne semble pas possible.
# Posté par jean-marc | 27/12/09 12:51
DD's Gravatar Attac est morte le jour où les socialistes ont réalisé que ses conceptions allaient tuer l'Europe.

Dans le système idéologique d'Attac même le traité de Rome aurait été refusé ! Il faut dire que l'Union Européenne a toujours été combattue par les communistes et Attac est un rassemblement de marxistes léninistes de tout bord (vieux communistes, trotskistes, compagnons de route, tiers mondistes pro révolutionnaires, syndicalistes de la CGT communiste).

Le but n'est pas d'empêcher les unions et le développement des libertés essentielles. Ou de sanctionner des vilains genre "la finance" au sens large et indéfini.

Mais de corriger des défauts de système. Les changes flottants ne marchent pas ; ils n'ont jamais marché ; ils ne marcheront jamais.

Supprimer les changes flottants n'est pas la panacée. Mais un premier pas vers la re-responsabilisation des Etats vis à vis de résultats essentiels :plein emploi ; croissance équilibrée , sécurité financière.

La croissance actuelle est totalement déséquilibrée et fortement ralentie, un chômage structurel est apparu en Europe et notamment en France, les accidents monétaires et financiers sont de plus en plus graves et on sait qu'on ne refera pas une politique type "2008-2009" de si tôt. Les Etats sont au taquet !

La solution n'est pas dans le socialisme primitif basé sur des associations montées par d'anciens communistes devenus oecuméniques dans la défaite générale de leurs idées et qui, veufs de l'union soviétique, cherchent à conserver leurs réseaux d'influence dans la contestation.

Nous sommes contre la Taxe Tobin qui est une atteinte à la liberté d'aller et venir qui frappe tout le monde et qui ne responsabilise personne. Même si techniquement elle met effectivement fin aux mouvements de changes spéculatifs à court terme et qu'elle est donc de nature à réduire partiellement l'économie casino et la surfinanciarisation de l'économie.

Mais elle ne met pas fin à la double pyramide de crédits qui est à la source des difficultés actuelle ni aux déséquilibres aberrants des balances extérieures des Etats unis et de la Chine. Elle donne des facilités aux banques centrales mais ne responsabilisent pas les gouvernements.

La mondialisation ne peut pas se faire sur l'excès de puissance de certaines nations et la perte de responsabilité des autres nations. La crise de l'Europe vient de là. La crise du multilatéralisme aussi.

Il faut des institutions mondiales équilibrées (même droits et devoirs pour tous), des institutions régionales non destructrices du lien citoyen et des gouvernements responsables.

Actuellement nous n'avons rien de tout cela. Le FMI cumule toutes les contradictions. L'Europe est de moins en moins une valeur ajoutée. Les gouvernements fuient dans l'irresponsabilité, notamment en Europe.

En ce sens le combat monétaire et aussi un combat citoyen. Ce qui pourrait nous rapprocher de l'esprit d'Attac. Sauf que nous, nous sommes pour un approfondissement des libertés dans des cadres internationaux sains et économiquement valables, et animés par des nations non zombies portées par l'intelligence collective et non l'abandon grognon et la médiocrité fiscaliste.

Maintenant est-ce qu'une stratégie purement intellectuelle comme la nôtre a la moindre chance de peser ?

Bonne question.

Entre évangélisme dans le désert et angélisme, la frontière est mince...


DD
# Posté par DD | 29/12/09 11:32
Nummos Expalponides's Gravatar D'accord, mais en ce qui concerne la monnaie chinoise n'est-ce pas plutôt par défaut de flottement que par excès de flottement qu'il y a comme un problème? De même avec la monnaie américaine qui, ne devant rendre de compte qu'à elle-même, échappe à la comparaison avec les autres monnaies et donc au flottement vis-à-vis d'elles? Ce sont les autres monnaies qui flottent par rapport à un dollar qui, lui-même ne flottant pas vraiment, fait pour ainsi dire office de ligne de flottaison.
Monnaies flottantes ou bien plutôt se noyant?
# Posté par Nummos Expalponides | 02/01/10 08:57
DD's Gravatar Question combien difficile et profonde quand on l'explore par tous les bouts !

- Nous parlons de système de changes flottants mais en vérité on trouve de tout dans le champ des monnaies. Ce n'est en fait pas un système mais un état de fait sans réelle théorie fondatrice et sans architecte, où on trouve mille situations différentes.

- Est-il raisonnable de prévoir des ilots de fixité dans des océans de flexibilité ? Le currency board argentin, la monnaie unique européenne, le peg chinois vis à vis du dollar sont par nature des hérésies vis à vis de la théorie friedmanienne des changes flottants. Le premier a explosé. Le second aurait du disparaître en quelques années selon Milton Friedman mais résiste contre son prognostic avec quelques cahots. Le troisième résiste mais se voit désormais contesté de partout, tant il ressemble à une politique purement mercantiliste de capture économique.

- Que valait-il mieux pour les pays de l'est ? Dévaluer tout de suite et massivement, en sauvegardant et emploi et réserves de devises, mais en voyant ses dettes en devises augmentées d'autant, ou tenir contre vent et marée le peg vis à vis de l'euro avec une véritable déflation, un chômage massif, des réserves de changes envolées, mais une dette extérieure maîtrisable ?

Et oui ces questions se posent. Et elles ne sont pas simples.

En revanche il est clair que les monnaies ne sont pas seulement flottantes mais fondantes. Évalué en or le dollar ne vaut guère plus de 3% de sa valeur d'il y a quarante an.

Proposeriez-vous au monde un nouveau système plein de promesses qui ferait que les principales monnaies du monde soient dévaluées de 20 à 25 fois dans les quarante ans qui viennent, mais où toutes les monnaies seraient effectivement toutes flottantes, c'est à dire où les pegs, les unions monétaires, les dollarisations seraient interdites ?

En rendant les passerelles en caoutchouc encore plus flexibles et en supprimant les arches fixes, verrait-on régresser l'économie casino et la spéculation généralisée sur tout ? Verrait-on les fluctuations dommageables du simple au double des principales monnaies régresser ? Verrait-on les déficits et les excédents abyssaux se résorber ? Verrait-on les techniques complexes qui ont pour but justement de faire face à la complexité induite des transactions en monnaie flottante disparaître ?

Vaste champ de réflexion. Mais champ vierge dans les médias.

DD
# Posté par DD | 04/01/10 19:46
SD's Gravatar Ne voilà-t-y pas que M Sarkozy commence à monter au créneau sur la question des changes, qu'un économiste chinois inquiet de la montée des tensions devant la hausse des excédents de son pays parle de réévaluer de 10%, que la démagogue argentine Kirchner voit la banque centrale s'opposer à son projet de financer la dette par la création de monnaie, qu'on s'avise que l'Europe est partie pour plusieurs années de stagnation généralisée, bref queleques évidence s'imposent.

Avec tant de retard !

Mais tout de même.

Sylvain
# Posté par SD | 07/01/10 13:30
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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