Martin Hirsch et le RSA : un bien étrange "succès"
Le 1er décembre 2009, le Figaro a la bonne idée de donner à Martin Hirsch, sur cinq colonnes et quasiment une page entière, l'occasion de faire le point sur le fonctionnement du RSA, voté à l'été 2008 et lancé en juillet 2009.
Vous imaginez sans doute que le Haut Commissaire est un peu gêné aux entournures. Il avait annoncé des chiffres de retour à l'emploi extrêmement faibles compte tenu des sommes engagées, avec création d'une imposition nouvelle sur les revenus de l'épargne des Français, mais la crise était venue. Et on se doutait bien que même ces résultats minimes n'auraient pas été atteints. Avoir ajouté un nouveau trou dans le tonneau des Danaïdes pouvait rendre notre Haut commissaire un peu déprimé.
Pas du tout. Ce qu'il nous annonce, c'est un grandiose triomphe.
Vous pensez avoir mal lu. Alors vous vous penchez fébrilement sur l'article pour trouver la trace des centaines de milliers de retours à l'emploi promis et du dégonflement du nombre de malheureux au RMI. Avoir réussi à obtenir de tels résultats en pleine récession, alors là, oui, ce serait un immense triomphe.
Mais de retours à l'emploi, on ne trouve nulle trace. Au contraire, là où on avait 1.300.000 Rmistes, on trouve désormais 1.26 million de RSA "socle" et 370.000 RSA "activité", soit 300.000 allocataires de plus. Et on ne nous cache pas que le désastre continu : 30.000 demandes de RSA sont enregistrées chaque semaine. Au 31 décembre 2009, nous serons donc à 400 ou 500.000 allocataires de plus.
Catastrophe ? Pas du tout ! A lire notre Haut Commissaire, c'est un formidable succès. Rendez vous compte : "Le RSA a atteint le quart de sa cible en quatre mois". Quelle cible ? Le retour à l'emploi ? Mais non : le but n'est pas l'emploi mais que les intéressés touchent bien leurs nouvelles allocations. Et la "montée en charge" est excellente. On assiste à "une nette progression des bénéficiaires de 4.4% entre juin et septembre". Ce qui est encore plus formidable c'est que qu'on a réussi à dépenser au rythme annuel de 1.2 milliards d'auros pour le seul RSA activité (20% des bénéficiaires). Et qu'on va pouvoir financer une prime de Noël !
L'avenir s'annonce radieux. M. Martin Hirsch : "on va étendre la clientèle du RSA à de nouvelles couches de la population", les moins de 25 ans, les bénéficiaires de l'Allocation spéciale de solidarité. La croissance va donc être très satisfaisante. Bien sûr il faudra une légère augmentation des impôts en 2011. La nouvelle imposition est là pour cela : on va augmenter "légèrement" les taux. Comme pour la CSG, partie de 2% et maintenant avec le RDS à plus de 10%, la taxation des revenus de l'épargne va grimper progressivement. Mais Martin Hirsch suggère que les assujettis se doivent d'être contents : il n'a pas réclamé de hausse pour 2010.
Certains esprits rétrogrades pourraient s'exclamer : nous sommes en pleine inversion des valeurs ! Un désastre est habillé en triomphe. Le but d'une allocation de retour à l'emploi est le retour à l'emploi. Il n'y en a pas et au contraire on se vante d'une croissance du désastre.
Que ces idiots se calment. Nous vivons dans un système d'énarchie compassionelle. Pour un haut fonctionnaire énarque, l'important est le succès des formules administratives qu'il crée, indépendamment de leur objet. Plus il y aura de bénéficiaires du RSA plus M. Hirsch sera content. Et plus il faudra augmenter les impôts pour financer le dispositif plus M. Hirsch s'extasiera sur son incomensurable succès.
L'application de ces sompteux principes depuis 1974 a fait que la France en âge de travailler est pour l'essentiel au RSA, en formation bidon, au chômage, au SMIC, en stage, ou en train de courir de petits boulots en petits boulots via l'intérim. Quand elle ne cherche pas des compléments dans les milles "défenses" des trafics et travaux au noir.
Nous avons de formidables taux d'inactivité pour les jeunes, les vieux, les femmes, les immigrés réguliers.
Nous sommes au sommet des taux de prélèvements sociaux et la dette est dans la stratosphère.
Jamais nous n'avons pu depuis 1974 exécuter en équilibre une loi de finances.
Tous nos services publics sont dans la plus profonde détresse. L'école laisse sortir des centaines de milliers de jeunes sans aucune qualification. Le taux de disponibilité de nos avions militaires est si bas que personne ne sait vraiment quand une opération décidée aura lieu. Nos centres culturels à l'étranger disparaissent. L'insécurité repart à la hausse, à des niveaux déjà très élevés. Nos enfants n'ont d'espoir que dans une carrière hors de France, qui s'est figée dans la stagnation.
Et pour couronner le tout voici que nos énarques bien aimés, comme Alain Juppé, cet homme politique de droite réjoui par l'ISF, le RMI et maintenant le RSA, et qui reste celui qui a le plus augmenté les impôts en temps de paix de toute l'histoire nationale, évoque les délices nécessaires d'une décroissance volontaire.
Allons, vite, créons un poste de Haut Commissaire à la Décroissance Heureuse. Qui se réjouira comme son homologue aux "Solidarités Actives" des triomphes de son activité quand le PIB baissera encore plus que prévu.
Ajoutons un Haut Commissaire à l'Ecologie Punitive, et nous serons enfin ce que nous aspirons à être : un peuple né malin et qui le prouve tous les jours.
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Tout est dit.