Maurice Allais avait (encore) raison

On ne devient pas prix Nobel économique sans raison (même si en économie ce n'est pas exactement un prix Nobel) et il faut considérer les remarques pratiques qu'ils proposent avec un minimum d'attention.

Notre "prix nobel français", Maurice Allais, a condamné avec force la cotation continue des valeurs boursières. Les arguments sont à la fois économiques et pratiques.

Un "fixing" quotidien permet de rapprocher le maximum de demandes d'achat etd'offres de vente. Le prix résultant, qui est toujours indicatif et n'est qu'indicatif (les transactions du jour se faisant à plusieurs prix), est le plus significatif possible. 

Les manipulations de cours ne sont pas impossibles mais bien moins faciles qu'en quotation continue.

Une quotation continue n'apporte rien sauf des possibilités d'agiotage et de manipulation.

Il apparait qu'aujourd'hui des opérations par ordinateur permettent à des programmes astucieux d'anticiper les mouvements et faire de micro aller et retours particulièrement juteux.

On va même jusqu'à expliquer la bonne forme de certaines banques américaines comme Goldman Sachs par ces tours de passe passe informatiques.

L'intérêt des bourses est évidents : les mouvements de spéculation créent des revenus bienvenus. Les tentatives de généraliser le Day Trading y compris aux particuliers montrent à l'évidence que ces spéculations instantannées peuvent rapporter gros à ceux qui les organisent.

L'économie en général tire-t-elle un bénéfice réel de ces opérations de spéculation ?

Strictement aucun. Les ordinateurs et les spéculateurs qui exploitent la formule ne servent à rien d'autres qu'à fausser les cours et créer des tendances factices. Ils contribuent à la volatilité. Ils accroissent la dépendance des cours  des bourses du monde entier entre elles et en amplifient les mouvements.

Les bénéficiaires du manège donnent toujours la même explication standard que l'on retrouve aussi lorsqu'on évoque les spéculation par les options : cela apporte de la liquidité au marché. Comme si les marchés seraient paralysés sans ces artifices !

En un temps où l'on commence à comprendre que les purs comportements de spéculation sont aussi des causes de disruptions qu'il est partioculièrement couteux de réparer, un retour, sur tous les marchés, à une quotation quotidienne ne serait en aucun cas un recul économique.

Tout le monde en appelle à une nouvelle "stabilité" mais dès qu'il faut passer aux actes (taux de changes fixes et blocages des mécaniques purement spéculatives) il n'y a plus personne.

Depuis que les grandes banques généralistes ont pris la main sur les bourses et les marchés, aucune réforme n'est plus possible. Les effets de taille deviennent primordiaux. UBS qui ne peut pas mobiliser de grosses sommes est passée à côté du boom des obligations et n'a pas profité de la reprise des marchés. Goldman Sachs et dans une moindre mesure BNPPARIBAS, si. C'est la prime aux banques "too big to fail" ! L'inverse exact du souhaitable.

Rien n'a été fait pour stopper la spéculation monétaire. Rien n'a été fait pour réorganiser la finance. Aucune réforme n'est possible. En France on voit bien que la finance est au gouvernement et que le gouvernement nomme à la finance. Idem aux Etats unis avec Goldman Sachs. La presse est dépendante de la finance. Elle se taira.

On ne touchera donc pas à la quotation en continu des actifs, bien qu'elle n'ait exactement aucun intérêt pour la collectivité. Le sot, dit-on, regarde la main qui lui montre la lune.

Le sot, en matière financière regarde le bonus des traders.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaire
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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