Retours de manivelles (sévères)
Le plus souvent, il suffit d'attendre : les erreurs et sottises dénoncées dans la solitude au moment où elles sont commises deviennent en du temps des évènements médiatiques. Nous le voyons aujourd'hui dans au moins trois domaines d'importance inégale.
- Nous n'avons jamais compris la gloriole médiatique qui accompagne depuis déjà longtemps les actes de M. Strauss-Kahn. Nous avions vu dans ce personnage, en examinant les faits et seulement les faits, une personnalité glauque et un économiste incertain voire incompétent. Dès son passage comme Ministre des Finances ces deux aspects étaient facilement décelables. L'affaire de la cagnotte et celle des trente cinq heures, manifestation de deux erreurs majeures, ne laissaient guère de doute sur la superficialité économique de l'homme politique. Il ne suffit pas d'être péremptoire et plein e morgue. Il faut aussi raisonner juste. L'affaire de la MNEF même si les poursuites ont finalement tourné court était tout sauf glorieuse.
La droite ploutocratique s'est convaincue que son goût de l'argent le rangeait dans leur camp et qu'il ferait un président complice. La gauche bobo s'est dit qu'il pourrait arriver à la présidence et que c'était bien l'essentiel. On a vu avec la commémoration absurde de type tontonmaniaque des années Mitterrand que la seule vertu qui était honorée était celle d'avoir gagné en trompant tout le monde.
La nomination au FMI, institution malade, était une erreur de casting profonde qui allait handicaper les possibilités de réforme. M. Strauss-Kahn n'avait aucune idée sur les questions posées et étaient bien disposé à n'en avoir aucune et à flotter comme un bouchon pour durer en attendant d'autres opportunités de carrière. On le vit donc pleurnicher sur les pays en voie de développement dans le style Delarosière,, tout en rassurant les Etats-Unis sur la flexibilité de son échine. Et comme ses deux prédécesseurs il s'est mis à attendre un retour en fanfare à la présidence de son pays.
Résultat : aucun discours convainquant, aucune idée exprimée. On vend l'or du FMI pour payer les frais des licenciements. Lorsque la crise frappe, M Strauss Kahn n'a rien vu venir. Pendant des mois il se tait pendant que les prévisions du FMI tournent au fiasco général. Des mois ! Nous avons souligné en temps réel les analyses totalement débiles qui seront livrées ultérieurement, la dernière il y a quelques mois.
On voit le résultat aujourd'hui : il n'est plus directeur du FMI ; la France voit sa réputation entachée ; On n'a toujours aucune idée de réforme sérieuse du système monétaire international.
Tout cela aurait pu et du être évité.
-Plus surprenant a été la remise en cause brutale du RSA par un ministre du gouvernement Sarkozy.
Nous avons écrit dès le départ que cette réforme était bien intentionnée comme toujours mais contreproductive et qu'elle serait un échec. Pour des raisons parfaitement claires : tous les agents économiques, même pauvres, font un calcul économique. La complexité du RSA et en fait son intentionnalité pure d'affichage politique ne pouvait pas provoquer les bénéfices attendus. Aujourd'hui les media admettent que les avantages annexes reçus par les personnes aidées sont trop importants et trop difficiles à obtenir pour qu'un Rmistes prenne le risque de quitter sa condition, certes triste, mais dont il connait les possibilités et dont il se contente. La réforme faite à la va vite n'a eu aucun des effets bénéfiques attendus, comme il était prévisible.
L'assistance aux personnes ayant la capacité de travailler mais momentanément empêchées, est un vrai problème. Elle doit être ciblée, unifiée, provisoire et dégressive.
Politiquement il doit être rappelé que toute personne en possibilité de contribuer doit le faire et qu'on ne peut pas vivre indéfiniment aux crochets de la société.
Administrativement il faut que les aides qui se déclenchent soient unifiées, surveillées au plus près, et contrôlées.
En revanche vouloir imposer aux personnes aidées des corvées est absurde et inefficace. Il faut plutôt que la dynamique des aides unifiées les pousse vers le travail. Et le caractère provisoire de l'aide est essentiel dans cette fonction.
Le RSA doit être remplacé par deux aides ciblées :
- l'aide temporaire d'urgence qui permet de faire passer un cap à un individu ou une famille en jouant sur un panel d'aides circonstancielles
- L'aide temporaire de soutien qui permet d'orienter des personnes éloignées de l'emploi depuis longtemps d'être accompagnées vers un retour à l'emploi. Le quart monde, cela existe et on est pas loin de l'invalidité sociale.
En outre il faut mettre au programme du gouvernement deux politiques globales :
- changer le système de change qui aboutit à une déflation permanente et au sous emploi
- prendre en compte les réalités du cycle qui imposent une politique non pas permanente mais circonstanciée.
- Dernier point, le retour de la crise Grecque et la comédie autour de l'Euro soulignent une fois de plus que l'irrationalité économique n'a pas de chance de réussir. Une monnaie unique est un acte politique qui implique des unifications économiques majeures. On a mis la charrue avant les bœufs et les bœufs piétinent la charrue. On dit : oui mais cela va dans le bon sens d'un fédéralisme européen. Juste au moment où les opinions décrochent du projet européen fédéraliste (aucune des politiques européennes ne fonctionne plus !) . On ne peut pas avoir un ilot de fixité européenne au milieu d'un flottement général dominé par le laxisme américain et le mercantilisme chinois. On n'a pas voulu faire de réforme du système monétaire international. L'Europe en est réduit aux plans de sauvetage et à la déflation générale. Tout cela est absurde et désastreux pour l'emploi.
Comme disait Maurice Allais, "ce qui doit arriver arrive".
Dans les trois cas cités, un peu de réflexion aurait permis de prendre des décisions plus fondées et plus efficaces. Observation et réflexion, réalisme et compétence, sont les vraies mamelles de l'économie. Tout le reste est ruine de l'âme et perte de temps.
Autrement dit :
Les conneries c'est comme les impôts, on finit toujours par les payer. (Michel Audiard)
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |