FMI : les St-Jean-Bouche-d'or anglo-saxons

Pas un jour depuis que DSK ait déshonoré sa personne, la France et l'Europe, sans que la presse anglo-saxonne par la voix de ses meilleurs "columnists" explique que le temps de la présidence européenne et plus généralement française du FMI est passé.  Il appartiendrait maintenant à l'Europe et notamment à la France de cesser de vouloir une présidence qu'un consensus ancien leur concédé au profit des élites formées aux Etats Unis et qui ont fait carrière dans les pays émergents.

Bien entendu ces amoureux tardifs du tiers monde n'évoquent absolument jamais deux autres anomalies de l'organisation du FMI :

- Le droit de veto des Etats Unis qui crée une dissymétrie des droits autrement choquante

- La sur-représentation des Etats Unis dans le capital de l'institution.

On glisse sur le fait que symétriquement les Etats unis se sont vus attribuer la présidence de la BIRD.

Si on veut jouer une "nuit du 4 août" dans les institutions de Bretton-Woods, faisons le jusqu'au bout.

Créons un fonds monétaire international  :

- Décentralisé : avec plusieurs institutions régionales intermédiaire (fonds monétaire nord américain, fonds monétaire sud américain, fonds monétaire européen, fonds monétaire africain et fonds monétaire  asiatique. Ces fonds auront la responsabilité primaire des ajustements monétaires régionaux.  Un fonds monétaire international coordonnerait les actions des différents fonds et servirait de fonds de fonds pour atténuer les déséquilibres entre grandes zones monétaires régionales.

- Censitaire mais avec des droits et des devoirs égaux pour tous. Le cens devrait être calculé sur le poids respectifs des économies ou des zones dans le commerce mondiale et les mouvements financiers mondiaux. Avec une procédure régulière de rajustement des quote parts.

Faisons la même chose pôur la Bird.

Au passage, il ne serait pas mauvais de définir le rôle et les missions de ces institutions ainsi que les pouvoirs qui leurs sont dévolus.

Rappelons qu'un fonds monétaire international n'a pratiquement pas de rôle théorique dans un système de changes flottants. Les ajustements doivent se faire par l'évolution des cours de change.

Le FMI après des années d'errance et d'incohérences a retrouvé un rôle ponctuel  comme super banque des pays endettés.  Est-ce au FMI de régler des questions de surdendettement de pays petits?  Et si le surendettement cesse, on supprime le FMI ?  Et si le surdendettement ravage comme actuellement de très grands pays comme les Etats Unis et le Japon, sans parler du Royaume Uni et de l'essentiel de l'Europe, que pourra faire le FMI ? Chercher l'argent au Zimbabwe ?

La vraie question n'est pas aujourd'hui de priver l'Europe d'un de ses droits acquis, mais de réformer le système international et de définir en accord avec cette réforme les institutions qui permettent de le réguler, en s'assurant de la parfaite égalité (censitaire) des parties prenantes.

La presse anglo saxonne qui mourrait plutôt que de reconnaître que le système des changes flottants est la source des difficultés actuelles et que la domination des Etats Unis et du dollar  est   "over due" et depuis longtemps  devrait commencer par accepter qu'on aborde le fonds des questions monétaires internationales avant de réclamer la destitution institutionnelle de l'Europe en général et de la France en particulier.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Commentaire
Micromegas's Gravatar Il est tout à fait surprenant de constater que la presse française reste muette sur ce sujet. La candidature d'Agustin Carstens, Chicago Boy, marié à une américaine, n'a rien d'une candidature des pays émergents. C'est une économiste sans travaux théoriques d'aucunes sortes. Est-il opportun de mettre à la tête du FMI un obèse pro américain et favorable au libéralisme à tout crin sous prétexte de rééquilibrer une institution dont le déséquilibre est d'abord dans la situation parfaitement oiseuse des Etats-Unis ? Merci d'être parmi les très rares qui ne vont pas dans ce sens.
# Posté par Micromegas | 10/06/11 22:01
Rim's Gravatar La grande question : comment amorcer un débat de fond sur ce qu'est une institution internationale dont la vocation n'est plus claire ? Normalement il faudrait d'abord répondre à la question : à quoi nous servons ? avant de déterminer "qui doit diriger".

Si le FMI est un sous machin à usage diplomatique hybride des Etats Unis, il faut le dire. S'il s'agit d'un organisme avec des missions il faudrait établir lesquelles et le pouvoir qu'on donne à l'institution pour faire plier les récalcitrants.

Tant qu'on ne fait pas cela on fait du poste de président une gamelle pour politicien mondialisé techno chic en transition vers autre chose ou une station sur le chemin des honneurs d'un haut fonctionnaire.

Actuellement est-il injuste de dire que le FMI est le secrétariat économique du G.20 et un instrument de prêts aux états nécessiteux que les Etats Unis veulent mettre sous tutelle ?
# Posté par Rim | 11/06/11 15:14
DD's Gravatar Il est sûr qu'il vaudrait mieux faire comme en 1944 : introduire un appel à la conception d'un nouvel ordre monétaire international avec des contributions théoriques et des plans de haut niveau.
# Posté par DD | 12/06/11 09:57
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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