Une analyse brève du scrutin présidentiel français

Les Français avaient à choisir entre le ridicule et la rigueur. Ils n'ont pas choisi la rigueur. Ils auront le ridicule et la rigueur.

Commentaire
dd's Gravatar Alors que s'achèvent la période électorale il est possible en effet d'en tirer le bilan.

On sait que nous développons les trois idées suivantes :

- La France est d'abord accablée d'impôts du fait d'une dépense publique excessive, dont la cause est un secteur protégé surdimensionné, bétonné par des syndicats qu'une structure politique trop importante imposant trop de superpositions de responsabilités et de dépenses n'osent généralement pas affronter.
- L'Europe n'a pas la gouvernance adaptée à une zone de monnaie unique surtout dans un monde de changes flottants et la gestion par la récession est une idée folle.
- L'organisation monétaire et financière internationale est à la source des difficultés que le monde, l'Europe et la France rencontrent. Il faut donc la changer, dans le sens d'un nouvel accord sur des monnaies en rapport fixe entre elles, et rattachées à une unité de compte détachée d'une monnaie nationale.

Sur le premier point, les deux candidats étaient décidés à faire monter la pression fiscale au dessus de 46% du PIB ce qui est une folie. La crise ne pourra pas être surmontée par l'augmentation d'impôts déjà trop élevés. C'est par la réduction de la dépense qu'il faut passer. Le candidat socialiste n'a pas dit un mot sur les modalités envisagées tout en annonçant un tas de mesures de distribution. Le candidat de droite lui-même n'avait pas été très expressif sur les réductions nouvelles qu'il comptait faire. Dans le passé pratiquement toute la réduction des déficits qu'il a menée est passée par les impôts (rapport 8 à 1 environ).

Sur le second point le candidat socialiste a parlé d'un pacte de croissance, d'Eurobonds (sous forme de projects bonds) et de changement des règles de la BCE. Tout cela est bien intentionné et, partiellement, dans le ton du moment en Europe du fait de l'échec des politiques de rigueur, mais rien n'est dit sur la manière dont on maintient les équilibres de compétitivité entre pays ou comment on corrige ceux qui ont lâché. Les défauts structurels restent là. Les annonces faites sont des mots, tant que l'Allemagne ne mettra pas fin à sa politique mercantiliste. Il semble que des petits pas sont faits dans ce sens avec une augmentation généralisée des salaires et une forme de relance interne. Le candidat de droite s'était vanté de la création d'un gouvernement économique de la zone. On n'en voit ni les structures ni les moyens.

Sur le troisième point, ce fut le silence général pendant la campagne et il risque de perdurer.
Au total une élection presque pour rien quand on s'en tient aux questions fondamentales qui pèsent sur notre avenir. Les Français sont priés d'attendre. La bureaucratie française et européenne qui nous gouverne pense qu'ils n'ont qu'à attendre. Ils verront bien ce qu'on a concocté pour eux en temps utile.

Cette nouvelle défaillance des politiques ne peut qu'alimenter l'inquiétude.

On peut en effet aller vers un ridicule extrême et une extrême rigueur. Le ridicule, même extrême, ne tue pas mais la rigueur extrême si.
# Posté par dd | 07/05/12 13:51
SD's Gravatar Il y avait une part de rigueur et de ridicule dans les deux propositions.

Les deux ont mélangé cadeaux au peuple et vilipendage de boucs émissaires.

Aucun des deux n'avait réellement pris la mesure du fait essentiel : la France n'étant plus compétitive ni en Europe ni dans le monde, la solution par l'emploi et la croissance lui est interdite sans qu'il se passe quelque chose de fort pour la rétablir, ce fait majeur ne pouvant être fiscal. Ni Hollande ni Sarkozy n'ont été explicites sur cette question clef, d'où probablement l'opinion très négative des Français sur cette campagne électorale.

Bien sûr c'est le silence de Hollande, élu, qui devient assourdissant. "Il s'est égosillé à ne rien dire". Maintenant il va falloir agir et pas seulement dans la manipulation de l'opinion par le com'.

La campagne pour les législatives va probablement retarder l'heure de vérité.

Le nouveau président ne pourra pas tenir avec la seule politique de maintien des effectifs et des dépenses publiques, tout en matraquant "les riches", dont il a affirmé qu'ils paieraient la crise. S'il n'y a plus de capitalistes, de capitaux, d'investissements et si on prélève plus pour dépenser autant, le mur va se rapprocher très vite.

Gare à la langueur de l'été. Les décisions les plus traitresses se prennent toujours quand les Français se dorent au soleil. Après qu'on leur ait doré la pilule et qu'ils se soient doré l'épiderme, ils risquent de constater que "qui dorent ne dine pas nécessairement".

Sylvain
# Posté par SD | 07/05/12 15:28
Micromegas's Gravatar "Gare à la langueur de l'été. Les décisions les plus traitresses se prennent toujours quand les Français se dorent au soleil. Après qu'on leur ait doré la pilule et qu'ils se soient doré l'épiderme, ils risquent de constater que "qui dorent ne dine pas nécessairement"."

Excellent !
# Posté par Micromegas | 09/06/12 11:11
Julien L.'s Gravatar On a eu le ridicule avec la crise qui a affolé la volière présidentielle. La rigueur c'est pour demain matin, lendemain du second tour des présidentielles.
# Posté par Julien L. | 17/06/12 11:03
Léonardo da veni vidi  vici's Gravatar La rigueur la voilà en majesté pour...deux ans. Le ridicule nous le constatons depuis déjà quatre mois.

Une analyse brève mais d'une formidable exactitude !
# Posté par Léonardo da veni vidi vici | 11/09/12 11:56
La Gamelle Nous Voilà's Gravatar Pour deux ans ? Pour 5 oui avec une obligation de redressement après le changement de président.
# Posté par La Gamelle Nous Voilà | 18/06/14 12:16
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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