Châteaux en Espagne

Comme nous l'avons expliqué depuis 5 ans le gonflement artificiel et monstrueux de la dette mondiale du fait des défauts du système monétaire international est la cause principale de la crise. La dette est en fait de la monnaie de banque, dont la contrepartie est l'épargne des citoyens. La déflation, c'est à dire la réduction de la dette, des dépôts et de la monnaie, peut toujours prendre un caractère cataclysmique et entraîner une grande dépression mondiale. Il est donc normal qu'on fasse extrêmement attention à la manière de liquider les excès de crédits.

Pour donner une mesure de la difficulté, la dette globale mondiale actuelle doit se situer autour de 100.000 milliards de dollars, dont environ 10% n'est gagée sur rien. C'est à dire qu'il n'y a aucun flux de trésorerie à espérer dans le futur pour rembourser.  Pour faire large, cela représente à peu près le PIB de la France.

Le capital des banques mondiales étant très inférieur à cette somme, on peut dire comme nous l'affirmons depuis le blocage de l'été 2007 du marché interbancaire que le système bancaire mondial est virtuellement en faillite.

D'astuces en ficelles, de contournements en expédients, les états essaient de masquer la réalité. En vain. La panique est partout qui entraîne des mouvements de protection de la part des épargnants qui aggravent les difficultés.  L'immobilier a doublé de valeur, comme l'or.  Les Grecs comme les Espagnols ont leur épargne en Allemagne ou en Suisse.

Madame Lagarde, du FMI, donne trois mois à l'Europe pour sauver l'Euro alors que la sortie de la Grèce du système pend au nez de tous.

Aujourd'hui les banques espagnoles sont en premières lignes. On "débloque" par des moyens peu clairs 100.000.000.000 pour les recapitaliser.  En un mot on ne constate pas la perte de 100 milliards d'Euros du système bancaire espagnol (en fait la perte est à peu près trois fois cela si on actait la décote de tous les actifs immobiliers à une valeur de vente possible). On fait de la dette masquée pour combler des pertes.   

Cinq ans déjà que l'on joue à ce petit jeu aux quatre coins de la planète.

Et toujours pas une seule analyse des mécanismes de cette dette fantasmagorique  et aucune mesure prise contre ses causes !

Le plus poétique dans l'affaire auront été le résultat des "stress tests" et les notes données par les agences de notation. Mensonge ? Illusion ? Bêtise ? Cynisme ?

Pendant ce temps là,  la presse s'occupe des "Tweets" du harem. On a Les lettres Persanes qu'on peut.   

On ne peut même pas dire qu'on danse avec grâce sur un volcan.   Le Fandango a du plomb dans l'aile.

Commentaire
Locaterre's Gravatar Bonjour

>> La dette est en fait de la monnaie de banque, dont la contrepartie est l'épargne des citoyens
En êtes vous certain ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cr%C3%A9ation_mon%C3%...
"Les banques disposent du droit de monétiser des actifs non monétaires ; la double inscription simultanée d'un même montant à l'actif (actif non monétaire) et au passif (compte à vue du client bénéficiaire du crédit) du bilan d'une banque constitue l'acte par lequel elle crée de la monnaie : ce sont donc les crédits qui font les dépôts et non l'inverse."

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cr%C3%A9ation_mon%C3%...
"Par les crédits qu'elles accordent au delà de la base monétaire (monnaie de banque centrale) dont elles disposent les banques commerciales créent de la monnaie. Cette création peut être excessive et source d'inflation et de surendettement"

La dette ne serait-elle pas, seulement, dette de banque et non monnaie de banque ? Ainsi, si la banque a prêté 100 avec 10 en dépôt, afin de respecter les ratios prudentiels, est-il légitime de la couvrir pour les 90 de création monétaire virtuelle seulement pour la durée du prêt et l'appel des intérêts correspondant ?

Merci
# Posté par Locaterre | 13/06/12 17:15
SD's Gravatar Les dépôts sont des dettes qui permettent de créer d'autres dettes. Toute l'activité bancaire est faite de dettes. Mais toute dette est aussi une créance c'est à dire un espoir d'être remboursé. La difficulté c'est que le déposant n'a pas l'impression de faire un prêt à sa banque et qu'en plus c'est un prêt quasiment forcé vu le nombre des dispositions qui obligent finalement d'utiliser les services des banques pour effectuer des paiements. Le jeu des états consiste nécessairement à laisser croire aux déposants que les sommes confiées aux banques sont disponibles. Sinon c'est la panique, le "bank run". Comme la dette de la banque a servi à se constituer une portefeuille de créances cela veut dire que quelqu'un doit reprendre ces créances contre du cash. La banque centrale fait tourner la planche à billets et récupère des créances. L'ennui c'est que les besoins de liquidité sont tels que la banque centrale ne parvient plus à gager ses émissions avec de la créance recouvrable. La crise de liquidité finit toujours par une crise de solvabilité. Nous en sommes là depuis deux ans en Grèce, un an en Espagne et cela commence à sentir le roussi en Italie et en France.

Nous vivons avec un système bancaire en faillite masquée depuis l'été 2007, date à laquelle le système bancaire a réalisé que les prêts étaient pour partie basés sur des espérances vaines, la proportion de cette partie étant deux à trois fois supérieure à ce qui était anticipé. Les banques espagnoles ont fait semblant de croire à la valeur des biens "collatéraux" immobiliers qu'elles finançaient , directement et indirectement, comme les banques islandaises, comme les banques britanniques, comme les banques américaines et comme les banques françaises. L'histoire est la même partout, les proportions seules changeant. Ce qui est évident pour l'immobilier l'est moins pour les autres formes de prêts mais il est clair que le système bancaire a financé l'anticipation de gain sur des bulles de toute nature. Ces bulles ont éclaté laissant les débiteurs avec leurs espérances vaines et leurs banques avec des perspectives saumâtres. Le refinancement par substitution de dettes d'état avait ses limites. Différents états sont exangues et on besoin d'emprunter en permanence à des banques moribondes et n'espèrent plus que dans les instituts d'émission. Ces dernières ont vu leur bilan enfler démesurement. Mais les collatéraux étant en capilotade, elles mêmes sont techniquement en faillite et ne peuvent le cacher qu'en faisant de la fuite en avant.

Depuis 5 ans on gère l'urgence en essayant de rembourser en valeur nominale ce qu'on ne peut pas rembourser en valeur réelle. Mais l'inflation est proscrite ! Mais sans s'attaquer au moteur de ce gonflement indécent de la dette globale. On demande aux peuples de se serrer la ceinture pour rembourser. Ils n'y arrivent pas. Ils ne le veulent pas.

Faute de diagnostic et prisonniers d'institutions foireuses, les états, nourris par une pensée zéro, et des économistes vendus aux banques, n'ont fait que remettre une crise plus grave au lendemain. Le lendemain pour les grecs c'est dimanche prochain, pour l'Europe c'est cet été.
# Posté par SD | 14/06/12 09:17
digpan's Gravatar La situation des fonds de pension UK.
Les chiffres - et leur triplement en un an - sont vertigineux
http://www.cityam.com/latest-news/ftse-pension-fun...
# Posté par digpan | 14/06/12 09:51
Leon de Bruxelles's Gravatar "pour l'Europe c'est cet été".

Bien vu. Il a fallu que Draghi impose la violation des règles de Maastricht pour sortir du piège. Il l'a fait " cet été" là.
# Posté par Leon de Bruxelles | 15/01/13 18:03
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