L’étrange année 2017

et nos meilleurs voeux pour 2018

L’année 2017 qui vient de se terminer restera dans les mémoires par l'ampleur des remises en cause dont son histoire regorge.

Pour la France, le lessivage politique qui a vu le triomphe d’un inconnu saugrenu et bavard, mais habile et nimbé par la chance, est un tremblement de terre. Les deux partis à vocation majoritaire et de gouvernement sont à terre. La « chasse au Fillon » a montré une classe médiatique totalement délirante et décalée, se saoulant d'invectives et de condamnations démesurées, alors même que la Presse était tombée dans quelques mains intéressées. Les « juges rouges » n’ont pas même hésité une seconde, une vraie seconde physique, à fausser les élections présidentielles. La fille Le Pen a explosé en vol lors d’un débat minable avec le futur président, racontant littéralement n’importe quoi. Le délire s’est saisi de la gauche extrémiste, sous la houlette d’un maniaco-dépressif porté sur l’outrance au milieu des applaudissements déjantés d’une partie de la classe médiatique.

Au final, les Français découvrent à quel point la présidence de François Hollande avait été minable et l’image de la France dégradée

Même si beaucoup sont bluffés par l’aplomb du nouveau président et son indéniable culot, les mêmes auxquels s’ajoutent d’autres, moins convaincus, ressentent la crainte latente que tout ce jeu médiatique soit du pipeau grec de premier choix avec beaucoup de désillusions à venir.

Ils le voient ramer à tenter de donner du sens aux promesses démagogiques qui ont scellé son élection : frappe fiscale contre les retraités, transfert des cotisations sociales des personnes au travail sur les retraités, transfert de la taxe d’habitation sur les contribuables déjà matraqués. Au total, même s’il a pris deux mesures inévitables car indispensables tant elles tuaient l’économie et la société française en réformant la taxation à 65 % des revenus du capital et l’ISF, on voit bien qu’il n’a pas été jusqu’au bout et qu’au final, la dépense publique n’est pas freinée, les effectifs publics accrus, leur temps de travail maintenu.

Ils le voient céder sur tout ce qui fait un peu de dissensions : l’unité du pays ? On cède aux Corses avant de céder aux autres régionalismes, ramenant la France peu ou prou aux « belles régions de l’ancien régime ». On cède aux écologistes sur Fessenheim et ND des landes. On cède sur le BAC et on accepte la destruction de toute exigence à l’école. On concède à tous les dénigreurs de la France. On bat sa coulpe sur tout. On dira : il fallait bien en finir avec des crises sans fin. Fessenheim, on s’en remettra. ND des Landes, les besoins n’étaient pas aussi nets que cela. Les Corses ? On s’en fout de la Corse. Le bac et la sélection à l’entrée de l’université ? On met fin à une forme de farce.

Ils le voient glorifier l’Europe, la CEDH, le fédéralisme européen, le « couple franco-allemand », tout en se montrant totalement incapable de donner une réalité au concept d'Europe qui protège, ni de mettre un frein aux empiétements de la Commission Européenne qui veut préempter les réformes institutionnelles fédéralistes pour devenir le seul vrai gouvernement de plein exercice dans l’union Européenne, le projet macronien d’élection du président européen au suffrage universel finissant de donner la supériorité démocratique d’apparence aux institutions supranationales. Cette perspective entraînera ipso facto une aggravation des tensions séparatistes régionalistes un peu partout en Europe, conformément aux objectifs américains de 1944, marqués par la volonté de dissoudre les grandes nations européennes.

Ils le voient employer le plus souvent l’anglais comme langue diplomatique et de communication internationale, réservant le français aux indigènes. Son gouvernement a d’ailleurs abandonné toute volonté de canaliser l’anglais dans les médias et la publicité. Les grands groupes internationaux ne font plus même l’effort d’adapter leurs campagnes publicitaires, désormais toutes en « globich ». La France se coule dans le moule de la mondialisation anglo-saxonne, en annonçant qu’elle est « back » au milieu des applaudissements des joyeux forumeurs de Davos à 25 000 euros la place. Alors que la place de la France, dans ce charivari mondialiste, est plutôt passée dans le « back of the class-room ».

2 017 aura vu la bascule de conjoncture, très molle depuis 2015, devenir plus visible, même si l’impact en France est plutôt plus faible qu'ailleurs et sans effet massif sur le chômage. Les derniers chiffres connus montrent une nouvelle dégradation pour le chômage de longue durée et une réduction infime et inférieure à 2016 des demandeurs d'emploi, avec, pour 6.6 millions de personnes inscrites à Pole Emploi, une baisse glorieuse de 1 pour mille, si on ne se trompe pas.

2 017 aura vu Daesh perdre une bataille. Mais l’Iran, le Hezbollah et le chiisme sortent confortés, en même temps que les régimes autoritaires se renforcent en Russie (où on interdit désormais d'honorer les victimes des génocides socialistes), en Turquie, en Corée et en Chine.

2 017 aura vu le Brexit devenir un souci majeur pour tout le monde.

2 017 aura vu Trump devenir un problème pour tout le monde, sans que l’on sache si ses comportements de cow-boys, unanimement critiqués, n’auront pas quelques conséquences indirectes favorables. L’exact inverse de la situation de Macron, dont la geste de bisounours est unanimement appréciée mais dont on peut craindre des conséquences directes et indirectes négatives.

2 017 aura vu le secteur bancaire traditionnel se convertir en auxiliaire du fisc et de Tracfin, en contrepartie d’un renflouement et d’une autorisation de taxation de la clientèle captive parfaitement inique.

2 017 aura vu la natalité française s’effondrer.

2 017 aura vu l’immigration et l’islamisme faire renaître l’extrême droite partout en Europe.

2 017 aura vu le retour de la violence radicale, la résolution d‘un conflit se faisant par la purification ethnique d’une région (Les Rohingyas de Birmanie).

2 017 aura vu le recul massif du multilatéralisme et de la coopération internationale organique.

2 017 aura été pour notre site une année d’explosion du lectorat avec plus de 200 000 consultations, le nombre cumulé de « lectures » étant à cet instant de 1 375 000.

Quelles sont les évolutions qu’il faudra suivre en 2018 ?

En 2018, il faudra vérifier que le désordre des esprits n’empêche pas les réformes indispensables du système monétaire international.

En 2018 il faudra être attentif à ce que les réformes nécessaires de la gouvernance économique en Europe ne contribuent pas à aggraver le centralisme bureaucratique et à faire éclater les nations.

En 2018, il faudra être sévère avec le gouvernement français s’il ne prend pas enfin, les mesures radicales de réduction des effectifs publics, s’il ne limite pas les privilèges indécents de la haute fonction publique, s’il ne restaure pas la liberté fondamentale de mener sa vie sans être constamment empêché et s’il ne prend pas les mesures indispensables en matière de natalité.

En 2 018 il faudra surveiller que la reprise qui va s'accélérer un temps ne débouche pas sur une crise de type de 2001-2002.

Bonne Année 2018 à tous ceux qui nous font l’amabilité de nous suivre.



Les Intouchables d’État de Vincent Jauvert - Robert Laffont

Depuis des lustres nous combattons la dérive antidémocratique gravissime qu’est devenue l’Énarchie Compassionnelle, c’est-à-dire la prise du pouvoir par les hauts fonctionnaires non seulement sur les rouages de l’État mais sur l’ensemble du champ politique et économique. Depuis des lustres nous militons pour que soient intégrés dans la Constitution Française deux articles fondamentaux :

-          Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’État

-          Nul ne peut être élu dans une assemblée qui fixe ses conditions d’emploi et de revenu.

Depuis que le couple d’Énarques Giscard-Chirac a pris les choses en main, la conquête de la sphère politique par les hauts fonctionnaires n’a jamais cessé. Il en est résulté trois conséquences :

-          La France a décroché par rapport au reste du monde de façon de plus en plus accélérée

-          Les taux de prélèvements sont devenus les premiers du monde, avec une dépense publique incontrôlable et les dettes en rapport.

-          Nous avons fait fuir les élites non-fonctionnaires et accumulé un chômage structurel phénoménal.

Nous avons montré dans de nombreux articles comment s’était faite cette transmutation de la France en bureaucratie invoquant en permanence les bons sentiments et son caractère irréformable. Le « coup d’État » qu’aura été l’élection d’Emmanuel Macron, basée sur l’exploitation d’informations confidentielles par des hauts fonctionnaires félons pour tuer la candidature Fillon, est en quelque sorte l'acmé de cette évolution.

Il était donc inévitable qu’assez vite paraissent un flot de livres qui feraient l’inventaire de l’incroyable privilégiature qui s’est installée dans le fromage de la République comme des rats repus et sans vergogne.

Les intouchables d’État de Vincent Jauvert - Robert Laffont, est un des plus complets, car il ose donner les noms, les montants, les mécanismes. « Je ne m’attendais pas à découvrir un tel déclin de l’esprit public, un tel mépris des règles éthiques ». Il ne s’attendait surtout pas à voir les revenus extravagants que certains couples, toujours autodéclarés « de gauche », ont réussi, sans mérite ni risque, à accumuler. Le couple Hidalgo se fait construire un appartement de 300 m2 Bd Raspail (valeur 4 500 000 euros). Le couple Parly a probablement accumulé en 17 ans plus de 10 millions d’euros de revenus. Globalement la haute fonction publique qui gagnait moins que les ténors du privé a pris sa revanche. De même que la rémunération médiane du secteur public est passée devant celle du privé (« les crises ? Connais pas »), celle des 1 000 hauts fonctionnaires les mieux rémunérés est également supérieure à celles 1 000 cadres privés les mieux payés. Et cela d’autant plus que la connivence entre finance, grandes entreprises du CAC et hauts fonctionnaires est devenue organique, les énarques prenant carrément la direction de la plupart des grands groupes français.

L’auteur est le premier à montrer combien la féminisation de la haute fonction publique a changé le décor. Le népotisme, les relations familiales, les amitiés sexuelles, les clans, ont remplacé les relations fonctionnelles. Ces clans familiaux enrichis qui se reproduisent de mère en fille (Parly puis Parly II) ou de père en fils (les Rocard naguère), se sentent totalement au-dessus de tout. Leurs membres passent de l’État aux entreprises parapubliques et retour, cumulant les rémunérations et les retraites, comme de l’administration à la politique, comme du public au privé. On les retrouve dans les instances dirigeantes des partis et aux sommets des postes politiques. Jamais on ne pose la question de la compétence. Jamais on ne sanctionne les dérives. L’argent vient de postes qui sont disponibles par la faveur du clan.

Le parcours de Parly II est tellement significatif. La voilà projetée par la faveur familiale au gouvernement. Elle tente une élection à la députation qu’elle rate. On la retrouve à la mairie de Paris avec Sautter. Puis elle file à Air France, où son mari a de l’influence. Elle finit par y gagner des sommes fabuleuses alors qu’elle n’y a rien fait de remarquable (52 000 euros par mois). Elle est recyclée aux Chemins de fer où elle dirige des finances qui se sont totalement effondrées sous son règne. Qu’importe ! La voilà Ministre des Armées. Elle fait comme son mari parti de tout ce qui compte comme comité Théodule  d’influence. Elle est lancée en ville comme l'était une Nahed Ojjeh !

On les retrouve partout. Rien ne leur échappe : la politique nationale, régionale, municipale, les groupes parapublics, les postes publics. Et la retraite du corps qui continue de s’accumuler, ce qui fait qu’à la fin des fins, on vivra bien. Sans avoir jamais montré la moindre qualité par des résultats probants.

Évidemment on n’évoque les personnes ici que pour ce qu’elles représentent de démonstratif. Mme Parly II est certainement très charmante et ne manque certainement pas de vista ni d'entregent.

Naturellement cette capture de l’ensemble de la sphère politique et économique supérieure, en sus de la sphère administrative, se fait dans le secret. Alors que les rémunérations sont devenues publiques pour le CAC 40, tout est secret dans la haute administration alors qu’on sait que les rémunérations de plus de 200 000 euros sont légion et que de très nombreuses organisations parapubliques, permettant de s’affranchir de toutes contraintes, ont été créées pour gagner encore plus d’argent.

Alors le livre a beau jeu de passer au laminoir les conseillers d’État qui monnaient leur carnet d’adresses, les hauts fonctionnaires du trésor qui se font recruter dans le privé pour expliquer comment ne pas payer d’impôts, les membres de la cour des comptes qui se répartissent les postes culturels les mieux rémunérés, les inspecteurs des finances qui deviennent banquiers d’affaires, les énarques dont les erreurs de gestion coûtent des milliards d’euros et qui ne sont jamais sanctionnés, des chefs de grands corps qui verrouillent tout pour éviter qu’on touche à leur privilège, les couples qui se font la courte échelle tout au long de leur carrière avec succès…

On a honte pour la France au sortir de cette lecture.

L’élévation de Macron, après celle de Hollande, est en quelque sorte le triomphe de cette main mise.

Ce que le livre ne dit malheureusement pas, c’est que l’effondrement français a été largement provoqué par cette dérive bureaucratique et la création d’une aristocratie prédatrice et népotique, obsédée par l’argent et le pouvoir, masquée derrière des postures compassionnelles ou socialistes, et à peu près totalement indifférente au pays.

Avec E. Macron nous sommes entrés dans l’ère de la pub à haute dose, de la communication permanente, de l’optimisme obligatoire contre les esprits chagrins, dans la mise en scène des succès formidables de l’Énarchie compassionnelle et suintante de démagogie, du triomphe joyeux des petits-maîtres et de la confusion des genres.

La haute fonction publique va vous en donner pour votre argent. Et s'enrichir à tout va sans rien réformer de profond.

Tout obstacle, toute initiative qui ne vient pas d’elle, sera mis sous le tapis. Aucune mesure réellement difficile ne sera prise. Adieu Fessenheim sacrifié pour rien (des milliards), adieu Notre Dame des Landes (un milliard), adieu L’expo Universelle. Dès que c’est chaud on laisse tomber. Pas une baisse de la dépense publique ! Pas une réduction d’effectif ! Pas une réforme de la démocratie française à espérer et surtout aucune remise en cause du pouvoir gangréneux et cancérigène des métastases de la haute fonction publique hors de son domaine réservé.

Derrière tout le cinéma et toute l’anglophonie macronienne, se cachent un grand vide national et la confirmation de l’étouffement et la mise à sac du pays par un clan et désormais par des familles abusives.

On peut se moquer du Maroc, de l’Iran et de Poutine.

Delenda est.

En écoutant Louis Gallois

Louis GALLOIS, qui va fêter ses 74 ans, n’est pas seulement le titulaire des plus belles oreilles de toute la communauté des Énarques. Il en est aussi un des éléments les plus brillants. D’une famille militaire installée à Montauban par son père et issu de la bonne bourgeoisie juridique du sud-ouest par sa mère, il entre à HEC puis à l’ENA avant de devenir administrateur du Trésor. Il joue la carte socialiste, entre au PS et connaîtra le coup de booster provoqué par l’élection de F. Mitterrand, bien qu’il opte vite pour le clan Chevènementiste, le moins cynique et le plus pragmatique. Il devient Directeur de l’Industrie, un poste crucial en France, pour le carnet d’adresses qu’il fournit. Passant par toutes les cases du mécano industriel parapublic français, de la Snecma à Airbus et à la SNCF, il est devenu président du Conseil de Surveillance de Peugeot, désormais dans le giron du gouvernement et du capital Chinois.

Ses options socialistes n’ont eu que d’heureuses conséquences sur sa carrière qui a été autant soutenue par le PS que par Chirac, Juppé et Sarkozy pour s’épanouir à gauche avec Hollande et aujourd’hui Macron. L’Énarchie ne connaît pas les frontières politiques. Les étiquettes ne concernent que les électeurs qui veulent bien y croire. La haute administration affichée « de gauche » et socialiste est trans-politique. De ce point de vue-là, l'élection d’E. Macron a rendu officielle une connivence qui était factuelle depuis des décennies.

Toutes ces carrières sont menées ès qualités et jamais en fonction des résultats. La SNCF accumulera les retards qui sont aujourd’hui dénoncés. Airbus connaîtra les difficultés que l’on sait. La SNCM coulera corps et biens après Seafrance. Le fret de la SNCF s’effondrera, ainsi que la santé de la majorité des autres filiales. L’image de sérieux de Louis Gallois n’en sera pas une seconde affectée.

Son engagement précoce dans le syndicalisme, à la CFDT, lui permet une connivence assez grande avec les syndicats. La consigne gouvernementale donnée est toujours la même  : pas de vagues. Il saura ne jamais faire de vagues.

Mais pas d’énarchie réussie sans compassion. Louis Gallois va devenir à la fois un des PDG les mieux payés de France et le plus engagé dans les causes sociales, suivant l’exemple de Louis Schweitzer, qui lui aussi a cumulé son engagement à gauche avec la direction très rémunératrice de Renault avant de prendre la tête de la Halde. Les deux se sont d’ailleurs succédé à certains postes. Sa vocation compassionnelle, Louis Gallois l’exerce en prenant la tête de la FNARS, fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, qui se signale ces derniers jours en refusant l’enregistrement des immigrés clandestins qui séjournent dans ses centres.

Louis Gallois est un homme affable et sympathique, ouvert et abordable ; il n’a pas du tout l’orgueil délirant d’un Haberer par exemple.

C’est un haut fonctionnaire qui a tenu récemment un rôle éminent dans la formulation de la politique économique générale, puisque le Rapport portant son nom a fixé en partie les règles du jeu économique des gouvernements Hollande et qu’il était de la commission d’experts chargés de proposer les réformes du secteur bancaire.

Alors qu’une reprise économique modeste mais certaine est en cours, il était intéressant de l'entendre exposer ses positions sur une question qui intéresse presque exclusivement les Français et les instances économiques animées par des Français : la prospérité supporte-t-elle l’inégalité ?

La conférence a été aimable et rapide. Le thème principal : même si nous nous plaçons hors de tout contexte moral, la croissance doit être inclusive et ne laisser personne le long du chemin. Plus la croissance est lente, plus il faut être égalitaire. L’expression de M. Macron sur les « premiers de cordée » est mal venue. La théorie du ruissellement qui veut que la richesse parte de ceux qui la créent pour cascader est fausse. Il faut que la rémunération les pauvres soit toujours associée à un travail même minime car les tâches utiles sont en nombre infini, si on les subventionne, donc les sorties Hamon et Dray sont ridicules. Par exemple on peut remettre en marche les mirabelliers non rentables de la région de Metz et faire des confitures puisque les alcooliers ne veulent pas qu’on touche à leurs droits de distillation. Dans le Sud on peut faire essarter la garrigue. Ce faisant on peut éviter le chômage total de longue durée et permettre aux personnes de garder leur image d’eux-mêmes, en dépit des difficultés. Pour le reste il faut avouer qu’on a été jusqu’au bout du bout en matière de baisse des charges sociales sur le SMIC et que pourtant l’emploi ne croît pas au rythme de la reprise parce que l’enseignement et la formation professionnelle sont défaillants. Il ne faut pas cependant se décourager car même dans les banlieues il y a des tâches de dynamisme, comme Uber l’a montré. En revanche l’inégalité qui a été signalée par des rapports de l’OCDE et le FMI limite la croissance. La France n’a jamais su s'adapter depuis la crise du pétrole à la mondialisation. Cela explique l’effondrement de nos campagnes et petites villes qui ne vivent plus guère dans de nombreuses parties de la France que de transferts. Même aux États-Unis, le revenu de la classe moyenne inférieure a diminué. Donc il faut réfléchir aux inégalités et travailler à les réduire. Vive l’impôt et la solidarité et "à titre personnel, conclut le conférencier, je suis pour un impôt plus important sur les successions". La richesse doit aller à ceux qui la produisent mais pas à leurs enfants.

C’est tout ? C’est tout.

C’est gentil, mais c’est tout.

Rappelons que Louis Gallois est ce qui se fait de mieux en matière d’élite nationale, en même temps que d’énarchie compassionnelle. On est loin des petits-maîtres cupides, souvent en ménage, qui font carrière entre les postes publics, parapublics et privés, tout en cumulant tous les prébendes et privilèges possibles et imaginables, sans aucun mérite autre que de faire partie des bonnes sectes et des bons clans, parfois avec un zeste de népotisme pour corser l’affaire. On est loin des mêmes qui portent leur socialisme en bandoulière pour masquer ou alimenter leur carriérisme et leur cupidité. La sincérité de Gallois ne saurait être mise en doute. Ce brave homme veut le bien public. Nul doute là-dessus.

Comment se fait-il qu’on sorte aussi totalement déconcerté d’une telle conférence ? Après tout un petit prêche de temps à autre ne peut pas faire de mal. Qui ne peut être d’accord sur le fait que la croissance doit profiter à tous et qu’il faut faire des efforts pour atteindre cet objectif qui ne va pas de soi ?

La première raison est terrifiante : même le gratin de l’élite la plus en prise sur la formation de la décision publique n’a rien compris à la crise qui s’est formée au tournant de 1971. Rien ! Rien du tout ! ILS NE COMPRENNENT RIEN !

La baisse tendancielle de la croissance chaque décennie depuis les années soixante-dix ? « L’effet d’une baisse générale de la productivité ». C’est tout ? C’est tout ! Mais pourquoi diable la productivité se serait mise à baisser tout d’un coup ? Mystère. L’économie aurait été saisie de langueur, une forme de dépression dont on ne saurait comprendre les ressorts et qui s’imposent à l’observateur comme au dirigeant.

L’effondrement du monde communiste et la libération soudaine de milliards d’êtres humains désireux de participer à la fête économique de « l’après-guère » ? Connais-pas !

La conjonction des deux phénomènes, avec l’apparition de déficits colossaux et d’excédents parallèles, marquant un déménagement trop rapide des moyens industriels vers les pays d’Asie et de l’est européen et l’apparition d’une économie baudruche fragile et explosive ? Sais pas !

Du coup tout devient obscur et on multiplie les contradictions.

L’effet de contagion de richesses à partir des pays riches vers les ex-pays pauvres, avec le double mouvement d’imitation et de substitution, a bien provoqué une réduction phénoménale des inégalités. Le revenu en Pologne a été multiplié par quatre chez les diplômés. Le salaire ouvrier qui était de 100 euros environ en Tchécoslovaquie est désormais de 500 euros en Tchéquie. En Chine un directeur informatique à Shanghai gagne l’équivalent de 5 000 dollars par mois, quand son homologue militaire des années quatre-vingt était à 80 dollars. La croissance massive dans ces pays a bien réduit massivement les inégalités. Le revenu médian en Pologne est revenu au tiers de celui des Français.

Cet effet de réduction des inégalités a bien eu un effet de bascule. L’occident industriel a perdu une grande partie de son industrie qui s’est concentrée notamment en Allemagne et au Japon, avant de migrer vers les Chine, les dragons asiatiques et en partie l’Inde. Et il explique pour une bonne part la baisse relative des revenus des classes moyennes aux États-Unis et en Europe. Ouvrir totalement les échanges lorsqu’il existait une telle différence de potentiel garantissait cette évolution.

Avoir mis en place un système monétaire qui a multiplié les dettes et les fait gonfler l’offre monétaire à des sommets historiques ne pouvait qu’aggraver les choses. Du coup, les salaires étant bloqués par la compétition des émergents, cette création monétaire a inondé les « actifs », faisant s’envoler les prix de l’immobilier et les cours de Bourse comme des valeurs refuges, et provoquant des crises périodiques gravissimes qui ont tout aggravé.

Pas besoin d’aller chercher plus loin la stagnation relative de l’investissement qui explique la perte de productivité., résultante plutôt que cause.

Si les « possédants » voient leurs actifs grimper en valeur du fait des déséquilibres majeurs du système financier international, vous obtenez mécaniquement une croissance de l’inégalité de fortune avec ceux qui n’ont pas d'épargne.

Les salariés des groupes qui se sont mondialisés et surtout leurs équipes dirigeantes, qui ont branché leur rémunération sur les cours de Bourse, ont vu leur revenu grimper à des sommets vertigineux alors que le salaire de base croissait beaucoup plus faiblement.

Ces inégalités auraient été bien moins grandes si la croissance mondiale n’avait pas été gâchée par les errements du système monétaire international, si les pays émergents avaient dû maintenir des balances extérieures équilibrées, ou moins déséquilibrées et si les crises périodiques avaient été moins graves.

Militer pour une réduction des inégalités revient donc d’abord à professer des réformes du système monétaire international sur une base plus équilibrée et plus coopérative.

Mais là, il n’y a plus un Énarque. Et adieu la vraie compassion.

Il ne sert à rien de constater que la croissance s’est concentrée dans les grandes villes et de retomber dans les sornettes du livre de Gravier sur Paris et le Désert Français. Ce qu’on y constate, c’est une croissance résiduelle et résistante. Si l’organisation mondiale précédente avait pu être corrigée à temps, on aurait constaté une croissance bien plus grande et une meilleure tenue de la « France périphérique » comme on dit maintenant et une moindre difficulté pour les classes moyennes.

Il ne sert à rien de constater que partout en Occident les classes moyennes inférieures ont souffert. Mises en concurrence directe avec le milliard de personnes qui dans le monde sont sorties de l’extrême pauvreté, sans aucun frein ni aucune frontière, il ne pouvait en aller autrement.

De même la création d’une monnaie unique sans mettre en place les conditions organisationnelles d’un tel système ne pouvait qu’accroître les déséquilibres et donc les inégalités. Si d’un côté l’Allemagne prend des mesures radicales de redressement de la productivité pendant que la France fait exactement l’inverse, on s’aperçoit vite des conséquences : une pleine santé économique du côté de l’effort et un désastre du côté de la démagogie.

Le plus grand paradoxe est que Louis gallois est bien obligé de constater que le pays qui s’en est le plus mal sorti est justement celui qui a décidé de devenir le plus lourdement imposé et qui s’est doté d’un quadrillage administratif d’une taille obscène, associé à une réglementation étouffante.

Il a bien vu les méfaits de la surimposition des capitalistes français puisqu’il dirige le conseil de surveillance d’une grande entreprise familiale dont l’actionnariat familial a été ruiné par l’impôt et qu’il a fallu faute de capitaux locaux, aller chercher du capital chinois pour relever l’entreprise, avec le secours de l’état, ce qui a permis à l’énarque Gallois de disposer d’un poste, disons, bien rémunéré, qu’il n’aurait peut-être pas pu envisager dans un autre contexte fiscal.

Ne parler des inégalités qu’à l’intérieur d’un pays, sans voir la réduction des inégalités entre pays est déjà une forme de myopie. Ne pas voir que le socialisme a été la source principale de la pauvreté et des énormes inégalités de revenu dans le monde et en France, est un aveuglement. Ne pas comprendre que les délires monétaires ont jeté les économies occidentales dans des phénomènes spéculatifs grotesques et qu’il faudrait peut-être commencer à réfléchir à quelques réformes, est une forme d’inconscience. Ne pas voir que la surfiscalité française n’a profité qu’à la classe des fonctionnaires et des hauts fonctionnaires en particulier, et venir donner des leçons de morale aux « riches » est un miracle d’obscurantisme intéressé, quand ce n’est pas du cynisme.

Le ménage Parly, énarques claniques qui n’ont jamais rien prouvé, ni rien fait de particulièrement méritant, a probablement accumulé entre 500 000 et un million d’Euros de revenu pendant près de 15 ans. Sans prendre le moindre risque. Le ménage Hidalgo, selon le Parisien, a réussi à accumuler de quoi acheter un appartement boulevard Raspail de 300 m2. Valeur : 4 à 4.5 millions d’euros. Ces couples s’affichent naturellement « vraiment socialistes ». Naturellement les personnes ne sont pas en cause. Seuls comptent ici les mécanismes qui ont permis d’accumuler des fortunes sans risques ni mérites particuliers. Pour ne s’en tenir qu’à F. Parly, elle est parachutée aux élections législatives qu’elle perd. Pas de conséquence : elle revient dans le giron public. Elle va faire fortune à Air France, en quasi-faillite permanente où elle touche jusqu’à 52 000 par moi. Son mari gère les participations de l’État, dont Air France ! Conflits d'intérêts ? Elle entre à la SNCF où sous sa direction financière les dettes s’accumulent à un niveau intenable. Une hésitation de carrière ? Pas du tout. La voilà à la tête de la division « voyageurs ». Un bref instant puisque la voilà Ministre des armées. On a moqué Fillon et son épouse. Mais en comparaison, ce sont des bricoleurs et ils n’avaient pas de parachute doré en cas d’échec politique.

Les hauts fonctionnaires ne peuvent plus comme naguère, prétendre qu’ils gagnent moins que dans le privé. Ils se sont gorgés d’argent et de sinécures, simplement par captation parce que l’Énarchie est parvenue à tenir et le politique et l'administratif., ce qui est une atteinte massive à la démocratie. De même que tout le monde sait que les trois grandes crises de 74, 93 et 2 008 ont été payés par le secteur privé, le haut secteur public ayant continué à se goberger comme si de rien n’était.

En 1970 la rémunération moyenne des fonctionnaires était inférieure à celle du privé. Elle est désormais très supérieure. De même pour les très autres rémunérations. Si on enlève les quelques entreprises du CAC 40 (où les hauts fonctionnaires sont souvent dans les conseils d’administration), les rémunérations de la haute fonction publique sont supérieures à celle des patrons, avec la particularité d’être constamment croissante et de correspondre à des fonctions sans risques.

Si on veut mener une politique de réduction des inégalités en France, il faut commencer par une réforme de la Constitution qui sépare la haute administration de la politique. On ne peut pas être élu dans une assemblée qui fixe vos conditions de rémunération et de travail.

La seconde condition est de sortir de la surfiscalité et de la suradministration, avec une réduction progressive mais massive des fonctions publiques et la suppression de statuts tellement privilégiés qu’ils font honte à ceux qui en profitent.

La troisième est de réformer le système monétaire international et le régime des échanges pour imposer qu’aucun pays n’accumule des milliers de milliards d’excédents ou de déficits.

Un chauffeur de taxi marocain expliquait ainsi la nervosité des jeunes au Maroc : quelques familles verrouillent tous les secteurs. Rien à faire pour créer son entreprise sans se heurter à ces familles. Un autre, iranien explique les désordres actuels par le verrouillage de l’économie par quelques clans d’imams qui ont fait fusiller des dizaines de propriétaire de PME pour capter leur business. Plus moyen de créer quoi que ce soit sans se heurter à ces abusifs violents. La France est entrée dans ce mécanisme de frustration générale où quelques dizaines de familles de hauts fonctionnaires verrouillent tous les postes importants et règnent en plus sur le gouvernement, avec un cynisme clanique sans limite. De plus en plus d’élèves de l’ENA se marient entre eux. On devient énarque de père et de mère en fils et en fille. Le népotisme remplace progressivement la méritocratie. Hollande se faisant une coquetterie de tenter de placer ses maîtresses aux principaux postes de l’État est-ce vraiment mieux que Weinstein ?

Le sociologue politique qui se penchera sur l’histoire de la France entre 1970 et 2020 verra que ce demi-siècle aura permis à une mini classe de hauts fonctionnaires de s’emparer de l’argent et du pouvoir sur fond de déréliction nationale presque totale.

Il faut mettre fin à cette dérive. L’élection d’Emmanuel Macron qui est le symbole même de cette capture antidémocratique n’en montre pas le chemin.

L’Énarchie en (in) action

La revue de presse du jour

Si un observateur avait réellement besoin de fixer son idée sur ce qu’est l’Énarchie, il lui suffirait de suivre le Président Macron à la trace.

Élu non pas sur la promesse d’un changement comme l’Énarque Giscard mais sur celles de « révolutions », il faut bien forcer les doses, le jeune élu a prétendu changer tout ce qui devait l’être avec l’énergie et la détermination sans faille que son âge et son tempérament permettaient.

Le voici donc qui abandonne le projet de Grand Aéroport de l’Ouest de la France au profit de hors-la-loi.

Le voici donc qui met des péages à l’entrée des grandes villes.

Le voici donc qui gorge à ce point d’impôts le pays, tout en prétendant le contraire, que plus personne ne sait si, au final, le prélèvement global de 2018 ne sera pas supérieur à celui de 2017 fortement augmenté par rapport à 2016.

Le voici donc qui se satisfait de la troisième baisse de la natalité consécutive en France avec une nouvelle baisse de la fécondité. L’énarque président précédent avait mis fin au principe même des allocations familiales. Entre un Énarque qui n’a jamais voulu se marier et un Énarque qui n’aura jamais d’enfant, la politique familiale aura toujours été un peu hésitante. Mais on permettra aux homosexuelles d’acheter des bébés.

Le voici donc qui prend des mesures invincibles sur le front de l’immigration sauvage : contrôler l’identité des immigrés dans les centres de secours que les fonctionnaires ont concédé à des associations qui ne vivent que de cela et qui crient inlassablement « toujours plus ».

Le voici donc qui laisse augmenter encore le nombre de fonctionnaires, alors qu’il avait promis plus de 120 000 suppressions de poste.

Le voici donc qui laisse grimper sans vergogne la dépense publique puisque la conjoncture internationale est meilleure, sans aucune réforme de compétitivité.

Les grandes entreprises para-étatiques ou étatiques françaises sont toutes à l’agonie. Mme Borne, énarque, ancienne directrice de la stratégie de la SNCF, est censée tancer son ancien président, M. Pepy, « l’homme qui rit dans les cimetières » de la SNCF, homosexuel déclaré dont on évoque les relations avec le directeur de Radio France, beau jeune homme également ami du Président, condamné pour favoritisme à de la prison. Le bon Pépy viserait la présidence d’Air France, quasiment en ruines. De même que l’énarque Parly après avoir ruiné vraiment les finances de la SNCF s’est retrouvée Ministre des armées. Aucun échec, aucune faillite ne sauraient arrêter un ou une Énarque « spécialiste de l’industrie et du privé ». Airbus abandonnera l’A380, dont, dès le départ les études montraient que le marché de ce bel avion n’était pas là, après avoir enchaîné les échecs avec son transporteur militaire. La filière nucléaire est ruinée. Engie est une catastrophe qui survit en utilisant ses possibilités de prélèvement pour assommer l’usager de factures aussi délirantes dans leur montant que dans l’absence de justifications sérieuses. Ne parlons pas de l’ex France-Telecom.

Tous ces thèmes sont repris de la presse du jour. Sans exception. Une revue de presse des plus significatives.

« C’est la révolution du plumeau et de la plume dans le… » pérorait hier un pilier de bistrot de Montparnasse. On époussette et on recule (nous avons censuré le mot effectivement employé, bienséance oblige), en se maintenant comme on peut, dans la connivence générale d’un tout petit monde de parasites enkystés sur la bête. Le journaliste de base lit le communiqué, en s’exaltant de sa gauchitude qui lui fait pisser quotidiennement la moraline comme un ancien curé n’aurait jamais osé le faire.

A droite l’Énarque Wauquiez doit faire face au « non-paiement de cotisation » de l’Énarque Juppé. Stupeur et tremblement, chez tous ceux qui adorent pédaler dans le vide en croyant soulever des montagnes.

Aux extrêmes, des guignols extrémisent. Ils offrent la caution nécessaire aux Énarques de gouvernement pour qu’ils se maintiennent au pouvoir.

Le Français, né malin, aime l’Énarchie.

Tableau.

Un aspect du drame français : l'agriculture

La télévision permet parfois d’ouvrir une fenêtre sur les difficultés de fond de la société française. Lors de l’émission L’Angle Eco, de F. Lenglet, on présente une ferme en Ukraine dirigée par quatre paysans français, exploitants d’une très grande exploitation de Haute-Marne, si mon souvenir est exact.

Dans l’esprit de déréliction et de médiocrité qui baigne l’information et la politique française, l’idée que des paysans français aient pu réussir en Ukraine est une éclaircie.

J’étais sur place à Kiev, au début des années 2000, lors d’un congrès rassemblant une multitude de paysans français qui avaient fait le voyage pour étudier les possibilités locales. Déjà, à l’époque, tous plaisantaient qu’on ne pouvait plus rien faire en France, et que le salut était là où le socialisme avait enfin disparu et où les possibilités étaient donc immenses.

Pour avoir écrit un livre sur la grande famine génocidaire de 1932 en Ukraine, il se trouve que je connaissais bien l’histoire de ces campagnes. Avoir réussi à faire des terres noires de tchernoziom, parmi les plus riches du monde, une zone de famine où moururent des millions d’enfants, de femmes, d’hommes et… d’animaux, seuls le Socialisme Réalisé pouvait le faire. Ce crime immense est caché en France et la seule préoccupation des historiens officiels n’est certes pas d’en parler mais d’éviter la qualification de génocide, tout en expliquant que le drame, surjoué, a été provoqué par les paysans eux-mêmes. C’est le fameux syndrome de Léon Chaix : occulter, nier minimiser, s’exonérer. Dans tous les cas mentir pour sauver la cause et de pas laisser d’arguments aux vilains.

L’agriculture ukrainienne, ancien grenier à blé du monde, ne s’est jamais remise de ces crimes atroces prolongés sur des décennies. Rappelons qu’il y eut une première famine en 1916-2017, puis une seconde en 1932-1934, puis une troisième en 1947. Au total, selon les chiffrages entre 6 et 10 millions de morts sur une population de 25 millions de paysans. Seul, Mao Tse Dong réussit à faire mieux lors du Grand Bond en Avant. Toutes proportions gardées, c’est comme si un « Vrai socialisme vraiment de gauche » avait liquidé toute la Région Parisienne, pour apprendre à vivre aux Franciliens. Un rien qui ne mérite évidemment pas un commentaire, jamais, nulle part.

L’agriculture ukrainienne en est restée comme pétrifiée. L’Urss a importé du blé américain. À La chute du régime génocidaire socialiste, les terres ont été réparties., dans des conditions pas toujours très nettes. Les Chefaillons du Parti en ont profité un peu plus que les autres. Tout le monde s’est mis d’accord sur un principe. On ne règle pas la question de la propriété de la terre. On accorde simplement un droit d’exploitation. Impossible d’exploiter utilement ces parcelles. Les nouveaux ayant droit n’avaient ni les capitaux, ni le savoir, ni les débouchés, ni les surfaces, pour mener une exploitation rentable.

La seule solution : permettre la constitution d’énormes fermes louées à des étrangers. On aboutit à cette situation étrange : les étrangers exploitants en apportant tous les capitaux et les savoirs utiles ; les locaux touchent les royalties en ne faisant rien. Les Ukrainiens intelligents travailleurs et motivés, souvent venus des villes, deviennent les techniciens locaux nécessaires pour faire fonctionner l’ensemble. Des multinationales achètent le blé, comme avant 1914, où une société comme Dreyfus pouvait acheter toute une récolte annuelle ukrainienne.

Ce qui frappe, lors du reportage, c’est la liberté. Ces paysans sont libres. Enfin libres. Il s’agit ici des paysans français. Ils peuvent enfin réfléchir, agir, réagir seuls devant les nouvelles réalités humaines et techniques. Et cela marche.

La France ? C’est foutu la France. « D’ailleurs notre exploitation ukrainienne a dépassé maintenant de façon irrattrapable notre exploitation française qui s’effondre progressivement ». Le socialisme et l'étatisme délirant français ont réussi, sans assassinat, à obtenir les mêmes résultats que les Bolcheviks. Ils sont fortement aidés par les Écologistes qui sont parvenus à tout bloquer. La France qui était le grenier agricole de l'Europe de l'Ouest n’est plus la première puissance du secteur. Elle commence à être dépassée de partout, y compris par les Allemands qui ont des sols pauvres. La Hollande, l’Italie, l’Espagne lui taillent des croupières épatantes. La grande distribution étrangle ce qui reste. La mondialisation a bon dos. Les paysans et les politiques ont voulu un régime totalement cadenassé. Ils l’ont. Les juges ruinent les propriétaires non paysans. Il n’y a aucune vraie liberté nulle part dans le petit monde de l’agriculture. On vise bas. On subventionne. On empêche. On subventionne. On surréglemente. On subventionne. Les paysans se pendent. On subventionne. Tout le monde s'effondre au milieu des applaudissements des Jocrisse. On vous explique que les Énarques Chirac et Lemaire étaient « a-do-rés » par le monde agricole. Et on espère que l’Europe va payer.

Avez-vous écouté les radios ce matin ? Mille voix viennent vous expliquer qu’il est formidable que le projet d’aéroport nantais soit arrêté, mais que l’inquiétude se porte sur le phalanstère de trois ou quatre familles qui se sont installées sans droit sur des terres où se pratique une formidable agriculture d'avenir. Refaire le Larzac en permettant à de nouveaux Bové de ne pas élever de beaux veaux…

L'agriculture-socialo-misérabiliste alternative et illégale, voilà ce qui arrache des larmes à nos journalistes. Et surtout pas de répression. Si on ne peut plus squatter et menacer en France, même quand les électeurs ont tranché, où irait-on ? Élections pièges à cons ! Tout le monde sait cela par cœur, dans les salles de rédaction.

Laissons ces sornettes pour revenir à nos paysans. L’affaire est claire. Aucun enfant ne reprendra de terres en France. Trop de haine, trop de passions politiques, trop de réglementations, changeantes qui plus est, trop de personnes qui vous disent ce que vous devez faire, trop de menaces, trop de contraintes de tout genre, trop de fiscalités, une MSA à caractère « fasciste », trop de complexité. Aucune liberté.

Pour Notre Dame des Landes, la solution est toute trouvée. Distribuer gratuitement des lopins aux Zadistes. Qui, comme en Ukraine, les feront exploiter par de vrais paysans organisés. Rien de tel que de transformer un militant en rentier, pour qu’il se mette soudain à défendre sa rente avec encore plus d’énervement que son idéologie partisane passée !

Mais pour cela, il faudrait sortir du justicialisme, dans notre système judiciaire, de l’étatisme, du socialisme larvé, des prélèvements sociaux hystériques et de la fiscalité confiscatoire.

Ce n’est pas pour tout de suite. Il faut encore quelques degrés d’effondrement.

En attendant nous pouvons tirer une leçon très utile et si simple : l’importance de l’organisation.

En Ukraine nous avons vu un grenier à blé devenir une terre stérile avec une organisation désastreuse. Toutes les réformes ont été essayées. Elles ont toutes marché. À chaque fois elles ont été abandonnées car contredisant trop l’idéologie du régime. On change de système et voilà que cela repart.

En France nous sommes en train de saler nos champs avec une énergie bureaucratique et socialiste phénoménale qui nous expulse du marché agricole mondial, où nous reculons chaque année avec des frémissements de bonheur en pensant à tout ce que les Zadistes vont pouvoir faire pour nous.

Et nous arriverons à faire de cette terre de paysans un désert aussi stérile que la campagne ukrainienne soviétique.

Encore un effort !

Crypto-monnaies : entre hystérie et innovation.

Un symptôme de la défaillance du système monétaire international

Le coin « coins » dans les canards du moment a pris une grande place, ces derniers temps. Des mots obscurs au plus grand nombre, il y a peu de mois, comme le Bitcoin, se retrouvent dans les conversations de comptoirs et dans les cours de récréation. On parle Ripple dans les dîners en ville, Altcoins dans les antichambres, Tether, là où la bouche n’est pas crispée, Ether là où les souvenirs d’hôpitaux ne sont pas trop prégnants et Ethereum chez les enrhumés. Pendant ce temps-là les monnaies officielles dansent, avec des variations aussi soudaines que violentes de leurs cours, accompagnées dans la presse par les habituelles sottises, du genre : elles représentent la nouvelle valeur respective des économies. Les spéculations intellectuelles sur les jetons électroniques cryptés accompagnent la spéculation réelle sur les monnaies étatiques, à moins que ce soit l’inverse.

Un faux jeton est-il une vraie monnaie ? Un vrai jeton est-il une fausse monnaie ? Et réciproquement.

Là est la question.

En tout cas elle permet de s’intéresser à cette réalité à la fois familière et compliquée, d’invention antique et d’innovation récente, la monnaie, un des phénomènes économiques les plus fondamentaux depuis près de 3 000 ans, à la source des premières réflexions de l’économie politique, et une spécialité qui suscite à la fois l’ennui le plus profond du grand public (surtout quand on parle de monnaies internationales) et les erreurs les plus sévères (même au sein de la profession des économistes).

Commençons par le Bitcoin. Oui, il s’agit bien d’une inscription électronique dans un fichier, donc l’équivalent d’un jeton, qui est l’inscription d’un nombre sur un support quelconque. Le jeton en lui-même a une valeur intrinsèque quasi nulle, en l’espèce le coût du séjour de quelques octets sur une mémoire de masse dans quelques centaines d’ordinateurs répartis à travers le monde. Et pourtant ne voilà-t-il pas que l’on crée des fermes d’ordinateurs dans des zones de froid polaire consommant des quantités d’énergie fabuleuses dans l’espoir de « miner » quelques milliers de ces jetons et que la valeur du Bitcoin finit par atteindre au plus haut, 29 000 dollars, la capitalisation globale de l’ensemble de l’émission de ces jetons représentant plus de trois cents milliards de dollars ?

Quelle est cette diablerie qui voit un jeton qui ne vaut rien intrinsèquement devenir un objet de fantasme pour des millions de gens, une masse financière colossale (même si la proportion des bitcoins dans la masse monétaire mondiale est encore ridicule) et une source de consommation d’énergie qui se compte en production annuelle de centrales nucléaires, alors que tous les gouvernements sont mobilisés par les risques liés au réchauffement climatique, avec le cortège habituel, en France, de hausses des taxes sur l’essence et de baisses de la vitesse de circulation des voitures ? Alors que toutes les banques centrales sont en train d’étouffer les banques sous un corset de règles plus contraignantes les unes que les autres et, aussitôt, on voit une part de la création monétaire officielle détournée dans la spéculation massive sur… rien, sinon des rangées de zéros et d’un dans des mémoires de masse réparties à travers le monde.

Ce n’est plus un pied de nez. Carrément une rébellion. Que fait Mme Royal déléguée au pôle Nord ? Que fait M. Hulot qui n’a pas encore menacé de démissionner si on n’interdisait pas le Bitcoin ? Que font les pays membres de la COBxxx devant cette provocation énergivore qui réduit la durée de vie de la planète au rythme de l’activité fiévreuse des mineurs, les projections de type « Club de Rome » annonçant pour 2 050 une consommation d’énergie par les mineurs de Bitcoins de nature à élever de 9 mètres le niveau des océans…

Une des particularités du Bitcoin est son mode de production. On crée du Bitcoin à proportion du trafic en Bitcoins, à chose fois que le système accepte une « preuve » de licéité d’une transaction. L’heureux investisseur dans deux mines de bitcoins peut multiplier les achats-ventes croisés uniquement pour avoir le plaisir de gagner des bitcoins. Un programme robot permet d’automatiser tout ça et d’aller dormir tranquille. Une entreprise chinoise de fabrication d'ordinateurs spécialement dédiés au minage vient de s’installer à Zug. Elle aurait vendu déjà 100.000 machines…

Pour que le système soit rentable il faut un apport extérieur de liquidité, c’est-à-dire des personnes ou des institutions désireuses de convertir des monnaies officielles en Bitcoins.

Il n’existe que deux motivations possibles :

-              L’espoir de gain si le cours du jeton monte considérablement

-              L’utilité du jeton.

L’hystérie spéculative qui s’est emparée du bitcoin, avec une hausse délirante des cours en un an, est souvent comparée à la Tulipe Manie qui en Hollande avait porté le prix du bulbe à des sommets incompréhensibles et finalement ruiné le pays pour quelques années. Les bulbes avaient en effet en commun avec le bitcoin de n’avoir aucune valeur intrinsèque significative et d’être une nouveauté. Nous préférons comparer avec la rue Quincampoix et la frénésie qui avait accompagné le lancement du système de Law et la compagnie des Indes Orientales. La nouveauté technique et les rêves de fortune avaient de la même façon saisie l’esprit populaire, provoquant une spéculation qui ruinera l’état et finalement mettra à bas la monarchie.

La contagion de l’hystérie est étonnante. « Dites «blockchain» (ou «bitcoin») et vous verrez votre action s’envoler en bourse. C’est à peu près ce qui s’est passé avec Kodak mardi soir. L’entreprise plus que centenaire a annoncé la création d’une cryptomonnaie, le KodakCoin, et d’une plateforme, KodakOne, de gestion des droits d’auteur basée sur la blockchain », nous indique Le Temps, qui précise : « Il a suffi à l’entreprise Long Island Iced Tea de se renommer Long Blockchain pour voir son action tripler. Lundi, la société Seagate Technology a bondi de 16% parce qu’un post de blog suggérait qu’elle entrerait dans ce secteur ».

Oui, nous sommes bien en présence d’une hystérie spéculative. Mais pas seulement.

Le Bitcoin, comme le système de Law est un système novateur. L’un était calculé pour apporter des ressources à un état ruiné par les folies militaires et autres de Louis XIV. L’autre a pour but de faire la nique aux États et à leurs contrôles, dans une optique libertaire, avec la prétention de faire mieux pour transférer de l’argent que les systèmes de paiements classiques. Des messageries pensent à transférer des monnaies autant que des messages secrets. Facebook et ses millliards d'usagers sont sur les rangs. Idem pour Google. Les ICO se font à l'aide de jetons. Peut-on douter que nous sommes face à une vraie innovation ?

L’idée que les transferts internationaux de valeur par les moyens officiels sont inefficaces et malcommodes est parfaitement exacte. Les banques font payer le service à un prix extravagant. Le service est très lent et fort lourd. Swift est tout sauf un système simple et efficace. Avec les contrôles des flux de monnaies mis en œuvre par les banques sous la pression es banques centrales et des États, le blocage d’un paiement peut être très long. La « compliance » peut bloquer un virement international et attendre de vous des explications qu’elles sont seules juges de trouver convaincantes. Les monnaies officielles sont tout sauf stables. La fluctuation acceptée des devises dans un système de change flottant, et la pratique étatique de faire fondre leur monnaie par des émissions délirantes aggravent les choses. Rappelons que toutes les monnaies ont perdu à peu près 98 % de leur valeur en 45 ans. Certaines devises n’ont aucune valeur d’échange comme la monnaie Ukrainienne. Certains pays comme la Chine ou l’URSS ont un contrôle des changes étroits.

Retrouver un peu de liberté peut être une motivation forte, et pas seulement pour trafiquer les armes et la drogue.

Cela dit, il ne faut rien exagérer. Virer de l’argent d’un pays à l’autre via le Bitcoin n’est pas une opération aussi simple et rapide qu’on veut bien le dire. Aux deux bouts de la chaîne il faut convertir une devise officielle en Bitcoin. Cette opération a un double coût en termes de danger comme tenus des voyous qui font marcher ces bourses, et en termes de frais pris au moment des conversions. Le délai du virement en bitcoins est certes de quelques heures au lieu de quelques jours, mais il y a des blocages qui interdisent les transactions momentanément (8 à 10 % des transactions sont concernées) aussi bien dans les files d’attente des bourses que dans celui de la conversion des Bitcoins. Le cours du Bitcoin peut avoir considérablement changé entre le début de la transaction et la conversion ultime. Prendre 35 % de baisse quand on vire 10 000 dollars n’a rien de plaisant. Encore moins pour 100 000 dollars.

Reste alors l’avantage de l’anonymat, là où les contraintes sont les plus lourdes. Si les banques grecques sont en faillites, les entreprises peuvent être tentées de changer leur mode de règlement. Pratiquement, les grandes transactions entre entreprises importantes se sont faites en francs suisses, en Grèce,  pendant des années. Ne pas avoir de compte bancaire national était le sport national. De toute façon l’argent y était bloqué. Les grecs ont-ils utilisé les bitcoins ? Ce n’était nullement la peine sauf à vouloir échapper à toute réquisition d’argent détenu à l’étranger. Mais là, la législation européenne l'interdisait. Mais échapper aux contrôles peut être une motivation en Chine et en Russie, ainsi que dans quelques pays d’Amérique du Sud et d’Afrique.

Tout cela reste malgré tout marginal et entièrement dépendant de la bonne volonté des États. Qu’ils interdisent les bourses permettant de convertir le Bitcoin en monnaie légale et l’affaire est close.

Reste l’efficacité comme moyen de paiement de marchandises légales. Certains magasins acceptent le paiement en bitcoins, quelques IPO peuvent se faire en bitcoins, mais ce trafic est tout à fait marginal et ne correspond qu’à un effet de mode.

Le bitcoin n’a pas toutes les caractéristiques d’une monnaie.

Il n’a pas de pouvoir libératoire.

Sa liquidité est incertaine.

Il ne sert pas d'étalon de valeur pour les prix qui ne sont pas libellés en bitcoin. De toute façon il faudrait travailler en millième de bitcoins ce qui n’est pas commode.

Il n’est pas généralement accepté.

La spéculation extrême ne lui donne pas une valeur de conservation de patrimoine, même si la hausse spéculative existe depuis des années.

Il est à noter que les plus-values éventuelles sont taxables plein pot.

On peut conclure que le Bitcoin ne connaît son engouement actuelle que du fait de l’hystérie spéculative en cours, tout en étant un indice de la défiance des peuples vis-à-vis des banques et des monnaies administratives officielles.

Le Bitcoin est intéressant en tant que technique (la chaîne de blocs décentralisée) et en tant que symptôme de la crise latente du système monétaire international et de l’organisation bancaire. Il est dramatique comme moyen de pigeonner les innocents cupides. Car tout est maquereauté dans le marché du Bitcoin. Cela apparaîtrait aussitôt si les donneurs d’ordre des publicités mensongères qui fleurissent sur les sites internet des journaux les plus côtés (le Monde, le Figaro, le Point), étaient connus. Ces fausses histoires de ménagères, de fleuristes ou de chauffeurs de taxis devenus milliardaires pour avoir accepté un jour d’être payé en bitcoins n’ont pas l’aspect de publicité. Elles sont mélangées avec  des vidéos amusantes ou pseudo-informatives. Le bidonnage est total et sans danger. Et rapporte aux journaux qui du coup n'hésitent pas à nourrir le mouvement de mode.

Ces messages fleurissent au moment où les grands intervenants ont besoin de se débarrasser de leurs bitcoins comme on vient de le voir. On fait monter les cours puis on enclenche la fantasia par la pub. On revend en masse. Les cours s’effondrent. Et on repart pour un tour. Une poignée de salopards encaissent quelques milliards et tout le monde s’en fiche. C’est pourquoi nous avons lancé sur ce site, il y a plus d’un mois, un avertissement  que cette belle manipulation était en cours.

La valorisation insensée du Bitcoin peut-elle être un risque « systémique » ? Le montant des pertes initiales des "subprimes" était de 600 milliards de dollars. Au final on doit en être à 300 milliards c’est-à-dire la capitalisation de la valeur des bitcoins en circulation. Si cette capitalisation devait disparaître est-ce que les conséquences seraient les mêmes ? L’effondrement de la Tulipen Mania comme celle du système de Law ont eu des effets conjoncturels majeurs. Ce ne serait le cas que si les banques s’étaient mises à financer la spéculation sur le Bitcoin. Le problème est qu’on n’en sait rien. Un client peut toujours demander une autorisation de découvert et employer les fonds pour spéculer.

Le risque systémique existe donc. Est-il majeur ? Probablement pas. Mais si un krach durable devait se produire il est probable que les États interviendront pour interdire ce système à l’avenir.

Il n’empêche que les techniques nouvelles de paiements basées sur la blockchain et les possibilités d'internet ont le vent en poupe et qu’elles vont un jour ou l’autre modifier profondément le décor financier.

Le Ripple qui a fait l’objet par contagion d’une poussée spéculative, se veut un système moderne de règlement concurrent de Swift pour des raisons objectives : une vitesse de transactions de quelques secondes (donc bien meilleure que les transactions en bitcoins), une garantie de légalité, l’absence de pertes de valeur lors de la transaction, l’utilisation d’abord par les institutions financières, la capacité de faire croître l’ampleur des paiements sans difficulté, l’absence de consommation électrique effarante…

L’Ether se voit comme une technique de blockchain permettant de faire circuler plus que des jetons numériques, des contrats et des produits associés.

Le Téther est plus un système de jetons de casino. On ne crée de Téthers qu’en contrepartie de dollars à un cours fixe. L’idée est qu’ensuite, vous êtes dégagés de toute la législation financière américaine et des lourdeurs du système bancaire officiel. Le seul ennui est que l'émetteur ne garantit pas la conversion inverse, Téther-Dollar…

Tous ces efforts de quasi-monnaies alternatives ne peuvent être ignorés et renvoyés dans leurs limbes avec un coup de menton de mépris. Leur succès est lié à la révolution numérique internet donc signale une innovation technique, non maîtrisée actuellement mais en devenir. Il marque aussi l’échec des monnaies officielles et du système monétaire international. Changes flottants, monnaies administratives fondantes créées en masse (16 mille milliards de dollars tout de même depuis 2008), réglementations bloquantes et hystériques, tracfinisation de tout mouvement de fonds, forment un système dysfonctionnel et inacceptable, attentatoire à la santé de l’économie et aux libertés.

L’affaire des Bitcoins ne sent pas bon, mais cela reste largement un sous-produit des défauts du système monétaire international. Comme le système de Law était un sous-produit de la faillite de l’État royal en France. La liquidation viendra avec la Révolution Française. Une leçon à méditer. Critiquer la pustule qui pousse sur les joues du malade, c’est bien. En trouver l’origine, c’est mieux.

Vous avez dit « expérimentation » ?

En régime d’Enarchie Compassionnelle, la réalité dépasse souvent l’affliction et les occasions de rire jaune sont plus que fréquentes. La dernière est offerte par ce concept typiquement énarchien : l’expérimentation. Fini l’Enarque arrogant décidant de tout du haut de se tour d’ivoire (l’ivoire n’est plus commercialisé) ! On allait voir ce qu’on allait voir. Un Enarque près du terrain, transformé par les techniques les plus modernes du management et adepte des analyses « top-down and back» allait certes  continuer à tout réglementer, mais toujours à la suite d’une « expérimentation ». Après « implémentation », des études « post mortem » seraient entreprises et tous les ajustements nécessaires effectués. Craché, juré. Il était temps de ne  plus « emmerder les Français ».   Les esprits chagrins en seraient pour leurs larmes. La calinothérapie médiatico-politique, en bref la propagande éhontée,  ne serait même plus nécessaire, tant la rationalité et l’efficacité des réglementations paraîtraient évidentes.  

Pensons à la loi sur les parkings réservés aux handicapés. Les résultats de cette politique sont connus de tous. 99%99 des places de parkings ne sont pas occupées par des handicapés, 99,99% du temps. C’est donc une mesure imbécile prise au nom des bons sentiments pour donner des friandises à quelques associations hargneuses et se donner une belle image compassionnelle. On peut toujours attendre qu’un dirigeant politique annonce une expérimentation pour voir l’effet de la disparition de la moitié de ces places ! « Si t’es pas content prend mon handicap ! »

Rappelons-nous également la loi sur le RSA qui devait suivre une expérimentation fouillée. Le RMI était une vache sacrée qu’on ne pouvait réformer qu’en introduisant une autre vache sacrée. Mais  on allait ex-pé-ri-men-ter. Les expériences ont eu lieu, qui, toutes, ont montré que les objectifs annoncés n’étaient pas tenus et que tout cela ne servait à rien. Ces expériences ne furent même pas menées à leur terme. Les conclusions ne furent pas publiées ou dans des arroyos non fréquentés du champ médiatique, la saumâtre réalité ne faisant que fuiter dans la presse. Le RSA fut mis en route malgré tout et n’a fait depuis l’objet d’aucune étude sérieuse. « Si t’es pas content prend mon chômage ! »

Ce n’était qu’une étape gâchée par le « sarkozysme », affirmèrent nos Enarques.

Sous Hollande, ils imposèrent donc l’expérimentation de  la limitation de la vitesse à 80 Km/h sur le réseau secondaire. La généralisation vient d’être décidée par le « courageux » (c’est lui qui le dit) Enarque, Philippe, sans que l’étude qui devait clore cette expérience ne soit publiée. Mais les médias ont répété en boucle que trois cent et parfois quatre cent morts seraient épargnés à la population française. Nous voici donc sauvés. « Si t’es pas content, va à Garches ! »

Mais en refusant de passer à 60km/h, on va tuer combien d’usagers des routes ? Encore un peu de courage, SVP !  Et pourquoi n’expérimenterions-nous pas la limitation à 55 km/h ?

Après avoir couvert de feux-rouges les rues parisiennes, la bienveillante Mme Hidalgo, inspectrice du travail de son état, le summum en matière de compassion, a annoncé qu’on allait ex-pé-ri-men-ter la suppression desdits aux carrefours et permettre la circulation pa-ci-fiée à double sens dans les sens interdits. Cette même Hidalgo a imposé l’usage de deux-roues motorisés à Paris qui a tué plus de Parisiens que la circulation automobile d’antan.  Chut ! La statistique est inconvenante et sera donc tenue secrète. De même le fait que la pollution n’a pas diminué du tout depuis que les Socialistes et les Verts ont pris le pouvoir à Paris.  On ne dit plus AirParif  mais AirPasvrai. « Si tu n’es pas content, suce ton pot d’échappement ! »

Par pitié, Mesdames et Messieurs les gouvernants, cesser de parler d’expérimentation. Privez-nous de toute liberté, de toute propriété, de tout revenu, de tout emploi, de tout moyen efficace de locomotion,  au nom de l’idéologie ou de l’esprit de corps. Mais au moins cessez de nous prendre, à ce point,  pour des imbéciles.

Les leçons des difficultés d’Uber

Le marché des opérations de particulier à particulier existe depuis le début de la Presse (comme la publicité, l’exploitation du sexe et les jeux concours bidons). Un medium met toujours en communication des individus. Organiser la rencontre de deux personnes qui peuvent interagir pour leur intérêt propre est un sport typiquement « médiatique ». Il a pris de l’ampleur avec  la radio, puis la télévision, puis Internet, puis le terminal portable. L’offre et la demande peuvent se confronter à une échelle inconnue jusqu’ici. La notion de « centrale de particuliers » a pris naturellement un essor considérable, un logiciel bien fait  permettant à un intermédiaire astucieux de trouver rapidement des milliers voire des millions de personnes intéressées. Le phénomène s’est développé d’autant plus que l’ubiquité d’Internet  et l’ambigüité des contrats permettaient d’échapper aux taxes et impôts, aux droits sociaux et aux législations contraignantes.

L’internet « disruptif », qui mettait en difficulté le commerce traditionnel, prétendait s’étendre en cassant tous les codes anciens et balayer des marchés entiers dans le monde des services à la personne. On a vu d’abord la destruction du droit d’auteur et la disparition du commerce traditionnel des œuvres musicales  et cinématographiques. Amazon était l’exemple dans le domaine de la distribution, mettant en cause des modèles bien établis comme celui des centres commerciaux. Ce modèle prétendait qu’on pouvait faire des pertes immenses tant que le nombre des clients croissait par millions. Facebook démontrait qu’on pouvait toucher des milliards de personnes, en cassant le marché de la publicité médiatique. Airb&b modifiait radicalement la location temporaire immobilière. Uber était annoncé comme la force qui allait tout changer dans celui des transports.

Et patatras, la fête commence à mal tourner. Non seulement Uber continue à consommer du capital à un rythme phénoménal, en perdant 50 cts à chaque euro de chiffre d’affaire (presqu’autant que la SNCF), mais le vide juridique et fiscal se comble progressivement. Le jugement de la Cour de Justice d’en faire une entreprise de transport comme les autres la soumet à la fiscalité et la réglementation du transport. Les chauffeurs deviennent des salariés. Les clients doivent payer les taxes. La répression pénale se met en place contre Uber, ses chauffeurs et aussi ses clients. L’avantage compétitif de la course Uber disparait s’il faut payer les charges sociales sur les chauffeurs, la TVA et respecter des règles de formation pour recruter les chauffeurs, et si les chauffeurs doivent être soumis à l’impôt sur le revenu, la CSG etc.

On sort toujours à son détriment de l’ambiguïté fiscale et réglementaire.  Internet a permis l’évasion fiscale et règlementaire à grande échelle, jusqu’à ce que les Etats se réveillent. Ce qu’ils font à leur rythme pachydermique. La disruption se retourne. L’avenir d’Uber n’est pas nécessairement compromis. Mais désormais la course au chiffre d’affaire est entravée et le sera de plus en plus dans les grands marchés solvables. La banalisation rendra le souci des pertes de plus en plus prégnant. Contrairement à Amazon, dont le modèle n’est pas uniquement fondé sur le contournement des lois et du fisc (encore que…), Uber manque de raisons fortes de s’étendre voire d’exister si ce niveau de pertes se maintient.  

Tous les pseudos penseurs et les gourous patentés qui faisaient de l’ « ubérification disruptive » de la société l’avenir du monde, en seront pour leurs frais. Ils se reconvertissent à toute vitesse dans le « big data » et l’intelligence artificielle, sans même se douter que l’IA a commencé son chemin dans les média dès les années soixante-dix (cinquante ans déjà) et a été la plus grande déception pour les investisseurs, même si l’ordinateur bat désormais l’homme aux échecs et aux dames.  Non pas que ces disciplines n’aient pas un énorme potentiel mais il est très difficile à faire naître et à développer. En tirer des prévisions à long terme est simplement impossible.

Rappelons qu’Internet a plus de quarante-cinq ans d’existence, associé à la norme TCP-IP,  et qu’il a explosé comme média commercial à partir des années 90 et l’introduction du World Wide WEB, il y a plus de 25 ans.

Quelle est la grande  leçon à tirer des mésaventures d’Uber ?

La première est l’immense dynamisme qui s’installe dès lors que le fisc et la réglementation ne sont pas présents. Dans les banlieues du nord de Paris, Uber a fourni plus d’emplois que toutes les autres industries réunies.  Il y existait un énorme potentiel d’emplois qui n’était pas exploité.  En France notamment, la fiscalité et la réglementation, qui empêchent pratiquement toutes les libertés et tout profit, stérilisent de façon inouïe le potentiel d’énergie, de travail et d’emplois qui est présent partout, y compris dans ce qu’on appelle les banlieues difficiles et les zones dites de non-droit.

Le malthusianisme intrinsèque à « l’Enarchie compassionnelle » qui ne survit que par l’impôt confiscatoire et la sur-réglementation, a des conséquences dramatiques sur l’emploi et le dynamisme de l’économie. Dès qu’une faille s’ouvre, la vie économique s’engouffre. Au lieu de s’emberlificoter dans des analyses internet foireuses et des prévisions aventurées, les journalistes devraient lancer leurs analyses dans cette réalité parfaitement claire « ici et maintenant » : la stérilisation du dynamisme,  par l’impôt et la réglementation, d’énormes possibilités latentes d’échanges et de travail. Et aussi d’intégration : comme le disaient les Otkazniks en URSS, le « socialismus », appuyé sur un culte de la violence issu de la révolution française de 1789, ne permet ni liberté, ni égalité et naturellement aucune fraternité.

C’est cette vérité fondamentale qui est à l’œuvre : bureaucratie et fiscalité (qui est une violence d’Etat)  ruinent la prospérité et interdisent toute liberté, toute égalité et toute fraternité.  Notamment en France, où l’extase macronienne fait oublier les hausses massives d’à peu près tout ce qui peut augmenter comme contraintes administratives, tarifs et taxes, « en même temps » qu’on étouffe les possibilités d’échanges de travail et de biens offertes par Internet dans le cadre de relations de particulier à particulier.

Quand les économistes anglo-saxons viennent à nos thèses

Nous ne recopions jamais d'articles de presse sur ce blog. Nous allons faire une exception avec cet article d'un économiste anglo-saxon qui montre que les mentalités et les analyses évoluent dans les milieux qui ont nié le plus longtemps et avec le plus d'acharnement les dysfonctionnements d'une économie internationale basée sur les changes flottants. Nos thèses cessent d'être totalement marginales et désormais, après quarante ans, arrivent dans le "mainstream".

Que 2018 voit d'autres progrès dans ce sens et bonne et heureuse année à tous nos lecteurs.

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Typically over the past 200 years, the international monetary systems that have governed the global economy have lasted between 25 to 35 years. The current system, which has been in operation since the end of Bretton Woods in 1971-73, is 44 years old. Reflecting its longevity and its construct, this system has outlived its usefulness. Replacing it with an international one, which restricts the role of money creation, would go a long way towards solving many of the world’s main political and economic challenges. The modus operandi of this current system is the primary reason we have such populist and divisive politics across much of the west. In particular, this system explains the gap between the “haves” and “have nots”, and it is the reason we have had a “debt supercycle”, subsequent financial crisis and 10 years of fiscal austerity. This current international monetary system is the first, other than during and immediately after periods of global war, that has operated in an unanchored liquidity environment. This, with the 1980s financial deregulation and subsequent three rounds of Basel rules, has enabled the biggest global debt build-up ever recorded in history. That debt is the primary reason for high house prices. The absence of housing supply, while true in localised parts of the west, is a false narrative. An analysis of the UK economy makes the point. Over the past 40 years, mortgage debt has increased eightfold in real terms while excess housing supply as a share of total housing stocks has been increasing, not decreasing, over the past 20 years. Similar growth in household indebtedness has also been experienced in Australia, Canada, Denmark and New Zealand, to name a few. With that, the prima facie role of the commercial banking sector has changed dramatically. In 1980 in the UK and much of the west, the mortgage loan book of the commercial banks was effectively zero. Today, mortgage debt accounts for between 40-75 per cent of the loan books of most western banking systems. The continual reduction in risk weightings for mortgages by successive rounds of Basel rules has, along with this current monetary system, facilitated that rapid growth in mortgage debt. Currently in the UK, for example, risk weightings on mortgage debt are running at about 13 per cent across the main commercial banks. That figure is similar in the Australian, Canadian and other banking systems. In contrast, risk weightings for corporate loans remain at 100 per cent. In effect, therefore, banks need to charge approximately eight times as much interest on a corporate loan to make the same return on capital. That skewed incentive to encourage mortgage lending (into unproductive assets) rather than lending into the corporate sector (into potentially productive assets) is one of the reasons for the poor productivity outcomes in the west. More importantly, the policy response to the indebtedness crisis has further undermined the productive potential of the UK and western economies as ultra-loose money forestalls the Schumpeterian forces of creative destruction. The Bank of International Settlement’s analysis of western zombie companies illustrates the point — zombies in this context are defined as businesses that are unable to cover their interest expense with their earnings before interest and taxes. It shows a trend of a rising share of zombies in the corporate base in the west since the early 2000s (the beginning of ultra-easy money). Breaking that down into an individual country analysis shows the trend is widespread across western and large emerging market economies. Indeed, Japan is the only exception — arguably illustrating that time is one healer of the debt deflationary forces faced by the west. A corporate base with a high share of zombies is a weakened corporate base with productivity growth therefore undermined. That then feeds into poor real wage growth and divisive politics. As such, a return to an anchored international monetary system, while painful en route, should bring about much more widespread real income growth and therefore wealth accumulation. It should, if properly designed, re-orient house prices back towards more normal long-term valuation levels, thereby improving affordability and, by anchoring liquidity provision, it should also bring about less asset price-intensive and more productivity-rich economic growth. With that, politics can once again become more inclusive and less divisive and extreme. Achieving this should be the primary goal of the G20 — or the very least that of the three major currency areas in the global economy (US, eurozone and China). While currently a speculative bubble, cryptocurrencies, if embraced in this new model, would have the potential to realise their true purpose.

Chris Watling, chief executive and chief market strategist at Longview Economics

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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