Sarkozy et Merkel : parler pour ne rien dire.

Le marché interbancaire se bloque encore. Les banques ont peur des banques. Qui a donc des dettes gouvernementales des pays  du "club Med" ? Les déposants commencent à paniquer et à fuir.  

La peur pousse le Franc Suisse si haut que la BNS lance 200 milliards  dans la bataille pour éviter une hausse trop rapide de sa monnaie (1/3 de son PIB !) .  L'or bas ses records (à plus de 1800 $ l'once) . Les cours de bourse des banques s'effondrent. Le reste tient dans la mesure où l'on croit les entreprises capables de résister à la nouvelle récession qui s'annonce.

La nouvelle court les salles de marché : une banque est en perfusion à la BCE ! Pour un demi-milliards d'Euros. Mais laquelle ?

C'est la panique.

Il est vrai qu'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont parlé.

Pour ne rien dire.

Comme d'habitude.

On a évoqué la taxe Tobin avec gourmandise :  des impôts et vite, que le bon électeur croira ne pas payer. La taxe devait aider à développer le tiers-monde ; puis à sauver le monde menacé par le réchauffement climatique ; maintenant il s'agit de sauver l'Euro.  Des centaines de milliards on vous dit et que personne ne paiera parceque la taxation est infime. Magique.  Et si nouveau ! On se rappelle le papier dans le Monde des ministres Lagarde et Kouchner  sur cette même taxe... en 2009 http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2011/8/20/Sarkozy-et-Merkel---parler-pour-ne-rien-dire

Les marchés ont alors dévissé. Bravo  aux duettistes !  

Le marché attend le nom de la future Lehman-Brothers. Le dimanche sera long. Attention aux lundis blèmes dans le ciel bleu de la canicule !

Lagarde est aux manettes au FMI,  sans aucune connaissances économiques, sinon le fait qu'elle est une femme et qu'elle parle anglais.  Barouin est aux Finances. Sans aucune connaissances économiques, sinon qu'il s'est roulé par terre pour avoir le poste.  Trichet triche tant qu'il peut avec les règles de Maastricht et des traités suivants  pour sauver l'Euro.  Mais commence à trouver que les Etats membres devraient le couvrir un peu car il est désormais tout nu et il sait que cela fait jaser, une tenue si lâchée, pour un père la rigueur.  

Pas un mot sur les vrais sujets. Pas un diagnostic. Pas une perspective.

La France est gouvernée. L'Allemagne est dirigée. L'Europe est à la hauteur. L'Euroland à son joker, Juncker, l'homme des junk bonds européens. La BCE est exaltante.

Mais tout fout le camp.

Les médias convoquent Delors et Soros.

Ce dernier réclame une porte de sortie de l'Euro. Mais la monnaie unique c'est justement qu'il n'y a pas de porte de sortie. C'est la monnaie commune qui laissait une porte de sortie. On repasse à la monnaie commune puis on ouvre les portes de sorties ?  Bien vérifier les positions personnelles des fonds Soros avant de répondre.

Delors  sonne le tocsin : la situation est gravissime. Les cours s'effondrent un peu plus ! Si c'est le plus europhile des Europhiles qui le dit !  Et propose ses Eurobonds "60% du PIB" !  L'idée n'est pas de lui mais d'un Think Tank financé par l'Europe pour lui donner des idées fédérales médiatisées par des "experts".

Il est clair que la mutualisation des dettes actuelles dans un fonds européen d'amortissement est la seule solution d'une efficacité immédiate.  On savait dès Maastricht dans les milieux fédralistes européens que la défense de l'Euro serait le prochain front qui permettrait de forcer le passage vers un fédéralisme refusé par les peuples.

Nous y voilà. Mutualiser les dettes c'est créer de facto un gouvernement économique européen fédéral avec  la perte de la souveraineté budgétaire, la perte de toute   latitude nationale dans pratiquement tous les domaines.   L'Euro était le char d'assaut caché de l'Europe fédérale.  La Constitution devait être le véhicule public...  

Delors accepte donc le déguisement des eurobonds à 60%, limite de Maastricht pour faire semblant d'être sérieux. Mais son propos n'est pas la crise mais la création d'une structure de facto fédérale en Europe.

Notons que les deux solutions, Delors et Soros,  sont totalement incompatibles. Pas besoin d'Eurobond si la monnaie cesse d'être unique pour devenir commune avec porte de sortie pour les vilains.  Pas besoin de porte de sortie si on dispose d'Euro bonds.

Merkel et Sarkozy ne peuvent suivre ni Soros ni Delors.

Impuissants au G.20 ils le sont tout autant au sein de l'Euroland.

Alors on fait semblant.

Alors on parle pour ne rien dire.  

La posture a remplacé la pensée. Les investisseurs voient l'imposture et regrettent l'absence de pensée et de perspectives.  

Cela fait jamais que quatre ans que cela dure.

Alors la peur devient panique.

Nous avions écrit  que 2011 serait l'année de la peur.  La peur est là avec son cortèges de catastrophes auto réalisées.  

Et il n'y a toujours personne au volant sinon des arrières pensées : profitons pour faire une plus value pense Soros. Profitons pôur faire l'Europe fédérale pense Delors.  Profitons pour durer encore un peu pense Merkel. Profitons pour se faire une statue de capitaine courage pour les prochaines élections, pensent Sarkozy.  Espérons partir de la BCE avant que tout le système explose pense Trichet.  Profitons de l'occase pour faire avancer l'impôt sur les transactions financières  pensent les fonctionnaires, qui supposent que cela retardera d'autant le moment où la faillite générale fera tailler dans leurs émoluments et effectifs.

Quand il n'y a pas de dessein mais seulement des petits calculs,  alors que la peur est partout , on multiplie les risques d'un vrai drame durable.

Pendant ce temps là les Chinois chinoisent et Obama fait la découverte des abysses sondagières.

Quelle incroyable nullité générale !  

Quatre ans déjà de nullité générale.  Absolument générale.  Avec les résultats qui correspondent  et qui ont malheureusement été annoncés avec constance ici depuis quatre ans.

Alors qu'il suffirait de si peu de chose pour renverser la tendance : un accord général sur le diagnostic ; la volonté sans faille et collective d'agir en fonction de ce diagnostic.

Mais quelques imbéciles croient encore que la crise est "la faute des subprimes"  et des banksters,  ou de la Grèce malhonnête.     Et aucun politique n'a accepté le vrai diagnostic dont la presse d'ailleurs refuse de parler obstinément ("Vous avez peut être raison  mais c'est compliqué et cela n'interesse pas les Français !  D'ailleurs, qui vous êtes vous, vous  ? ") .

L'histoire sera dure avec  la stupidité de l'époque.

Elle sera dure avec  Sarkozy et Merkel.  Ils ont tout de même mieux à faire que ce qu'ils font et surtout que ce qu'ils ne font pas.



Commentaire
Redout's Gravatar Comment imposez-vous stratégiquement politiquement les eurobonds?
Un chantage allemand(?): pas d'eurobonds sans harmonisation budgétaire et fiscale dans l'euroland?
# Posté par Redout | 22/08/11 02:01
SD's Gravatar "La nouvelle court les salles de marché : une banque est en perfusion à la BCE ! Pour un demi-milliards d'Euros. Mais laquelle ? "

C'était Dexia !
# Posté par SD | 05/10/11 00:47
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