L'argument de campagne le plus consternant

On le doit à une palette de candidats allant d'Eva Joly à François Hollande. Il consiste à dire :

"Dans l'affaire de Fessenheim les ouvriers ne doivent pas s'inquiéter, on les paiera à démolir leur usine".

Qui aurait pu imaginer qu'un jour on en viendrait en France à proposer aux salariés de les employer à démolir leurs usines dans la joie et l'allégresse ?

Avant,  on affirmait que des investissements amélioreraient l'emploi grâce à une meilleure productivité et à des productions plus adaptées au goût du jour.

Cette période honteusement "productiviste" est terminée. Nous eûmes le Ministère du Temps Libre, puis les 39 heures payées 40 puis les 35 heures payées 39, donc 40, en attendant que Rocard finisse de convaincre ses amis qu'à 32 heures, payées 40 ce serait encore mieux (surtout à l'hôpital).

Nous eûmes bientôt les théories sur la "décroissance heureuse" : demandez aux Grecs ce qu'ils en pensent, de la décroissance ! Le bonheur est visible sur tous les visages.  Il est vrai que personne ne nous a encore chanté les vertus de la récession grecque du point de vue de la sauvegarde de l'air pur et de la planète.

Nous connûmes il y a peu cette idée grandiose que tout ce qui était improductif et plus coûteux qu'avant était une chance pour l'emploi ! Mme Joly donna de l'écho à cette idée neuve : les nouvelles technologies "douces" sont plus chères dont elles emploient plus de monde donc elles sont favorables à l'emploi.  Augmenter la production en augmentant les coûts !

Une nouvelle théorie de la gestion et du management est en gestation.

Et voilà qu'on arrête des productions dont la contre valeur se compte en milliards d'Euros et en milliers d'emplois, pour des raisons de magouille électorale autour de sièges ("tu arrêtes tant de centrales, et tu nous donnes tant de sièges, et on fait cause électorale commune, car sans nous, tu es dans les choux"), en chantant l'air de la victoire de l'emploi.

Quand même : oser dire au peuple français : "ne vous inquiétez pas ;  vous allez avoir de l'emploi puisqu'on va arrêter des usines qu'on vous demandera de détruire", cela dépasse l'imaginable.

Qualifier des coûts… de chiffre d'affaire et  des pertes… de profit,  n'est-ce pas tout de même aller un peu loin ?

A quand un gros malin qui indiquera que si on déconstruisait la Tour Eiffel cela ferait de l'emploi ? On peut aussi reboucher les canaux ; défaire les jetées des ports et les digues.

A quand un gros malin qui proposera aux Grecs de déconstruire le Parthénon pour booster l'emploi et sortir de la crise ? Quitte à le reconstruire après. Sûrement en mieux.

Que d'emplois ! Que d'emplois ! 

Au moins Mac-Mahon qui disait "que d'eau, que d'eau"  en contemplant les inondations voyait de l'eau. Son propos était ridicule mais exact.  Où voit-on des emplois quand on détruit des usines et leur production ?  

Si la campagne continue à ce niveau, elle va être grandiose.

Commentaire
SD's Gravatar Un sondage vient de montrer que les Français considéraient cette campagne comme particulièrement nulle. On comprends pourquoi !

Sylvain
# Posté par SD | 19/02/12 11:54
Julien L.'s Gravatar L'exemple grec nous montre que nous sommes réellement au bord du goufre. Trop d'erreurs nous ont rapproché d'une échéance qui peut être extrêmement dure. La pusillanimité des candidats principaux qui semblent préoccupés de tout sauf de proposer un chemin de sortie crédible, et des commentateurs qui semblent penser que le rôle des candidats est d'"enchanter" le citoyen, est très certainement la cause principale de ce désenchantement.

Il serait bon que Nicolas Sarkozy explique aux "riches" s'il compte toujours les plumer pour financer son absence de courage réel en matière de réduction de dépense publique, aux retraités de combien il va réduire leur pouvoir d'achat (c'est bien parti) , et aux autres comment il va leur trouver de l'emploi. Ne pas avoir comme vous le montrez très clairement le moindre diagnostic de la crise et avancer en aveugle simplement en augmentant les impôts est désespérant.

Quant à Hollande, la véritable question n'est pas de savoir s'il a le gabarit pour tenir le manche, on sait qu'il ne l'a pas et qu'il ne l'aura jamais, Allègre a parfaitement raison. Va-t-il une fois de plus par démagogie et impuissance aggraver encore la fiscalité tout en ne faisant aucune réforme utile ce qui nous mène pour le coup directement dans la situation grecque ?

Ce qu'on demande aux deux candidats n'est-il pas qu'ils nous expliquent pourquoi quatre ans après la crise est toujours là et menace de s'aggraver, pourquoi ils ont accepté d'être impuissants en matière de droits de douane, de taux de change et de politique monétaire, et pourquoi il ne songent plus qu'à passer le cap en augmentant les impôts ?

On fait de l'équilibrisme sur un fil que l'on menace de couper. C'est tout de même un peu fort.
# Posté par Julien L. | 19/02/12 13:51
Georges Verchery's Gravatar D'accord sur votre analyse, logique, rationnelle, mais ... ni la logique ni la raison ne pèsent devant le rabachage persuasif d'une idéologie malthusienne et l'ignorance doublée de l'attrait des avantages à court terme.
Les propos délirants d'Eva Joly et consorts relèvent peut-être de leurs convictions, et surement en partie de leur statégie et d'une stratégie qui marche. Si cette statégie va surement peu payer pour l'élection présidentielle, elle va vraisemblablement être efficace aux élections législatives et de toute façon contribuer à contaminer les esprits un peu plus.
L'attitude d'Eva Joly (et de ceux qui comptent l'utiliser) n'est donc pas surprenante et l'adhésion à cette attitude n'est pas surprenante non plus. En effet, depuis des années, outre le matraquage d'une idéologie malthusienne et anti-progrès, le citoyen de base n'a sous les yeux que des mesures stupides mais démagogiques. Comme vous le dites vous aussi, on traite les effets et non les causes, par exemple politiques, syndicats et média mettent en avant l'emploi et non la production, l'Europe avec la BCE s'occupe du pouvoir d'achat et non de la valeur de la monnaie, les gouvernements organisent la destruction des biens (primes à la casse), etc. Ces mesures ne soulèvent pas la réprobation parce que leur caractère pernicieux pour la collectivité n'est qu'à long terme, qu'à court terme elles ont des avantages tangibles pour l'individu : durée de travail réduite, préservation (quelque temps) d'emplois compromis, produits de consommation importés à bas prix, voitures neuves à prix cassé, etc.
Alors, comme remède aux difficultés, après la destruction de biens de consommation, maintenant la destruction des équipements ! C'est logique à défaut d'être raisonnable et ça marchera dans l'opinion. D'ailleurs il y a un précédent, le démantèlement de Superphénix (on a payé pour le construire, on a payé pour le démolir, on a payé, je crois, pour indemniser des partenaires, et tout ça a contribué au PIB et aux combines électorales - je ne crois pas avoir entendu de regrets).
Je ne connais pas tous les propos des candidats à la présidentielle et tous les commentaires des média, mais qui a partagé votre analyse ? Je ne vous apprends pas qu'un problème de votre blog, un problème de la plupart de ceux qui ont les analyses pertinentes (voyez le cas de Maurice Allais), c'est de ne pas accéder à une large audience, notamment à cause de la censure des milieux établis. Mais je crois que ce blocage par les dirigeants (politiques et médiatiques) n'est qu'un élément de cette difficulté à être entendu. Les Argentins, les Soviétiques, récemment les Grecs avaient tous intérêt au maintien du statu quo : alors "pourvu que ça dure", "j'arriverai bien à m'en sortir", "après moi le déluge", etc. et l'irresponsabilité des foules accompagne l'irresponsabilité des dirigeants. Aujourd'hui, nous tous Français, rangés derrière nos prétendants aux élections, sommes des Argentins-Soviétiques-Grecs.
# Posté par Georges Verchery | 22/02/12 19:39
SD's Gravatar Très exact Monsieur Verchery.

Il suffisait d'entrendre le débat sur une radio ce matin autour de la grandiose suggestion de M. Hollande de créer une tranche de l'IR à 45% pour les riches et une tranche à 75% pour les très riches.

M. Joffrin, consommateur forcené de subvention, et privilégié fiscal, chantait son bonheur et dénonçait les "mauvais Français" qui auraient le mauvais goût de vouloir échapper à la prédation.

M. Zemmour n'osait même pas critiquer la mesure. Il y a des tabous qui peuvent vous mettre hors de la société médiatique. Ne pas crier vive l'impôt vous exclut bien plus radicalement que de parler de l'immigration en des termes proches du Front National.

Tous admettaient que c'était "une mesure symbolique" qui ne règlerait rien mais donnerait des satisfactions au bon peuple.

C'était exactement la mécanique psychologique du régime soviétique : tu es ruiné mais regarde les coups que l'on assène aux boucs émissaires. Et prend ton pied ! Défoule toi ! Tu ne manges pas ? Mais vois comme on tue bien les paysans !

L'ISF était déjà "une mesure symbolique" que seuls de "mauvais Français" pouvaient contester. Son taux était si faible !

Et la radio de passer des témoignages : oui c'est bien ; encore ; taxez les ; taxez les encore.

Personne pour dire que l'impôt est normalement une contribution. Non : l'égalitarisme veut que l'impôt soit "de classe" (Monsieur Joffrin) et ait pour vocation de couper la tête à ceux qui réussissent trop pour satisfaire l'envie et le dégoût d'eux mêmes des autres.

Personne pour dire que l'imposition à 75% en MOYENNE est déjà la situation actuelle. Que la mesure Hollande fait passer tout le petit monde visé au dessus de 100%. Ajoutons en effet la création d'une cotisation (progressive) pour le risque de dépendance, le retour à un taux de 1.8% sans frein pour l'ISF, etc.

Même Zemmoour a tenu à expliquer qu'il s'agissait d'une imposition marginale donc ce n'était pas grave. Qui aurait oser préciser que ces 75% s'ajoutent à la CSG, aggravée vers 15% et devenue progressive si on en croit les propositions socialistes. Cela nous mettait directement à 90% et probablement 100% si vraiment la CGS devient progressive l'imposition marginale. Où étaient passés les autres impôts, sachant que l'IR ne représente qu'une faible partie de l'imposition globale ?

On nous dit qu'il s'agissait de distancer Mélenchon en reprenant ses thèses pour sauver la côte de Hollande sans les sondages. Et de faire de Sarkozy l'ami de classe des riches.

Ces préoccupations politiciennes de minuscule étage suffiraient pour nier jusqu'au droit de propriété le plus élémentaire ? La France ruinée par l'impôt et la démagogie avait réellement besoin de celà en plus ?

Ah combien de fois ne nous a-t-on pas rabâché que Roosevelt l'ayant fait c'était donc une bonne mesure. Et que la Suède des bonnes années avait encore fait mieux avec une tranche à 90%.

Bien sûr ces pays y ont renoncé à ces plaisirs démagogiques devant les conséquences. Mais nous, on aime et puisque cela a été fait une fois quelque part on doit se précipiter.

Et gare à celui qui est contre. C'est un mauvais Français !

Vous citez la Grèce, les soviets et l'Argentine. Qu'est ce que ces pays ont en commun ? Le mensonge. Mme Kirchner ment, ici et maintenant sur l'inflation qui est du double des chiffres officiels et ruinent les pauvres. Les Grecs ont menti à l'Europe hier et probablement aujourd'hui (on le verra avec les prochaines élections).

Les soviets mentaient tout le temps.

Les politiques français mentent désormais tout le temps à leurs électeurs. La haine va avec le mensonge. La démagogie va avec le mensonge. Comment faire admettre sans mentir que les souffrances du peuple sont la conséquences directes des mesures démgogiques qu'on a pris ? Et qu'elles seront aggravées par les mesures spoliatrices contre des boucs émissaires qu'on leur livre en pature ?

Comme M. Hollande a bien pleuré à la télévision avec tous ces gens qui évoquaient "des problèmes". Oui il fallait augmenter les subventions, les allocations, mettre de l'argent, recruter des postes, patout, à tout propos, sur tout sujet. L'école : des postes. Les hôpitaux : des postes. Les personnes agées : des postes. Les paysans : des subventions. Le pouvoir d'achat : du pognon et vite. Des revalorisations pour tout le monde. Les riches paieront. Puisqu'on vous le dit. Aimer l'impôt, il va nous permettre de tout résoudre. Vous vous ne paierez rien bien entendu. Et en plus on va détaxer de charges sociales tous les postes qu'on crée. Formidable : qui paie ? Les riches ben voyons. Puisqu'on vous le dit.

On en est là en France. Il parait que c'est un "modèle".

Ces élections sont à vomir. Comme en 36, la crise va être l'occasion d'un nouveau désastre qui pésera pour des dizaines d'années sur la France.

La France en tant que pays des lumières est un pays éteint, mort. La sottise fiscale l'aura tuée.
# Posté par SD | 28/02/12 10:53
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