Pendant les élections la crise continue (bis)

Pendant les élections la crise continue (bis)

Les élections ont toujours leur caractère de purge caractérielle nationale. Le défouloir est nécessaire pour évacuer des tensions et des frustrations accumulées. Tensions et frustrations sociales ? Pas vraiment. Plutôt des tensions et des frustrations personnelles dont le cumul donne un comportement de masse.  

La notion de "troisième homme" est toujours la même : le paratonnerre n'est jamais celui qu'on croit. Il canalise les pulsions de haine et de refus. Et s'évapore au bout de quelques années.

 Un jour ce fut Chevènement ; un autre Bayrou ; aujourd'hui c'est un certain Mélenchon. On se défoule toujours là où cela gratte. Chevènement  était un exutoire pour le prurit national, alors que la France abandonnait son indépendance pour l'Europe. Bayrou capitalisait l'opposition au bipartisme qui ignore tant de sensibilités particulières, après que le passage au quinquennat eût renforcé à outrance la "présidentialisation" des institutions donc son bipartisme obligé. Mélenchon est le symbole des gratouillis qui marquent l'abandon de notre avenir "aux marchés", c'est-à-dire à des forces incontrôlables dont la rationalité n'a rien d'évident et les dangers tout de manifeste.

Cette phase de purge des humeurs est l'apanage des premiers tours. Elle ne se termine pas avec lui. "Au second tour on élimine" dit le dicton politique.  La France ne va pas choisir un programme, une réflexion, une expertise. Elle ne va pas rechercher son intérêt, choisir son avenir, envisager des solutions, s'ouvrir à des opportunités. Plus personnes ne croit que le Président de la République Française, dépourvu de tout pouvoir, peut avoir le moindre volontarisme convaincant.

Tout le monde se moque des programmes. Annoncer des pluies de dépenses et d'avantages catégoriels ciblés sur des populations segmentées par des politologues mercenaires, le tout basé sur des taux de croissance désincarnés, est un exercice méprisable. Qui y croit ? Personne. Jamais programmes n'ont été si bien chiffrés et aussi vains.

M. Hollande en chef de guerre économique, entouré de Mme Aubry, la dame des trente cinq heures, de M. Mélenchon, le révolutionnaire à voix gaulliste, attitude mussolinienne et moue veule, de Mme Joly, la Savonarole  pilotée comme une marionnette par des verts bien rouges, est aussi crédible qu'un guignol à sabre de bois.  Il parait qu'il et rigolo dans le privé.

M. Sarkozy, le moi-je en bandoulière, équipé d'un volontarisme de tempérament mais aussi de façade, dont la vanité a été évidente pendant cinq ans, s'est voulu l'homme de toutes les transgressions. Il a voulu tout oser. Braver à droite, baver à gauche, taxer le tout en disant qu'il n'en faisait rien. Les évènements ont été plus forts que lui et le resteront.  Il parait que Carla est fort charmante.

Le second tour arbitrera des détestations plus qu'il ne validera des programmes. Sera élu, dit-on, celui qui aura assis le mieux sa crédibilité. Foutaises. M. Hollande n'a aucune crédibilité. M. Sarkozy n'en a pas plus.  Sera élu celui qui sera le moins méprisé, momentanément ou celui qui laissera le plus indifférent.

Car la crise qui frappe le monde depuis 2007 ne connait pas de pause. Aucun des deux candidats ne l'a comprise. Aucun des deux n'a même la moindre conscience des causes et des remèdes.

Le 10 avril 2012, à quelques jours du premier tour,  les bourses mondiales ont connu une baisse qui en d'autres temps aurait été considérée comme un krach calamiteux augurant du pire.  Près de 4% : ce n'est pas rien. Les marchés des changes ont recommencé à bouger. La spéculation teste le Franc Suisse et la résolution de la BNS de veiller sur un cours de 1.2 par rapport à l'Euro.  L'Euro est attaqué comme toute la zone en prenant appui sur une spéculation cette fois effrénée sur la dette espagnole. Après la Grèce et l'Italie, l'Espagne est dans le collimateur.

Depuis 5 ans nous expliquons qu'il est strictement impossible de sortir de la crise sans revenir à une collaboration internationale sur les changes qui impliquent des disciplines collectives, la maîtrise des mouvements de capitaux à cout terme, et des objectifs globaux de croissance.

Une fois de plus la crise redémarre après que le feu ait couvé dans l'indifférence générale ou plutôt le sentiment que "ouf elle était passée cette fichue crise".

La vraie question n'est pas de faire un pacte de stabilité et de monter des pare feux pour "rassurer les marchés" ou les emplir de craintes.  Les marchés financiers sont une boule de lave qui brûle les enveloppes en papier qu'on leur oppose et s'insinue dans tous les interstices qu'on laisse ouverts.

Il faut faire sauter le couloir de lave. Le bloquer à la racine.

Les marchés ne peuvent pas grand-chose contre une coalition d'états décidés à briser dans l'œuf toute spéculation sur les monnaies et les taux d'intérêts. Mais il faut que les Etats aient une discipline commune et des objectifs uniques et coordonnés. Où est la coopération internationale ?

En annonçant que l'on renonce à l'idéologie de la finance et des marchés libres dans un monde où cette liberté ne peut s'exercer valablement, faute, à ce stade,  d'un environnement unique et propice, que les Etats se retrouvent sur un objectif commun de stabilité des changes, qu'ils mettront tous les moyens, réellement tous les moyens, pour briser tous les mouvements ou attitudes qui viendraient contrevenir à cet objectif, la spéculation s'arrête dans l'instant.

Il devient alors possible d'envisager la liquidation du legs tragique du système précédent : une dette insoutenable qui sera éliminée progressivement par les trois moyens habituels : des pertes, de l'inflation et de la croissance.

On verra alors que la croissance mondiale, durable, est possible même dans les pays développés et que la sinistrose grotesque de commentateurs qui ne comprennent rien ni à la crise ni aux solutions de sortie de crise, ni aux conditions d'une croissance forte qui sauvegarde la planète, est sans objet.  L'Europe ruinée par la guerre ne pouvait pas se relever. Et nous eûmes une série de "miracles", allemands, français, italien etc. Le Japon ruiné ne s'en sortirait jamais. On a vu. La Chine ne pourrait jamais croitre. les pays de l'est étaient voués à la misère. l'Afrique était mal partie. La farandole des vues basses ne date pas d'aujourd'hui.

Il n'y a pas de miracles. Seulement les conditions à créer d'une croissance possible.

Non le monde n'est pas voué à la déréliction.

Non l'Europe n'est pas vouée à la décroissance morose.

Non la France n'a pas plus que les autres à devenir le champs clos de forces incomprises la plongeant dans le marasme.

Cette crise mondiale à rechutes chroniques aurait pu être arrêtée dès octobre 2008. Nous devrions déjà en être sortie.  Nous en sommes à prévoir 7 ans de nouveaux malheurs.

Sur ce sombre volcan nos nains éructent et dansent. L'un crie : "Vive l'impôt Vive l'impôt ; les riches paieront" dans un pays sans investissement depuis des lustres, où il manque entre 5 et 10 millions d'emplois salariés, et dont la dépense publique représente plus que la totalité de la valeur joutée par les entreprises du secteur marchand.  L'autre crise "Vive moi", "Moi Je" après avoir refusé pendant la campagne de 2007 de voir venir la crise et pendant 5 ans de porter les solutions nécessaires, avec une force de conviction suffisante.

Nous avons écrit d'abord sur ce blog une chronique de la catastrophe annoncée puis une chronique de la poursuite de la catastrophe faute des solutions appropriées.  Dans quelques semaines cela fera 5 ans que nous prenons les faits à témoin et que nous annonçons les conséquences de décisions et de non décisions inconséquentes et inappropriées. Prévoir les évènements avant est toujours plus fécond que nier les réalités ou se taire avant et pendant et commenter les échecs après.

Nous arrêterons ce blog à la date de son cinquième anniversaire, c'est-à-dire en juin 2012.

Nous le ferons avec la colère au ventre. Celle de n'avoir pas réussi à convaincre à temps ; à faire bouger les lignes ; à provoquer les prises conscience nécessaires.

A la fin d'un cycle politique quinquennal, synchrone avec ce blog, nous voici Gros Jean comme devant, avec les mêmes mensonges, les mêmes erreurs, la même classe politique sourde et aveugle, les mêmes médias asphyxiés par des experts stipendiés par la finance, l'Europe et l'état.  Vive la finance libérée et les changes flottants, vive l'Euro malgré les malfaçons, vive l'impôt et la dépense publique.  Sinon plus de charges honorifiques ou grassement rémunérées, plus de prébendes, plus de "vu à la télé".

Ces cinq années auront vu des confirmations éclatantes :

- l'effondrement des économistes officiels roulés dans le néant de leur esprit de cour et d'idéologies partielles et à courte vue qui s'apparentent plus à une vulgate socio-politique  mal digérée qu'à une véritable réflexion scientifique.

- l'effondrement d'institutions qui auraient du jouer leur rôle comme le FMI et accessoirement des dirigeants de cette institution ( on en  attendait aucune rigueur et on en a eu aucune) ; comme la Commission européenne, organisée contre les états et incapable de s'y substituer ;  de l'Eurogroupe, dont le vide et la superficialité est devenue criante ;  comme le G.20 structure qui aurait du agir et dont la passivité est la marque même de l'impuissance collective

- l'impossibilité d'une croissance durable dans un système de changes flottants, alors qu'on a voulu une libéralisation totale des mouvements d'hommes, de marchandises et de capitaux dans un cadre non préparé. Le trend s'est d'abord ralenti avant de se bloquer ; le cycle décennal s'est d'abord aggravé avant de s'emballer.

- l'impossibilité de gérer une zone de monnaie unique avec des institutions inexistantes  ou paralytiques, dans un monde  de changes flottants.

- L'impossibilité d'atteindre croissance et plein emploi quand l'état dépense 56% du PIB, capte la contrevaleur de la valeur ajoutée des entreprises privées, et ne pense qu'à servir des clientèles en commençant naturellement par la classe des hauts fonctionnaires. La France a voulu servir de témoin à cette inconvenance. Elle est à la fois ridicule, ruinée et sortie de l'histoire. Encore bravo !

Le seul vrai programme électoral serait :

- de proposer de sortir des changes flottants et de reconstruire un système de changes fixes mais ajustables, dans un but de croissance globale et de réduction de la dette excessive qui paralyse le monde, avec une libéralisation contrôlée par des jeux d'écluses raisonnables.

- de réformer les institutions de la zone Euro, en dehors de la calamiteuse Commission Européenne et des idées détestables qui la sous-tendent, afin qu'il y ait un véritable pilotage de la zone dans le concert des nations.

- de réformer lourdement l'état Français pour que l'on sorte de la maladie fiscale et démagogique qui le mine.    

On vérifiera que ceux qu'on propose aux Français préparent l'exact contraire. La soumission aux marchés, la soumission à l'Euro, la soumission à l'énarchie perpétuellement à la manœuvre fiscale, sont des axes communs aux deux programmes. Les différences sont de degré. L'énarque Hollande ne reniera pas sa caste, ni l'Euro ni les marchés (ce sont ses amis qui ont fait le travail de soumission à cette organisation à partir de 83).  Sarkozy au fond s'en fiche pourvu qu'il ait un tourniquet où s'agiter et donner du grain à son égo.  Après avoir annoncer un nouveau Bretton-Woods, il est venu à Canossa, précisant bien qu'il voulait que le dollar reste la monnaie mondiale et que les changes flottants soient la règle. Quelle cohérence ?  Après avoir annoncé qu'il baisserait les impôts il a multiplié les taxes et les lois de finances pour aggraver la pression fiscale. Il se vante maintenant que le taux de prélèvement aura finalement légèrement augmenté pendant son quinquennat. Quelle cohérence ? Quant à l'Europe, il l'a voit dans les jupes de Mme Merkel après avoir cherché à mener une politique franco anglaise en début de mandat, sans avoir jamais compris ce qu'il fallait réformer dans la zone euro. Quelle cohérence ? On ne peut pas dire tout et faire son contraire.   

Oui, cette élection est une élection pour rien, désobligeante pour les Français,  à qui on fait jouer le rôle d'une peuplade débile réduite à vivre dans une France descendue quelque part entre le Vénézuela de Chavez et le Zimbabwe de Mugabe.

Non la crise n'est pas finie.

Oui les forces délétères qui sont à l'origine de la crise sont toujours en pleine action. Et cette action est désastreuse.

Non, personne ne les arrêtera à court terme.

Une fois encore on ne peut compter que sur la pédagogie d'un désastre.

D'un désastre hélas annoncé. Alors qu'on devrait être en pleine sortie de crise.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Commentaire
Gérard's Gravatar Bonjour,

Même si je comprend la colère de ce message sans doute bien fondée, surtout pour le pilotage de la zone Euro, je trouve injuste de ne pas reconnaître, à côté de ses gros défauts manifestes, aucun des efforts courageux de réformes faits par Nicolas Sarkosy, réformes reconnues nécessaires par tous ses prédécesseurs mais jamais osées, et qui ont bien une finalité économique, au moins «Franco-Française » :
-   Sauvetage du système de retraite par répartition, même s’il n’a pas été assez loin, sans céder à un mois de grève dure, comme l’aurait fait d’autres...
-   Non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, même s’il a affecté bizarrement (ou électoralement…) la moitié du gain le gain à l’augmentation du salaire des fonctionnaires. C’est quand même un autre axe que d’engager 500 000 fonctionnaires sous Mitterrand et bientôt 60 000 sous Hollande.
-   Réforme de la carte judiciaire datant de Napoléon où on se déplaçait à pied ou à cheval : économie de personnel et locaux judiciaires. Malgré la révolte des Juges.
-   Suppression de la taxe professionnelle, dont Mitterrand lui-même disait que c’était une taxe idiote qu’il faudrait supprimer. Malgré la révolte des Maires.
-   Introduction de la Taxe « sociale » visant encore à soulager les charges qui pèsent sur le travail en France et donc la compétitivité internationale et l’emploi. Ce n'est pas aller dans le sens de la démagogie...
-   Réforme des Hôpitaux pour introduire un peu d’efficacité dans la gestion.
-   Maintien du Nucléaire contrairement au programme socialiste : incidence sur le coût de l’énergie.
-   Soutien des Banques dans la crise pour préserver l’épargne des particuliers.
-   Défense de l’Euro dans la crise
-   Réforme des Universités dont pas une n’apparaît dans les 50 premières mondiales (communications scientifiques, Brevets…) et est déconnectée de l’industrie.
-   Etc…
Toutes ces actions sont loin de suffire bien sûr mais il me semble qu’elles vont dans le bon sens.
# Posté par Gérard | 11/04/12 20:34
Julien L.'s Gravatar "Sur ce sombre volcan nos nains éructent et dansent"
Le terrain sous leur pied leur est indifférent
La lave incandescente, l'incertitude immense,
tout cela n'est rien. Je serais Mitterrand

dit un certain Hollande. Je serais différent
affirme Sarkozy. Dans une triste transe
leur language affligeant, souvent incohérent
écoeure les Français et indigne la France.


Pardonnez moi d'avoir complété cet amusant alexandrin.
# Posté par Julien L. | 12/04/12 11:21
DD's Gravatar @Julien

Bien vu !
# Posté par DD | 12/04/12 12:23
DD's Gravatar @Gérard

Vous avez parfaitement raison. Nous n'avons rien contre personne et en partioculier rien contre Sarkozy ni d'ailleurs Hollande.

Vous auriez pu ajouter à la liste (la moitié des mesures Attali, la limitation des effets des grèves, l'alignement des régimes spéciaux sur la fonction publique etc.).

Nous avons dressé dans un autre message un bilan de la gestion Sarkozy. Les erreurs sont surtout au début (RSA, diminution de la TVA sur la restauration, exonération de charges diverses, non supression de l'ISF...).

L'ennui est que beaucoup de bonnes mesures sont devenues des demi-mesures ou des mesures plus coûteuses ou aussi coûteuses que ce qui était remplacé. Sarkozy a trop voulu montré qu'il pouvait faire ce que d'autres ne voulaient pas faire mais ne s'est pas trop inquiété de savoir si la solution finale était vraiment bonne. Ce côté fier-à-bras qui n'a pas été au bout des choses lui coûte très cher.

Il aurait du supprimer l'ISF : il a bricolé. Résultat personne n'est content.
Il ne fallait pas faire le RSA au moment où le nombre des chômeurs allait exploser en aggravant la pression fiscale dans des proportions bien supérieures (4.5 milliards d'excédents).
Il aurait du aligner les retraites du service publique sur le système privé et passer à un système par point. Il a bricolé. L'âge de la retraite est toujours trop bas (il fallait passer carrément à 35 ans) et il connait la perte de crédibilité du côté des salariés et de ceux qui pensent qu'il n'a pas fait le boulot.
Il aurait du supprimer les trente -cinq heures et ne jamais dégréver les heures supplémentaires.
Il n'a pas pris à bras le corps la réduction des effectifs et ds dépenses des collectivités territoriales tout en les bloquant par une réforme de la taxe professionnelle non financée. Demi-mesure encore.
Résultat : tout le monde sait qu'il va falloir aller plus loin mais lui ne peut pas le proposer ! Toutes les populations touchées sont aux aguets et ne voteront pas pour lui. Ses annonces actuelles sont clientélistes. On ne sait pas en vérité où il veut aller. Il avait en 2007 un programme pour un an et aujourd'hui il n'en a même plus. Le temps perdu ne se rattrape jamais. Il propose de faire le gros dos tant que la dette est trop importante alors qu'elle va grimper pendant les cinq années à venir sans mesures drastiques. Mais où sont les mesures drastiques ?

Donc il est très mal.

Si la France avait aujourd'hui une retraite à 65-67 ans, des régimes alignés et cohérent, basé sur un système à point, on serait mieux. Les oppositions n'auraient pas été pires. Au moins les choses seraient faites.

Si la France avait supprimé l'ISF dès le départ avec transfert de la charge sur l'IR, on ne serait pas en train de bricoler l'IR à des sommets indécents.

Si la France était revenue aux 40 heures avec suppression des dégrèvements sur les bas salaires, on n'aurait pas continué à gonfler la dette de façon imbécile pour financer l'inactivité.

Si la TVA sociale avait été mise en place dès le premier mois du quinquennat, avec baisse corrélative des charges patronales, et une TVA momentanément à 25%, nous aurions eu une forte correction de la compétitivité, un moindre déficit extérieur et une dette très inférieure.

Si on avait forcé les collectivité locales à une règle d'or du type : pas d'augmentation de la dépense supérieure à la croissance des populations concernés, on serait bien mieux.

Etc.

Mais pour nous le fond du problème n'est pas là.

Nous avons une grille de lecture des évènements qui se déclinent en trois propositions :

- Le monde souffre du désordre monétaire international. La cause principale de la crise est à chercher dans les mécanismes délétères des changes flottants et de la libération quasi totale des mouvements de capitaux. Nous l'avons démontré ad nauseam sur ce blog. Si les candidats ne se soucient pas de cette question ils ne peuvent pas parler ni des causes, ni de la sortie de crise, ni des solutions, ni de l'avenir. Hollande et Sarkozy en parlent-ils : c'est le silence complet.

- L'Europe doit être gérée autrement que par la norme. Ses institutions de pilotage économique sont inexistantes, notamment dans une optique de négociation monétaire internationale. La zone Euro est menacée. Il faut donc clairement montré ce qui ne va pas et proposer des solutions. Sarkozy prétend qu'il y a maintenant une gouvernance économique et monétaire. Mais c'est faux. Hollande prétend renégocier des traités et imposer les Eurobonds et un rôle différent de la BCE. Mais il n'y aura toujours pas de pilote dans l'avion ni surtout d'itinéraire. Il faut sortir de l'urgence.

- La France dépense trop pour son secteur public, beaucoup trop. La résultat dettes, hyperfiscalité, effondrement de la sphère marchande, sous investissement, sous emploi massif. Sarkozy a certes gratouillé le terrain mais à ce rythme il faudra des siècles avant d'avoir des résultats (RGPP très limitée, distribution des économies de la réduction des effectifs publics... au secteur public, système politique trop coûteux, avec trop d'étages administratifs etc. Il fallait manier la hâche pas l'escarpolette. Hollande n'aurait rien fait et propose d'aggraver les choses. C'est vrai.

On voit bien que selon nos critères les deux candidats ne sont pas convaincants. Pas du tout. Les arguments : "il faut éliminer le vilain" ou "ce sera pire avec l'autre" sont indigents.

Il n'y a pas de ligne tracée. Pas de diagnostic ; pas de thérapeutique ; pas de pronostic. Juste des opérations-image et des distributions clientélistes.

Nous trouvons cela lamentable. Et nous le disons.
# Posté par DD | 12/04/12 13:05
Gérard's Gravatar @DD
Je suis globalement d'accord avec le fait que Sarkosy n'en n'a pas fait assez mais au moins il l'a fait ! Et c'est le premier. Et reconnaissons que les Français ne sont pas un peuple facile à gouverner avec la Syndicratie, la Ruecratie et des relents de Robespierissme et d'égalitarisme forcené et de communisme latent qui traîne encore curieusement (nulle par ailleurs en Europe !) dans les esprits Français : "Mort aux Riches". Il est sans doute plus facile de donner des bons conseils dans son fauteuil que de les appliquer sur le terrain quand on voit que la moindre tentative de réforme en France soulève des semaines de blocages infernaux de la France par des grèves de syndicats minoritaires et de corporatismes poussiérieux qui font la honte, ou la risée, de notre pays à l'étranger. D'autres peuples et syndicats acceptent des réformes douloureuses dans l'intelligence collective du pays. Et ça réussi. On en n'est pas du tout là en France. Donc tapons sur les gouvernants, c'est facile et ils ont leur part de responsabilité de démagogie (il faut bien se faire réélire...) , mais réfléchissons AUSSI à la conduite des syndicats Français, des multiples corporatismes et régimes spéciaux, à la connaissance économique minimum du peuple Français, par rapport à d'autres pays..
# Posté par Gérard | 12/04/12 17:04
Jean-Marc's Gravatar @gérard, êtes-vous bien sur que le monde dans lequel nous vivons n'ai pas évolué ? Tous les responsable qui sont passé apres le G.De Gaulle ont mis la main à la privatisation de pans entier du systeme économique, banque , grande entreprise etc... Et la "construction" de l'europe ? d'une maniere générale c'est l'option néoliberale qui tiens le pavé. J'ai l'impression que cette ligne de conduite n'a pas été réflechie par ceux qui l'ont proné. Vision à court terme, qui s'est appuyé sur des avancés technologiques qui ont fourni le carburant, et qui a prise le controle de la raison d'ou cette incapacité à réformer autrement que par une fuite en avant.
# Posté par Jean-Marc | 13/04/12 00:28
SD's Gravatar En tout état de cause, la presse hebdomadaire, notamment le Point de cette semaine, a fini par relever le caractère proprement désincarné et irréaliste de la campagne présidentielle. Elle le fait hélas dans la foulée de la presse internationale.

Si on ajoute les graphiques publiés dans Le Monde d'hier montrant ce que signifie le plan soulmis à Bruxelles, on voit que lahausse de la fiscalité est vertigineuse. Nous sommes en train de devenir les champions du monde.

L'épargne des Français est considérée comme la variable d'ajustement des dépenses démagogiques
jamais financées et comme le réservoir de sauvetage des banques. Mais sans épargne il n'y a plus d'économie.

La situation est lamentable. Autant le dire. La campagne est effarante. Pour une fois que la presse le dit sans ambage, félicitons là.

Sylvain
# Posté par SD | 13/04/12 15:02
Alain Prodint's Gravatar Bonjour,

"Nous arrêterons ce blog à la date de son cinquième anniversaire, c'est-à-dire en juin 2012."

Même si la lassitude est fort compréhensible et l'absence d'effet immédiat sur des dirigeants politiques peut être décevant, je pense que vous auriez néanmoins bien tort de vouloir cesser ce blog.

Si, il est vrai, la meule est lente est orienter dans un autre sens, vous êtes sans doute lu plus attentivement que vous ne le supposez. Votre choix de privilégier, d'une part, la clareté au charabia courant de la profession et, de l'autre, la compréhension économique aux discours préformés et vides des soi-disants analystes, vous ont attiré de nombreux lecteurs qui ne se contentent pas du prêt à porter intellectuel.

La France, sa classe politique et journalistique, son "énarchie compassionnelle" comme vous aimez l'appeler, ses syndicats et ses banques est comme le parti communiste chinois, un ensemble extrêmement cohérent qui ne se fissure pas facilement. Mais comme tout géant de papier, sa fin ne sera que plus rapide. La simple réalité y pourvoira: montagnes de dettes vertigineuses, déindustrialisation sans fin, jeunesse sans travail et désoeuvrée, flux migratoires non contrôlés, vieux qui prendront bientôt de plein fouet, par une drastique diminution de leur niveau de vie, leurs lâchetés et le fait d'avoir accepté de vivre à crédit pendant des décennies en bloquant toute réforme. Nous sommes l'U.R.S.S. des années 80 et nous ne le savons pas.

Dans les années de tsunamis qui se préparent, il faut des gens qui aient les pieds posés fermement sur terre. Continuez!
Bien cordialement
# Posté par Alain Prodint | 13/04/12 15:25
DD's Gravatar @Alain Prodint

Merci de vos encouragements. Nous verrons bien.
# Posté par DD | 13/04/12 15:36
Noémie's Gravatar Ce n'est pas l'aspect économique qui m'a intéressée dans ce billet. Vous évoquez le fait que l'accumulation de demi mesures empêche en fait de faire campagne pour un second mandat et vous touchez juste. L'alternative devient compliquée. Ou l'on dit qu'on va continuer et alors la question vient immanquablement : pourquoi ne pas l'avoir fait tout de suite ? Ou on renonce à poursuivre et on a soit une absence de programme soit une interrogation sur les autres demi-mesures à venir. Dans tous les cas on n'est pas crédible.

Je pensais jusqu'à ce je vous ai lu que Sarkozy serait vidé ne serait-ce que pour donner une leçon au rouleur de mécanique et au m'as-tu-vu à Rayban et lui coller une image de loser. Je reconnais que c'était un peu juste.

Il me semble maintenant que le choix d'une mauvaise méthode de gouvernement est au fond du divorce avec l'opinion. Il vaut mieux agir sur peu de choses, durablement nécessaires, et le faire à fond plutôt que d'embrasser mille réformes et d'en étreindre aucune réellement bien. Surtout dans le cadre d'un quinquennat. Dommage que cette idée ne soit jamais reprise dans les grands médias.

Dommage aussi que vous annonciez la fin de ce site que je viens de découvrir. Il est très intéressant bien au delà de l'économie même si dans ce domaine j'apprends des choses dont je n'avais jamais entendu parlé, du moins avec cette clarté.
# Posté par Noémie | 14/04/12 16:45
Gérard's Gravatar @ Jean-Marc
Je ne suis pas sûr de bien comprendre les remarques, mais faisons un peu d’histoire. Le «Programme Commun » des années 80 a nationalisé à outrance par idéologie collectiviste. Mais l’utopie de l’Etat Providence qui dirige tout et distribue à volonté a vite dérapé (nationalisations, réouvertures de mines de charbons improductives, retraite à 60 ans, échelle mobile des salaires, 5ème semaine de congé payés, embauche de 500 000 fonctionnaires etc… les 39 heures à salaire constant et plus tard la catastrophe des 35 heures) et le gouvernement socialiste, après avoir vidé les caisses remplies patiemment par R. Barre et trois dévaluations en quelques mois, a engagé un programme de privatisation forcené comme jamais la droite aurait osé le faire. Ceci pour compenser un peu le déficit public, et aussi plus tard pour répondre aux règles de la concurrence édictées par la Communauté Européenne. Quand à l’Europe, c’est encore un premier ministre socialiste, Fabius, qui en 86, signe «l'Acte Unique européen » qui prévoit de libéraliser les mouvements de capitaux et de mettre les services en concurrence dans l'ensemble de la Communauté européenne. Tout ça pour dire que « l’option néolibérale » n’est ni de gauche, ni de droite mais une réalité économique naturelle qui semble incontournable et qui s’étend dans le monde entier y compris chez les anciens pays communistes. Quand Deng Xiaoping, suite à la faillite économique de la Chine et la grande misère du peuple, a lancé son cri aux Chinois «Enrichissez-vous!», curieusement la productivité des paysans, qui pouvaient maintenant garder 20% des récoltes pour eux, a augmenté dans des proportions inimaginables. Motivation. Et on connaît la suite. Par ailleurs on connaît aussi le bonheur du peuple dans les derniers états à économie dirigiste d’état, et qui cherche à s’en évader. Faites votre choix. Le libéralisme est comme on dit le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres, c’est à dire le moins mauvais. Il doit être muni de garde fous sérieux et tenu en laisse, sans l’étrangler. Une histoire de curseur à placer comme on dit. Et on est d’accord que la campagne ne parle pas assez de ces fondamentaux. Nivellement par le bas pour électoralisme…
# Posté par Gérard | 14/04/12 23:24
Gloups's Gravatar Je me demande si on n'enterre pas ici un peu vite N. Sarkozy. Son meeting à Paris a fait recette place de la Concorde et le discours n'était pas mal. Pour suivre ce site depuis longtemps j'ai trouvé que beaucoup des idées exprimées depuis 5 ans ont été reprises :

- accent mis sur un nouveau mode de gestion de l'Europe plus proche des nations et moins bureaucratique. Avec une gouvernance plus oépérationnelle et moins "par les principes".

- monde financier contenu mais pas saqué (même s'il y a désaccord sur la Taxe sur les transactions financières). Rôle de la BCE revu. Refus de la déflation comme mode d'ajustement à la dette.

- fiscalité aggravée mais sans folie furieuse.

- des actions réelles pour faire baisser les dépenses publiques même si pour beaucuop elles sont encore incertaines.

Le discours de Hollande ne dresse pas véritablement de perspectives. Il sait que s'il est élu la note de la France sera cette fois immédiatement dégradée et il prévient dans le JDD.

Les retours en arrière sur les réformes sont malvenus même s'il en abandonne certains sous le feu des marchés.

Son programme n'en est pas un. C'est à peine un programme annuel. Et l'aggravation fiscale est déraisonnable, l'incapacité de réduire les dépenses condamnable.

Même avec votre propre grille de lecture, le candidat Sarkozy s'impose, quoi qu'on pense, légitimement, des manques du premier quinquennat.

Amicalement.
# Posté par Gloups | 15/04/12 20:58
Gérard's Gravatar @ Gloups
Bien vu ! Même si la raison et la logique ne sont pas les premiers déterminants dans une élection en France, mère des têtes coupées et des révolutions, seul pays d'Europe à avoir encore un parti communiste...
Mais c'est la démocratie...
Gérard
# Posté par Gérard | 16/04/12 10:44
jean-marc's Gravatar @gérard j'ai l'impression que l'on joue toujours sur les mots lorsque l'on parle de libéralisme, et il vaudrait mieux utiliser un autre terme ( je ne sais pas lequel ) disons pour faire court qu'un libéralisme avec un équivalent du systeme de bretton woods n'a à mon avis rien à voir avec le meme libéralisme en change flottant. Les differents groupes politique n'en tienne justement pas compte dans leur argumentaire, et cela donne la campagne que l'on a ou il s'agit de taper pour les uns sur les patrons ou les financiers et pour les autres de rejeter la faute sur le systeme social trop pléthorique ou les syndicats. La majorité des gens sentent cela mais n'ont pas les concepts pour comprendre et choisir la bonne route. Cela vient mais l'offre politique n'est pas à la hauteur et elle reste dans un débat stérile. Le probleme de la monnaie conditionne tout le reste, hors c'est justement celui que l'on n'arrive pas à poser, parce que c'est " l'europe " qui est censé s'en occuper, peut-etre ou par ignorance ou par peur. Quand aux "experts" , a part sur ce blog il y en a peu qui soulevent le probleme.
# Posté par jean-marc | 16/04/12 21:20
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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