Les limites de la méthode Hollande
L'ancien ministre Allègre avait très bien décrit la méthode Hollande : on ne prend parti sur rien ; on dit oui et non en même temps ; on affirme très fort mais une pensée si faible et si contradictoire que l'auditeur ne finit par retenir que ce qu'il veut entendre, tout en ayant des doutes. Au bout d'un court moment rien d'utile ne se passe et tout le monde devient fou. Au bout d'un long moment, plus personne ne sait qui il est et tout le monde a perdu son temps.
Cette méthode a très bien marché pour Hollande : il s'est égosillé à ne rien dire. Tout en manipulant des "symboles" très forts comme la confiscation des avoirs des "riches" ou le retour à la retraite à 60 ans. J'ai dit mais je n'ai pas dit cela exactement mais je répète que je ferai ce que ne n'ai pas dit clairement mais avec fermeté etc. Les Français sont devant 5 ans de "oui mais non mais oui mais non mais bien sûr".
La réunion du G.20 a été un nouvel exemple de cette méthode.
Le G.20 ne sert à rien. Les Etats ayant décidé de ne rien réformer des causes réelles de la crise, les défauts du système monétaire international, et au contraire de les aggraver, un tel conclave n'a strictement aucun intérêt. M. Hollande n'ayant présenté aucune explication de la crise sinon que la finance était son ennemi et aucune solution, il n'avait rien à dire. En proposant une politique intérieure incompatible avec celles des autres voire carrément contradictoire, il se mettait en position d'être brocardé. Il l'aura donc été. Sous le forme d'un appel du voisin britannique aux entreprises françaises : venez donc chez nous, l'air fiscal est plus agréable !
Le discours final du représentant français sera donc pathétique : "bien sûr notre projet de taxe sur les transactions financières ne figurera pas dans le communiqué du G.20 mais il ressortira ailleurs plus tard". Et c'est tout. En un mot : "je n'ai pas été écouté ici mais je le serai ailleurs un jour peut-être et je m'en fous, j'ai été élu président, je n'en reviens pas et je suis bien content de m'agiter ainsi malgré mon impuissance et mon ridicule".
Pourquoi ce projet de taxe financière serait-il la solution ? Et la solution à quoi ? On retombe dans le sarkozisme pur et dur, cette forme de sauve-qui-peut permanent en piquant n'importe où les idées qui plombent l'air du temps mais qui donnent l'impression qu'on fait quelque chose.
Ce G.20 aura été navrant. Sa principale conclusion est qu'il faut séparer les banques et les états. Les banques doivent mettre des pare-feux contre les états et les états des pare-feux contre les banques. Seulement voilà, les banques sont virtuellement en faillite, les dettes globales irrécouvrables dépassant leur capital de plusieurs multiples. Partout. Et les Etats sont tous en faillite virtuelle, leurs recettes étant insuffisantes pour faire face à leurs engagements surtout si la faillite des banques est actée. Les Etats qui disposent d'une banque centrale se sentent un peu plus fort car l'imprimerie peut suppléer les ressources que la production et les impôts ne donnent pas. Les banques centrales nationales fourniraient la "liquidité des banques". En vérité elles permettent aux banques de gagner du temps et de récurer progressivement leur bilan avec des gains purement artificiels. Et elles permettent aux banques de financer des états quand la législation ne permet pas un financement direct. Autant dire que les états ont besoin des banques et les banques de l'état comme jamais.
Quant à l'Europe, elle a été délicieusement absente du G.20 comme acteur mais horriblement présente comme bouc émissaire honteux de la poursuite de la crise, mise en accusation par tous pour son incohérence, son incapacité à se structurer et la pression que le risque de son éclatement fait peser sur l'économie du monde. En un mot tout le monde s'est essuyé les pieds sur l'Europe, vue comme l'homme malade du monde qui contamine le monde. On a alors entendu les présidents Van Rompuy et Barroso riposter vigoureusement : attendez le sommet de Bruxelles et vous verrez ce que vous verrez. D'accord rien ne sera décidé mais le rythme n'a pas d'importance ; c'est l'objectif qui est beau. Ce ne sont plus les états qui seront responsables des banques mais l'Europe. Il n'y aura plus de "place" nationale mais une place européenne.
Et hop sous prétexte de la crise on démantèle un peu plus les institutions nationales. En France où banque et état forment un couple fusionnel sous la houlette de l'Inspection des finances, on attend la réaction de ce corps. Va-t-il demander la création d'un corps européen d'inspecteurs des finances où ils pourraient persévérer dans l'être malgré l'évanouissement de la nation ?
A noter au passage que M. Barroso persiste à donner l'explication débile de la crise mondiale que nous dénonçons depuis le début : la crise est américaine et liée à l'effondrement des subprimes.
On en est toujours au niveau zéro absolu de la pensée économique.
Une France ridiculisée et mal représentée, sort de l'affaire à la remorque de cette Europe supranationale là, nulle sur le fond mais contente d'agrandir son pré-carré. Le Président français ne se glorifie pas en se contentant de renvoyer lui aussi au sommet de Bruxelles, et en annonçant de nouvelles taxes, son dada habituel.
Que reste-t-il de la France, de son ambition de comprendre le monde, d'y jouer un grand rôle, de participer utilement à sa gouvernance ?
Au terme d'une campagne électorale tragique car entièrement basée sur les "cadeaux au peuple" et la dénonciation de boucs émissaires, un cocktail dont l'abjection est une tâche indélébile sur l'électorat et les élites politiques qui le représentent, un président manœuvrier qui a aligné le pays à contre courant de tous, cède à l'Europe fédérolâtre et se terre dans l'insignifiance sous les quolibets lors d'un sommet mondial, en comptant sur la com' pour que cela ne se voit pas trop.
Disons-le clairement : la France s'extirpe de l'histoire par la toute petite porte et les Français tout à la joie de ruiner fiscalement leur élites applaudissent des deux mains avant de danser de joie le 14 juillet sur leur pays disparu.
C'est "l'hénaurme Bérurier", personnage bien de chez nous créé par Frédéric Dard qui avait raison : "quand on se roule dans la fosse à purin on ne sent plus la m…".
On peut craindre que la méthode Hollande ne conduise qu'à se pincer le nez de plus en plus fort. Allègre avait raison.
Post scriptum : il parait que le G.20 a envoyé un message rassurant aux "marchés"
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Les titres du journal le Temps du 21 juin :
Economie & Finance
Le sommet de Los Cabos n’a pas réussi à détendre les marchés
Le G20 a posé les jalons pour le prochain sommet européen
Economie & Finance
Inquiète, la Fed prolonge son «opération Twist»
La banque centrale américaine veut éviter une panne de l’emploi
Ajoutons plusieurs articles de presse qui soulignent que partout les pays émergents censés nous sauver sont en panne et que les Yuan baisse et ne monte pas comme prévu par les théoriciens des changes flottants et nous avons une bonne idée de l'incroyable échec du G.20 qui s'ajoute à la vanité de la conférence de Rio pour montrer une "mondialisation" en panne totale de gouvernance.
L'article est de juin. En octobre tout le monde est déjà fou. De propos contradictoires en propos à double sens, de volte face en face-volte, d'habiletés mensongères, en mensonges habiles, Hollande a convaincu à peu près tout le monde (68% selon les sondages) qu'il était un fumiste et un incapable.
Hollande a voulu Ayrault et Désir comme co-adjuteurs, l'un au gouvernement, l'autre au Parti. Comme bande de minables, on peut difficilement trouver mieux. Choisir pire que soi pour vous épauler quand on est minable pour éviter qu'un gramme de talent ne vous fasse de l'ombre, conduit à une course à la nullité et au néant.
Restent des impôts intolérables.
Bravo à l'auteur et à Allègre d'avoir vu si juste.
Quand des ministres traitent les grands comédiens de "déchet", de "menteur" ou de "minable", la boucle est bouclée.
Que diraient les socialistes si on traitait le très médiocre Hollande de déchet, de menteur et de minable ?