Economie et politique

Un de nos lecteurs nous envoie un texte incendiaire sur le thème suivant : "tant que vous traitiez d'économie je vous lisais avec plaisir. Vos articles étaient originaux et m'apprenaient différentes choses qu'on ne trouve pas dans la presse. Mais lors des élections vous avez pris parti contre le Parti Socialiste, et vous faites de la politique. Vous vous êtes mis hors jeu".

Cette attitude est tout à fait classique. Nous l'avions déjà remarquée, dans le sens inverse, lorsque nous intervenions sur le forum du Monde. En 1997, c'était un gouvernement de gauche qui tenait les manettes et qui enchaînaient les erreurs. La dénonciation de ces erreurs plaisaient aux intervenants de droite. Lorsqu'on est passé à un gouvernement de droite, la critique est passée à droite, au grand dam des précédents.

Les erreurs ne sont ni de droite ni de gauche, ou si l'on préfère, elles sont  de droite et de gauche.

Il faut avoir une grille de lecture dégagée des engagements partisans. On peut heurter les partisans des deux bords sans avoir d'a priori pour un clan ou un autre.

En 1997, lorsque nous avons commencé à intervenir publiquement,  la difficulté provenait de ce que la France ne se remettait pas du coup de massue fiscal gigantesque de M. Alain Juppé rendu obligatoire par les folies Rocard, la crise de 93 et les obligations de Maastricht.  Pour l'observateur indépendant, les remarques à faire étaient importantes :

- Au nom de l'Europe de Maastricht la politique monétaire était trop restrictive en France

- Personne n'ayant conscience du cycle, on ne voyait pas que la croissance repartait dans le monde et qu'elle était à nouveau  créatrice d'emplois

- La révolution économique chinoise et ses conséquences n'étaient pas perçues.

- Les effets pervers du gonflement global de la dette et de la création monétaire  étaient masqués par les conséquences de la récession de 93.

- La crise en France avait été payée par le secteur marchand et l'énorme bloc de l'emploi public au contraire du nécessaire s'était renforcé.

L'erreur était  patente dans le camp socialiste.

Le camp "néolibéral" n'était pas indemne.

Aux Etats-Unis et dans le monde anglo-saxons on commençait déjà à tresser des couronnes de lauriers totalement abusives à M. Greenspan. Le déversement de liquidité paraissait fabuleux. La faillite de LTCM avait été mise sous le tapis.  Les défauts du système monétaire international étaient glorifiés comme des avancées déterminantes. Clinton venait de déverrouiller les subprimes. On discutait de nouvelles avancées dans les produits dérivés.

L'Europe rêvait de l'Euro et le préparait sans que le débat ne vienne jamais sur la complexité de la gestion d'une zone monétaire.

La France de Jospin pensait que "la fin du travail" était arrivée et qu'il fallait accroître encore les impôts tout en réduisant la durée du travail.

Lorsqu'on quand on critiquait la politique monétaire globale anglo-saxonne on était un "communiste", un anti européen maléfique si on évoquait les contraintes excessives de Maastricht et les illusions associées et un "fasciste" si on osait critiquer les mesures malthusiennes prises par le gouvernement Jospin.

En vérité, avec le retard classique, les esprit baignaient encore dans les affres de la crise de 92-93 ("Horreur économique", "fin du travail", etc.) et personne ne comprenait ce qui se passait sur le terrain, malgré des avertissements solides :

- L'affaire LTCM montrait qu'on ne maitrisait plus la finance.

- La crise dite des pays émergents allait montrer que le système monétaire international était en capilotade et ne survivait que par une fuite en avant permanente.

- L'affaire de la cagnotte montrait que les mesures prises par DSK allaient complètement à contrecourant du nécessaire.

Démontrer tout cela était difficile du fait des aspects en apparence contradictoires de la réalité :

- Comment dénoncer le gonflement démentiel de la liquidité internationale alors que les prix à la consommation n'augmentaient pas massivement et que Trichet menait une politique presque déflationniste ?

- Comment dénoncer les effets des 35 heures alors que le dispositif mis en place décalait dans le temps les conséquences (l'étouffement viendra en 2000 pas en 1997) et que la phase haute du cycle entraînait une hausse globale de l'emploi partout dans le monde et donc aussi en France ?    

On voit bien aujourd'hui que c'était à ce moment là qu'il fallait prendre de nombreuses mesures correctrices :

- Comprendre les méfaits des changes flottants et de la licence monétaire internationale et y mettre fin

- Arrêter le processus de Maastricht en privilégiant une monnaie de référence commune à une monnaie unique et en évitant l'abaissement totale des barrières douanières et en limitant les mouvements de capitaux à court terme

- Réformer en profondeur la France en dégonflant le secteur public, en réduisant dépenses publiques dettes et impôts, notamment dans les régions et en réformant drastiquement le système des retraites et la sécurité sociale.

C'est exactement l'inverse qui a été fait.

Toute dénonciation de ces erreurs se heurtait directement  aux choix idéologiques et politiques des uns ou des autres , voire parfois de tous les camps réunis.

Pour un socialiste le non travail et la surimposition c'est bien par nature. L'étouffement de l'entreprise sous un flot de contraintes légales, pénales, fiscales, écologiques, c'est formidable. Contredire cette vision était un acte d'hostilité.

Pour un libéral de droite, "qui connait l'économie", les folies boursières, les changes flottants, tout ce qui vient des Etats-Unis, Greenspan, c'est le bien. Contredire ce crédo était là encore  un acte d'hostilité. Avoir dénoncé par exemple les stocks options pour les entreprises du CAC sera considéré par nos soutiens du forum du Monde  comme une concession horrible à l'esprit "socialo-communiste".

Faut-il s'arrêter à ces considérations politiciennes ? Nous avons toujours pensé que non. La vérité n'est ni de droite ni de gauche.  Pas plus hier qu'aujourd'hui. Il y a fort à parier que dans quelques temps nos commentaires actuels passeront pour une évidence dont on comprendra mal qu'elle ait pu échapper à qui que ce soit.  

La politique pose à l'économie une grave question :  si les politiques ne comprennent pas ce qui se passe et prennent des mesures mal inspirées, est-ce le fait des électeurs qui exigent ce qu'ils attendent ou est-ce un problème d'expertise absente de la part d'une élite défaillante ? La démocratie joue-t-elle contre elle-même, si tant est que la prospérité soit un élément souhaitable de la démocratie ?

Les périodes électorales sont intéressantes de ce point de vue.

En 2007 nous avertissons Nicolas Sarkozy et son clan que la crise est à nos portes qu'elle sera grave, qu'il faut s'y préparer et qu'il faut surtout éviter d'affirmer que l'on gonflera le taux de croissance alors qu'on sera en pleine tempête. Il gagne en faisant campagne pour la rupture avec le "roi fainéant". Très bien. L'ennui c'est qu'il ne la fait pas et qu'il prend la crise en plein visage.

En 2012 c'est une campagne ignoble qui se met en place. Les deux camps considèrent qu'il ne faut rien dire des réels problèmes  et des politiques réelles qu'ils mèneront.  On sombre dans la chasse aux boucs émissaires et on multiplie les "cadeaux" débridés au peuple.

Désolé, à droite. L'absence de toute compréhension de la crise, de toute solution annoncée pour les problèmes mondiaux et européens, et le déversement de mesures catégorielles pusillanimes, ajoutés à une campagne de stigmatisation des étrangers, boucs émissaires de la crise, formaient un cocktail nauséabond.

Désolé, à gauche. L'absence de toute notion de ce qu'il faut faire pour réformer l'économie mondiale, notamment en matière monétaire et  l'absence, autre qu'incantatoire, de toute politique de réforme européenne, ajoutées à une chasse aux sorcières menées contre les "riches" qui paieront la crise au prix de mesures vexatoires et confiscatoires, formaient un cocktail nauséabond.

Oui nous trouvons abject, positivement abject,  la stigmatisation  éhontée de boucs émissaires. Les "ratonnades" qu'elles soient fiscales ou xénophobes, sont insupportables et doivent être dénoncées.

Oui nous trouvons consternant l'absence totale de compréhension des défectuosités françaises, européennes et mondiales et qu'on ne songe qu'à les aggraver ou à ne rien faire.

Bien sûr la politique c'est la capacité d'un clan à porter sur le pavois le plus malin des petits malins du groupe.  Cette logique là est rarement celle de l'intérêt national. Entre "que dois-je annoncer pour être élu" et "que faut-il faire pour le bien public", toute ressemblance ne saurait être que le fruit du hasard et d'une coïncidence improbables et involontaires.

"Cadeaux au peuple" et "dénonciation hargneuse de boucs émissaires" ont été les deux mamelles des élections présidentielles de 2012. Ces élections auront été les pires qu'on puissent imaginer de ce point de vue et déshonorent les deux candidats, M. Sarkozy dont on espère maintenant un long silence et M. Hollande,  dont on ne peut espérer qu'une chose : qu'il trahisse ses promesses inconsidérées.

Oui, nous le disons, ni M. Hollande, ni M. Sarkozy ne sont à la hauteur du poste.  La campagne victorieuse du premier en 2007 laissait voir que son quinquennat serait raté. Il l'aura été. De demi mesures en demi reculs, il ne sera arrivé à rien. La campagne victorieuse de M. Hollande fait craindre le pire.  Il a une personnalité à la Janus : une face aimable et virevoltante qui lui vaut ses succès féminins et l'aura rigolarde du turlupin sympathique prêt à toutes les farces ;  une face dure, volontiers cynique et sectaire, manipulatrice et fuyante, qui  justifie qu'on emmêle tout et rende tout inextricable.

Ceux qui ont été ses maîtres dans le supérieur ou ses superviseurs à la Cour des comptes disent : une couleuvre qui travaille peu et se défile brillamment.  Ceux qui ont subi sa gestion comme Premier secrétaire du PS gardent le souvenir d'une anguille, compliquant tout, divisant pour régner et pourrissant le reste pour se dégager de tous les pièges de la rue de Solferino.

Hollande a le côté Jocrisse de ceux qui fréquentent les riches en prétendant les détester. Il a une passion de lui-même et de sa réussite qui est la même que celle de Sarkozy. Il n'en revient toujours pas d'avoir été élu président, comme Sarkozy après son élection.  Autant dire que la compétence, la sérénité et la hauteur de vue ne seront pas plus au rendez-vous de cette élection qu'elles ne l'ont été de la précédente.

En revanche on continuera de faire feu de tout bois en croyant que l'assommoir fiscal fera passer tous les reniements.

Rappelons notre grille de lecture :

- Il faut réformer le système monétaire international et revenir à un système interétatique concerté de monnaies stables entre elles et ajustables par consensus sous la supervision d'un arbitre fort.

- L'Europe de Maastricht ne marche pas et doit être profondément remaniée avec une réforme radicale de la gouvernance de la zone Euro qui évite de sombrer dans la gestion par la dépression. Sinon ce sera l'explosion de l'Euro et probablement un recul définitif de l'idée européenne.  

- La France doit démanteler son moloch public et baisser radicalement dépenses publics, impôts et dettes, tout en faisant la paix avec son secteur marchand.

Si la politique va dans ce sens, elle est bonne. Sinon, elle aggrave la situation.

On aimerait que F. Hollande nous surprenne avec ce qu'on attend.

Quelles couronnes ne lui tresserions pas !   

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.  



Commentaire
SD's Gravatar Les erreurs commises sont tellement considérables et surtout tellement continues qu'on se demande réellement ce qui n'a pas fonctionné dans nos sociétés démocratiques.

On peut incriminer le peuple, sensible à la démagogie et ne voyant plus rien dans le politique sinon un consumérisme à très court terme ou l'occasion de se défouler sur d'autres.

On peut incriminer les politiques qui au lieu de mener les politiques nécessaires, cherchent à positionner leur discours au plus près de la démagogie populaire afin d'être élu et incapable d'avoir le courage de prendre les mesures nécessaires une fois élus. Le développement des techniques de manipulation de l'opinion emporteraient tout. L'insistance à voir dans les échec toujours une erreur de communication et jamais une erreur de fond est symptomatique.

On peut incriminer les "voleurs", qui, comme une mafia cachée, manipulerait le monde pour sucer le sang des peuples et s'enrichir à tout va. Soumises aux lobbies la démocratie serait mise en échec.

On peut incriminer les économistes qui en vérité sont payés par de riches lobbies, notamment bancaires et qui trahiraient pour quelques sacs d'or les devoirs de leur charge. La publication récente d'un livre qui montre qu'en effet tous les économistes qui passent dans les médias sont ou ont été employés par de puissants interêts particuliers, va dans ce sens. Ce serait une variante de la théorie précédente.

Mais ne peut-on pas aussi incriminer la science économique elle-même dans sa vulgate dominante ? N'avons pas assisté comme parfois dans l'histoire récente à la formation d'un corpus partagé en fait par tous les experts officiels à travers le monde et qui serait globalement faux ? La science économique ne serait plus une science d'observation et de rationalisation de la réalité, mais une suite de prêchi-prêchas pseudo scientifiques mais allant dans le sens des intérêts de certains états dominants.

A moins que toutes ces forces aient joué en même temps contre l'intérêt général ! Si c'est cela comment en sortir ?
# Posté par SD | 06/06/12 11:45
stéphane's Gravatar Comme d'habitude, analyse parfaitement lumineuse.

Juste un petit commentaire :

Vous avez eu raison de mettre lle terme "néo libéral" entre guillemets, tellement la politique de Clinton, Bush et consort s'est éloignée de celle de Reagan.

Le néo libéralisme ayant plusieurs définitions, je prends celle attribuée à la politique de Reagan, même si elle n'a pas été parfaitement "néo libérale".

Vous écrivez : un libéral de droite : en tout état de cause, il y a contradiction dans les termes, la droite étant devenu socialiste (techniquement parlant).

Enfin, la catastrophe de la socil démocratie avait été envisagée par Tocqueville, qui mettait en garde comme "le despotisme mou" de la majorité.

La seule façon de lutter contre ? Le respect intransigeant (mais non appliqué, j'ai une longue litanie d'exemples) des droits de l'homme de 1789, qui posent la base du libéralisme : le respect de l'invididu et de ses droits naturels.

A cet aune, l'ISF, la progressivité des impots, les lois mémorielles gayssot et taubira, la halde, etc etc etc sont des ignominies.
# Posté par stéphane | 06/06/12 15:06
Micromegas's Gravatar Je confirme une fois de fois de plus le caractère lumineux de cette analyse. Mais il faut avouer que la réalité est aveuglante. Le cynisme électoraliste et le consumérisme des votants forment un couple dramatique. On pourrait sourire des affirmations des thuriféraires du nouveau régime qui vient de s'installer qui se résument à cette attitude : "Oui nous allons dans la mauvaise direction mais à pas si lents que vous ne pouvez pas nous en vouloir. Oui nous achetons le vote de catégories de Français, mais avouer qu'on ne le paie pas si cher que cela". Au moment où tous les médias nous avertissent contre les effets du grignotage, voici qu'on nous en fait l'apologie politique. C'est l'histoire de l'alcoolique qui vous explique que le vin n'est pas dangereux quand il est bon, ou du diabétique qui considère que le sucre qui l'empoisonne, n'est mauvais qu'en morceaux mais pas dans la patisserie qu'il dévore.

L'état a grignoté la richesse nationale pendant des décennies à coup de petites mesurettes. L'ennui est dans l'énormité du mur qui de petites sédimentations en petites sédimentations a fini par enserrer l'économie et l'a ruinée. On est obligé maintenant de faire sauter le mur au bulldozer. Le gouvernement préfère avant les législatives rajouter encore une petite couche faîtière tout en prétendant que le mur ne posera plus de problème en 2017 parcequ'on l'aura consolidé par un matraquage fiscal inouï et la capture de l'épargne des Français. C'est un suicide national. On ne suicide pas "un peu". Il n'y a pas de suicide "normal".

Ce que je crains c'est qu'on dépasse aujourd'hui le taux d'erreurs que vous dénoncez avec clarté, justesse et une certaine abnégation depuis si longtemps. On entre dans la folie furieuse déguisée en amusante démagogie sans conséquence. Comme en Grèce la responsabilité est totalement partagée entre "peuple" et "élite". Le couple est indissociable dans le bon comme dans le moins bon.

Seule la bataille d'idées peut permettre que le couple de danseurs enlacés ne fassent des pas de plus en plus chancelants en dehors de la piste. Votre analyse est claire et juste. Je tiens une nouvelle fois à vous dire que votre combat m'impressionne et que je crois qu'à terme tout le monde finira par y venir.
# Posté par Micromegas | 07/06/12 08:05
voltaire's Gravatar "Chasse aux sorcières" à propos des "riches" : le fossé entre les plus riches et les plus pauvres ne s'est pas élargi ces dernières années ? Serait-ce une vue de l'esprit ?
Sarkozy et Hollande : ils sont bien les" produits" de notre société n'est-ce pas ?
# Posté par voltaire | 07/06/12 14:19
digpan's Gravatar "Entre "que dois-je annoncer pour être élu" et "que faut-il faire pour le bien public", toute ressemblance ne saurait être que le fruit du hasard et d'une coïncidence improbables et involontaires."

Rien à ajouter !
# Posté par digpan | 08/06/12 00:52
Gloups's Gravatar @Voltaire

De quels "riches" parlez-vous ?

- La bourse qui était presque à 7000 tourne autour de 3000 ! 50% de baisse.
- Le rendement du capital ? Entre baisse des taux d'intérêt et fiscalité aggravée, il est devenu pour l'essentiel négatif si on ajoute l'inflation.
- L'immobilier ? Sa valeur a doublé en 15 ans du fait d'une bulle. Mais la quasi totalité de cette hausse est nominale : les possédants d'un appartement ont toujours un appartement. Pas deux. En richesse réelle il n'y a aucun gain. En revanche la fiscalité basée sur les prix immobiliers a explosé gavant les organes de prélèvements (état et communes). Le risque d'éclatement de la bulle est réel. Si elle se produit, les pertes nominales seront considérables. Mais on possédera toujours sa maison. Sauf si la fiscalité force à vendre auquel cas, les pertes seront sévères.
- Le revenu ? Pour 99% des salariés du privé en particulier les cadres moyens et supérieurs la fiscalité et l'inflation ont repris pratiquement l'intégralité des gains.

Oui, certains ont réussi dans le domaine des opérations de haut de bilan à faire des gains, généralement suspects. Exemple : Seillières et Lafonta. Ils ont affaire à la justice et au fisc. Oui certains patrons et cadres supérieurs de banques s'en sont mis plein la poche sans mérite alors que leur banque est sous perfusion et que la faillite généralisée menace. Oui quelques entreprises du Cac 40 faisant leurs opérations et leurs bénéfices pour l'essentiel à l'étranger se sont fortement enrichis. Oui quelques dirigeants de boites de moindre importance ont utilisé certains dispositifs fiscaux abusifs pour s'enrichir à bon compte.

Au total cela fait quoi : 1.000 personnes ? 2.000 ?

Dans le même temps plus de 150.000 entreprises de toutes tailles ont mis la clef sous la porte ruinant l'entrepreneur. L'industrie et donc les industriels ont été étrillés et leur fortune avec. Ils n'ont pas été remplacés.

Dans le même temps des dizaines de milliers de cadres supérieurs ont été mis à la porte avec un pécule. En 1995, cela se passait à 58 ans. Maintenant on en est à 52 ans.

Les portes fiscales ont été verrouillées. Les gains à l'étranger ne posent pas de problèmes. Les abusifs sont sous contrôle.

Alors quoi ?

On va en réalité au nom d'une poignée de cas peu significatifs matraquer fiscalement la population française pour éviter toute réforme du secteur public effarant que nous nourrissons. Avec un parfum de haine sociale en prime ?

On va continuer à alimenter l'étranger qui a déjà racheté le Cac 40 à 50-60% et qui s'empare de toutes les pépites mobilières et immobilières françaises ?

Pour donner des satisfactions de haine à des salariés socialistes frustrés et des fonctionnaires boboïsés ?

Dans les pays communistes les dirigeants avaient parfaitement compris qu'il fallait fournir de la haine faute de pouvoir fournir des produits de consommation. La Chine continue ce beau système : on tue un cadre ou deux par ci par là pour calmer le peuple. On veut ce système en France ?

L'esprit de dénonciation de "riches" mythifiés réponds aux mêmes mécanismes que la dénonciation de tout bouc émissaire. Si quelqu'un avait osé dire : "si vous rencontrez un juif faites lui les poches" il serait en prison. Les mesures symboliques "contre" une fraction de population sont toujours des exactions nourries par la haine. Quand le socialisme redevient un racisme social il montre son caractère abject. Voltaire serait contre !
# Posté par Gloups | 08/06/12 10:31
voltaire's Gravatar Je me réfère à ceci (entre autres) :
"L'écart entre riches et pauvres ne cesse de se creuser. Environ 10 % des ménages les moins dotés détiennent chacun moins de 2 700 euros de patrimoine et collectivement moins de 0,1 % de la masse totale. Grosso modo, les 20 % des Français les moins riches ont vu leur niveau de vie amputé de 400 euros entre 1990 et 2010. Les 20 % les plus riches ont enregistré un gain de 680 euros.
Ce qu'il faut entendre par patrimoine, c'est pour l'essentiel la résidence principale des ménages (62 %). Mais les disparités de richesse se sont particulièrement aggravées, entre 2004 et 2010, parmi les ménages de salariés en activité. Les inégalités de patrimoine selon la catégorie socioprofessionnelle - comme les disparités salariales - sont très marquées, (...) le patrimoine médian des cadres est ainsi 35 fois supérieur à celui des ouvriers non qualifiés. »
.« Patrimoines des ménages » enquête de l'INSEE
Voilà pour l'INSEE. Dans la vie quotidienne, cela se traduit par des tas de choses qu'il serait trop long de préciser.
# Posté par voltaire | 08/06/12 14:41
stephane's Gravatar @voltaire :

Il faut bien comprendre que ce genre de statistique sont de pures inepties intellectuelles.

Elles font réfléchir sur des a priori économiques faux.

Lesquels ? que les pauvres et les riches de maintenant et d'il y a 10 ans sont les mêmes. C'est parfaitement absurde.

Les étudiants composent environ 60 % des pauvres dans ces statistiques. Or, 10 ans après, l'immense majorité de ces étudiants a trouvé un travail, et souvent bien rémunéré, et font partie "des plus riches" de ces mêmes statistiques, sachant que pour faire partie des plus riches en France, il faut gagner 2600 € net par mois pour un célibataire.

L'écart entre les plus riches et les plus pauvres augmente tout simplement parce que le marché global augmente, et permet ainsi l'enrichissement supérieur par l'augmentation des débouchés.

La seule chose à quoi peuvent servir ce genre de statistiques, ce n'est pas de mesurer l'écart entre les plus riches et les plus pauvres (c'est inepte, autant le comparer avec l'écart entre les plus riches et les plus pauvres sous l'ancien régime, cela ne veut rien dire, pas les mêmes personnes), c'est si les pauvres ont progressé en niveau de vie.

Et là, la réponse est oui, sans aucun doute, même si l'INSEE ne mesure que les revenus, et pas le niveau de vie, qui augmente énormément en mesurant l'espérance de vie, la technologie des outils utilisés etc etc (il y a 10 ans, il n'y avait pas de téléphone portable, par ex).

Bien cordialement,
# Posté par stephane | 08/06/12 16:45
stéphane's Gravatar @ Gloups :

+ 1

tout à fait d'accord avec votre analyse économique et philosophique.

Il est bien évident que Voltaire serait contre, car il défendait la richesse (ok, peut-être pas pour les mêmes raisons).

Tout l'inverse de Rousseau, l'ancêtre des communistes pour certains, qui était contre la richesse et pour un certain collectivisme.

Je fais d'ailleurs une petite digression philosophique à ce sujet :

Il est parfaitement étonnant qu'en France les parties de droite défendent le contrat social revendiqué par Hobbes, tandis que les parties de gauche revendiquent le contrat social de Rousseau.

Alors que le seul contrat social qui vaille, conforme aux idées humanistes, républicaines et aux droits de l'homme (qui en sont la conséquence) c'est le contrat social de Lockes.

La différence ? seul celui de Lockes fait confiance et aime l'être humain...

Excusez moi pour ce dérapages.

Bien cordialement,
# Posté par stéphane | 08/06/12 16:52
voltaire's Gravatar Stéphane, je vous remercie. Il convient de "relativiser" les statistiques... ce que vous m'expliquez fort bien.
N'étant plus très jeune et ayant connu la pauvreté, je sais que les choses sont différentes aujourd'hui. Il est vrai que les pauvres parmi les pauvres ne possèdent pas de biens matériels. Les besoins d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes qu'hier. Il faut beaucoup plus d'argent pour vivre décemment et, comme on dit, s'intégrer socialement.
# Posté par voltaire | 08/06/12 18:04
DD's Gravatar Dans ces discussions sur des différenciations de rythmes de croissance des rémunérations on ne tient généralement pas compte du cycle économique ni du contexte général.

- Dans le cycle, le retournement avec récession entraîne classiquement une perte rapide de richesse des entrepreneurs et de leur entreprise alors que la rémunération des salariés continue sur sa lancée. Lors du redémarrage c'est l'inverse. Les rémunérations des entrepreneurs remontent plus vite que les salaires. Evoquer les différences de rémunérations sans se placer sur le cycle n'a pas grand sens.

- Le contexte est également très important. Quand on voit la Grèce en ce moment, tout le monde est touché et personne ne peut prétendre faire des différenciations signifiantes. Dans les moments de hausses massives des bourses, il est évident que ceux qui possédent des actions voient leur avoir grimper plus vite que les salaires. Mais cela ne dure pas. Une bulle n'est pas un enrichissement durable.

- Dans le système d'inondation monétaire qui est celui que nous vivons depuis 1987, et d'ouverture à tout va du commerce mondial, s'est produit de façon évidente une ouverture de l'éventail des rémunérations et des avoirs. Les liquidités se sont accumulées dans les biens réels (bourse, immobilier) possédés par la partie aisée de la population en même qu'une énorme pression sur les salaires s'exerçait sur les entreprises. Les taux d'intérêt sont devenus très bas. Il est donc devenu rentable de faire des opérations "de haut de bilan" , comme l'exercice de stock options, des LBO, des achats revente d'appartements etc. Ces opérations ne sont accessibles qu'à des cadres supérieurs et des entrepreneurs sans trop de scrupules. La plus value sur capital remplace le compte d'exploitation.

Il va de soi qu'un tel contexte entraîne des distortions d'enrichissement fortes.

Si les causes sont bien déterminées, l'action devient claire. Il faut évidemment sortir d'une économie de haut de bilan alimentée par la dette et les taux d'intérêts bas. La croissance réduit les écarts de salaire : il faut la privilégier. Il faut diminuer la pression des pays à bas salaires par des écluses correctement calibrées et accroître la compétitivité française par tout moyen.

Rien ne dit en revanche qu'il faut massacrer fiscalement la partie aisée pour revenir à un meileur équilibre. C'est dans le mouvement dynamique que la réponse se trouve pas dans les répartitions statiques.

Le constat de l'INSEE ne porte en soi aucune justification d'un socialisme fiscalement punitif. Il conduit à noter les défauts de notre système actuel qui sont nombreux, mal compris et à ce titre provoquent des incohérences graves des politiques suivies. C'est par une réforme du système monétaire international, une restructuration de la zone Euro et la reprise en main de la dépense publique française qu'on rétablira une croissance distribuée. On peut d'ailleurs regretter que l'Insee dans le domaine de l'analyse soit pratiquement indigente. La plupart de ses chargés d'études constatent sans comprendre et parfois sans même exprimer ce qu'ils entrevoient. Des fonctionnaires ne peuvent pas remettre en cause l'existant à ce point (même si on s'abstient de remarquer que l'institution penche à gauche depuis longtemps).

Dernier point, notre endettement provoque une fuite de la monnaie hors du pays, exerçant une pression déflationniste permanente, et une capture de la richesse nationale par les étrangers. L'inégalité n'est plus intra française mais entre l'étranger et le Français. Une des limites de l'enquête de l'Insee est de ne pas tenir compte du tout de cet aspect là.

Le nombrilisme égalitariste français est totalement décalé par rapport aux réalités.

Les mécanismes que nous décrivons expliquent mieux qu'une "captation par les riches" (à qui il faudrait faire rendre gorge) pourquoi il devient si difficile de trouver un emploi et un logement en France. Il devient tout aussi difficile de conserver une entreprise française quand on en possède une (les PME françaises sont rachetées en masse dans presque tous les secteurs par des entreprises allemandes) que d'en créer une.

Nous sommes maintenant sous la pression de l'étranger. Il serait absurde d'y ajouter une pression égalitariste interne dont on sait qu'elle fait directement le jeu de l'étranger. Rappelons par exemple que l'ISF ne peut se boucler, à l'échelon global, que par la vente du patrimoine français aux non résidents. On ne voit pas que cela permette d'égaliser la répartition de la richesse entre Français.

Travailler à la spoliation de tous les Français au profit de l'étranger est une idée qu'on peut trouver contestable.
# Posté par DD | 09/06/12 17:49
Gloups's Gravatar Vous avez l'art de trouver les réponses auxquelles on ne pense pas. J'adhère à 100% à cette analyse. le tropisme franco-français en pleine mondialisation est effectivement une ineptie.
# Posté par Gloups | 09/06/12 20:18
Rabelais's Gravatar "La campagne victorieuse de M. Hollande fait craindre le pire. Il a une personnalité à la Janus : une face aimable et virevoltante qui lui vaut ses succès féminins et l'aura rigolarde du turlupin sympathique prêt à toutes les farces"

Ainsi il faut aller sur un site économique pour trouver une analyse juste du caractère de Monsieur le Président de la République ! C'est la cour du roi Pétaud. Delanoë n'a pa été pris au gouvernement pour ne pas laisser la place à Mme Hidalgo. On soutient une candidature dissidente contre la mère des enfants du président. Il y a sans doute un peu trop de femmes dans la vie de F. Hollande.

A la cour du Roi Pétaud "chacun agissait comme bon lui semblait". Il n'a pas fallu longtemps pour qu'on retrouve à la tête de l'état la situation qui prévalait au PS lorsqu'Hollande dirigeait ce parti.
# Posté par Rabelais | 13/06/12 09:33
Gloups's Gravatar La dérive monarchique s'accélère : on a désormais la Montespan, pan ! pan ! pan !
# Posté par Gloups | 13/06/12 09:37
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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