Une erreur récurrente des écologistes

L’écologie est militante. Ce qui veut dire que la passion l’emporte assez régulièrement sur la raison. Les militants d’extrême-gauche, comme les mouches, savent changer d’âne. Ils ont abandonné la défense exaltée du marxisme-léninisme élémentaire pour se reporter sur l’écologie intempérante comme moyen de brasser les émotions et d’activer leurs dénonciations fondamentales du capitalisme, atténué en néolibéralisme ou encore en économisme, lorsqu’il faut faire sérieux à la télévision. Ce basculement partisan n’a pas arrangé la sérénité du discours écolo.

L’économie est désormais contestée radicalement au nom de l'écologie. Ne contribue-t-elle pas à la destruction de la planète ? Pour eux, il ne faut rien concéder aux casseurs économiques qui n’ont pas compris que le peuple pouvait vivre sur les stocks des riches et qu’il suffisait de le vouloir. Classique confusion entre les flux et les stocks. Si vous ne criez pas avec les loups, alors vous êtes coursé par la meute des croisés de la bien-pensance écologique.

La « criminalisation » de la croissance est tellement dans l’esprit des excités et des personnels politiques et en partie dans ceux des médias, qu’on sent que, pour certains, une opération « dénonce ton économiste » serait tout à fait opportune.

« E pur se muove » disait Galilée dans le dos de l’Inquisition. L’économie aussi. Elle présente ses lois avec un certain degré de certitude, même si cela défrise le nouveau clergé écologiste.

Nous avons déjà expliqué ici que l’idée cent fois répétée qu’une technique coûteuse et peu productive créerait beaucoup d’emplois était un contresens absolu. La cherté tue l’emploi. La productivité est la seule source d’enrichissement global. La loi est d’airain. La répétition inlassable de cette erreur, notamment dans les discours politiques ou dans les débats de la TNT, n’en fera jamais une vérité.

Une autre idée fausse très répandue dans les milieux alternatifs et les écologistes tendance ingénieur, est que la grande crise économique de 2008 et la stagnation que l’on constate depuis seraient dues au fait qu’en matière d’énergie on avait atteint « le pic » (le moment où la production ne peut que décliner) et que désormais, la corrélation entre croissance et énergie étant bien établie, la croissance ne serait plus possible. Nous avons à nous adapter à une décroissance automatique puisque les ressources rares disparaissent au fur et à mesure que nous les consommons et que nous avons déjà atteint pour certaines d’entre elles le point de non-retour : on n’en extraira pas plus et progressivement moins.

Nous avons appelé « crise » la situation qui voit depuis 1971 le monde baisser de taux de croissance chaque décennie, accumuler dettes et chômage, et survenue de graves récessions périodiques. L’explication n’est pas dans l’apparition de pics d'extraction de matières premières ni dans la montée des conséquences d’une pollution destructrice, mais principalement dans la destruction des règles collaboratives et stabilisatrices de Bretton Woods en 1971.

La crise de 2008 n’est en aucun cas explicable par l'écologie. Après dix années de digestion de ses effets, l’investissement et le commerce extérieur repartent. Nous atteignons désormais des rythmes de croissance globale de plus de 3,5 %, venant s’ajouter à la croissance acquise durant ces dix dernières années. D’ici à la prochaine récession, le monde aura probablement accumulé près de 20 % de croissance. Pic des matières premières ou pas.

Cela veut dire que la rareté croissante des ressources naturelles n’explique pas l'évolution de la conjoncture ni celle du cycle et n’empêche pas radicalement l’expansion économique. Il est intéressant de constater que personne ne se plaint de la croissance qui repart, partout saluée comme un bienfait. Elle était censée devenir impossible et indéfendable. Elle est possible et n’est pas condamnée.

Cela ne veut pas dire que la préoccupation écologiste n’est pas fortement légitime et que la croissance fondée sur une consommation sans frein de ressources non renouvelables ne pose pas problème.

Simplement, il ne faut pas se tromper de cible et d’explication. Une réforme du système monétaire international et du système de l’Euro est nécessaire, indépendamment de toute question écologique. De même les défauts structurels accumulés par la France et l’ineptie de ses politiques économiques depuis 1974, et aujourd’hui encore, tuent l’emploi et la richesse sans rien sauver du côté de la pollution.

La foi écologiste n’est pas une boussole économique. Une économie équilibrée est un bonus pour l’écologie.

Commentaire
DvD's Gravatar Il est impossible d’expliquer la crise de 2008 par le « peak oil ».

De fait, la production mondiale de pétrole a accéléré depuis et va dépasser 98 millions de baril par jour en 2018 contre 83 millions en 2008. La pression exercée par la baisse du prix du pétrole depuis fin 2014 du fait de ce surcroît de production, ainsi que l’amélioration continue des technologies, a permis de faire baisser les coûts de production de façon spectaculaire. Le coût de production d’un baril en 2018 est ainsi inférieur à celui de 2008. La production est donc tout à fait compétitive à $60/b et n’a pas de raison de diminuer.

40 ans après le supposé peak oil mondial, on n’a jamais eu autant de pétrole aussi bon marché qu’aujourd’hui.

50 ans après le supposé peak oil americain, les Etats-Unis sont maintenant parmi les premiers productions mondiaux grâce au pétrole de schiste.

Hors des Etats-Unis, il reste un vaste potentiel inexploré de pétrole de schiste. Il n’y a pas de peak II en vue.
# Posté par DvD | 24/02/18 10:58
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