Faut-il interdire les « parachutes dorés » ?

Comment recruter un nouveau dirigeant d’entreprise lorsque la promotion interne n’est pas souhaitable ? En demandant à un chasseur de têt e de trouver l’oiseau rare. Il est rarement au chômage. Il faut le séduire.  En quittant la place qu’il occupe et où il réussit (sinon on ne viendrait pas le solliciter) il perd parfois beaucoup (en  terme d’ancienneté s’il avait un contrat de travail, ou  un plan spécial de retraite, ou des prêts à taux avantageux, ou nombres d’autres avantages para salariaux). Et il prend le risque que cela ne marche pas.
Le niveau de salaire est une chose.  Mais le plus souvent on ne provoquera la venue du candidat souhaité que si on a indemnisé immédiatement les avantages qu’il perd et si on a garanti qu’en cas de départ  non volontaire, une indemnité solide sera  versée, car alors la reconversion risque d’être difficile.  L’habitude s’est prise d’appeler Golden Hello et Golden Parachute ces deux indemnités.
Ces pratiques sont aujourd’hui montrées du doigt au plus haut niveau et  certains pensent à les interdire.  Doit-on interdire la compensation  d’une perte d’avantages acquis pour recruter un cadre supérieur ?  Ce serait amusant dans un pays où les avantages acquis des salariés sont sacralisés !  Si on le fait pourquoi le candidat ferait-il, lui,  le saut vers une nouvelle aventure ? On bloque simplement le marché du recrutement des cadres dirigeants.  Doit-on légiférer pour imposer  qu’un cadre attiré dans une nouvelle entreprise et  jeté presqu’aussitôt  le soit sans indemnité ? C’est amusant là aussi dans un pays qui rêve de flexi-sécurité.  On bloque un peu plus le marché du recrutement de cadres dirigeants.  Le golden parachute compense un risque de carrière très important. Il n’est pas sans contrepartie et  son principe n’est pas arbitraire.  
Bien sûr, il y des abus. Le golden parachute ne doit pas se déployer au-delà de  deux années d’exercice des fonctions  en question.  Il ne doit pas se déclencher du fait d’une décision du bénéficiaire : démission ou vente de l’entreprise ou toute décision du même genre.  Il ne doit pas concerner les mouvements de postes à l’intérieur d’un groupe : le petit jeu qui consiste à faire le tourniquet dans les filiales et à chaque mutation de toucher une petite indemnité contractuelle est évidemment honteux.  Certains cas sont emblématiques des dérives possibles : un président fait venir un de ses amis auprès de lui, en lui garantissant  un golden parachute si lui-même vient à partir.  Il vend l’entreprise.  La nouvelle recrue démissionne et demande son golden parachute puisque le patron a changé.   C’est évidemment un enrichissement sans cause même si ce n’est pas une pure magouille.  
On voit que les indemnités de recrutement et de départ anticipé pour un cadre dirigeant révocable ad nutum ne sont pas en soi critiquables. Elles doivent être connues du conseil d’administration préalablement à leur prise d’effet et  pour l’indemnité d’éviction précoce, disparaître après deux ans de fonction. Toutes les clauses d’auto déclenchement par la personne concernée doivent  être  décrétées comme nulles.
On voit que la législation n’est pas difficile à mettre au point et à  contrôler juridiquement.  Dans la pratique on peut estimer que  d’ores et déjà les pratiques contractuelles appliquent ces règles pour la quasi-totalité des clauses en cours. Législation ou auto régulation par le Medef ne changeront pas grand-chose.  
Se focaliser sur les parachutes dorés relève plus de la démagogie politicienne que de la régulation intelligente de l’économie.  Il n’en va pas de même des stock-options qui posent un réel et grave problème économique, social et politique, autant que moral.

A suivre…

Sylvain Dieudonné,

pour le Cercle des Economistes E-toile.

Commentaire
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

Association loi 1901

  
BlogCFC was created by Raymond Camden. This blog is running version 5.9.002. Contact Blog Owner