L'importance négligée de l'Ukraine

La France, traditionnellement, néglige l'Ukraine. Elle s'est beaucoup focalisée sur la Pologne, à juste titre. Mais elle a généralement laissé l'Ukraine loin de ses considérations diplomatiques.

L'Ukraine est une grande nation qui a vocation à être une nation à part entière et qui le souhaite. Ouverte à tout vent, du fait de sa géographie, elle a toujours été une frontière, une bordure, que les armées voisines ont voulu traverser ou annexer. Grenier à blé facile d'accès, réservoir de main d'œuvre, l'Ukraine a connu de nombreuses vicissitudes historiques. Des découpes et des rattachements ont fait constamment évoluer ses frontières. Les influences ont été nombreuses.

Les Français, qui ne connaissent ni l'histoire ni la géographie, considèrent l'Ukraine comme une partie de la Russie. Certains croient, avec la propagande Russe, que Kiev est à la naissance même de la Grande Russie.

En vérité, jusqu'aux grandes conquêtes russes de la fin du 18ème siècle, l'Ukraine n'a strictement rien à voir avec la Russie. Elle est, en réalité, tiraillée entre les grandes monarchies du nord, Lituanie et Pologne, et les Asiates qui sont installées en Crimée. Elle est déchirée entre catholicisme et orthodoxie. Les pressions ottomanes se feront sentir plus tard.

Les deux derniers siècles ont été tragiques pour l'Ukraine.

Elle est sous domination de la Russie, de l'Autriche Hongrie et partiellement de l'empire ottoman pendant le XIXème siècle.  Le nationalisme culturel ukrainien est constamment soumis à la répression russe. Le régime Moldave et la tutelle de l'Autriche-Hongrie sont plus doux.   

La domination polonaise a conduit à un peuplement juif extrêmement important. De 600.000 au début du XIXème siècle, la population juive passera à près de 2 millions à l'aube du XXème siècle.  De nombreuses villes sont à majorité, absolue ou relative, juive.   

"72% de la population juive y vivait dans 262 communautés de plus de 1,000 personnes, ce qui voulait dire qu'en ajoutant les communautés de plus de 500 juifs, 37% de la population juive vivait dans des villes et bourgades dans lesquelles les juifs formaient la majorité absolue, et 22% dans les localités ou ils formaient 40–50% de la population totale. Par contraste, dans la partie de l'Ukraine au delà de la Dnieper, dans les provinces de Poltava et Chernigov (ou vivaient environ 225,000 juifs qui constituaient la majorité dans deux endroits seulement et seulement 40% de la population totale dans trois autres), 65% de la population juive vivait dans 39 communautés de plus de 1,000 personnes. On trouve une situation semblable dans la "Nouvelle Russie" (les provinces de Kherson, Yekaterinoslav, et Taurida) ou vivaient plus de 500,000 juifs : 76% de la population juive était concentrée dans 58 communautés de plus de 1,000 personnes et les juifs ne formaient une majorité que dans les implantations agricoles. En 1897, les juifs constituaient 30% de la population urbaine de l'Ukraine, 26% d'entre eux vivant dans 20 villes dans chacune desquelles il y avait plus de 10,000 juifs".

L'instauration des  zones de peuplement et des restrictions de circulation en Russie, les difficultés anti-juives en Pologne, ont conduit à un regroupement important de population juive dans les différentes régions ukrainiennes.

Cette histoire est importante pour la communauté juive. Une ville universitaire comme Czernowitz, ancienne capitale du Duché de Bukovine, est la capitale incontestée du Yiddish. Des mouvements religieux importants sont nés en Ukraine et font encore aujourd'hui l'objet de pèlerinage. L'Ukraine est également un des rares lieux lieu d'implantation agricole juive, vieille réclamation juive, dont la population avait presque partout interdiction d'acheter de la terre. Les concepts Kibboutsim sont largement nés en Ukraine.

Cette communauté juive  s'est largement heurtée  à la résistance des populations paysannes ukrainiennes pour des raisons multiples :

- Economiques : l'aristocratie polonaise et les boyards faisaient appel aux gestionnaires juifs pour tenir leurs grandes propriétés. Le négoce du blé était entre les mains des commerçants juifs ainsi que le commerce de tout ce qui était nécessaire aux exploitations agricoles. Une part très importante des industries étaient entre les mains d'entrepreneurs juifs. Les relations économiques extérieures  étaient généralement conduites par des entrepreneurs juifs.

- Religieuses : traversée déjà par un conflit entre christianisme, poussée par la Pologne et orthodoxie, l'Ukraine supporte difficilement la religion juive, ses particularités et son séparatisme.

- Politiques : la volonté "nationaliste" d'une partie des intellectuels ukrainiens, voient dans l'internationalisme puis le socialisme juif  un obstacle, même si, comme en Pologne, il y eut de nombreuses évolutions tout au long du XIXème. Les juifs sont parfois vus soit comme des auxiliaires de la Pologne, et surtout comme étant globalement en faveur des liens avec la Russie.   

La guerre de 14-18, en libérant les passions, et en déchaînant les conflits armés,  va avoir des conséquences désastreuses sur cette partie du monde.

Les Allemands avant d'être défaits et de développer le revanchisme qui mènera à Hitler et au nazisme, exportent Lénine et permet le déclenchement de la révolution bolchevique et de son impitoyable violence.  Les alliés détruisent l'Autriche-Hongrie lors des négociations  qui mettent fin momentanément à la guerre.

Tout est prêt pour un déchaînement dans les pays de l'Est.

L'Ukraine proclame la République Populaire Ukrainienne, reconnue par la France et la Grande-Bretagne en janvier 1918, et déclare son indépendance le 22 janvier 1918.

L'histoire de la nation ukrainienne indépendante aurait du commencer là.  Les bolcheviques ne le veulent pas. Lénine et Trotsky considèrent que sans l'Ukraine les chances de succès de la révolution socialiste sont minces. La guerre à outrance commence. Elle provoque une première famine désastreuse qui tuera près de 2,5 millions de personnes.  Elle attise les conflits ethniques. Une partie des forces nationalistes voient dans la communauté juive un foyer de partisans de l'Union Soviétique. Des massacres ont lieu qui se traduiront en France par l'assassinat de Petlioura, dont l'assassin sera gracié, action qui marque les débuts  de certaines ligues contre l'antisémitisme.

Finalement c'est une Ukraine démantelée qui sort de l'anarchie générale. La partie à l'est, avec Kiev, est désormais sous la coupe de l'Union Soviétique. La région de Lvov (Lviv aujourd'hui) va en Pologne. La Bucovine du nord est rattachée à la Roumanie.

Après la période de calme relatif de la NEP, qui voit, dans la partie soviétique, une certaine reconnaissance du nationalisme ukrainien et un réel dynamisme culturel,  en même temps que les paysans armés se sont appropriés les terres des grands propriétaires polonais ou boyards, arrive Staline et son "grand tournant" :  la dékoulakisation, l'appropriation publique de toutes les activités agricoles et l'utilisation des biens agricoles ukrainiens pour payer les importations nécessaires à l'industrialisation à marche forcée de l'Union Soviétique.

L'Ukraine est considérée par Staline comme une colonie dont les ressources sont à la disposition de l'URSS, en même temps qu'un glacis dangereux d'où peut venir la contre-révolution.  

La conjonction d'un projet socialiste de révolution totale avec élimination des "classes perdues" et d'une realpolitik sans pitié, qui considère les populations ukrainiennes comme un réservoir d'esclaves incultes et dangereux, va conduire au premier grand génocide en temps de paix de l'histoire de l'humanité. 

Une répression sauvage s'abat sur l'Ukraine. Toutes les populations "allogènes", grecs, polonais, tatars, sont considérées comme des agents potentiels de l'étrangers et massacrées. La population paysanne locale est réprimée et déportée par millions. L'échec de la collectivisation entraîne des réquisitions de plus en plus lourdes. La famine pointe son nez.  Staline décide que des millions de bouches à nourrir sont en excédent et compromettent le succès du plan quinquennal d'industrialisation à outrance.

Il provoque et maintient une famine exterminatrice en 32 et 33. Dans 10.000 villages ukrainiens la population est décimée ou disparait intégralement. Des villages entiers sont rayés de la carte.  

Au total, de 1928 à 1933 entre 20 et 25% de la population ukrainienne disparait dans des conditions abominables.

La répression continuera sans cesse jusqu'à la guerre. Des centaines de milliers d'Ukrainiens sont massacrés par les différentes organisations policières soviétiques. L'Ukraine se couvrent de charniers secrets où reposent ces centaines de milliers d'Ukrainiens.

Ce génocide, appelé Holodomor par les Ukrainiens, comme la répression qui a suivi, qui verra la destruction culturelle de l'Ukraine, ne sera jamais pardonné au "grand frère Russe". Et cela d'autant plus qu'il est dissimulé et que les occidentaux, et jusqu'à la Croix-Rouge, tâche indélébile sur son histoire, acceptent de jouer le jeu de la tromperie et de la dissimulation.

L'arrivée des Nazis au pouvoir en Allemagne conduit les Occidentaux à rechercher l'alliance avec Moscou. Donc les Occidentaux mentiront. La presse française mentira. La gauche mentira. Les gouvernements successifs mentiront.  C'est un régime génocidaire qui entre à la SDN dans le cadre d'un mensonge inhumain ("Il n'y a pas de famine en Ukraine") , lorsque l'Allemagne nazie en sort.

Tout cela pour aboutir au pacte germano-soviétique.  L'Urss annexe la partie polonaise et la partie roumaine de l'actuelle Ukraine. Lorsqu'elle entre à Cernauti, ex Czernowitz, elle liquide sur liste préparée plus de 1.200 personnes "ennemis du peuple et de la révolution", en un jour. Les méthodes qui sont connues depuis Katyn ont été employées de la même façon en Ukraine où toutes les élites ont été liquidées dans la partie annexée selon des plans préparés.

La population d'origine allemande est renvoyée chez Hitler. Elle représentait une partie importante et historique du peuplement de l'ouest de l'Ukraine. Elle est réinstallée de force pazr les Nazis dans la partie de la Pologne annexée par l'Allemagne, dans le cadre du partage de l'accord soviéto-nazi. Les Roumains , majoritaires en Bucovine, sont réprimés et déportés. La communauté juive, très présente dans de nombreuses villes de l'est ukrainien, se divise entre les industriels et les commerçants dépossédés dont beaucoup émigrent notamment aux Etats-Unis, une partie de la jeunesse qui fait fond sur la révolution et cherche à devenir des cadres du nouveau régime et les traditionnalistes qui cherchent à conserver leur vie dans les Shetl  ou à partir vers quelque Israël, qu'il s'agisse de la terre de Sion ou du Birobidjan.

L'opération Barbarossa va accroître les crimes immenses que subit sans cesse la région depuis 1917. Les quelques nationalistes qui ont cru qu'il serait possible de récréer une Ukraine indépendante dans les wagons nazis sont immédiatement déniaisés. Ils sont fusillés et rejoignent dans le charnier de Babi-Yar la population juive du Podl de Kiev et les pauvres enfants handicapés des hôpitaux de la région. Il est exact qu'une partie de la population ukrainienne a considéré que le génocide de 32-33 a été commis majoritairement par des juifs arrivés au pouvoir avec la révolution socialiste. Un sentiment antisémite extrême s'ajoute au ressentiment national  et à la tradition antisémite à base religieuse qui couve depuis la fin du XVIIème. Hitler et les Ersatz-gruppen trouveront sans difficulté de la main d'œuvre locale pour exécuter les basses œuvres. Souvent ce sont les exécuteurs soviétiques qui se sont reconvertis à ces tâches.

Hitler, comme Staline, considère que l'Ukraine est une terre d'expansion dont la population n'a d'autre vocation que celle d'esclave des nouveaux seigneurs teutoniques. L'Ukraine est le "pot de chambre de l'Europe", comme l'écrit un diplomate allemand. Elle est peuplée de sous-hommes qui doivent être exploités comme des esclaves et qui vont l'être.

Par chance, la fin des "territoires réservés", qui fixait la population juive, a permis aux juifs ukrainiens de se répandre un peu partout dans l'Union soviétique. Beaucoup ont quitté le pays avant l'entrée des Nazis. Heureusement, car ceux qui restent sont impitoyablement déportés dans des camps ou exécutés.

A Cernauti, le retour des roumains persécutés se traduit par une répression féroce de la population juive considérée comme complice des soviétiques et accusée d'avoir fourni les listes de personnes à exécuter. La répression est si féroce qu'à Cernauti il ne reste plus que deux médecins juifs, un accoucheur et un dentiste. Les Nazis ne sont pas là. Ils ont laissé faire les Roumains.

Inutile de dire qu'il y aura un retour de bâton tragique contre les Roumains  lorsque les soviétiques chasseront les Nazis et réoccuperont  la Bukovine. 

Que l'on considère un instant  la situation de la Bukovine nord. Jusqu'en 39, elle est composée de Juifs, d'Allemands et de Roumains, à 90%.  En 1945, il ne reste plus d'Allemands. Relocalisés en Pologne, Hitler refusera les moyens de les faire fuir lors de l'offensive soviétique. Ils seront impitoyablement liquidés par les Polonais et les Soviétiques. Les Juifs ont disparu. Les Roumains sont morts ou en fuite vers la Roumanie. Ils continueront à se battre jusqu'à ce que la Roumanie tombe sous la botte soviétique.

100% de nettoyage ethnique en Bukovine. Un remplacement total de la population ! L'abjection à l'état pur, au nom, alternativement,  du "socialisme réalisé" ou du "national socialisme".  

Staline s'occupe spécialement de l'Ukraine. Il a largement remplacé les paysans ukrainiens morts de faim par des paysans émigrés russes dans les provinces de l'est.  Il profite de l'invasion nazie pour détruire Kiev et Odessa. Ces épisodes ne sont pas connus en Occident, où l'occultation est totale.

Staline fait miner la plus grande rue de Kiev, l'avenue Kreshchatik.

Le prétexte est la lutte contre l'envahisseur. Mais ce n'est qu'un prétexte. Pourquoi sinon miner aussi la Laure de Petcheck haut lieu de l'orthodoxie ukrainienne et de l'histoire du pays où les armées allemandes ne sont pas installées ?

Staline veut profiter des évènements pour abaisser Kiev et conserver à la seule Moscou le prestige du passé.

Imaginons qu'on ait, à Paris, dans le même mouvement, miné entièrement les Champs Elysées et le Bd Saint Germain, plus la Sorbonne pour faire bonne mesure !  

L'explosion est infernale. La ville de Kiev est détruite. Des dizaines de bâtiments explosent. Des centaines d'autres brûlent. Jamais il ne sera possible de faire le décompte des victimes.  La destruction étant classée parmi les actes "héroïques", on ne compte pas. Les estimations vont de 20.000 à 60.000 victimes ukrainiennes, passées par pertes et profits. L'histoire recommence à Odessa avec des résultats moindres mais définitifs sur la qualité architecturale de la ville.

Les troupes allemandes sont-elles réellement touchées ? Oui. Quelques milliers de soldats sont tués ou blessés dans les explosions. A Kiev et à Odessa, les destructions sont mises sur le compte des commissaires politiques juifs et justifient le massacre de la communauté juive résiduelle. A Kiev le Podl est vidé de ses habitants juifs qui sont exécutés dans la fosse de Babi-Yar. Les nazis prennent des photos et font des décomptes précis. On sait exactement combien de victimes ont été exécutées. Un peu plus de 30.000 personnes à Kiev.  

L'Ukraine est mise en coupe réglée par les Nazis, après les Soviétiques. Ils s'empressent de conserver l'agriculture collectivisée. Ils n'arriveront pas plus que les soviétiques, à en faire des usines à blé. La population est réquisitionnée et envoyée un peu partout en Europe sur les chantiers du Grand Reich. L'organisation Todt les utilisera notamment pour construire le "mur de l'atlantique" en France.

La guerre finira par tuer à nouveau près de 2.000.000 d'Ukrainiens. Le retour de la dictature soviétique s'accompagne d'une nouvelle épuration farouche et finit à nouveau par une famine désastreuse  (près de 700.000 morts en 1947).

Staline accroit le drame des Juifs en pratiquant une nouvelle épuration, à la suite de l'option américaine prise par Israël.  Ceux qui ont fui l'invasion nazie essaient de retrouver leurs appartements en Ukraine. Ils n'y arriveront pas.

La mort de Staline allège à peine le fardeau soviétique en Ukraine qui n'est qu'une colonie tenue en main par les autorités de Moscou, et cette main est de fer.

On comprend que lorsque l'URSS s'effondre l'Ukraine soit un des premiers pays à déclarer son indépendance, le 24 août 1991.

L'Ukraine n'est décidemment pas une région russe, même si les historiens français et plus largement européens, souvent marxistes ou sous influence marxiste, ont choisi de ne pas séparer l'histoire russe et l'histoire ukrainienne. Ils ont passé sous silence l'histoire abominable de l'Ukraine au XXème siècle. On connait Babi Yar en France mais qui connait le sinistre charnier de Bikivnia dans la banlieue de Kiev ? Qui connait celui de Vynitssia ? Et tant d'autres.

Bien entendu, après tant de massacres et tant de mouvements de population, la situation intérieure ukrainienne est d'une extrême complexité. La région de Lviv n'a à peu près rien à voir avec celle de Kharkov. La Crimée est une  dépendance russe plus qu'Ukrainienne. On parle le russe à l'est. On parle l'ukrainien à l'ouest. La décomposition du soviétisme s'est faite en Ukraine comme partout ailleurs : des groupes parfois mafieux se sont emparés en même temps des richesses nationales et du pouvoir politique.  Les mafias locales guignent le pouvoir parce que seul le pouvoir central permet de capter les richesses naturelles du pays.  Il n'y a pas encore d'état de droit en Ukraine.

Il ne faut pas croire que Ioula Timoshenko soit d'une essence très différente de celle de l'actuel président Ianoukovitch. Ce sont tous des polichinelles aux mains d'oligarques animant  des mafias locales.

Le mouvement Orange  a échoué parce qu'il n'était pas lui-même totalement en ligne avec les principes qui ont conduit l'Occident à le soutenir.

L'Ukraine actuelle est souvent décourageante pour les occidentaux en mal de voir la démocratie s'épanouir dans ce pays martyrisé.

Un exemple, retenu lors de ma visite à Kiev : la gestion de la redevance des bateaux touristiques allait à un organisme dépendant du Parti Communiste. Un clan a voulu s'assurer de cette ressource. Il a fait déclarer dangereux les quais et a expulsé tout le monde. Pour revenir il fallait payer mais à ce clan là. Bravo pour l'état de droit !  

Entreprendre est très difficile en Ukraine compte tenu de l'insécurité juridique et administrative, même s'il y a quelques belles réussites.

Le pays n'a toujours pas réglé la question de la propriété de la terre.  Des droits d'exploitation sont  concédés soit à l'état soit aux régions soient aux paysans qui louent les terres à des exploitants souvent étrangers.  

Les Ukrainiens, eux, en ont par-dessus la tête des commémorations et des conflits. Ils veulent sortir de la pauvreté et sont près à tout pour cela.

Les oligarques ukrainiens vivent à la fois en symbiose avec les anciens colonisateurs russes, et en s'en méfiant terriblement. Ils savent que si l'URSS remet la main sur l'Ukraine ce sont les mafias russes qui reprendront le pouvoir économique. Pour en avoir rencontré un certain nombre, la chanson qu'ils chantent est toujours la même : "De bonnes relations avec la Russie oui, mais si l'Otan pouvait être là ce serait pas mal".   

La gestion économique globale est évidemment désastreuse. L'Etat est aux mains de clans qui sont là pour réussir et vite. Le nombre de millionnaires au Parlement (Rada) est une fable qui ne fait pas rire. Etre émissaire du FMI pour l'Ukraine est tout sauf une sinécure.

Est-ce une raison pour que la France soit TOTALEMENT hors du coup en Ukraine ? On laisse à nouveau ce territoire sous les influences croisées de la Russie et de l'Allemagne dont le bilan passé pour la nation ukrainienne est particulièrement lourd. Compte tenu des  massacres insensés commis par ces deux pays en Ukraine, sont-ils réellement les mieux placés pour conduire la politique dans la région ?

La France n'a-t-elle réellement aucun rôle à y jouer ?

L'Europe a commis une erreur grossière lorsque son Parlement a refusé de reconnaître Holodomor pour ce qu'il est, un génocide, comme l'avait expliqué l'inventeur du concept de génocide lui-même,le juriste polonais Lemkin.  Qui savait en France, lors des élections européennes,  que ses mandants allaient se comporter en négationniste ou révisionniste, comme on voudra ? Personne n'a évoqué la question du génocide ukrainien  ni avant, ni pendant, ni après les élections européennes. En niant le génocide, il s'agissait à la fois d'empêcher que le socialisme porte la responsabilité d'un génocide, au même titre que le national socialisme et de ménager la Russie. On retrouve les réflexes du début des années trente. Cachons ces massacres que nous ne serions voir !

Avoir laissé à la Commission, à Mme Ashton et à M. Rompuy  la tâche exclusive des rapports avec l'Ukraine était une énorme erreur. Lorsqu'on met des nains au milieu des géants, il est rare qu'ils gagnent. Poutine a triomphé sans gloire ni mérite contre d'obscurs bureaucrates européens.

L'Ukraine a vocation a entrer dans l'Union Européenne et il faut tout faire pour cela. Ce n'est pas le glacis occidental de l'empire russe. C'est une partie intégrante de l'Europe.  La CEI est un piège mortel pour l'Ukraine.

Bien sûr, les dirigeants actuels de l'Ukraine ne sont pas  particulièrement attrayants. Bien sûr le traitement infligé à l'égérie de la révolution Orange est regrettable. Bien sûr la gestion générale de l'Ukraine est un désastre.

Mais il est géopolitiquement indispensable d'arrimer l'Ukraine à l'Europe et de lui permettre un développement synchronisé au notre. Nous avons besoin de l'Ukraine. Elle a besoin de nous.

On ne peut pas rester sur l'échec actuel.

La France ne peut pas non plus continuer à s'en laver les mains, ni continuer à y être considérée, comme en Pologne, comme le dernier pays marxiste avec la Corée du Nord.  

Son avenir se joue plus dans les steppes ukrainiennes que dans ses anciennes colonies.

Il y a Lviv, à Cernivtsi (ex Cernauti, ex Czernowitz), à Kiev, de nombreux intellectuels qui comptent sur la France, pays des droits de l'homme, et qui s'étonnent de son absence quasiment totale.  Nos industries ont autant de débouchés potentiels en Ukraine qu'en Pologne ou en Roumanie.

Laisser totalement à l'Europe supra-nationale le destin de l'extension de l'Union pose problème. L'échec ukrainien se conjugue avec la volonté européenne, sous pression américaine, de faire entrer la Turquie dans l'Union Européenne, ce que littéralement personne ne veut. L'Europe n'a pas besoin de la Turquie.

On marche sur la tête.

Un changement majeur de la politique et de la diplomatie française est nécessaire.

Dans l'affaire ukrainienne, la passivité est un contresens économique et politique majeur.      

Paul Krugman : brutale arrivée au "terminal des prétentieux" !

Alors que le mort de Lautner remet en pleine lumière la farce des "Tontons flingueurs", film dont le titre initial était "le terminal des prétentieux", il est amusant de porter son attention sur le combat de coqs qui oppose Paul Krugman et un certain Niall Ferguson.

Niall Ferguson est un historien anglais de l'économie, spécialisée dans la finance. Il a écrit un texte fort critique sur la politique économique d'Obama. Pauf Krugman qui au NYT représente la tendance keynésienne anti-"Republicains" l'a vertement remis à sa place. En retour, Ferguson a commis une étude au vitriol en reprenant "post mortem" tous les textes de Paul Krugman et prouvant qu'il avait annoncé n'importe quoi et concluant que, vu le florilège de sottises et d'erreurs, la voix de Krugman n'avait aucune autorité et ne devait pas être écoutée.

Pourquoi entrer dans cette querelle ?  La raison est simple : les difficultés proviennent principalement d'un système de changes flottants et de domination assumée du Dollar roi, et donc pour une large part des Etats-Unis. Essayez de percevoir dans le champ du débat anglo-saxon, les éléments d'une prise de conscience, est un exercice nécessaire, même si les résultats sont consternants.

Bien sûr nous n'avons rien à faire du débat droite-gauche,  façon locale : je suis démocrate assumé et keynésien, je supporte Obama ; J'ai une vision un peu plus responsable de l'économie, je suis plus pour une nouvelle  sagesse américaine en matière de déficits. Donc je suis Bushiste. Le débat droite gauche américain est aussi pauvre que le débat droite-gauche français. Savoir qui est le vilain canard ne peut séduire qu'un vilain canard qui veut se voir en gentil canard.

Une des vraies questions est celle de savoir si Paul Krugman a bien vu venir la crise de 2007 puis l'éclatement de 2008. La réponse est non. Comme Stiglitz, Krugman prétend avoir tout compris d'avance parce qu'il était critique vis-à-vis des politiques économique républicaines. "Comme j'étais contre, j'étais nécessairement dans le vrai puisqu'il y a eu la crise".

En vérité ni l'un ni l'autre n'a vu venir quoi que ce soit. Il aurait fallu pour cela qu'ils aient une clé d'interprétation et qu'ils aient essayé de l'introduire en temps utile, c'est-à-dire avant la crise,  dans les mécanismes du réel.

Nous-mêmes avions fait l'effort de développer ces outils. Ils étaient basés sur deux constatations. La première était la réalité du cycle décennal. Depuis la révolution industrielle, un cycle de huit dix ans du crédit impose une succession des corrections légères et lourdes. La seconde était le mécanisme de double pyramide de crédit permis par les défauts du système monétaire international basé sur les changes flottants  et qui avait provoqué la montée du taux d'endettement global de moins de 200% à plus de 400% du PIB dans la totalité des pays de l'OCDE.

La superposition de ces deux analyses permettaient de voir que les crises périodiques étaient de plus en plus graves, alors que le trend s'affaiblissait continument. Cette clef d'interprétation  nous avait permis de contester l'idée de Maurice Allais que la crise de 97-98 était la grande crise qu'il craignait. Pour nous il s'agissait d'une simple crise des changes flottants, avec repli massif des capitaux flottants vers les Etats-Unis, laissant les pays émergents dans une grave crise de liquidité. Nous pensions que la crise décennale se déclencherait début 2000 et qu'elle serait plutôt "légère". Ce qui fut le cas.  Cette même clé d'interprétation nous a conduit a annoncer une crise très grave lors du quinquennat de Sarkozy, cette annonce étant faite publiquement sur le site du Monde (où une partie est encore lisible) et envoyée à M. Guaino et aux équipes du candidat. Sans réponse naturellement. Nous l'attendions pour 2009. A l'été 2007, nous avons compris que la crise du marché interbancaire impliquait un effondrement du système bancaire plus précoce et nous l'avons prévu pour septembre 2008 !

A partir du moment où les banques fonctionnaient sur un système de dettes pyramidales dépassant quatre fois la réalité de la production, en cas de blocage du marché interbancaire, qui avait été la base de nombreux refinancements spéculatifs, la crise décennale ne pouvait qu' être catastrophique. Nous avons annoncé une crise de type 1992-93 mais fortement aggravée par les en-cours monstrueux de dettes qui s'étaient accumulés depuis.     

On peut contester cette analyse. Certains économistes récusent la notion de cycle de huit dix ans. D'autres considèrent que les dettes sont toujours la contrepartie d'un actif et donc que leur niveau n'a pas d'importance. Nous croyons qu'ils ont tort et que notre clé d'interprétation fonctionne. C'est tout le débat de ce blog.

En revanche où sont les outils d'interprétation  de Paul Krugman ou de son contradicteur ?

Nulle part. C'est la raison pour laquelle ils n'ont rien prévus et rien compris. Ni l'un ni l'autre.

Ils s'envoient des horions idéologiques ou posturaux comme on voudra mais ne donne aucune clé, aucune explication, aucune solution.

Paul Krugman a expliqué qu'il fallait sauver la finance avec les deux leviers traditionnels : lâcher tout à la banque centrale, avec recapitalisation des banques ruinées ; utiliser la dépense publique et les déficits pour relancer l'économie.  Il l'a demandé sans nuance, justifiant des déficits publics qui sont devenus rapidement ingérables dans les pays faibles.  Il refuse tout plan d'austérité, considérant qu'en matière de déficit il n'y a aucune limite.

Paradoxalement, il pensait que la zone Euro allait immédiatement disparaître, reprenant les thèses de son ennemi Milton Friedmann.  Elle n'a pas disparu. Il donne aujourd'hui un satisfecit à la gestion Hollande pour n'avoir en rien réduit la dépense publique et pour avoir augmenté massivement les impôts. C'est une position purement idéologique. Il ne connait rien de la situation française, de la perte de compétitivité des entreprises, de la démoralisation fiscale du pays, de l'étouffement provoqué par les mesures haineuses de l'automne 2012.

Son adversaire relève ces contradictions et ces erreurs de jugements autant que de prévisions.

De toute façon, sans système de pensée précis avec un relais fort par l'observation des faits, les avis d'idéologues prisonniers de leurs postures n'ont strictement aucun intérêt.

Ce que marque cette querelle, c'est que les Etats-Unis ne disposent pas d'un corpus économique assez solide pour permettre à leurs universités de sortir des ghettos idéologiques sur lesquels elles prospèrent.

On en reste de toute façon à : "ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour le monde et allez tous vous faire voir chez Plumeau pendant qu'on s'engueule entre Démocrates et républicains".  Un constat sinistre.  Presqu'aussi sinistre que la carence des économistes officiels français qui ne pensent qu'en terme marxiste de destruction du capitalisme par l'impôt, ou qu'en terme de  libéralisme folâtre qui évite toutes les questions difficiles.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Europe : la farce de la subsidiarité !

Après l'affaire des œufs, où une directive imbécile en provenance de l'Europe sur "les droits du cul de poule et du citoyen" a provoqué une pénurie d'œufs, une montée des importations des pays étrangers sans aucune législation sanitaire particulière et la faillite de plusieurs dizaines d'entreprises en Europe, avec l'envoi au chômage de plusieurs milliers de salariés, voici donc en majesté, le triplement de la TVA sur l'activité des manèges de poneys, imposé en plein délire fiscal général et lors que le rejet fiscal est à son maximum. Une activité déjà touchée par la crise est en grand danger de voir des milliers d'emplois s'envoler, en même temps que des dizaines de milliers d'enfants seront privés d'un passe temps aimé.

Sur quelle base l'Union Européenne se croit-elle autorisée à légiférer sur une activité sociale de sport loisir qui concerne des petits clubs de passionnés, où personne ne gagne réellement bien sa vie et où des petits clubs vivotent à la limite du dépôt de bilan depuis longtemps ?

La montée de la mode des clubs de poneys date du début des années 80. Elle s'est appuyée sur l'engouement des jeunes filles et des adolescentes qui ont envahi à plus de 90% ces activités. Ce passe temps est très riche en émotion mais n'est pas une activité de "petites filles riches".  L'accusation d'activité "bourgeoise" est une foutaise. La plupart des clubs sont tenus par d'anciens paysans qui ont reconvertis dans les zones de bords de mer ou de montagne, ou dans les champs pas trop loin des grandes villes, une exploitation qui ne donnait plus rien.  La plupart des propriétaires de ces clubs ne survivent que grâce à la revente de chevaux, lorsque l'occasion se présente. L'activité de club elle-même est peu rentable, sauf cas particuliers très rares. Il suffit qu'un animateur se décourage pour que l'affaire périclite aussitôt.  

Que dit la DIRECTIVE 2006/112/CE DU CONSEIL du 28 novembre 2006 :

"La réalisation de l'objectif de l'instauration d'un marché intérieur suppose l'application, dans les États membres, de législations relatives aux taxes sur le chiffre d'affaires ne faussant pas les conditions de concurrence et n'entravant pas la libre circulation des marchandises et des services."

 

Tel est l'exposé des motifs sur lequel se fonde  la Cour de justice européenne (CJCE) pour confirmer le bon droit de la Commission à imposer à la France un triplement d'impôt.

 

Tout est bidon dans le raisonnement suivi.

 

L'activité de cheval-loisir n'exporte ni n'importe quoique ce soit : c'est une activité de service, locale, à vocation sociale. On ne voit pas en quoi "les écuries de Saint Lunaire" causent un dommage quelconque en basse Valachie ni comment les gamines qui tournent en rond sur un manège de la basse Lozère, peuvent gêner qui se soit en Lotharingie.

En un mot cette activité n'a aucune importance en terme d'unification européenne, ne crée aucun dommage intra européen et fournit, marginalement du plaisir local à des enfants et des adolescents qui se moquent de l'Europe du grand marché  comme de l'an 40.

Pour faire avaler la pilule de la  pseudo "Constitution Européenne", les européistes avaient mis en avant le concept foireux de "subsidiarité". Il n'a y a aucune subsidiarité en Europe. Dès qu'un secteur est ouvert au champ communautaire, la Commission s'en empare intégralement et pousse son avantage jusqu'à la plus grande extension, en sachant bien que les juges de la CJCE lui donneront raison à tout coup.

En quoi un chat-fourré européen a plus de droit que le Parlement français de fixer les conditions fiscales d'une activité sociale de jeunesse-loisir ?  Complices de tous les "coups d'état" juridiques anti nationaux depuis des lustres, la CJCE n'est pas une cour de justice mais un levier européiste contre les nations européennes.    Gavés de prébendes à des niveaux auxquels ne peut rêver aucun membre d'un club hippique, ces satrapes sont pour l'essentiel exonérés d'impôts. On n'a jamais entendu personne exiger que désormais tous les personnels internationaux d'organismes de ce genre soient assujettis à l'impôt sans "niches fiscales" abusives !  Ils ont, il y a peu,  confirmé des hausses de salaires des fonctionnaires européens supérieures à 5%. Pourquoi se gêner ?

On dira : oui mais c'est le Parlement Européen et les Etats européens qui se sont permis d'accord sur la directive !  Cet argument n'a strictement aucune valeur.

Le Parlement européen est le prototype d'une fausse assemblée démocratique. D'abord les grands partis n'y envoient que leurs européistes. Ils sont là pour arracher aux Etats leurs responsabilités. "Vive l'Europe", "plus d'Europe", voilà le leitmotiv. Lors des élections européennes personne ne dit ce qui va se passer pendant la législature. Pas un mot ! D'ailleurs personne ne parle de ce qui s'est passé lors de la précédente. L'agenda des travaux du PE échappe totalement aux électeurs. Ils savent pour quelle étiquette ils votent, mais absolument pas pour quoi ils votent. Le contenu des textes ? Personne n'en parle jamais sauf au moment où la catastrophe de la mise en œuvre tombe sur la tête des victimes, des années plus tard.

Et les Etats, dira-t-on ? Ils ont leur mot à dire. C'est totalement faux. Allègre a vendu la mèche avec beaucoup de précision. Il a décrit comment lui et ses collègues de l'éducation nationale des différents pays étaient arrivés à élaborer un projet positif soutenu par tous. Le Commissaire "en charge" a déclaré qu'il n'en avait rien à battre et qu'il était seul maître de l'ordre du jour européen. Ce projet n'a jamais vu le jour. La Commission dans son domaine a, seule, l'initiative et s'est attribuée, seule, l'interprétation des traités, avec le soutien indéfectible de la CJCE.  Un Ministre national n'est rien contre un Commissaire. Ce dernier n'a de compte à rendre à personne, sinon à la "coupole européiste", sous influence américaine,  qui règne en mafia exigeante sur les nominations. Il a le temps pour lui.  Le Ministre finit toujours par céder "pour ne pas bloquer l'Europe" !

C'est comme cela que cinq ans , huit ans, ou dix ans plus tard les citoyens doivent avaler des pilules amères, sans que plus personne ne puisse rien pour eux. Tous les textes sont votés et cautionnés par la CJCE.  Quel est le ministre français  en cause ?  Va savoir. C'était il y a si longtemps !

Le Ministre Moscovici, longtemps européiste de service du PS, chante : c'est pas moi !

Alors qui ? L'évanescent Baroin ? Woerth ? Ou plus tôt encore Sarkozy, lorsqu'il était aux finances ?  

Comment ont voté les partis au Parlement ? Qui a été le porte parole en faveur du triplement de la TVA sur l'activité des chevaux de manège ? M. Bayrou dites-nous tout !  M. Copé dites-nous tout ! M. Hollande, dites-nous tout ! Tous aux abonnés absents. Les mesures se prennent  dans les rangs des regroupements européens sans que personne ne se sente le moins du monde responsable. L'électeur lui, n'est  même pas informé.

Il s'agit très clairement d'une fausse démocratie et d'une vraie dictature anti nationale. Dictature du détail ; dictature de la règle ; mais dictature tout de même puisque le souverain est entièrement marginalisé.  

Les activités de sport-loisir pour la jeunesse n'ont strictement rien à faire à l'échelon européen, qu'il s'agisse de musique, de sports, d'art,  ou d'activité d'éveils.  Il était parfaitement juste que ces activités, qui doivent concerner le maximum de monde et qui touchent d'abord des jeunes qui ne travaillent pas, ne soit pas surtaxées.

C'est le rôle de la représentation nationale d'affirmer : j'ai mon mot de législateur à dire la dessus et seuls les représentants élus de la nation peuvent en décider puisque cela n'interfère exactement en rien avec le reste de l'Europe.

Il faut réformer de fonds en comble le cadre européen et d'abord, ôter aux Commissaires le monopole d'initiative. Quand la CJCE, il faut en modifier totalement les statuts, fiscaliser ses membres et permettre un dissent national efficace lors de ses abus. L'affirmation de la supériorité du Conseil Constitutionnel sur les instances européennes, CJCE ou CDEH  est absolument indispensable.

Une Europe qui prive les Etats nations de leur pouvoir sans les exercer (comme pour la gestion des changes)  ou qui exerce des responsabilités d'états-nation par extension abusive de son pouvoir règlementaire dans des domaines où l'aspect communautaire est nul, va finir par être vomie par tous les européens. Mieux vaut une réforme démocratique qu'un rejet qui ferait disparaître le bébé avec l'eau du bain.  

Des idées qui font leur chemin ?

Comme chacun sait nous défendons ici trois explications de la crise et les solutions qui devraient être mises en œuvre :

- La crise du gonflement global des dettes des pays de l'OCDE au-delà de 400% est entièrement provoquée depuis 1971 par le système des changes flottants associés à la liberté totale des flux de capitaux, le pivot du système étant la double pyramide d'endettement théorisée par J. Rueff.

- La crise de l'Euro est entièrement dans l'utopie qu'il y a à créer une zone  de monnaie unique sans aucun organe de pilotage mais seulement deux normes. Des instruments essentiels de pilotage conjoncturel comme la politique du change ont été abandonnés sans raison. Une banque centrale autonome est incapable de sortir de la crise. L'absence de pilote conduit à des disparités intolérables et à des ajustements par la récession qui sont socialement intolérables.

- La crise française est entièrement due à son syndrome d'hyperfiscalité délirante qui fait que depuis maintenant des lustres les Français actifs paient en moyenne plus de 80% de leur revenu en impôts, et que la dépense publique correspond grosso modo à la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand, ce qui est une configuration structurellement intenable et qui a mis la France dans une situation presque désespérée lorsque la crise a éclaté en 2007.  

Ce diagnostic, formulé pour la première fois publiquement en 1997, n'a jamais été remis en cause.

A ces trois causes correspondent trois remèdes :

- Il faut mettre fin au système des changes flottants de monnaies administratives gérées de façon pseudo indépendante par des gnomes non élus et revenir à un système global coopératif, non fondé sur une monnaie nationale, qui exclut les grands déficits et les grands excédents, conformément aux règles définies après guerre, lorsque les leçons de la crise de 29 étaient encore chaudes. Les Etats doivent être à nouveau responsabilisés et les mouvements de capitaux à court terme doivent être contrôlés à cette fin autant que de besoin. Le FMI doit retrouver un rôle global et doit cesser d'être une institution sans objet qui travaille en contradiction avec ses statuts.

Nous avons souligné la faute inouïe du G.20 d'avoir écarté en novembre 2008 cette solution simple et efficace : les trente glorieuses ont montré qu'on pouvait éliminer un tas de dettes trop volumineux par la croissance coopérative.  On a préféré le chemin d'une relance débridée de la finance sans aucune réforme autre que de détail. 5 ans après, la crise est toujours là. La crise a été plus longue qu'en 1929 !

- La zone Euro a le choix.  Soit elle disparait et on revient au système sensé des changes fixes et ajustables avec unité de compte commune ; soit on crée ce que nous avons appelé un Chancelier de la zone Euro, supervisant les Trésors nationaux et la BCE. Cela suppose une construction démocratique renforcée que nous ne voyons pas dans le renforcement de la Commission, mais dans des organes ad hoc.  On s'est contenté d'un traité renforçant les normes, sans aucune option d'organisation. La zone Euro se porte mal et risque toujours gros 5 ans après le déclenchement de la crise.

- La France devait faire le choix de la production et de l'emploi privés en créant les conditions d'une économie entrepreneuriale renforcée. Il fallait supprimer l'ISF et faire rentrer l'argent qui avait fui à l'étranger (100 milliards d'Euros) et recréer les conditions d'une rentabilité des entreprises privées. Le transfert vers la TVA de l'essentiel des charges patronales était indispensable. En même temps il fallait réduire le champ des actions de l'Etat, spécialiser et réduire les institutions publiques, tout en se donnant des règles stables de construction des budgets à tous les étages. En particulier des normes auraient du être établies pour éviter les dérapages de dépenses et de prélèvements tels que ceux constatés à Paris.  Il fallait revenir au quarante heures et à la retraite à 65 ans. Seul le travail peut nous permettre de nous en sortir.

Malheureusement la Présidence Sarkozy n'a pas voulu voir venir la crise et a fait un plan de première année décalé par rapport aux nécessités. La suite a été une histoire de demi mesures et une gestion de la panique, finissant par une frénésie fiscale. La présidence Hollande est pire encore, le PS considérant qu'il doit profiter de la crise pour mener une politique de destruction sociale "définitive" absolument contraire aux besoins de la nation. On n'est même plus dans l'hystérie fiscale mais dans l'exaction et la destruction du pacte républicain, avec un début de révolte générale de la part des entreprenants.

Comme nous l'avons prédit l'absurde plan Hollande de l'automne 2012 a provoqué l'arrêt de l'économie française en 2013 avec un record de 40.000 faillites, 100.000 emplois perdus, le blocage du commerce et de la distribution, des baisses de 20 à 30%  dans la majorité des secteurs économiques, la fuite accélérée de milliers de ménages hors de France (100.000 depuis 2007), le gaspillage de l'épargne française, le non respect des objectifs sur lesquels la France s'était engagée, le gonflement de la dette à près de 100% du PIB, et deux fois la valeur ajoutée des entreprises et l'arrêt des transactions immobilières et de la construction. Naturellement aucune réforme permettant de réduire la dépense publique n'a été entreprise.  Le plan Hollande a sinistré le pays déjà durement frappé et a été à l'inverse exact des nécessités.

 

Sur ce fond désastreux, voit-on apparaître des fissures dans les blocs de certitude ou les habitudes de pensée acquises ?

Le drame qui se joue actuellement dans les pays dits émergents renforce le camp de ceux qui pensent que les changes flottants sont une mécanique suicidaire et incontrôlable. L'échec de la FED a sortir le pays de la crise montre bien que l'affaire n'est pas uniquement une question de banque centrale. La spéculation dirigée par les grandes banques américaines est partout revenue à des niveaux intolérables et dangereux et jouent contre la croissance mondiale.   

En quelques jours, un livre, une émission de télévision et un article ont bien montré que la source principale des difficultés actuelles est à chercher dans le grand tournant de 1971. On n'en est plus à l'explication par les subprimes et c'est un bien. Le seul inconvénient est que ces trois documents y voient essentiellement le début d'une finance débridée porteuse de tous les maux. Les mécanismes d'endettement croisés sont totalement ignorés. On retombe sur la condamnation de la vilaine finance sans compréhension des mécanismes globaux de la montée absurde de l'endettement global. Et naturellement, cette erreur ne permet aucune politique de sortie de crise.

ll n'y a donc pas de réel progrès dans l'idée qu'il faut mettre fin aux changes flottants. En revanche cette solution ne trouve plus de défenseur sur un plan purement intellectuel.

En Europe, plus personne ne nie les problèmes posés par la non gestion d'une zone de monnaie unique. Les excédents allemands commencent à faire mauvais genre.  Les fédérolâtres s'agitent en criant : il faut plus d'Europe. Mais les aspects techniques sont éludés. La question démocratique aussi. Tout le monde crie que l'Euro est trop fort, ce qui est vrai, notamment pour la France. Mais personne ne cherche à savoir qui est responsable du change de l'Euro. Normal, il n'y a  personne. 'idéologie des changes flottants s'établissant "librement" sur un marché parfait n'est pas remise en cause  dans les milieux européistes. On pleure donc des conséquences dont on chérit les causes. Comme d'habitude. L'impuissance et le déni de démocratie restent les deux mamelles du drame de la zone Euro.

Quant à la France, les évènements récents ont montré que le ras le bol fiscal devenait explosif. A-t-on pour autant renoncé au "vive l'impôt" qui est le leitmotiv de tous les énarques de gouvernement depuis des lustres ? Pas du tout. Le projet politicien de "grand soir fiscal" se place dans la même perspective démagogique perceptible depuis l'élection présidentielle : on va faire du tort aux riches pour calmer les autres. La reprise des idées folles de Picketty ne garantit rien d'autre qu'une nouvelle fuite  des entreprenants et une destruction quasiment définitive du système entrepreneurial français. On saccage la vie de boucs émissaires pour des raisons purement politiciennes sans aucun effet positif pour la nation.  1914 confirmera cette évolution délétère.  

Au final sur les trois fronts qui nous intéressent, on voit bien s'affirmer des "ça suffit comme cela", des "arrêtons ces sottises", des "cela ne peut pas marcher comme cela".  Plus personne ne croit qu'un approfondissement des changes flottants, qu'un surcroit de normes autour de l'Euro et qu'un surcroit d'impôts en France apporteront quelques solutions que ce soit. L'effondrement intellectuel qui est à la base des constructions délétères mises en place dans le monde l'Europe et la France est total et désormais irrattrapable.

Il n'y a plus d'avocats pour ces mauvaises causes. Mais il n'y en a pas non plus en situation d'influence pour construire un meilleur futur.

La politique du rat crevé au fil de l'eau continuera donc dans le monde, dans la zone Euro et en France.

Avec les résultats merveilleux que l'on constate depuis 5 ans.

2014 : septième année de crise avec aucune solution en vue.

Pour la France, c'est une décennie perdue qui s'annonce avec une véritable destruction du pays, probablement impossible à réparer tant la volonté rageuse de rendre définitives les destructions est forte au sommet de l'Etat.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des Economistes e-toile.

Voltaire et l'éco-taxe

Extrait de Dialogue IV entre un Ministre et un Contrôleur général des Finances

 

 "Charger de taxes dans ses propres états les denrées de son pays, d'une province à une autre ; rendre la Champagne ennemie de la Bourgogne, et la Guyenne de la Bretagne, c'est encore un abus honteux et ridicule"

 

Il nous manque, celui-là !

Le centenaire oublié

Un des aspects oubliés du centenaire de la grande guerre n’est pas le moins important : le système monétaire multimillénaire basé sur les métaux précieux a été abandonné sans espoir de retour.

Depuis nous vivons dans des variantes de systèmes de « fiat money », de monnaies de papier. Plusieurs formules ont été envisagées qui n’ont en fait jamais fonctionné totalement bien, même pendant la période Bretton-Woods.  Le système actuel de changes flottants est déplorable et destructeur.

Alors que nous avons surmonté beaucoup des maux, causes ou conséquences, de la Grande Guerre, nous avons perdu 100 ans sur le front monétaire international.  

Curieusement personne n’en a parlé.

Un symptôme et un début d’explication de cette carence extravagante.

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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