Bêtise et sottises

La bêtise est la chose au monde la mieux partagée, comme chacun sait. Elle demande un petit effort de définition. Le concept dérive de l'observation de comportements dont les résultats sont négatifs, et de qui supporte les mauvaises conséquences.

Vous pouvez prendre des décisions

- qui vous font du mal mais qui ne nuisent à personne d'autre.  C'est le crétinisme.

- qui font mal aux autres et qui vous font du bien. C'est la délinquance

- qui font mal aux autres sans vous faire du bien : C'est la malveillance.

- qui vous font du mal et du mal aux autres. C'est la vraie bêtise.

La question qui se pose aujourd'hui est de savoir dans quelle case placer la politique suivie par M. Hollande.

Difficile de ne pas remarquer que pratiquement toutes les mesures prises depuis un an entrent peu ou prou dans l'une ou l'autre de ces cases, avec une nette prédilection pour la dernière.

Juste pour clarifier les choses avec des cas concrets :

- L'affaire Cahuzac est l'exemple parfait de crétinisme (mettre un fraudeur fiscal  à la tête de la lutte contre la fraude fiscale  restera dans l'histoire)  .

- L'affaire Depardieu  est un cas de délinquance (injure publique… pour tenter d'exploiter politiquement  un bouc émissaire récalcitrant)

- L'imposition à plus de 100% de 8000 Français est de la malveillance pure, comme les 75% (gain national  ridicule pour la collectivité, conséquences majeures pour les intéressés; la bonne règle est de faire l'inverse : minimum de peine pour les contribuables maximum de résultats pour la nation).

- Casser l'économie pour faire grimper le chômage me parait exemplaire  de la dernière catégorie. Dans le cas des Verts, à qui il fallait réserver un peu place dans le palmarès : Bloquer les loyers avec tous les effets pervers connus  est pas mal non plus dans le genre.  

Quelles sont par ailleurs les sottises les plus manifestes que l'on entend aujourd'hui ? Le Palmarès est difficile tant les propos candidats sont nombreux.

- La crise a été provoquée par les subprimes

- Les énergies vertes étant plus coûteuses, elles créeront de l'emploi

- La réforme des régime spéciaux a été faite. Circulez il n'y a plus rien à voir

- Les déficits américains et les excédents chinois sont un bienfait pour le monde

- Les pays émergents tireront l'Europe de sa léthargie

- Le day-trading informatisé est excellent car il crée de la liquidité sur les marchés

- Delanoë n'a pas augmenté les impôts à Paris

- La crise financière est terminée

- La crise de l'Euro est terminée

- Hollande a un cap et un plan mais ils sont  si subtils qu'il faut beaucoup de finesse  pour les percevoir.

La France est mal arrivée

François Hollande croit dur comme fer qu’il a « apaisé et pacifié » la société française. La gauche intellectuelle socialiste et son bruit de fond médiatique partagent cette foi, ou le font croire. Cette aberration est un des aspects les plus étonnants de la situation morale détestable qui sévit en France aujourd’hui.  Curieux pacificateur que ce président qui, à peine élu, parvient à mobiliser la défiance de  77% des Français et rassembler des foules immenses dans la rue contre ses projets. L’écart est si grand entre la prétention affichée et son résultat social qu’il devient un sujet de réflexion intéressant.  Comment peut-on se tromper à ce point là ?

L’explication simpliste insiste sur la faiblesse insigne de François Hollande, faisant du président actuel de la France soit un incapable notoire qui n’a jamais travaillé, soit un petit malin hâbleur qui a toujours tout embrouillé  à son profit, soit un rigolo désinvolte  s’amusant à faire carrière sans trop s’inquiéter des moyens ni des fins.  Il est vrai que sa prestation comme conseiller à la Cour des Comptes aura confiné à l’inexistence absolue et que celle de premier secrétaire du PS n’a pas laissé que de bons souvenirs.  Ce fut un Président de Conseil général dispendieux  qui a laissé son canton dans les affres d’une dette excessive. Il a rassemblé autour de lui et au gouvernement une bande d’ambitieux d’une homogénéité dans la nullité tout à fait saisissante et envoyé au parlement des militants grossiers et arrogants, pourris de certitude et nourris d’idéologie délétère.   

La première mesure de ce groupe dirigeant fantomatique sera d’imposer, au milieu d’un concert d’injures,  un coup de gourdin fiscal tellement massif à la France qui travaille, qu’il tuera en un seul coup et l’envie et les moyens d’investir et de recruter. Un an après, le niveau de vie a baissé et le nombre de chômeurs a grimpé de 300.000 pour la catégorie A, dépassant pour la première fois dans l’histoire du pays les 5 millions pour l’ensemble des catégories de chômeurs.  Aucun des objectifs annoncés n’a été tenu. 30.000 Français sont partis à l’étranger ou en train de s’y préparer. Il faut dire que 8.200 Français ont vu leur imposition les priver de la totalité de leur revenu. Et parfois beaucoup plus.  Des centaines de faillites jettent chaque jour des milliers de salariés à rue. Chaque jour.

Alors que des dizaines de livres et des centaines de rapport ont démontré que la France souffrait d’une bureaucratie  disproportionnée (deux fois plus de fonctionnaires que les Allemands par tête d’habitant, ce n’est tout de même pas invisible ni négligeable), François Hollande  n’a jamais voulu reconnaître le problème publiquement et depuis trois ans maintenant, deux ans de campagne et un an d’exercice du pouvoir, n’a jamais esquissé la moindre mesure pour faire face à ce drame qui pèse sur l’emploi et la compétitivité française, sans profit pour les grandes missions régaliennes. La police ne parvient plus à dominer la délinquance. La Justice est un ministère effondré, abandonné à des militants qui considèrent qu’être père d’une victime est l’occasion d’être gravement injurié. L’armée fonctionne avec des bouts de ficelle. L’éducation nationale ne permet même pas d’assurer le socle de l’instruction minimum. La santé publique est à l’encan. Ne parlons pas de notre diplomatie et de l’influence française à l’étranger.

Le pire est qu’aucune vraie mesure n’est envisagée pour faire face à cet amoncellement de difficultés  sinon de voler un maximum de Français sous les vivats d’une frange (fange) haineuse de la population dont même ce site porte les stigmates.  

Claude Allègre avait raison. Avec Hollande c’est toujours « oui, non, mais oui, mais non, mais bien sûr ». Sur les retraites du secteur public, honteusement avantageuses,  on entend : « il faudra que tout le monde s’y colle et il faut plus de justice », puis «  la réforme des retraites publiques a déjà été faite ». Il parait que c’est une méthode.

Il reste que F. Hollande a été élu. Il est donc en partie en résonnance avec l’électorat qui vote en France.   

Sur une radio pas particulièrement socialiste mais où les journalistes ne veulent pas passer pour honteusement de droite (une carrière est si vite brisée !), on donnait, le jour du bac, une interview d’une jeune fille qui n’avait pas eu le bac.  Toujours cette même idée qu’il ne faut pas exclure et que le bac finalement n’a aucune importance. L’élitisme, quelle catastrophe ! Pourquoi ne l’avez-vous pas passé ce bac ? « Parce que j’étais en révolte contre la société  ». Et qu’est devenue cette révoltée ? Fonctionnaire catégorie B. Félicitations générales. Quel parcours ! De révoltée à fonctionnaire, sans passer par le bac, quel encouragement pour tous ceux qui passent l’examen. Toute la presse a souligné combien ce bac était obsolète, coûteux, inutile. Maintenant on affirme que ce n’est même plus un instrument de promotion sociale.

On est passé de « toute une génération au bac », à «  toute une génération sacrifiée en fonctionnaires B ».

Les derniers glouglous de la contre-société post soixante-huitarde emplissent tout le bocal politicien et  médiatique.

On a voulu mettre fin à la répression et à l’exclusion.  On a entrepris de libérer l’enfant de la tyrannie des parents et des maîtres (et du Bac), l’épouse de la tyrannie du mari, l’adulte de la tyrannie du travail, l’homosexuel de la tyrannie des hétérosexuels, les minorités de la tyrannie de la majorité, le salarié de la tyrannie des patrons, le délinquant de la tyrannie de la société, le consommateur de la tyrannie du producteur, le malade de la tyrannie du scientisme médical, l’individu de la tyrannie de la collectivité, le citoyen de la tyrannie de la nation, de toutes les nations, et finalement on a voulu sauver la nature de la tyrannie des hommes.

Une quarantaine d’années après la France se découvre ruinée, chômeuse, endettée jusqu’au cou, sans industries, dévorée par une administration pléthorique, inculte, en proie à une délinquance incoercible, dépouillée de son indépendance par l’Europe et soumise à des forces étrangères qui s’exercent sans frein à son détriment. 

En parachevant le travail de destruction des derniers vestiges « du monde bourgeois », Hollande croit avoir fait œuvre historique. Il ne fait que prouver qu’une anti-société de Bisounours n’est pas une société. Une civilisation n’atteint des objectifs de progrès qu’au prix d’un certain niveau de contraintes, de sélections et d’efforts.

Avec Hollande, la France est en train d’atteindre un niveau culturel et économique série B. Mais il n’est pas seul en cause. Les Français l’ont voulu. Ils l’ont eu.  Reste à savoir combien de temps ils se satisferont de cette désolante médiocrité.

Les Frac et les lois de Parkinson

Tout le monde connait les lois de Parkinson qui régissent l'accroissement continue des effectifs administratifs, même si l'objet du travail en question  a disparu.  

Il était parti d'un constat simple : les effectifs administratifs de l'Amirauté britannique avait cru notablement alors même que le tonnage géré avait été réduit des deux tiers. De même le département colonial qui ne comprenait que 372 personnes en 1932 au moment de la plus grande extension de l'Empire Britannique faisait travailler 1661 personnes quelques années après la fin de la colonisation.

Ses observations avaient montré que l'expansion administrative n'était pas liée à un besoin quelconque., légitime ou non, et à son évolution, mais à des forces internes qui agissaient d'une façon telle qu'on pouvait prévoir une croissance automatique des effectifs. Les études mathématiques ultérieures semblent avoir montré, par application de la formule x= (2Km+p)/n, que le taux de croissance se situait quelque part entre 5 et 6%, ou, pour simplifier encore, doubler tous les 15 ans.

Ces lois ont eu de nombreuses confirmations françaises. Le Ministère de l'agriculture voit ses effectifs augmenter indéfiniment alors que le nombre de paysans baissent chaque année.  Le Ministère des anciens combattants ne suit pas le diminution du nombre d'anciens combattants. L'EPAD, à la Défense est un autre magnifique exemple d'une administration qui a survécu à la disparition de son objet par mutation spontanée de son rôle.

Dès qu'on parle de restrictions de la dépense publique aussitôt mille voix s'élèvent contre le risque de diminution des policiers, des professeurs et des infirmières. Jamais  personnes ne pensent à ces dizaines de milliers de postes totalement inutiles qui  ont été créés que par la routine parkinsonnienne.

Nous avions déjà annoncé que la RGPP était une plaisanterie, car on ne peut pas "rationaliser" un phénomène qui est parfaitement scientifique et rationnel : la pression parkinsonnienne. La RGPP a été un échec. Les socialistes ont voulu  changer le nom de l'exercice en le modifiant au moins verbalement. Il sera tout aussi vain.   

Il ne faut pas rationnaliser. Il faut revenir à la source même de la politique publique menée et si elle n'est pas absolument nécessaire, il faut supprimer les services concernés. A la hache.  Sinon la volonté des cadres de multiplier leurs subordonnés (et pas leurs rivaux)  et leur capacité de se donner mutuellement du travail l'emporteront toujours.  Ajoutez le pouvoir syndical, et la règle qui veut que le travail occupe tout le temps qu'on veut bien lui accorder s'exprimera sans limite.

La curiosité du phénomène est qu'il est pratiquement insensible à la conjoncture. La crise la pire pourra bien frapper un pays sans que le petit monde protégé de l'administration publique ne se sente le moins du monde concerné. Au contraire il se mobilisera pour démontrer que son rôle est encore plus crucial que jamais et …exigera des hausses d'effectifs et de budgets

La confirmation des lois de Parkinson est particulièrement évidente lorsqu'on se penche sur ce cas admirablement symptomatique : les FRAC !  

Pour qu'un centre de dépense publique puisse inlassablement perdurer dans son être et dans se croissance budgétaire, il faut lui donner des objectifs tellement élevés que les remettre en cause serait du plus mauvais esprit. Bien sûr, des objectifs élevés on peut en trouver des millions. Le plus dure est de l'accrocher dans le décor budgétaire. Après,  cela va tout seul.

L'inénarrable Jack Lang, chargé de faire passer la culture de la nuit à la lumière en doublant le phare budgétaire, et en associant étroitement les cultureux subventionnés à l'électoralisme du PS, sera naturellement à l'origine du projet.  Arroser "l'art contemporain" d'une manne bienfaitrice, donc des artistes contemporains,  d'une recette sympathique, tel était le projet.  L'Etat se substituant à l'infâme bourgeois et aux condottiere allait montrer toute sa capacité à "créer un riche terreau de créateurs". Lla Genèse avec nous !

Qu'on était loin de Maurice Druon se moquant des pseudos artistes   faisant chanter l'Etat avec d'une main une grenade dégoupillée et l'autre une sébile ! L'argent allait couler à flot sans même qu'on menace qui que ce soit.

Pour éviter les complexités et rigidités des schémas publics traditionnels , les astucieux promoteurs choisirent la voie la plus simple : des associations, qui ont pratiquement le droit de tout faire sans aucun contrôle, alimentées de façon croisée par les Régions et  L'Etat.

La mode était à la "décentralisation culturelle". L'intérêt aussi. La régionalisation permettait d'obtenir tout de suite une vingtaine de sites et de mettre à l'abri les rigolos qui seraient nommés à la tête des nouveaux machins,  de la surveillance trop aigues des superviseurs parisiens.  Une association peut nommer directrice la femme d'un fonctionnaire dans le besoin ; pas une administration en règle. Ou le petit copain homosexuel d'un conservateur de musée bien implanté.  La souplesse procédurale et le statut d'association permettaient tous les abus. Qui irait jamais mettre le nez dans toutes ces planques ?

L'argent se mit à couler à flot. Les places se firent de plus en plus nombreuses.  Partout on investit  dans des installations coûteuses. Il fallait ce qu'il fallait pour l'ART. Interdit naturellement de concurrencer les musées. Attention : des gardiens du temple administratif de la culture veillait courageusement à éviter toute interférence avec leur boulot.

Au musée d'acheter les trésors immémoriaux de l'art, même contemporains.  Alors quelles acquisitions pour les Frac ? Euh ! Euh !  On trouva vite : ce n'était pas l'œuvre qui compterait mais l'artiste local. On lui permettrait de s'épanouir et de voir son œuvre connue et reconnue. N'était-ce pas là le rôle du privé : les galeries d'art ne sont pas fait pour les chiens ?  Les promoteurs  privés prennent le risque de leur sélection.  Elle rencontre ou non le succès. En quoi l'Etat devait-il mettre son nez dans ce marché fort actif en France ? Personne ne répondra jamais à cette question.  On achètera aux galeristes une partie de leur production : l'argent public suppléera  l'indifférence du public. Tout le monde serait content.

Tous les intérêts étant bien bordés de toute part, la machine se mit en route avec un indicateur de "succès" très particulier : le nombre d'œuvres acquises et le nombre d'auteurs aidés.

Dès 1986 on achetait 5.438 œuvres de 1327 artistes. on est aujourd'hui autour de 25.000 œuvres et de 4200 artistes. En trente ans, on a bien vu l'application presque mathématique de la loi de Parkinson du quadruplement.

En même temps que se constituait  cet invraisemblable fatras, les difficultés de stockage et de manipulation devenaient gigantesques.  Qu'en faire et comment le faire "vivre".  D'abord en multipliant les budgets et les subventions. Opportunément les Régions  ont multiplié les impôts. L'argent était là. On l'a dépensé sans compter et sans même chercher à savoir si on contribuait le moins du monde à la richesse artistique du pays.

Comment surtout juger de la valeur de ce stock imbécile ? Le seul moyen serait de le vendre. Mais là les galeristes ne sont pas d'accord.  Tout le marché de l'art contemporain en serait perturbé.  Quant à la mettre à la poubelle !  Pourquoi ne pas le restituer aux "artistes" qui ont tapiné avec les Frac  ?

Tout le monde le constate : la France n'a plus de grands artistes internationaux comme on en a connu pendant la majorité du XXème siècle.  Et ceux qui restent ne connaissent pas les Frac.  Lorsqu'on pose la question : citer 10 peintres Français contemporains importants, votre interlocuteur aura du mal à trouver deux noms.  De même que les budgets du ministère des colonies augmentait quand les colonies disparaissaient, le budget des Frac augmente alors que le nombre de peintres français célèbres diminuent, si on en croit les spécialistes.

Même la place de Paris, comme plateforme central  de l'art contemporain,  est en train de craquer.

 Les Frac ne connaissent pas la crise. Pensez : il faut fêter dignement les trente ans de l'institution. Des budgets énormes se sont donc déversés sur de multiples "évènements", avec des opérateurs publics comme la SNCF, les régions, les Centres d'art contemporains . On allait voir ce qu'on allait voir et surtout ce qu'il fallait voir.

On reste toujours ahuri par la nature de la prose de ces organismes.  Selon la règle parkinsonnienne qu'il faut qu'on décentralise avant de centraliser, pour coordonner bien sûr, les Fracs se sont unis autour d'un machin chose appelé "platform", un barbarisme en Français mais qui fait tendance.  Ce merveilleux texte nous dit tout :

"Structures légères et réactives, les FRAC sont résolument un dispositif d'aménagement culturel du territoire. Ils ont su répondre tant aux mutations de la création contemporaine et aux projets des artistes qu'aux attentes et besoins de chaque contexte régional en inventant des manières efficaces et uniques de «conquérir les territoires». Postulant dès le début des années 1980 une articulation entre le local et le global, signe distinctif d'une scène artistique mondialisée, les FRAC ont permis la constitution de collections singulières d'envergure internationale. Elles témoignent de leur activité artistique propre et aussi de celles des centres d'art et des musées avec qui les FRAC entretiennent des relations soutenues. En retour, leurs œuvres ont nourri les programmations de chacun et les regards de tous. Si les FRAC participent de l'écriture d'une histoire mondiale de l'art de ces trente dernières années, ces collections sont les premiers outils d'actions dans des établissements scolaires, universitaires, des communes rurales, des prisons ou encore des hôpitaux. En 30 ans, les 23 Fonds régionaux d'art contemporain ont acquis plus de 26  000 œuvres réalisées par 4 200 artistes (dont 56,5% français) et chaque année, l'ensemble de leurs projets (environ 600) atteint plus d'un million de personnes.

On notera le vocabulaire : "dispositif d'aménagement", "conquérant de territoire", "articulant le local et le global", nourriture du regard de chacun et de tous", "participant à l'écriture de l'histoire mondiale", "outils d'action".

Tout cela pour "atteindre" un million de personnes.

Ce verbiage ne correspond naturellement qu'à un exercice de narcissique intéressé.  Aucun critère de qualité dans tout cela. Seul la quantité compte et les ambitions politiquement correctes.

D'autre documents nous apprennent que des évolutions sont en cours pour 'atteindre les créateurs de la "diversité" et "mettre fin à la relative sous représentation des femmes".

L'Europe, l'international, les échanges avec les autres pays, sont  au cœur des nouveaux développements. Justifiant de nouveaux budgets. En même temps qu'on veut de nouveaux temples pour permettre  "aux masses" d'être "en contact"  avec les projets des principaux artistes contemporains exerçant en région,  et  l'évolution de leur projets, parfois très pointus".

Un projet est dit pointu quand il est totalement abscons et ridicule.  Faire acheter un échafaudage pour le montrer  quelques heures avant de le remballer et de le mettre "dans les collections", est une "approche pointue et événementielle" qui plairait beaucoup dans les prisons :" le prisonnier a le droit à la culture , quoi merde !"  (propos entendu lors d'une conférence dans un "évènement" Frac.)

Bref ! Tout un monde grouille dans le mépris le plus total du "bourgeois" avec de l'argent public dépensé sans contrôle à des fins incertaines et sans véritables résultats, sinon de faire vivre sans des cloportes, comme disait Alphonse Boudard, des copains et des coquins. La présence d'art ne serait être que strictement accidentelle et une coïncidence qu'on imagine heureuse (sans en être plus très sûr). A ajouter à ces amusants gestionnaires de Maison de la Culture qui voulaient supprimer la scène pour que la création des artistes de théâtre  ne soient pas gênés par le public (authentique).

La RGPP n'a évidemment pas touché les quelques milliers de braillards et de rigolos qui vivent de cette escroquerie. La Modernisation des politique Publique ne fera pas mieux. On ne va pas revenir aux ténèbres pré-djack. Fichons en l'air la politique familiale, dégommons les riches (tiens un de mes voisins déménage pour Genève pendant l'écriture de ce texte). Mais ne touchons pas au Frac.

Au fric-frac à coloration culturelle.

Laissons donc la parole aux triomphateurs de notre porte monnaie, qui font des jeunes Roms parisiens des amateurs un peu médiocrtes :

"Un anniversaire prospectif" (très bien ce prospectif !)

"Sous l'intitulé Les Pléiades, un titre en écho à l'idée de collection et d'un regroupement d'éléments autonomes lisibles par la force d'une même dynamique, cet anniversaire prend comme principe fondateur le regard des artistes sur les collections des FRAC. Cette référence stellaire et littéraire exprime l'unité dans la diversité qui est la nature profonde des FRAC."

Ah ce " regroupement d'éléments autonomes lisibles par la force d'une même dynamique" et cette "nature profonde" des Frac  . Edgar Faure aurait ajouté que l'indépendance des Frac dans leur interdépendance  était la garantie d'un succès pérenne. Mais il n'aurait pas su lire "des éléments autonomes".  Comme quoi même les experts les mieux cotés en verbiage amusant ne tiennent pas la route comparés à nos frac-tionnaires.

Et on voudrait des infirmières et des policiers !

Ce texte est un hommage à M. Moscovici qui a déclaré qu'en matière d'économie, désormais,  on avait atteint l'os, alors qu'on n'a même pas commencé à épousseter là où le gaspillage était le plus évident et qu'on n'envisage pas du tout de le faire.

Nous fêterons dans 30 ans un nouvel anniversaire des Frac, qui auront acheté 80.000 œuvres à 6.500 "artistes".  Mme Taubira aura sans doute vider les prisons mais la politique d'animation culturelle des Frac n'y aura pas cessé : on y aura surement des salles d'expositions permanentes, à côté de la salle de shoot.    Et pourquoi ne pas mettre en œuvre des Fdac, les fonds départementaux d'action culturelle ? Tout en créant un Fonds Européen  d'action culturelle avec des agences dans tous les pays du monde ?

Ce n'est pas un million de pauvres Français qu'il faut "atteindre" mais un milliard d'humains privés d'accès à la culture et aux tendances récentes des meilleurs créateurs.

 

PS : dites à l'agence de ménage de ne pas utiliser le seau peint en bleu  ni de laver la serpillière dégoutante  qui l'accompagne à l'entrée à gauche de la nouvelle salle d'exposition : c'est une acquisition qui doit atteindre son public et qu'on stockera dès que le nouveau palais sera fini de construire.  

Le démon du bien

Le démon du bien

 

Depuis le début de la crise nous prétendons qu’elle n’est pas le fruit de l’action de « vilains » mais plutôt d’erreurs globales commises par des élites animées par la recherche d’un bien supérieur. La durée de la crise et l’absence de vraies solutions proviennent justement de ce caractère très particulier : personne ne veut renoncer au bien !

Cette situation rappelle l’Union soviétique et ses politiques agricoles. Le système ne marchait pas. Mais il était parfaitement conforme à la doctrine considérée comme « indépassable » du socialisme agraire.  A chaque début de famine ou de disette, on criait aux nécessaires réformes et on en lançait une. Qui marchait parfaitement. Allait-on la généraliser ? Non ! Aussitôt les défenseurs de la bonne pensée socialiste veillaient et  interdisaient la prolongation de la réforme.

Nous avons proposé une explication de la crise en trois éléments :

-          Le système des changes flottants a provoqué une baisse tendancielle de la croissance mondiale, aggravé l’ampleur des crises décennales et finalement explosé. Le mécanisme principal est la montée délirante et généralisée de l’endettement global, du fait des doubles pyramides de crédits permises par ce système monétaire particulier et jamais décrit en bien par la doctrine jusqu’à sa mise en œuvre de facto sous la pression intéressée des Etats-Unis.

-          L’organisation de l’Euro, fondée uniquement sur une norme, sans aucun organe de pilotage, est un système fragile incapable de faire face à une crise autrement que par des déflations.

-          L’hyperfiscalité française, constamment aggravée, a progressivement paralysé l’économie marchande qui  souffre d’un manque à employer de près de 10 millions de salariés, permis une hypertrophie délirante du secteur public  et créer une situation insoluble où les prélèvements excédent la valeur ajoutée des entreprises.

Il n’est pas difficile de comprendre que la France, baignée dans la mondialisation financière basée sur les changes flottants,  membre fondamental de  la zone euro en déshérence et noyée dans son propre vomi fiscal, ne peut pas s’en sortir facilement.

Le premier choc fiscal, dû à  Sarkozy, doublé par le délire fiscal et les injures sociales de Hollande,  ont aggravé la cause spécifiquement française de nos malheurs économiques. L’année 2012 a vu un recul global de PIB, la baisse du pouvoir d’achat (par tête et global), la spoliation des entrepreneurs et des épargnants pour obtenir au final plusieurs centaines de milliers de chômeurs de plus,  avec en vue le record de chômage à plus de 11%, de très nombreuses faillites,  le  blocage de l’immobilier, et…un déficit public et un endettement public  aggravé.

Dirigée par un fils de famille aigri contre la bourgeoise et l’extrême droite de son enfance, haut fonctionnaire qui n’a jamais travaillé, ni dans la fonction publique ni ailleurs, qui a fait une carrière d’apparatchik malin  mais méprisé par tous ceux qui l’ont approché du fait de sa méthode qui consiste à toujours donner raison au dernier interlocuteur et d’éviter à tout prix de se faire coincer par l’énonciation d’une idée quelconque,  la France économique  a été abandonnée aux vaticinations et improvisions d’un professeur d’allemand et d’un professeur de maths.  Ces excellences de préau d’école n’ayant jamais vu une entreprise de leur vie ne pouvaient que prendre des décisions déplorables. Elles l’ont fait avec une incompétence à la hauteur de leur engagement socialiste.

Bien sûr, dans un moment de dépression économique, il faut à tout prix réduire les frais généraux de la nation et conforter autant qu’on peut le tissu des entreprises. 

Comment faire quand la classe gouvernante depuis 1974, l’énarchie compassionnelle, promeut l’idée généreuse, bien que controuvée, selon laquelle  seul le haut fonctionnaire voit juste et qu’il est seul  désintéressé, qu’il doit arbitrer la société,  qu’il faut crier en permanence « vive l’impôt » et que la dépense publique est le seul bien collectif qu’il faut à tout prix protéger, et ses servants avec ? Seule la séparation de la politique et de la haute fonction publique permettrait d’en sortir.  Cela supposerait deux mesures constitutionnelles évidentes :

-          Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’état

-          Nul ne peut être membre d’une assemblée ou d’un exécutif qui fixe sa propre rémunération.

Seulement voilà, il faudrait s’attaquer à un « démon du bien », comme disait Henri de Montherlant.  Et ce démon  tient les institutions politiques, l’Etat, la banque, et … la presse.

L’Europe de l’Euro a elle aussi ses démons du bien.  Ils suggèrent que l’Europe c’est la paix, que seul l’abaissement des Etats la permettra, qu’il faut mettre fin à toutes les barrières, à toutes les frontières et que l’individu européen, enfin libéré des contraintes artificielles mis à son bonheur et à son action par  les nations, pourra montrer toute sa fécondité.

Les Européistes ont considéré qu’il fallait créer  l’Euro sur une base purement contractuelle.  Que les sinistres moignons d’Etat fassent ce qu’on leur demande, à savoir conserver leur déficit dans la limite de 3% du PIB et l’endettement public en deçà de 60% du PIB et tout irait bien.  Jusque-là les Etats avaient des armes conjoncturelles, taux de change, politique monétaire et financière.  Dans le cadre de la zone Euro ces pouvoirs sont supprimés. La BCE n’a qu’un rôle vis-à-vis des prix qui doivent rester en deçà de 2%. L’objectif statutaire est unique.  Que se passe-t-il en cas de crise conjoncturelle mondiale ? Silence.  Que se passe-t-il en cas de distorsions internes ?  Silence.  On a mis la charrue avant les bœufs. Les bœufs ont naturellement piétiné la charrue qui ne marche plus.

On change ? Non. L’approche juridique et l’option européenne de principe sont des démons puissants. Tout cela a été fait (ou défait comme on voudra) pour la paix et le bien commun. Cela ne marche pas ? Tant pis ! On ne revient pas sur d’aussi beaux principes.

La dernière classe de démons du bien se trouve aux manettes de l’organisation monétaire internationale. Seuls les polémistes à courte vue peuvent prétendre que l’organisation qui a été mise en place est le fruit pourri d’une malveillance organisée.  Empêcher les Etats de venir gêner voire empêcher des relations économiques mondialisées par des contraintes abusives est un objectif défendable et même souhaitable.  La liberté n’est pas une contre-valeur.  Faire en sorte que chaque individu à travers le monde puisse aller et venir librement, s’établir librement, contracter librement,  au civil comme au commercial, acheter et vendre librement,  ce n’est que reconnaître un droit naturel de l’homme au monde. 

Construire un tel monde n’est pas une œuvre vaine et démoniaque.

Le diable une fois de plus n’est pas dans l’objectif mais dans les modalités.  L’organisation monétaire est  contingente. Ses modalités doivent être d’abord efficaces.  Pour servir une même fin,  une organisation peut s’avérer meilleure ou pire qu’une autre. Chercher la meilleure n’est pas  un exercice indifférent.

En voulant construire un système de libertés concrètes sur une organisation non coopérative, le monde occidental s’est trompé. Malheureusement les tenants de cette politique non coopérative et déséquilibrée assimilent l’organisation qu’ils ont choisie et les objectifs poursuivis.  Jupiter aveugle ceux qu’il veut perdre.

Le résultat est qu’il est impossible de mettre en cause le système des changes flottants qui est la base du G.20 et de toutes les relations internationales. Essayez, pour voir, de faire passer un texte qui remette en cause les changes flottants dans un cénacle international, dans un média qui se veut sérieux,  ou même auprès d’un éditeur : impossible !  Le tabou est trop fort.

Système monétaire malfaisant, système de l’Euro absurde, hyperfiscalisme français aberrant sont autant de montagnes impossibles à gravir car gardées par des démons du bien.

La crise entrera dans sa septième année en juillet 2013. Sept ans de malheur. Il est temps de jeter le miroir cassé de nos bonnes intentions  détournées de leur véritable finalité!  Les changes flottants ne sont pas la condition du  libéralisme économique international. L’Européisme aventuré n’est pas la condition de la construction européenne.   Le socialisme bureaucratique n’est pas la condition du social.

Il faut vaincre le démon du bien qui est en nous, même si l’enfer, c’est les autres, comme disait Sartre, un spécialiste.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.  

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

Association loi 1901

  
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