François Hollande : trois fautes qui augurent mal de la suite

Le nouveau budget est désormais connu dans ses grandes lignes. C'est le second de M. Hollande, compte tenu de l'énorme rectification budgétaire qu'il a effectuée en septembre 2012.

On en connait  aujourd'hui les résultats. Ils sont, sans surprise,  désastreux sur toute la ligne.

François Hollande a commis trois fautes lourdes vis-à-vis des Français et de la démocratie française.

La première est d'avoir expliqué en long et en large que les "riches" paieraient la crise et le redressement des comptes de la France. L'Economist s'inquiétait des dérives "démagogiques" que risquaient de stimuler la persistance de la stagnation économique en Europe.  Il pensait aux "populistes" de droite et de gauche.  Il n'est pas tellement glorieux de constater que la France est désormais dirigée par un président qui rentre dans cette catégorie.

George Pompidou, confronté à la crise de changes et de balances de paiements provoquée par les mesures "d'apaisement" de mai 1968, avait affirmé : "Tous ensemble, nous allons surmonter cette épreuve". En général, c'est la nation toute entière qui est mobilisée, pas une tranche stigmatisée ("je n'aime pas les riches") et frappée plus que proportionnellement au portefeuille. En envoyant M. Jean M.Ayrault, le très palichon professeur d'allemand, nommé pour son inexistence même, Premier d'une équipe de Ministres affolante de nullité,  expliquer "que neuf contribuables sur dix ne seront pas touchés" par les mesures fiscales prises, Hollande a pris ses distances avec le pacte républicain et  recherché un avantage politique de l'exploitation de boucs émissaires. Il a divisé le pays de façon détestable alors qu'il est chargé de l'unité nationale.

La deuxième faute est naturellement d'avoir menti sans vergogne.  Le monde signale qu'en 2013,  44% des Français ont vu leurs impôt sur le revenu augmenter, alors que des taxes nouvelles ou aggravées  se sont surajoutées en cascade (le même journal en avait dénombré plus de 80 entre Sarkozy et Hollande). Même des ménages à très faibles revenus sont devenus imposables avec pertes de l'exonération de toute la cascade d'autres impôts dont on dispense les non-imposables (la liste est longue).  Le nombre de ménages concernées s'évalue en… millions. Il faut dire que la non-prise en compte de l'inflation, la fin de diverses exonérations, comme celle portant sur les heures sup, l'intégration dans le revenu du produit de l'épargne, font nécessairement passer dans la frange taxable des nuées de contribuables.  Ce résultat n'étonnera pas ceux qui nous lisent. Nous l'avions annoncé il y a déjà un an. 

François Hollande est devenu pour les commentateurs "l'enfumeur", "l'homme qui ment dans les cimetières économiques", le "menteur compulsif", pour reprendre quelques phrases trouvées dans la presse.

La troisième faute est de n'avoir obtenu aucun résultat de ce déchaînement fiscal. La dette aura grimpé de 10% entre 91 et 94 et nous serons proches des 100% en 2015 ou 2016 !  On devait réduire l'impasse budgétaire à 3% ; on en est à plus de 4%. Au moindre accident sur les taux à dix ans et la France sombre.  Aucune réforme de structure n'a été faite. L'énormité de l'Etat Moloch n'a pas été réduite. Au contraire on a supprimé un grand nombre de mesures allant dans le bon sens tout en augmentant les effectifs globaux des différentes administrations.

Certains disent : "M. Hollande finit sa transition de candidat à président. Attendez la fin de la mue et vous verrez.  Sa première année a été terrible. C'était le prix de ses promesses électorales. Maintenant vous allez voir le "vrai" Hollande. Sa seconde année va être bien meilleure".

Ce que l'on voit est une attitude intolérante et intolérable de stigmatisation qui fera pincer le nez à ceux qui ont le goût de la démocratie et ne goûtent guère les "relents" que toute cette démagogie charrie.  Aucun autre pays réellement  démocratique ne s'est lancé dans une telle campagne de haine et de pillage fiscal ciblés.  Des milliers de Français paient plus de 100% d'impôts directs. Il faut avoir la haine chevillée au corps pour considérer cela comme normal.

Ce que l'on voit, c'est une incapacité à prendre la moindre mesure un minimum courageuse de restructuration de l'Etat-Moloch qui suce le sang du pays.

Ce que l'on voit c'est l'absence totale de résultats.

On espérait la compétence, après une malencontreuse singerie électorale. On a la com'. Et une pétaudière.  

Il faut revenir sur la "prestation" politique de F. Hollande devant le Medef. Formidable discours. "Je vais vous dire ce que vous pensez. Je vais vous décrire ce dont vous avez besoin". Au fil du discours, les réflexions allaient bon train : "Il a donc tout compris. Voilà un Président sur lequel on peut compter".  Jusqu'à la conclusion finale : "Je sais ce qu'il faut faire, mais je ne le ferai pas, parce que c'est politiquement impossible".

Il a  fait hier à Florange le même type de discours. "Je sais ce que vous voulez. Mais je ne le ferai pas, parce que c'est économiquement impossible".

Devant les écologistes, on recommence  :" Voilà le bien écologique auquel je pense et qui est aussi celui auquel vous aspirez. Mais je ne le ferai pas, parce que c'est politiquement et économiquement impossible".

A tous : "Je vous ai compris mais contentez vous des miettes d'action que j'ai entreprises et rongez votre frein en attendant des jours meilleurs".

Réaction d'un patron du CAC-40  : " Ce type est un impuissant qui rationalise ses pannes à répétition pour rassurer la belle".

Comme Allègre l'avait parfaitement annoncé, c'est " J'ai tout vu, tout connu, je t'embrouille" à tous les étages de la vie économique et politique du pays. "Je ne prends aucune mesure qui fâche vraiment ; je distribue la bonne parole à tous, en disant à l'un l'inverse de ce que je dis à l'autre ; je suis dans tous les camps à la fois. Tout pourrit mais, Moi-Je, Président du "n'importe quoi" et roi du "tout  pour ma pomme", je surnage, comme je surnageais en tant que Secrétaire du PS, en jouant les commentateurs amusés de ma propre habileté et de ma comédie politique. Un boulot de dingue, mais cela me fait bien rigoler ! Regarder le prestidigitateur : j'augmente les charges des entreprises et les étouffe par une augmentation des cotisations patronales et un nouvel impôt sur une nouvelle assiette. Mais je crie : vive l'industrie à tout bout de champ. J'augmente massivement les impôts sur les familles avec enfants, sur les retraités, sur les pauvres, tout en ruinant les "riches", et je leur parle de "pause fiscale", sans jamais m'expliquer sur la rationalité d'un pareil essorage. Comme c'est rigolo ! Quant aux Ministres, je les laisse dégoiser à leur guise. Qu'ils tirent la charrue à hue et à dia ! Qu'elle importance, puisque la charrue n'a pas de soc ? La seule chose qui m'importe est l'absence d'atteinte à ma personne. Avec les clans du PS, c'était déjà ma tactique".

Avec une telle "méthode" la Cinquième République est réduite à pire que la Quatrième : à un congrès de Rennes permanent.

Il ne faut rien attendre de la seconde année de François Hollande. Aucune réforme durable et utile, mais un abaissement général, politique, moral, économique.

Ce qu'il a révélé de sa personnalité laisse désormais craindre que cela soit comme cela pendant tout son quinquennat. On ne change pas un ego survolté qui a gagné l'élection suprême et qui ne s'intéresse plus qu'à lui-même, après avoir réduit la fonction présidentielle à sa taille, qui n'est pas grande.

Dommage. Dommages. Drames à venir.  

Dettes : requête à l'Insee, à Eurostat et au FMI

Le document affiché en bas de billet est une infographie du Figaro dont la source est la Deutsche bank. 

Merci et bravo au Figaro de l'avoir publiée.

Il montre l'évolution de la dette globale pour les pays du G7 de 2003 à 2012.

Première constatation : ce que nous n'arrêtons pas d'affirmer est confirmé. La dette globale, qui était inférieure à 100% en 1971 a progressivement explosé ses plafonds pour passer les 100, 150, 200, 250, 300, 400% et atteindre comme il est montré, en moyenne près de 440% du PIB.

Lorsque j'écrivais ma thèse de doctorat, on estimait qu'une dette d'Etat inférieure à 20%, une dette des particuliers inférieure à 25%, avec une part prudente pour l'immobilier, et une dette des entreprises non financières (plus de deux personnes) variant entre 30 et 50%, dans des économies où la valeur ajoutée des entreprises représenterait près de 75% du PIB, était raisonnable. La seule ambiguïté portait sur la dette de l'institut d'émission. Fallait-il l'ajouter ou non, en tout ou en partie,  à la dette globale, l'émission de monnaie banque centrale étant, comptablement,  une dette collective mais pouvant être considérée, avec l'abandon des monnaies métalliques, comme un fonds de roulement "technique" que l'on pouvait neutraliser dans les décomptes des dettes effectives : nul n'était besoin de la rembourser ! 

On peut se demander pourquoi cette évolution du taux de dettes globales est passée pratiquement inaperçue pendant des décennies, alors qu'elle représente une véritable révolution intellectuelle et économique. J'ai déjà présenté ce calcul élémentaire :

Si la dette est de 400% du PIB , avec un taux de 5% et une maturité moyenne de 10 ans, pour simplifier les calculs, l'amortissement  est de 40% du PIB et le versement des taux d'intérêt de 20%. Il faudrait donc que l'économie sorte 60% du PIB pour faire fonctionner un tel système à partir de la valeur ajoutée. Ce qui est impossible. Les banquiers ont cru pouvoir détourner cette impossibilité en  se remboursant nominalement sur les plus values de biens. Un banquier se moque d'être remboursé à partir d'une plus value ou de la vente d'une immobilisation, plutôt que d'un flux de revenu. Pas l'économiste.

Ce que montre le graphique, c'est qu'en moyenne les pays du G7 ont grimpé dans la folie des dettes jusqu'à l'explosion et qu'il n'ont réussi qu'à stabiliser le taux de dettes. Le graphique, ne montre ni le transfert des dettes vers les Etats ni le transfert vers les banques centrales.

Nous sommes toujours dans la situation intenable que nous avons matérialisée par l'image du "hanneton qui s'épuise à pousser devant lui sa boule de crottin".

La situation est plus simple pour les pays greffés sur la monnaie mondiale, comme les Etats-Unis qui en fournit 90% et le Royaume-Uni qui la fait tourner. L'explication des gros bénéfices des grosses banques mondiales est entièrement dans le fait qu'elles se sont débarassées du gros de leurs dettes et qu'elles continuent à fixer leurs honoraires sur une fraction démente du PIB des nations. La situation est dramatique pour les pays de la zone Euro,  contraints par l'absurdité du système de Maastricht qui a supprimé les possibilités d'action monétaire nationale sans transférer les mêmes moyens à l'échelon supérieur.

La grande question est de comprendre comment une évolution aussi néfaste et aussi massive que le gonflement gigantesque du taux de dettes a pu passer inaperçu et pourquoi les quelques lueurs qui ont percé le mur des ténèbres ont été considérées, par presque tous les économistes, sauf Maurice Allais, comme sans conséquences.

Une réponse est l'inadéquation des statistiques. Sur ce site, nous poussons à intervalle régulier un large cri d'alarme statistique et demandons à l'INSEE et aux medias, de remédier à des lacunes phénoménales.

- Nous souhaitons des séries longues, sur 50 ans minimum et sur 100 ans si possible. Pourquoi ? Parceque les évolutions étant incrémentales, elles ne prennent leur pleine expression que sur de longues plages de temps.  L'existence d'un cycle de 8-10 ans ne peux échapper à qui prend en compte l'évolution de la valeur ajoutée des entreprises depuis 1900 ! 

- Sur la dette globale la situation se double d'un probléme de définition. Quiconque s'est penché ne serait que trois minutes sur la question se rend compte qu'il est quasiment impossible de se faire une opinion fondée sur des informations solides. Tous les chiffres disponibles sont incompatibles entre eux. Les études sont faites, comme dans le cas de celle du Figaro, sur des enquêtes particulières dont la méthodologe est incertaine. Comparer les chiffres annoncées  par les uns et les autres, genre enquête Mckinsey, est IM-POS-SIBLE !

Dans le cas de la zone Euro le problème se corse du fait des dettes de la BCE ? Comment les réaffecter aux nations composantes ?

Le trouble est caractérisé quand on lit l'opuscule de l'INSEE sur l'économie française. Pour la première fois, l'édition 2013 donne des indications sur la dette relativement au PIB, alors qu'auparavant on donnait des chiffres sur des bases différentes : par exemple la dette des particuliers était rapportée au revenu disponible, pas au PIB, rendant les regroupements pénibles. 

Si on s'en tient aux chiffres données (particulier, état, entreprise), on reste dans des plages de dettes "acceptables" dont le total dépasse à peine 200%. D'où vient alors l'écart de 200% avec le chiffre de 440%  de la Deutsche Bank ?

Nous transmettons donc la supplique suivante à l'Insee (et par extension à Eurostat et au FMI)  : fournissez-nous une série longue recomposée au moins depuis 1945, donnant, sur une base normalisée, l'évolution de la dette globale française (européenne et mondiale pour les autres institutions).

Devraient  figurer EN TETE et en ENORME dès le début de l'opus sur l'économie française de l'INSEE, l'évolution des courbes suivantes :

- Valeur ajoutée des entreprises de plus de 1 personnes (en montant et en en pourcentage)

- Montant de la dépense publique

- Montant des prélèvements

- Montant de la dette globale et de ses principales composantes.

- part de la population globale  au travail

- ratio salarié des entreprises privées (hors associations et finance)/population totale ;

Dans la seconde qui suivra la lecture de ces courbes, le lecteur comprendra :

- que la crise de 2007-201x et sa dureté étaient entièrement prévisibles : télescopage de la crise décennale avec un encours de dettes intenables. C'est le moyen qui nous a servi à les prévoir dès Pâques 2006.

- que la montée du chômage est entièrement corrélée à celle de la dépense publique, avec ses deux compagnons prélèvements et dettes.

La crise de 1929 a permis de gros progrès statistiques. Il faut que la crise en cours provoque les mêmes progrès accompagnés d'une meilleure diffusion publique.

L'INSEE, malgré les pesanteurs politico-syndicales qui pèsent sur ses équipes (et qui était devenue évidente quand les syndicats ont exigé le renvoi d'un analyste qui niait l'effet bénéfique sur l'emploi des 35 heures), n'est ni au service de l'Etat, ni au service de la classe des fonctionnaires, ni au service du "peuple de gauche" ou de ses servants. Il est au service des citoyens et son monopole a pour contrepartie une diffusion neutre,  éclairée et éclairante. 

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

 

 

 

 

 

 

 

 



J.C. Trichet - Un article au Monde tellement révélateur

Jean-Claude Trichet catalyse à lui tout seul toutes les ambigüités de la période de crise que nous traversons.

L'article qu'il vient de donner au Monde (daté du lundi 16 septembre 2013) a cette particularité de dire, en même temps, tout et rien.

Le rôle du commentateur est évidemment d'aller creuser la partie occultée.

Première affirmation excellente :

- Les prémisses de la crise datent de la fin de l'année 2006. Rappelons qu'à cette date, nous avions indiqué dans notre bulletin de conjoncture un avis de grosse tempête. En juin 2006, nous avions annoncé une grosse crise décennale pour 2010 (et envoyé cette prévision aux équipes de N. Sarkozy tout en lançant un avertissement public sur le site du Monde.fr (où il est toujours possible d'en consulter une partie). En décembre nous l'avons avancé à 2009.  Pour quoi ? Parce que  l'indice des prix de vente de l'immobilier aux Etats-Unis venaient de connaître la première baisse de l'histoire contemporaine et qu'une extrême nervosité touchait tout le secteur des prêts interbancaires. les premiers stigmates d'une crise de liquidité se faisait jour. Il faut se rappeler qu'à cette époque le bas de bilan des banques montrait presqu'un tiers de prêts interbancaires. Fanny Mae et Freddy Mac avaient connu de solides difficultés dès 2003 et semblaient devoir en connaître d'autres. Certaines banques comme Citigroup donnaient des signes de panique pendant que Bear-Stearns tombait en faillite (masqué par un rachat qui allait plombé bientôt les comptes du repreneur). La crise de liquidité frappera à mi juillet 2007, lorsque les adjudications sur le marché interbancaire ne trouveront plus preneur et que de nombreux fonds censés être liquides cesseront de l'être. En même temps de déclenche le sauve-qui-peut sur le marché monétaire. De très nombreuses banques sont étranglées.

Cessons donc de parler de la crise de septembre 2008, en la datant de la faillite de Lehman-Brothers. Déjà Northern-Rock faisait face à une ruée sur les dépôts et les banques Islandaises étaient privées de liquidités. Dès le fin 2007 nous annoncions la crise "chaude", c'est-à-dire l'impossibilité de sauver le système bancaire avec les moyens de marché pour septembre 2008.

L'énorme paquets de dettes, flottant à une hauteur stratosphérique par rapport à l'économie commerciale, après s'être effrité, commençait à s'effondrer.  

- L'article décrit très bien l'effondrement du "château de cartes" qui suit le constat que plus aucune banque ne veut reprendre Lehman-Brothers, la reprise de Bear stearns ayant compris les compte de la banque qui avait repris ses "actifs" à bas coût.  Ce que ne dit pas notre auteur, c'est que le lundi même où la faillite de LB a été prononcée, AIG était lui-même en faillite et exigeait une recapitalisation surprise de près de 900 milliards de dollars ! Les CDS n'étaient pas fait pour les chiens. le risque bancaire n'avait pas été disséminé mais centralisé dans les sociétés d'assurances !

- JC Trichet indique que "27% du PIB en Europe était le risque explicite du contribuable". On voit l'énormité de la dette portée par les banques : usuellement on essaie de ne pas dépasser 1 à 2% de risque sur un portefeuille de crédits, plus ou moins conforté par le capital des banques. C'est la démesure des crédits par rapport au PIB qui explique l'énormité du risque pris. les contribuables ont déjà payer près de 10% de PIB pour éviter le naufrage des banques. Comme le dit l'auteur, la crise n'est pas fini. Le hanneton pousse toujours devant lui sa boule de crottin,  et s'épuise dans cet exercice. Nous-mêmes avions évalué entre 8 et 15 mille milliards de dollars l'encours mondial de prêts sans flux de trésorerie suffisants pour les amortir et payer les intérêts. Ces chiffres sont cohérents avec ceux de JC Trichet.

- L'article montre que pour sauver le monde d'une crise pire que 1929, dont le potentiel était donc là, il a fallu sortir de toutes les conventions et de toutes les règles. C'est bien la preuve que le système globalement, dans ses règles ne fonctionnait pas. Et personne ne le disait réellement sinon Maurice Allais qui s'est fait injurié et traité de vieux fou gâteux.  M. Trichet explique qu'il a manifesté son inquiétude. Mais cette attitude a été constante depuis 1984  date à laquelle il a commencé à jour les père la rigueur sans jamais dénoncer dans le concret ce qui n'allait pas.

- Dernier aspect positif : l'article montre bien que rien de décisif n'a été entrepris et qu'il faut aller plus loin "sinon la période présente n'aura servi qu'à préparer la prochaine crise". Comme nous ne faisons rien de sérieux, nous préparons en effet la prochaine crise.

Tel quel cet article apporte beaucoup d'eau à notre moulin. La crise est bien systémique, c'est-à-dire provoqué par un système dysfonctionnel, qui a explosé après un long processus chaotique. Elle est toujours en cours. Elle peut rebondir à tout moment et nous armons la prochaine crise. le stock de dettes pourries est toujours gigantesques et sans rapport avec le capital des banques. En un mot : le système bancaire sans tuteur serait en faillite encore aujourd'hui. Et l'économie dite réelle, c'est-à-dire le commerce international et national est toujours stagnant à un niveau bas.

Où sont les déficiences de l'analyse-récit de Jean-Claude Trichet ? Elles sont toujours les mêmes et toujours béantes : il ne veut avancer aucune explication  du dysfonctionnement général des marchés monétaires et financiers.  Il constate lui-même que rien ne marchait comme prévu, qu'il a fallu faire l'inverse de ce que les "conventions" préconisaient et à une échelle inédite. Mais pourquoi ces dérèglements ?  La chape de plomb écrase la langue de bois de l'ancien gouverneur de la BCE.  Cela donne : "la réduction des risques par des mesures macro-prudentielles ne fait que commencer".  Traduction : cela ne marche pas et il faudrait peut-être commencer à s'interroger "des deux côtés de l'Atlantique".  Ben oui M'sieursdames ! Il faut réformer le système monétaire international.  

Sur l'Euro, autre source du désastre actuel,  il dit bien qu'il a été attaqué en 2003, 2001,2011 et 2012, avec à chaque fois un risque de destruction. Il affirme très justement qu'il distribuait à l'Eurogroupe, un organisme que nous dénonçons comme fantomatique depuis toujours, les courbes différentielles de compétitivité. Il dénonce bien le fait que tout le monde croyait que les écarts se corrigeraient d'eux-mêmes, illusion intéressée car elle permettait de ne rien faire.  

Mais, une fois de plus,  il ne dit pas qu'elle est la maladie qui ronge de façon "systémique" l'édifice. C'est bien de parler de "progrès de la gouvernance" quand justement il n'y a pas de cabine de pilotage, pas de pilote et même pas de moteurs. Du coup la seule solution devient la rigueur et la déflation, alors que toute la réflexion économique depuis la création d'un système de monnaies purement administratives après la guerre de 14-18, système qui permet toutes les créations de monnaies abusives, est de savoir comment on peut juguler les excès de création de liquidité sans avoir à recourir à la déflation.  

Malheureusement, il ne faut pas compter sur Trichet qui est prisonnier du système qu'il a contribué à mettre en place et qui est dysfonctionnel  pour parler clair et annoncer les réformes nécessaires. Pour les solutions on en restera toujours à la bouillie pour les chats grisâtres nourris dans la nuit noire.

Rappelons notre analyse habituelle :

- seule la croissance et non la déflation permettra de sortir de la crise de la dette

- la crise de la dette a été provoquée par le système monétaire international

- la gestion de l'euro exige un pilote doté des organes ad hoc.

- l'hyper fiscalité n'aboutira qu'à la stagnation et la course mortelle à plus de déflation.

Malheureusement aucun des Trichet qui ont géré la mondialisation économique et financière ne veut entendre parler de ces leçons. Il est exemplaire de la faillite intellectuelle des gnomes, qui certes se flattent d'avoir jugulé la crise mais sans comprendre que leurs idées sont à la source du désastre.

Quelques chiffres significatifs

C eux qui nous lisent savent que nous privilégions comme indicateur de production la valeur ajoutée des entreprises des secteurs non financiers ayant plus de 1 salarié.  Cet indicateur est fiable, connu vite, et peu corrigé. Il traduit bien l'idée de ce les Français considèrent être l'activité des entreprises du secteur marchand.

En 2012 le montant de cette valeur ajoutée est de 1250 Milliards d'Euros, en valeur courante non corrigées de l'inflation. La hausse vis à vis de 2011 a été de 1.5%.

Compte tenu d'une inflation proche de 2%, cette valeur ajoutée a baissé en valeur réelle. 

La même valeur ajoutée par tête a baissé encore plus.

L'emploi marchand a baissé.

Les déficits extérieurs se sont creusés.

La dette d'état s'est accrue pour atteindre 1833 milliards d'euros, soit 150% de la valeur ajoutée des entreprises.Les dettes globales approchent 300% de ce montant. Selon le Point les avoirs d'épargne des Français sont environ du même niveau.

Il est intéressant de noter que la valeur ajoutée du tourisme a représenté près de 10% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand. Nous devenons un musée visité par le monde entier.

Ces indicateurs rangent la France dans la même catégorie que la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Italie. 

En 2013, il est probable que la dette atteigne 2.000 milliards d'Euros avec une valeur ajoutée marchande stagnante.

Tous les indicateurs seront dégradés et les engagements pris non tenus. Nous parlions d'un déficit/PIB de 4% pour 2013. Le gouvernement parle désormais de plus de 4%, au lieu de 3.7.

Entre 2009 et 1014, les gouvernements auront prélevé plus de 100milliards d'Euros d'impôts supplémentaires sur les Français, soit 10% de la valeur ajoutée des entreprises.

Tous ces chiffres montrent une situation intenable.

L'hystérie fiscale répressive et ciblée  a désormais un effet sur l'assiette des impôts,  qui baisse. Le serpent n'en finit pas de se mordre la queue. On arrive au moment où tous les incréments nouveaux de taux de fiscalité ont un effet négatif sur le rendement de l'impôt.La DGI a sonné l'alarme. Moscovici a parlé de "ras le bol fiscal". Le problème est que le bol fiscal se vide. 

Après avoir arrêté l'activité en France à l'automne 2012, Hollande, ne peut que constater les dégâts : recul de 25% des transactions immobilières au premier semestre 2013 selon la chambre des notaires avec probablement l'année où la construction aura été la plus faible depuis les début de la 5ème République. De nombreux secteurs connaissent des baisses de 20 à 30%. Les investissements sont historiquement bas. Les faillites sont à leur sommet comme le chômage qui atteint désormais des niveaux stratosphériques. 

La première année de Hollande aura été dramatique et totalement à côté des nécessités nationales.

On parle désormais d'un budget où d'importantes économies seraient prévues. Hollande aura réussi à tenir presque trois ans sans dire quelles économies il compte faire. Une fois de plus la Com' remplacera l'économie.

On est à peu près certain que 2013 aura été une année morte sur tous les fronts économiques, avec une dégradation de tous les indicateurs. 2014 en prend le chemin.

Hollande aura provoqué le plus grand exode de Français depuis la révocation de l'édit de Nantes, porté l'impôt à des taux insoutenables, privés de 100% de leurs revenus des milliers de familles et confisqué près du tiers  de l'épargne moyenne  des familles aisées.

La campagne électorale présidentielle, qui avait été abjecte, laissait craindre le pire. On l'a. L'ennui, c'est qu'il semble bien que pour les campagnes à venir, on ressorte les vieilles ficelles. 2014 va être encore un grand cru d'abjection.

Comment la France se remettra-t-elle de ce scénario désastreux ?  Où en sera-t-on dans quatre ans avec de tels dirigeants ?

 

 

 

 

 

 

Une si jolie petite crise de changes !

Rien n’est plus amusant que l’hypocrisie générale que l’on trouve dans la presse et dans les déclarations officielles des uns et des autres quand une crise concernant des monnaies, et mettant en cause directement le  système monétaire international basé sur les changes flottants, balaie le monde.

Dans les milieux anglo-saxons le commentaire est toujours le même : c’est la faute de la victime ! En 1998, la précédente crise des changes provoquée par une hausse rapide du dollar, l’explosion des systèmes de changes de nombreux pays  a été expliquée par le règne des « cronies » dans les gouvernements des pays concernés.  On l’a appelé : crise des pays émergents  alors qu’il s’agissait d’une crise liés  aux  capitaux mobiles dans un système de changes flottants, une nième crise du Dollar.

Dans les autres parties du monde on constate et condamne une instabilité « chronique », « dévastatrice », « incontrôlable », « irrationnelle », et on aspire à un peu de calme. Les plus audacieux parlent de « guerre menée par le dollar contre le monde », de « déviation non coopérative », « d’absurde guerre des monnaies ». Chacun de nos lecteurs remettra ces fortes assertions dans la bouche de leur auteur.  Il suffit de lire le journal. On en trouve tous les jours.

Et voilà qu’à Saint-Pétersbourg se tient un G.20, chargé de la prospérité économique du monde.

Devant la manifestation si éclatante que le système des changes flottants est dysfonctionnel,    il a sans doute mis immédiatement une réforme en chantier.

Pas du tout ! Après que le mot « stabilité » a été chanté dans les vingt langues avec la tête de circonstances, personne n’a cru devoir signaler que si les changes sont flottants, ils flottent, c'est-à-dire qu’ils subissent les foucades des capitaux à court terme qui vont et viennent dans l’irrationalité la plus totale.

 Il suffirait donc d’un mot de M. Bernanke pour que la crise frappe les pays dits « émergents », sans doute parce que leur monnaie plonge.  De même qu’une phrase de M. Draghi avait changé radicalement le climat financier en été 2012.

La langue qui tue et la langue qui adoucit seraient la « magna ratio » de l’économie mondiale. On voit comme tout cela est sérieux.

La Chine a confirmé qu’elle laisserait flotter un poil sa monnaie dans l’espace limité de la zone franche de Shanghai.

Vive les changes flottants et  à bas les changes qui changent brutalement !  Chantée dans la même phrase par les membres du G.20, la chanson est tout de même un peu contradictoire.

On nous disait : avec les changes flottants, on verrait des transitions beaucoup moins brutales. Jamais les transitions n’ont été plus brutales (voir le triste destin de la Roupie indonésienne) .

On nous disait : on n’aurait moins besoin de réserves de changes. Et voilà que les Brics veulent créer un fond commun de gestion de réserves de change, indépendamment du FMI. Et tous les commentateurs d’expliquer que la crise sera surmontée  parce que les pays en question ont accumulé, instruits par la crise précédente, d’énormes réserves de changes.

Comme tout cela est rationnel et cohérent.

Au passage, celui qui découvrira dans la presse française une observation sur les méfaits des changes flottants, en tant que système,  éprouvera la joie de la découverte d’espèces  hyper –rares.

Pour les amateurs de mythes et de tabous, la séquence monétaire en cours donne une leçon de chose particulièrement remarquable.

Les changes flottants, même en pleine crise mondiale des changes, ne peuvent pas être remis en cause dans un média qui a son quant-à soi.

Le système est au dessus de toute critique.  Cela ne trahit pas la nullité des journalistes mais le fait que personne n’a envie de colleter avec cette difficulté et qu’ils n’ont rien à colporter ni à commenter.  Le silence de l’Eurogroupe sur cette crise est tonitruant, comme d’habitude. M. Moscovici, lui a autre chose à faire : augmenter gravement les impôts en jurant que c’est pour la dernière fois et que cela ne touchera que 10% de la population.

Et on découvre que le nombre de personnes exonérées d’IR s’est fortement réduit et que des petits retraités qui tirent le diable par la queue vont devoir s’acquitter d’un impôt sur le revenu d’un mois de revenu.

Quelle est la bouche la pire : celle qui ment ou celle qui se tait ?

A notre avis les deux sont consternantes. Mais le cumul du mensonge et du silence pour un Ministre des Finances Français, ce n’est guère glorieux.

Encore quelques mois et on s’apercevra que la crise des « pays émergents » bis a eu quelques conséquences sur la situation française.  Sans  doute vers le moment où, ayant prélevé près de 100 milliards d’Euros d’impôts supplémentaires (10% de la valeur ajoutée des entreprises non financières) tout en laissant aller la dette publique à près de 100% du PIB et 200% de la même valeur ajoutée des entreprises non financières que nous aimons prendre en référence, les spécialistes de la Com’ gouvernementale  chanteront les immenses victoires  économiques  de la France.

Rappel : nous prétendons que nous sommes victimes de trois organisations dysfonctionnelles :

-          Un système de changes flottants structurellement néfastes

-          Une Europe de la monnaie unique sans organe de pilotage des changes et de la monnaie à l’échelon européen

-          Une France étouffée par une dépense publique et une fiscalité déraisonnables.

On notera que rien n’a été fait pour réduire les inconvénients de ces trois dérives. On compte plus que jamais  sur des  Commissaires  pour gérer l’Europe par la surveillance de normes.  Les impôts battent tous les records historiques en France. Les changes flottants ? Ah bon, ils flotteraient ? Et alors ?

A force de faire l’inverse de ce qu’il faudrait, on entre dans la septième  année de crise depuis le blocage du marché interbancaire en Août 2007 !  Bravo à tous !

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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