Que faire de la zone Euro ?

L’Eurosystème est une des rares institutions internationales construites dans les 30 dernières années.  Elle est mal née.  Les motifs qui l’ont porté sur les fonts baptismaux sont relativement incertains.  Certains ont voulu « avancer dans la construction européenne ».  A tout prix, selon un sens étrange de l’urgence européenne. L’abandon des disciplines de Bretton-Woods et le flottement des monnaies avaient bloqué les projets d’Union monétaire européenne mis en avant lors de la conférence de La Hayes, en 1969.  Les différents serpents monétaires ayant été balayés, les européistes se sont mis à considérer que seule une monnaie unique résisterait à la spéculation internationale conduite par les Américains et plus généralement les Anglo-saxons.  Les banques centrales européennes ont commencé dès le début des années 80 à considérer que le projet était quasi certain d’être mis en œuvre. La Banque de France s’y prépare dès le milieu des années 80, en totale indépendance des alternances politiques. Les fédéralistes européens considéraient que c’était l’étape suivante indispensable, celle qui créait une situation irréversible. Depuis Jean Monnet, l’idée fédérale s’inscrit dans une tactique qui veut que les faits accomplis économiques contraignent  le politique jusqu’au fédéralisme promis. On met donc la charrue économique avant les bœufs politiques. En espérant que les bœufs piétineront suffisamment la charrue pour qu’on soit obligé « d’avancer » (« L’Europe avance par crise ») mais pas assez pour la casser.

Des discussions, nombreuses, ont eu lieu dans ces milieux, pour savoir comment faire. Très peu sur les conditions de réussite d’une monnaie unique et les contraintes d’organisation dans la durée.  Aucune sur l’opportunité de monter un tel système. L’ardente obligation européenne imposait d’avancer.  Le marché unique et la monnaie unique s’imposaient « naturellement ».  Cela se terminera par le rapport Delors, source de tous les maux.  Au passage le JDD  de ce dimanche nous a commis deux pages hagiographiques sur J. Delors au moment même où les vices du système mis en place sont devenus manifestes !  Il est vrai que les Européistes viennent de primer  Delors pour contrer le mauvais climat qui règne en Europe depuis que la monnaie unique a été installée.  

Ne faisons pas à ce « père de l’Europe de la monnaie » l’injure de penser qu’il ne savait pas que le système qu’il proposait était problématique. Il n’y a pas un économiste sérieux, connaissant un petit peu les questions monétaires, qui ne sache qu’une monnaie unique est une construction politique qui ne peut réussir qu’avec un pouvoir central fort.  Mais il fallait « avancer ». On a fait semblant de considérer qu’une zone de monnaie unique pourrait fonctionner si on libérait totalement les mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes.  Les marchés s’occuperaient d’harmoniser les déséquilibres éventuels. Les Etats devaient être mis en muselière. Pour cela il suffisait de deux règles juridiques : pas de déficit budgétaire supérieur à 3% du PIB et pas d’endettement public de plus de 60% du même PIB. Pour préparer la fusion monétaire, les systèmes devaient converger vers ces objectifs.  Et roulez bolide ! Bien sûr cela ne marcherait pas parfaitement mais on profiterait de la première crise pour faire avancer l’intégration et restreindre la souveraineté des Etats.

Les adeptes de Milton Friedman  encensèrent le maître qui avait annoncé que l’Euro ne durerait pas trois ans et que les changes flottants étaient la seule solution.  Depuis des lustres les économistes américains expliquent que les Européens croient bêtement à la « stabilité » et que les vrais amoureux du business sont pour le mouvement. Après tout le dieu Hermès a des petites ailes aux pieds.

Sans voir que les changes flottants avaient fini par créer une économie baudruche qui ne demandait qu’à exploser. Asphyxiés par leur propre mythologie, ils pensaient que la souplesse du roseau était la garantie d’une flexibilité heureuse sans se rendre compte que le système était pervers de façon endogène et voué lui-même à l’autodestruction. L’aveugle insultait gaiement le paralytique.

Autre point commun, tous ces économistes pensaient que le cycle n’existait plus, qu’on savait le juguler, que  Greenspan était un génie et que la crise de 87 était due aux ordinateurs, pas aux effets délétères de la montée de l’endettement global  qui déjà dépassait les 300% à la fin des années 80.

Le « génial économiste » Mitterrand.  (Il n’était pas seulement le Dieu de la politique politicienne en ce temps-là, ce qui avait tout de même fait un peu  ricaner même une Françoise Giroud) avait prédit que l’acte unique allait permettre une formidable croissance en 92-93 Nous eûmes à cette date la pire crise conjoncturelle depuis 1929 ! 

Cela ne fit réfléchir personne. Ni sur les méfaits du système des changes flottants, ni  sur le caractère un peu dangereux de créer une lac de fixité au milieu d’un océan de flots monétaires internationaux  déchaînés.  Pour les jeunes générations, il est intéressant de souligner qu’à cette date, Il était impossible, strictement impossible, de faire passer quoi que ce soit dans la PQN qui remette en question les changes flottants et l’idée d’une monnaie unique ou la contradiction entre les deux formules.  Maurice Allais le fera un peu plus tard et recevra la bastonnade que l’on sait. On trouva même d’astucieux économistes pour défendre, en même temps,  l’idée que les changes flottants mondiaux et celle d’une monnaie unique européenne étaient toutes deux excellents en même temps. La flagornerie ne craint pas les oxymores.

En avant pour le traité de Maastricht et une institution structurellement bancale.  Aucun vrai débat technique sur la manière de gérer une zone monétaire.  Seulement un affrontement entre souverainistes et fédéralistes.  De même que le débat sur le système monétaire international, lorsqu’il avait lieu, c’est-à-dire presque jamais, ne consistait qu’en un échange d’horions idéologiques entre marxistes (cachés en « keynésiens ») et « néo-libéraux », c’est-à-dire en adepte de la liberté financière à tout va. 

La faiblesse du dispositif se voyait à l’examen d’une seule question : qui gérerait le change dans le nouveau système ?  Extraordinaire  exemple d’un instrument, capital à l’échelon national, qui disparaissait soudain à l’échelon européen. La BCE n’était pas chargé des changes mais du niveau des prix. L’ « Eurosystem » disposait d’un « Eurogroupe », un aréopage d’une vingtaine de ministres des finances, présidé par un « président de l’Eurogroupe » sans pouvoir, sous le contrôle d’un conseil des chefs d’état de la zone euro.  C’est lui qui serait chargé de la gestion du change. Mais comme on considérait que les changes flottaient naturellement et que seuls les marchés étaient chargés de donner la valeur de l’euro, la question ne se posait pas.  De toute façon les moyens techniques de gestion du change ne dépendaient pas de l’Eurogroupe.  Les Etats avaient perdu tous les leviers de la politique des changes et des taux d’intérêt mais personne n’en avait réellement hérité. Curieux, non ? Et cela ne choquait absolument personne. Lorsqu’on évoquait la question devant un politique il répondait invariablement : « C’est étrange en-effet, mais c’est une question technique et nous avons d’excellents techniciens de la finance ».

La grande question d’une zone de monnaie unique avec des Etats indépendants est la gestion des écarts dynamiques de productivité, de prix  et de compétitivité. Nous-mêmes avons inlassablement dénoncé un système qui faisait de la déflation-dépression le seul moyen d’ajustement. Les fédéralistes pro-euro répliquaient que l’ouverture totale des marchés intérieurs suffirait à entraîner mécaniquement les ajustements nécessaires.  Nous disions qu’avec des Etats qui prélevaient entre 40 et 100% de la valeur ajoutée des entreprises, la notion de marché tout puissant était tout de même un peu aventurée.  Les politiques publiques non ajustées pouvaient avoir des effets pervers catastrophiques. « Nous avons d’excellents conseils et une haute administration de qualité partout en Europe. Ils savent ce qu’ils font ! »  Fermez le ban !

Et justement voilà que le gouvernement Jospin  asphyxie l’entreprise française par des réglementations étouffantes et étrangle l’économie avec les 35 heures.  Peu après l’Allemagne fait l’inverse avec le plan Schroeder.  La compétitivité relative de la France s’effondre. Personne ne dénoncera la contradiction  comme une source de difficulté à venir pour la zone euro.

La chute des dictatures en Europe, a conduit à une extension inconsidérée de l’union Européenne. Et ces pays fragiles entendaient entrer dans l’euro pour des raisons purement politiques.  On croit devoir faire droit à leurs demandes.  Comment laisser à la porte la Grèce loin de Papadopulos, le Portugal débarrassé de Salazar et l’Espagne, d’où Franco a disparu ?  Et ces pays de l’est qui frappent  soudain désespéramment à la porte ?

On a chargé la barque de l’Euro, déjà bancale par construction. Le navire a pris de la gite dès le départ et elle a été aggravée par des politiques incompatibles.

La mini récession du début des années 2000 a aussitôt fait prendre conscience que les règles de droit étaient incompatibles avec la conjoncture. On parla de « règles idiotes ». Pour un système fondé uniquement sur deux règles, ce n’était pas très encourageant pour la suite. Surtout quand les pays qui jugeaient ainsi étaient l’Allemagne et la France, les deux piliers !

La Grèce commence à souffrir dès 2002-2003. De même la finance internationale est en crise après l’effondrement boursier du début du siècle.  Cela branle de partout et la FED commence ses inondations monétaires.  Le taux de dettes globales commence à s’approcher à peu près partout de 375%. Certains pays en sont déjà à plus de 700%.

L’effondrement du dollar projette l’euro à des sommets et aggrave la crise en Europe qui entre en stagnation.  Mais les politiciens sont heureux de ne plus avoir à surveiller le taux de change. Ils trouvent cela merveilleux et ne cessent de le dire dans les médias.  Donc ils peuvent emprunter et ils le font sans retenue, ou laisser leurs banques et autres agents économiques emprunter.   Personne ne surveille les taux d’endettement globaux de chacun des pays.  Au printemps 2008, le taux moyens d’endettement global dépasse 425% dans l’OCDE. Différents pays sont à plus de 1000% ! Dès décembre 2006 nous prévoyons l’effondrement certain  pour 2009-2010. Début 2007 nous rapprochons cette prévision à 2009, puis la crise de liquidité bancaire de l’été 2007 nous la fait avancer à l’automne 2008. En décembre 2008, nous annonçons un krach pour septembre 2008.

L’hystérie financière générale laisse penser qu’on est à nouveau dans une phase économique formidable. Personne n’écoute.

L’Euro se porte assez bien : la crise du dollar le dope sur les marchés de change ; les taux d’intérêt ont convergé. Tout cela parait solide, même si certaines voix s’élèvent pour dire que le respect des règles n’est plus assuré. Tout le monde fait ce qu’il veut. 

Lorsque l’effondrement financier a lieu, avec l’abandon à la faillite de Lehman-Brothers, tout le monde croit que « l’Euro nous protège », y compris les Islandais qui sont en faillite grave.  L’Euro, c’est solide. La crise est venue des Etats-Unis et l’Euro a bien résisté.

Jusqu’à ce que la spéculation s’attaque aux taux d’intérêt des pays dangereusement endettées de la zone Euro (Grèce, Islande, Portugal, Espagne, Italie).  Et là, c’est aussitôt la Bérézina.

L’organisation de la zone Euro, inexistante, n’a aucun moyen de faire face ; Il faut improviser d’urgence. Ce sera la suite ininterrompue de « sauvetages » avec des « mécanismes » forgés à la va vite et qui conduiront aux récents évènements grecs.

Lorsque nous écrivions dans les années 90, que la régulation se ferait dans la déflation, personne ne se rendait compte réellement ce que cela voulait dire. Avec l’affaire grecque, la fermeture des banques, la perte de 25% du Pib et toutes ses choses, l’affaire devient diablement concrète.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Le vrai problème reste la crise mondiale. Le système des changes flottants ne marche pas, n’a jamais, marché et ne marchera jamais. Mais personne ne songe à le modifier. C’est l’explosion de ce système défectueux qui a déstabilisé l’Eurosytem. Pas l’inverse. Mais l’Eurosystem a démontré qu’il n’était pas armé pour faire face autrement que par des mesures détestables qui enflamment les haines sociales et nationales. Le politique devient le pire ennemi de la zone euro.

Les euro-fédérolâtres considèrent que somme-toute, ils ont gagnés. La crise a permis de faire des progrès dans l’abaissement des Etats nationaux. Les banques sont supervisées désormais par la BCE. La Commission a reçu des pouvoirs élargis.  Le système global est sous contrôle maintenant que l’amplificateur bancaire a été mis sous tutelle étroite. La BCE a mangé son chapeau allemand et « fait ce qu’il faut » pour sauver la zone Euro. Donc tout va bien : militons désormais pour une forme fédérale de contrôle de l’économie européenne !

Les souverainistes poussent à la destruction immédiate de la zone Euro dont les mécanismes de sauvetage nous ont endetté pour des millénaires et empêchent toute politique nationale de sortie de crise.  Les marxistes exigent également la fin de la tutelle bruxelloise pour pouvoir enfin mener une politique de « relance sociale par la planche à billets ».  Façon Chavez.

Hollande, toujours à sa copie servile du parcours mitterrandien, se pose en créateur d’un nouveau système fédéral avec budget unique, parlement spécial, etc ; La dette ? On s’en fout ! Le respect des règles de Maastricht ? On s’en fout ? Le chômage ? On s’en fout. Proposons comme Mitterrand une fuite en avant européiste.  

Foutaises !

Il faut un « chancelier de la zone euro », assisté de comités parlementaires issus des parlements nationaux, avec une compétence d’investigation, de recommandation et de maîtrise de la politique monétaire et financière au jour le jour. Il aura pour mission de faire revenir le monde à un système de changes fixes et ajustables. C’est lui qui décidera du taux de change et de la politique des taux d’intérêt. Il sera à la fois le FMI interne de la zone, le pilote des instruments monétaires mis en commun et le conseiller en matière de politiques budgétaires, économiques et sociales pour tout ce qui concerne les écarts de compétitivité et les ajustements nécessaires.

Si ce poste avait existé dès 1997, il aurait évité que les Français et les Allemands se lancent dans des politiques incompatibles avec une monnaie unique, freiné les bulles immobilières dans la zone, empêché les glissements budgétaires de type français ou grecs.  Il n’aurait pas empêché le choc de la crise des changes flottants mais il serait là pour exiger une évolution radicale pour des changes fixes et ajustables. On n’aurait pas eu besoin d’appeler le FMI. Et les dérapages ayant été maîtrisés un certain nombre d’instruments collectifs auraient pu se mettre en place, comme des bons du trésor européens.

Est-ce encore aujourd’hui la solution pertinente ? Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais le climat a été tellement dégradé et la méfiance portée à de tels sommets que la faisabilité de la réforme devient très aléatoire.

Un certain nombre d’idées ont tout de même fait leur chemin. La première est que toute organisation de la zone euro doit être propre à la zone euro et ne pas dépendre de l’UE. La deuxième est que les parlements nationaux doivent être associés et pas le Parlement Européen. La troisième est que la BCE doit être aussi responsable de la croissance. Ensuite il faut un pilote avec les instruments ad hoc.

C’est toujours agréable de voir que des idées proposées depuis 20 ans finissent par entrer dans la discussion publique.

Il existe cependant de fortes différences entre notre projet et ceux que l’on voit surgir. Le Chancelier doit être pour nous un coordinateur et un conseiller et non pas un « gouvernement économique ».

L’espèce de frénésie fédérolâtre qui a saisi les télévisions françaises, notamment celles de la TNT, depuis l’annonce présidentielle est proprement ahurissante. Alors que le système vient de subir une crise historique on voit réapparaître toutes les bouches à feu du fédéralisme, dans des émissions qui font de la surenchère,  sans la présence d’aucun contradicteur. Sur le thème « on a échoué parce qu’on n’a pas été assez loin  dans l’union», voilà toute la mouvance de ceux qui veulent voir disparaître les Etats européens et notamment la France, en train de présenter le catalogue complet des mises en commun. Le « saut qualitatif européen » devient un must. Même si ses contours sont totalement flous. Et qu’on ne voit pas clairement où serait des avantages, généralement présentés comme magiques par la vertu de la sainte Trinité bruxelloise. Tout s’arrangerait comme par miracle. On pourrait tout faire. Du social, de l’écologique, de la science, du progrès économique.

De l’autre côté du spectre, les souverainistes posent la question : Et pourquoi ne pas abandonner l’Euro purement et simplement ? Tout deviendrait miraculeusement simple. En tout cas on ne serait pas obligé de payer pour les autres dans des conditions antidémocratiques (pauvres grecs victimes des vilains prêteurs). Et on pourrait faire enfin ce qu’il faut, notamment avec notre création monétaire,  sans être constamment entravés.

Les deux miracles fédéralistes et souverainistes sont des illusions.

L’abandon de l’Euro ? Il n’y a pas de méthode  pure et simple d’abandon, même si doctrinalement rien ne s’y oppose vraiment. Chaque état membre crée une monnaie sur la base d’une unité nouvelle = un euro et indique qu’il remboursera ses dettes dans cette monnaie. Et on voit ce qui se passe. Très probablement une relance des comportements de précaution et un blocage temporaire mais général des affaires, avec une poussée de l’inflation dans les pays les plus endettés qui monétiseront aussitôt les déficits publics. En France les fonctionnaires qui dirigent le pays considéreront qu’il n’y a plus d’efforts à faire. Le marché des changes sera fortement secoué. Les balances commerciales danseront la samba. Et il faudra dix ans pour que l’économie-monde et celle de l’Europe s’en remettent. Lorsque les Etats Unis sont passés du dollar gagé sur l’or au dollar flottant, une opération très semblable, il a fallu 15 ans pour digérer le choc. En fait, on ne s’en est jamais vraiment remis, du fait des défauts du nouveau système de changes flottants.  Car ces nouvelles monnaies flotteront, sinon où est l’avantage de liberté dans la manière de gérer son stock de dettes ? On aggravera les effets délétères du système des changes flottants et aucune réforme dans ce domaine ne sera plus jamais possible à horizon raisonnable, l’échec de l’euro servant de repoussoir perpétuel.

Conserver la gouvernance actuelle ? On voit que cela ne marche pas et que cela coûte très cher à tous, tout en créant les conditions d’un rejet populaire massif.

La seule véritable solution est la coordination, qui maintient la souveraineté des pays tout en les associant, avec un mécanisme d’éviction du club si un pays considère qu’il doit suivre une voie incompatible avec celle des autres.

Le coordinateur doit disposer des moyens statistiques communs, et de pouvoirs d’investigation du type de ceux du FMI, qui n’a pas à intervenir à l’intérieur d’une zone de solidarité monétaire.  Il faut établir  un pouvoir de recommandation et une procédure de « reconsidération », au cas où une mesure serait proposée par un pays qui pourrait être jugée comme incompatible avec la prospérité générale.  Cette administration ne devrait pas être logée à Bruxelles mais à Paris, puisque la BCE est en Allemagne et que ces deux pays sont les plus importants du club. Des procédures d’association des parlements nationaux sont indispensables, mais pas sous forme d’un Sénat européen, structure lourde et complexe dont le rapport avec le Parlement Européen resterait à préciser.  Un délégué par parlement par pays membre suffirait, dans chacune des trois chambres qui devraient être créées : chambre sociale, chambres budgétaires et fiscales, chambre économique et monétaire.  Tout doit rester léger.  Et naturellement, le conseil des ministres des finances et celui des chefs d’Etat serait l’instance d’arbitrage final en cas de divergences graves.

Le « chancelier de la zone euro » aurait un domaine propre qui est celui de la politique monétaire, en liaison avec la BCE  et aurait la mission de faire évoluer le système monétaire international, avec comme objectif  le retour à un système de changes fixes et révisables.

Cette évolution serait moins traumatique pour les souverainistes que la création d’une machinerie fédérale  disproportionnée. La coordination ex ante ne pourrait avoir que des avantages et mènera naturellement  à des instruments financiers collectifs susceptibles d’éviter les méfaits de spéculations hasardeuses. Elle conduira à plus de stabilité dans le monde et une meilleure prise en considération des points de vue européens, notamment vis-à-vis du « benign neglect » américain.

Tout renforcement collectif, de toute façon,  supposera que la France cesse d’être l’homme malade européen, avec une gestion désastreuse basée sur l’asphyxie fiscale et la dépense publique outrancière à crédit.

Le plus grave reproche que l’on puisse faire à F. Hollande est d’être l’obstacle principal à toute évolution. Qu’il fasse de la surenchère fédéraliste, sous les vivats de ceux qui font semblant de croire  qu’il a « sauvé » l’Europe lors de l’affaire grecque,  est sans doute  de bonne tactique politicienne. La vérité est qu’en ruinant le pays comme il le fait sous le poids d’une fiscalité intenable, d’une dépense publique obscène,  et d’une démagogie de tous les instants, il rend impossible toutes les évolutions nécessaires.

Rarement l’imposture d’un Hollande audacieux et stratège, conduisant l’Europe au succès,  n’aura été plus majestueuse. Ce n’est pas parce que des medias se couvrent de ridicule en la véhiculant qu’il faut s’y vautrer.

Il serait curieux que l’Allemagne accepte plus de fédéralisme  avec une France en dehors des clous du traité « merkozy ». Si elle persiste à conserver un déficit budgétaire de près de 4% de PIB et une dette proche de 100% du PIB, il ne peut rien se passer de réellement important, sinon des constructions institutionnelles loin des peuples et qui ne mangent pas de pain, ou des initiatives très partielles sur la fiscalité ou autres. Il faudrait de même que le cas grec soit réellement réglé. Tout le monde pense que la purge actuelle ne règle rien, surtout sous la houlette de Tsipras et de son équipe. Et il faut attendre que les Italiens, les Espagnols et les Portugais aient éliminés Beppe grillo, Podemos et tous les « mélenchoniens » potentiels. On a construit sur du sable avec Maastricht, mais on ne construira pas sur de la vase.

La solution plus légère d’un coordinateur avec des pouvoirs propres dans des domaines actuellement à l’abandon, comme la politique de change, la politique des taux d’intérêts, et la politique des crédits, la politique de convergence des compétitivités, peut s’enclencher plus facilement.  Mais il est probable que sa condition préalable soit le départ de F. Hollande et l’élection, en France, d’une équipe capable de lourdes réformes de structure à la tête du pays.

Le paradoxe du moment est qu’on exalte le « nouveau Hollande européen »  au moment où le meilleur service qu’il pourrait rendre à l’Europe serait de démissionner.

Ce qui doit arriver arrive !

Depuis 1997, nous défendons publiquement trois thèses extrêmement claires et précises.

Un système de changes flottants et de liberté totale des mouvements de capitaux entraîne mécaniquement une hausse de la dette globale par le mécanisme de la double pyramide de crédits. Dès que la dette globale dépasse 400%, on est certain que la prochaine grosse crise cyclique fera des dégâts abominables. Ce phénomène s'est vérifié avec le blocage du système interbancaire en 2007 et l'effondrement bancaire général de 2008. Comme l'avait dit Maurice Allais, au milieu des ricanements, "ce qui doit arriver arrive". C'est arrivé.

Un système de monnaie unique sans organes de pilotage et seulement deux règles de droit sur les déficits et l'endettement des états, avec abandon des outils de politique monétaire, est vulnérable. La crise précédente a précipité l'explosion du système. L'affaire grecque était prévisible : on se soigne pas une crise par la déflation et la dépression. Sinon, les peuples deviennent nerveux. "Ce qui doit arriver arrive".

Un Etat capturé par sa haute fonction publique qui cumule le pouvoir administratif et fiscal, le pouvoir politique et le pouvoir bancaire, tout en tenant dans ses mains directement ou indirectement les medias, conduit à la ruine et l'étouffement du citoyen, l'empêchement d'une économie libre et efficace et à la double tare d'un Etat pléthorique, bouffi et incapable, et d'une économie marchande rétrécie, qui survit péniblement au milieu des quolibets serviles d'une caste de cultureux subventionnés et sans vergogne."Ce qui doit arriver arrive".

Au final nous assistons  à la négation de la démocratie et à la formation d'une situation incontrôlable dont plus personne ne sait comment sortir, dans le monde, en Europe et en France. En cet été 2015 comment nier que ces trois analyses soient pertinentes ? Comment ne pas observer que rien ne se passe non plus pour sortir du piège.

L'amas de surplus monétaire accumulé par la Chine a eu pour conséquence dans un premier temps de permettre des achats de précaution qui ont laissé croire que le commerce international était encore vivant. En vérité les échanges internationaux ont baissé en 2014. Baissé ! Pour la première fois depuis la fin de la guerre de 40. Et la bulle de crédits née de cet amas en Chine même a fini par explosé avec comme manifestation première l'effondrement drastique de la bourse de Shangaï.

La reprise américaine est extrêmement molle. Elle est percluse de bulles alimentées par les déficits américains et les politiques de gonflement monétaire de la FED.

L'Europe est entrée dans une de ces phases d'incertitudes qui font le charme d'une organisation bancale et non démocratique, sous-traitant la monnaie et la finance à des experts.

La France est entrée dans le cycle détestable des glissades irrattrapables. La dette s'est gonflée subitement au premier semestre avec une rapidité stupéfiante, alors que "l'alignement des planètes" devait nous sauver. La peur recommence à régner en maîtresse dans l'esprit de tous ceux qui ont des "actifs" et notamment de l'assurance-vie.

Pas un mot dans le monde sur le retour à un système sérieux de politiques commerciales et financières concertées autour d'un système de changes fixes et ajustables. Pas un mot. Le FMI s'est encore une fois ridiculisé à contre-emploi en intervenant là où il ne devait pas le faire. Le résultat sera l'éjection de Mme Lagarde qui croit encore à ses chances électorales présidentielles françaises. L'espoir fait vivre.

En Europe on commence, timidement, à comprendre qu'une zone de monnaie unique sans système de pilotage est une incongruité dangereuse. Jeroen Dijsselbloem et son Eurogroup sont un cache misère sans aucune légitimité ni aucune prise sur rien. Les idées qui sont lancées sont soit la destruction de la zone Euro, soit le renforcement de la dictature bruxelloise, motivées par l'abaissement des Etats,  sous paravent d'un Parlement Européen pseudo démocratique qui a montré sa vacuité lors de la convocation de Psipras,  soit l'émergence d'un couple Franco-allemand, assurant les bonnes options pour l'ensemble de la zone.  Avec une France dans l'état où elle est, bonjour la fantaisie !  La seule vérité est qu'une zone euro doit avoir des institutions spécifiques à la fois techniques et démocratiques et distinctes de la Commission bruxelloise. En résumé, il faut un chancelier de la zone Euro, épaulé par un dispositif représentatif ad hoc assurant la démocratie effective du système.

La France, bouffée jusqu'à la racine par une fiscalité déshonorante pour l'esprit de résistance des Français, voit ses médias faire une place déraisonnable aux thèses du marxiste Picketty, auteur d'un succès de librairie mondial avec une étude qui examine l'assiette du voisin pour conclure que les nouveaux riches sont plus riches que les anciens nouveaux riches, ce qui prouvent que la dette doit être radicalement gommée en leur piquant tout ce qu'ils ont. Plus d'impôts, plus confiscatoires et encore plus ciblés, voilà la solution !  

En un mot aucune des causes de la crise majeure en cours n'est traitée. Au contraire chacune est soigneusement aggravée. Et l'on s'étonne que la crise perdure 8 ans après son déclenchement sans espoir de voir un jour prochain le bout du tunnel.

Ce qui doit arriver arrive. La vrille s'accélère et le sol se rapproche désormais très vite avec un risque de démantèlement complet des circuits économiques normaux.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des Economistes e-toile.    

Vous avez dit démocratie

Dépêche du  26 juillet 2015

 

Interview de Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroup :

Q - Le référendum que vous venez d'organiser dans tous les pays de la zone Euro  en recommandant le non, est une belle victoire.

JD- Oui la démocratie est un ingrédient indispensable de l'Europe. On évoquait sans cesse notre manque de démocratie. Les peuples ont parlé.

Q - La question était : "Voulez-vous payer les dettes grecques à la place des Grecs ?".

JD  Une question simple et directe qui a permis un triomphe de la démocratie : avec 99,97% de non, notre mandat devient beaucoup plus simple et le rapport de force avec les prédateurs grecs est désormais en notre faveur.

Q : Tsipras a parlé d'un simulacre de démocratie et affirmé que le referendum européen était une "élection piège à cons", qu'en pensez vous ?

JD : Tsipras est un spécialiste. En demandant si les grecs voulaient payer leurs dettes et en obtenant la très surprenante réponse "non", il a été généralement considéré en France comme un sublime démocrate qui renouait avec les gens simples et permettait de revenir dans les vraies traces de la démocratie. Nous suivons son exemple.

Q : En indiquant qu'ils ne voulaient pas payer les dettes grecques, les Grecs ont été considérés comme courageux, mûrs, socialement responsables. Que pensez-vous du courage des autres pays Européens ?

JD : Ils ont fait preuve d'un magnifique courage en résistant à la facilité d'une générosité mal employée. Le mandat est impératif.

Q : Quelle a été la réaction de Tsipras ?

JD : Il m'a appelé pour me dire que j'étais un pur fasciste et que j'avais outrepassé mon mandat. J'aime beaucoup Tsipras dont le théorème mérite de passer à la prospérité : "Dans un jeu de c… le plus c… gagne". Je viens de confirmer le théorème de Tsipras, je ne comprend pas qu'il soit mécontent.

Q : En vérité c'était une idée de Varoufakis, le spécialiste de la théorie des jeux.  

JD : On regrettera sa rondeur et son esprit d'à propos. Son successeur est totalement nul, comme Varoufakis mais en plus il est sinistre.

Q : Comment voyez-vous la suite ?

JD : il faut laisser un peu de temps au temps  pour fêter notre triomphe démocratique. Nous envisageons d'autres référendums avec les question simples suivantes : "Voulez vous accueillir les africains qui prennent des rafiots pour nous rejoindre" ; "Trouvez-vous normal les décapitations récentes".  L'intensité démocratique est une excellent chose.  

Q : Je voulais dire : Où va l'Europe avec ses dettes terrifiantes et sa mollesse dans tous les domaines.

JD : Quelle mollesse ? Grâce à notre fermeté la Grèce va devoir revenir dans la zone Euro. On aura montré qu'on n'en sort pas comme cela. Mais ce ne sera plus un pays du Club Med. Le travail sera devenu la grande valeur sociale grecque avec le civisme fiscal.

Q : La France va bientôt entrer dans les tourments grecs. Avec une dette de 2.100 milliards d'Euros et une valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand de 1.250 milliards, elle ne pourra jamais rembourser. Quelle va être la position de l'Eurogroup ?

JD : Un referendum, très probablement.

Q : Sur quel sujet ?

JD : "Voulez vous du socialisme fiscal à la française".

Q : Et quel est votre pronostic sur les résultats ?

JD : Sans doute  autour de 99% de non.

Q : Merci Monsieur le Président de l'Eurogroup.

JD : Je vous en prie, la presse est le principal soutien de l'esprit vraiment démocratique.

L'art de dépouiller le citoyen

L'interdiction des paiements en liquide est l'un des derniers clous qui restent à sceller sur le cercueil des libertés individuelles. Le complexe politico-fonctionnaro-bancaire qui a capté la vie publique et économique en France vient de l'enfoncer à nouveau de quelques centimètres. On ne pourra plus payer en liquide plus de 1 000 euros. La banque réclame la mesure depuis longtemps. Lorsqu'il n'y aura plus de liquide du tout et qu'il faudra passer exclusivement par des systèmes de paiements connectés, elle aura jugulé une des "fuites" qui l'empêche de récupérer aussitôt la monnaie de crédit qu'elle a émise. Porte-monnaie électronique et règlementation sont les deux mamelles du big-brother bancaire.

Le citoyen libre d'une république libre est d'abord une vache à lait de l'Etat moloch et l'esclave enchaîné du système bancaire, les deux institutions étant gérées par les mêmes. .

Il est probable que le plafond des sommes en liquide avec lesquelles on peut se promener en Europe sera ramené bientôt à moins de 5.000 Euros.

Voyagez léger avec un bout de plastique et prouver que vous êtes un citoyen totalement transparent tout en sauvant votre système bancaire !  

La législation a donné à la banque, déjà sous des gouvernements socialistes, des pouvoirs exorbitants. Vous ne pouvez solder une compte en banque…que dans un autre compte en banque. Un trou dans votre compte courant ? La banque peut casser n'importe lequel de vos comptes d'épargne sans même vous le dire. Vous voulez du liquide ? Il vous faudra une carte bancaire, car les guichets n'en distribuent plus. Et le montant que vous voudrez retirer sera limité à quelques centaines d'Euros. De toutes façons pour des sommes importantes, il faut commander, aller au siège, respecter les plafonds et… un transport par la Brinks, mon bon Monsieur. Quant aux placements, ne croyez pas que vous en soyez maître. Tous les dispositifs de placement sont désormais des constructions fiscales qui ont pour but de ramener l'épargne vers les objectifs et les caisses de l'Etat. Avec des taux d'impôts marginaux à 65.5%, vous n'avez plus aucun choix. La banque universelle qui peut faire à peu près ce qu'elle veut de votre épargne, y compris vous faire acheter ses propres actions, pour peu que vous lui ayez donné un mandat, (et comment y échapper ?), vit en symbiose totale avec l'Etat, et en conflit d'intérêt toléré avec ses clients. L'assurance-vie en est le plus merveilleux exemple. Question posée il y a quelques années à la banque :

- "Vous vous êtes désengagés de la Grèce ? Non, l'Etat nous a demandé de détenir un certain pourcentage d'obligations grecques".

Quelques mois plus tard :

"- Qu'est-ce qui se passe avec mes obligations grecques ?

- Nous avons été obligés d'accepter une perte de moitié sur ces titres.

- Je vous avais bien dit de pas détenir des titres grecs

- Oui, mais c'est de l'assurance vie ; nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons;

- Sortons de l'assurance vie.

- Je ne vous le conseille pas. C'est le seul produit sûr et défiscalisé, bla bla bla."

La défiscalisation est devenue le principe vendeur numéro un des banques, marquant la totale interdépendance du secteur bancaire et de l'Etat.

Les diverses lois sur la construction n'ont qu'un seul but : permettre aux politiques de présenter des bilans un tant soit peu honorables en matière de logements. En fait la défiscalisation conduit à monter des programmes de construction dans des endroits où il n'y a pas de demande et qui ne servent :

- qu'à engraisser les banques qui collectent l'épargne défiscalisée

- qu'à engraisser les grosses boîtes de construction qui bâtissent les projets

- qu'à fournir des statistiques aux politiques.

L'épargnant se retrouve avec des logements sans usage et sans rentabilité.

- "Madame la banque, vous m'avez fait tombé dans un piège à c…"

- "C'est pas grave, c'est défiscalisé".

Et il suffit d'une loi Duflot pour envoyer tout de même au tapis la construction neuve.

De toute façon vous n'êtes plus maître de vos biens immobiliers, dès lors qu'il ne s'agit pas de votre logement principal. Ne parlons de la propriété agricole ! Et pour votre logement ne croyez pas vous en sortir comme cela. D'abord, à vous toutes les législations normatives qui vous ponctionnent de partout. A vous le détecteur d'incendie qui se déclenche tout seul à tout propos et transforme votre immeuble en rossignol. A vous aussi le défibrillateur qui doit figurer dans un endroit ostensible à l'entrée de votre immeuble. A vous le dossier de cession qui avec tous les tests obligatoires finit par peser une tonne. Et gare aux préemptions.

Si vous êtes propriétaire de votre logement, les bons apôtres vous expliqueront que vous avez un avantage inouï par rapport à ceux qui paient un loyer et qu'il faut que vous payiez pour cette flagrante inégalité. ISF, taxe foncière, charges imposées, ne sont qu'un début. A quand la taxe compensatrice de l'avantage indu du propriétaire, Thénardier de lui-même par politiques et hauts fonctionnaires interposés ? L'incroyable privilège qui veut que vous bénéficier d'une "niche fiscale" en ne payant pas, dans votre impôt sur le revenu, la plus value éventuelle sur la revente de votre domicile, plus value le plus généralement fictive car ne tenant pas compte de l'inflation, ne durera que ce que dure les roses. Dans le vocable repris bêtement par les médias il s'agit d'une "dépense fiscale de l'Etat".

Nous allons perdre dans l'affaire grecque environ sept fois la contrevaleur de l'ISF annuel. S'il est admis qu'un pays peut se dégager de ses dettes simplement en demandant par referendum si la population veut ou non rembourser, il y a quelques soucis à se faire. A entendre les milliers de commentaires qui "sur les réseaux sociaux" encouragent la Grèce à faire défaut, sans que leurs auteurs aient même compris que c'est eux qui paieront, on réalise le degré de désinformation et de sottise qui règne aujourd'hui en France.

L'Europe du "soft power" où les grands Etats ont été stérilisés et empêchés,  s'avère totalement incapable de faire face à l'intérieur comme à l'extérieur aux agressions qui la menacent. Jamais la situation n'a été plus claire aujourd'hui.

- Elle ne peut rien contre la Russie qui attaque un pays de l'Europe centrale et s'empare d'une partie de son territoire,

- Elle ne peut rien contre la Grèce qui détruit la zone Euro de l'intérieur et se moque à peu près totalement de l'espèce de salmigondis de pouvoir qui s'appelle la Commission et l'Eurogroupe.

- Elle ne peut rien contre l'envahissement par des centaines de milliers de migrants non désirés.

- Elle ne peut rien contre l'envahissement juridique intéressé des Etats-Unis (voir les amendes colossales imposées aux banques européennes et l'invraisemblable Fatca). Et elle va céder sur ce point vital dans les traités transatlantiques : les sociétés américaines pourront se plaindre aux juges américains des difficultés éventuelles rencontrées en Europe. Les gouvernements passent sous tutelle du juge américain.  

- Elle ne peut rien contre le démantèlement des assiettes fiscales par les grands intervenants d'internet.

- Elle ne peut rien contre une barbarie basée sur l' "affirmative action"  et la "fierté retrouvée" d'une religion rétrograde et violente, animée par la tendance salafiste, en pleine croissance en France,  qui met à bas tous les principes européens durement acquis et commence à décapiter ses citoyens.

- Elle ne peut rien contre l'envahissement de produits qui ne respectent aucune des prescriptions qu'elle impose à ses producteurs.

- Elle ne peut rien contre les effets d'une économie internationale devenue baudruche à force de changes flottants non régulés et déficits et excédents croisés monstrueux. Sinon se taire et empêcher qu'on discute des mécanismes qui ont mené à la situation désastreuse actuelle.

- Elle ne peut rien mais empêche les Etats d'agir.

Ah ! Si ! Les Etats peuvent toujours augmenter les impôts et cadenasser les finances privées des citoyens.

Et en France, laisser les derniers duellistes présidentiels faire semblant de jouer à la démocratie médiatique, sous l'œil hagard de la population ;

Et en Grèce laisser Tsipras et Varoufakis faire semblant de jouer à la démocratie référendaire (jusqu'ici le referendum était "fasciste" à l'extrême gauche…), sous l'œil hagard de la population.

Et en Italie laisser Renzi se dépatouiller avec ses immigrés illégaux, sous l'œil hagard des arrivants.

On imagine où en serait si les grands Etats européens s'étaient dissous dans une nuée de petites régions avec un Eurogroupe de 100 membres ! Rien que pour dire non et expliquer pourquoi dans cette enceinte, il faudrait une semaine. Et la Grèce serait l'un des plus grands Etats membres…

En attendant quelque égaré fou d'islam tranche une tête française sur le sol français. Les Grecs découvrent le "corralito", avec le plaisir de pouvoir sortir quelques euros par jour de leur bancomat. M. Juncker pleure sur l'esprit européen perdu. Le commerce international est à l'arrêt. Les taux d'intérêt se cabrent. L'Euro s'affaiblit. La chômage qu'on annonçait en baisse probable grâce à "l'alignement des planètes", s'est encore accru : près de 630.000 chômeurs de plus depuis le début du quinquennat, plus que sous l'ensemble du quinquennat Sarkozy qui avait pris le choc du gros de la crise, alors que partout ailleurs la situation s'améliore.

Tout va bien.

Le Président de la République Française n'a rien à dire sur aucun de ces sujets dramatiques. Il voyage. Il mène campagne, l'œil vissé sur les sondages et près à toutes les opérations image qu'on voudra.

Dignité, Liberté et Prospérité sont au coin de la rue.

Et il n'y avait rien de plus urgent que de réduire l'emploi de la monnaie de papier par ce suspect permanent qu'est le citoyen.

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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