Economie et politique (2) : les socialistes

Toute l'histoire de la gauche de 1848 à 1989 a été celle de la colonisation de cette tendance par les différentes formes antagonistes de socialismes. La révolution de 1789 avait été bourgeoise. Ce n'était qu'une étape. Avec Babeuf, passons  des libertés formelles aux libertés réelles et sus au bourgeois. L'URSS ayant finalement réussi, un siècle plus tard,  à instaurer le « socialisme réel ». Il appartenait à toute la gauche de s'associer à la victoire pour faire triompher cette forme d'organisation sociale dans le monde entier. La droite honnie était ce mouvement de "réactionnaires" qui s'opposait bêtement aux conquêtes sociales. Le débat socialiste portait essentiellement sur le degré de violence à imposer aux sociétés pour rendre la révolution définitive. L'évidence des atrocités commises par les différents régimes communistes a créé, notamment en France et principalement dans les différentes communautés juives, l'idée d'un communisme un peu moins sommaire. Les partisans d'un socialisme respectueux de la démocratie libérale, plus ou moins fusionné avec le radicalisme, acceptaient le message marxiste de condamnation scientifique du capitalisme mais voulaient respecter les formes bourgeoises de la démocratie parlementaire. Le socialisme particulier  que fut le national-socialisme, en concurrence et opposition directe avec le communisme, sera l'occasion d'une concurrence dans la violence destructrice, le crime et le génocide entre Staline et Hitler puis l'ensemble des régimes communistes, notamment la Chine. 100 à 150 millions de victimes assassinés du côté communiste et 40 millions du côté hitlérien (et des milliards de vies gâchées) plus tard, la séduction du socialisme violent s'est éteinte par effondrement interne de l'URSS, et conversion de la Chine au capitalisme d'Etat, motivée par la peur du nationalisme Han de voir la Chine devenir un nain économique par rapport au Japon ainsi qu’aux Tigres et Dragons à ses bordures.

Le socialisme, sous sa forme marxiste d'élimination de la propriété privée du capital et sous sa forme romantique de révolution, est mort en 1990. L'effondrement a eu pour conséquence d'installer des nationalismes plus ou moins virulents en Russie, en Chine et dans tous les pays anciennement communistes, y compris la bordure occidentale, rattachée à l'Union Européenne. L'indépendance retrouvée a provoqué des poussées nationalistes en Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Pays baltes etc. En Occident et plus particulièrement en France, la disparition de l'URSS  a eu des conséquences plus ou moins étranges.

La première est la pénétration substitutive du "politiquement correct" radical  en provenance des Etats-Unis qui est à la source de maints thèmes "sociétalistes" jusqu'ici étrangers au socialisme.

La seconde est l'effondrement d'une curiosité française : le trotskisme protéiforme et dominateur à gauche. Il y avait encore récemment plusieurs candidats trotskistes aux élections présidentielles. L'essentiel du mouvement s'est rangé en tant que faction au PS. Le reste périclite doucement.

La troisième est la perte quasi-totale du milieu ouvrier par les organisations « ouvriéristes ». Le socialisme français est un socialisme de fonctionnaires, de bobos des grandes villes et de petit peuple vivant d'allocations. La conversion du PS à une Europe de la libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises, dans un cadre mondialisé,  a mis sous tension le monde du travail concurrentiel et créé un ressentiment  social anti-socialiste qui a fait fuir l'ancienne classe ouvrière vers d'autres extrémismes.

La quatrième est le manque de charisme des dirigeants socialistes de Guy mollet à Hollande, qui, pris dans les contradictions de l'évolution historique, oscillent depuis 50 ans entre un discours de socialisme radical décalé et une pratique de n'importe quoi.

Minoritaire politiquement en France, le socialisme a perdu sa base sociologique supposée et cherche à en reconstituer une autre avec la population immigrée. Mais l'Islam, qui en est une composante majeure, est largement incompatible avec "les valeurs de la République"  et les classes populaires considèrent être victimes de l'arrivée massive d'immigrés. Les contradictions s'exaspèrent.

Du coup le PS ne vient au pouvoir qu'en cas de crise de conjoncture et après d'intenses campagnes de dénigrement d'un adversaire lui-même divisé. Mitterrand ne parviendra à ses fins qu'après que la crise de 73-74 ait profondément ravagé la France. Giscard avait perdu la confiance des Français par ses excès fiscaux et, à juste titre ou non, une partie de sa réputation après une campagne dominée par l'affaire des diamants. Le style très affecté de Giscard ne passait plus. Hollande ne viendra au pouvoir qu'à la suite de la crise de 2008, alors que les Français étaient bousculés par le chômage et une montée fiscale considérable, que la personnalité de Sarkozy en faisait la cible d'attaques ad hominem innombrables et que la division régnait à droite avec la dissidence du Modem.

Autant dire que l'économie qui était pourtant au cœur même du marxisme et donc au cœur du réacteur nucléaire du socialisme, n'a jamais été dominante dans les programmes de gouvernement de la gauche.

Le Programme commun de la gauche mettra fin au rattrapage par la France du niveau de vie américain et initiera la descente aux enfers progressive de l'économie française.

Rocard détournera la prospérité temporaire liée à la phase de haute conjoncture du cycle et créera les conditions d'un drame lors du retournement conjoncturel subséquent.

Arrivé par surprise, Jospin ne sait pas trop quoi faire. Il considérera que son rôle est de peser dans les contrats en faveur des salariés, des locataires etc. Cette lutte contre "la domination du capital" s'accompagne d'immenses "cadeaux au peuple" comme les absurdes 35 heures. La France y perd sa compétitivité et le chômage structurel explose dès le renversement de la conjoncture. Le clientélisme municipal et régional atteint des sommets.

En 2012, la campagne de François Hollande est du même tonneau :

- Promesses tout azimut de "droits à"

- Attaques ad hominem contre la droite honnie et "fascisante", et contre la personne de N. Sarkozy

- La crise est niée.

Ce sera une des pires campagnes électorales jamais connues.

Mais, comme Sarkozy, dont il est quasiment le clone, il est arrivé au pouvoir non seulement avec une tactique électorale très étudiée mais avec un schéma pour se présenter en bonne forme à l’élection présidentielle suivante.

Sa stratégie a été clairement annoncée et dès le départ:

- « Faire payer les riches » en début de mandat pour se sortir des obligations du traité Merkel-Sarkozy

- Tenir le terrain par des mesures symboliques et "sociétalistes" pour se garder à gauche (« ce n’est pas la droite qui aurait fait tout ça ! »)

- Se placer pour la réélection en multipliant les "cadeaux au peuple" et l'achat de vote en dernière partie de mandat.

Ce schéma ne s’est pas déroulé comme prévu. 2012,1013 et 2014 ont été des catastrophes économiques et sociales caractérisées. Le tableau est apocalyptique.

Pour Hollande, ces résultats dramatiques n’ont pas de réelle importance. Cela sera devenu lointain en 2017 et il a une excuse qui lui suffit : « J’ai trouvé la France dans un état catastrophique et une Europe bloquée par Merkel  ». C’est la faute à Sarkozy ; c’est la faute à Merkel. « Grâce à moi, les choses ont évolué même si cela a été difficile ; Imaginez ce que cela aurait été si je n’avais pas été là !  ».

La seule question qui l’intéresse aujourd’hui, c’est la bonne manière de se placer dans les meilleures conditions possibles pour 2017 et de transformer son schéma stratégique initial en  mesures tactiques ultimes efficaces.  Ses adversaires auraient tort de croire qu’il a des doutes sur son succès futur. Il est totalement en état de grâce et pense désormais qu’il a gagné.

La gauche du parti ne lui fait pas peur. Il sait la manipuler par cœur. Tant d’années comme premier secrétaire, cela vous donne des réflexes. Comme il n’y aura pas de primaires, il ne risque rien. Les autres seront obligés de s’aligner. Une bonne partie du tapage fait à sa gauche était dû à la volonté de certains de sauver ce qui pouvait l’être aux élections locales. La présidentielle balaiera tout cela.

Les partis d’extrême-gauche ne lui font pas peur : la hauteur du FN dans les sondages lui donne un argument imparable. « C’est moi ou les fascistes ».

Restait à se cadrer à droite, c’est-à-dire dans le vocabulaire socialiste, au centre.

Il lui faut "extrêmiser" la droite, pour renforcer sa position centrale. La manipulation de la mémoire, déjà caricaturale du temps de Jospin, devient systématique dans les médias amis. Hypermnésie des crimes nazis, hypomnésie des crimes des régimes socialistes. Repentance généralisée vis-à-vis d'évènements passés considérés comme déshonorants, l'esclavage ou la colonisation ou la répression de l'homosexualité, attribués à la droite. La réaction contre les mesures « sociétalistes » attise le langage excessif à droite et permet de l’assimiler au FN. « La droââââte, tous des fascistes ! ».

En revanche, il faut passer pour « responsable ». Sa  base politique est celle du « socialisme du possible » ou du « socialisme de gouvernement ». Autant associer l’opération à une « triangulation », c’est-à-dire une reprise massive du programme de l’opposition.

En chantant la survenue de l’âge de la social-démocratie en France, amoureuse des entreprises, et prête à faire en sorte que l’économie reparte grâce une stimulation des entreprises mais dans la justice sociale, en nommant Valls, le chantre de cette tendance, et en faisant voter une loi Macron qui permet de dire « nous avons fait des réformes de droite que vous n’auriez même pas envisagé de faire », Hollande considère qu’il tient son élection.

L’important, c’est de ne pas toucher aux corporations qui peuvent faire mal : les syndicats de la fonction publique et du secteur nationalisé.

Et l'économie, c’est-à-dire la prospérité à long terme du pays, dans tout cela ?

La question devient : les schémas électoralistes, évidents, ont-ils un contenu économique sérieux et utile ?

Doit-on considérer qu'avoir renvoyé sur les entreprises la responsabilité du chômage avec un "pacte de responsabilité" insignifiant et montrer sa bonne volonté réformatrice avec une loi Macron tout aussi insignifiante, il a fait son devoir ? Naturellement, en refusant toute réforme de structure, il met l'opposition dans l'obligation de les annoncer, donc de prendre le risque d'inquiéter des clientèles. Mais ces réformes de structure, n’étaient-elles pas indispensables ?

Il est bien clair que l’équipe Hollande se moque de la réponse économique car il pense que la posture politique suffira pour être réélu. Hollande croit au cycle. Il sait que la phase haute arrive. Rocard l’a connue ; Jospin l’a connue ; il la connaîtra, il en est sûr et il en voit les preuves dans les bonnes nouvelles statistiques qui s’accumulent. La seule inconnue est de savoir si elle durera jusqu’à l’élection. Jospin n’avait pas eu cette chance, ni Beregovoy.

Pour ceux que l’économie intéresse, la question est tout autre. Peut-on redresser un pays en fiscalisant à ce point les entrepreneurs tout en défiscalisant un peu les entreprises ? Cette schizophrénie a-t-elle un sens ?  Peut-on maintenir en vie un système dont le secteur public dépense plus que ce produit les entreprises du secteur marchand, simplement en rognant un peu sur les dépenses ?

La réponse est non.

Mais le jeu économique de Hollande est tactique et politique. L’important est exclusivement électoral et à court terme : 2017. Les Français ne sont pas économistes, ne s’intéressent pas au long terme. Une apparence de succès peut suffire. Une hausse même minime du PIB accompagné d’un reflux même léger du chômage, même s’il n’a rien à voir avec la politique menée et dépends entièrement de l’extérieur, peut suffire.

Comme le quinquennat de Sarkozy, celui de Hollande aura été entièrement calculé en vue de la réélection pour un second mandat et guidé par des ambitions égotistes sans intérêt pour qui n'est pas partie prenante à la coterie présidentielle.

La campagne de 2017 sera entièrement livrée sur des thèmes politiques offensants pour « la droite honnie de l'immonde Sarkozy », et défensifs pour la clientèle de fonctionnaires et d'immigrés, tout en valorisant au maximum les avancées sociétales. Il sera facile d’inquiéter les Français avec les projets de réforme plus ou moins radicale portés par la droite.

Pour Hollande, l’affaire est dans le sac. Il a gagné. Il en rigole du matin au soir. Il en jouit. Il savoure déjà le retournement de la presse à son égard et son plan com’ est prêt qui intégrera sa dernière conquête, sa Carlita à lui.

Les besoins d’une prospérité économique durable seront escamotés une fois de plus, noyés dans les "cadeaux au peuple", "l'achat de vote" et les "opérations-image".

La seule perspective économique évoquée par le candidat hollande en 2012 était la réforme de la politique dépressionnaire de l'Europe. C'était un leurre vulgaire et on a vu ce qu'il en est advenu. On peut se demander s'il y aura seulement même un leurre économique en 2017. Le plus probable est que l'économie sera totalement évacuée, comme d’habitude, surtout si le rebond conjoncturel de fin de cycle perdure jusque là.  

Et les beaux esprits continueront d’expliquer que l’économisme a gangrené le débat politique, alors que l’économie l’aura déserté une fois de plus !

Dommage !  

Grèce : Zeus aveugle ceux qu’il veut perdre.

Tout est bancal dans l’affaire grecque.

Première anomalie : que vient faire le président de l’Union Européenne dans toute cette affaire ?  Les traités ne disent rien sur son rôle dans la gestion du surendettement des pays membres.

Seconde anomalie : s’agissant d’un pays de la zone Euro, où des règles existent qui interdisent à un Etat de dépasser 60% d’endettement public et 3% de déficits budgétaires,  règles qui sont  violées par certains membres importants et depuis longtemps,  où sont les instances de régulation spécifiques de la zone Euro ? Cette anomalie explique la première.

Troisième anomalie : que vient faire le FMI dans cette galère ? Il est destiné à aider un pays en manque de devises pour lui permettre de retrouver sa place dans le commerce international.  A l’intérieur de la zone Euro,  il n’a pas réellement de rôle institutionnel.

Quatrième anomalie : les traités interdisent à la BCE d’aider les Etats et la banque centrale est sur-engagée vis-à-vis de la Grèce. Et elle est le principal acteur dans le bras de fer en cours.  Ses émissions de monnaie sans limite permettent à la fois de parer les conséquences d’une sortie de la Grèce et de déclencher une chute successive de dominos, et de menacer de ruiner en un instant les banques grecques.

Du fait de cette création monétaire illimitée, les intervenants dans les médias surjouent inlassablement de l’idée qu’un Grexit ne serait finalement pas important.  Cela ressemble aux communiqués de guerre qui expliquent les défaites par des retraites stratégiques hautement pensées par le commandement, avant la magnifique contre offensive.

En un mot on nous explique que la BCE serait capable de sauver sans difficulté les 98% de la zone Euro en laissant tomber les 2% que représente la Grèce.

Pauvres Grecs qui ne savent plus où ils sont. Ils ont vidés leurs comptes en banque pour sécuriser leur épargne ailleurs. 

Le secteur public grec, organisé autour de familles, de clans, de villages, s’était gobergé d’une façon ridicule ; il s’aperçoit soudain qu’il dépend de l’économie la plus basique. Il a pris le pouvoir politique avec Tsipras. Mais ce dernier ne peut plus le payer. Alors il pense tous à ruiner les créanciers.  Qu’importe la faillite pourvu qu’on ait l’ivresse publique !  Toput rapport avec la situation française ne saurait être qu’une coîncidence !

 Les plus sages des Grecs savent qu’ils ont été trop loin et qu’on les emmène n’importe où.  Quand les bornes sont passées, il n’y a plus de limites.  Tous les talents qui le peuvent partent ou sont partis. Le petit commerce fait le dos rond et attend les touristes en résistant au fisc. Les immigrants clandestins arrivent  en masse.  Les tensions montent.

L’interdiction d’interdire tous les mouvements d’hommes, de marchandises et de capitaux  rend tout incontrôlable. Le non voulu et le non souhaitable l’emportent sans freins. Le gouvernement grec est impuissant.  En plus il a le front bas.  Michel Jobert  prétendait qu’un ministre des affaires étrangères ne choisissant pas ses interlocuteurs, il fallait qu’il s’attende à dialoguer avec de tristes figures . Il devait penser à Tsipras et Varouflakis, petites frappes politiciennes dignes  du Kosovo ou de l’Albanie.

Le plus grotesque est  la prétention de Varouflakis de mettre ses connaissances en théorie des jeux  au service d’un chantage qu’il pense réussir. Il n’a pas compris que ses propos de voyous  n’ont rien à voir avec la théorie des jeux et beaucoup avec la forfanterie  du débile.

 Si la Grèce sort de l’Euro, la zone euro sera réellement menacée. Le Portugal et surtout l’Espagne et la France passeront en première ligne.  Le risque est désormais réel à court terme.  Le projet européen tout entier sera en grand danger d’effilochage généralisé.  La BCE a certainement solidifié le jeu de dominos mais tout cela est tellement hors normes et artificiel  que la solidité à moyen terme est loin d’être acquise.  Oui, Tsipras et ses androïds peuvent nuire sérieusement à la zone Euro.  Mais pas au point qu’un chantage extrémiste puisse réussir.  On est dans la théorie des jeux de c…

Ce n’est pas comme cela qu’il fallait s’y prendre.  La Grèce avait de quoi présenter un solide dossier sur les dommages créés par  l’organisation défectueuse de la zone Euro et les principes ineptes et dangereux de sa conception.  Lui avoir imposé la perte de 25% de son PIB  est à charge de l’Eurozone.  Il lui appartenait de faire valoir cette défaillance et de trouver, en Europe, des soutiens pour un changement radical d’organisation. Le chantage et les postures politiciennes extrêmes n’étaient pas nécessaires.  Rappelons qu’en 2011, il fallait 40 milliards pour « sauver la Grèce ».  Et maintenant la BCE émet plus de 1.000 milliards d’Euros pour sauver l’Eurozone de la Grèce…  La débilité n’est pas qu’à Athènes.

Une occasion de rappeler certains principes :

-  On ne gère pas une zone de monnaie unique entre Etats nominalement souverains avec seulement des règles juridiques malthusiennes. Il faut une instance spécifique de coordination. Un chancelier de la zone Euro.

-  Une banque centrale  ne peut pas être laissée seule à gérer la politique monétaire qui dépend de l’autorité politique. Si cette autorité n’existe pas et si la banque centrale n’a qu’un objectif de stabilité des prix, tout le monde finit par manger son chapeau et violer tous les traités.

-   La liberté  des mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes doi toujours être canalisée pendant les périodes de crise.  

-         - Les instances européennes ont été conçues comme des organes hostiles aux Etats.  Elles récoltent désormais la monnaie de leur pièce : des petits Etats mal gérés qui leur sont hostiles et font du chantage. L’hostilité aux Etats finit toujours par tourner à l’hostilité entre les peuples.  Si l’Euro conduit à gérer les crises en effondrant les économies nationales, les peuples n’en voudront plus. 

- Le  schéma rooseveltien puis, plus généralement américain,  d’une Europe de nains  où les anciennes  grandes puissances seraient démantelées et phagocytées dans un ensemble de petits pays affidés, aboutit à une impasse. Surtout quand les nains sont malades.

- Le FMI était là pour aider, en système de changes fixes et révisables par concertation,  les pays en difficulté à rejoindre le peloton sans entrer en récession ouverte.  Il n’a plus aujourd’hui qu’un rôle de technicien de la camisole de force, ridicule et inefficace.  Comme déjà en Argentine.

Le désordre intellectuel associé au n’importe quoi institutionnel, pavé de bons sentiments à l’intérieur et borné par les mauvaises intentions  des autres à l’extérieur,  ne conduit jamais au bonheur des peuples.

Toute la pensée économique depuis 1929 était d’éviter les  dépressions économiques et voilà que la Grèce a perdu 25% de son PIB ! En attendant encore mieux des fronts bas qui dirigent actuellement le pays.

Une horreur ? Oui !  Mais surtout un scandale. On ne peut pas continuer à saccager la prospérité  en se contentant d’expédients gérés par des organisations bancales ou dévoyées, laissant les peuples meurtris à la merci de mesures à l’emporte pièce et de baratineurs enivrés par leur propre nullité. 

Européisme (Juncker)  et gauchardisme (Tsipras)  sont face à face. Deux vides arrogants s'attirent et se répulsent.  Ils sont les deux noms d'un même désastre.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Economie et politique (1): Les Républicains

Cette période de mou, entre deux échéances électorales régionales,  et avant le galop final de l’élection présidentiel le, permet de mieux souligner certains aspects des rapports entre économie  et politique.

Vérifions le d’abord avec le cas Sarkozy. Un second article évoquera  le cas Hollande.

Que Nicolas Sarkozy soit capable de développer une stratégie et une tactique, il l’avait démontré de façon flamboyante lors de la campagne électorale contre Ségolène Royal et dans la conception de son quinquennat.

Les Français avait découvert en 2006, 2007, un Sarkozy extrêmement bien préparé, avec une ligne électorale très pensée par ses communicants et ses analystes politiques.  La rupture en toile de fond, par rapport « au roi fainéant » et au « nini ».  « Travailler plus pour gagner plus »  pour séduire les masses.  Et de la sueur, beaucoup de sueur. Nicolas Sarkozy n’hésite pas à « mouiller le maillot ».  Il l’avait emporté facilement contre une candidate socialiste à la fois inclassable et caricaturale qui n’avait d’autre argument que son genre et d’autre support que son propre culot.

Une fois le Président élu, les Français  ont été les spectateurs d’une comédie politique qui n’était pas exactement celle à laquelle ils s’attendaient :

-          Volonté stratégique de ne pas faire descendre dans la rue les forces  syndicales et les mouvements de jeunes : accord avec la CGT, mesures édulcorées, etc.  Adieu la rupture !

-          Volonté stratégique de rallier des socialistes en déshérence (DSK au FMI et une demi douzaine de socialistes au gouvernement) afin d’affaiblir l’adversaire.  L’ouverture à gauche n’avait pas été annoncée pendant la campagne.

-          Volonté stratégique  de ne heurter personne dans le mouvement européiste ni dans le camp atlantiste

-          Planification tactique de lois-prétextes permettant de couvrir tout le champ de la future élection  présidentielle

  • Traité de Lisbonne
  • Retour dans l’Otan
  • Grenelle de l’environnement
  • RSA

-          Concession tactique au politiquement  correct : choix de nombreuses femmes  au gouvernement avec des exemples de diversité (Rama Yade, Rachida Dati, Fadela Amara, etc.), multiplication de reconnaissances de « droits à »  et même de « droits opposables à », comme pour le logement ; suppression de la « double peine » ; organisation plus ou moins approximative du « culte musulman ».    

Bien sûr il fallait donner un minimum de gages à l’électorat de droite.  Des réformes partielles vont être faites qui iront suffisamment peu loin pour ne brusquer personne.

-          L’ISF est plafonné mais pas supprimé. L’idée d’un chèque de remboursement du trop perçu « aux riches » est totalement absurde et la clientèle attendait la suppression de l’ISF. Mais «On a touché au symbole. Hein ! »

-          Le droit de grève est amendé dans les transports pour permettre un minimum de transport en commun.  Mais  les contraintes pour les syndicats sont légères et facilement tournées.

-          La restauration voit sa TVA baissée. Mais la mesure est démagogique et n’a pas d’impact.  En revanche on a raté le tournant de la TVA sociale.

-          La carte judiciaire est simplifiée mais les conditions acceptées en font une réforme très coûteuse.

-          Le régime spécial de certaines entreprises publiques est rapproché de celui des fonctionnaires.  Mais les grands abus ne sont pas corrigées et les mesures d’accompagnement sont coûteuse s aussi bien à court terme  que sur les principes (prise en compte de la « pénibilité » pour les retraites. Transfert du régime de l’EDF GDF sur les autres régimes). En revanche le privé  voit ses retraites rognées et la date de départ à taux plein éloignée dans le futur.

-          RGPP pour diminuer la dépense publique : on demande à des fonctionnaires de s’auto réguler sans redéfinir les misions et le cadre de l’Etat. Les réductions seront presque symboliques (entre 2 et 4 milliards sur 1 250 milliards…).  Le remplacement d’un fonctionnaire sur deux est plus efficace mais il est indiscriminé et vaut surtout aux fonctionnaires des finances des hausses de salaires improbables.

-          Détaxation et exonération fiscale des heures supplémentaires : mesure démagogique d’achat de vote populaire, mais incapable de relancer l’activité, tout en créant des trous dans les comptes publics. Il est vrai que l’on prétend avoir ainsi mis fin aux 35 heures…

Autre élément tactique, Nicolas Sarkozy théorise le fait qu’une inondation d’annonces de réformes  dans tous les azimuts musèle l’opposition et permet de saturer les médias. Qu’elles soient suivies d’effets ou non ne paraît pas critique.  L’important est d’assurer la prééminence de la Présidence et l’omniprésence de son chef.  On dévalorise de ce fait l’action du Premier Ministre, réduit au rôle de « collaborateur ».  Fillon avait des envies réformatrices autrement plus radicales et pensait réellement à des ruptures. Il est mis au pas. En refusant de démissionner et  de porter ce message, il se tue politiquement mais il mettra du temps à s’en rendre compte. Il pense encore qu’il tiendra sa revanche en dû temps et que sa loyauté comptera.  

Jusqu’à l’été 2008, Nicolas Sarkozy peut se réjouir de son savoir faire.  Ses déboires conjugaux  et son remariage avec une starlette ne sont pas du goût des Français, pas plus que son envie de placer son fils à la tête de l’Epad.  Mais il a été élu Président de la République Française, ce qui l’enivre.  Son plan fonctionne à merveille. L’opposition socialiste est asphyxiée. Le FN a vu sa clientèle voter en masse pour lui. Il n’a pas eu de vraie opposition dans la rue.  La Presse est plutôt bonne fille même s’il commence à agacer. Il parade tous azimuts  et va pouvoir se lancer dans la politique étrangère agressive avec Bernard Henri Levy et Bernard Kouchner.

Et l’économie dans tout cela ? Et Bruxelles et les contraintes de l’Euro ?

La réponse est claire : on s’en fout ! Les taux d’intérêts sont au plus bas. On est dans la phase de haute conjoncture du cycle. Bien sûr elle est ridiculement basse par rapport à ses devancières.  Mais c’est tout de même mieux que du temps de Chirac et de la fin du quinquennat de Jospin.  L’endettement s’est accéléré. Les remontrances de Bruxelles sont purement et simplement ignorées, comme du temps, où, Ministre des Finances, Nicolas Sarkozy se moquaient des contraintes «absurdes » du Traité  de Maastricht.  Les Européistes ont eu le traité de Lisbonne, alors qu’ils s’en contentent.

Les folies spéculatives qui marquent les années 2007 et 2008 ne sont pas prises en compte. Après tout DSK dit que tout va mieux et que l’atterrissage a eu lieu de façon confortable.  L’endettement public et privé s’aggravent au point que les 400% de dettes par rapport au PIB sont dépassés.  Pas de réaction.  La compétitivité des entreprises est trop basse ? Pas de réaction.  Les banques sont gonflées comme des outres de crédits aventurées ? Pas de réaction. Si : un conseiller présidentiel passe à la tête d’une banque qu’il a contribué à façonner.  L’entre soi et le mélange des genres entre politique, administration et finance n’a jamais été plus fertile. 

L’économie prend sa revanche. Comme nous en avions averti le candidat dès 2006, une crise terrible frappe le monde, prenant totalement à revers et la tactique et la stratégie de Nicolas Sarkozy. Il tentera de dominer la situation à l’aide de ses « spin’s doctors », dénonçant la finance, promouvant le G20, mettant au pas le Grèce,  et finalement mettant sa signature au bas du traité Merkel-Sarkozy, alors qu’il est en position de faiblesse. Tous les comptes de la France dérapent.  La dette et  le chômage s’envolent.  Suivant les recommandations des fonctionnaires des Finances, il se résout à des augmentations massives d’impôts visant « les riches ».  L’idée est de se présenter en garant des classes populaires. 

La guerre en Lybie, suivant la libération rocambolesque des infirmières bulgares et une réception ridicule de Khadafi  ne peuvent pas faire oublier  le désastre économique non anticipée.

Lors qu’il se présente à la présidentielle, Nicolas Sarkozy croit devoir reprendre sa stratégie initiale : il s’est bordé de toute part et croit pouvoir compter sur ses clientèles.  Il se présente quasiment en vrai socialiste qui a frappé les riches et maintenu le pouvoir d’achat des plus faibles.  Il a fait son devoir politiquement correct. Il a fait son devoir écologique.  Il a fait son devoir humanitaire en Lybie. Il a fait son devoir européen avec le traité de Lisbonne.  Il a fait son devoir social avec le RSA.  Il a fait son devoir vis-à-vis des petits salariés  avec les heures sup défiscalisées.

Il n’a pas vraiment vu qu’il était tourné sur sa droite par la famille Le Pen qui démontre sans difficulté qu’il n’a rien fait contre l’immigration de masse, que l’insécurité a augmenté, notamment depuis qu’il a demandé la suppression de l’exécution des peines de moins de deux ans fermes,  L’attentat de Toulouse par un fanatique nommé Merah liquide sa prétention à avoir restauré la sécurité. L’annonce d’une taxation à 75% des riches par son concurrent  fait litière de son désir de passer plus à gauche que la gauche elle-même.  C’était bien la peine de faire honorer Guy Moquet dans les écoles !

L’économie a pris sa revanche : les résultats sont dramatiques et comptés à charge. Si un représentant de la droite est même incapable de maîtriser les  activités économiques, à quoi sert la droite ?  On note qu’une grande partie de la dette ne provient pas de la crise elle-même mais  de son laxisme dans ce domaine : les baisses d’impôts n’ont pas été gagées sur des baisses de dépenses publiques de même valeur.

Sa campagne patinant face à Hollande, il est obligé de changer de cap en cours de route, ce qui est le plus souvent catastrophique. Et il perd, après avoir couru comme un dératé après les électeurs favorables aux thèmes  exploités par la famille Le Pen.

La réduction dans les sondages de son retard sur Hollande est généralement mise sur le compte de ce changement de cap.  En fait Nicolas Sarkozy apparait extrêmement fatigué.  Il est terrassé par les anaphores du candidat socialiste  lors d’un débat où il parait décalé, en retrait, dépassé.

Il perd.

Il annonce qu’il se retire de la vie politique mais n’y renonce pas. 

Dans pratiquement toutes les autres démocraties,  un leader qui a échoué ou fait son temps, s’écarte de la politique, pour laisser le soin à son parti de faire le bilan de l’échec, en tirer les conséquences et présenter une nouvelle approche incarnée par un nouveau leader.  Pas en France où l’échec n’est qu’une temporaire traversée du désert avant retour triomphal.

Avec l’aide du peu scrupuleux J. F. Copé, il empêche :

-          Tout débat sur son quinquennat.  Toute remise en cause par qui que ce soit est une « trahison ».

-          L’élection de M. Fillon à la tête du parti, qui a choisi de se désolidariser partiellement des mesures prises par N. Sarkozy  tout en proposant la rupture qu’il préconisait en 2007 et qu’il a été empêché de mettre en œuvre. 

Dans l’affaire Copé perd sa réputation et Fillon rate le coche.

Le champ est libre pour un retour  de Nicolas Sarkozy, même si c’est à l’occasion de la démission de Copé suite à l’affaire Bygmalion qui montre une phénoménale capacité de malhonnêteté dans le clan sarkoziste.

Après avoir soigné sa popularité à l’occasion des récitals de son épouse, où il s’est fait applaudir à proportion des erreurs de F. Hollande,  il gagne l’élection à la présidence de l’UMP.

On découvre un N. Sarkozy qui, comme en 2006, a travaillé en profondeur avec ses communicants le schéma tactique de son retour.

Le changement de nom du parti en Les Républicains est plutôt bien joué. Il permet de sortir les Le Pen du champ de la république et de  renvoyer le PS à un socialisme anti national et anti économique.  C’est un concept qui se « décline » bien ; une réussite obligatoire pour les tenants de  la politique spectacle.

Le slogan de campagne : « la société de confiance », est également bien trouvé. Qu’est-ce que le FN sinon un parti de la défiance vis-à-vis de toute le monde. Quant au PS il a tellement peur des relations bilatérales entre les membres de la société qu’il a bloqué toutes les possibilités de « contrat libre».  Le patron, l’employeur, le banquier, le vendeur, le propriétaire, le syndic sont toujours des voyous qui abusent de leur position dominante.  La loi remplace la confiance.

Le slogan se décline à nouveau très bien aussi bien contre les socialistes et contre l’extrême droite.

De même la tactique est bien rodée. Contrairement aux analystes des journaux qui considéraient qu’il se diminuait en devenant le chef d’un parti, alors qu’il était le Président de tous les Français, il sait que de cette forteresse réorganisée, il peut lancer tous ses raids.  Les succès électoraux lui sont comptés à bénéfice. Ils s’enchaînent à proportion des échecs socialistes.  Ses concurrents internes sont marginalisés, malgré les appels à des primaires « ouvertes ».

Il est le leader de l’opposition.  Il le fait savoir en tapant fort sur la personne du Président de la République socialiste, « démagogue, menteur, indigne, incapable, manipulateur ».  

La suite est parfaitement préparée:

-          Tout débat interne sur le bilan est rendu impossible : il faut se mobiliser tous les semestres pour gagner une nouvelle bataille électorale : unité, unité !

-          Les bases programmatiques seront l’affaire du parti qui dégagera les grands axes des actions à mener en dû temps.  Inutile d’endosser soi même les mesures ingrates qu’il faudra bien prendre.

-          La primaire sera escamotée grâce à l’emprise assurée sur le parti.  En termes d’image que comptent Fillon et  Lemaire ? Ils se posent en s’opposant. Mais ils ne peuvent atteindre la majorité contre Sarkozy.  Juppé est plus coriace. Mais il est plus populaire dans l’opinion publique que dans les rangs de s Républicains qui l’ont copieusement sifflés à chaque occasion et qui continueront.  A chaque fois qu’il sera amené à se découvrir il lui faudra soit se durcir à droite soit avouer une sympathie centriste. Dans tous les cas, il perdra des points. De ce point de vue,  la primaire favorise N. Sarkozy. 

-          Soyons sûrs que les communicants ont déjà rodé les thèmes de campagne du futur candidat des républicains et que comme en 2007, il sera prêt.

Face à une telle machine, désormais incrustée dans le parti, il n’y a plus d’oxygène pour des concurrents.

Et l’économie dans tout cela ? Nulle part, comme en 2007.

Avec Chirac et son nini, la rupture était un thème porteur, d’autant plus que Sarkozy avait réussi à se sortir de tous les pièges politiques semés sous ses pieds par le Président vieillissant et malade.  

Avec Hollande, ce n’est même pas nécessaire. La catastrophe économique et sociale est telle qu’elle plaide sans qu’il soit besoin d’insister.  Mettre en avant des réformes courageuses,  mais politiquement coûteuses,  est inutile. C’est entrer dans le jeu de Hollande : « regardez,  je vous ai prémuni du mal qu’ils veulent vous faire ! »

Ce sera donc un combat politique et éventuellement politicien. Mais aucune des grandes tares qui grèvent l’économie mondiale, l’économie européenne et l’économie française ne sera prise à bras le corps.  Ce qui laisse présager un quinquennat ultérieur en cas de victoire parfaitement  opportuniste.

Qu’est-ce qui peut enrayer cette machine ? Les juges et seulement les juges. Si cela arrive cela laissera Les Républicains dans  une telle panade qu’il est peu probable que cela serve les autres candidats potentiels.

Nicolas a préempté la droite  et s’il doit chuter avant le round décisif,  il aura tué la droite.  

La seule solution serait pour un Fillon, par exemple, de sortir du parti sarkozyste, expliquer pourquoi et se placer en recours, tout en approfondissant  ce que pourrait être une politique de salut public pour la France.  Mais François Fillon n’aime pas  trop « mouiller sa chemise », animer des réseaux, s’emparer du champ médiatique, faire chauffer les militants, donner confiance à un groupe d’affidés prêts à prendre le pouvoir avec lui. Il craint de passer pour un « diviseur ». Alors qu’il devrait se mettre en retrait et façonner une image publique de reconstructeur d’une Vème République digne et prospère.  

Juppé, âgé et prisonnier de son alliance avec Bayrou, qui a fait élire Hollande,  ne peut pas emporter les primaires, même très ouvertes.  Le souvenir de son compagnonnage avec Rocard,  de son coup de matraque fiscal de  95, du déplafonnement de l’ISF, présenté comme une mesure socialiste aussi excellente que le RMI et que « nous aurions du proposer nous-mêmes » (sic) , est trop fort pour qu’il réussisse à mobiliser la droite. La gauche ne sera pas plus séduite.

Ce qui frappe, c’est l’absence totale de l’économie, de ses besoins, des réformes fondamentales attendues dans les discours et dans les thèmes. Tous les positionnements ne sont que politiques, voire égotistes.

Personne n’incarne à droite une politique réelle de redressement crédible dans un cadre qui permette à la fois de briser la tactique socialiste et de mobiliser les Français.

Globalement la France et particulièrement les classes qui soutiennent traditionnellement la droite,  veulent savoir comment on sort de la crise, de l’hyper fiscalité, des dettes irrécouvrables, du chômage de masse, de l’envahissement du pays par des solliciteurs, de l’abaissement constant du pays et du recul de sa place dans le monde.  Elle veut qu’on lui parle du monde, qui l’agresse, de l’Europe, qui est en pleine dérive,  d’elle-même qui ne se reconnait plus dans le fanatisme niveleur  et culpabilisant pratiqué par les idéologues socialistes. Et leurs innombrables relais dans les médias.

Elle considère avec une majorité écrasante que la droite n’aurait guère fait mieux que les socialistes.  La France est-elle encore libre  et indépendante ? Elle n’a plus de voix dans les instances mondiales  et les représentants français au FMI sont des toutous de la politique américaine. Elle n’est plus rien dans les instances de l’union Européenne où la marginalisation au profit d’une part des petits pays et d’autres part des cours de justice  s’est aggravé. Son économie est ouverte à tout vent.  Son Etat obèse est perclus de dettes impossibles à amortir. Sa fiscalité a fait fuir les actifs et une grande partie des fortunes.

Le président omnipotent, voulu par De Gaulle,  n’est-il finalement qu’un fantoche qui vit une expérience personnelle gratifiante pour lui-même et indifférente aux pays,  et rien d’autre ?

Le drame de la France  est justement dans ce soupçon : si la candidature de Sarkozy est simplement un exercice narcissique, fille une fois de plus du « complexe de Zorro » diagnostiqué par Claude Allègre,  par lequel  il veut prouver que , le premier, il sera parvenu à revenir au pouvoir suprême après un échec, les Français n’ont ont rien à faire et en cas de succès, ils se sentiront floués, une fois de plus.  

Alain Juppé est un énarque, cumulard qui plus est.  Il ne fera rien pour reconstruire un Etat où l’administration ne capte pas et le revenu et une grande partie de la fortune des Français. Il n’a strictement aucun programme économique. Il n’a même pas, comme Sarkozy, une équipe de communicants capable de lui construire  « une histoire à raconter ». Pas de parti ; pas de slogans. Une simple image  de dignité et d’ouverture au centre. C’est beaucoup et très peu à la fois.

Bruno Lemaire est un candidat estimable. Il « mouille la chemise » et n’hésite pas à faire de la politique. Il a démissionné de la fonction publique. Il a pris ses risques et brulé ses vaisseaux.  Mais ici encore le fond économique manque.  

Alors les orphelins cherchent une alternative avec Lagarde, qui est au FMI. Elle se fait prendre de belles photographies sur papier glacé. Depuis que le FMI a trahi son rôle statutaire, qui n’est possible que si les changes flottants disparaissent,  l’endroit est devenu une pépinière pour candidats présidentiels avec une fortune diverse. La stratégie de la présidente du Fmi  flotte comme un bouchon entre les exigences du maître américain et le soutien abusif à l’Europe, comme père fouettard de la Grèce, qu’a voulu DSK, en violation des règles du FMI et à la grande colère de certains de ses membres.

Des photos photoshopées dans les revues sur papier glacé ne font pas une réelle perspective nationale, surtout lorsqu’on a accepté d’endosser l’arbitrage Tapie qui est largement contesté par la Justice et peu porteur d’une image de sagacité vigilante.

Alors quelle solution, pour la droite, qui permette de prendre à bras le corps les grands défis de restructuration et de réorganisation  qui concernent le monde, l’Union Européenne, la zone Euro et la France et permette d’envisager la fin du saccage économique  que nous subissons inlassablement depuis quarante ans ?

Des ateliers thématiques formant le socle des réformes nécessaires, chaque prétendant aux primaires ajoutant sel et poivre ?  Les votants aux primaires choisiront-ils les inflexions de programmes ou l’aura des candidats ?  

Croit-on que les candidats vont vraiment s’opposer sur la conduite à tenir vis-à-vis de l’Union Européenne, vis-à-vis de la zone Euro, vis-à-vis de la CEDH, vis-à-vis de l’organisation mondiale des monnaies,  vis-à-vis des trois libertés de mouvements (capitaux, marchandises et personnes).  Croit-on qu’ils annonceront une reconstruction dure de l’Etat moloch ?

Tous s’attendent à une bataille d’images qui s’enchaînera avec une campagne nationale identique à la précédente,  basée sur les cadeaux au peuple et l’agitation des bas instincts.

L’économie n’apparaîtra que façon symbolique,  accusatoire et incantatoire.    

Dommage.

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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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