"FAIRE", le livre programme de François Fillon , dans la conjoncture politique actuelle.

La campagne pour les élections présidentielles est désormais lancée.

À gauche, l'affaire est classée : François Hollande se représentera. On peut le regretter, compte tenu du bilan navrant de son quinquennat raté qui a abouti à la désagrégation à peu près totale de sa majorité présidentielle (alors qu'il est considéré comme un formidable tacticien dans la politique politicienne), et une contre-performance nationale regrettable. Une gestion purement électoraliste et narcissique n'est pas ce qu’il faut à la France et continuer comme cela pendant cinq nouvelles années n'a pas de sens pour la nation. Valls est trop associé à ce bilan pour pouvoir jouer une carte utile. Et quel serait son programme ? Il n'osera pas en affirmer un différent des esquisses hollandaises. Macron est rejeté par les socialistes et on n'ose même pas le montrer aux militants. La situation est bloquée à gauche, même si Martine Aubry semble vouloir faire ticket pour les présidentielles avec François Hollande. Le président socialiste peut encore changer les règles électorales pour obtenir une assemblée nationale éparpillée par la proportionnelle intégrale qui rendrait la droite de gouvernement impuissante. Les différentes droites et centres iraient à la bataille sous leur couleur. On voit le décor : le FN à 25 %, les droites à 22 %, les centres à 18 %, le PS à 17 %, les extrêmes gauches à 10 % et les différents Verts à 9 %. Avec à la clé des combinaisons façon quatrième République et un gouvernement de fausse union nationale entre centristes, PS et quelques transfuges verts et Républicains. Se lancer dans un tel barnum à un an à peine avant les élections présidentielles paraît tout de même un peu abracadabrantesque. François Hollande préférera faire la réforme électorale avant, en se réservant de dissoudre après. Il est plus simple de se présenter comme un candidat socialiste du centre qui protège tout en faisant avancer des réformes "que même la droite n'aurait pas su faire", mais dans la douceur. Avec un coup de pouce de la conjoncture, qu'il anticipe, il pense que cela peut passer. On aurait alors un ministère Aubry-Bayrou ou l'inverse.  

A droite, le poids politicien joue en faveur de Nicolas Sarkozy. Il tient l'appareil ; il sait manœuvrer ; il manie les sondages et les études politiques avec maestria ; les militants l'apprécient. Mais il n'a pas de programme et ne peut pas en avoir. Son quinquennat annonçait une rupture qu'il n'a pas faite cherchant surtout, par des arbitrages et des débauchages, à se placer au centre gauche pour se faire réélire et paniquant lorsqu'il est devenu clair que cette stratégie ne marcherait pas. La campagne de 2012 prendra alors le tour pitoyable que l'on a vu. Que peut-il annoncer aujourd'hui ? Qu'il a changé et qu'il va faire un vrai programme de droite ? De mea culpa en mea culpa peut-il faire oublier sa stratégie purement politicienne de 2007 à 2012, presque identique à celle de Hollande et pour les mêmes raisons ? Peut-il donner un sens national à un second mandat ? À notre avis, non.

Il aurait dû s'écarter après son départ forcé, comme Blair le fit au Royaume Uni, et laisser la place au meilleur du moment, François Fillon. Il a préféré interdire tout débat sur le bilan du quinquennat, qualifiant de traître et vilipendant tout malheureux cherchant à faire valoir certaines remises en cause. Il s'est mis à envoyer aux peuples des "cartes postales" et à organiser un retour en fanfare, se présentant en sauveur d'un parti qu'il a lui-même fait exploser en faisant "tuer" Fillon par François Copé dans des conditions scandaleuses. Il prétend avoir réparé ce qu'il a, en fait, lui-même cassé. Les Français croient que des dirigeants sans scrupule mais efficaces pour soigner leur carrière politique, seront plus résistants aux pressions du monde. Ils sont indifférents à la morale publique dans ces affaires. Soit.

Il a réussi à briser la dynamique Fillon, mais il s'est pris dans la figure, en ricochet, la montée dans l'opinion de Juppé. Cette soudaine réhabilitation n'a qu'une interprétation : le rejet de Sarkozy dans une bonne partie de l'électorat.

Juppé est-il l'homme ne la situation ? Objectivement non. Il faut à la France un président qui dispose du potentiel de deux mandats pour réellement redresser le pays. Juppé a dix ans de trop pour cela. Et il faut une volonté de porter des réformes lourdes. Juppé a commis trop d'erreurs majeures : il a déplafonné l'ISF et encenser une mesure fiscale qu'il regrettait de ne pas avoir mis en place lui-même ; il parle de le supprimer. Où est la cohérence ? Il s'est montré et se montre en permanence avec Rocard et Bayrou, qui n'ont rien montré lorsqu'ils étaient au pouvoir et ne représentent plus qu'eux-mêmes. La campagne montrera qu'il n'a pas le fond nécessaire pour conduire une grande politique. La dissolution Chirac, c'était lui, ce qui montre un sens politique, disons, imparfait. Finalement il a baissé pavillon devant les grévistes en 93. Droit dans ses bottes mais en mode recul. Il ne représente rien de l'avenir : ni un programme énergique de redressement, ni un programme d'adaptation au monde nouveau. Rien. Il a rassuré l'opinion au moment où les autres dirigeants de droite se battaient comme des gorets. Mais cela ne suffit pas. Les Français l'utilisent pour décourager Sarkozy dont ils ne veulent pas. Cela ne fait pas un vrai candidat. Son livre sur l'éducation est tellement tombé à plat qu'on en a mal pour lui.

Si ce n'est ni Juppé, ni Sarkozy, alors qui ? Il n'en reste qu'un : François Fillon. Lemaire est un peu vert, Lagarde encore insignifiante, NKM trop fofolle et marquée par sa défaite, hélas méritée, face à Hidalgo.

On dira qu'on peut envisager des binômes : Fillon, avec Lemaire comme premier ministre ; Juppé avec Fillon ou Lemaire comme premier ministre, Fillon avec Mme Lagarde comme premier Ministre etc.

Le fond du problème est tout de même de disposer d'un moteur et d'un conducteur. Le seul vrai moteur actuellement chez les Républicains, c'est Fillon.

Le livre qu'il vient de publier le prouve. C'est un excellent livre. Il montre que c'est Sarkozy qui a constamment cherché une voie moyenne acceptable pour la gauche, et a poussé aux demi-mesures. Il n'a pas démissionné par légitimisme : le président est le seul élu par l'ensemble des Français. C'est lui qui doit assumer la responsabilité du résultat. Ayant été élu par l'ensemble des Français, personne dans son camp n'avait le droit de l'empêcher d'agir. L'important était d'aller dans la bonne direction et de faire face à la catastrophe de la crise sans ajouter de la crise politique à un désastre économique. La position de Fillon est acceptable. Grâce lui soit rendue de ne pas avoir joué, comme naguère Jacques Chirac, la défaite de son camp pour maintenir vivante ses ambitions. En montrant que lui-même avait une stratégie plus ambitieuse et en la proposant aujourd'hui, il démontre qu'il est dans la continuité de Sarkozy mais avec un élan dans la rupture et dans la cohérence supérieure, et sans les travers psychologiques. C'est jouable, même si beaucoup de Français préfèrent les flambeurs irresponsables.

Toutes les mesures proposées dans le livre sont frappées au coin du bon sens et ont pratiquement toutes été défendues par les intervenants de ce blog. Alors bravo !

Nous ne constatons que deux manques.

Fillon ne parle pas de l'évolution nécessaire de la politique judiciaire. Le gouvernement des juges, via la CEDH ou par le justicialisme en interne, est une menace qui interdit toute volonté nationale un peu ferme. Le jugement Murano qui justifie qu'on puisse traiter à répétition de "connes" des opposantes politiques, pourvu qu'on le fasse très souvent et en croyant être drôle, s'ajoute au "mur des cons" de sinistre mémoire. Les libertés sont menacées et la licence est encouragée. Est-ce bien le rôle de la justice ? Et le droit national n'est plus souverain, contesté de l'intérieur et de l'extérieur par les instances européennes. L'impérialisme du droit américain vient encore aggraver les choses. Le droit national ne peut être ni soumis à l'extérieur ni subverti de l'intérieur par des juges politisés et félons. Il faut dénoncer et interdire le justicialisme. Il faut remettre le contrôle de constitutionnalité dans des mains républicaines françaises. La CEDH doit être réformée, comme le demande à juste titre Cameron. Comme en Allemagne notre cour suprême ne doit rien avoir au-dessus d'elle. Sinon, c'est la paralysie politique. On ne peut pas se dispenser d'un volet judiciaire dans le programme électoral d'un parti de gouvernement soucieux de l'indépendance nationale et de la démocratie.

Autre lacune du livre, François Fillon ne parle pas de la cause principale de la crise : le système monétaire international défectueux qui a provoqué la montée de la dette, la baisse du trend, l'aggravation des crises cycliques et finalement l'explosion du système.

Ce sont des sujets jugés compliqués et électoralement sans influence et qui ne seront sûrement pas apportés au débat présidentiel par les autres candidats. Alors pourquoi s'en préoccuper ? On comprend bien la prudence du candidat. Mais ce sont des sujets cruciaux s'il faut rétablir un certain "triomphe de la volonté" et on peut contester qu'ils n'auront pas d'influence sur l'élection. Celui qui donnera un diagnostic de la crise gagnera de la crédibilité car du coup il peut parler de la sortie de crise. N'évoquer que du sang et des larmes ne suffit pas. Sarkozy a été largement battu pour ne pas avoir porté un diagnostic sur une crise qu'il n'avait pas prévue, malgré les avertissements, et pour ne pas avoir présenté un plan de sortie de crise.

Il faut avoir une vision de la crise, une explication de ses causes majeures, un plan pour y faire face. Si la cause principale est dans les défauts du système monétaire international, il faut le faire savoir et militer pour des recettes de modernisation et de réforme. Si la gouvernance de la Zone Euro est en cause dans les difficultés actuelles de la zone, il faut aussi le dire et présenter un schéma de sortie des ornières ainsi dénoncées.

Si François Fillon pense que la France seule, pourvu qu'elle fasse les efforts qui s'imposent, pourra s'en sortir seule, il se trompe.

La France a besoin de se réformer, c'est vrai, mais il lui faut aussi une Europe qui dispose d'une politique d'ajustement interne et externe (pour nous, portée par un chancelier de la zone Euro, coordinateur et non un fuligineux "gouvernement économique") et l'Europe a besoin de la stabilité des changes dans un système de type Bretton Woods rénové qui évite les déficits et les excédents monstrueux, et assure une certaine stabilité concertée des monnaies.

Porter ce message ferait du bien à François Fillon. Car elle l'élèverait au-dessus de la tourbe de la politique politicienne pour aller au cœur du réacteur nucléaire de la crise. Cela lui permettrait également de se démarquer de la gestion de 2007, en donnant du corps à l'idée que son expérience lui a fait prendre la pleine conscience de ce qu'il faut faire désormais et que c'est son expérience qui lui permet de travailler dans les trois dimensions critiques : le monde, l'Europe et la France.

Prochain livre suggéré : "Que l'Europe s'éveille !" Dire qu'il veut une Europe européenne sans autres éléments programmatique, comme dans son livre actuel, ne suffit pas. Et pour le suivant proposons : "Agir pour la stabilité mondiale".

François Fillon est considéré par tous les journalistes comme perdu et ringardisé par sa querelle avec Sarkozy et Copé. Il se traîne dans les sondages.

Il aurait tort de se décourager.

Il a encore de la marge pour doper son programme et le rendre conforme aux nécessités nationales. Et il se peut qu'il parvienne même à ne pas décourager ses soutiens les plus militants, donnant des satisfactions à Boishue. Suggérons qu'il aille même jusqu'à les encourager !

Les autres, à droite n'ont pas de marge programmatique. En exigeant un "socle commun" Sarkozy se cache derrière son doigt. Il fait une double erreur, alors qu'il croit la jouer subtil : il montre qu'il n'a pas la volonté d'avoir un programme propre, décisif et clair ; il laisse penser qu'il se contentera de manœuvres politiciennes secondaires. Dans les deux cas, il se déconsidère. Dès que le couple Juppé-Bayrou projettera son ombre sur le mur de l'espoir français, sans vrai programme (Bayrou n'en a jamais eu ; Juppé non plus), alors que Sarkozy disparaîtra dans les fournaises judiciaires qu'il a lui-même allumées, l'heure Fillon sonnera. En s'alliant avec Lemaire, il peut même gagner la primaire.

Mais il faut que le programme soit complet et qu'il aille à l'essentiel.

S'il n'y a pas d'espoir de sortie de crise ni une volonté ancrée dans des analyses solides, il n'a pas d'élection possible, ni même souhaitable.

En Grèce : La victoire électorale de Tsipras

Les Grecs vont dans les îles pour voter. La société est largement restée clanique, bien que la moitié de la population soit concentrée à Athènes et au Pirée. Cette journée-ci est particulière : le pays élit un nouveau parlement, à la demande de Tsipras qui souhaite une nouvelle majorité, ajoutant une nouvelle palinodie démocratique à toutes celles qui ont marqué les derniers mois. À Athènes, seules les affiches de Tsipras et de son parti sont visibles. Elles sont omniprésentes. Où est donc passée l'opposition, présentée comme faisant jeu égal dans les sondages ? "Ils n'ont plus d'argent et ne peuvent plus payer d'affiches", dit la rumeur. Et Tsipras qui avait perdu le premier face-à-face contre l'opposition a gagné le second. Sondage exprès dans les taxis : Tsipras est un baratineur. "Bla bla bla", le geste illustre la parole, avec un doigt qui bat sur les lèvres. Mais Il va être réélu : "On s'en fiche. De toute façon on se fiche de tout, ici. Depuis que nos comptes en banque ont été bloqués, on sait que le chantage européen est invincible. Une fois de plus, nous sommes à merci". Il est vrai que l'histoire moderne de la Grèce ne manque pas de situations analogues. Le pays a-t-il jamais été totalement indépendant ni même simplement autonome ?

À Athènes, la ville est triste. Les restaurants du Pirée sont quasi vides. La nouvelle architecture des restaurants a fait perdre tout charme à l'endroit. Seuls quelques restaurants réputés pour leurs prix bas sont fréquentés. La sublissime terrasse de l'Hôtel d'Angleterre témoigne de la crise : il reste quelques places libres, un Week-End. L'autre attraction hôtelière, l'hôtel Hilton ressemble à un Titanic abandonné. Les bords de la piscine étaient le lieu de rencontre du tout Athènes et la terrasse du dernier étage  le rendez-vous de la jeunesse dorée. L'hôtel est sinon mort aujourd'hui, au moins sinistré. Les commerces souffrent partout dans la ville avec un nombre affligeant de magasins fermés, offrant des alignements de rideaux de fer tagués et souillés de mille manières.

En revanche la ville affiche bravement les énormes investissements qu'elle a faits depuis deux décennies. Un aéroport Venizelos dont la piste est la plus longue du monde, indispensable caractéristique, bien sûr. La gestion a été confiée à une société allemande. Elle doit près d'un milliard d'euros de taxes à l'Etat grec. Elle refuse de payer tant que les dettes allemandes ne seront pas remboursées… Une magnifique autoroute ignorée des Grecs, qui évitent les péages. Un musée disproportionné. Des équipements colossaux, nécessaires aux Jeux Olympiques, inoccupés et laissés à l'abandon car trop chers à entretenir.

Dans les îles, rien ne semble avoir réellement changé. Sauf l'ambiance, qui a disparu. Les restaurants sont vides. Les boutiques sont vides. Il est vrai que c'est la fin de saison, mais avec tous ces électeurs d'un jour, on aurait pu penser à plus d'agitation. Le tourisme du quatrième âge ne s'est jamais aussi bien porté. Mais les cheveux blancs ne font pas une ambiance. La hausse du dollar a fait revenir quelques Américains. Des détails frappent. Les prix sont très élevés pour les touristes. Chacun cherche encore à tirer le maximum de ceux qui sont venus en croyant à la bonne affaire.

Le gérant de la paillote unique qui équipe cette crique magnifique, qui a gardé tout son cachet, se perd dans la contemplation d'une feuille d'impôts. 1 250 euros à payer poux le mois d'août. C'est la première conséquence de l'accord avec les créanciers de l'été. Sous les parasols, trois clients, alors qu'il fait un temps resplendissant. La recette de la journée pour un dimanche : 75 euros. Ils sont trois sur l'affaire. La discussion est facile :

- "Nous ne sommes pour rien dans les excès de l'Etat. Nous n'avons rien demandé à personne. Et voilà qu'on nous ruine".

- "1 250 euros, ce n'est pas la mort, pour le mois le plus actif de l'année".

- " Nous payons déjà une redevance pour exploiter les lieux qui est très élevée. Notre saison est très courte. Ce qu'on nous prend aujourd'hui, c'est ce qui nous permet de passer l'hiver, où il ne se passe rien".

- "Que faites-vous en hiver ?"

- "Seulement des petits boulots d'entretien de villas, et on s'occupe de nos arpents agricoles familiaux, quelques chèvres, quelques ruches et trois dizaines d'oliviers. Et de notre petit potager. Dans les îles, depuis toujours, on vit, mais chichement. L'essentiel vient du continent. Avec ces taxes, on ne pourra plus payer. il va falloir s'expatrier en hiver, mais pour aller où et faire quoi ?"

- "Les élections ?"

- "Tout le monde s'en moque. Ils feront tous la même politique et elle ne sera pas grecque".

L'île a changé. Une route magnifique en fait le tour, payée par les fonds européens. Les voitures sont interdites, sauf les taxis et quelques utilitaires. Quarante kilomètres compliqués, en bord de mer, parfaitement asphaltés, sur une belle largeur de 6 à 8 mètres. Pour les deux roues. Le paradis du cycliste. Difficile financièrement à entretenir. Elle commence à s'abîmer au rythme des orages, sauvages dans la région. Quand vous faites le tour de l'île vous croisez un ou deux camions autorisés, une dizaine de deux roues et une paire de taxis. Parlons-en de ces taxis. Ils sont six et désormais surveillés de façon sévère. Ils vous fourrent le ticket de reçu dans la main ostensiblement. Pas question de se faire prendre à ne pas donner de ticket. Et de perdre son business. La répression a commencé avec l'accroissement des taxations.

Les résultats électoraux s'égrènent. Tsipras est en avance, puis largement en tête , puis finalement grand vainqueur. Les Grecs ne peuvent plus voter pour la droite et la gauche traditionnelles. Ils ne se sentent en rien responsables des décisions qui ont été prises au sommet pendant des années et qu'on leur demande de financer avec leur prospérité et leur vie. Tsipras ne fait plus peur. La sortie de l'Euro paniquait le pays. Il a cédé. "OK ! Il n'avait pas le choix". La droite ne craint pas Tsipras. Elle croit dur comme fer que sa présence a été décidée en haut lieu, c'est-à-dire par les nouvelles puissances tutélaires alliées aux grands intérêts économiques grecques. Ils préfèrent que la potion soit administrée par l'extrême gauche. Cela évitera les grèves et les insurrections. La gauche ne craint pas plus Tsipras. Laissons le faire. On verra bien. On n'en attend exactement rien, dans le pays, ni à droite ni à gauche.

Personne ne comprend pourquoi les banques sont en faillite et encore moins l'injustice de prélèvements fiscaux qui provoquent une descente aux enfers du revenu disponible.

La France ? On s'en désole. On l'admirait. Plus maintenant. Elle est devenue une nouvelle Grèce dirigée par des médiocres, aussi médiocres que les politiciens grecs, c'est dire. Louis XIV, Napoléon et le Général de Gaulle, toute cette grandeur est finie. Elle a été colonisée par des vagues migratoires africaines et des vagues de sous-culture politiquement correctes anglo-saxonnes. Sa voix est voilée et n'éructe que ce que la paternelle Amérique lui permet de dire. Elle ne dit plus rien à personne et à peine à elle-même. On l'admirait. On la plaint. "Nous les Grecs, on a connu cela aussi ; c'est votre tour".

Et voilà que des masses d'Arabes et d'Africains débarquent de partout dans les îles grecques proches de la Turquie, par dizaines de milliers. On les rapatrie à Athènes. Par dizaines de milliers. Et seulement une fraction quitte le pays vers la Macédoine et les autres chemins vers l'Allemagne ou la Suède. Que va-t-on faire des autres ? Les Albanais, ils volaient, ils violaient, mais au moins ils étaient travailleurs. Schengen nous a valu les Roms qui montrent maintenant leurs escarres dans tous les lieux touristiques. Et voilà un nouveau déferlement, alors que nous sommes ruinés.

"Ce monde est devenu fou. On marche sur la tête. Que vont devenir nos enfants ?"

Les Grecs ne se sentent ni responsables ni coupables. Tout cela est passé au-dessus de leur tête. Mais pas au-dessus de leur porte-monnaie.

Allons, va pour Tsipras ! Au point où on en est…

Une émission stupide et malhonnête sur Arte

L'un des supplices récurrents de notre société moderne est l'émission répétée, dans les médias, d'erreurs gigantesques, de fausses évidences, de raisonnements fondés sur rien d'autre que l'émotion ou d'affirmations dictées par des postures idéologiques invétérées.

On peut cumuler : les postures idéologiques s'appuient sur l'émotion et les fausses évidences avec peu de considération pour les réalités. Lorsqu'on demande d'analyser des faits uniquement à des partisans, on est même certain de récolter ce type de bruit de fond détestable.

On attend des médias, en économie, qu'ils confrontent, qu'ils cherchent des mécanismes, qu'ils fassent entrevoir des enchaînements, en les dégageant de la gangue de la nullité, de la méconnaissance ou des influences. Chercher uniquement l'audience par l'émotion  ou créer des tribunaux d'opinion, est un exercice déplorable.

Prenons un exemple tout chaud.

Une émission d'Arte était consacrée, dans la soirée du 15 septembre 2015, à la dette. Quels intervenants français ? Karine Berger, socialiste PS, tendance excitée, Bernard Maris, socialiste RIP, tendance Charlie. Sur un sujet fondamental et compliqué, on appelle deux "personnalités" socialistes, l'une péronnelle péremptoire, l'autre bavochon chwingommant, et toutes deux "anticapitalistes" à tout crin. Les deux membres de l'Ehess sollicités n'ont fait que de la figuration inintelligente en émettant vite fait bien fait des banalités affligeantes.

Automatiquement, et il faut insister sur le caractère automatique, l'émission aura comme thèse récurrente qu'un prétendu abandon par l'Etat de la monnaie a conduit à ce que les Etats deviennent la proie des financiers. La dette est provoquée par les banksters. Les banques peuvent créer de l'argent. Elles le font sans limite et sans raison. Dans le bon vieux temps on emprisonnait les créanciers. Qu'on recommence ! Vive le Moyen-Age ! Renationalisons et tout ira bien !

Le départ était prometteur : le reportage part avec justesse de l'abandon des accords de Bretton Woods comme source indiscutable de l'inversion de la courbe de la dette mondiale. Mais aussitôt, première lacune, on ne parle que de la dette des états. La notion de dette globale ne sera jamais explicitée ni même citée. Le rapprochement sera fait avec le PIB mais sans expliquer le contenu du PIB. Pas question de faire apparaître le niveau de la dépense publique par rapport à la valeur ajoutée du secteur marchand commercial. Seconde erreur, on ne fait aucune liaison entre ce qui est abandonné des disciplines de Bretton Woods et la hausse de la dette.  C'est une création spontanée. Les banques se mettent à faire n'importe quoi comme cela. Et voilà, c'est arrivé ! Les mécanismes ? On sait pas. Ah si : on a dénationalisé les banques !  En France les banques de dépôts principales étaient nationalisées depuis la guerre et ne seront dénationalisées qu'à partir de la moitié des années 80. En 81, tout le système bancaire a été nationalisé à 100% par Mitterrand. Le reportage ne parlera pas du Crazy Lyonnais et son endettement imbécile, alors que la banque était publique. Dans le reste du monde libre, les banques étaient déjà libres depuis longtemps, avec des exceptions comme les landesbanken en Allemagne qui seront désétatisées dans le cadre de l'arrivée de l'Euro, comme les banques françaises. L'émission constate  une renverse de la dette au début des années 70 qu'elle explique par ce qui s'est passé 15 à 20 ans plus tard. Comprenne qui pourra. Pauvre téléspectateur !

L'effondrement du système bancaire, et la grande crise qui a suivi, sont, une fois de plus expliqués, par les subprimes, marque d'une folie bancaire dominant les Etats, le "système" cherchant à se sauver en prêtant à de nouvelles victimes, pauvres si possible.

Encore deux erreurs :

- la création des subprimes est une opération socialiste montée par les démocrates, sous Clinton, en 96, et contrôlée par des organismes semi publics ou publics, comme Fanny Mae et Freddy Mac. Rien à voir avec un marché de prêts conforme aux canons libéraux.

- la boule mondiale de crédits sans flux d'amortissement était de 12.000 milliards de dollars en 2007. Les subprimes non performantes ne dépassaient pas 600 milliards dont finalement 300 milliards seront récupérés. Les subprimes ont été l'amorce qui a fait sauter la bombe. Pas la bombe elle-même.

Au final, la réalisatrice, Laure Delesalle, a fait passer le message qu'il fallait nationaliser le crédit tout en expliquant que la crise était due à un système de crédits…créés par l'état à des fins sociales ! "Laure Delesalle attache autant d’importance à l’esthétique et à la mise en image qu’à la qualité du message, la rigueur et la clarté du contenu scientifique", fait-elle savoir. Elle parait croire que la clarté et la rigueur proviennent spontanément du choix de personnalités de gauche ou de professeurs retraités de l'Ehess. Ne comprenant pas elle-même de quoi elle parle (elle a fait l'école Camondo, ce qui est très bien mais assez loin de la discipline traitée), on imagine qu'elle a cru choisir des personnalités indiscutables sans nécessairement savoir que le casting était vicié ; Ou alors elle a retenu ceux qui allaient dans le sens de ses sentiments et affections politiques. Là, c'est l'émission qui a dérapé.

Il ne reste qu'une émission qui n'a rien appris aux téléspectateurs et qui n'a pas permis de comprendre quoi que ce soit. Elle n'a ajouté que de la confusion. Les promoteurs de ce genre d'émission ne se rendent pas compte du mépris qu'ils génèrent non seulement chez ceux qui ont quelques connaissances mais aussi dans la masse des spectateurs qui sortent de là sans avoir le sentiment d'avoir compris quoi que ce soit, mais qui ont eu la forte impression qu'on les a pris pour des imbéciles… Sauf la poignée de militants qui sont contents de retrouver leurs préjugés, avec de belles images.

On aimerait un peu plus d'exigence du côté d'Arte.

Maintenant, on est bien d'accord que ce n'est pas gentil de s'attaquer aux saltimbanques. La faute initiale est dans l'absence d'une offre d'explication intelligente du côté des universitaires. La défaillance y est aussi navrante que durable.

Ce n'est pas vrai qu'en France :! Il suffit de citer le commentaire lumineux  d'un certain Cédric Tille, professeur de finance à l'EHEID de Genève : "«Les marchés vont redécouvrir ce qui était normal jusqu’à l’éclatement de la crise financière en 2008, l’importance des fondamentaux macroéconomiques».

L'éclatement de la bulle financière en été 2007 (et non pas 2008, la faillite de Lehman Brothers n'a été que le prolongement du blocage du marché interbancaire), alors que l'endettement global dépassait partout 400% , est bien la preuve qu'on avait totalement oublié l'importance des fondamentaux macroéconomiques ! Comment rembourser principal et intérêt à ce niveau de dettes ? Toute l'histoire de 1971 à 2007 est celle de l'oubli de plus en plus total des fondamentaux économiques ! En fait la "finance" comme discipline, s'est établie sur cet oubli. Avant on parlait d'économie.

Quand les professeurs émettent de pareilles âneries, les saltimbanques ont peu de chance d'échapper à la sottise ambiance. Mais ils peuvent éviter les partis pris politiques.  

Parution du livre de Didier Dufau : L'étrange désastre - Le saccage de la prospérité

Le Cercle des Economistes  E-toile (CEE*) crée un département « édition",  avec pour vocation  l'édition de livres économiques susceptibles de faire avancer les solutions de sortie de crise et populariser  les propres thèmes développées par le cercle.  

Pour lancer cette activité, nous sommes heureux d’annoncer la parution à l'automne, du livre de Didier Dufau,  un intervenant que les lecteurs de ce blog connaissent bien :

Didier DUFAU

L’Etrange Désastre

Le saccage de la prospérité

Avec une préface de Gabriel Milesi.

300 Pages

Aux Editions du Cercle des Economistes e-toile.

ISBN 979-10-95148-00-5

Octobre 2015

 

En avance de publication, un pré-tirage  particulier a été réservé aux lecteurs de ce blog,  au prix spécial de 19.90 Euros + frais de port, soit 25 Euros pour la France. Pour obtenir le livre il suffit d'envoyer un chèque  libellé à l’ordre du Cercle des économistes e-toile,  à  l'adresse suivante :

Cercle des économistes E-toile

Attention Mme Sophie Delfyn

c/o La Maillière

4, Av. Jules Janin

75016 Paris.

N’omettez-pas de donner vos coordonnées d’adresse pour l’envoi.

Compte-tenu du petit nombre d’exemplaires réservés à cette filière,  seules les  premières demandes pourront être servies.

Un compte Facebook va être  ouvert pour recueillir vos commentaires,  auxquels nous attachons la plus grande importance.

Pour toute demande d’information à l'auteur,  écrire  à  l'adresse : ddufau@e-toile.fr

 

Le secrétaire général

E E-F



La fonctionnarisation de la France depuis 1973 : une fausse solution.

La montée de la fonctionnarisation est-elle une conséquence obligatoire de la défaillance progressive du système économique occidental depuis 1971 ?

D'abord, il y a bien eu une relative défaillance du système économique puisque la croissance n'a cessé de  baisser durant les quatre décennies suivantes, avec des crises périodiques de plus en plus violentes et la montée d'un endettement global intolérable.

La question est de savoir quelle est la cause de cette contre performance. C'est la seule vraie grande question économique du moment.

Face au ralentissement, dans un pays dont l'économie se féminisait et avec une population vieillissante, la demande de protection a été très forte, depuis 1973. Les concours de recrutement de postiers ont vu affluer les bac plus 5 dès les années 80. La volonté d'une masse de petits diplômés de l'enseignement supérieur d'aller se caser notamment dans les administrations locales a été considérable, aggravée par l'esprit anti capitaliste des années 70.

La réponse politique, tous partis confondus, a été de satisfaire cette demande.

Si l'économie n'était pas entrée dans cette spirale désastreuse la demande de postes protégés dans l'administration aurait-elle été plus faible et l'offre moins généreuse ? Probablement. Une pression  socialisante exclusivement politique aurait-elle suffi à aller jusqu'à ces niveaux ?  Probablement pas.

Mais cela peut se discuter.

Il  y a eu, en France, convergence puis  confusion du politique et de l'administratif avec l'émergence de l'énarchie compassionnelle (Giscard, Chirac puis la suite après la crise de 73, alors que mai 68 avait délégitimé la production, la consommation, la croissance, l'entreprise, le travail etc.

S'agit-il d'une révolution par la tête,  les élites administratives coupées des réalités économiques  capturant le pouvoir politique de leur propre mouvement  ? Il est sûr que le mouvement Jean Moulin allait ouvertement dans cette direction et c'était pendant les "Trente Glorieuses".  Quand Chirac théorise dans une note à Giscard, en 1974,  que l'important n'est pas de réduire le champ de l'administration et qu'il est d'éviter les mouvements de rue, il réagit avec son instinct politique. Le peuple a peur. Il ne faut pas le traumatiser. Il faut le rassurer. Il veut de la sécurité et de l'administratif protégé. On va lui en donner.  Il se voit en "travailliste à la française" et la droite lui donne le pouvoir. Tout cela va prendre avec Mitterrand des proportions grotesques. N'oublions pas que son affiche électorale montre un village niché dans son vallon. Il sera réélu, simplement sur une perspective de ni ni. C'est-à-dire de passivité tranquille. Le peuple n'a pas été trahi. Il a été écouté. Il voulait de la sécurité, des postes de fonctionnaires et que  l'impôt sur ceux qui travaillent paye  tout cela.

Cela a accusé la réduction de la croissance française déjà entraîné par la baisse de la croissance mondiale.  Un magnifique exemple de cercle vicieux que Chirac, devenu  président , n'a pas voulu casser ,  après la crise de  92-93, pas plus que Sarkozy et encore moins Hollande.  

Les hauts fonctionnaires français de gauche comme de droite ont été débordés par l'évolution qui a saisi le monde après 1978 : ouvrir le monde aux diverses libertés de contracter , de circuler, de s'établir,  pour relancer les échanges et la croissance, généralement considérée comme  cassée en partie par la rente pétrolière. Et ils ont fini par se mettre en tête du mouvement, notamment via l'Europe. Ce faisant,  ils ont abandonné toutes les protections économiques et mis les ouvriers français sous le feu du prolétariat mondial. 

C'est la cause principale de l'échec final de Mitterrand, du suicide de Bérégovoy,  de la victoire surprise de Jospin et de les défaite surprise, du non au referendum, de l'appel et du renvoi de Sarkozy,…

Le problème, c'est que les contradictions sont maintenant au sommet et pratiquement insurmontables. 5.5 millions de chômeurs et 5.5 millions de fonctionnaires, 2 à 3 millions de personnes à la gamelle qui ne travaillent pas, , 14.5  millions de retraités, la baisse du revenu par tête continue depuis 2008, le remplacement  de la population native par des populations allogènes ayant leurs propres mœurs et religions, et revendiquant désormais le haut du pavé, un prélèvement sur la nation qui égale la production de richesses par le secteur privé, la destruction des fortunes et l'exode de milliers de foyers, pendant qu'on en fait venir des dizaines de milliers de l'étranger pauvres,  témoignent d’une situation désormais impossible.

Les socialistes sont par terre et se cherchent une voie de survie par un retour en arrière terrifiant : Corbyn, Podemos, Syrisa... C'est : mort à l'Euro, mort aux économistes, mort au capitalisme. Mais qui garnira la gamelle ? La saisie des biens des riches ? On vient de voir que cela ne marche pas.

La droite est par terre. L'organisation générale des échanges et du système monétaire international est défectueuse et elle est incapable d'en mesurer ni les causes ni les efforts nécessaires pour en sortir. Et elle doit politiquement servir la demande de précaution du pays.

Les élections de 2012 avaient montré un combat d'incapables et d'impuissants, compensant leur incapacité et leur impuissance par des fuites en avant dans la démagogie et l'ignominie. Le plus malinb et le plus vicieux a gagné et a aussitôt provoqué une aggravation odieuse de la situation avant de changer de direction à 180°. Personne ne croit au discours d'un Juppé ou d'un Sarkozy.  Personne n’écoute plus les fariboles de Hollande.

Juppé paraît plus propre sur lui et plus rassurant que Sarkozy et Hollande réunis. Il tient la corde car il rassure un pays qui a toujours et encore besoin d’être rassuré. Fillon ne décolle pas car le parti de la pétoche nationale ne veut pas de changements radicaux. Encore quelques minutes M. le Bourreau !

Les Français se défoulent sur les élites parce qu'ils savent bien que c'est le peuple français lui-même qui s'est lancé dans cette fuite nécrosante dans la sécurité aux frais d'autrui. Et qu’ils en ont honte.

Les socialistes sont désormais hors course. On sait qu'ils ne protègent plus rien et que si cela continue ainsi  les fonctionnaires français vont subir le coup de rabot grec : licenciement et baisse drastique de revenu.

La droite n'a pas  de légitimité faute d’avoir  expliqué pourquoi le trend est abîmé depuis 40 ans, pourquoi les crises sont de plus en plus graves, pourquoi le niveau de dettes est aussi insoutenable, partout dans le monde.  On ne peut pas être "pro business" et ne pas expliquer pourquoi la forme d'organisation actuelle de l’économie ne marche pas.

Les opérations de com' et de dénonciations politiques ne suffisent pas.

Le peuple français est encore malléable, car il veut s'en sortir. Mais il veut une perspective donc des explications et un chemin de sortie de crise un peu balisé. On ne pourra le faire sortir de ses réflexes de peur que par l'entraînement de la raison et une force prospective crédible.

Le drame de la droite et de la gauche française est que ces deux tendances sont également impuissantes et ne tiennent aucun discours autre que du calibrage électoraliste dommageable. Les imbéciles militant dans chaque camp croient que la solution viendra de ce que la droite sera "vraiment de droite" et la gauche "vraiment de gauche".  Braiements de gauche et braiements de droite n'ont en fait aucune importance. Les exaltations partisanes d'incapables et d'abrutis n'intéressent plus les Français.

Ils veulent désormais des solutions, et pas simplement des impôts, des souffrances et des contraintes.

L’ennui,  c’est qu’il n’y a pas de solutions sans contraintes.  Les fonctionnaires sont maintenant à peu de temps de subir une triple amputation :

-          La séparation entre sphère politique et sphère de la haute fonction publique  sera  bientôt inévitable.  

-          La disparition des statuts de fonctionnaires au dessous de la catégorie A est da              ns les tuyaux

-          La fin de la retraite statutaire remplacée par une retraite par point, et alignée sur les règles du privé ne pourra pas être différée très longtemps. .

En dix ans les effectifs de fonctionnaires  doivent être dégonflés de près d’un million. On peut le faire doucement et sans dommage trop grave.  Sinon ce sera le collapsus à la grecque.  Quand un état ne peut pas payer, il ne peut pas payer.  Les fonctionnaires sont les premières victimes.  L'horloge tourne.

La reconversion  sera acceptée si l’économie privée redevient prospère.  Ce qui suppose que l’on mette fin au saccage de la prospérité que l’on constate depuis quarante ans.  Sans un discours clair sur les causes de la déréliction progressive de l’économie occidentale, sur les remèdes  et sur les modifications à apporter à une série d’institutions internationales, les promoteurs d’une politique claire de suppression des béquilles sur lesquelles les Français s’appuient ne peuvent pas gagner  d'élections.

Il faut faire arriver à comprendre que le mouvement plus que le blocage, que l'offensive et le dynamisme, plus que la défensive hargneuse, que la prise de responsabilité  plus que la demande de protection, sont les moyens d'une nouvelle sécurité sociale. 

Convaincre un petit gros coincé dans une paroi raide et qui ne sait plus ni avancer ni reculer, que son salut passe par la reprise de la grimpée vers le haut, en mobilisant tout ce qui lui reste d'agilité et de force, est difficile.

Il  n'y a personne pour lui lancer une corde. S'il laisse la nuit arriver, il tombera.

Economie du désespoir et désespoir de l'économie

Le désespoir est à la mode. Il est si facile de "vendre" de l'horreur économique et de la fin du monde. Les périodes de crises économique sont toujours, systématiquement, l'occasion de dégagements sur le thème : aujourd'hui c'est différent ; la prospérité, c'est fini. En général on force tous les traits pour stimuler l'émotion et cela se termine dans le "Vous vous rendez compte Madame Michu". L'avantage de faire chauffer l'émotion est d'éviter à faire l'effort de comprendre. Geindre est plus facile que savoir, sans parler de construire une action positive.

Pour avoir été Maître de conférences à Science-po de la crise de 73 à la crise de 93, il a fallu commenter des épisodes de ce genre à de multiples reprises. Pessimisme et découragement moral sont les deux mamelles aux quelles s'abreuvent ceux qui n'ont rien à dire et rien à proposer, mais qui veulent exister médiatiquement.

En 1973, Keynes était "mort". Il fallait un nouveau Keynes car toutes les règles du jeu économique avaient changé. Les mœurs n'étaient plus ce qu'ils étaient : la cupidité avaient remplacé les solides capacités entrepreneuriales. De toute façon, la terre serait épuisée dans les 20 ans et en l'an 2000 cela ferait bien longtemps que le pétrole aurait disparu de cette terre. La voiture avait traînée la croissance derrière elle. Maintenant tout le monde était équipé. On allait pas avoir deux voitures par ménages tout de même. L'acier, le charbon, le textiles, c'était fini. Quant aux nouvelles technologies, à cette époque l'informatique, le filon était épuisé. Tout ce qui devait être informatisé l'avait été. C'était un truc pour les comptables et cela allait signifier la mort des administratifs. La banque et l'assurance allaient licencier pratiquement tous ses effectifs (avec grèves majeures en France). L'agriculture était arrivée à la surproduction définitive.  La grande distribution allait tuer le petit commerce. La mécanisation et les robots signifiaient la mort définitive de l'emploi. Blablabla.

Le résultat : l'informatique s'est développée de façon gigantesque portée par le télétraitement, le temps réel et la mini informatique, puis la micro informatique. Des secteurs économiques entiers se sont créés ou ont été renouvelés. La croissance mondiale n'a jamais cessé et jamais le monde ne sera plus riche 20 ans après, à l'aube de la nouvelle crise périodique forte, même si le rythme de croissance avait baissé.

En revanche, personne n'a voulu voir que le changement de l'organisation monétaire mondiale provoquait des modifications dramatiques qui allaient peser sur la croissance et faire entrer l'économie dans un système d'économie baudruche déplorable. On exalte la sinistrose mais on n'étudie pas les erreurs d'organisation. Et on les aggrave. Accords de la Jamaïque dans le monde, énarchie compassionnelle fiscaliste en France, n'importe quoi en Europe, comme la mesure "essentialiste"  que sera l'élection d'un Parlement Européen, seront la conséquence. Ajouter les deux septennats de Mitterrand et la France quitte durablement toute perspective de croissance rapide.

En 1992, 93, la crise décennale grave est pire que celle de 1973 du fait des défauts accumulés du système monétaire international. A nouveau on ne fait aucune analyse des défauts du système mais on crie à l'Horreur économique, la Fin du travail, l'épuisement du pétrole et des ressources rares, la fin de la révolution micro informatique (tout a été exploité), la disparition de la "bagnole" et donc du moteur de la croissance, l'ouverture d'une ère de cupidité, etc.  Aucune analyse de la crise n'est offerte. L'accident de 1987 est mis sur le compte des ordinateurs et la crise de 92-93 sur la guerre en Irak. 

Résultats 20 ans plus tard, plusieurs centaines de millions de personnes trouveront un emploi, la pauvreté reculera massivement dans le monde, l'informatique personnelle communicante révolutionnera à peu près tout, l'enrichissement général se poursuivra, surtout dans les pays ruinés pendant des décennies par le "socialisme réalisé".

Mais c'est vrai : on ne répare aucun des défauts du système, qu'on n'analyse pas ; trop compliqué, trop dangereux, et on les aggrave créant dans le monde une économie globale baudruche, en France une économie étouffée par le secteur public, en Europe une économie étouffée par la préparation puis la création de la zone euro. Toutes les causes de danger sont présentées comme de formidables avancées, le triomphe de la "finance", le triomphe de l'idée européenne, le triomphe du socialisme à la française.

La crise commencée en 2007 et qui est, à nouveau, "la plus grave depuis 1929" fait aujourd'hui l'objet du même traitement. Un certain  Daniel Cohen, économiste officiel, passe ce matin même sur France Info pour expliquer, que l'emploi c'est fini, que la nouvelle économie concentre la richesse sans provoquer la création d'emplois, que la croissance dans les pays en cours de rattrapage est impossible car cela tuerait la terre. Et qu'on voit bien que la Chine et le Brésil sont en récession.  Dans le Temps un article fait la synthèse de tous les propos du même genre. La productivité ne mène plus à la croissance. Les riches captent désormais tout et leur extraterritorialité les rends insaisissables par le fisc. L'Europe est définitivement encalminée car l'Euro est une catastrophe à cause de Mme Merkel et de son juridisme étroit. Nous sommes dans un monde de cupidité.

On mélange à nouveau le conjoncturel et le structurel, le financier et le commercial, l'économique et le politique, la morale et l'action.

Tout cela fait broyer du noir et brasser de l'argent. Mais n'apporte strictement aucune perspective.

Il est strictement impossible de faire la moindre analyse utile si on ne distingue pas l'économie réelle et la couche de dettes qui est posée dessus et qui représente encore aujourd'hui en moyenne dans le monde près de 4 fois la valeur de l'économie réelle.

C'est parce qu'on a laissé se créer cette énorme couche de mousse monétaire et financière au dessus de l'économie de production que la plupart des méfaits constatés se sont produits et qu'on a tant de mal à sortir du trou. La première obligation des économistes est d'expliquer les mécanismes qui ont permis l'émergence de cette mousse parasite que nous appelons l'économie baudruche, et de définir les moyens de s'en délivrer. Des éminences comme Daniel Cohen ne fournissent AUCUNE piste de réflexion en ce sens. Au contraire, ils poussent au désespoir : si c'est la cupidité et internet qui sont les causes, il n'y a pas d'issue. Le péché de gourmandise dure depuis quelques milliers d'année, semble-t-il et on ne voit pas qu'internet soit en passe de disparaître.

De même on a créé, en Europe, une organisation de l'économie qui ne peut s'ajuster que par des déflations sinistres. Raisonnable ?

Quant à la France, elle a choisi un modèle de sous-développement fondé sur l'inactivité, le malthusianisme, le développement d'un secteur public gigantesque et sans productivité, tout en ruinant ses riches, chassés hors du pays, et en faisant crever ses entreprises sous les contraintes et les charges.

Ce n'est pas par des "analyses", marquées par la courte vue et le pessimisme,  portant sur l'économie réelle qu'il faut prendre la question du retour à la prospérité et à l'emploi du monde, de l'Europe et de la France. Il faut s'attaquer aux erreurs d'organisation qui ont progressivement étouffé l'économie mondiale.

Dans 20 ans, nous constaterons que toutes les analyses qui sont à la mode aujourd'hui se seront révélées aussi débiles que débilitantes. Comme les analyses post 73 paraissent aujourd'hui grotesques ; comme les analyses post 93 nous paraissent aujourd'hui sans fondement.

La croissance n'a pas de plafond ; les taux d'emplois n'ont pas de limite. On peut croitre sans tuer la terre. On peut employer tout le monde. Il n'y a dans le monde qui se développe tous les jours aucune raison absolue pour que cela ne soit pas le cas.

En revanche un pays qui comme la France chasse ses entrepreneurs et développe ses dépenses publiques au point qu'elles atteignent la contre valeur du PIB marchand non financier est mal parti.

En revanche une zone qui crée une monnaie unique sans organe de gouvernance ne peut pas espérer grand-chose.

En revanche un monde qui met en place un système de gonflement monétaire et financier sans limite portant le niveau de dettes à quatre fois le PIb n'est pas viable.

On n'a pas besoin d'une économie du désespoir. Il n'est pas nécessaire de désespérer de l'économie.

En revanche, certaines réformes et refondations sont absolument nécessaires.

Les économistes qui veulent faire de l'argent  en capitalisant sur le délétère et la sinistrose du genre Stiglitz, Cohen, Attali, etc. ad libitum, ont leurs raisons. On se permettra de préférer ceux qui s'attaquent à clarifier les mauvaises solutions et à élaborer les bonnes plutôt que de surfer sur des mauvais sentiments et de se concentrer sur des faux semblants qui ne mènent à rien.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile. 

Trois chiffres

La Suisse compte 186.000 fonctionnaires et s'inquiéte car le nombre a beaucoup augmenté depuis 20 ans. La population est un peu au dessus de 8.000.000 d'habitants. Pour 66.000.000, cela ferait 1.500.000 fonctionnaires.

La Grèce a 800.000 fonctionnaires pour 11.000.000 d'habitants, ce qui ferait pour 66.000.000, 4.800.000 de fonctionnaires. Tout le monde et M. Hollande en premier, a reconnu que ce chiffre était grotesque et la marque d'un pays qui s'était gavé de postes publics sur le dos des autres.

La France a 66.000.000 d'habitants et 5.500.000 fonctionnaires.

Fiscalité politicienne et Constitution

La déclaration des droits de l'homme et du citoyen, telle qu'elle est annexée en préambule de la Constitution actuelle n'est pas très claire sur la question des contributions. Les citoyens contribuent "à raison de leurs facultés".

La constitution de 1789 était plus explicite  en indiquant qu'ils contribuaient "à proportion". La proportionnalité a cédé le pas à la progressivité, voici la raison de cette raison.

En fait, "à raison" veut dire, selon les meilleurs dictionnaires,  "à proportion"… Sémantique quand tu nous tiens !

La pratique fiscale, ces dernières années, s'est engagée dans certaines impasses qui frôlent l'inconstitutionnalité et en tout cas nie l'esprit républicain.

Jusqu'à Pompidou, la règle des augmentations d'impôts et des efforts fiscaux étaient proches de l'esprit de la Constitution : en cas de besoin on demandait un effort à tous et on tenait compte de la situation de chacun pour sortir des difficultés. Le pays mobilise tous ses citoyens, à raison de ses facultés.

Après les septennats fiscaux de Giscard et Mitterrand, qui ont vu une augmentation de près de 40% de la pression fiscale, la crise de 1993 va provoquer une première sortie de l'épure démocratique avec Alain Juppé qui déplafonne l'ISF et envoie automatiquement quelques dizaines de milliers d'assujettis au delà des 100% d'impôts sur le revenu. On n'est plus dans la contribution mais le vol du capital, normalement interdit par la Constitution (toute captation du capital doit être justement indemnisée). C'est ensuite Jospin qui fait valoir un curieux argument : si on baisse l'impôt sur le revenu, la baisse doit aussi toucher ceux qui ne paient pas l'impôt sur le revenu ! Il n'y a plus de corrélation entre la hausse des impôts et la baisse. On peut augmenter l'impôt sur le revenu sans toucher ceux qui ne le paient pas, mais pas l'inverse. On invente également l'impôt sur l'impôt et la non prise en compte de l'inflation dans les assiettes fiscales, ce qui revient à imposer un revenu fictif.

Avec Hollande, l'idée que les augmentations d'impôts ne doivent pas être payées par tous mais seulement par "les riches" arrive dans le décor antidémocratique de l'énarchie compassionnelle. L'idée qu'on dût contribuer "à raison" disparaît. La ségrégation fiscale ou apartheid fiscal comme on voudra, apparait dans la pratique. Symétriquement la baisse fiscale ne doit pas concerner tous les citoyens mais seulement une sélection.

Normalement une baisse fiscale devrait concerner les 20 millions de ménages contributeurs, à raison de leurs facultés.

Non : on va en choisir environ la moitié pour faire nombre mais en écartant les riches honnis, c'est-à-dire les 20% de ménages qui paient 70% des impôts.  

Ces mauvaises manières démagogiques s'ajoutent à une autre réalité : l'exclusion de prestations de ceux qui les paient. Depuis le déplafonnement des assiettes de sécurité sociale on faisait payer "aux riches" des sommes disproportionnées pour les services rendus mais au moins ils y avaient droit. Un cadre supérieur paye par exemple jusqu'à 1000 fois les quelques remboursements maladie dont il bénéficie, du fait de la suppression du plafonnement. Maintenant des services deviennent payants pour les heureux contributeurs exclus de la gratuité anciennement générale ou de prestations anciennement universelles. Pour bien brûler la chandelle par les deux bouts, on va même proposer de faire payer plus cher les mêmes services en fonction du revenu…brut naturellement. Le riche va payer le prix fort l'entrée d'un enfant à l'université tout en ayant un revenu net devenu très faible voire négatif.

L'égalité devant l'impôt et les prestations universelles sont des principes constitutionnels désormais à bas. Les principes ont été remplacés par le clientélisme politicien le plus abject et l'électoralisme de bas étage. La justice fiscale a fait place au justicialisme fiscal, ce qui n'est pas exactement la même chose.  

M. Hollande pratique à l'échelon national les principes de ses gestions municipale et départementale. On hausse massivement les impôts après les élections ; on lâche quelques miettes aux masses électorales et à elles seulement, les deux budgets précédant les élections.

Il n'aura jamais réussi à entrer dans le costume d'un président de la république.

Voir la presse, la semaine où les Français qui le paient sont saignés à blanc par un Impôt sur le revenu totalement délirant, compte tenu des autres impositions, emboucher les trompettes de la "baisse d'impôts" c'est-à-dire participer à une manipulation de l'opinion d'une grossièreté inimaginable, donnera aux journalistes une légère indication sur les causes de la perte de confiance qu'ils subissent dans l'esprit des Français.

Leur devoir aurait été de rappeler que le choix de la date  des "annonces présidentielles" en fait une simple opération de com' de la plus basse espèce, à l'heure où ils signent le solde de leur IR,  tout en signalant que les règles de la Constitution sont piétinées.

En ne cherchant qu'à être des perroquets de la com' présidentielle, ils aggraveront encore les malheurs de la presse française. Quant à Hollande, malgré ce qu'il espère, la haine qui entoure ses palinodies fiscales de minable politicien l'empêchera d'être au second tour. Les socialistes soviétiques pensaient que les exactions ciblées contre des boucs émissaires suffisaient à leur attacher les habitants. Les socialistes chinois le croient toujours. Ainsi qu'Hollande, qui a plusieurs reprises a lancé lui-même des attaques ad hominem quand il a cru que cela le servirait (voir l'affaire Depardieu) et qui croit qu'il doit son élection à l'annonce des "75%".  "Une fois abject, toujours abject" affirme le dicton. La règle n'a pas d'exception. Mais maintenant les Français savent. Quant à Juppé, il va lui falloir drôlement polir son programme s'il veut se dégager de la gangue fiscale où il est englué. Une chose est de paraître plus digne qu'un Sarkozy. Une autre est de croire que les Français sont totalement oublieux.

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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