Hommage à Raghuram Rajan

Raghuram Rajan, Raghu pour les intimes,  est gouverneur de la banque centrale de l’Inde (Reserve Bank of India). Il vint de refuser de faire un second mandat. Cela s’est passé un 18 juin et cela résonne comme un appel. Il n’a pas été démissionné pour incompétence. Au contraire, il a été probablement le meilleur gouverneur de banque centrale de ces dernières années.

Raghuram était l’ancien Economiste en chef du FMI et il savait exactement de quoi il parlait.

Sa compétence et son autorité économique, qui n’étaient pas seulement une image de com’, comme pour DSK,  lui ont permis de sortir l’Inde de trois de ses tares habituelles : une inflation trop forte, des déficits intérieurs et extérieurs exagérés et un cours erratique de la Roupie. Rappelons la période : la pire pour les relations financières et monétaires internationales. Rappelons aussi le résultat : la meilleure croissance mondiale, bien avant la Chine !

Mais voilà, Il avait compris que le système monétaire international, basé sur les changes flottants et le n’importe quoi, était fou et forçait une guerre des banques centrales ridicule et contreproductive. Il ne l’a jamais dit aussi clairement. Les banquiers centraux ne font pas cela. Mais la restriction était évidente.

Alors les pressions ont commencé pour l’éjecter.

Raghu s’était fait connaître dès 2005 pour un rapport prémonitoire qui prenait à contrepied les inepties propagées par « la triplette tragique », Robert Rubin, le politique, Alan Greenspan, l’énigmatique, et Larry Summers, le vociférant, et annonçait l’explosion de 2008.

 “Here was a telling moment in 2005, at a conference held to honor Greenspan’s tenure at the Fed. One brave attendee, Raghuram Rajan (of the University of Chicago, surprisingly), presented a paper warning that the financial system was taking on potentially dangerous levels of risk. He was mocked by almost all present — including, by the way, Larry Summers, who dismissed his warnings as “misguided.”

Larry Summers l’a même carrément insulté en le traitant de « Lubbit », un terme qui s’applique aux fofolles qui épousent une pensée sans substance par pur snobisme.

Raghu n’a jamais caché depuis les réserves que lui inspirait le fait qu’aucune réforme n’avait suivi l’effondrement. Il est l’un des rares économistes de qualité ayant eu le courage de dénoncer les défauts structurels de la mondialisation basée sur la fuite en avant monétaire. Son livre,  Fault Lines: How Hidden Fractures Still Threaten the World Economy?, publié en Août 2011, et qui n’a eu exactement aucun écho en France, démontrait très précisément que les explications par les « subprimes » et de gangstérisme financier manquaient un tantinet de profondeur.

 “Rajan shows how the individual choices that collectively brought about the economic meltdown--made by bankers, government officials, and ordinary homeowners--were rational responses to a flawed global financial order in which the incentives to take on risk are incredibly out of step with the dangers those risks pose”.

Il faut aller plus loin que la simple dénonciation d’individus déviants.  Les agents économiques sont rationnels même dans un système irrationnel. Le problème est dans les défauts du système, pas dans la mentalité des agents économiques.

Il a rappelé à de nombreuses reprises que, dans le système financier existant, il est impossible de connaître la valeur fondamentale des actifs. L’économie n’a donc plus de boussole. Les investisseurs deviennent des guêpes frappant contre une vitre.

Comme beaucoup d’économistes soucieux du tiers monde, Raghu croit beaucoup que l’inégalité croissante est largement responsable de la crise, aussi bien celle qui apparait au sein des pays émergents, que celle qui s’est installée aux Etats-Unis et celle qui persiste entre pays émergents et pays industrialisés. Voir sa conférence fondamentale : (https://www.youtube.com/watch?v=GW7wu3uyz9g).

Sans nier l’impact des inégalités,  nous-même mettons plutôt l’accent sur l’effet délétère des grands déficits et des grands excédents qui imposent le retour des excédents de balance des paiements sur le marché financier des Etats-Unis et la hausse consécutive des en-cours bancaires, provoquant l’apparition d’une économie baudruche et des crises de plus en plus graves. Il n’est pas nécessaire de partir des inégalités aux Etats-Unis pour comprendre qu’une nation qui paie ses déficits dans sa monnaie n’aura aucun frein à les accroître jusqu’à l’explosion finale.   Mais il n’a pas sous-estimé le rôle des bulles financières répétées ni les effets des grands excédents et des grands déficits.

Il a parfaitement démontré que les politiques d’exportations forcées avec des monnaies dévaluées et les super excédents entrainaient à terme une économie locale anémiée et un Etat asphyxié. Il a moins bien vu que le débiteur américain était aussi capable de ruiner périodiquement le créancier (Allemagne en 74, Japon en 1992, Chine, en ce moment même). Mais au moins il a produit ce qu’on attend d’un économiste : une explication basée sur des observations et des mécanismes et non sur des pétitions de principe et des postures.

Naturellement, les éléments de langage relatifs à l’exclusion de Raghu Rajan font valoir uniquement des querelles internes à la politique indienne et l’énervement du nouveau dirigeant indien, Narendra Modi, face à la volonté de la banque centrale de nettoyer les bilans des banques et de mettre fin aux prêts « politiques » , et sa réticence à baisser de façon irresponsable les taux d’intérêt.

Ces querelles existent. Mais derrière ce conflit, il reste l’hostilité des tenants de la mondialisation à l’américaine basée sur la suprématie du dollar et la violence extérieure de son droit pénal.  Elle a laissé Raghu sans soutien.

En dépit du « lip service » politiquement correct en faveur d’un tiers-mondiste sérieux et soucieux d’efficacité sociale, Raghu a fini par être un homme seul en dépit de la justesse de ses vues et l’efficacité de son action opérationnelle.

Dommage. Car il a prouvé que la réflexion économique n’était pas seulement américaine et qu’elle devait même s’écarter de la vulgate de sa propre école (Chicago).

Et hommage, pour avoir prouvé qu’il était nécessaire de regarder plus loin que le bout de son nez. Espérons qu’il pourra à terme devenir président de l’Inde en dépit des graves  passions qui divisent ce pays.

Ce serait un allié idéal pour une réforme du système monétaire international.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

A propos du Brexit : la Liberté se chérit mais les libertés s'organisent

 

 

Ce qui frappe dans l’état actuel des mentalités, à peu près partout dans le monde, c’est le refus larvé des trois grandes libertés de mouvement : mouvement de marchandises, de capitaux et de personnes dont la mise en place structure la pensée et l’action des Occidentaux depuis la fin de la guerre de quarante.  

La nation est le creuset traditionnel où doit se fondre ces trois libertés. En dépit des résistances régionalistes, quiconque veut s’installer, travailler, contracter, peut le faire en tout point du territoire national, sans que les futurs voisins, clients ou collègues puissent s’y opposer, pourvu qu’il le fasse dans le cadre de la loi nationale.   

L’Union Européenne  a voulu étendre la garantie des mêmes libertés à tous les citoyens des pays membres. Pour simplifier, chaque nation de l’Union a dit à l’autre : « Je ne te crains pas, ni aucun de tes nationaux, bien que tu sois souveraine et que tu ais construit une société différente de la mienne ».  La garantie de la liberté de s’installer, de contracter, de travailler a été étendue à toute personne de l’Union souhaitant  exercer ces nouveaux droits, en même temps que chaque Etat  renonçait à maintenir ou prendre des mesures discriminatoires à l’encontre des autres.

Il n’y a aucun doute qu’accroître le champ des libertés garanties est, en soi,  un progrès. L’enfermement, la restriction, la méfiance institutionnelle, ne sont pas des objectifs positifs.

La condition nécessaire est la claire conscience que la garantie des libertés n’existe que si on fait l’effort de l’organiser. C’est là que les difficultés commencent. Il ne faut naturellement pas que l’extension des libertés, hors du champ national donc de la volonté directe des peuples, s’accompagne  d’un rétrécissement au sein de la nation.  Et il ne faut pas que les mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, devenus massifs,  ne ravagent des équilibres fragiles. La liberté n’est pas la licence ni le n’importe quoi.

Dans la nation, la  fonction de régulation appartient au gouvernement. Que devient-elle si  les mouvements d’un pays de l’Union avec l’étranger et les autres nations de l’Union sortent de la responsabilité gouvernementale sans qu’aucune organisation ne se substitue aux anciens Etats et que l’on crée des instances juridiques chargées d’imposer l’interdiction de toute discrimination ? Passer de la gestion contrôlée par un gouvernement légitime à rien du tout sinon un principat juridique sanctionnée par une brochette de juges nommés est-il réellement une solution efficace et démocratique ?

En Europe, Commission, Parlement Européen et Conseil ont été un appareil suffisant pour abaisser les murailles dressées par les Etats de l’Union les uns contre les autres,  tant que le champ de l’Europe est resté confiné aux pays développés fondateurs. Les niveaux de vie et les règles du jeu étaient suffisamment proches  pour que les nouvelles libertés de mouvement n’aient pas trop de conséquences inopportunes. Une barrière extérieure commune et des monnaies différentes garantissaient qu’il y aurait un certain avantage européen et que les déséquilibres économiques intra européens  pourraient être corrigés par la dévaluation concertée.

Trois  évènements internes et deux décisions externes ont fait éclater le système. En interne : l’extension du champ de l’Union européenne aux pays méditerranéens ; l’extension  aux Pays de l’Est ; la mise en place d’une monnaie unique. En externe : l’abandon du tarif extérieur commun et l’acceptation d’un système de changes flottants dans le monde ; l’encouragement à l’immigration extra européenne, associée à l’interdiction de la répression de l’immigration illégale.

Seule une de ses cinq décisions a fait l’objet d’un vote populaire : le traité de Maastricht, dont les défauts sont devenus vite criants et qui a été modifié aux forceps contre la volonté populaire.

L’extension de la Communauté puis de l’Union Européenne est un processus entièrement étranger à la décision des  nations et des peuples de l’Union ; Il suffit que les « critères » soient réunis. La décision ne porte que sur l’appréciation de la réunion des critères. On a vu que  cette appréciation n’est pas d’une parfaites rigueur. Ni la Grèce, ni le Portugal, et à peine l’Espagne, ne répondaient complètement aux critères. Beaucoup de voix se sont élevées contre chaque inclusion prématurée. Il aurait fallu prévoir une phase d’association préalable beaucoup plus longue et un flot de réformes internes dont on voit aujourd’hui en Grèce qu’elles étaient indispensables et qu’elles n’ont pas été mises enoeuvre. Il eût mieux valu les faire à froid et avant qu’après et à chaud. Avec les Pays de l’Est, on a fait pire. On a considéré qu’il fallait dire oui tout de suite alors que les conditions n’étaient pratiquement réunies nulle part.

Ces extensions prématurées ont fait apparaître trois phénomènes :

-          La peur de la « décivilisation » avec l’envahissement de l’Ouest européen par les populations Roms ou assimilées de la Roumanie, de l’ex Tchécoslovaquie, de la Hongrie et de la Bulgarie. Ces populations, très communautarisées et bien décidées, depuis toujours, à vivre selon leurs propres habitudes, rarement respectueuses de la dignité et de la loi, étaient détestées partout dans ces pays avec des réactions plus ou moins vives. Elles ont migré avec frénésie. Pour s’en tenir qu’à la France, les chiffres, interdits de comptage officiel, mais recoupés par la simple énumération des camps et du nombre des expulsions lorsque ces camps ont été vidés (pour renaître ailleurs) sont supérieurs à 450.000. Plus de 400 camps ont été créés dans les conditions habituelles à ces « communautés ». Partout la vie s’organise entre vols et mendicité, avec des tentatives en général dérisoires d’intégration des enfants et des parents. Personne n’évoque plus de quelques dizaines de réussite. L’affaire Léonarda a montré le schéma classique de cette immigration. Mais c’est surtout la multiplication des squats et l’apparition devant chaque boulangerie et chaque supérette dans les grandes villes de mendiants parfois volontairement handicapés, parfois avec enfants, toujours volontairement répugnants, qui a commencé à faire douter de l’opportunité de la liberté absolue de mouvement des personnes. Comment dire à nos nouveaux pays unis : je ne te crains pas, lorsqu’on retourne à cause d’eux  aux mœurs du temps de Dickens ou de « slumdog millionnaire » ? Comment se satisfaire de voir des nuées de mineures piller les touristes dans le métro parisien et dans tous les lieux touristiques, en sachant qu’on ne peut que libérer les voleuses prises sur le fait ?

Bien sûr le « politiquement correct » s’en est mêlé. Dénoncer l’incapacité d’intégration, la saleté, les trafics et la mendicité serait « nauséabond », la preuve d’une attitude « abjecte » qui nous ferait revenir aux « plus tristes périodes de notre histoire » et au temps des génocides. Les auteurs ne peuvent être que des fous et des racistes pathologiques qui devraient aller se soigner « tant leur haine des autres signalerait une haine de soi ».  La ritournelle de la « reductio ad hitlerum » a tellement servi et s’est appliqué à tant de penseurs éminents qu’elle est aujourd’hui un objet de dérision.  Les populations ont fait le constat : on gâche notre vie quotidienne ; on nous fait retourner au XIXème siècle ; on nous insulte si nous réagissons ; et les gouvernements ne peuvent plus intervenir à cause de l’Europe et des cours judiciaires européennes. Les traités ne permettent pas de canaliser les flux « d’indésirables ». Les cours ont interdit les législations relatives au statut des sans domicile fixe et la criminalisation du vagabondage. L’Europe a créé le problème et l’impossibilité de régler le problème.

 

-          La peur des flux de délinquance criminelle internationale qui se sont brusquement aggravés.  Cela fait maintenant plus de 20 ans que les journaux sont emplis des exploits de bandes de délinquants étrangers facilités par la liberté absolue des mouvements de personnes. Les engins de chantiers sont désormais pendus aux grues le soir. Les moteurs de hors-bord sont pillés dans les marinas. Les récoltes d’huîtres, de vin, de tout en fait, sont volées massivement de façon routinière. Les cargaisons de camions sont tous les jours volés dans les parkings ou même sur les routes. Des trafics d’êtres humains et même d’organes humains sont constatés. Bref, la justice et la police sont totalement dépassées par la vitesse et le nombre des trafics. Une pelleteuse volée à 23 heures se retrouve au Portugal 6 heures plus tard. Un lot de voitures allemandes volées se retrouve sur les marchés aux voleurs polonais ou tchèques en une nuit. Une cargaison de téléviseurs volés au Havre est livrée en 24 heures en Tchéchénie.

-          La peur du « plombier polonais » en fait de tout travailleur européen qui peut venir travailler aux conditions de son pays sur des marchés français. La directive Bolkenstein qui avait un sens sur l’accompagnement de service de la vente de matériels et de logiciels (installation, formation, maintenance) a provoqué une véritable crise du droit social en s’étendant à tous les services sans distinction. « A quoi servent tous les textes qui nous enserrent si n’importe qui peut faire mon travail en s’en dispensant ? » Les délocalisations intra européennes dans pratiquement tous les domaines de l’industrie ont achevé de convaincre les peuples que l’ouverture n’avait que des inconvénients et les touchait directement dans leur emploi ou dans la perspective d’en avoir un.  

La peur est strictement incompatible avec le concept d’Union Européenne. « Si j’ai peur de toi, je ne veux pas te voir ici. Fiche le camp ! »

Dans ce contexte, la création de la zone Euro, sans aucun organe ni mécanisme de coordination, a été une erreur majeure. Personne n’a voulu voir que les déséquilibres internes  ne pouvaient pas être corrigés dans les cadres institués. Les excès ont été facilités, en même temps que l’incohérence des politiques conduisait à des situations intenables. Plan Jospin et plan Schroeder étaient incompatibles. Les gouvernements ont perdu une partie de leur autonomie dès que la crise extérieure a frappé, la dépossession culminant avec la crise grecque et le traité Merkozy. A la peur s’est ajoutée la douleur des coups de bâtons.

Quant à la gestion extérieure de la zone euro, elle a perdu tout sens dès qu’on a aboli le tarif extérieur commun. La notion de préférence européenne disparaissait sans prudence. Maurice Allais aura beau rugir que l’abaissement total ou quasi-total des limitations aux échanges portait en lui la perte de l’industrie et le chômage de masse, il a été vilipendé  et traité en cinglé. Les résultats ont donné raison au quasi centenaire de l’époque. La sagesse sait attendre le nombre des années !

Il est vrai que la triple libéralisation des échanges de produits, de personnes et de capitaux, était la conséquence logique des changes flottants. Si les monnaies étaient de la marchandise comme les autres, il importait d’en créer le marché de la façon la plus libre possible. Alors va pour les libres mouvements de capitaux (affectation optimum du capital), de marchandises (suppression des rentes de producteurs), et de personnes (le travail là où il est le plus demandé).

L’ennui est que les changes flottants ne fonctionnent pas, n’ont jamais fonctionné et ne fonctionneront jamais. Associés à la dérégulation financière quasi totale, ils ont créé une économie baudruche, dont la triple caractéristique a été :

-          Des crises périodiques de plus en plus graves

-          L’envolée de la dette globale partout

-          La baisse décennale du trend.

Crises et stagnation ont frappé en priorité les classes moyennes sous forme de chômage de masse, de précarité, de salaires en berne. On leur avait promis grâce à une allocation optimum des ressources, une richesse en forte hausse. Le choc fut rude en 1974, 1993 et 2008. Toujours plus rude.  Personne n’a voulu prendre le risque de dénoncer les changes flottants et les mécanismes de la crise. C’était la société qui changeait et il fallait s’adapter ! Telle est encore la rengaine.

Un drame supplémentaire est venu de l’acceptation d’une immigration étrangère pratiquement sans limite, considérée comme bonne en soi et vierge de tout inconvénient à court comme à long terme. Le socialisme et la religion chrétienne se sont ligués avec le pur libéralisme, qui ne connait que des individus, pour militer contre toute restriction à l’immigration vue comme une atteinte intolérable aux droits de l’homme. Du point de vue de la morale individuelle, rien à dire. Mais la morale collective, on le sait depuis toujours, n’est pas la morale individuelle. Si l’Afrique triple ses effectifs d’ici à 2050 comme certains l’annoncent, c’est près de 400 millions d’Africains qui frapperont à la porte de l’Europe pour s’en sortir. J. Attali, il-y-a peu, annonçait que la population du Nigéria dépasserait celle de la Chine à cette date. L’Europe dit quoi ? « Oui, venez tous, c’est formidable » ?  

L’immigrant illégal est devenu un « sans papier temporaire ». En même temps que l’immigration légale explosait du fait du regroupement familial. Le droit européen et les jugements de la CEDH ont été très clairs. Un immigrant clandestin n’est pas un délinquant. Il appartient aux Etats de l’accueillir et de le traiter comme les autres résidents. De toute façon, s’ils ne veulent pas donner leur identité ou si les pays d’origine ne désirent pas les reprendre, rien ne peut être fait contre les clandestins. Dans certains pays, dans un esprit de charité et de miséricorde, il est devenu un devoir de les accueillir et de payer pour cela, mais sans qu’ils travaillent pour éviter la nervosité des syndicats. La France a été en particulier très loin dans le logement, les soins et le couvert donné aux immigrés mais sans perspective de travail ; elle est devenue un pays de transit dont Sangatte puis tout le Calaisie ont été le symbole. Le spectacle des hordes s’attaquant aux camions cherchant à joindre l’Angleterre a fini de convaincre que la liberté de circulation (à l’entrée mais pas à la sortie) n’était pas jouable. La crise iraquienne et syrienne a imposé l’idée que sans frontière commune réelle, l’Europe de la liberté de mouvement des personnes était une farce d’autant plus dangereuse que les attentats islamistes ont commencé sur une vaste échelle et que les assassins sont entrés avec les migrants habituels.  Que valait la libre circulation des personnes dans toute l’Europe si l’Allemagne pouvait accueillir plus de 1.200.000 personnes musulmanes et imposer une entrée en Europe sans visa des Turcs ? 

La substitution de population dans certains quartiers français par un groupe à dominante islamique inassimilable et dont une fraction est prête à tuer du mécréant à l’occasion, a fini de détruire toute foi populaire dans les bénéfices de l’immigration de masse.

La liberté oui. Mais si les libertés de mouvements de personnes, de capitaux et de produits aboutissent à la perte de l’identité nationale, à favoriser le terrorisme,  au chômage et aux crises à répétition, cela demande réflexion.

Alors dans leur tréfonds, les nations européennes ont commencé à regimber.

La Royaume-Uni a réagi le premier. Les Britanniques n’ont pas apprécié que la CEDH définisse le statut des prisonniers britanniques et notamment la privation de leur droit civique, dans les cas les plus graves, selon des règles contraires à celles définies au Parlement multi séculaire. Ce n’est pas à la CEDH de faire la loi commune. Ils ont réclamés et obtenus qu’on ne les force pas à aller toujours vers plus de fédéralisme et la destruction finale de l’Etat britannique. Cette question n’est jamais abordée dans les pays du continent et particulièrement pas en France. Abaisser la nation française pour lui substituer une nation européenne est un projet que  les cellules européistes considèrent comme acquis même s’il n’est pas totalement explicite. Seul Giscard parle ouvertement de faire disparaître la France en tant qu’Etat et Nation. L’élection d’un maire musulman à Londres a fait soudain prendre conscience aux britanniques que les masses allogènes changeaient la société et que bientôt les autochtones seraient submergés. L’évolution vers le crime et le génocide de l’islamisme a rendu concret un risque de soumission forcée à une religion qui s’avère une plaie criminelle mopndialisée.

Alors les Britanniques ont dit non. Ils sortent de l’Europe c’est-à-dire de la liberté des mouvements d’hommes, de capitaux et de marchandises, telle qu’on la trouve au sein des nations et telle qu’on voulait l’organiser au sein de l’Union.

C’est pour beaucoup de Britanniques une terrible régression de leurs libertés concrètes. Ils deviennent des étrangers à merci. Beaucoup se sont dit qu’on ne reviendrait pas sur les libertés d’établissement ni sur les libertés contractuelles, pas plus que sur la circulation des biens et des services ou encore la circulation des capitaux.

Il est vrai qu’une structure fédérale n’est ni nécessaire ni suffisante pour construire une société multinationale de libertés civiles et économiques. Dans tous les cas les libertés doivent s’organiser. Le mode bilatéral ou multilatéral entre pays étrangers le permet.  Un fédéralisme totalement laxiste qui n’organise rien joue plutôt contre les libertés. La reconstruction d’une Europe ouverte, sur des bases différentes que celles qui prévalent, serait possible. Mais à condition que les autres le veuillent et pourquoi le voudrait-il après avoir été snobés ?

La décision des Britanniques de quitter la perspective fédérale intégrée crée une vague de fond qui risque de faire chavirer quelques vaisseaux fragiles. On va spéculer sur le désordre économique créé. Les européistes vont s’essayer au revanchisme aigri et agressif.

La vraie question, la seule vraie question qui se pose à l’Europe, est de savoir comment elle entend résoudre le problème des libertés de mouvement des hommes, des capitaux et des marchandises. Si  l’Union s’avère incapable d’adopter des mesures lisibles et admissibles dans ces trois domaines pour en réduire les effets pervers, elle continuera de se déliter.

Rétrospectivement, on voit bien qu’il aurait fallu créer un statut de nation associée, avant de permettre d’intégrer l’Union.

Le Royaume-Uni, la Grèce, le Portugal, les pays de l’Est, les pays de l’AELE, et même la Suisse, l’Ukraine ou la Turquie auraient pu opter pour ce statut associatif sans entrer dans la fusion européenne avant que toutes les conditions requises ne soient réunies. L’option d’une entrée finale indispensable n’était même pas nécessaire. Une nation pouvait légitimement entendre rester souveraine mais associée.  

Pour la zone Euro, il aurait fallu immédiatement mettre en place  les structures de coordination nécessaires avec un mécanisme  automatique de sanction des très gros excédents et des trop gros déficits. Toute nation ne désirant pas la monnaie unique aurait dû rester dans le statut de nation associée. 

L’option tout fédéral aurait dû être exclue d’emblée pour construire une vraie confédération d‘Etats souverains mais intégrés dans des coopérations étroites, avec tarif extérieur commun, avec des frontières effectivement protégées et une politique d’immigration unifiée, avec des règles d’établissement interdisant formellement le vagabondage, avec une politique de sécurité intérieure qui évite  les vides de la répression du banditisme, ou du terrorisme,  et une politique de sécurité extérieure qui assure la protection du bloc contre les agressions extérieures.

Tout cela aurait été raisonnable et probablement efficace. Mettre constamment la charrue avant les bœufs a fini par détruire et la charrue et les bœufs.

Est-il possible de revenir à cette organisation ou une forme proche ?

Sans doute. La fuite en avant dans la « fédérolâtrie » rancunière et agressive, tout en ne réglant aucun des problèmes concrets d’organisation que posent les trois  libertés fondamentales de mouvement, n’est pas une solution. Le maintien d’une Commission pléthorique et d’un Conseil à 27 qui ergote indéfiniment sans rien trancher serait une grave sottise. Le traité Merkozy doit être supprimé au profit d’un vrai traité de coopération économique et sociale qui traite la question des grands déséquilibres internes et de leur correction. L’Europe doit avoir également une politique extérieure économique commune visant à la disparition des changes flottants et l’établissement d’un système structurellement favorable à la coopération économique.

La France aurait dû avoir son mot à dire sur tous ces sujets et même un rôle directeur.  

L’ennui est qu’elle se trouve dans un état totalement dégradé, avec une fiscalité impossible, le désordre partout, une économie abîmée et un Président en dessous des devoirs de sa charge et incapable d’une vision quelconque. Ne parlons pas de notre gouvernement où l’Europe est sous la coupe de MM. Ayrault et Désir, dont la noire incompétence est généralement admise par tous les observateurs.  Il est catastrophique que la France soit à ce point malade au moment où le peuple d’une des trois grandes puissances européennes exprime le vœu de quitter l’Union. L’occasion était créé de poser réellement toutes les questions sur la table et de créer une Europe de la volonté, basée non plus sur des connivences largement cachées et la volonté de détruire les Etats. Oui, il faut organiser les libertés concrètes pour qu’elles soient constructives et permettent l’union des cœurs et la prospérité. La fédérolâtrie sournoise et inconséquente n’était pas la bonne méthode.   Nous sommes privés de ce qu’aurait dû être une grande politique française, capable de construire l’avenir des Français et des Européens dans un cadre profondément modifié.

Hélas, hélas, hélas ! Quand on est nul, on est nul. Quand on se cache tout le temps, qu’on ne veut jamais « sortir de l’ambiguïté » pour toujours se ménager un avenir politicien, bref quand on ne gouverne qu’en fonction de son intérêt purement personnel, un œil sur la com’ et un doigt sur les cadeaux électoraux au peuple, on ne conduit pas de politique et il est impossible de se porter à la hauteur des enjeux.

Le Brexit est une énorme erreur, dangereuse et régressive. Il met en exergue l’incurie de l’organisation européenne, tout autant que l’irresponsabilité démagogique des Tories, menacés par la sécession d’UKIP. Libertés absolues sans volonté ni objectifs clairs ne sont que ruine des nations.

Le Brexit souligne l’incroyable carence française.

« Où est Grouchy ? » disait Napoléon ?

« Où est la France ? » dit l’Europe ?

La France n’est plus là pour personne sinon une poignée de politiciens de bas niveau attachés, comme la moule au rocher, aux avantages immérités des palais de la République alors qu’ils n’ont aucune vision ni aucun projet européen formulé et un minimum crédible.

Le pire serait que les Britanniques vivent les énormes difficultés d’une régression des libertés, et que l’Union Européenne continue de subir les effets pervers d’une licence généralisée, avec une accélération de la fuite en avant dans un fédéralisme de puceaux mystiques. La solution de convergence est exactement l’inverse. L’Union Européenne doit restructurer son mode de fonctionnement pour éliminer les  impuissances désastreuses que provoquent des libertés non canalisées. Pour les mouvements de personnes, cela implique une claire énumération et une réelle sanction des attitudes indésirables, avec des protections sévères et juridiquement possibles des attitudes incompatibles avec la civilisation,  telle que l’Europe en a forgé le concept. Pour les mouvements de marchandises, cela signifie qu’on rebâtisse un tarif extérieur commun et des solidarités internes à l’Europe, en empêchant le libre accès à des produits étrangers qui ne subissent pas

Blocage accidentel du site

A la suite d'une fausse manoeuvre de l'hébergeur du site, l'accès à ce blog a été interrompu pendant deux jours et certains posts bloqués. Nous nous excusons pour la gêne causée.

Admin

Place de l'économie dans les élections présidentielles

Beaucoup de commentateurs dans la presse et dans la littérature de débats, se plaignent de la place prise par l'économie dans le débat public. Ils ont forgé le terme d'économisme pour définir ce qu'ils voient comme une maladie du débat démocratique. La vie est tellement plus "complexe et riche" que ce qu'en laisse voir l'économie…

Nous contestons ce triomphe de l'économisme.

Discutant récemment avec un ancien journaliste économique du Monde, il est clairement apparu que le journalisme économique a largement disparu de la presse quotidienne. Il y avait au Monde, naguère, de fortes plumes économiques. "Paul Fabra en savait autant que n'importe lequel de nos ministres des finances". Ce qui est exact. Si on regarde le Monde actuel, il n'y a plus aucun journaliste de cette culture économique. Au Figaro il reste JP Robin. Le Point conserve Delhommais. Et c'est tout. La télévision a fait monter Lenglet, qui porte une parole économique éclairée, mais sinon se contente d'invités.

En s'interrogeant sur cette évolution, le rôle néfaste du Cercle des Économistes, pas le Cercle des économistes e-toile, non, celui qui a pris le nom générique de façon un tant soit peu abusive, est vite apparu. Ce Cercle a réussi à imposer l'idée que seuls des universitaires à gros diplômes (au moins l'agrégation) avaient le droit de causer dans le poste ou d'écrire dans les colonnes. Du coup on a cessé de recruter des journalistes économiques de qualité dans la presse.

L'ennui, c'est que pour pouvoir pontifier dans la durée, Messieurs les professeurs ne pouvaient pas prendre de risques réels. Ils ont essentiellement conforté, rassuré, éteint les inquiétudes, etc. À nous les beaux et lucratifs "ménages" dans les banques, les médias, les conférences ad hoc etc. L'ennui, c'est qu'ils n'ont absolument rien vu venir d'une crise que certains d'entre eux ont niée jusqu'après qu'elle se soit déclenchée. Les économistes, dans l'esprit public, ont perdu toute crédibilité.

Alors les banques n'invitent plus d'économistes "officiels", généralement universitaires, lors de leurs raouts et si certains médias le font encore, personne ne les écoute.

La crise a presque liquidé les faux prêtres économiques de l'entre-soi universitaire.

D'une certaine façon, c'est bien. Un coup de balai nettoie toujours un peu.

L'ennui, c'est que plus personne ne croit plus que l'économie soit une science et qu'elle ait quelque chose à nous dire de notre avenir national. Alors que la stagnation du pouvoir d'achat alliée à la montée de la dette, des impôts et du chômage frappe durement les Français.

Les politiques sont spontanément très hésitants à parler d'économie. La plupart d'entre eux n'y comprennent rien. Aucun ne souhaite s'exprimer sur des sujets où il n'y a que des coups à prendre. Constatons qu'aucun d'entre eux n'a donné ne serait-ce qu'un début d'explication crédible de l'effondrement de 2008, ses mécanismes et les manières d'éviter que les mêmes causes provoquent les mêmes résultats désastreux.

Les Ministres des Finances sont en général des politiques (Barouin ou Lagarde pour Sarkozy ; Moscovici ou Sapin pour Hollande) dont les compétences économiques sont à peu près inexistantes. La politique est conduite par le Trésor, dans ce qui reste de responsabilité gouvernementale. Tout le reste se passe ailleurs.

L'Universitaire, qui avait pris une place abusive, étant déconsidéré, les médias vidés de journalistes compétents, la classe intellectuelle dans le rejet de "l'économisme" et la classe politique dans le refus d'exprimer et diagnostic et thérapeutique, faute de personnel compétent, on comprend que l'économie ne risque pas d'être traitée de façon convenable dans les élections qui s'annoncent.

Comme en 2002, 2007, 2 012 pour s'en tenir qu'à ce siècle. Avec les résultats que l'on voit.

Nous pardonnera-t-on de dire que c'est un drame national ?

Programme économique présidentiel et méthode associée

Pour justifier son départ de la filiale Réseau de la SNCF, son ancien dirigeant a déclaré propos du redressement de comptes affreusement dégradés : « Pour y parvenir, il faut 5 à 10 ans, Il faut que le président ait la visibilité nécessaire. Ce sont de lourds défis et d'une grande complexité ».

Il ne l'avait pas. Il est parti. Il a eu parfaitement raison.

Il est évident que plus les défis sont lourds et les défauts indurés, plus il faut mettre le temps avec soi pour surmonter les difficultés.

Les défis économiques qui attendent le prochain Président de la République Française sont de cette nature : une action dans la durée pour éliminer une à une les causes internes et externes des difficultés anciennes et parer leurs conséquences, tout en construisant une nation plus prospère et plus solide et en tentant de faire face aux coups de butoir venant de l'intérieur ou de l'extérieur qui ne manqueront pas de survenir.

Comme nous ne cessons de le dire, l'arrivée par vagues successives de grandes secousses économiques dues aux défauts du système monétaire international est notre plus grand défi. La position du gouverneur de la banque centrale indienne qui appelle ces derniers temps "à une forme de nouveau Bretton Woods", n'est pas différente de celle de Jacques de Larosière et de nombreux hauts fonctionnaires internationaux. La situation actuelle, imposée par les Etats-Unis, ne peut pas durer. La pression pour la réorganisation des relations économiques et financières mondiales va constamment monter. La stagnation actuelle ne peut pas durer éternellement et on voit bien que les Banques centrales seules n'y peuvent pas grand-chose. Il faut donc avoir un discours sur ce sujet et se préparer à une diplomatie longue et difficile, partiellement conflictuelle.

Le second défi est d'éliminer l'exception bureaucratique et fiscale française qui est la cause proprement nationale de nos difficultés. Là encore, seule une politique de longue haleine permettra de mener à bien des réformes peu amènes mais indispensables.

Nous ne sommes pas contre le fait que le cadre de ces réformes fasse l'objet d'une implémentation rapide en profitant de l'élan de l'élection. Mais penser que la politique de changement n'aura d'efficacité que dans les 100 premiers jours est la manifestation du "syndrome Guéna" que nous avons rappelé dans un billet précédent et qui nous paraît ridicule.

J. Attali va plus loin encore en expliquant que le nouveau président devra plus qu'aucun autre penser au long terme "sans se préoccuper de sa popularité et encore moins d'une éventuelle réélection". Ce côté sacrificiel est une posture, car elle manque totalement de réalisme. Elle suppose qu'une potion radicale a effet hyperrapide puisse être avalée par le pays avec suicide programmé du dirigeant qui l'a prescrite. C'est le syndrome Schroeder. On peut avoir une vision nettement plus calme.

Bien sûr il faut condamner les plans politiciens, façon Sarkozy ou Hollande, où tout le planning est construit exclusivement en fonction de la réélection et basé sur la "communication", "les éléments de langage" et l'analyse fiévreuse des sondages. Les stratégies exclusives de réélection sont condamnables, encore qu'on voit mal, les intérêts en jeu étant ce qu'ils sont, comment un homme politique, embarqué avec de grosses équipes, puisse s'en désintéresser totalement. L'important est de comprendre que la politique ne peut pas, dans la situation actuelle de la France, être un enchaînement d'opérations ciblées pour satisfaire des clientèles.

Il faut être clair sur l'intérêt général. Le faire comprendre n'est pas sans impact électoral. On n'est pas obligé d'être médiocre jusqu'à l'abjection.

Nous ne saurions trop conseiller de s'écarter du jeu qui consiste à dire : on va donner une raclée aux forces qui nous gênent dès qu'on sera arrivé au pouvoir et, ensuite, on gère les affaires courantes. Le but n'est pas de donner une raclée à qui que ce soit. Sinon on risque de ne pas être élu. Et si on l'est, c’est au moment de la réélection que le petit malin se verra pris à son propre jeu : il ne peut proposer que de continuer à gérer les affaires courantes. Si Sarkozy s'est retrouvé totalement éteint lors du débat de second tour de 2012, c'est parce qu'il n'avait plus rien à proposer. Ce serait le cas de Hollande s'il se représentait.

Il ne faut écouter ni les leçons d'outre-tombe d'Yves Guéna, ni les mauvais conseils d'Attali qui a copié la démarche dans un livre récent.

Bien sûr il faut agir par réforme constitutionnelle, référendum et ordonnances dans la foulée de l'élection, mais le but sera de fixer le cadre général d'une action qui devra se déployer dans la durée.

La réforme constitutionnelle doit avoir les buts suivants :

- Revenir sur des principes qui s'avèrent dangereux et qui ont été mis à tort dans la constitution, comme le principe de précaution ou l'indépendance totale des décisions des régions. Les décisions des régions entrent dans le champ de la politique nationale. La compétence universelle doit être supprimée. La compétence des régions s'exerce dans le cadre global de la procédure budgétaire nationale. Des normes peuvent être fixées nationalement pour éviter les taux d'imposition délirants, ou les recrutements excessifs.

- Fixer quelques normes fondamentales comme l'interdiction de se présenter à une élection qui fixe sa propre rémunération, l'impossibilité de cumuler plusieurs rémunérations de l'Etat, ou l'égalité de principe des régimes de sociaux, sans régimes séparés pour la fonction publique. De même, il doit être clair que des sanctions précises doivent frapper certains comportements des dirigeants de l'Etat, comme la félonie, atteinte exagérée aux droits fondamentaux d'un groupe de citoyens (exemple : taxer à 100 % et plus les revenus d'un citoyen en temps de paix), la forfaiture redéfinie comme la tentative d'utiliser les moyens délégués par la République pour viser des objectifs personnels ou de groupe, contraires aux intentions du législateur (par exemple le "justicialisme", dans le cas des juges), les restrictions au séjour, à l'accès à la nationalité, voire la déchéance de la nationalité, pour certains membres militants de communautés venues de l'étranger et installées récemment, en cas de comportements collectifs systématiques, importés de l'étranger et incompatibles avec le maintien des principes fondateurs de la communauté nationale.

- Redéfinir le nombre des députés et des sénateurs ; supprimer le Conseil Économique et Social et redessiner la carte des régions tout en supprimant les départements. Les attributions doivent être clarifiées. Le référendum doit pouvoir couvrir plus de thèmes qu'aujourd'hui.

- Rétablir le monopole du Conseil Constitutionnel dans l'interprétation des droits constitutionnels fondamentaux. Les traités ne doivent plus créer pas un droit supérieur à la volonté nationale. Le gouvernement de juges nommés dans des cours internationales doit cesser.

Il faut naturellement prendre immédiatement par ordonnance des lois d'organisation générale.

- Les ordonnances sur l'organisation de l'Etat doivent supprimer les statuts de niveau inférieur à la catégorie A, limiter les détachements et les mises à disposition, réformer le système de retraite (le niveau de la retraite devient indexer sur les droits acquis dans l'exercice d'une fonction et non par l'existence d'un statut) et empêcher la création d'associations dirigées par les fonctionnaires eux-mêmes ou leur parentèle pour s'octroyer des bénéfices en fraude des limitations légales. De même le contrôle de résultat (et pas seulement de légalité) des missions publiques ne doit pas être confié à l'administration mais à des audits extérieurs pouvant être commandés par l'exécutif ou le Parlement, dont les moyens d'investigation doivent être élargis et les moyens de saupoudrage d'argent limités. Il faut que le nombre des corps soit drastiquement réduit. Il en existe sans raison plusieurs centaines, lorsqu'il en faudrait moins d'une dizaine avec la possibilité de passage d'un silo administratif à l'autre sans difficulté. Pensons qu'un fonctionnaire du Sénat ou de l'Assemblée ne peut pas sortir de sa niche. Jamais ! On se retrouve avec deux armées mexicaines en sureffectif, surpayées, et sclérosées.

- Les règles du jeu syndical doivent être également refixées par une ordonnance précise, avec remise en cause partielle du paritarisme et encadrement strict du droit de grève (une grève ne doit avoir qu'un objet propre à l'entreprise et proportionné à ses ressources, sans remettre en cause un service public ou un intérêt national, et tout blocage externe ou interne doit être durement sanctionné). Il est à noter que ces règles élémentaires sont la règle générale de tous les pays démocratiques ou presque.

- Les cadres de la procédure budgétaire doivent être également totalement revus, aussi bien pour l'Etat que les régions et même les municipalités. La dépense doit être votée dans la continuité de l'évolution de l'économie d'une année sur l'autre, toute augmentation devant être gagée non pas sur une prévision mais sur un accroissement acquis du PIB l'année précédente. Les dérogations ne peuvent être votées qu'à une super-majorité ou par référendum. Pour les municipalités les demandes d'exception doivent être traitées par une commission spécialisée du conseil régional ; pour les régions par une commission spécialisée du Parlement national.

On le voit, ces réformes peuvent et doivent intervenir immédiatement, si elles ont été rédigées préalablement et présentées aux Français sans ambiguïté lors de la campagne, avec un lien très précis entre les mesures proposées et des abus constatés dans le passé immédiat. Il s'agit bien d'arrêter des dérives intenables dans l'état général du pays.

Elles fixent un cadre mais laisse un champ considérable à l'action quotidienne et aux grandes réformes qui demandent du temps et qui doivent être négociées dans la durée.

- Fiscalité du capital et recréation d'un milieu favorable à l'entreprenariat. Réduction drastique de la dépense publique. Gestion rigoureuse de la dette.

- Unification des allocations sociales et clarification des critères et des durées

- Réduction du champ de l'action publique (exemple : repasser au privé le soin des artistes non confirmés en supprimant les Frac ; supprimer le monopole de l'Insee dans la production des statistiques et leur interprétation ; restrictions des possibilités de concurrence du secteur privé par des agences publiques ou des organisations gouvernementales comme les DDE ; et mille autres réformes du même type).

C'est surtout en matière de "diplomatie de la prospérité" envers la zone Euro, l'Union européenne et le système monétaire international qu'il faut une action de longue durée. Des résultats immédiats sont ou impossibles ou possibles au prix de drames inutiles.

L'important, c'est de constamment préciser aux Français la cible à atteindre et la société que l'on veut créer.

Il faudra au moins vingt ans pour que la dette qui entrave l'économie soit éliminée, dix ans pour obtenir un nouvel ordre monétaire mondial satisfaisant, cinq ans pour créer un poste de chancelier de la zone euro, chargé de la coopération des politiques nationales. Mais il faudra moins de cinq ans pour rattraper une bonne partie le retard économique français, si on agit vite et fort.

Et on pourra alors convaincre le pays de l'importance de continuer dans la voie de la prospérité.

Le meilleur calcul politicien est d'envisager dans la durée une grande politique économique et sociale nationale, et une vraie diplomatie économique internationale.

Le PIB : le pire indicateur de conjoncture (2)

Un des aspects fascinants de l'information, comme elle est pratiquée en France, est l'utilisation d'indicateurs imprécis et impossibles à interpréter convenablement. Lorsque les commentateurs se fient aux chiffres après la virgule, on quitte définitivement le domaine du bon sens pour celui du n'importe quoi.

Le PIB est l'exemple même de l'agrégat dangereux et qui doit être manipulé avec la plus extrême prudence. Quiconque a une petite expérience de l'exploitation des statistiques dans le temps sait que cet indicateur est un conglomérat de sous-ensembles dont les composants restent longtemps estimés. Avant que toutes les estimations se transforment en constats, il faut au moins deux ans. La variation d'estimation des composants peut aller jusqu'à 0,5 pointsparfois plus. Ce qui veut dire qu'une hausse de 0.1 % peut se transformer en baisse de 0.2 %, ou qu'une hausse de 1 % peut passer à 1.5 %.

Si l'Insee était sympathique, il produirait un comparatif mois par mois des estimations et des rectifications. Cela tuerait dans l'œuf toute tentative de tenir des propos définitifs sur des chiffres incertains qui n'indiquent même pas des tendances (on peut avoir des inversions ou des accélérations), sinon avec un sage retard de deux ans. Cela ouvre aussi la porte à des manipulations. L'INSEE étant peuplé de fonctionnaires "de gauche", en fait socialistes voire communistes, avec des pressions syndicales sur l'information (on se rappelle de l'affaire des trente cinq heures où les syndicats ont exigé le licenciement d'un analyste qui ne couvrait pas de louange la mesure), la sagesse est de ne lire les chiffres du PIB qu'avec deux ans de décalage et ne pas compter sur eux pour comprendre la conjoncture.

Autre considération : la conjoncture au sens strict ne concerne que le secteur marchand, puisque la dépense publique est budgétée chaque année et engagée pour des décennies. L'indicateur de conjoncture le plus avancé est le montant des commandes. ou mieux, comme nous l'avons déjà démontré sur ce site, le solde des clients en hausse de commande et des clients en baisse.

Cet indicateur est d'une fiabilité absolue. Il ne dépend pas du nombre de jours ouvrés par mois, qui posent de nombreuses difficultés de comparabilité dans le temps et qu'on corrige plus ou moins bien, ni de simples impressions. Un écart de deux à trois jours luvrés sur 20 jours, représente une variation importante, parfois de plus de 10 %. On se rend compte que les virgules dans ce cas-là n'ont pas grand sens.

Il faut bien se rendre compte qu'un indicateur basé sur un différentiel de commande est extrêmement sensible, c'est-à-dire que ses évolutions sont très fortes, donc visibles comme le nez au milieu de la figure. On peut passer d'un écart de clients en hausse par rapport aux clients en baisse de -20 à +10. Lorsqu’une inversion a lieu, on la voit bien et on la voit vite. Lorsqu'il y a accélération de la croissance on le voit aussi très bien. Dans le secteur de la mécanique on est passé début 97 d'un ratio de 40-60 à 60-40 en deux mois, marquant un surprenant retournement qui annonçait les très bons chiffres mondiaux des trois dernières années du siècle, en dépit de la crise dite faussement des "pays émergents" (il s'agissait d'une hausse maladive du dollar et des bourses américaines dans le système malade des changes flottants qui a asséché brutalement les marchés spéculatifs hors des Etats-Unis).

La conjoncture étant désormais, dans le secteur privé, entièrement internationalisée, la corrélation de l'indicateur avec ceux de l'étranger donnerait des résultats hyperfiables, rapides et faciles à interpréter. Mais il n'est pas tenu par l'Insee qui se contente de l'opinion des chefs d'entreprise, beaucoup moins fiable et qui ne tient pas bien compte des variations saisonnières. Eurostat est totalement défaillant.

L'interprétation des chiffres doit également se faire en comparant avec la phase du cycle.

Nous sommes dans l'accélération traditionnelle de fin de cycle décennal, avec une perspective de coup de frein d'ici 2018, net mais moins brutal qu'en 2008. Il est donc bon de faire des comparaisons avec les croissances de même nature. Les chiffres  actuels, un peu partout dans le monde développés, sont généralement inférieurs à 2,5 % n'ont rien à voir avec les hausses de 3.5 à 7 % des cycles précédents.

Nous sommes dans une reprise extrêmement lente, par rapport aux tendances habituelles à ce stade du cycle, plus lente et plus tardive en France qu'ailleurs.

En s'exaltant sur une variation d'estimation de 0.1 %, la presse fait ce qu'elle peut pour donner du sens à une information qui pour le moment n'en a pas vraiment. Rappelons qu'il suffit d'augmenter de 5 % les fonctionnaires dont la "production" est comptabilisée dans le PIB pour faire varier l'indice de plusieurs fractions de point !

La croissance, c'est facile : il suffit d'engager en masse des fonctionnaires. Le PIB monte. En même temps que la dette. Au final le retour aux réalités est terrible. Le chiffre du PIB doit toujours être corrigé de la variation de la dette globale.

Rappelons que les dépenses publiques continuent à croître en France, comme la dette. Le caractère effectif de la hausse de quelques fractions de points du PIB est donc impossible à analyser comme une amélioration franche, durable et saine de notre production.

Le coup de frein qui s'annonce et les redressements de comptes qui seront obligatoires après la gabegie électoraliste en cours, risquent de gommer ces hausses dès 2018. La décennie 2 010 sera pour la France une décennie de baisse globale du pouvoir d'achat, de destruction globale d'emploi et de stagnation économique. Peut-être allons-nous battre les années trente !

Nous entrons dans la parenthèse enchantée des périodes électorales où tout va mieux et va aller encore mieux. Nous le faisons les deux pieds dans les poubelles non ramassées, les grèves à répétition dans les secteurs protégés, le désordre général et les attentats.

 

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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