Crise économique : les quatre erreurs à éviter

 

Crise économique : quatre erreurs à éviter

Didier Dufau*

 

Première erreur : ignorer que le cycle économique existe. Le cycle de 8-10 ans se déroule depuis deux cent ans avec une régularité stupéfiante. Voici les années de crise économique en France  : 1810, 1818, 1825, 1830, 1837, 1847, 1857, 1867, 1882, 1891, 1907, Guerre de 14, 1921, 1929-31, guerre de 40, 1952, 1963, 1974, 1983, 1974, 1993,2002. Comment être surpris par le retournement en cours qui prendra son plein effet en France en 2009 ?  Les politiques n’aiment pas trop l’idée qu’ils ne sont pas tout puissants et super efficaces depuis Keynes. La conséquence est une insouciance généralisée qui explique qu’en France comme en Europe les décisions sont prises à rebours des nécessités du cycle et en aggravent les conséquences. Depuis la dernière guerre mondiales les retournements commencent aux Etats Unis, suivent dans les pays exportateurs et se terminent en Europe continentale. Si la France et une partie de l’Europe n’est pas encore aussi touchée que les Etats-Unis ce n’est pas l’effet d’un découplage mais seulement d’un décalage de phase habituel. L’expérience montre également qu’une crise sévère suit un ralentissement moins sensible. La crise de 2009 sera plutôt du type de celles de 74 et de 93, c'est-à-dire assez sévère.

Deuxième erreur: croire qu’il s’agit d’une crise technique bancaire cantonnée à la distribution de titres adossés à des crédits hypothécaires. Bien sûr, cette difficulté existe, mais les  sommes mises en jeu ne sont pas telles qu’elles puissent expliquer la crise telle qu’on la voit aujourd’hui. Elle est un symptôme plus qu’une cause.  Ce ne sont pas les remous de ce marché particulier qui expliquent le désarroi des responsables. Ce ne sont pas les mesures techniques prises pour en éviter les conséquences immédiates qui mettront fin au retournement de conjoncture.

Troisième erreur : oublier que depuis 1971 et l’abandon du système de Bretton-Woods nous vivons une crise permanente du dollar. L’once d’or valait trente-cinq dollars en 71, elle en vaut mille aujourd’hui. La dévaluation du dollar a été de près de 97% !  Les fluctuations très amples qui ont affecté cette monnaie ne doit pas nous tromper. L’absence de système monétaire international organisé a produit non pas des « changes flottants » mais des « changes fondants ». L’illusion d’optique est de croire que les prix montent : en fait c’est le référentiel monétaire qui s’effondre provoquant une fuite caractérisée devant la monnaie. Si on retient ce fait majeur, jamais porté à l’attention du public, on voit que la méthode qui consiste à inonder le monde de monnaie pour soigner une inondation de crédits est pour le moins saugrenue.  La meilleure preuve : les marchés paniquent à chaque chute nouvelle du dollar et à chaque explosion du cours de l’or ou du pétrole. Ils savent bien que là se trouve le nœud du problème. La bulle immobilière n’était qu’une conséquence de la fuite devant les monnaies fondantes aggravées par les politiques monétaires des Etats-Unis. Pas une cause.

Quatrième erreur : croire que les banques centrales peuvent enrayer seules le retournement de la conjoncture. La stabilisation des marchés et le retour de la confiance passe par une réforme du système monétaire international, la stabilisation des changes et une action concertée de relance de l’économie mondiale. Aucun pays d’Europe n’acceptera de perdre son industrie simplement parce que  les  Etats-Unis et la Chine souhaitent laissent filer leur monnaie à des profondeurs abyssales.  L’enjeu est le maintien du libre échange. Cette digue doit absolument résister.

On voit qu’on est loin des « subprimes ». Une conférence internationale  de type Bretton Woods s’impose. Vite !  

Taux de prélèvements : une formidable performance !

L'INSEE vient de publier sa première estimation du taux de prélèvement en France en 2007.  Ce taux mesure le rapport entre les sommes prélevées par l'Etat et les collectivités locales sur la richesse créée par les Français.

En 2002, lors du retour de "la droite" augouvernement, ce taux était de 43,1%.  En 2007, il est de 43,3, c'est à dire qu'il a AUGMENTE après 5 ans de "baisse des impôts" et de "cadeaux aux riches".

Alors que les discours officiels se multiplient pour annoncer un tour de vis fiscal supplémentaire, (après tant de "cadeaux" c'est bien naturel !)  on constate qu'il n'y a eu exactement AUCUNE baisse de la pression fiscale et au contraire une vraie hausse.

Bravo au gouvernement qui laisse les média conduits par le PS faire croire que les impôts ont incroyablement baissé, alors qu'ils ont augmenté. Evidemment c'est dur pour un gouvernement de droite de dire : les socialistes avaient fait baisser la pression fiscale, je l'ai remonté.  Alors tout le monde braille "Vive l'impôt" alors que la France a connu une croissance  insignifiante pendant toute la période, alourdie qu'elle est par cette charge fiscale écrasante.

Pour les néophytes en matière d'économie il importe de bien comprendre ce que signifie une taux de 43%.

Prenons un esquimau seul sur sa banquise. Il pêche un poisson. Que dit l'INSEE :

PIB (produit intérieur brut) = 1

Arrive un type avec un fusil qui lui pique le poisson sous la menace. Que dit l'INSEE ?

PIB marchand = 1 (le poisson pêché)

Valeur ajoutée de sécurité des adminsitrations publiques  = 1 (le poisson donné en rémunération au fonctionnaire)

PIB TOTAL = 2

Taux de prélèvement : 1 sur 2 = 50%.

Quand l'Etat prend tout le taux de prélèvement est de 50%. Nous sommes à 43%.

Vous conclurez justement : l'Etat prend presque tout. 

De fait, lorsque vous prenez le montant des prélèvements et la valeur ajoutée des entreprises privées, vous arrivez à un ratio autour de 80%. Si maintenant vous prenez le montant de la dépense publique dont chacun sait qu'elle excède de 25% les recettes fiscales, vous arrivez à ce chiffre édifiant que vous ne trouverez JAMAIS dans la presse :

- L'Etat, les organismes sociaux  et les collectivités en France dépensent plus que ce que produisent les entreprises françaises !

Formidable, non ?

 

 

 

 

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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