Deux mots sur la paradoxale « haute productivité française »
Depuis des années maintenant on voit fleurir un « marronnier », une information que la presse reprend inlassablement à date fixe, juste au moment où commence la période d’examen du nouveau budget. Les radios ce matin viennent TOUTES d’en faire bruisser le feuillage avec son entrain coutumier, en attendant les journaux et la télévision.
La France aurait « une magnifique productivité, quasiment la meilleure du monde ».
La chanson sur la productivité exceptionnelle de l’économie française précède généralement les tours de vis fiscaux. « Rassurez-vous donc chers contribuables, vous pouvez payer ! », tel est le message peu subliminal qu’il convient de véhiculer aux Français détendus qui commencent à s’affaler sur les plages.
Procès d’intention alors que la réalité de cette forte productivité est avérée ? Regardons les faits avec un peu d’attention.
La France est le pays développés qui a le taux d’emploi le plus faible globalement et dans toutes les catégories fragiles. Il ne se passe pas un jour sans qu’un rapport, un commentaire, une étude, n’expliquent aux Français qu’il a le taux d’emploi des jeunes le plus bas (rappelez vous le CPE), le taux de chômage des femmes le plus sévère, une population immigrée loin de l’emploi à près de 20%, et des « seniors » sans activité économique en très grande proportion.
Hier encore ce taux d’inemploi des Seniors faisait l’actualité avec un rapport de la CNAV expliquant que le Plan Fillon d’emploi des seniors n’avait eu aucun impact. Tout au long de l’année des incidents en banlieue ont rappelé que les jeunes immigrés sont sans boulot. Une nouvelle loi a fait l’actualité pour commenter le durcissement des conditions d’indemnités avec l’obligation d’accepter des propositions peu alléchantes, les chômeurs restant trop longtemps au chômage. Un autre rapport récent indiquait que la loi sur la « prime fiscale à l’emploi » n’avait aucun effet.
Etc. Etc.
La vérité commence alors à se découvrir. Les entreprises françaises, accablées de charges, ne peuvent employer que la fraction de la population la plus productive. La proportion de salariés dans la population totale française tourne autour de 16%. Elle est entre 25 et 35% dans tous les pays dynamiques. On voit l’énormité du déficit. La France ne permet pas les « petits boulots » ou les activités à productivité réduite. Seul le noyau dur des activités potentielles a été conservé au prix du sacrifice de millions d’emplois.
L’Etat bon Samaritain a été obligé de prendre en charge (et si mal) les exclus. C’est une des raisons d’un budget de 25% supérieur dans ses dépenses à ses recettes depuis des lustres, et une des explications de la pression fiscale globale et de l’endettement. La spirale se renforce de sa propre force. Et nous n’arrivons plus à nous en sortir.
L’étranglement fiscal est la principale raison, avec la rigidité des réglementations, de la réduction de l’emploi aux seuls postes productifs. Le fait qu’on ne puisse plus employer une masse de gens ne signifie pas que nous sommes meilleurs que les autres. Le noyau dur des autres économies est tout aussi productif et parfois bien plus que le moignon qui nous reste.
Cet abusif cocorico sur une fausse comparaison est lamentable. Parions qu’il ne sera dénoncé NULLE PART DANS LA PRESSE. Il faut crier « Vive l’Impôt », se taire sur les manipulations de l’information et soutenir la campagne qui est lancée pour faire passer en douceur dans la torpeur estivale les mauvaises nouvelles fiscales qui s’annoncent.
Didier Dufau
Le FMI : Formation Manifestement Inutile ?
Evoquer le Fond Monétaire International n’a rien de sexy. Quand la Presse en parle ce n’est que de façon anecdotique. On relèvera le déséquilibre en défaveur des pays émergents. On signalera que l’organisme ne distribuant pratiquement plus de crédit, il est en déficit chronique. On s’amusera de voir nommer à sa tête un socialiste français particulièrement incapable et qui a d’autres ambitions. Mais personne ne se risquera à préciser la raison profonde de la déréliction de cette institution. Elle est pourtant fort simple.
Le FMI a été créé dans le cadre des accords de Bretton-Woods pour servir de banque d’ajustement dans un cadre de changes fixes mais ajustables. Traumatisés par la crise de 29, les grands pays se sont aperçus qu’il valait mieux éviter que les problèmes de balances de paiement entraînent une spirale de restriction globale du commerce et ses conséquences sociales inacceptables.
En 1971, à cause de la politique américaine, mais sur une initiative prise formellement par les Allemands, le système de Bretton-Woods a été abandonné. On est passé aux changes flottants. Sous l’influence théorique de Milton Friedman et surtout sur la pression de la nécessité : les Etats-Unis étaient incapables de rembourser leurs dettes en or ! Le système de change flottant est détestable et donne des résultats exécrables avec une perte globale de croissance sur les 40 dernières années d’un point moyen. Il a entraîné la perte pendant la même période de 95 à 98 de la valeur des principales monnaies, dont le dollar. On voit bien qu’il s’agit d’un système instable qui est incapable de réguler quoi que ce soit.
La première victime est le FMI. En système de changes flottants il n’a plus aucun rôle à jouer. On connaît la force de résistance à la disparition des administrations inutiles. Alors celle là a perduré en tentant de prendre à sa charge une partie des missions de la Banque Mondiale. Avec Delarosière, dit « sœur Theresa » dans le milieu, il s’est transformé en organisme de charité pour pays du tiers monde consentants. Il a été tellement odieux dans cet exercice que même les tyranneaux les plus cupides n’en ont bientôt plus voulu. Puis il en est venu à faire des prêts politiques. On l’a vu avec le prêt à Eltsine, complètement détourné de son objet. L’argent avait tout simplement été replacé sur les marchés au nom de quelques princes du régime permettant un enrichissement phénoménal et sans risque. Avec l’Argentine, il est entré dans des contradictions insurmontables : le système de « currency board » retenu par ce pays (contre l’avis du FMI) était intenable. En système de changes flottants il ne pouvait qu’exploser. Le FMI a voulu jouer les pompiers. Il s’est fait traiter de pyromane. C’était injuste, mais l’aventure montrait qu’il n’avait plus aucun rôle utile.
Alors il est entré en léthargie. Les présidents successifs furent désormais des politiques en planque honorifique en attendant des postes encore plus décoratifs dans leur pays. Dès que le poste visé était disponible ils démissionnaient. Nous ne dirons pas qu’avec DSK nous ne sommes plus dans cette pratique navrante.
Entre une tête vide, des effectifs totalement déraisonnables et une absence prolongée de rôle précis, le FMI est une organisation mort vivante.
Ou en revient au système des changes fixes mais ajustables ou on supprime le FMI.
On ne parle évidemment d’aucune des ces deux solutions. On reste donc dans l’inertie et le chien crevé au fil de l’eau. A quoi cela rime-t-il ?
Valentin Zeldenitz
Le mystère Sarkozy
Que M. Nicolas Sarkozy soit un surdoué de la politique, tout l’indique. Mais que penser de sa politique économique ?
Là, le mystère commence.
Sa campagne présidentielle laissait l’auditeur sur sa faim. Le programme annoncé était un « programme court » dans une « ambition longue ». L’ambition était de faire regagner, en fin de mandat, les points de croissance qui manquaient à la France par rapport aux autres pays. Le programme court prévoyait un ensemble de mesures dont la principale était la détaxation des heures supplémentaires levier indispensable pour faire sauter le verrou des 35 heures et rétablir le pouvoir d’achat des masses laborieuses.
Alors qu’il était certain qu’une récession viendrait perturber son mandat, il demandait à être jugé en 2012 sur la baisse du chômage et le rétablissement des grands équilibres pour une France en croissance aussi rapide que ses meilleurs concurrents. Nous avions souligné à l’époque que la méconnaissance du cycle rendait ces propos très imprudents, entre présomption et incompétence.
Il promettait des réformes, dont la baisse des effectifs des fonctionnaires, des mesures fiscales ciblées sur les emprunteurs immobiliers et sur les petits héritages, et l’équivalent du plan mythique « Pinay-Rueff » pour briser les freins à la croissance.
La réalité a été conforme à ces annonces. Le programme court a bien été exécuté. La loi TEPA a détaxé les heures supplémentaires ; Le bouclier fiscal à été remonté à 50% ; les régimes spéciaux ont été réformés ; les effectifs de fonctionnaires ont commencé à être réduits.
Pourquoi parler de mystère dans ces conditions puisque nous voyons un président faire ce que le candidat avait annoncé ?
Comme prévu la détaxation des heures supplémentaires n’a pas eu les effets décisifs annoncés. Avec la récession ce sera encore plus net.
Réduire la taxation des petits héritages a fait plaisir au plus grand nombre, c’est sûr, mais son impact économique est quasi nul.
Favoriser les emprunteurs immobiliers en pleine résorption de la bulle spéculative n’est pas absurde mais s’analyse comme un coup de chance : l’idée était démagogique et politique, sans rapport avec l’éclatement de la bulle, non prévue par Sarkozy.
Les mesures autour du bouclier fiscal et de la déductibilité de certaines dépenses ont l’énorme inconvénient d’avoir empêché la réforme réelle de cet impôt dont il fallait absolument changer l’assiette en attendant de le supprimer. Sarkozy a tenté de rendre à peu près acceptable un impôt qui ne l’est pas. Curieusement sa réforme lui a coûté autant d’avanies politiques sur ses « cadeaux aux riches » que l’aurait fait une pure et simple suppression. Un an après on voit que l’impôt s’est stabilisé en valeur mais que le nombre des assujettis a encore augmenté. Les 100 familles s’étaient retrouvées 100.000 en 81, les voilà à 400.000 ! Et on s’est étonné que les expatriés ne rentraient pas !
Les 35 heures ont été triturées de façon incompréhensible, alors qu’il suffisait purement et simplement d’y renoncer et de revenir aux 40 heures avec dérogation possible négociée entreprise par entreprise.
La réforme des régimes spéciaux a bien été entreprise avec alignement sur la fonction publique. Mais il y a tellement de codicilles et de négociations secrètes qu’on ne sait finalement pas ce qui a réellement changé, si ce n’est la fin de l’indexation sur les salaires des actifs des retraites.
Restent les réformes importantes lancées sur un peu tous les sujets.
On réforme la carte judiciaire, mais on ne réduit pas le nombre des magistrats qui au contraire augmente tout en indemnisant des tas de villes touchées par les fermetures de tribunaux. C’est donc une réforme qui coûte et dont on ne sait guère ce qu’elle économisera à terme.
On diminue le nombre des fonctionnaires, faisant sauter un verrou sur une question tabou, mais à terme on aura 100.000 non renouvellements sur 5 millions de personnels à statut plus ou moins protégés ! Un fonctionnaire qui part à la retraite sans être remplacé n’a pas un effet massif sur les finances publiques. Les mesures prises n’auront qu’un impact inférieur à 5 pour 1000 sur la dépense publique !
On a reculé sur les taxis, les notaires, les pharmacies, etc.
On s’attaque maintenant aux armées. Mais là aussi on voit bien que le but n’est pas tant de réduire le budget des armées que de permettre une meilleure efficacité à coût égal.
Dans le domaine de la sécurité sociale rien n’a été fait depuis la micro réformette Douste Blazy. Les comptes dérivent avec les dépenses et les quelques sous exigés sur les boites de médicament ne correspondant pas aux enjeux phénoménaux de ce dossier.
On a lancé la RGPP qui ne donne exactement aucun résultat sauf quelques gouttes d’économie par ci et par là.
On a lancé de nouveaux impôts et notamment les taxes liées à l’environnement. De nombreuses dépenses supplémentaires ont été annoncées comme le RSA, le « quatrième risque » etc.
La hausse des taux d’intérêt creuse un magnifique trou dans notre budget, compte tenu de notre endettement.
Au total on dira que la politique est bien orientée dans son objectif général mais que les mesures prises jusqu’ici sont soit purement électoralistes, soit dérisoires, soit ambigües et en tout cas totalement hors de proportion avec le nécessaire.
M. Sarkozy gratte le béton avec un araire en annonçant les belles moissons qui chantent. Tout cela sera balayé par le ralentissement économique. Nous dévoilera-t-on alors le « programme long » ou improvisera-t-on selon des axes plus ou moins électoralistes ?
Tel est le mystère Sarkozy.
Didier Dufau
Economie Française : le palmarès des incapables
Voici donc la France à la veille de la récession.
Elle y va alors que tous les indicateurs sont déjà au rouge. La dette d'état sans être effroyable est aux limites des critères de Maastricht. La pression fiscale est au plus haut quasiment historique. Les dépenses vont bon train, malgré divers effets d’annonce. Le chômage est bas par rapport aux performances habituelles mais reste très élevé. Le non emploi des jeunes, des vieux, des femmes, des immigrés et des personnes économiquement fragiles est au top du monde développé. Les comptes extérieurs sont fortement dégradés, avec une balance commerciale qui s’enfonce dans le déficit. L’inflation est là à des taux inhabituels depuis 20 ans.
La récession n’arrangera rien. L’Etat va se retrouver étranglé, la consommation et l’investissement aussi. Le chômage va repasser au dessus des 10% Rien que du bonheur.
Mais qui a donc mis la France dans cet état. Etablissons le palmarès des incapables.
L’affaire commence avec la crise de 74 et le septennat Giscard. Ce dernier croit que la France s’en sortira grâce au TOUT ETAT. Son septennat sera fiscal et malthusien.
Le gouvernement Chirac se trompe de diagnostic, car il n’a rien compris à la nouvelle situation créée par la disparition du système monétaire international de Bretton-Woods. Il se lance dans une relance keynésienne qui tourne au fiasco général. En même temps se met en place « l’énarchie compassionnelle ». On règlemente le licenciement avec l’autorisation administrative préalable, tout en accordant des indemnités de 2 ans tellement généreuses que certains cadres demandent à être licenciés !
Le résultat : des déséquilibres massifs de tous les comptes et une hausse également massive des impôts. L’arrivée de Raymond Barre ne change pas grand-chose. Certes il prend deux mesures importantes : la suppression du contrôle des prix et la compression des salaires pour éviter que l’inflation extérieure ne soit relayée par l’inflation intérieure. Mais pour le reste il continue à dépenser un maximum et à aggraver la pression fiscale sans revenir sur les mesures démagogiques prises par son prédécesseur.
La gestion de Giscard aura donc été un grave échec, Chirac prenant une belle option au palmarès des nullités économiques.
Mitterrand aggrave les choses. Son septennat sera celui du détestable « programme commun de la gauche » avec ses nationalisations idiotes et ses milles mesures démagogiques conduisant à une frénésie incontrôlable de dépenses et d’impôts.
Jamais un Président n’aura fait autant de mal à un pays depuis 1980 sinon peut être Mugabe, un socialiste lui aussi.
N’accablons pas Mauroy, le premier ministre daltonien qui voyait tous les feux aux verts juste avant la débâcle finale qui aboutira à la « pause » dans le passage de « la nuit à la lumière » et l’abandon de fait du programme socialo-communiste. Avec Delors il formera un couple de mères douloureuses unique en son genre répétant en petit comité « qu’on fonçait dans le mur » et en public « que tout allait pour le mieux, Madame la Marquise ». La France ne se remettra jamais vraiment de l’application du programme commun.
Le gouvernement Fabius arrange un peu les choses mais on est déjà dans le ni-ni. C’est le premier gouvernement stagnationniste. On verra qu’il n’est que le premier du genre. En attendant la dette et la pression fiscale sont au plus hauts, accordées au saut vertigineux de la dépense publique.
Le gouvernement Chirac-Balladur est plutôt bon. Il prend d’excellentes mesures, comme la suppression de l’ADI et du Centre Mondial de l’Informatique, de l’ISF, commence les dénationalisations. Il prépare la France au rebond de l’économie mondiale. Hélas, les élections sont perdues.
S’annonce le pire des gouvernements de l’ère Mitterrand. Voici Rocard et la troisième gauche. Ils vont mettre l’économie par terre et évidemment personne ne va s’en apercevoir. Pourquoi ? Parce que la conjoncture économique mondiale est dans sa phase haute et la conjoncture française est excellente. C’est le moment de faire de grandes réformes et de réduire drastiquement les dépenses et la pression fiscale. Or nous savons (voir notre billet sur la croissance et l’impôt) que la pression fiscale augmente mécaniquement pendant les phases de croissance. Il faut donc AGIR. C’est le bon moment. Que fait Rocard ? Il AUGMENTE LES IMPÖTS MASSIVEMENT en rétablissant l’ISF, en créant la CSG tout en AUGMENTANT MASSIVEMENT LA DEPENSE notamment avec le RMI. Il fait donc l’inverse exact de ce qu’il aurait du faire. Comme la conjoncture est bonne personne ne dit rien et il peut parader en se prenant pour le « meilleur premier ministre depuis la guerre ». En vérité il crée les conditions d’une situation impossible lors du renversement suivant de la conjoncture. C’est lui le criminel véritable. A cause de lui la France va entrer dans l’impasse totale. Surtout il ne réforme rien, et en particulièrement pas les retraites dont il sait que la nécessité est bien « ici et maintenant ».
Ne disons rien du Gouvernement Cresson, bref et insignifiant.
Lorsque la conjoncture se dégrade et que la récession décennale s’annonce Bérégovoy hérite d’une situation impossible. La dette se creuse. L’emploi se dégrade. Les déficits s’amplifient. L’investissement s’arrête. Alors qu’il multiplie enfin les bonnes mesures, il est sanctionné électoralement, devient le bouc émissaire, et ne s’en remet pas. Il aurait du écrire « Rocard m’a tuer ».
Le gouvernement Balladur choisit de laisser filer. Il s’agissait d’être net pour la présidentielle à venir. La dette enfla donc comme jamais. Une seule réforme se fit : les salariés du privé virent l’âge de la retraite retardée de quelques années, ce qui n’avait que peu d’influences sur les déficits publics.
Juppé hérite alors d’une situation totalement dégradée avec des déficits monstrueux et en prime l’obligation de respecter les critères de Maastricht. Il n’a plus de temps de réduire les dépenses si tant est qu’il n’en ait jamais eu envie. Le coup de matraque fiscal est effarant. Il est si fort qu’il provoque par contrecoup la mini récession purement française de 1996 !
Lorsque Jospin arrive, les Français n’ayant pas pardonné la politique fiscale de Juppé, la situation est assainie en France et la croissance s’accélère dans le monde. L’ennui : il ne s’en aperçoit pas. Il charge DSK, le pire ministre des finances des 35 dernières années, de donner un tour de vis fiscal supplémentaire et bloque l’industrie avec les 35 heures ! Les recettes affluent à un niveau jamais vu et la question de la « cagnotte » devient centrale. En cinq ans malgré les recettes en forte hausse, il réussit à augmenter de mille milliards de Francs l’endettement. Ce n’est que poussé par Fabius (un article célèbre dans Le Monde sur : le mur fiscal) qu’à l’extrême fin de son quinquennat il baisse assez fort la fiscalité (cad il rend une partie de la hausse aux Français). Il n’a fait aucune réforme utile lâchant lamentablement le seul ministre qui voulait « dégraisser le mammouth ». La France a perdu son temps et surtout n’a pas exploité la haute conjoncture pour réduire les impôts et les dépenses.
Quand Raffarin prend ses fonctions, on est en plein dans la phase basse du cycle. Il est clair qu’il ne fera rien : Chirac est dans sa phase brejnévienne d’assoupissement total. Il en vient à sanctuariser « les avantages acquis » et l’énarchie compassionnelle atteint ses sommets. On pleurniche sur tout avec tous. C’est l’époque où la grande politique française se décline autour de deux objectifs : réduire les accidents (de la route, de piscine, d’ascenseur) et essayer de guérir le cancer. « Un objectif de sous secrétariat à la population» avais-je écrit à ce moment là sur le forum du Monde. Une seule réforme sera entreprise : la retraite, et encore en repoussant à plus tard celle des régimes spéciaux. J. Chirac déclare « la pause fiscale », c'est-à-dire le retour de la hausse de la pression fiscale.
Le gouvernement Villepin s’enracine dans la brejnévisme. On le cache par une gesticulation ridicule qui aboutit au projet absurde du CPE. J’écrivis à l’époque : « on a transféré sur les générations futures tous nos déficits et nos lâchetés. Voilà qu’on veut aller encore plus vite et les faire supporter par la jeune génération qui arrive ! ». Rien d’utile n’est fait pendant cette période. Cela ressemble au gouvernement Balladur. Mais on n’a pas compris qu’on est déjà dans la bonne phase du cycle et on n’en profite pas. On laisse simplement la pression fiscale augmenter mécaniquement par l’effet de la progressivité globale du système.
On ne peut pas encore juger le gouvernement Fillon ni Sarkozy (voir : « le mystère Sarkozy », à venir sur le blog).
Mais déjà on peut dresser le palmarès des incapables.
Président le plus néfaste :
N°1 : Mitterrand, avec le programme commun de la gauche
N°2 : Giscard, sa politique du « Tout Etat, son septennat fiscal.
N°3 : Chirac, son « Enarchie compassionnelle » et son, immobilisme rad-soc.
Premier ministre le plus néfaste :
N°1 : Rocard, recordman du monde de ce qu’il ne fallait surtout pas faire
N°2 : Jospin, qui gaspille une occasion unique d’améliorer la situation et qui l’aggrave avec des mesures malthusiennes.
N°3 : Mauroy, le programme commun, tout le programme commun. Hélas !
N°4 : Chirac 1er gouvernement : la relance imbécile et les vannes ouvertes de la dépense publique
N° 5 : Balladur : laisse filer tous les déficits sans réformer le secteur public.
N°6 : Juppé : donne un coup de massue fiscal historique, mais avait-il le choix ?
N°7 : Fabius : laisse filer en douceur.
N°8 : Villepin : laisse filer en splendeur.
N°9 : Raffarin : aura au moins fait une réforme pendant « la pause fiscale ».
N°10 : Barre : de bonnes mesures mais laisse filer la pression fiscale et l’endettement
N°11 : Bérégovoy : prend de plein fouet la récession mais fait diverses réformes utiles et n’aggrave rien.
Mme Cresson n’a pas été notée. Elle n’était pas néfaste, seulement nulle.
On notera que ce classement ne recoupe absolument pas l’idée que les media s’en font. L’opinion publique ne s’attache qu’au contexte : les phases Rocard et Jospin ayant été de conjoncture faste ils en créditent le gouvernement qui non seulement n’y est pour rien mais a gâché lamentablement les opportunités que cette situation offrait.
Didier Dufau
PETROLE : UNE HAUSSE INELUCTABLE ?
Vous, les Français, vous n’avez pas de pétrole mais des idées. Nous, les Polonais, on a des plombiers mais pas de pétrole non plus.
Si on en croit les augures on va droit vers les 200 $ le baril : « inéluctablement et à court terme », ils disent.
Je crois qu’ils se trompent.
L’équilibre du marché se calcule en demi-million de barils jour. La hausse des prix a entraîné une BAISSE dans les pays occidentaux du volume de cette unité de mesure. La récession aux Etats-Unis qui se propage actuellement au reste du Monde va probablement doubler cette économie. Au total on va donc vers une réduction de trois unités d’ici à fin 2009. La hausse de consommation dans les pays émergents sera sans doute de 2 unités sur 2008 mais on peut prévoir un retournement en 2009 , avec la récession mondiale.
Ces prévisions montrent qu’il y aura un retournement du marché du pétrole dès 2009, ce qui devrait normalement entraîner une baisse des cours. Le discours sur la hausse perpétuelle du cours du pétrole du fait de la hausse de la consommation ne tient aucun compte du cycle et manque de solidité économique.
On constate cependant depuis 8 mois une hausse très importante sans que les déséquilibres réels ne soient en proportion. Cela prouve tout simplement que la hausse a d’autres causes, essentiellement monétaires. Comme le répète les Cercle Des Economistes E-toile, la crise est essentiellement monétaire. Nous sommes en pleine fuite devant la monnaie et à une époque où l’épargne est mondialisée et largement investie en hedge funds. Ces derniers jouent tous la baisse du dollar avec le succès que l’on sait. Mais il y aura nécessairement un retournement de ces positions spéculatives un jour ou l’autre, soit que le dollar craque vraiment, provoquant une véritable crise mondiale façon 29, soit que les autorités prennent des mesures de stabilisation qui rendent vaines ces spéculations.
Dans les deux cas on aurait une baisse du cours du pétrole. L’ennui c’est qu’une concertation intelligente des autorités du G8 autour de la réforme du système monétaire international est quasiment inconcevable tant les esprits sont loin des réalités et qu’une grave récession n’est pas à souhaiter.
D’où une certaine difficulté à établir un scénario crédible. Et aussi une certaine angoisse pour la suite. Mais la hausse du cours du pétrole n’est pas « inéluctable ».
Zbig Brataniec
La crise impossible à prévoir : trop drôle et trop facile M. Yves de Kerdrel !
Le Figaro du mercredi 16 juillet a deux particularités. L’une est la page particulière qui fête la place de numéro 1 de l’information sur Internet attribuée au Figaro.fr. L’autre est l’éditorial d’Yves de Kerdrel intitulé « la quadrature du cercle » dans laquelle on trouve cette phrase comique :
« Qui pouvait dire il y a un an que le monde entier basculerait sinon dans la crise sinon dans le ralentissement ? … Personne bien sûr».
C’est facile M. Kerdrel. La réponse est : le Cercle des Economistes E-toile qui a annoncé le retournement dès 2006 et a précisé le scénario dans des termes qui correspondent exactement à ce qui s’est passé pendant toute l’année 2007 et le premier semestre 2008. Ces informations ont fait l’objet de dizaines de publications sur Internet. Des courriers en ce sens ont été envoyés à fin de publication au Figaro, comme à d’autres organes de la PQN, qui les a tous ignorés.
Notre Economiste en Chef, Didier Dufau, a même écrit un avertissement à M. Sarkozy pendant la campagne électoral pour lui dire de faire attention car il subirait nécessairement une récession pendant le quinquennat. Il l’a reproduit dans un de ses billets sur le Forum du Monde. La conclusion de M. Kerdrel « Il serait donc très injuste de formuler le moindre grief à l’égard de ce gouvernement » prend de ce fait une allure franchement ridicule.
Comment faire pour ALERTER l’opinion publique lorsque les media principaux font un barrage total à des démonstrations claires et nettes qui annoncent les choses avec toute la précision nécessaire ? Pourquoi les journalistes des grands medias sont ils à ce point frileux qu’ils ne recherchent d’information qu’auprès « d’autorités » qui ont avec le perroquet en commun de répéter ce que tout le monde répète.
Comment se fait-il qu’ils n’ont aucune confiance dans leur propre capacité d’analyse et qu’ils REFUSENT de lire et de comprendre des démonstrations qui n’ont rien d’arbitraires ou de complexes.
Une fois l’erreur faite, on se dédouane à bon compte en affirmant que « personne ne pouvait prévoir ».
Tout cela est d’autant plus drôle que c’est la seconde fois. Le retournement de 2000-2003 a été annoncé exactement dans les mêmes conditions. Dès 1997, la mi-2000 était vue comme date de bascule. Dès 1998, il était précisé que la France serait touchée un peu plus tard sur 2002 principalement. En 1999 nous avons donné la prévision exacte du retournement boursier, une prévision très alarmiste sur la chute inéluctable du dollar, tout en indiquant qu’il n’ya aurait pas d’inflation sur les biens de consommation mais une hausse des marchés de biens durables.
De même que Jospin et ses ministres ne s’étaient pas rendu-compte que 1997 marquait l’entrée dans une phase de forte croissance avec reprise à terme de l’emploi, se laissant aller à l’illustre imbécillité des 35 heures, de même de Villepin ne s’est pas rendu compte que son gouvernement bénéficiait déjà d’un haut de conjoncture et qu’il était superfétatoire de se lancer dans l’idiotie du CPE, dénoncée dès le premier jour par nos soins.
Nous n’écrivons pas cela pour la gloriole malsaine du « je vous l’avais bien dit » mais pour signaler cette étrange anomalie qui empêche la vérité de circuler librement dans la presse. Toutes nos annonces de scénarios conjoncturels ont été faites PUBLIQUEMENT et BIEN AVANT les faits. C’est un risque que ne prennent jamais les économistes de cour, spécialistes du commentaire rétrospectif.
Nous ne faisons jamais de « prévisions » : nous expliquons des mécanismes et détaillons des scénarios. Nous n’employons jamais d’arguments d’autorité. Nous soumettons à la réflexion de tous des observations que notre groupe d’économistes s’accordent à penser significatives. Nous ne craignons pas l’erreur : toute évolution imprévue force à une réflexion meilleure et à une remise en cause utile.
Prisonniers de la querelle « gauche contre droite », les journalistes se rangent dans des camps et n’expriment que ce qu’ils croient acceptables pour leur camp. C’est idiot. Les trente-cinq heures sont aussi sottes qu’elles soient défendues par Pierre Jules ou Paul. De même l’analyse conjoncturelle n’a pas de dimension politique partisane.
Comme toujours la presse fait « de la chaleur » là où on aimerait qu’elle fasse « de la lumière ».
Maintenant que vous connaissez Internet au Figaro, M. De Kerdrel, informez-vous de façon un peu plus large. Rien que sur ce site vous trouverez une dizaine d’idées vraies JAMAIS EXPRIMEES par la presse quotidienne. Et n’écrivez plus jamais : « personne n’a dit et ne pouvait dire » sans un petit coup de périscope sur les sites de réflexions indépendants des pouvoirs et de l’establishment.
Voici, pour donner un exemple le » « post » passé sur le forum du Monde le 1er Mai 2007
http://forums.lemonde.fr/perl/showthreaded.pl?Cat=&Board=polfran&Number=2266286&page=&view=&sb=&vc=1#Post2266286
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Face à la prochaine récession |
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01/05/2007 00:36 |
On sait qu’il existe un cycle économique qui entraîne en moyenne tous les dix ans une récession. Pour en rester à l’après guerre, ces crises se sont produites en 1952, 1963, 1974, 1982, 1993 et finalement 2002. L’histoire nous dit qu’une crise légère succède à une crise grave et réciproquement qu’une grave succède à une légère. Les récessions de 74 et 93 ont été très prononcées. Celle de notre début de siècle a été plutôt modérée. Le scénario historique est donc orienté vers une crise sévère entre 2009 et 2012.
Deux agents-secrets du fisc. Seconde partie : le cycle économique
Nous avons vu que la croissance provoquait, du fait du caractère globalement progressif de notre système fiscal, une tendance permanente à l’augmentation de la pression fiscale. Le PIB double à peu près tous les 20 ans ; On voit que l’effet fiscal de la progressivité est rapidement très important. Que celui qui a un doute prenne le barème de l’IR, double son salaire et constate le changement dans le montant de son imposition !
Ce phénomène est aggravé par l’existence du cycle de 8-10 ans (sur la question du cycle voir nos billets spécialisés). Pendant la phase de croissance rapide l’effet de progressivité est accéléré fortement. Par exemple une croissance de 4% du PIB entraîne une hausse de… 7 à 8% de l’IR. Il suffit de consulter les statistiques fiscales de 1999 et 2000 pour vérifier l’ampleur du mécanisme.
Mais lorsque la croissance s’arrête et pire encore quand une récession frappe, comme en 1993, les recettes baissent aussi plus vite que le PIB. La progressivité joue dans l’autre sens. Tout s’équilibre, direz-vous. Et bien non. L’Etat et les collectivités locales dépensant en moyenne 25% de plus que les recettes, le retournement a des effets graves sur les déficits publics et l’endettement. Que fait l’Etat : toutes les dépenses ont été « votées ». Il y a un « cliquet » à la baisse. On augmente donc les impôts. On se souvient du coup de massue fiscale de Juppé en 95, deux ans après le déclenchement de la crise de 93. Il fut tellement fort qu’il provoqua une mini récession en 96. DSK, après la chute du gouvernement augmenta à nouveau et sans nécessité les impôts. Le résultat : l’apparition d’une « cagnotte » fantastique dès que la conjoncture se rétablit.
La peur du « mur fiscal » à la veille des élections contribuera à accorder des « baisses d’impôts ». En fait on remboursera une partie des excédents de recettes dus à la croissance et à la bonne conjoncture.
Le scénario avait été exactement le même après la crise de 1974 et celle de 1984. Le septennat de Giscard aura été un « septennat fiscal » avec entre autres l’apparition et la généralisation de la TVA qui gonflera monstrueusement les recettes de l’Etat et alimentera une hausse corrélative et vertigineuse des dépenses. Michel Rocard, après la récession de 84, augmentera à nouveau les impôts avec l’ISF et la CSG, au moment de la phase de croissance. L’Etat est à nouveau gorgé de recettes et dépense tout.
Vient alors la récession de 93. Balladur ne fait rien et laisse filer les déficits et on a vu qu’Alain Juppé allait laisser son nom au pire massacre fiscal de l’histoire de France qui en a pourtant connu pas mal.
Dans la période Chiraquienne, on décrète très vite une « pause » dans la baisse des impôts. L’expression est amusante. Il n’ya pas eu de baisse d’impôts dans la période Raffarin et il n’y aura pas de pause fiscale : le taux de prélèvement qui avait baissé dans la période électorale, remonte aussitôt à ses plus hauts niveaux. On a vu qu’il a continué à grimper sous Sarkozy en dépit de tout ce qui se chante sur « les cadeaux fiscaux ».
Nous entrons désormais en récession ou au moins en fort ralentissement. Les finances publiques vont à nouveau connaître les très lourds déficits. Le gouvernement Fillon a déjà créé 8 nouveaux impôts. Gageons qu’il ne va pas s’arrêter en route. A la reprise de la croissance on touchera à nouveau les 45% de taux de prélèvement !
Comprendre que la croissance ne doit pas servir à augmenter mécaniquement la pression fiscale et tenir compte du cycle pour régulariser les dépenses publiques telle est la condition sine qua non d’un retour de la France dans le concert des nations prospères et des Etats bien gérés. Vous en avez entendu parler dans la presse ou dans les discours politiques. Non ? Jamais ?
Et bien oui. Ces questions fondamentales ne sont JAMAIS abordées dans l’arène médiatico-politique et encore moins dans les analyses des économistes officiels.
Chut !!!!!!!!!!!!!!!!!!
Deux agents-secrets du fisc : la croissance et le cycle. Première partie : la croissance
Nous entrons dans la phase de préparation du budget 2009 qui sera marqué par l’installation du pays dans la partie récessive du cycle économique de 8-10 ans. A cette occasion il est intéressant de détailler quelques mécanismes fondamentaux de notre société qui sont en général totalement inconnus des « citoyens » et superbement ignorés par les médias.
En France le système fiscal global est « progressif ». C'est-à-dire qu’en période de croissance, le taux d’augmentation des impôts est supérieur à celui du PIB. On comprend très bien le mécanisme de la progressivité en observant l’impôt sur le revenu : on voit que l’impôt n’augmente pas de façon proportionnelle avec le revenu mais bien plus vite. Les premiers 100 F ne paient pas d’impôt et sur la dernière tranche, on va atteindre quasiment un prélèvement de 50%. La progressivité ne concerne pas seulement l’Impôt sur le revenu. L’ISF est très fortement progressif. La TVA est aussi progressive : l’existence de taux différents selon la nature des produits et le déplacement de la consommation vers les produits plus taxés du fait de la croissance implique une croissance des recettes de TVA plus rapide que celle du PIB. La création de taxes spécifiques sur les produits nouveaux les plus demandés aggravent évidemment les choses. On l’a vu avec l’automobile, vache à lait fiscale inouïe, et aujourd’hui avec le téléphone portable et l’informatique familiale, support d’un nombre de taxes constamment plus nombreuses.
La bonne question est la suivante : est-il normal qu’un mécanisme dit « de justice sociale » se transforme à l’échelon de la nation toute entière en système de transfert vers l’Etat d’une part croissante du revenu national ?
Rassurez- vous, vous ne la verrez jamais posée par la presse ou par les politiques. Chut !
Les esprits précis diront : d’accord, ce détournement existe, mais il faut le quantifier et il n’est peut être pas aussi important que vous le laissez penser. Le problème est que « l’élasticité du prélèvement fiscal en fonction de la croissance » n’est pas une donnée publiée par l’INSEE ! On est donc obligé de s’en tenir aux observations les plus globales. Tous les pays qui ont une part de progressivité dans leur fiscalité vont vu leur taux de prélèvement croître. Au point qu’après la longue période de croissance de l’après guerre, pratiquement tous les pays se sont trouvés à partir de 1974 avec des taux de prélèvements étouffants, atteignant 40 à 46% du PIB ! Mécaniquement, sans que personne ne l’ait formellement décidé. Le résultat a été des réactions comme le Reaganisme aux Etats Unis, le Thatchérisme au RU, la réaction antifiscale au Canada, le retournement de la politique fiscale des pays nordiques etc. Au-delà des considérations politiques, ces pays ont compris qu’il fallait restituer aux citoyens le trop perçu fiscal né de la progressivité de l’impôt, sinon ce mécanisme pervers et silencieux aurait tué leur économie.
Un pays ne l’a pas compris, la France, où le « vive l’impôt » a remplacé le « cocorico » habituel et dont les pouvoirs publics continuent à exploiter le filon de la progressivité dans l’ignorance générale des citoyens et l’insouciance des médias. On a vu (lire dans ce blog le billet : «taux de prélèvement, une formidable performance ») que contrairement au discours dominant le taux de prélèvement a AUGEMENTE ces dernières années, alors qu’on ne parle que de cadeaux fiscaux.
On constatera que la préparation du budget, en ce moment même, INTEGRE l’accaparement de la plus-value de la progressivité de façon systématique. Par quel moyen ? Simplement en considérant comme « normale » la recette calculée en fonction du taux de croissance. On discutera dans la presse le plus ou moins grand réalisme du taux choisi mais on ne contestera pas le choix de cet indicateur qui est doublement biaiseux : on prend en effet souvent un taux trop élevé ; la prévision de recettes tient compte de la plus value de la progressivité.
La procédure normale devrait être la suivante : on prévoit un taux de croissance de l’économie ; on l’applique aux recettes et aux dépenses.
Si le taux de croissance est supérieur, et a donc fourni mécaniquement des recettes supplémentaires, plus que proportionnelles on restitue ces recettes aux contribuables. Actuellement la presse et le monde politique « se félicitent de la bonne performance fiscale de l’économie qui permettra de réduire notre dette excessive», adoptant de façon inconsciente la position des hauts fonctionnaires de la DGI. Il est vrai que depuis Marx on n’ignore plus que le dominant sait faire chanter sa chanson au dominé…
Notre inconscience collective (mais tout le monde n’est pas ignorant…) nous met dans la situation tellement intelligente du serpent qui se mange la queue.
Nous verrons dans un second billet, que ce mécanisme fondamental est aggravé par les effets du cycle.
Pour le Cercles des économistes e-toile, Didier dufau
Pourquoi la crise actuelle fait-elle si peur ?
Les observateurs ne veulent pas reconnaître la réalité du cycle. Alors ils sont constamment à la recherche de mini explications qui jamais ne permettent de comprendre la situation.
La crise était celle des subprimes . Bon ! Après quelques mesures techniques et une importante restructuration bancaire, on la croyait finie. La voilà qui repart. Ce ne sont plus les subprimes qui sont en cause mais l’ensemble des crédits.
La crise était celle « de l’immobilier américain ». Puis de l’immobilier des « pays du boom immobilier », l’Espagne, l’Irlande et le RU . Maintenant c’est l’immobilier du monde entier.
La crise était celle des « prix pétroliers ». Une pénurie locale de pétrole liée à l’expansion de la Chine et de l’Inde déséquilibrait la planète. Maintenant l’inflation est générale et porte sur tous les biens.
Alors on affirme : la gravité de la crise provient de la conjonction (probablement magique) des trois crises car elles se renforcent l’une l’autre.
La vérité est bien plus simple : nous entrons dans la phase récessionniste du cycle. Comme d’habitude ce sont les crédits aventurés qui sont les premiers touchés, avec le risque, si la récession s’approfondit, de voir l’ensemble de la pyramide des crédits s’effondrer. Comme d’habitude la croissance a mis sous tension tous les principaux marchés mondiaux de biens dont la production ne suit pas la croissance. En période d’inflation monétaire, cela s’accompagne d’une inflation des prix à la consommation.
Devons nous nous rassurer en nous disant : après tout c’est le processus habituel ?
Non !
Pourquoi ?
Parce que nous sommes en système de changes flottants avec un pays, les Etats-Unis , qui poursuit des politiques absolument folles depuis des décennies dans le domaine de la monnaie et des changes. Elle a provoqué une dévaluation de fait de 97% des principales monnaies du monde en 30 ans et une fuite généralisée devant les monnaies. On a inondé les marchés de capitaux qui ont conduit à des politiques de prêts dangereuses, les taux d’intérêt étant souvent NEGATIFS. Des surchauffes artificielles comme en Chine ont été créées de toute pièce.
Comment avait-on réglé exactement les mêmes problèmes lors des dernières récessions : en laissant filer le dollar et en ouvrant encore plus les vannes du crédit. On arrive à l’ultime contradiction de cette formule : inonder pour traiter une inondation ? Effondrer le dollar pour lutter contre la fuite devant les monnaies ? Il ne faut pas être grand clerc pour concevoir que c’est absurde.
On le fait tout de même. Mais on a peur. Que devient un système bancaire quand la monnaie n’inspire plus confiance et quand on a prêté à n’importe qui n’importe quelle somme dans n’importe quelle condition ? Que deviennent les marchés de biens durables quand la peur sur les monnaies y conduit à des spéculations insensées ? Que devient la bourse quand tous les secteurs entent en dérive ? Que deviendra le commerce international si le dollar recommence à s’effondrer ?
La phase désagréable du cycle est aggravée par les politiques absurdes qui sont poursuivies depuis trop longtemps dans un cadre monétaire international explosé. Il est normal d’être inquiet.
Nous disions en fin d’année 2007 : « regardez le cours du pétrole et du dollar plutôt que le bilan des subprimes ! Là est la clé de la conjoncture ». Nous répétons aujourd’hui : la conjonction du retournement cyclique et du pourrissement des institutions financières et monétaires internationales créent une situation explosive.
On ne peut en sortir qu’en RECONSTRUISANT le système monétaire international. Et en s’accordant sur d’autres schémas de développement que la capture de l’industrie mondiale par la Chine et symétriquement de la consommation par les Etats-Unis, en faisant fondre le couple monétaire dollar-Yuan. Espérons que la leçon sera comprise avant qu’une crise majeure force la réforme au prix de grandes souffrances dans le monde entier. Il faut mettre fin au système des changes flottants, au dumping chinois et à la folie financière des Etats-Unis.
Un nouveau « Bretton-Woods » est nécessaire. Maintenant. Pas dans dix ans.
France, ton luxe fout le camp !
On connaît la place du luxe dans l’image de la France et le leadership mondial qu’elle a su maintenir dans beaucoup de ce commerce de haut de gamme. On surprendra peut être en affirmant que dans le secteur de l’hôtellerie, la France s’est fait surprendre.
Pendant trop longtemps les opérateurs des Palaces se sont complus à répéter un peu trop les formules du grand siècle du tourisme argenté, le XIX ième. Si bien que dès la seconde guerre mondiale Paris paraissait désespérément à court d’hôtel aux nouvelles normes internationales. Il fallut attendre le début des années soixante et la construction du Hilton, dans le goût américain, pour voir une première mise à niveau.
Quarante après ce premier pas, la France est encore en retard par rapport aux normes du temps. Les hôteliers français n’ont pas vu que désormais le grand tournant du luxe était celui de l’espace. Aux Etats-Unis, pas une seule chambre ne fait dans un palace moins de 30 m2 et la plupart sont entre 40 et 60. Et cela depuis au moins 25 ans. Les grandes chambres ont depuis proliférées dans tous les nouveaux palaces du monde au point qu’il n’y a plus de chambres qui se construisent aujourd’hui qui n’ont pas au moins la taille de ce qu’on appellerait une « suite royale » en France.
La bataille n’est pas celle du Spa, du Wifi, du business center, mais celle de l’espace. Certains hôtels comme le Mandarin à Genève n’ont pas hésité il y a quelques années à diviser par deux le nombre de leurs chambres pour atteindre la taille critique. Ce ne sont pas une ou deux chambres qui sont grandes, mais toutes afin de garantir à la clientèle qu’en toutes circonstances elle aura ses aises. Il n’y a qu’à Las Vegas qu’on contraint la surface des chambres… pour pousser le client à aller au Casino !
Voilà l’hôtellerie française confrontée à son destin : doubler la taille de ses chambres ou se ringardiser.
Karl Peiper
pour le cercle des économistes
Cercle des economistes e-toile (CCE): bulletin de conjoncture, second semestre 2008
Dès juillet 2006 nous avons alerté sur le scénario suivant :
- Crise aux Etats-Unis à partir de 2007 avec amplification en 2008
- Crise au Royaume Unis et dans les pays d’économie similaire en 2008 avec aggravation évidente au second semestre.
- Crise en France à partir du troisième trimestre 2008 avec plein effet en 2009.
Nous avions conseillé :
- De fuir le dollar
- De fuir l’immobilier et boucler toutes les opérations de ventes immobilières avant le fin 2007
- De protéger ses actifs boursiers.
- De commencer à se dégager des salles des ventes dès la mi 2008 en France.
En juillet 2007, lorsque la crise dite « des surprimes » s’est déclenchée nous avons indiqué qu’elle était le premier acte du retournement du cycle, qu’elle indiquait une ampleur particulièrement forte, et qu’il fallait accélérer les mesures protectrices. Nous soulignions que le mécanisme qui maintenait les prix bas malgré une inflation monétaire sans précédent (dont nous avions fait la théorie les premiers en 1999) ne serait plus opérant, et que nous allions être confrontés à une « fuite internationale devant la monnaie ».
En janvier 2008 nous avons alerté qu’il n’y aurait pas de « découplage » entre les Etas Unis, l’Europe et les pays émergent, contrairement à de nombreuses interventions en ce sens dans la Presse. Nous disions que « comme toujours » la séquence serait : Etats-Unis et pays très intégrés dans le commerce intérieur, Royaume Uni l’année d’après avec une partie des pays d’Europe puis la France et les pays dynamiques d’extrême orient.
En ce mois de juillet nous ne pouvons que confirmer le bon déroulement de ce scénario classique. L’Irlande, le Danemark, l’Espagne entrent doucement en récession. Le ralentissement est net en Allemagne malgré les beaux discours sur le « succès allemand ». De nombreux pays hors d’Europe commencent à souffrir de façon évidente notamment le Japon. L’Inde et la Chine commencent à être touchées de façon de plus en plus perceptible.
Sectoriellement nous renouvelons notre bulletin d’alerte sur les banques, les assurances, le transport aérien, les sociétés de services informatiques qui viennent rejoindre les secteurs déjà signalés depuis deux ans (la publicité, les media, le tourisme, l’immobilier).
Le prochain trimestre va être marqué par les inévitables mauvaises surprises qui apparaissent toujours en été. Mais ce qui compte, c’est la très mauvaise orientation générale de la conjoncture pour les 18 mois à venir qui va entraîner dans la tourmente le secteur de la mécanique et celui du commerce de détail après celui du commerce de gros,.
Le scénario classique : baisse des recrutements puis de l’emploi, hausse corrélative du chômage, baisse des rendements fiscaux, baisse des investissements productifs, ralentissement et baisses de chiffres d’affaires, montée des déficits publics, montée des faillites s’enclenche désormais de façon visible en France et sera la toile de fond permanente pendant au moins deux ans. Contrairement à l’habitude ce refroidissement général ne s’accompagnera pas d’une stabilisation des prix. L’inflation des prix à la consommation restera importante sans être dévastatrices.
Le ralentissement économique d’ensemble aura des conséquences sur les marchés. Sauf accident monétaire ou financier grave (toujours possible, jamais totalement prévisible), certains facteurs haussiers sur les cours des matières premières et des « biens réels » vont cesser de jouer à plein. Il faudra guetter les signes avant coureurs de retournement, bien que l’économétrie suggère un retournement en 2009 plutôt qu’en 2008.
Eléments macroéconomiques pour la France : second semestre
- Inflation : plus forte
- PIB : ralentissement marqué (mais ne sera connu qu’en septembre 2009)
- Importations : fortes mais ralentissement
- Exportations : récession
- Déficits extérieurs : accrus
- Déficits budgétaires : accrus
- Déficits sociaux : accrus
- Chômage : hausse.
- Consommation : maintien
- Investissements productifs : baisse
- Cours Euro/Dollar : imprévisible
- Cours matières premières et biens « réels »: première tendance au retournement sauf accident monétaire ou politique.
TVA sur la restauration : une baisse bienvenue ?
Au moment où on annonce pour dans quelques années une baisse possible de la TVA sur la restauration, il faut se poser la question : est-ce une bonne idée ? Curieusement, personne ne se la pose dans la presse. Il est acquis que cette baisse obtenue de haute lutte est « une victoire ». Rien que cela est une curiosité. On a vaincu l’Europe des gnomes de Bruxelles !
Pourquoi diable la modification du régime de TVA sur des produits aussi nationaux que la restauration doit elle obtenir l’unanimité des pays européens ? Il est clair que l’harmonisation des taxes est nécessaire dans une zone de libre échange où on veut favoriser la circulation des biens et des services. Mais les restaurants ne sont pas des biens qui passent la frontière. Des touristes pourraient être théoriquement détournés d’aller dans d’autres pays de l’Europe pour bénéficier de l’effet d’aubaine des taxes basses en France. Qui croit une seconde que la distorsion de concurrence qui en résulterait aurait le moindre effet dans la pratique ?
On tombe sur une première anomalie : les traités européens ont mis en commun une législation fiscale qui sur certains produits n’a pas d’effet européen sensible. Où est la « subsidiarité » ? La terrible lourdeur des processus de décision et les délais déraisonnables auxquels elle aboutit posent la question de l’opportunité et de l’efficacité de certains mécanismes collectivisés à l’échelle de l’Europe.
Dans la pratique les touristes qui viennent en France, notamment de l’Europe, paieront moins de TVA donc moins d’impôts. Ils sont des dizaines de millions à venir car la France est la première destination touristique du monde. On fait un cadeau fiscal à des dizaines de millions d’étrangers ! Sans être ultranationaliste, est-ce bien malin ? La restauration est un produit de luxe, sachant que la petite restauration (les sandwichs etc.) est déjà à un taux réduit. La clientèle des trois étoiles va bénéficiée d’un petit coup de pouce fiscal ? Est-ce socialement juste et n’est-ce pas une forme de « cadeau aux riches » ? Nous entrons dans une phase de ralentissement qui va faire baisser la recette fiscale de l’Etat. Le Ministre des Finances l’a annoncé urbi et orbi ce jour même et a donné les estimations : quelques milliards d’euros vont manquer à l’appel et ce sera pire encore l’année prochaine. Les déficits vont se creuser alors que la dette est déjà très importante. Est-il opportun d’aggraver encore la situation et de reporter sur nos enfants les avantages consentis ici et maintenant à des touristes en goguette et à ceux qui ne mangent pas chez eux ?
La seule justification valable est l’emploi. Finalement tout le monde, gauche et droite réunie, accepte l’idée que l’impôt tue l’emploi, ce qui est vrai quand il atteint comme en France les sommets hystériques que l’on sait. Les industries de main d’œuvre selon cette théorie implicite devraient bénéficier toutes de la TVA à taux réduit. L’ennui, c’est que nous entrons dans une économie de services où toute l’activité sera bientôt « tertiaire ». Nous sommes implicitement en train d’affirmer que la TVA normale doit être à 5.5% ! Ce qui nécessiterait, à recette fiscale égale d’augmenter très fortement l’impôt sur le revenu, la CSG où on ne sait quel autre impôt de masse, avec des effets dévastateurs.
Tout économiste un peu sérieux sait que c’est le contraire exact qu’il faut faire. Jospin a fait une énorme erreur en diminuant d’un point la TVA comme nous l’avions déjà observé à l’époque. Sans réduction des dépenses publiques cela revenait à faire un cadeau aux industries exportatrices étrangères, et à transférer le fardeau sur les générations futures. Le bel échange !
La France souffre d’un excès d’impôts, d’un excès démentiel de dépense publique, d’un excès de dettes. A chaque récession, et nous entrons dans l’une de ces charmantes périodes, les déficits se creusent, la dette augmente et avec elle le besoin d’accroitre la pression fiscale. Nous sommes complètement coincés et dans une spirale sans fin.
La seule solution est connue : il faut baisser très fortement la dépense publique et supprimer sélectivement et progressivement les impôts les plus pénalisants. Il aurait été intelligent de le faire pendant la phase du cycle économique favorable. Les récessions sont rarement propices à cet exercice. Comme les rendements fiscaux sont excellents pendant les « vaches grasses », on ne fait aucune réforme en se disant que finalement cela s’arrange. Pour aboutir à une situation inextricable lors de la récession.
Au lieu de cela nous nous livrons à des réductions électoralistes des impôts en fonction de l’idée que le gouvernement du moment se fait du bénéfice politique qu’il en tirera. On veut la jeunesse avec soi : vive la baisse de la TVA sur la musique, les films, les jeux vidéo ! Les restaurateurs commencent à devenir un problème ? On lâche de la TVA ! Les pêcheurs, les routiers, les taxis ? On lâche de la taxe sur le gaz-oil. En contrepartie on supprimera les « niches fiscales » qui permettaient de pallier en partie aux effets pervers d’une fiscalité excessive et trop concentrée sur les revenus moyens.
Aucun plan d’ensemble de baisse des dépenses publiques et des prélèvements : seulement des mesurettes démagogiques et politiciennes prises à la va-comme-je- te-pousse par des gouvernements qui finissent toujours par reprendre d’une main ce qu’ils ont fait semblant d’accorder de l’autre dans l’incohérence générale et la stagnation économique de longue durée.
Après six ans de gouvernement « de droite » censé être favorable à la baisse des impôts et des dépenses publiques, le taux de prélèvements est plus fort qu’un début de période ! Chaque baisse localisée a donc été reprise par ailleurs. Où ira-t-on encore chercher l’argent que l’on ne prélève plus sur les touristes et les joyeux convives ? La récession va encore aggraver les choses, car il y aura moins de touristes pendant quelque temps.
Encore Bravo !
Réduire la dépense publique : un exemple
En France il y a entre 400 et 500 meurtres ou assassinats chaque année. 300 d’entre eux ne posent pratiquement pas de problème d’enquête : on sait qui est l’auteur et dans quelles conditions le drame s’est déroulé. Rixes après boire, querelles d’automobiliste, scènes de ménage qui tournent mal etc. On en conclura qu’il reste environ 200 cas où des spécialistes doivent intervenir pour rechercher le coupable, la majorité d’entre eux étant assez rapidement élucidés et seuls une poignée demandent de lourdes et longues investigations.
Regardons maintenant de l’autre côté : tous les commissaires de Police et toutes les brigades de gendarmerie peuvent être enquêteur. Il suffit que le juge le leur demande par une commission rogatoire. Des centaines de cellules sont donc potentiellement mobilisables pour traiter 200 cas. Selon le ressort du crime, des centaines de juges d’instruction peuvent également être commis.
Dans la pratique cela veut dire qu’un gendarme, un commissaire de police et un juge d’instruction a très peu de chances de tomber sur un assassinat dans sa carrière. Le jour où cela arrivera il sera en général complètement dépassé par les évènements.
Pour un pays comme la France, la solution est évidente. Créer une dizaine d’équipe de juges d’instruction et d’équipe d’enquêteurs spécialisés ayant vocation à traiter sur l’ensemble du territoire national les assassinats problématiques. Chaque équipe aurait à traiter une vingtaine de cas chaque année, soit un ou deux par mois, en se faisant aider s’il y a lieu par les équipes locales de la police et de la gendarmerie.
Il deviendrait possible de dégager les meilleurs limiers et de promouvoir les meilleurs enquêteurs ; l’émulation serait forte. L’expérience viendrait vite. Le taux d’élucidation grimperait. Les enquêtes lamentables faites par des amateurs inexpérimentés disparaîtraient. Bref, le service public de justice et de police serait mieux rendu. On ne se retrouverait pas comme à Toulouse avec des affaires qui trainent et des collusions bizarres entre justice, police et milieu.
Pour un coût en baisse. Car les moyens pourraient être facilement alignés sur les besoins. Et on ne verrait plus un juge d’instruction noyé dans les dossiers de voleurs de poule faire semblant de s’occuper d’un tueur en série.
La centralisation statistique du tableau de bord de suivi de cette criminalité serait extrêmement facile à obtenir : moins de délais ; moins de chaîne administrative ; moins de coûts. Les affaires qui trainent seraient extrêmement faciles à connaître par le Garde des Sceaux et le Ministre de l’intérieur. Les Français seraient mieux informés.
La spécialisation est la clé de la bonne gestion des services publics. Evidemment cela ne se fera pas car les résistances administratives sont invincibles. Il faudra toujours 17 juges d’instruction pour suivre un criminel en série qui a frappé dans 17 circonscriptions judiciaires, sauf regroupement hypothétique et fort long, et n’importe quelle affaire un peu grave survenue dans un secteur mal équipé justifiera une demande de moyens en forte hausse pour avoir des résultats, car tout échec sera présenté comme cela : Nous sommes surmenés et nous n’avons pas les moyens.Voir Outreau.
Ce raisonnement vaut pour le grand banditisme, la grande délinquance sexuelle, etc. Des efforts partiels qui ont déjà été faits, notamment dans la police et même à la Justice avec la centralisation du grand banditisme. Ils doivent être simplement systématisés.
On verrait alors qu’on peut avoir des services publics efficaces avec des moyens parfaitement contrôlables.
Crise économique : les quatre erreurs à éviter
Crise économique : quatre erreurs à éviter
Didier Dufau*
Première erreur : ignorer que le cycle économique existe. Le cycle de 8-10 ans se déroule depuis deux cent ans avec une régularité stupéfiante. Voici les années de crise économique en France : 1810, 1818, 1825, 1830, 1837, 1847, 1857, 1867, 1882, 1891, 1907, Guerre de 14, 1921, 1929-31, guerre de 40, 1952, 1963, 1974, 1983, 1974, 1993,2002. Comment être surpris par le retournement en cours qui prendra son plein effet en France en 2009 ? Les politiques n’aiment pas trop l’idée qu’ils ne sont pas tout puissants et super efficaces depuis Keynes. La conséquence est une insouciance généralisée qui explique qu’en France comme en Europe les décisions sont prises à rebours des nécessités du cycle et en aggravent les conséquences. Depuis la dernière guerre mondiales les retournements commencent aux Etats Unis, suivent dans les pays exportateurs et se terminent en Europe continentale. Si la France et une partie de l’Europe n’est pas encore aussi touchée que les Etats-Unis ce n’est pas l’effet d’un découplage mais seulement d’un décalage de phase habituel. L’expérience montre également qu’une crise sévère suit un ralentissement moins sensible. La crise de 2009 sera plutôt du type de celles de 74 et de 93, c'est-à-dire assez sévère.
Deuxième erreur: croire qu’il s’agit d’une crise technique bancaire cantonnée à la distribution de titres adossés à des crédits hypothécaires. Bien sûr, cette difficulté existe, mais les sommes mises en jeu ne sont pas telles qu’elles puissent expliquer la crise telle qu’on la voit aujourd’hui. Elle est un symptôme plus qu’une cause. Ce ne sont pas les remous de ce marché particulier qui expliquent le désarroi des responsables. Ce ne sont pas les mesures techniques prises pour en éviter les conséquences immédiates qui mettront fin au retournement de conjoncture.
Troisième erreur : oublier que depuis 1971 et l’abandon du système de Bretton-Woods nous vivons une crise permanente du dollar. L’once d’or valait trente-cinq dollars en 71, elle en vaut mille aujourd’hui. La dévaluation du dollar a été de près de 97% ! Les fluctuations très amples qui ont affecté cette monnaie ne doit pas nous tromper. L’absence de système monétaire international organisé a produit non pas des « changes flottants » mais des « changes fondants ». L’illusion d’optique est de croire que les prix montent : en fait c’est le référentiel monétaire qui s’effondre provoquant une fuite caractérisée devant la monnaie. Si on retient ce fait majeur, jamais porté à l’attention du public, on voit que la méthode qui consiste à inonder le monde de monnaie pour soigner une inondation de crédits est pour le moins saugrenue. La meilleure preuve : les marchés paniquent à chaque chute nouvelle du dollar et à chaque explosion du cours de l’or ou du pétrole. Ils savent bien que là se trouve le nœud du problème. La bulle immobilière n’était qu’une conséquence de la fuite devant les monnaies fondantes aggravées par les politiques monétaires des Etats-Unis. Pas une cause.
Quatrième erreur : croire que les banques centrales peuvent enrayer seules le retournement de la conjoncture. La stabilisation des marchés et le retour de la confiance passe par une réforme du système monétaire international, la stabilisation des changes et une action concertée de relance de l’économie mondiale. Aucun pays d’Europe n’acceptera de perdre son industrie simplement parce que les Etats-Unis et la Chine souhaitent laissent filer leur monnaie à des profondeurs abyssales. L’enjeu est le maintien du libre échange. Cette digue doit absolument résister.
On voit qu’on est loin des « subprimes ». Une conférence internationale de type Bretton Woods s’impose. Vite !
Taux de prélèvements : une formidable performance !
L'INSEE vient de publier sa première estimation du taux de prélèvement en France en 2007. Ce taux mesure le rapport entre les sommes prélevées par l'Etat et les collectivités locales sur la richesse créée par les Français.
En 2002, lors du retour de "la droite" augouvernement, ce taux était de 43,1%. En 2007, il est de 43,3, c'est à dire qu'il a AUGMENTE après 5 ans de "baisse des impôts" et de "cadeaux aux riches".
Alors que les discours officiels se multiplient pour annoncer un tour de vis fiscal supplémentaire, (après tant de "cadeaux" c'est bien naturel !) on constate qu'il n'y a eu exactement AUCUNE baisse de la pression fiscale et au contraire une vraie hausse.
Bravo au gouvernement qui laisse les média conduits par le PS faire croire que les impôts ont incroyablement baissé, alors qu'ils ont augmenté. Evidemment c'est dur pour un gouvernement de droite de dire : les socialistes avaient fait baisser la pression fiscale, je l'ai remonté. Alors tout le monde braille "Vive l'impôt" alors que la France a connu une croissance insignifiante pendant toute la période, alourdie qu'elle est par cette charge fiscale écrasante.
Pour les néophytes en matière d'économie il importe de bien comprendre ce que signifie une taux de 43%.
Prenons un esquimau seul sur sa banquise. Il pêche un poisson. Que dit l'INSEE :
PIB (produit intérieur brut) = 1
Arrive un type avec un fusil qui lui pique le poisson sous la menace. Que dit l'INSEE ?
PIB marchand = 1 (le poisson pêché)
Valeur ajoutée de sécurité des adminsitrations publiques = 1 (le poisson donné en rémunération au fonctionnaire)
PIB TOTAL = 2
Taux de prélèvement : 1 sur 2 = 50%.
Quand l'Etat prend tout le taux de prélèvement est de 50%. Nous sommes à 43%.
Vous conclurez justement : l'Etat prend presque tout.
De fait, lorsque vous prenez le montant des prélèvements et la valeur ajoutée des entreprises privées, vous arrivez à un ratio autour de 80%. Si maintenant vous prenez le montant de la dépense publique dont chacun sait qu'elle excède de 25% les recettes fiscales, vous arrivez à ce chiffre édifiant que vous ne trouverez JAMAIS dans la presse :
- L'Etat, les organismes sociaux et les collectivités en France dépensent plus que ce que produisent les entreprises françaises !
Formidable, non ?
Une imposture bien française : La RGPP !
Les économies générées par la RGPP sont sinon dérisoires du moins hors de proportion avec les réductions nécessaires pour revenir dans la moyenne générale de l’Europe en matière de dépenses publiques. C’était prévisible. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de coût rationnel ou rationalisable pour une dépense publique.
Prenez une politique publique : la lutte contre les discriminations. Combien faut-il créer de postes de fonctionnaires ou autres pour assumer cette noble fonction ? Il n’y a pas de réponse à cette question. Une conception est d’affirmer que la justice est là pour dire le droit en cas de plainte. Il suffirait alors de préciser combien d’affaires de ce genre sont à prévoir et d’en déduire le nombre de postes de juges. Une autre est de dire qu’il faut « une haute autorité ». Cette conception a triomphé avec la création de la Halde. Posez la question : combien faut-il de personnel pour cette institution ? Vous obtiendrez des réponses variant entre cinq et mille ! Et personne ne sera capable de vous dire l’effectif de ce machin ni de préciser comment il a évolué depuis sa création. Il suffira que les hauts fonctionnaires qui le dirigent finissent par faire admettre qu’il faut des services disséminés sur le territoire pour que les chiffres explosent.
Sauf à redéfinir radicalement la politique en question, le simple examen en commission de rationalisation n’apportera que des gains cosmétiques. On ne fera que ralentir le grignotage parkinsonien qui de budget en budget fait gonfler les postes et les dépenses au nom des bons sentiments. C’est ainsi que les institutions se superposent, les mécanismes s’enchevêtrent, les services s’accroissent et se croisent même quand l’objet initial a disparu du collimateur politique.
Il n’y a pas de limite au temps qu’on peut accorder à une tâche ; Surtout quand cette tâche est floue. Et quand l’argent est là, on trouve toujours à le dépenser.
La seule méthode efficace est de remettre en cause vigoureusement les politiques elles-mêmes et les institutions qui les sous tendent. Faut-il ou non des départements ? Doit-on admettre que les régions gèrent des transports en train ? Le petit risque médical doit il être couvert par la Sécurité Sociale ? Est-il réellement nécessaire que les rémunérations des fonctionnaires internationaux soient défiscalisées ? Pourquoi faut-il que le Sénat dispose de plus de 150 membres et l’Assemblée nationale plus de 300 députés ? Pourquoi conserver le Conseil économique et social ? Que ce passerait-il vraiment si on supprimait purement et simplement les mille et un Fonds d’Assurance Formation ? Etc.
Et il faut veiller à ce que les administrations ne produisent rien elles-mêmes. La politique doit définir des objectifs et les faire obtenir par les moyens les plus concurrentiels possibles, en contrôlant les normes et les résultats.
Toute rationalisation de dépenses est-elle impossible ? Non bien sûr. Mais c’est extrêmement difficile et exige souvent des dispositions législatives ou règlementaires nouvelles qui prennent un temps fou.
Vous voulez changer de Carte d’identité et vous êtes en possession de la précédente que vous allez rendre. On vous demande un extrait de naissance. Il suffirait au préposé de la Préfecture chargé du dossier de consulter la base de données centrale. Non : on exige de vous que vous demandiez à un officier d’état civil de votre mairie de bien vouloir faire cette consultation et d’imprimer le bout de papier. C’est la loi ! Et le lobby de la fonction publique territoriale fera ce qu’il faut pour empêcher toute simplification. Jamais depuis qu’il y a un département ministériel chargé de la simplification administrative, on n’a pu régler ce minuscule problème de procédure
Il ne faut pas seulement déterminer si on peut faire mieux ce que l’on fait mais si ce que l’on fait est réellement utile. La politique la plus efficace est de ne pas se lancer dans des politiques prétextes à grand affichage compassionnel, nécessairement inefficaces car purement politiques au mauvais sens du terme. Et de supprimer sans pitié toutes celles qui existent.
On ne rationalise pas les politiques publiques. On réduit les dépenses à la hache.
Didier Dufau - 02.06.2008
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |




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