Croissance, vous avez dit croissance ?

Article paru dans le Figaro du samedi 19 -Dimanche 20 juillet 2003.

TENTONS UNE CROISSANCE RAPIDE

par

Didier Dufau - Economiste

Une croissance de 3% sur le long terme est facile à obtenir. Les trente dernières années perçues  comme catastrophiques par rapport aux trente précédentes qualifiées de "glorieuses" le prouvent : la croissance a été de 2,9%.

Et si on cherchait à faire mieux ?  Par exemple 3,5% ? ce taux assure un doublement tous les vingt ans. 25 millions de personnes au travail produisent dix mille milliards de francs par an , soit quatre  cent mille Francs par tête. Pas mal. Mais dans vingt ans nous en produirions, au taux proposé, huit cent mille puis un million six cent mille , etc. De quoi soulager quelques misères.

Cette croissance un peu rapide impose de desserrer trois freins catastrophiques :

- l'accroissement mécanique du poids des prélèvements

- le désordre associé aux changes flottants

- l'étroitesse de la population active.

En matière d'impôts il existe des lois incontournables. la première dispose que lorsque l'impôt est progressif  la croissance provoque mécaniquement la hausse de la part de l'Etat dans l'économie. Ce phénomène et aggravé par la caractère cyclique de l'activité qui produit, dans la phase de haute conjoncture, des recettes fiscales en très forte augmentation, alors que, dans la phase  de récession, l'Etat  refuse de voir sa dépense diminuer et hausse les prélèvements, effet de cliquet très bien illustré par le traitement Juppé des effets de la crise de 1993. Le pire, c'est lorsqu'on crée des impôts nouveaux aussi en période de forte conjoncture. Pensons à la création  de la CSG et à la "réhabilitation de la dépense publique" par le gouvernement Rocard et aux "cagnottes" du gouvernement Jospin.

Le résultat aura été, en France, où l'impôt est globalement progressif  et l'énarchie puissante, une montée extravagante de la dépense publique  et des taux de prélèvements.  Certains diront : ce taux n'a jamais dépassé les 46%, ce n'est donc pas si grave. Là, il faut bien comprendre que la comptabilité nationale enregistre les coûts de l'Etat comme de la production. Voyonbs les conséquences sur un exemple. Robinson, seul sur son ile, puis de l'eau au puits  et cueille des noix aux cocotiers du coin. Admettons que cette production vaille 100. Un fonctionnaire armé débarque  et prend tout. La comptabilité nationale dira :

- production marchande = 100

- prestation de sécurité de l'Etat = 100 (coût du fonctionnaire)

- PIB = 200

- Taux de prélèvement égale 100/200 = 50%.

Seconde loi : quand l'Etat prend tout, le taux de prélèvement est de 50%.

Les Français sont soumis à des prélèvements confiscatoires. Les petits salaires sont l'occ&asion d'une ponction globale de 55 à 60%. Les revenus modestes, spoumis à l'impôt sur le revenu, de 60 à 70%. les hauts revenus de 70 à 85%.

Si l'ISF s'ajoute, on atteint facilement 90%  et pour quelques dizaines de milliers de personnes plus de 100%. On oblige donc les plus taxé à vendre leur patrimoine. A qui ? A l'étranger.D'où la troisième loi : lorsque l'impôt force à céder des biens , il n'y a pas de redistribution mais financement  de l'Etat par vente à l'étranger  du patrimoine national.

La capitalisation boursière est actuellement à près de 40% dans des mains non françaises et chacun sait que des pans entiers de notre immobilier sont en train d'être transférés à des non-résidents.

En trente ans les taux de prélèvements ont été portés au maximum  et ont fourni à l'Etat des ressources gigantesques immédiatement dépensées. Ce qui ne l'a pas empêché de faire passer l'endettement de 20 à 60% d'un PIB qui a presque doublé  pendant la période concernée.

Un complète folie.

L'Etat devra admettre de n'augmenter les recettes que proportionnellement à l'accroissement de la richesse des Français. Il doit jouer la carte d'une croissance forte  mais en compensant l'effet de la progressivité sur l'accroissement de son poids dans l'économie.

Sinon l'asphyxie de la croissance , déjà trop visible, sera consommée.

Le choix de J. Chirac tel qu'annoncé le 14 juillet de baisser les impôts  et de ne pas faire jouer l'effet de cliquet est historique en France. Il va dans le bon sens.

Autre cause d'inquiétude pour la croissance : les changes flottants. Depuis l'explosion du système de Bretton-Woods, charpente des fameuses "trente glorieuses", le taux de croissance diminue chaque décennie sous l'effet de désordres monétaires répétées. Faire passer les lourds convois du commerce international sur des passerelles monétaires en caoutchouc mou est absurde.

Agitées de soubresauts incontrôlables, amplifiant tous les déséquilibres, ces passerelles saugrenues  envoient au fond du précipice  des pans entiers de la croissance mondiale.

Toutes les crises des trente dernières années  sont associées à des variations brusques  du cours des monnaies principales.  La crise dite à tort "des pays émergents",  comme l'explosion du "currency board" argentin, ont une origine monétaire. L'énorme bulle financière qui s'est créée  à partir de 1999 et dont l'explosion  réveille le spectre  de 1929, est un effet direct des changes flottants qui ont auto-entretenu une folle spéculation sur le dollar, se surajoutant à un "exubérance boursière" déjà excessive.  Les déficits américains s'accumulent, financés par la création monétaire et les déplacements de capitaux irrationnels.  Ils représentent, pour les Etats-Unis, un "plan Marshall à l'envers" très lucratif. Les créanciers, eux, sont régulièrement ruinés, explication principale de la stagnation japonaise et de la langueur allemande.

Il n'y aura pas de retour à une croissance mondiale forte  sans réforme équilibrée du système monétaire international.  la France est en pointe vers une gouvernance mondiale équilibrée. Elle doit l'être aussi dans le domaine monétaire.

Reste le frein démographique. Alors qu'au sortir de la guerre, les idées dominantes, merci Alfred Sauvy, ont été productivistes et natalistes, les trente dernières années  ont vu le retour des pratiques malthusiennes. Immigration zéro, indifférence à la dénatalité, réduction du temps de travail, préférence pour l'emploi public, ont dominé les pratiques gouvernementales.

Dans la durée ce petit jeu a été incroyablement délétère.  L'emploi salarié dans le secteur marchand atteint à peine 16 millions de personnes pour une population supérieure à 60 millions. Avec le ratio des Etats-Unis  ou de la Grande Bretagne, on dépasserait les 25 millions ! Un manque à gagner de 10 millions d'emplois ! Notre moteur économique concurrentiel est certes performant mais il est devenu ridiculement petit.

Croire que le départ à la retraite des "baby boomers" fera diminuer le chômage  est une de ces illusions arithmétiques qui font le charme de l'ignorantisme malthusien.  La réduction de la population active  va exaspérer  la compétition entre secteur public  et privé pour des ressources  rares et encore réduire  la taille du moteur.

Il faudra pour échapper à cette fatalité non seulement prolonger la durée du travail  mais faire basculer une part importantes des effectifs publics  vers le secteur marchand.  On voit comme les esprits y sont préparés !  

La France se retrouve devant des choix décisifs. les erreurs des trente dernières années  ne lui sont plus permises. Pourquoi ne pas virer de bord avec résolution ?  Pourquoi ne pas choisir les disciplines et surtout les promesses d'une croissance rapide ? Pourquoi ne pas tomber amoureux d'un taux de croissance ? Par exemple 3,5%...

Il semble que sous l'impulsion du Président de la République un changement radical soit en train de se produire en ce sens. Dans cette conjoncture déprimée, c'est une excellente nouvelle."

 

 

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Commentaires, 11 ans plus tard…

 

L'article précédent a été écrit en juillet 2003, après la crise dite des NTIC,  alors que J. Chirac, réélu, voulait donner à son quinquennat une dimension nouvelle. Dans la pratique, le quinquennat Chirac sombrera dans la "défense des avantages acquis", pendant que Schröder, en Allemagne, prendra les mesures nécessaires pour remettre l'Allemagne en état de réussir dans la mondialisation. La dette et l'emploi public ne cesseront d'augmenter en France. La question du système monétaire international ne sera pas posée. Il n'y aura aucun desserrement de l'emprise malthusienne avec maintien des 35 heures et de la préférence pour l'emploi public, notamment dans les régions. Les socialistes s'empareront de près de 60% des mairies et de la quasi-totalité des gouvernements régionaux Les effectifs municipaux grimperont sans aucun contrôle en 14 ans de près de 800.000 !Nicolas Sarkozy proposera une rupture qu'il ne fera pas ou à moitié comme on voudra.

La crise, à connotation 1929, ne pourra pas être évitée.

Elle aboutira à de nouveaux blocages en France, à une hausse délirante des impôts, et finalement à un total revirement qui voit M. Hollande, comme M. Chirac, évoquer une accélération de la croissance grâce à un nouveau "pacte".

 

Nous sommes, mutatis mutandis,  dans une situation un peu comparable à celle qui nous avait conduit à proposer cet article au Figaro.  Le G.20 vient justement , à Sydney, de proposer une relance de 2% de plus du 1.5% du moment, soit une croissance de 3.5%, le même chiffre que nous avions proposé en 2003.

Si nous avions à réécrire l'article pour soutenir cette ambition, on ne voit pas vraiment ce qui serait à en retirer.

L'absence de toute référence à l'Euro dans l'article de 2003  peut surprendre. La raison en est simple. A cette date, la gestion de l'Euro était naissante et on annonçait un relâchement des contraintes qui avaient été nécessaires pour instaurer la monnaie unique. On discutait d'une gestion expansive de la zone euro et on annonçait une vision plus ouverte des contraintes du traité de Maastricht. La question de l'Euro, du coup, se ramenait plus globalement  à celle des changes et du "malthusianisme" ambiant, la rigueur excessive de la BCE pouvant s'analyser comme un malthusianisme , associé à la défense des petits vieux, assis sur leur épargne sacrée, dans une Europe très vieillissante, notamment en Allemagne et en Italie. 

 

Aujourd'hui nous affirmons qu'il n'y aura de sortie de crise durable que si été seulement si

- Mondialement, on réforme le système monétaire international,

- En Europe, on dote la zone Euro d'un pilote et d'une cabine de pilotage, avec un œil actif sur le cours du change

- En France, on casse la croissance hyperbolique de la dépense publique, de la dette et des prélèvements.  

Il est intéressant de mesurer les chances d'une reprise de la croissance à cette aune. 

 

De son côté quelles mesures proposent donc  le G.20 ?

 

1.  "Les pays membres du G20, qui représentent quelque 85% de l'économie mondiale, se sont fixé pour objectif de doper la croissance de deux points de pourcentage supplémentaires d'ici à 2018, en "développant des politiques ambitieuses mais réalistes".

"Cela représente plus de 2.000 milliards de dollars en termes réels et permettra la création de nombreux emplois", ont souligné les ministres des Finances et les banquiers centraux lors de cette réunion préparatoire au sommet des chefs d'Etat qui se tiendra en novembre à Brisbane (Australie).

Pour la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, cet objectif "peut être atteint, voire dépassé" à condition "de mettre en œuvre les réformes identifiées" dans chacun des pays concernés."

La principale erreur ici est formulée par Mme Lagarde. La reprise serait l'affaire individuelle de chaque état faisant en son sein les efforts demandés.  On retrouve la folie d'un FMI dont les analystes sont cloisonnés par pays et ne voient rien du risque global. DSK en fera deux fois l'aveu. "Le FMI ne s'est pas intéressé aux interactions ni aux phénomènes de contagion".  Ce que dit Mme Lagarde est dans le droit fil des défauts déjà signalés. Cela tient à la structure par pays du FMI. Les décloisonnement n'ont pas eu lieu.

Du coup il n'y a aucune réflexion sur les défauts structurels du système monétaire international. En revanche on espère une coopération dans une structure non coopérative ! Ce qui est de l'ordre de l'oxymore.

«L’engagement pris à Sydney par le G20 à communiquer systématiquement les actions de politique monétaire pour mieux gérer leurs effets collatéraux est aussi capital. Un dialogue au niveau mondial et une meilleure communication sont indispensables pour préserver la stabilité financière. Les membres du G20 se sont aussi engagés à prendre les mesures qui s’imposent pour gérer les pressions déflationnistes et inflationnistes. Le FMI appuie ces efforts et se tient prêt à aider ses pays membres en offrant ses avis de politique économique ou, le cas échéant, un financement."

Les pays émergents sont priés de mettre fin à leur inflation, afin "de ne pas déstabiliser les changes". Ce qui signifie que les désordres monétaires en cours sont de la responsabilité des pays victimes pas des mouvements de capitaux erratiques et de la politique des banques centrales et notamment de la FED.  C'était exactement le discours de 1998 où les difficultés dans les pays émergents étaient mises sur le dos du "cronyism" des dirigeants de l'époque.

En revanche, il faut que les pays excédentaires relancent. Ce qui est juste. Mais pourquoi sont-ils excédentaires et qu'a-t-on fait pour empêcher ce mouvement ? Si la coopération est nécessaire pourquoi ne pas l'institutionnaliser ?  Les marchés règnent mais les gouvernements doivent être plus communicants plus transparents. A quoi tout cela rime-t-il ?

Certains observateurs ont parlé d'un changement de ton, de cap et même de logiciel avec l'introduction d'une dose de keynésianisme.

Il faudrait que l'investissement public et privé reparte à la hausse. Mais seulement dans les pays qui ne glissent pas sur la pente de l'inflation  et la lutte contre la déflation ne doit pas passer par plus de dettes…

Où sont les politiques "ambitieuses et réalistes " ?

La vérité du G.20 est ailleurs. Les autorités internationales s'inquiètent de voir se profiler un "triple dip". Le commerce international est à l'arrêt. Les achats de précaution stratégique de la Chine se sont arrêtés. Les crédits internationaux sont encore 40% plus bas qu'avant la crise.  La déflation menace en Europe alors que l'inflation s'est installée dans les pays dépendant des achats chinois. Nous sommes encore et toujours dans la gestion de la panique.

Le FMI s'est trouvé légèrement pris à revers par la découverte d'une erreur de tableur dans les démonstrations sur lesquelles l'institution se fondait pour demander plus d'austérité. Alors elle crie : "vive la croissance".

Les pays "émergents" s'indignent de voir que la politique de la FED a des effets immédiats chez eux. Il fallait les calmer. Ce qui est fait en parlant de croissance.

Le Japon avait inquiété avec sa politique d'intervention directe sur les changes. On lui demande d'être plus coopératif. Qu'au moins il prévienne ! Mais s'il prévient, rien ne marchera…

Il n'y a aucune mesure structurelle ni aucun changement d'idéologie. On pare au plus pressé politique. On espère doper le moral des uns et des autres.

Mais personne n'est tenu à rien et les défauts structurels perdurent. 

 

2.Le temps :  "La semaine dernière, le yuan chinois s’est déprécié comme jamais depuis septembre 2011. C’est le cas du moins pour le CNH, ou la version «offshore» de la monnaie qui est échangée à Hongkong, et qui a perdu presque la valeur d’un point de pourcentage face au dollar américain. Parallèlement, le yuan «onshore», ou CNY, la monnaie utilisée en Chine continentale, s’est aussi fortement déprécié, de moins d’un demi pour cent. Cette différence de fluctuation, du fait que l’écart entre CNY et CNH évolue rarement d’une semaine à l’autre, a peut-être été encore davantage perçue.

Qu’est-il en train de se passer? Tout le monde sait que, si les taux journaliers du CNH et du CNY peuvent librement légèrement fluctuer dans des fourchettes étroites, toute évolution plus importante des taux de change est le fruit d’une action tout à fait intentionnelle de la Banque populaire de Chine et du gouvernement chinois.

La réponse semble donc se trouver du côté du massif «carry trade» qui a vu le jour au cours des dernières années et que les autorités chinoises tentent d’éradiquer. Le problème, au vu du fait du large contrôle des capitaux chinois, est qu’il est très difficile pour les opérateurs chinois du continent d’obtenir des fonds en dollars américains pour effectuer un échange. Mais quand la volonté est présente, il existe un moyen. Et ce moyen implique toute une série complexe de transactions financières, dont des garanties stockées dans des entrepôts d’emprunts sur le continent chinois pour des emprunts en dollars américains. Ces marchandises, ayant ensuite fait l’objet de fausses exportations vers Hong­kong, ont été vendues là-bas à des entités offshore qui ont renvoyé les fonds en Chine. De cette façon, ces fonds pouvaient être ainsi détenus en CNY. Ce type d’opération est probablement à l’origine des indications erronées données par les chiffres importants de l’excédent commercial de la Chine ces dernières années.

Cette opération de carry trade contribue à expliquer pourquoi la monnaie chinoise a continué de s’apprécier ces derniers mois (avant son plongeon de la semaine passée), alors même que d’autres monnaies des marchés émergents se dépréciaient massivement. Pour l’instant, le yuan chinois est probablement l’une des devises les plus surévaluées du monde, jusqu’à 30% selon un des analystes de Lombard Street Research".

 

Si vous avez entendu le G.20 dénoncer la surévaluation du Yuan, vous avez gagné.

3. Au final :

- La France est toujours écrasée d'impôts et de prélèvements et aucune économie sérieuse n'a encore été annoncée précisément par M. Hollande ou son gouvernement.  Relance keynésienne en France par l'investissement public, à 100% d'endettement public ? Rions mes Frères !

- La zone Euro ne fait toujours pas l'objet d'une quelconque gestion. La BCE va s'amuser à teststresser les banques systémiques ! C'est poétique et c'est tout.   

- Le monde vit toujours dans le système de change désastreux qui a présidé à la terrible récession dont on peine à sortir.

Le G.20 qui s'était ridiculisé en 2009 en ne proposant que des mesures dérisoires (les bonus, la comptabilité, les agences de notation, les paradis fiscaux et autres babioles), cf nos articles de l'époque, en est toujours à la douce pusillanimité et aux paroles rassurantes "pour faire revenir la confiance".

Pendant ce temps là des écologiques injurient les "vieillards à cheveux blancs qui pensent encore en terme de croissance".

Zeus aveugle ceux qu'ils veut perdre. Il est sacrément efficace !

Paris : un déclin programmé ?

Paris : la mort lente.

 

Les recettes fiscales ne rentrent pas. Les projets cachés sortent à nouveau des tiroirs.

Depuis des lustres les plus excités des socialistes veulent rendre progressives la taxe foncière et la taxe d'habitation. Au lieu d'un droit proportionnel à la valeur du bien, ils veulent une taxation différentielle qui fait  payer beaucoup plus le "salaud de riches". Pour les socialistes de sous-section, aggraver sélectivement les impôts est, avec l'ouverture de "nouveaux droits à", le code génétique qui doit s'exprimer en priorité.

L'état d'esprit qui a conduit à inclure dans la base de revenu taxable annuellement les revenus de l'épargne et les plus-values des transactions lourdes et rares  portant sur des biens familiaux pérennes, exige d'aggraver la progressivité sur les impôts locaux d'usage qui sont détournés de leur mission, financer les services municipaux, pour participer à l'effort global de destruction des fortunes afin d'instaurer un socialisme de l'égalité par le bas. La préoccupation électoraliste de donner du revenu aux couches électoralement utiles, l'achat de vote, pour résumer,  n'est évidemment pas absente.

Actuellement les villes sont touchées par l'effondrement des commerces. Les boutiques tombent en faillite les unes après les autres. Les grossistes disparaissent. Tout le commerce lié à l'habitation est sinistré. L'alimentaire connait de graves difficultés, même dans les grandes surfaces, ce qui est une première depuis la guerre de 40.  

Paris a longtemps été épargné par la force de l'esprit centralisateur des Français. Maintenant ce n'est plus le cas. Au contraire, les évolutions négatives sont désormais voyantes.

Paris, devenue une ville de vieux encore un peu fortunés, en vérité une ville  de vieilles ayant récupéré la fortune familiale et la liquidant progressivement, au gré des augmentations d'impôts vertigineuses de M. Delanoë, voit disparaître progressivement toutes ses activités.

Les faillites de boutiques à Paris ont atteint des sommets historiques en 2013.    

Un parc de grands appartements à vendre, gigantesque si on le compare aux situations habituelles, s'est constitué dans les anciennes parties bourgeoises de la ville de Paris , notamment dans le XVIème arrondissement. L'étranger, qui achetait les plus beaux pieds à terre,  commence à refluer. Vivre périodiquement à Paris devient prohibitif en prix d'acquisition d'appartement d'une part, mais aussi en coût d'usage.

Ne parlons pas des entreprises. Elles fuient Paris à toutes jambes. Les sièges sociaux sont en constant repli. Les grandes entreprises partent en Hollande, les holdings au Luxembourg et les PME à Londres. Certaines activités qui prospéraient à Paris comme l'édition sont sinistrées.     

Paris est une ville de vieux et de touristes, et une capitale administrative stagnante, à proportion de la réduction et de la déconcentration des services centraux de l'Etat.

La seule branche d'activité qui prospère est l'administration locale et l'accueil des populations pauvres de France et du Monde. Plus de 10.000 emplois municipaux créés par Delanoë ; des centaines d'appartements rachetés parfois au prix de l'or, pour loger des copains et un électorat considéré comme captif ;  75.000 personnes directement payées par les impôts parisiens sur 2.000.000 d'habitants ! C'est comme si dans un ensemble immobilier de 400 personnes, il y en avait 15 pour s'occuper à plein temps  de la collectivité !  Lorsque les bornes sont franchies, il n'y a plus de limites.  Près de 300.000 familles dans des logements à statuts ou conditions spéciales, sur 800.000 mille ! Voilà pourquoi le PS croit dur comme fer à sa victoire : les ayants-droit voteront bien !

Moins de la moitié des Parisiens ont encore une voiture. Les enfants disparaissent progressivement des rues, les familles nombreuses ne trouvant plus à se loger à bon prix.

L'impôt local progressif va finir le travail d'éradication en cours.  Paris ne sera même pas Kyoto. On se dirige vers une ville poubelle. Elle est déjà d'une saleté répugnante, les socialistes ayant considéré comme honteusement bourgeoise l'idée de propreté et hautement antisocial d'exiger que le travail de nettoyage soit fait. Ils se sont amusés à faire tourner les voitures poubelles entre 6 et 8 heures du soir dans les rues les plus étroites, comme la rue de la Petite Roquette, pour ne citer qu'un exemple,  pour décourager l'usage de l'automobile. Les poubelles restent dehors toute la journée où elles sont fouillées par des milliers de pauvres hères. Plus personne ne songe à contrôler le travail des "techniciens de surface".  Pas de harcèlement anti syndical ! Voilà le mot d'ordre.

La part des subventions aux "associations", généralement des véhicules de la corruption municipale, est passée de 4% à la fin des années Tiberi à 28% aujourd'hui. Cela veut dire que l'on a multiplié par environ 14 en valeur les sommes versées compte tenu de l'augmentation phénoménale du budget parisien. On fait même porter par des associations les dettes de la ville pour les dissimuler. Alors que les effectifs cotisants du PS à Paris et le nombre des militants est très bas (le socialisme à Paris, c'est à peine 1.500 personnes), près de 15.000 familles sympathisantes ont touché des avantages de la gestion Delanoë. Du poste au service communication de la ville de Paris pour famille bobo socialiste en difficulté, à la subvention pour la fête des voisins, dans un immeuble tenu par des socialistes en carte,  en passant par le racket des activités "culturelles", le jet continu des subventions, des postes, des avantages, souvent croisés avec ceux offerts par la Région,  arrose tout un monde grouillant d'affidés.

Le sourire de Mme Hidalgo est là pour verrouiller médiatiquement le couvercle sur la soupière. Les vrais pouvoirs sont ailleurs.

Pour le PS la bataille de Paris est gagnée et il faut maintenant  s'assurer les places et les revenus de la nouvelle structure de gestion du Grand Paris, la Métropole. Encore des centaines de places en vue.

Il est fascinant de voir l'ancienne capitale du monde civilisée livrée ainsi à la rapacité d'un parti qui tourne à une forme de mafia vivant sur la bête et  uniquement intéressée à sa propre survie. Son programme consiste à gérer une image de bon samaritain,  facilitant la mendicité, laissant faire les syndicats et multipliant les mesures coûteuses donnant l'impression d'une action sociale et culturelle dynamique. L'économie ? Quelle économie ? Tous ces gens qui dirigent Paris  sont des fonctionnaires ou des professionnels vivant en liaison avec le pouvoir.  Ce n'est pas une situation propre à Paris. Depuis la dernière vague rose, 55% environ des postes de maires sont détenus par des fonctionnaires !  

L'impôt devient la seule préoccupation. Car seul l'impôt permet de maintenir un tel programme.

La progressivité devient l'arme essentielle. On voit donc revenir le projet d'une intégration du revenu dans la taxe d'habitation. Quid des étrangers qui possèdent une part très importante de certains quartiers ? On va leur demander leur déclaration de revenu ?   Les Quataris qui s'installent en masse dans les anciens palais parisiens ne paient pas d'impôts sur le revenu ! On fait quoi ?

Réponse : "On s'en fout des Quataris. De toutes façons ceux qui s'installent le font en vertu d'accord où ils ne paient pratiquement aucun impôt ! L'important est qu'on puisse faire un geste vers la catégories qui nous intéresse en frappant les riches. La baisse des uns ne compensera pas la hausse des autres. Mais ce n'est pas grave. On aura accru ou rassuré notre clientèle et c'est la seule chose qui compte".

Amuser la galerie avec l'installation de Roms dans le XVIème arrondissement ou la destruction de l'avenue Foch ne suffit pas. La provocation n'a pas d'effets durables. En revanche laisser croire à une partie de la population qu'elle va pouvoir mieux vivre avec l'argent des autres, c'est électoralement solide et durable, surtout quand on  sait la part des habitants parisiens qui dépendent des différentes fonctions publiques ou des subventions ou avantages. 

En attendant, pour le PS, il faut gagner les élections parisiennes. La candidate de droite, NKM, est passée à la télévision ce dimanche. 90% des questions ont porté sur autre chose que Paris. Surtout ne pas parler concrètement de Paris, avec, pour les "journalistes", un certain nombre "d'éléments de langage" qui ont pour but d'éviter tout débat : la sécurité, ce n'est pas l'affaire de la mairie ; la fiscalité ? Pas grave puisque le taux est moins élevé à Paris qu'ailleurs. Etc.

Rendre progressif les taux de la taxe d'habitation, en incluant les revenus, tout en réévaluant les assiettes, portera l'impôt sur les parisiens actifs à des taux encore plus insupportables. Tous les propriétaires d'appartement de valeur significative vont bientôt être au plafond de l'ISF. Les augmentations ne les toucheront plus sauf à faire sauter le plafonnement. Rappelons que les impôts indirects sont une part très minoritaires des impôts globaux. Lorsqu'on paie 75% d'impôt direct on dépasse automatiquement 100% d'imposition globale.

Alors il se produira ce qui est inévitable : l'aggravation de la fuite hors de Paris et probablement de la France d'une part croissante de Parisiens  qui iront chercher fortune ailleurs ou qui chercheront à maintenir leur fortune ailleurs. Des centaines d'appartements de plus de 250m2 sont actuellement à vendre. Avec la progressivité de la taxe d'habitation, le nombre va encore croître.  Les autochtones ont été pratiquement chassés d'une grande partie de la banlieue parisienne, où s'est produit une substitution de population. Une involution du centre ville, à l'américaine est en-cours, en même temps que le péri-urbain explose et les temps d'accès au travail.

Etat, région, département, métropole, ville et arrondissement sont accrochés fiscalement à la bourgeoisie parisienne  qu'ils détruisent à petit et à grand feu, dans une ville où on n'investit plus, où on ne construit plus, où plus rien ne se passe et qui perd progressivement tous ses centres d'activité à vocation nationale et internationale. Il ne restera bientôt plus que le tourisme, la politique et les activités subventionnées.

Paris est en danger de mort. De mort lente, certes, mais de mort certaine comme foyer de rayonnement créatif mondial et centre de pouvoir économique. 

Parions que cette campagne municipale éludera une nouvelle fois toute vraie question sur le développement de Paris, son rôle et son avenir. Comme la campagne électorale présidentielle a gommé toute préoccupation nationale (celui qui a gagné a nié la crise) et comme les élections européennes seront comme d'habitude un exercice de style entre fédéralistes et anti fédéralistes, sans que personne ne sache exactement quel aura été le travail fait lors de la mandature qui s'achève et sans savoir ce qui se fera dans la prochaine.

La vie publique en France est devenue intellectuellement vide, socialement illisible et économiquement déficiente.  Avec de tristes conséquences à tous les échelons.

Mauvaises nouvelles

1. La France voit ses exportations baisser en 2013.

Ce chiffre vient compléter la longue liste des échecs de François Hollande et de son gouvernement de fonctionnaires socialistes éperdus d'idéologie. La perte de compétitivité associée à l'absence de toute réforme, en même temps qu'on assommait d'impôts les producteurs, a réclamé son dû. Il est tragique.

2. Le commerce international est à l'arrêt. Le rebond de croissance du milieu 2013 n'a pas tenu. Le tableau ci-dessous est parlant, quelque soient les réserves que l'on porte à la pertinence du BDI index. Les prix du fret international sont au plus bas.  Il est clair que la pointe d'activité de 2012 a été totalement associée à la politique d'achat de la Chine, en grand danger de perdre ses réserves, et à la spéculation sur les matières premières. L'arrêt de cette politique a fait s'effondrer les marchés de matières premières et a bloqué la croissance des échanges. Il est juste de remarquer que ce phénomène explique aussi en partie la contreperformance de la France en matière d'exportation.

3. La spéculation sur les monnaies et les mouvements erratiques de capitaux à court terme entraînent à nouveau les devises et les économies des pays émergents vers le bas. M. Baverez commet, dans son dernier article, l'erreur de croire que ces mouvements sont sains et sont la traduction des difficultés des pays émergents, alors que ces derniers étaient encensés quelques mois auparavant. C'est l'histoire de 98 qui recommence : la crise était une crise des changes flottants, liées à une double spéculation sur le dollar et la bourse américaine ; on a parlé d'une crise des pays émergents accusés de "cronyism" chronique. Non Monsieur Baverez les mouvements de capitaux à court terme ne correspondent pas à des logiques de fond de l'économie mais à des lubies auto-réalisatrices. Dans un système de liberté totale des mouvements de capitaux à court terme, la recherche spéculative entraîne des mouvements endogènes particulièrement pernicieux. Cela dit, cela n'excuse pas l'Argentine !

4. Le referendum Suisse est un coup de tonnerre pour l'Europe en même temps qu'un mauvais signe pour l'économie Suisse. En souhaitant remplacer la liberté totale de travail et d'installation en Suisse par un système de quotas, la Suisse marque sa mauvaise humeur vis-à-vis de l'Europe qui a largement détruit son système bancaire et compliqué la survie de sa prospérité. Elle rappelle un principe qui nous  est cher : la régulation la meilleure est celle des écluses qui permettent à la fois de faire respecter des principes (l'eau coule) et des contraintes (elle n'emporte pas tout). Toute les agences internationales de l'eau le savent : la coopération et la régulation sont la seule méthode pour ne pas entrer en guerre le long du bassin. Maintenant tout est affaire de raison : il appartiendra aux Suisses de se montrer sages dans la manœuvres de l'écluse. Viviane Redding, l'épouvantable abrutie, qui est Commissaire  européen depuis trop longtemps et qui ne rate jamais une occasion de se taire, vient de menacer la Suisse de représailles. Cette posture est grotesque. Le PPE s'honorerait à n'en point faire sa candidate au poste de Commissaire Européen. Dans la phase délicate qui s'ouvre les excitées et les fanatiques sont à remiser dans un coin sombre.  La Suisse finira par entrer dans l'Union Européenne et même dans la zone Euro mais il faut pour cela qu'elles se réforment. Il nous faut plus de réformes sensées en Europe et moins de fédérolâtrie agressive.  

 

5. Le système bancaire européen sortira-t-il intact des stress tests organisés par la BCE ? Certains annoncent déjà que différentes banques allemandes seront en difficultés et qu'au final plusieurs banques européennes ne passeront pas le cap. Il est clair que le système bancaire des pays excédentaires est obligé de replacer les excédents quelque part et qu'il le fait généralement à risque. On se rappelle que les Landesbank avaient utilisé leur dotation de privatisation essentiellement en subprimes, l'affaire se cumulant avec la précédente pour rendre extrêmement vulnérable le système bancaire allemand. La Deutsche Bank semble pour sa part se faire une spécialité des coups douteux.  L'Allemagne se trouve donc en première ligne.  Rappelons tout de même que lorsque les en-cours globaux de dettes représentent plus de 4 fois le PIB, la "résistance" du système bancaire est illusoire. Le remboursement et l'amortissement d'un tel niveau de dettes est impossible.

Les stress tests seront donc une fois de plus de la poésie pure. Tout le jeu est de faire rouler la boule jusqu'à ce qu'elle diminue de taille. Pas de l'arrêter.

6. L'apprentissage aura été en forte baisse en France, du fait d'une part de la conjoncture et d'autre part d'une baisse drastique des financements (près de 20%) associée au dégoût traditionnel des socialistes pour les formations non intellectuelles. Pour eux : mieux vaut faire traîner des élèves incapables de lire et écrire dans le système classique  jusqu'à ce qu'ils décrochent définitivement d'eux-mêmes et se mettent à traîner. Argument imparable du bobo : est-ce que tu mettrais ton enfant dans le circuit d'apprentissage ? Non Alors ?  Le résultat est la baisse perpétuelle du niveau de l'enseignement et la sortie chaque année depuis la loi Haby de dizaines de milliers d'enfants du système scolaire sans aucune formation utile.

On aboutit à cette situation où la moitié de la population est à la charge de l'autre.  Pendant ce temps là l'urgence gouvernementale est à manipuler l'enseignement en maternelle pour que les petites filles puissent être des petits garçons comme les autres !  On ne veut pas que la moitié de la population soit à la charge de l'autre, sur la base du genre,  comme dans l'ancien régime de la famille traditionnelle.  Certains trouveront le paradoxe amusant.

6. Le revenu par tête a encore baissé en France en 2013.

Au total rappelons nos suggestions constantes depuis 5 ans :

Il faut mettre fin  aux changes flottants et à la liberté totale des mouvements de capitaux à court terme.  On voit qu'après avoir provoqué une crise gigantesque, le système persiste à exercer ses effets pervers et compromet les chances d'une sortie de crise réussie.

Il faut une gestion effective et quotidienne de la zone Euro avec des écluses intelligentes sur les mouvements de capitaux, de biens et de personnes.

La France doit sortir de sa folie anti-bourgeoise, anti-entreprise et antiéconomique qui se traduit par une dépense publique délirante, la dette et les impôts qui vont avec,  et une désocialisation rampante mais généralisée.

Il est intéressant de constater que si les dirigeants actuels paradent autour du Pacte de responsabilité, censé marquer leur virage vers plus de réalisme, aucun n'a donné la moindre indication sur la source des économies de 50 milliards d'Euros annoncées par le Président. Le temps passe ! En revanche on n'a jamais fait autant de chaleur autour de sujets sociétaux ou idéologiques de bas niveau.  

A force de faire l'inverse du nécessaire, on ne sort pas de la crise. A force de préférer la chaleur à la lumière on reste dans la sottise asphyxiante.



Le coût économique en Occident du socialisme violent

Pendant 75 ans  une partie des Terriens s'est occupée principalement de faire naître un "homme nouveau", échappant à la triple détermination dénoncée par Marx comme source de tous les conflits : la nationalité, la religion et la propriété. Cette utopie a été la plus tragique de toute l'histoire de l'humanité avec des milliards de vies gâchées par la pauvreté et le dénuement moral, des centaines de vies mutilées par la répression (spoliations, prisons, déportations, pertes de parents, etc.), et entre 100 et 150 millions de morts, dont près de la moitié dans des famines effroyables, la plupart du temps provoquées en toute connaissance de cause, qui ont touché hommes, femmes et enfants de façon indiscriminée.

Rien n'a poussé dans cette énorme flaque de sang.  Le système s'est effondré sur lui même et a disparu, détruit de l'intérieur  par les "socialistes réalisés de la seconde génération". RIP !

Une des questions qui n'est jamais posée est celle de savoir combien cette détestable expérience a coûté aux autres nations qui ont réussi à échapper, parfois de peu,  à cette malédiction.

Quel est l'effet du commerce international sur la croissance et celui de son absence sur de longues périodes ? En maintenant des millions d'êtres humains dans un niveau de pauvreté et de dénuement presque total, le socialisme a considérablement freiné, non seulement la production et la consommation intérieures mais aussi les possibilités d'importation et d'exportation des pays libres. Si la théorie qui veut que la croissance soit tirée par les échanges est vraie, et elle fonde aujourd'hui toute la mondialisation, cette asphyxie des échanges a nécessairement eu un effet sur la richesse globale.

- De combien la croissance européenne aurait-elle été accélérée si les pays de l'Est et la Russie avaient pu suivre la même courbe de développement que les pays européens occidentaux au sortir de la guerre de quatorze? 

- De combien la croissance mondiale aurait-elle été accélérée si la Chine et les autres pays de l'orient communistes avaient suivi la courbe de développement du Japon et des autres "tigres asiatiques" ?

- Que nous coûte aujourd'hui la brusque irruption de tous ces pays dans le concert des nations commerçantes et qu'est-ce que cela peut nous rapporter ?

Il est curieux que ces graves interrogations ne fassent jamais l'objet de la moindre investigation directe tant le manque à gagner pour l'humanité a été gigantesque et tant les difficultés résultantes restent fortes.

Les théories économiques portant sur les relations monétaires ou économiques internationales sont quasiment les premières à avoir été abordées par la réflexion économique et pourtant ce sont les parents pauvres aujourd'hui d'une discipline qui a réussi à approfondir beaucoup de concepts dans un cadre national sans parvenir à les étendre de façon convaincante à l'international. Cela se voit dans les niveaux de l'enseignement aussi bien en France qu'à l'étranger. Depuis 1960 tout ce qui concerne l'international dans l'enseignement est aussi nul que controuvé, le tout étant parfois enveloppé dans un vocabulaire abscons pour masquer le délabrement général.

L'échange per se ne crée aucune richesse puisque les valeurs qui s'échangent sont par définition de valeur identique : la désutilité marginale pour le vendeur équivaut à l'utilité marginale pour l'acheteur. Le commerce n'est utile à la valeur que parce qu'il est l'intermédiaire entre production et consommation. Comme la monnaie, qui en est le lubrificateur presqu'obligé, le commerce est un adjuvant. La théorie des adjuvants n'est jamais la plus fouillée.

La théorie du commerce international est presqu'entièrement fondée sur l'avantage comparatif et la spécialisation mis en avant par Ricardo.  En mettant sur le marché leurs avantages compétitifs les pays créeraient une richesse supérieure. Spécialisés, ils optimiseraient leur capacités de production et donc la richesse générale.

Dans la pratique les choses ne se passent pas exactement comme cela. Les marchés nationaux sont largement homothétiques, ou fractals, comme on voudra et non pas spécialisés. Dans un système de libertés économiques, l'imitation et la réplication sont des forces beaucoup plus actives que la spécialisation. Les pays passent par des niveaux de développement à peu près similaires, avec des effets de rattrapage. Les rattrapages permettent des croissances rapides. Lorsqu'ils faut trouver les chemins de la productivité par l'innovation, l'itinéraire est plus tortueux. L'innovation se produit par bouffées.

Le commerce international ne fait que très marginalement le jeu des spécialisations. En vérité il crée des effets de taille  et des contagions.  Le premier pays qui a réussi à atteindre un certain seuil d'organisation productive tire les autres.  La liberté permet à l'innovation de circuler.  Le libre échange est d'abord la libre circulation de l'innovation et de la productivité. C'est par ce biais qu'il contribue à la croissance. Et cette contribution est cruciale. Les remises en causes du libre échange sont justement condamnées car elles condamnent la productivité, l'innovation et le passage d'un niveau économique à un autre.

L'expérience socialiste violente et conséquente de 75 ans a bloqué la diffusion de l'innovation et de la productivité.

Son effet, notamment en Europe, aura été de freiner l'expansion potentielles des entreprises qui avaient une prise majeure sur l'innovation.  En utilisant le différentiel de niveau de vie, donc de consommation, donc de production, donc d'importation, on peut chiffrer le manque à gagner des entreprises de l'Ouest à près de 100%, rien qu'avec son plateau économique oriental.  Ce manque à gagner pèse extrêmement lourd dans la compétition mondiale actuelle.

On peut convertir le raisonnement sur le revenu induit. Compte tenu de la part moyenne des entreprises exportatrices dans le PIB, le revenu moyen n'aurait pas été le double de ce qu'il est. Mais l'effet revenu aurait été tel que le niveau de vie moyen serait supérieur d'un tiers au moins à ce qu'il est aujourd'hui dans l'Europe de l'Ouest.

L'ouverture brutale de ces marchés permet certes aujourd'hui d'énormes rattrapages. Mais l'ampleur des déséquilibres a un coût. On le voit particulièrement avec la Chine qui dispose d'une masse gigantesque de travailleurs disponibles bien que de faible productivité et qui de ce fait déforme le chemin vers la croissance global et le rend beaucoup plus âpre.

Le socialisme aura donc eu un coût du fait d'un manque à gagner prolongé de production dans les pays occidentaux et du fait de son effondrement brusque et des phénomènes de déséquilibres qui l'accompagne. Il a été une nuisance économique lors de sa formation, pendant son règne et après son effondrement ! La totale ! Tout cela se chiffre en milliers de milliards d'Euros. La quintette tragique, Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao, aura non seulement été la source d'un massacre ahurissant mais elle aura coûté presqu'aussi cher, en Occident,  que les effets des désordres du système monétaire international.

Reste à s'occuper du désordre du système monétaire international !   

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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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