M. Hollande : "J'aime la droite". Vers un gouvernement Valls 3 ?

Après la déclaration d'amour de M. Valls aux entreprises ("j'aime l'entreprise") et celle de  M. Hollande ("j'aime la droite"), des discussions sont menées pour déterminer les contours du nouveau  gouvernement Valls 3 qui  devrait être annoncé après la nouvelle bérézina socialiste aux élections régionales. Il est vrai que 300.000 nouveaux chômeurs se seront ajoutés aux millions d'anciens , que le mur des 2.500.000.000.000 d'Euros de dette d'Etat aura été allègrement enjambé et que les taux d'intérêt auront commencé à remonter.

Nous avons récupéré chez Mediapart la copie volée du projet de discours de M. Hollande.

"Moi, Président, je reste Président de la République, mais pour inaugurer les  chrysanthèmes. J'ai découvert cela au printemps 2014 et , après plusieurs mois de cette intense activité, je confirme que j'aime cela. Bien sûr, j'animerai mon domaine réservé, mais je serai un Président normal au format Troisième  République, que j'ai aussi redécouvert en commémorant la guerre de 14. Oui on a calomnié le Président Deschanel !  On a bien le droit de descendre d'un train en marche ! On sait par ailleurs mon admiration pour mon exemple : l'exceptionnel procrastinateur, M. Queuille.

J'ai demandé à M. Valls de former un nouveau gouvernement de droite homogène. Il m'a proposé la composition suivante :

Ministre du Budget : Collomb (il va découvrir un nouveau continent de dettes) .

Ministre des finances,  de l'économie, de la fonction publique  et de la réforme de l'Etat : Fillon (il a des idées)  

Ministre de l'intérieur : Juppé (j'aime les bruits de botte)

Ministre de l'Education Nationale, des universités, de la recherche : Pécresse (sait faire)

Ministre des armées : Le Drian (sait faire)

Ministre de la population civile (famille, sport, anciens combattants etc.)  : Chatel (un job fait pour lui)

Ministre de l'Ecologie : Ségolène (je lève mon casque à la mère de mes enfants)

Ministre  des Affaires étrangères : Fabius (sait faire)

Ministre des relations avec l'Union Européenne : Wauquiez  (il rassurera sur notre dynamisme institutionnel  pour une Europe élastique)

Ministre des affaires sociales  et de la santé publique: Bayrou (peut faire ses preuves)

Ministre de l'industrie, de l'agriculture et de la pêche : Bertrand (il pourra arrêter sa cure d'amaigrissement)

Ministre de la Justice et garde des sceaux  : Bilger (Il saura effacer "le mur des c…" et restaurer un minimum la dignité de la fonction)

Ministre du commerce  et de l'artisanat : Placé (ainsi placé il ne peut pas faire de mal et pourrait cesser d'être déplacé)

Ministre de la Culture : Pellerin (elle joue d'un instrument de façon intermittente et il faut une place pour la diversité)

Porte parole du gouvernement  : Lemaire  (Le masque et la plume).

Les quatre anciens premiers ministres (Fillon Valls, Fabius et Juppé) auront naturellement rang de Ministre d'Etat.

Je promet que je ne me représenterai plus jamais à une quelconque élection, que j'ai vendu mon scooter  et que j'aurai  un rôle consensuel  et responsable  pour l'unité générale de l'équipe. Je m'engage à ne plus sourire comme un benêt à la moindre occasion et de changer de conseiller en tenues et maintien.

Une grande conférence va être réunie, un "grenelle de la droite efficace", pour détailler le contenu de la réforme constitutionnelle, et des quatre ordonnances indispensables.

Sarkozy gardera sa barbe de trois jours  et fera des conférences lucratives. Il aime tchacher et n'est pas Thatcher.    M. Mélenchon et Mme Le Pen aboieront au passage de la caravane. Et alors ?   

Quand nommerai-je le gouvernement Valls 3  : immédiatement après l'échec aux régionales du PS qui marquera une défiance définitive vis-à-vis de moi-même comme ancien président "de gôche" et amateurs de provocs minables. Il sera temps d'être moi-même, Président,  certes, mais de droite. J'assume.

Tous les ministres choisis  sont à peu près justifiés à leur poste. On n'aura plus l'impression pénible actuelle de ministres  qui flottent dans le costume.  Bilger est incontrôlable et incontrôlé mais il a du bon sens et se trouve hors du champ clos des conflits politiciens.  Tous et toutes ont les capacités et le bagage nécessaires pour travailler efficacement.  Ségolène est le maillon faible.  Mais j'ai bien le droit d'avoir des faiblesses résiduelles.  

Honnêtement, la France n'a pas besoin de Belkacem ou de Taubira, de Dati ou de Morano, de Sarkozy ou de Copé, de Montebourg ou de Hamon, d'Hortefeux ou d'Estrosi.

Moi Président de droite, je pourrai être moi-même, au lieu de me perdre dans les plans com' ratés, les petites manœuvres politiciennes de m…,  les arrangements de premier secrétaire de parti (sans laisser d'adresse), et les provocs inutiles.

On dira qu'on laisse le champ libre aux extrêmes. Que l'UMPS fantasmé deviendra une réalité qui fait le lit des Le Pen. Que l'extrême-gauche sera revigorée.  

Cette Union sera pour deux ans. Elle aura rasséréné le pays et permis probablement de prendre des mesures indispensables que tout le monde connait et attend et qui ne sont bloquées que par des positionnements politiciens ridicules.  

Je ne vois pas, dans cette équipe, de conflit potentiel insurmontable  sur la politique économique, sécuritaire, étrangère,  et européenne. Aussi bien, les questions de santé publique et d'éducation  sont quasi consensuelles si on supprime  les excès idéologiques.

Les principales difficultés porteront sur la nouvelle géométrie de l'Etat, la réduction drastique des dépenses publiques, la reconfiguration de relations plus sereines et équilibrées entre les différents acteurs économiques avec suppression des hystéries et des abus. 

Mais l'échec prévisible de l'action du gouvernement Valls 2 d'ici huit mois, forcera tout le monde  à de nouvelles concessions. J'aurai dfinitivement prouvé qu'une gouvernance de gauche  menait à la faillite. Cela dégage le terrain.

Oui il faut une révision de la Constitution pour restaurer la souveraineté nationale  sur les droits fondamentaux, comme en Allemagne et refuser "le gouvernement des juges" étrangers. Le Conseil Constitutionnel doit seul dire ce qui est conforme à notre Constitution.  Je soutiendrai les initiatives en ce sens de M. Cameron dans les instances concernées. Il faut réduire le mille feuilles administratif en supprimant des échelons ; interdire les rémunérations publiques multiples, assurer la priorité du droit à la continuité du service public  sur le droit de grève, introduire une responsabilité pénale des juges pour les actes répétés de violation du droit au nom d'un justicialisme de pacotille, ou pour incompétence notoire, forcer le regroupement des communes, interdire la compétence générale aux régions, et réduire l'ampleur des deux assemblées, tout en supprimant le CES. Nul ne pourra se faire prélever plus de 50% de son revenu. La Constitution le dira.  On peut espérer que les milliers de fortune qui se sont exilées pourront revenir. Nous avons besoin d’elles.

Oui il faut quatre ordonnances  :

- Une ordonnance sociale portera  sur l'organisation du travail et la retraite.  Un système de retraite unique   sans autre exception que le régime des militaires, sera mis en place. La retraite à point, avec départ  à 67 ans, à taux plein pour 45 années de cotisation, sera instaurée. La durée du travail sera portée à 40 heures par semaine, avec liberté de modification par accord de branche ou d'entreprise. Des mesures seront prises pour libérer l'emploi salarié des mille et une contraintes qui l'asphyxie. Les seuils seront naturellement revus. On a été beaucoup trop loin dans la protection du salarié qui désormais cherche à gagner de l'argent par l'abus et non plus par le travail. J'en suis le meilleur exemple.

- Une ordonnance fiscale permettra de remettre de l'ordre, de la simplicité , de la justice et de la continuité dans les règles fiscales. L'ISF sera supprimé. Une taxation appropriée de l'épargne et de l'immobilier sera recréée. Conformément à la nouvelle constitution, nul ne pourra plus se voir prélever plus de 50% de son revenu.  La question des revenus en provenance de pays multiples sera réétudiée.  

- Une ordonnance visant la réduction drastique et prolongée de la dépense publique stipulera une réduction de la couverture du petit risque, le plafonnement de la dépense par tête dans les collectivités locales,  la réduction de l'emprise des missions de l'Etat avec suppression de pans entiers de secteurs subventionnés, la spécialisation des subventions par étage administratif (pas de subvention conjointe), la temporalisation  et fusion des diverses  aides sociales, avec publicité des allocations et justification des décisions portant sur les dossiers d'aide, introduction d'une "entrance tax" ou d'un délai de contribution active,  avant de pouvoir bénéficier de secours publics.  Le plan portera sur une réduction de près de 120 milliards d'euros de dépenses publiques par an.

- Une ordonnance définira les nouvelles règles d'ordre public et de "retour à la civilisation". Elle empêchera tout risque de "justicialisme", cette doctrine empoisonnée qui veut que le juge n'applique pas la loi mais prend des décisions  en fonction de son idée des rapports de force nécessaires dans la société et de ses options politiques. L'entreprise ne doit plus être considérée comme une vache à lait judiciaire. Le champ pénal sera fortement réduit dans le droit des affaires.

Je donnerai mon accord à ces ordonnances si elles vont vraiment au fond des choses  et changent profondément la donne pour  revenir à plus d'indépendance, de prospérité et de sécurité dans le pays.  

Françaises, Français, Moi Président, j'ai l'impression de faire enfin mon boulot. Quand je regarde mes premières années aux manettes, je suis scandalisé de ce que j'ai fait. M. Depardieu, je vous demande de m'excuser d'avoir monter l'opération d'insultes qui vous a frappé. Je fait mes excuses à la Nation tout entière.

J'espère que le nouveau des choses rétablira autant que faire ce peut mon bilan aux yeux des Français et que la faillite de la France, que mon action initiale préparait, pourra être évitée. J'avais dit que je mettrai mes pied dans les traces de Mitterrand. Il s'est vanté d'avoir détruit le communisme. Moi-même j'aurais détruit le socialisme. Qui le regrettera ?

Voilà. Maintenant j'ai quelques emplettes à faire chez les fleuristes agréés de la Présidence de la République et je dois chercher un bon parapluie. J'en ai marre de dégommer un costume à chaque visite officielle. Il faut montrer l'exemple de la réduction de la dépense publique."

 

VZ

Le Grand Mensonge Immobilier

Pour l’observateur, l’économie de l’immobilier, dans ses  multiples  aspects, construction neuve et marché de l’occasion, « l’ancien »,  immobilier de bureau ou de logement, immobilier de loisirs professionnel et non professionnel, immobilier de propriétaire occupant et immobilier de propriétaire non occupant,  est un sujet de frustration constant.

Le mensonge, par abstention d’une façon générale,  prévaut systématiquement  dans la couverture médiatique dès qu’il s’agit d’immobilier.  Toute la presse est dépendante de la publicité immobilière. Le politique est constamment sollicité par la question du logement. Les intervenants professionnels n’ont qu’une crainte : que l’on dise que les prix baissent.  L’industrie, la politique et les médias sont donc tous unis dans la certitude qu’il ne faut rien dire ou écrire qui puisse « créer une psychose » sur le marché immobilier. Il est vrai que quand le « bâtiment va, tout va », la phrase type qui sert de couverture à tous les silences.  Il est rare qu’on puisse voir le puits s’ouvrir et quelques vérités s’échapper.  Les ambitions présidentielles d’une certaine Mme Duflot, ci-devant ministre du logement dans le gouvernement de M. Ayrault, ancien Premier Ministre de M. Hollande déjà oublié , oblige M. Valls, le nouveau,  et le PS à partir en guerre contre la « renégate ».  Donc à avouer quelques erreurs et annoncer quelques correctifs.

Peut-être est-ce l’occasion d’aller un peu au-delà de cet exercice politicien  et d’examiner  quelques  vérités qui mériteraient d’être aérées un peu plus souvent ?  

La première vérité est que le cycle immobilier existe.  Pour simplifier disons que l’immobilier connait un cycle de 20 ans.  La phase haute du cycle immobilier correspond très généralement à la phase finale du cycle court global  qui précède une crise sévère.  Pour s’en tenir à la France, le marché fonctionne de 1953 à 74 où il s’effondre.  Il repart jusqu’en 93, où il s’effondre. Il repart progressivement jusqu’à 2008 où il s’effondre. Le rythme de 20 ans est assez net.  Nous sommes donc au départ d’une phase basse. Il faudra maintenant plusieurs années pour que le marché retrouve une tendance haussière forte.

La seconde est de ne pas voir le rôle essentiel de l’immobilier dans « l’économie baudruche » qui s’est installée progressivement  depuis  le début des années 70.  L’immobilier est « une classe d’actifs » comme on dit maintenant. Lorsque la dette globale est à plus de 400% du PIB marchand, on a vu qu’elle ne pouvait plus être justifiée par des flux  de remboursements associés à la production.  Elle ne peut se nourrir que de plus-values potentielles.  Dans la pratique l’immobilier  va fonctionner   presque automatiquement selon un schéma  de bulles. Massives, elles sont  extrêmement dangereuses lorsqu’elles explosent.  La bulle sur le marché de l’immobilier de bureaux à Paris, avant le krach de 1992, était tout à fait extraordinaire. Les encours bancaires avaient été multipliés par…sept dans l’année précédant l’effondrement. Les banquiers finançaient, au départ de la bulle,  une fraction du prix d’achat de l’immeuble. Juste avant l’effondrement,  ils finançaient l’achat total, plus les frais, plus une partie de la plus-value  attendue de l’opération.  Certains immeubles étaient achetés le lundi et revendus avant la fin de la semaine. Nous avons le souvenir d’une opération dans le « Triangle d’Or » de Paris où l’achat a eu lieu le matin et la vente  le soir avec une plus-value consistante.  La crise de 93, la seconde « pire crise depuis 1929 », après celle de 1974, a une composante immobilière très importante. C’est vrai en France sur le marché du bureau mais le monde entier connait des variantes de cette crise au même moment. La Suède connait une crise gravissime, avec faillite de la quasi-totalité de son système bancaire,  qui lui imposera de revenir sur son « modèle social » et de mettre en œuvre un système de « bad banks » qui reste encore un modèle du genre. Le Portugal vit une expérience similaire  avec l’affaire de la banque portugaise EspiritoSsanto , dont les actifs pourris (largement liés à l’immobilier) se valoriseront à la Saint Glin-Glin.

La crise de 2007-20xx a une composante immobilière tellement galvaudée qu’il est inutile d’y revenir, même si nous combattons régulièrement l’idée qu’il ne s’agit que d’une crise de « subprimes américaines » qui aurait, par un effet papillon magique, tourné à la crise mondiale.

La troisième est de faire semblant de ne pas comprendre le rôle ambivalent de l’immobilier après que  le tourbillon de la crise monétaire et financière se soit installé. La fuite devant la monnaie, général depuis 2003, la peur de la faillite des banques, la peur de l’éclatement de la zone Euro, ont conduit à des comportements de défense patrimoniale qui ont fait la part belle à l’immobilier.  Les Grecs ont acheté à Berlin pour fuir la hantise de voir leurs biens happés par la crise ou le fisc, comme une bonne partie des Européens. Les Russes ont protégé leurs avoirs en investissant dans des biens de luxe en France, considérant que le plus haut de gamme ne verrait pas sa valeur trop chuter.  Les Portugais offrent une franchise fiscale sans égale à quiconque rachètera une partie des surplus immobiliers.  En France le maintien de certains niveaux de prix sur le très haut de gamme ne s’explique que par ce phénomène et non par les élucubrations habituelles sur le manque de biens à vendre etc. 

La quatrième est de nier que l’immobilier soit un marché en panique. Quiconque se promène en France voit des dizaines et des dizaines de maisons à vendre partout où il passe. De Metz à Paris, de Cancale à Deauville, du Touquet à Saint Jean de Luz.  Le marché de la maison de campagne, de montagne  ou de bord de mer est arrêté.  Les informations fournies par la presse et certains organismes, comme les notaires ou les agents immobiliers sont totalement à côté des réalités.  Des dizaines de milliers de maisons sont à vendre et ne trouvent pas preneurs. Les rares opérations qui se font voient une baisse de plus de 30% du prix courant en 2009. L’immobilier de loisirs, dans son ensemble est en catalepsie. 

Le marché du bureau est exactement dans la même situation. Celui de l’immobilier de placement pour location est désormais bloqué par la loi Duflot, un monument de stupidité élevé à la démagogie à courte vue, que nous avons dénoncé en son temps.  La construction neuve est stagnante à un niveau très bas.

La cinquième « vérité cachée »  est qu’en matière immobilière le prêt doit être manié avec beaucoup de prudence et de doigté.  Un prêt immobilier est par nature hyper dangereux. Le bien vaut cher. Le remboursement prendra du temps. Le taux d’intérêt ne peut pas être financé par la productivité du bien, sauf en cas de location. D’un point de vue macro-économique, on sait qu’il ne faut pas aller trop loin, car une place trop importante des loyers et ou de l’amortissement d’un prêt pèse sur la consommation et il faut une forte croissance pour permettre le paiement des taux d’intérêt, sauf inflation qui diminue le poids de la dette pour l’emprunteur. Même si le marché ne tombe pas dans l’enfer de la bulle, l’excès d’immobilier est nocif, sauf cas particuliers. Il n’y a pas de « normes » de taille de la dette immobilière globale. Nous même pensons que l’amortissement et le paiement des intérêts de la dette immobilière doit toujours rester inférieure à une petite fraction de la valeur ajoutée de l’économie  marchande. Cette remarque vaut aussi pour le crédit à la consommation qui lui aussi ne génère pas directement le moyen de son remboursement et du paiement des intérêts :(il faut de la croissance par ailleurs pour garantir la bonne fin du prêt).  

La sixième vérité cachée veut qu’en matière immobilière la fiscalité doit être extrêmement prudente et  neutre.  Pour le particulier, acheter un bien immobilier est l’acte d’une vie.  Beaucoup n’y parviennent  pas et restent locataires toute leur vie. Seule une fraction réduite de la population peut se permettre plusieurs achats ou plusieurs possessions, souvent grâce, directement ou indirectement,  à l’héritage.

Si l’on veut loger les gens,  il n’y a donc pas trente-six solutions :

-          L’accession à la propriété par l’emprunt (en général avec une aide parentale, car le prix est élevé alors que le besoin concerne des personnes jeunes)

-          La location à des investisseurs

-          Le logement social.

Considérer un appartement comme une boîte de haricots et les revenus immobiliers comme des salaires est une énorme sottise.

L’immobilier se doit d’avoir une fiscalité particulière et attentive.  En France, on a choisi de surtaxer l’immobilier. On taxe l’héritage ; l’achat et la vente ; la plus-value ; le capital, sous la triple forme  de l’impôt foncier, de l’ISF, de la taxe sur les bureaux. On taxe également  le revenu.

Le résultat est bien connu : louer un logement est une subvention au locataire.  L’inflation, l’IR (jusqu’à 45%), la taxe professionnelle et l’ISF suffisent à prendre non seulement le rendement brut de la location mais aussi à rendre le rendement négatif.  Sur les taux marginaux (45% IR, 1.5% ISF etc.), c’est manifeste : un rendement de 5% théorique (devenu rare) va être amputé de l’inflation (disons 1%) de 1.5% d’ISF, reste 2.5%. L’IR est à 2.4%. On est déjà presqu’à zéro. Ajoutez les impôts fonciers et autres, et vous arriverez au final à un rendement négatif.   Investir dans l’immobilier de location est donc clairement une folie. D’autant que si vous voulez vous dégager, la plus-value éventuelle entrant désormais dans l’IR, la taxation sera de 45% sur cette dernière.  Avec tous les frais de cession, vous vous retrouvez avec une fraction de la valeur du bien.  Ajouter les frais de recherche d’un locataire, les périodes sans location, les frais d’éviction du locataire indélicat, les contraintes  règlementaires absurdes qui s’accumulent, le rendement devient franchement déplaisant : entre moins 5 et moins 10% ! 

La loi Duflot a tout aggravé sans vergogne.  La fiscalité et l’idéologie qui veulent que l’Etat doit « libérer» le locataire de la contrainte indigne que lui fait subir le loueur dans le cadre d’une « relation inégalitaire »,  ont tué la location privée. La réglementation des loyers a fait le reste.

L’accession à la propriété est associée aux taux d’intérêt et conditions d’emprunt, au prix de l’immobilier, notamment neuf,  et à l’aide des parents.  On voit bien que tout se ligue contre ce marché. La peur après la spéculation a conduit les prix trop haut. La perspective d’une baisse entrave l’idée d’achat. Les parents écrasés d’impôts ne peuvent plus aider. Le passage d’un bien plus petit à un bien plus grand est rendu impossible par l’imposition des plus-values à l’impôt progressif sur le revenu, avec des taux marginaux effroyables.  C’est le blocage.  En ajoutant  des  kilogrammes de dossiers à remplir avant de vendre un bien, ce que les anglo-saxons appellent le « red tape »,  on n’a fait qu’aggraver le problème.

Un autre frein est la conséquence de la loi sur le logement social « mélangé ». La « mixité sociale » est une idéologie et ne correspond en rien aux désirs des acheteurs. En imposant, dans les mêmes locaux, des logements très aidés, des logements aidés et des logements à plein coûts, on crée des dissentiments et même des haines phénoménales.  Les copropriétaires sont obligés à une cohabitation avec des gens qui se fichent totalement de l’état de l’immeuble.  Les conflits sont continuels. Les locataires à 25 Euros le m2 ne peuvent pas comprendre pourquoi leur voisin de palier ne paie de 4 Euros, surtout quand il est adepte de la dive bouteille et s’exprime sous différentes formes et par divers effluents sur le palier commun.   L’immigration avec logement subventionné ne fait pas de bien non plus. On a vu la banlieue désertée par la demande solvable de la classe moyenne-moyenne et inférieure qui est partie en « péri urbain ».  Bonjour la mixité heureuse !

L’hyper fiscalité et le recul de l’emploi a bloqué l’immobilier de bureau. Les pancartes à louer et à vendre fleurissent partout en France, notamment à Paris.  Le doublement de la taxe sur les bureaux n’a pas fait de bien. Sauf pour quelques opérations, très limitées, où on compte obtenir une plus-value en revalorisant des biens bien placés mais mal gérés et sous rentabilisés, le  marché est atone. L’absence de reprise générale de l’activité pèse sur les gains escomptés.

Au total, le marché de l’immobilier, neuf comme ancien, est dans un état catastrophique.  L’idée traditionnelle du complexe administrativo-politique est de fabriquer des lois spéciales  qui permettent en partie de compenser les blocages. Elles sont  de plus en plus compliquées et d’un effet aléatoire, voire discutable. Mettre la tête des gens sous l’eau, en leur donnant une paille  pour respirer quand même, est une des bases de l’énarchie. Tout dépend de la profondeur où se trouve  la tête et quelle est la longueur de la paille. 

La démagogie signée Duflot, est  en ligne avec tout l’appareil mental des socialistes. Elle  n’a été qu’une couronne de plus tressée sur le cercueil du  secteur immobilier, qui s’enfonce doucement dans le néant sous les fleurs de rhétorique et les mesurettes insignifiantes, le tout  bercé par le silence intéressé des médias qui dépendent de la publicité immobilière.   

Le conflit politicien entre Duflot et le PS ne nous vaut aucune mesure sérieuse de déconstruction du système délétère qui empêche le bon fonctionnement des marchés immobiliers.  Les amateurs n’auront guère que des invectives à apprécier. Comme ce commentaire, entendu par hasard :  

« Duflot est une gourdasse effrontée. Son cerveau reptilien lui permet de naviguer dans le marigot de l’extrême gauche. Mais son intelligence s’arrête à son culot. Licenciée en géographie, elle voit le Japon dans l’Hémisphère sud ! On voit le niveau. »

Rendez-vous dans un an pour voir l’effet du nouveau cours des choses. Quelque chose nous dit que le redressement sera  peu perceptible. Mais on adorerait être surpris.

L'économie baudruche

Les physiciens admettent parfaitement qu’un même objet puissent avoir des états différents et que les lois qui règlent son comportement peuvent être différentes selon ces états. L’état solide à ses lois, l’état liquide un jeu nouveau de propriétés, l’état  gazeux  est spécifique.

L’ennui de la science économique est qu’elle postule un seul jeu de lois et ne distingue pas des états  différents, avec leurs lois propres et leur transition.

Nous prétendons ici que les lois économiques qui s’appliquent varient en fonction de certaines variables fondamentales. Prenons par exemple l’endettement global. Une économie qui présente un niveau d’endettement global de 50% ne se comporte pas comme une économie qui a atteint un taux de 400%. Ce sont deux mondes assez différents avec des comportements différents, des évènements différents,  des manifestations  diverses différentes.

L’équivalent de l’état gazeux pour une économie  est la forme très particulière que peut prendre le capitalisme lorsque la production et l’emploi cessent d’être le cœur des relations économiques.

Cet état se met en place lorsque la dette globale (la somme nette de toutes les dettes : secteur financier y compris l’institut d’émission, particuliers, entreprises, état) devient un multiple important  du PIB. On peut estimer qu’un ratio dettes sur PIB marchand de plus de 300% marque l’établissement de cet état  économique un peu particulier.

Lorsqu’on en arrive là, la dette ne peut plus être remboursée par les  revenus de production. En imaginant une maturité moyenne de la dette de 5 ans et un taux d’intérêt de 5%, il est facile de calculer qu’on devrait employer  75% de la production pour rembourser le capital et payer les intérêts. Ce qui est naturellement impossible.  Par conséquent le système financier, bien qu’en apparence gorgé de liquidité et de profits, est en faillite virtuelle.

Cette économie  gazeuse ou baudruche, comme on voudra,  est par construction instable et vouée à une forte correction.  Une des responsabilités publiques les plus importantes est donc, pour l’Etat, d’établir le ratio dette globale sur PIB marchand et de le  surveiller de près. Lorsqu’on entre dans l’état baudruche, il est tard pour éviter les risques d’explosion. On ne pourra que les atténuer par une succession d’artifices.

L’observateur constatera que ce chiffre n’est ni établi de façon certaine ni suivi de façon régulière. En France on connait la dette de l’Etat, selon diverses méthodes d’évaluation. On sait qu’il existe des techniques pour la réduire ou la masquer. Mais au final, dans la durée, on la connait bien, même si elle est dispersée entre de nombreux échelons administratifs et que la question des engagements à terme de l’Etat est en général passée sous silence.     Par exemple la retraite des fonctionnaires est une dette de l’état vis-à-vis de ses ayant-droits.  Toutes les obligations à terme de payer (définition élémentaire d’une dette) ne sont pas intégrées dans les chiffres de dettes publiés. On se contente en général de regrouper les engagements de rembourser aux banques. En un mot, la valeur des prêts.

Ce chiffre est important mais ne décrit qu’une partie de l’histoire.  Un pays peut connaître un en- cours de prêts de 200%  du PIB marchand et une masse d’obligations à terme  autres,  de valeur globale équivalente. 

En France la seule dette publique vis-à-vis des prêteurs  représente 200% de la valeur ajoutée annuelle des entreprises (de plus de 1 personne) du secteur commercial  non financier.  Il faut lui ajouter les dettes des particuliers, qui sont à peu près à 100%,  celles des entreprises elles mêmes et celles des institutions financières et de la banque centrale (sous forme de quote-part des dettes de la BCE). On dépasse allègrement les 400%. C’est à dire que la production marchande ne peut en aucun cas payer les intérêts et les remboursements.

Pour s’en tenir aux prêts du secteur bancaire, on peut s’interroger sur la possibilité qu’ils excèdent les capacités économiques d’un pays. Les banques ne sont pas folles. Elles ne peuvent pas sciemment créer les conditions de leurs propres faillites.  Pourtant elles le font. Par quels mécanismes ?  La réponse tient entièrement à la manière dont une banque envisage le remboursement.  Elle ne se préoccupe en rien de la valeur ajoutée de la production marchande. Elle regarde quelle sera la source du gain  potentiel et la nature des sécurités qu’elle va prendre sur l’emprunteur. Si, par exemple, l’emprunteur vise une plus value en capital et est prêt à donner une caution sur un bien « réel » en sa possession, un comité de crédit peut se laisser tenter.

La marque d’une économie baudruche est justement que la part des prêts consacrés à la recherche d’une plus value, et non pas à un profit sur production, gonfle considérablement jusqu’à devenir majoritaire. 

La spéculation immobilière est typique  comme le prêt pour investissement boursier. Mais il est des formes de recherche de plus value plus complexes.  Financer le rachat d’une société pour permettre son démantèlement  et l’exploitation des plus values comptables latentes,  racheter un portefeuille de créances douteuses dans l’espoir d’obtenir une liquidation favorable,  pratiquer le « day trading » sur toutes les classes d’actifs  qui s’y prêtent, notamment les devises et les matières premières, toutes ces activités ne se justifient que par la recherche d’une plus value, c'est-à-dire une variation de valeurs d’actifs, sans considération pour la production et l’emploi.

Ces activités sont licites et sont pratiquées à tout niveau de l’endettement global. L’économie baudruche est caractérisée par le fait qu’elles deviennent majoritaires. Elles ne peuvent devenir majoritaires que si un phénomène de bulle cumulative et généralisée s’est mis en place.

Une question fondamentale est de comprendre comment on entre dans une économie baudruche. S’agit-il d’un mouvement spontané ou d’un défaut d’organisation ?  Les acteurs de la transformation sont-ils des « salauds » ou des  « imbéciles » ?

L’histoire des cinquante dernières années donnent la réponse : un défaut d’organisation donne du champ aux comportements spéculatifs, sans pour autant qu’on  doive les juger comme fautifs : ils sont rationnels dans le cadre créé.

Les changes flottants ont eu cette double conséquence que se crée un moteur spéculatif automatique, puisque toutes les classes d’actifs voient leur valeur changer de milliseconde en milliseconde et qu’un carburant nourrit la hausse : l’apparition de déficits et d’excédents de balances de paiements colossaux  génère du crédit de façon incontrôlable. L’instabilité intrinsèque d’un tel système provoque des dégringolades qu’on a jugées bon de soulager par une création débridée de monnaie banque centrale.  La liquidité est partout. Elle permet des revalorisations d’actifs qui nourrissent à leur tour le crédit.  La production n’a pas de rapport direct avec cette création monétaire et financière permanente.

Comme nous n’avons cessé de le répéter le phénomène économique majeur sur lequel l’essentiel de la recherche économique devrait se pencher est la courbe en U de l’endettement global depuis 1944. On est passé au sortir de la guerre d’un état où l’endettement se trouvait autour de 400% pour retomber à moins de 200% en 1971. Puis on est repassé en moyenne au dessus de 400%   en 2006.

C’est l’abandon du système de Bretton Woods, le Gold exchange standard, où toutes les monnaies se définissent par rapport au dollar et le dollar est évalué en or, qui a provoqué le basculement des économies de production, caractéristiques des trente glorieuses,  vers l’économie baudruche.

Toute l’histoire économique internationale contemporaine est marquée par cette évolution de plus en plus intenable vers une économie financière déconnectée de la réalité productive. 

Comment sort-on d’une économie baudruche ? Par la crise. Comment sort-on de la crise ? Jusqu’ici on a tenté de le faire en regonflant artificiellement la baudruche, sans toucher aux défauts de construction qui lui ont permis de prospérer puis d’exploser.

Nous pensons cette politique erronée.

Il faut d’abord juguler les causes de l’entrée dans l’économie baudruche pour espérer en maîtriser la sortie.

Nous venons tout juste de fêter le septième anniversaire de l’explosion de la crise « chaude » avec le blocage du marché monétaire interbancaire de juillet 2007.

Sept ans de malheur !

Et aucune réforme n’est venue, sinon l’étouffement de l’amplificateur de création monétaire que sont les banques et une poussée irresponsable de la répression fiscale.  

L’économie baudruche, son mode de formation, son mode d’expansion, ses distorsions internes dans la répartition des richesses, et son mode d’explosion, restent un  secteur vierge de la science économique moderne. Alors qu’il s’agit de l’effort essentiel auquel  les économistes doivent s’attacher aujourd’hui. La recherche universitaire, et les travaux des grandes institutions (FMI, OCDE, INSEE, banques centrales)   devraient d’urgence s’orienter dans ce sens.

Pour notre part, nous avons  écrit un livre à paraître, « La Parabole de l’Esquimau - Les trois causes de la crise et autres vérités dérangeantes», dont c’est le thème principal.

Espérons que son message sera compris et que des travaux   plus officiels suivront. Il n’y a aucune raison pour que la crise dure 7 ans de plus ! 

 

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

Les propos de Paul Volker sur l'esprit de Bretton Woods

Les remarques de Paul Volker lors de la réunion annuelle du “Comité Bretton Woods”, à Washington, le 21 mai 2014.

 

Les difficultés actuelles de la zone euro, (l’équivalent d’une zone de changes totalement fixes), offrent quelques leçons intéressantes. Une zone de monnaie unique avec des flux financiers libres ne peut tout simplement pas se passer d’un système bancaire unifié et  de mécanismes permettant de mener des politiques économiques disciplinées et cohérentes.

Voilà un bien longue introduction pour lancer notre appel en faveur d’un système monétaire international digne de notre temps.

Par quelle approche (ou mieux quelle combinaison d’approches)  peut-on le mieux concilier des marchés raisonnablement libres et des politiques gouvernementales indépendantes tout en obtenant, au passage, le niveau de stabilité des marchés et des économies qui est dans l’intérêt de tous ?

La création du G.20  à l’échelon sommital des chefs d’Etat et de gouvernement a été une prouesse. L’accord sur une réforme de la gouvernance du FMI  est important, car il permet de donner plus de légitimité aux décisions prises. Cela ne suffit pas. Tout cela n’a pas grand sens sans une réforme du système monétaire international  et la mise en place d’un processus en ce sens.

Nous en sommes loin. Ce qu’on peut faire immédiatement, c’est lancer les études qui permettront d’identifier  les causes des déséquilibres de balances de paiement  et les moyens d’y parer.  Nous devrions être en capacité de gérer, dans des limites larges, les taux de changes des six  monnaies principales et de décourager  les changements brutaux incompatibles avec l’ajustement ordonné des économies.  Nous devons trouver les moyens d’encourager, et même un peu plus, l’équilibre des balances de paiements.

Je ne pense pas illégitime de reconsidérer l’usage d’une monnaie nationale comme instrument de réserve et comme base monétaire des échanges internationaux. Par exemple, voulons- nous ou non encourager  des zones monétaires et commerciales régionales ?

Une nouvelle conférence de Bretton Woods est-elle souhaitable ? Nous en sommes très loin. Mais les événements récents, qu’on le veuille ou non, a reposé des questions fondamentales que nous évitons soigneusement depuis des dizaines d’années.

Ce qui s’est passé nous confirme dans notre crédo fondamental : il faut un système monétaire international  innovant et stable pour que  la liberté du commerce développe son potentiel de prospérité pour toutes les nations.  Participer à un système de libre échange, très bénéfique et désormais international, exige d’assumer certaines responsabilités.

Pour relever ce défi,  ne pourrions-nous pas nous inspirer de l’état d’esprit et des convictions  que j’ai connus ici,  il y a cinquante ans ? Ils ont caractérisé la préparation et la négociation des accords de Bretton Woods.  Notre hôte du jour, le Comité Bretton Woods, a allumé la première bougie.  Le chemin sera long.

 

Commentaires :

Ce texte éclairera ceux qui peuvent penser que nous proposons ici des idées farfelues et totalement hétérodoxes. Même aux Etats-Unis et dans la bouche de responsables de haut niveau, l’idée qu’on ne peut pas avoir de croissance équilibrée et durable sans un système de change rationnel et basé sur la coopération, est une évidence.

On peut même affirmer que l’idée que les changes flottants (autour d’un dollar géré uniquement dans l’intérêt de son émetteur)  sont à la source de la crise actuelle, est dominante. Pas marginale, dominante.

On voit bien, aux précautions verbales employées par Paul Volker, qu’une partie du problème réside dans le fait que tout le monde a un bœuf sur la langue. Jacques Rueff avait déjà dû remiser ses critiques au début des années 70. On sait ce qu’il est advenu de Maurice Allais quand il a sorti le lance-flammes.

Si on traduit en clair le message de Volker, cela donne aussitôt ceci :

-          Les Etats-Unis mésusent de leur monnaie qui ne doit plus être la base du système monétaire international.

-          Les excédents phénoménaux et les déficits colossaux doivent être proscrits. Ils sont la cause de la crise actuelle.

-          On ne peut espérer un retour à la prospérité que d’une réforme dans ces deux domaines et cette réforme doit s’inspirer de l’état d’esprit qui baignait la conférence de Bretton Woods.

-          On ne peut pas gérer une zone de monnaie unique  avec comme seuls instruments deux règles juridiques de déficit public et d’endettement public. Il faut une coordination forte des politiques économiques.

-          Il ne peut y avoir de liberté totale des échanges sans cadre monétaire et financier solide. Des atteintes momentanées  aux libertés commerciales et financières peuvent être nécessaires pour éviter les dérives monétaires.

On retrouve aussitôt les arguments qui sont constamment défendus sur ce site par les économistes du Cercle e-toile. Une fois encore, ces idées ne sont pas marginales. Elles sont au  cœur même des solutions à mettre en œuvre et à la base du consensus masqué  des meilleurs spécialistes.

Le vrai problème est de faire apparaître au grand jour ce consensus d’abord sur le plan intellectuel et ensuite de lui donner un débouché politique et diplomatique.

Le rôle des institutions internationales comme la BRI, le FMI, l’OCDE et même le Conseil économique et social français devrait être central.

Malheureusement pour être nommé et survivre dans ces instances il faut éviter de défendre ses idées communes et la fermer.

Ou, comme Volker, utiliser un langage tellement codé et diplomatique qu’on en retient généralement la force du couvercle qui le stérilise plutôt que celle des idées sous jacentes.

Jamais on n’aura autant parlé de stabilité, de coopération, d’ouverture alors que nous vivons très exactement dans un système fondé sur la dissymétrie, les abus de position dominante,  le chacun pour soi et l’absence à peu près totale de coopération. Avec à la clé un désastre économique durable.

L’Europe pourrait être autre chose que ce chat châtré qui se couche et accepte d’être le paillasson du monde et la variable d’ajustement des désordres internationaux.

Elle pourrait dire : pas de négociation commerciale sans réforme préalable du système monétaire international. Cette simple  prise de position entraînerait aussitôt un débat utile et probablement des modifications substantielles des comportements.

Mais qu’espérer d’une Europe, à on ne sait plus combien de pays, dirigée par l’insignifiant Juncker, dont même le petit Luxembourg ne veut plus comme premier ministre,  alors que des dizaines de commissaires vont être nommés et que la France propose sans rire JM. Ayrault comme nouveau président du bazar et M. Moscovici comme responsable des finances !

Mais qu’espérer d’une France dirigée par le médiocre et sinistre Hollande, tout heureux d’être là où il est et qui se moque comme de sa première maîtresse de ce qui peut bien arriver à la France ?  « Tiens, il n’y a pas de croissance et le chômage monte ! C’était la faute à Sarko. Argument usé ? Alors c’est la faute à la déflation. Terrible cette déflation. Je la dénonce, entre deux opérations image façon inauguration des chrysanthèmes ».

Après deux années de hausses hystériques des impôts, d’absence radicale de toute réforme significative, et de laisser aller général sur les dépenses, nous nous retrouvons avec des déficits aggravés et une dette qui va sans doute atteindre les 2000 milliards d’euros en octobre.

Alors la France ne peut que se taire.

La France sombre. L’Europe végète dans le n’importe quoi. L’Occident n’est plus véritablement dirigé par les Etats-Unis. Mais partout les abus perdurent, avec les mauvaises habitudes et les facilités qui vont avec.

Avec le recul, Obama apparait pour ce qu’il est : un bavard inconsistant, façon prédicateur d’église américaine qui embarrasse ses alliés sans faire peur à ses ennemis.  L’Europe est à peu près totalement décrédibilisée. La France est sortie de l’histoire et se contente de la compétition d’image de conducteurs de scooter, l’un casqué et l’autre pas.

Les vraies questions sont traitées par prétérition dans une langue de bois systématique. Nous l’avons vu avec la position de la Banque des règlements internationaux, nous le revoyons avec le texte de Volker.

Tout le monde sait ce qu’il faut faire. Mais chut il ne faut pas le dire. Ou de façon tellement édulcoré que cela devient gênant de lire ces afféteries prudentes.

Pendant ce temps là la Chine réarme en masse et se met en position d’influence militaire. Elle n’a choisi le capitalisme d’Etat que pour ne pas être dépassée par les Tigres  et les Dragons.  Elle était en train de devenir un nain en Extrême Orient.  Les imbéciles lui ont confié l’industrie du monde en affirmant que la Chine était de tout temps pacifique. La voilà qui se remet à la parade militaire.

Le Japon sort de sa léthargie et « réinterprète »  sa constitution avec un objectif à deux ans : avoir la bombe atomique.

Les pays du Bric créent une BIRD à eux, loin du grand frère américain.

La Russie retrouve son rêve impérial, annexe la Crimée et met l’Ukraine cul par-dessus tête.

L’islamisme remplace le communisme comme fléau du siècle.

En un mot nous avons cru qu’en dissolvant toute organisation, en supprimant toute discipline, en battant notre coulpe  et en glorifiant nos ennemis, nous triompherions, dans la gloire du politiquement correct.

 Le parcours solitaire des Etats-Unis n’a abouti qu’à un échec économique et diplomatique dramatique. Le n’importe quoi européen n’a abouti qu’à créer des situations économiques et sociales désastreuses. L’effondrement français était au bout de l’énarchie compassionnelle  aggravée par le socialisme fiscal  à la française.  

Au final Obama est désormais méprisé. On ne peut pas vouloir assurer le leadership du monde et ne rien faire. Ce leadership ne s’exerce désormais que contre ses alliés pour leur imposer des abus, comme le système monétaire international absurde qui est à l’origine de la crise.  

L’Europe de Bruxelles est méprisée. Elle est pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. Son déficit démocratique est criant. On élit des gens qui en sont à se demander plusieurs mois après leur élection ce qu’ils pourraient bien  proposer. Sa carence face à la crise économique globale n’est pas seulement criante. Elle est d’une indécence rare. Capter les pouvoirs des nations et les abandonner au bord du chemin est plus qu’une sottise. Un crime contre l’Europe.

La France a fini par se mépriser tellement qu’elle met Marine le Pen et ses troupes en tête de tous les scrutins.

Le chagrin et la pitié, c’est ici et  maintenant.

Alors qu’on sait parfaitement ce qu’il faudrait faire  et qu’un coup de pied bien appliqué au fond où nous sommes nous permettrait de remonter très vite à la surface.

Cela fait maintenant dix sept ans que nous répétons sur tous les tons qu’il faut :

-          Réformer le système international en revenant à des changes fixes et ajustables, dans le cadre d’accords coopératifs  avec un FMI régulateur fort.

-          Réformer l’Europe dans un sens démocratique avec une véritable cellule de pilotage de la zone Euro maintenant qu’on a voulu cette organisation monétaire dangereuse

-          Faire sortir la France de l’hystérie fiscale et du malthusianisme  économique associé, dans lesquels elle de roule comme dans la fange depuis des années.

Au lieu de cela   nous ne cessons de subir les défauts irrécupérables du système des changes flottants, les inconvénients pervers d’une absence de gestion quasi-totale de la zone Euro et les conséquences dramatiques de la répression fiscale stupide qui détruit la France.

Comment s’étonner de la rupture entre les élites et le pays réel pratiquement partout en Occident ? Oui la politique est désormais vue comme un théâtre d’ombres où ne s’affrontent que des ambitions personnelles d’une extrême médiocrité (Sarkozy, puis Hollande, présidents successifs  de la France. Tout de même !).

L’Occident, L’Europe, la France ont perdu la volonté de créer une civilisation, ce  qui supposerait des disciplines et des résultats. Ils se contentent du statu quo et glissent sur le toboggan du déclin en savourant les délices propres à cet exercice.

Certains pensent qu’il faut attendre la décomposition totale pour espérer un sursaut salvateur. Cette position est cynique.  Que restera-t-il à sauver ?  

Aussi « techno » que cette proposition puisse paraître, l’acte un du renouveau serait  une conférence nouvelle à Bretton Woods  qui acterait comme sa devancière les erreurs dommageables de la situation actuelle, et proposerait les solutions associées à ce diagnostic.

Oui, le commerce international doit être le plus libre possible mais dans un cadre monétaire coopératif et le plus stable possible.

Oui ce cadre monétaire doit être structuré autour de changes fixes mais ajustables par consensus.

Non la monnaie internationale ne doit pas être une monnaie nationale.

Nul ne peut espérer bénéficier du commerce libre avec d’autres sans respecter certaines règles et en particulier celle de ne jamais accumuler déficits ou excédents monstrueux.

La rente pétrolière doit être contre balancée par des achats équivalents dans les pays sans pétrole. Accumuler des excédents et racheter le capital des victimes n’est pas la solution.

La Chine doit équilibrer sa balance commerciale comme les Etats-Unis, en sens inverse.

Le paritarisme doit être la base des statuts du fonds monétaire international, sans droit de véto ni pouvoirs spéciaux pour un pays donné.

La finance internationale doit être asservie à ces objectifs.

Ce qu’on aimerait c’est que même Paul Volker qui est totalement d’accord avec ce programme le dise clairement, haut et fort et même de façon tonitruante.  

Et que tous ceux qui craignent pour leur poste et leur carrière trouvent enfin le courage de dire : c’en est assez de ce silence embarrassé. Disons la vérité et agissons.  Ils constateront alors  qu’ils sont majoritaires et que les quelques nigauds qui croient encore aux vertus des changes flottants ne représentent qu’eux-mêmes, c'est-à-dire rien.

Didier Dufau pour le Cercle des economistes e-toile. 

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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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