Xavier Fontanet : « Pourquoi pas nous ? »

Voici encore un excellent livre (Les Belles Lettres – Fayard), d’un excellent auteur. En un temps où le mépris des élites est un insigne qui se porte bombé sur la poitrine des imbéciles, il a tout pour être vomi : fils d’un Ministre du Général de Gaulle, chrétien démocrate quand il fallait être christo-coco-claveliste pour plaire à l’intelligentsia,  diplômé du MIT, patron à succès, professeur à HEC. Son livre est parfait. Pas une ligne qui ne soit frappée au coin d’un bon sens promu au rôle de pilote de la République.

L’auteur n’hésite pas à partir de l’observation des faits. Quel scandale ! De ce fait il recoupe des dizaines de points sur lesquels nous nous exprimons nous-mêmes depuis 1977.  Curieuse impression de se relire tant les propos qui sont tenus ont été les nôtres depuis 20 ans.

Il ne théorise pas l’Enarchie compassionnelle, mais il remarque que la dérive étatiste a commencé avec Giscard, même s’il ne le cite pas nommément.

Il voit bien qu’il y a eu un avant et un après la césure du début des années 70. Très justement il ne l’impute pas à la crise  pétrolière.  

Il remarque que le secteur public est désormais plus gros que le secteur privé et que cette dérive vers un Etat  obèse  et tentaculaire mais impotent a progressivement anémié tout le secteur marchand. Il montre bien la corrélation entre obésité publique et anémie marchande. En monopolisant les ressources l’Etat empêche l’innovation et l’investissement. L’emploi public tue l’emploi privé.    

Il sent bien  que l’hystérie fiscale récente, s’ajoutant au gonflement excessif précédent,  est en train de tuer le pays.

Il prend le temps  de démontrer avec soin que la plupart des arguments socialistes en faveur de la dépense publique, et contre l’entreprise ne mènent qu’à une société d’assistés de plus en plus dépendants, se partageant un gâteau qui diminue, dans une société de plus en plus divisée et haineuse.

Il refait l’histoire des pays qui justement ont pris le contrepied de cette approche délétère et ont été très loin dans la restauration d’une société de responsabilité et de dialogue. Les leçons du Canada, de la Nouvelle Zélande, de la Suède ou de la Suisse sont tirées avec beaucoup de précision.

Tout cela était parfaitement connu dès 1977. Et on a eu Jospin qui a tout aggravé. Et on a eu Chirac qui a dit non à toute évolution dans le sens indiqué et même Sarkozy, dont il note qu’il n’a pas donné suite au rapport Attali. Puis l’inconsistant  Hollande et sa fuite en avant dans l’hyper-fiscalité et la manœuvre politicienne de bas étage et l’abaissement abyssal de la dignité présidentielle.

On retrouve la grande question : pourquoi ces idées, élémentaires et constamment prouvées, n’ont pas de champ d’application en France ? Pourquoi crie-t-on au génie économique d’un DSK qui a théorisé et cautionné les 35 heures puis nié l’arrivée de la crise comme Président du FMI ? Pourquoi la télévision publique se croit-elle tenue de faire appel à des « penseurs » comme l’animateur d’On n’est pas couché et son faire valoir débile, qui cautionnent constamment  toutes les idées fausses ? Comment ce fait-il que la société se montre incapable d’assimiler un message aussi élémentaire, à droite comme à gauche ? 

L’auteur n’aborde pas ces questions. Il croit à la seule vertu de l’observation et du bon sens. Grave erreur.

L’explication est-elle sociale ? La société est désormais totalement dépendante de l’Etat et ne veut entendre que ce qui pousse à l’extraction de l’argent résiduels des « autres » pour survivre, sans se rendre compte que le boa se mange lui-même ?  En donnant une citation de F. Bastiat qui décrit ce processus, l’auteur semble pencher pour cette hypothèse

Est-elle économique : la France ayant fait le choix du tout Etat se trouve incapable d’affronter un monde ouvert et se recroqueville sur les impôts et les subventions pour tenir encore trois minutes de plus ?

Est-elle idéologique ? La France, terre ancienne d’un marxisme larvé, a-t-elle réellement  considéré au fond d’elle-même qu’il fallait se débarrasser des oripeaux de la bourgeoisie sûre d’elle-même et dominatrice, jusqu’en 68,  et qui est désormais présentée comme honnie, esclavagiste, colonialiste, nationaliste, belliciste, antisémite, raciste, méprisante pour les femmes, les pauvres, les immigrés, les délinquants et d’une façon générale « les autres » ?  En un mot : des fascistes ! C’est la France « Taubira-Belkacem » du Chagrin et de la Pitié. Sa repentance implique un repli morose sous la houlette de faux prêtres de la « réconciliation » et des tenants de la fin des « dominations ». Adieu le « pouvoir de la volonté ». Adieu la croissance criminelle qui tue la planète. 

L’auteur ne tranche pas ces questions fondamentales et prend soin d’indiquer « qu’il ne prend appui sur aucune théorie politique ou économique ». Le simple bon sens, voilà la clé.

Mais pourquoi diable le simple bon sens ne suffit-il pas ?

Suggérer que Giscard n’aimait que l’Etat et lui imputer personnellement  le tournant des déficits est tout de même un peu court, même si sa responsabilité dans certaines des décisions les pires (le non financement de l’Etat par la banque centrale, les accords de la Jamaïque)  est massive.  Critiquer le manque de courage des gouvernements de droite et le manque de sagesse des gouvernements de gauche ne nous avance guère.

Il faut faire à ce livre les mêmes reproches qu’à celui du petit De Closets. En ne contemplant que les faiblesses internes de la France on manque les conséquences dramatiques des séquences internationales qui se sont succédé depuis la fin des Accords de Bretton-Woods.  

L’analyse de la crise repose selon nous  sur trois piliers :

-          L’amoncellement de déséquilibres extérieurs monstrueux qui ont provoqué l’inversion de la courbe descendante de l’endettement global  et  le gonflement des dettes à des niveaux progressivement intenables.  Les crises périodiques de type décennal ont été de plus en plus graves.  74, 93 et 2008 sont d’intensité croissante. Pourquoi ? Le trend a baissé. Pourquoi ? Et pas seulement en France.

-          L’Euro n’a certes pas créé les conditions de la crise d’endettement mais en a terriblement compliqué la gestion jusqu’à l’aggraver. L’inorganisation de la zone Euro a imposé des politiques de déflation et de récession pour réajuster les économies, un processus qui n’est pas terminé.  Et qui est déprimant.

-          L’énormité de la dépense publique en France et le développement d’un secteur sous perfusion d’impôts de taille supérieure à celle de l’économie marchande est bien un aspect déterminant du drame français.  C’est un point que nous n’avons cessé d’illustrer.

L’auteur ignore bravement les deux premiers piliers.

Sans vouloir fournir trop d’excuses aux gouvernements français, il faut bien noter qu’ils ont été presqu’en permanence confrontés aux effets d’une récession forte. C’est vrai pour Chirac, trois fois, en 74, en 86 et en 95. C’est vrai pour Bérégovoy et Jospin en fin de mandat, pour Sarkozy puis Hollande.  

Bien sûr il y a eu les immenses erreurs  de Giscard, obsédé par l’impôt, qui signera un septennat fiscal et « sociétaliste »,  l’erreur cynique du Programme commun du lamentable Mitterrand  qui arrêtera définitivement le rattrapage par les Français du niveau de vie américain, et qui sera doublée par le même de deux drames majeurs : Schengen et l’Euro. Les mesures dommageables de Rocard (RMI et retour de l’ISF), celles de Jospin (complication inextricable des lois sociales et 35 heures) puis les gesticulations et l’hyper fiscalité de F. Hollande,  complètent un tableau  globalement étatiste, fiscaliste, antiéconomique  et aux résultats sinistres. 

Mais il est vrai que pratiquement six années sur dix pendant quarante ans ont été consacrées à faire face aux conséquences de crises périodiques toujours plus fortes, tout en considérant qu’il fallait laisser la liberté totale des mouvements de capitaux, de personnes, de marchandises et de services sans aucune instance de régulation européenne ou mondiale. Alors l’énorme bloc étatique français , ses dettes et  son arrogance, sont obligés de plier devant la compétition des pays développés dynamiques et des  pays en rattrapage, tout en accumulant les charges d’une immigration incontrôlable. Jusqu’ici, la réaction a été de le protéger le Moloch et de l’étendre en poussant les impôts  à des sommets impossibles à maintenir.  

On aimerait que l’auteur intègre ses raisonnements franco-français dans ce flux historique international.  Sa réponse implicite : ce n’est pas la peine puisque des pays, dans ce même cadre global, ont réussi  à s’en sortir par des mesures simples et adaptées. Alors « pourquoi pas nous ? ».

Il oublie de dire que les expériences canadiennes, suédoises et néozélandaises ont été  menées après la crise de 92, appuyées par une forte dévaluation et ravivée par l’expansion rapide de la fin des années 90.   La France ne peut pas dévaluer. Il n’y a aura pas de reprise mondiale forte avant un bon moment.

D’autre part, dans chacun de ces pays, un consensus a été créé en faveur des réformes, avec un fort support bi-partisan, notamment d’une partie des travaillistes.  Ils n’ont pas cherché à tergiverser comme le malfaisant Hollande, divisant gravement le pays, parfois de façon insultante, pendant deux ans et demi  et se déclarant in fine, contre une fraction notable de son parti et ceux de sa coalition, « social démocrate » et partisan de la théorie de l’offre, tout en rejetant sur l’entreprise, à qui on ferait « d’énormes cadeaux » , la responsabilité de la sortie de crise pour se refaire une virginité électorale en vue des prochaines présidentielles.

Alors que faire ? Bien sûr, toutes les mesures préconisées par Xavier Fontanet qui ajoute son livre aux 177 autres que nous avons recensés depuis 1976 qui disent exactement la même chose, sont parfaitement justifiées. 

Oui il faut un grand consensus national  en faveur d’une société des « devoirs de » et non plus des « droits à » ! Oui il faut « dégraisser le mammouth » ! Oui il faut casser le désir tentaculaire de l’Etat de prendre beaucoup à tous et presque tout à quelques uns  pour s’occuper de tout et plutôt mal ! Oui il faut une France d’entrepreneurs !

Cent fois oui !

Mais comment ?

Dans un affrontement droite-gauche s’appuyant sur l’effondrement du socialisme français ? Avec des grèves insensées comme celles de 97 ? Des mouvements de scolaires  excités ? Une surenchère lepéniste ? Des guerres extérieures ?

C’est, si on comprend bien, la perspective sarkosiste.  Permettre de reconstituer un mouvement de masse le plus large possible pour lancer une rupture véritable et passer dans un nouvel état de la société française fondée sur la responsabilité individuelle et l’abandon du non travail subventionné.  Les approches trop sages de Juppé et Fillon sont en effet incapables de créer le mouvement de fond capable de porter une pareille révolution.  Travail d’image pour l’un, de fond pour l’autre, avant un débat militant puis une campagne électorale nationale sont insuffisants pour créer le mouvement indispensable.

Sarkozy a-t-il l’élévation et la capacité de rassemblement nécessaire ?  Peut-on rassembler la partie  pragmatique de la gauche, alors que Hollande est en train de gâcher totalement cette perspective ?

La question n’est plus aujourd’hui de savoir ce qu’il faut faire.

On doit repenser le système monétaire international. On voit que la dernière réunion du G.20 sombre à nouveau dans l’insignifiance des grandes annonces et des réformes microbiques.

On doit repenser l’Europe des Etats minuscules paralysant les grandes Etats. La nouvelle composition de la Commission Européenne est l’exemple même d’une caricature d’Europe.  Si l’Europe doit être la dissolution des grands Etats dans un regroupement de 100 régions, elle est morte.  L’affaire Ecossaise a montré la résilience des grandes nations. Mais elle a lancé un cycle de revendications régionalistes particulièrement néfastes.  Le drame Ukrainien montre une Europe sans dents.  L’idée américaine portée par Jean Monnet d’une Europe éparpillée façon puzzle, sans grands états, mais divisée en une poussière de micro régions courant d’air,  fédérée dans une union Européenne faible et sans influence, sous protectorat militaire américain, est désormais « à portée de main ».   Est-ce bien cela que nous voulons ?

On doit aussi repenser la France. Et là, toutes les réflexions de Xavier Fontanet, redites parfaitement présentées  d’idées mille fois exprimées,  ont leur pertinence. 

La grande question est : COMMENT ! 

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Expédients ou vraies solutions ?

Nous avons choisi, en ce début septembre 2014, de laisser la priorité aux billets portant sur l'ambiance générale de la rentrée, marquée à la fois par un désastre de la gestion publique et un sentiment général de déchéance des institutions alors même que le choix a été fait par M. Hollande d'une rentrée exclusivement politicienne, dont le caractère sera encore aggravé par le retour de Nicolas Sarkozy et la conférence du Président de ce soir.

Ce choix du "tout politicien" pour purger les humeurs n'est pas sans avantages. On le voit avec les condamnations de Bonnets Rouges qui sont passées comme une lettre à la poste. Il est dans la continuité du même choix fait naguère pour la campagne électorale déprimante d'il y a deux ans et demi et annonce le renouvellement de l'exercice dans deux ans et demi.

M. Hollande sait très bien que, lors de ces élections, on élimine. En n'ayant pris aucune autre mesure que fiscale et en ayant fait porté l'essentiel de la spoliation sur "les riches", il lui sera facile d'annoncer que son adversaire veut s'attaquer aux pauvres et aux fonctionnaires, en plus des immigrés. Il se débarrassera du "bilan" sur le Medef qui "malgré un cadeau inouï n'a pas joué le jeu" et sur les boucs émissaires qui passeront par là (Mme Merkel, l'Europe, l'Euro etc.). C'est une stratégie politicienne personnelle mais qui peut être efficace. En tout cas elle est pensée et peut se décliner sous formes d'initiatives tactiques assez facilement. Ceux qui pensent le PS définitivement ratatiné se trompent. Ce n'est qu'en cas de crash financier violent, par exemple amorcé par une remontée des taux, que cette vision serait totalement condamnée.

Face à cette stratégie purement politicienne et qui ne tient compte en rien des nécessités nationales, Nicolas Sarkozy proposera une alternative de la même eau politicienne. Pour contrer la stratégie hollandaise, il ne présentera pas de programme seulement son corps, ses tripes et son âme. Il ne peut pas annoncer du sang et des larmes et n'en a nullement l'intention. Comme tous les moyens de la Justice seront déclenchés contre lui nous aurons droit à un corps, des tripes et une âme martyrisée par l'insolent ennemi mais aucun programme. Du bagout et de l'émotion.  

Deux mesures témoignent que nous aurons bien un combat de nains habiles indifférents à l'intérêt national.

M. Hollande, après M. Sarkozy, reprend l'antienne de la "suppression des charges patronales" et celle de la "première tranche d'impôt sur le revenu".

Comme nous n'avons cessé de l'affirmer ici, jouer ainsi sur ce genre d'instrument n'a strictement aucun sens économique. Il ne s'agit que de gris-gris démagogiques.

Pour les charges sur les salaires, nous avons proposé de supprimer la notion de charges patronales au profit d'une notion de revenu salarial différé. Naturellement tous les prélèvements qui n'ont pas le caractère d'un revenu individualisable (comme les allocations familiales) doivent être transféré sur l'impôt. La baisse du revenu différé au profit du revenu courant ne peut être obtenu que par la baisse du coût assurantiel puisqu'il s'agit de cela : chômage, maladie, invalidité, retraite. La revalorisation du net ne peut passer que par une réduction du chômage et de certains excès d'indemnisation, le déremboursement du petit risque, et le retard du départ à la retraite. C'est donc un arbitrage à faire entre deux formes de rémunération. Et il doit être fait par les salariés eux-mêmes.

Le corollaire est tout aussi clair : la compétitivité des entreprises ne peut provenir, en l'absence d'ajustement de la politique européenne, que par la baisse des salaires.qui ne peut s'opérer que de deux façons :

- en réduisant le revenu différé, sans le reporter sur le revenu disponible

- en réduisant le revenu brut.

Sans les masques de la dévaluation et de l'inflation, une baisse de près de 10% est nécessaire.  Il aurait mieux valu l'acter tout de suite et de regagner le salaire perdu en trois ou quatre ans plutôt que de se nourrir d'illusions et de mettre des millions de salariés au chômage.

 

Pour les impôts, l'exonération massive commencée par Balladur au début des années 90 est une folie. Elle a été tempérée par le fait que tout le monde paie au minimum les 15.5% de la CSG. Moins de la moitié des ménages français paie l'IR. Continuer de resserrer l'assiette fiscale en aggravant les taux pour ceux qui restent assujettis est contraire aux règles de l'équité démocratique en même temps qu'à une bonne gestion de l'économie. Elle pousse une partie de la population à croire que son sort dépends du tort qu'on fera à l'autre. C'est l'aspect d'abjection politique. Elle pousse la France qui crée de la valeur à cesser de pousser son avantage. C'est l'aspect de déréliction économique. Au total on a moins de ressources et plus de haine sociale.

La solution ici encore est assez simple : la baisse de l'impôt ne peut être financée que d'une baisse de la dépense publique. Pas de baisse de la dépense publique pas de baisse des impôts. C'est aussi simple que cela. En annonçant un jour qu'il ne touchera pas à la dépense publique et le lendemain qu'il supprime une tranche du barème, M. Valls commet une bassesse politicienne par jour. De le même façon que N. Sarkozy s'était abaissé de façon duale en supprimant l'IR et les charges sur les supplémentaires, et en baissant la TVA sur les cafés-restaurant.

En fait le choix de la bonne structure fiscale, en régime de croisière, doit s'appuyer sur la notion de constance et de neutralité. Les bons impôts sont larges, de taux raisonnable et ne provoquent pas de gros changements dans les comportements. Ils doivent porter le plus possible sur la valeur ajoutée. Nous préférons l'IR à l'ISF pour fournir la progressivité justifiable. Il vaut mieux supprimer l'ISF et les taux absurdes sur les plus values faites sur des transactions rares et concernant les investissements d'une vie, que de supprimer l'IR.  Si on supprimer l'ISF et qu'on transfère une partie de l'IR sur la TVA, on peut réajuster la grille de progressivité de l'impôt, de façon à rendre acceptable l'impôt pour tous et la justice de la progressivité.

De toutes les façons qu'on prenne le problème, il faut commencer par réduire la dépense publique. De la même façon qu'il va falloir réduire les salaires pour restaurer la compétitivité il faut réduire drastiquement les salaires des administrations et des salariés à statut. Un écrêtement de 10% à 15% est pratiquement inévitable. On voulait le faire par l'inflation. ce n'est plus possible. Reste la hache. Il faut restreindre le statut de la fonction publique aux militaires et aux fonctionnaires civils de catégories A. Il faut supprimer un échelon administratif et rendre impossible les doublons. Il faut encadrer les subventions et les réduire drastiquement. Il faut changer le périmètre des responsabilités de l'Etat etc.

La grande question est de savoir s'il faut réduire les allocations à ceux qui les touchent ? La réponse est malheureusement oui. Si vous réduisez la rémunération des actifs vous devez toucher automatiquement à celle des inactifs.

La grande question est de savoir comment on peut mettre une pareille politique en œuvre. Nous-mêmes ne pensons pas qu'un homme ou un parti puisse le faire. On voit que F. Hollande a carrément conçu de n'en rien faire. N. Sarkozy reprendra ses discours démagogiques sur la défiscalisation des heures sup et autres expédients.

A droite, avec Fillon, à gauche avec une fraction du PS raisonnable, une convergence se fait de façon latente sur ce qu'il serait indispensable d'essayer.

C'est cette convergence qu'il faut aujourd'hui appuyer tout en sachant que les efforts nationaux n'auront aucun sens s'il n'y a pas, parallèlement, un courant de réforme majeur en Europe  et dans l'organisation monétaire internationale.

Il faut que l'équipage fasse talonner ensemble le bateau pour qu'il reparte au large tout en régulant l'eau de la crique et en rendant l'océan navigable.

A partir de là, faisons confiance à notre jeunesse, à nos salariés et à nos entrepreneurs.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Scènes de la vie parisienne

Diverses comédies politiciennes suivent leur cours et quelques politiciens comédiens font leur cour. Les médias bruissent d'une agitation totalement décalée des préoccupations des Français : ils ont vu leur feuille d'impôts ! Des augmentations de 20à 40% sur toute l'échelle des revenus ! Le coup de matraque n'avait pas été claironné. On a attendu que les tondus le soient pour qu'ils réalisent. Le coup de rabot touche toutes les classes de la population, pas seulement les riches. On interroge à la sortie des centres d'impôt où des centaines de milliers de Français viennent demander des conditions pour payer cette augmentation inouïe. On leur avait dit que seuls les riches paieraient et qu'on leur ferait vite un cadeau à 4.5 milliards d'Euros. Les voilà obligés à réduire un train de vie déjà étriqué par 7 ans de crise. On leur offre quelques frondeurs  pour ne pas décourager totalement le vote socialiste. Cela ne suffira pas car ils savent bien qu'il n'y a rien à attendre de la gauche de la gauche. Les riches eux font leurs comptes : la hausse est prodigieuse et il n'y a plus aucune marge de manœuvre. Quoiqu'ils fassent, ils sont coincés. X qui payait 50.000 Euros en 2007, 80.000 en 2012 se retrouve avec 120.000 Euros d'impôts. Alors qu'il est retraité et que son revenu n'a pas changé ! Comment est-ce possible ? Très simple : il pioche dans son épargne pour payer les impôts. Casser son épargne crée de la plus value. La plus value est intégrée dans l'IR. Il recasse de l'épargne etc. Les plus riches s'en sortent mieux ! ils partent ou ils empruntent. Emprunter coûte moins cher que payer la plus value sur le cession d'un bien. Alors que le pays est surendetté…

La classe moyenne cherche à vendre les biens immobiliers trop coûteux pour leur nouveau revenu disponible amputé. Il n'y a pas d'acheteur ou à des prix cassés. A Paris la location de bureaux s'effondre mais les trois taxes sur le capital (taxe sur les bureaux, taxes foncières, taxe d'habitation) ont doublé ces dernières années grâce à Delanoë et Hidalgo. Il faut payer sans revenu. Donc il faut vendre et personne n'achète. Lorsqu'il ne reste qu'à peine 30% du revenu gagné, toute hausse de la fiscalité fait baisser le revenu disponible avec un effet multiplicateur. Si vous payiez 65 et que vous payez 75, sur un revenu de 100,  votre revenu disponible est passé de 35 à 25. Une baisse d'un tiers.

Pour répondre à la haine fiscale qui gagne le pays et se retourne contre "les élites", pour simplifier "les Enarques qui ont capturé le pouvoir et qui ne pensent qu'en terme de dépenses publiques et d'impôts", le gouvernement en vient à donner des explications dont il ne voit même pas le cynisme. "La perte de recette est due à la moindre inflation que prévue". Qu'est-ce que l'inflation ? Un impôt déguisé. Elle ampute directement le revenu réel. Alors on vous dit : "cet impôt là n'a pas marché, il va falloir compenser par un impôt non masqué". D'autant que l'inflation fait marcher la progressivité : une  croissance purement nominale de votre revenu fait jouer la progressivité. On a perdu l'impôt caché plus la progressivité cachée. Du coup la non-revalorisation des tranches de l'IR ne produit pas l'effet prévu. Zut alors ! Caramba encore raté ! Si on ne peut plus voler les gens sans qu'ils s'en rendent compte !

Au global cinq années de hausses continuelles des taux d'imposition aboutissent à une impasse : le déficit va croître à 4.4% d'un PIB qui comprend une grande part de dépenses publiques. En fait l'impasse budgétaire représente près de 10% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand non financier et la dépense publique près 100% de cette même valeur. La dette publique, elle, en représente désormais à peu près 200%. Cela signifie que l'entreprise ne peut plus rien pour une France naufragée qui dévore désormais sa richesse accumulée et réduit sa population à une pauvreté aggravée.  

La "politique de l'offre" est un nuage de poudre de perlimpinpin. Même si l'entreprise générait par on ne sait quel miracle 10% de revenu en plus (on n'est toujours pas aux chiffres de 2007 en 2014), il faudrait qu'il soit intégralement capté par l'impôt pour simplement ne pas augmenter la dette. Et une toute petite variation du taux moyen de la dette éliminerait tout cet effort. Autant dire que les propos merveilleux sur une hausse du pouvoir d'achat sont ce qu'ils sont : des bobards pour imbéciles heureux. Il parait qu'il y en aurait encore 13% en France !

Comme le dit avec beaucoup de justesse le socialiste Le Guen, cumulard devant l'éternel, enrichi par son passage à la MNEF mise en coupe réglée par cet ancien créateur de l'UNEF ID, en liaison avec DSK et Cambadelis, de fâcheuse mémoire, et redressé de 50.000 Euros pour une sous-évaluation massive de la valeur des biens immobiliers qu'il a accumulé à Paris, en ne faisant que de la politique : "Le PS va s'en sortir en faisant de la politique. Hollande va faire de la politique. Nous allons faire de la politique". Du coup les Parisiens sont bien contents :  ils vont découvrir la politique participative à la Ségolène. Ils pourront choisir comment dépenser 430 millions d'Euros. Chouette ! La dépense publique n'a pas d'importance : la révolution participative permettra au citoyen d'en être le complice. On est sauvé.

Le PS déjouera la malédiction électorale en mettant deux fers au feu en même temps : le gouvernement et de prétendus "frondeurs qui sauvent l'honneur de la gauche" et auxquels les socialistes de médias comme un dénommé Ruquier donnent de la résonnance. Vive la politique !

Pendant ce temps là tout est arrêté en France. Tout se délite entre sinistrose et abus divers. La glissade tourne à l'effondrement.

Prenons les mastodontes quasi publics.

France-Telecom, ancien monopole public et qui reste sous la coupe des mêmes, en dépit des changements de statuts. C'est devenu le champion du n'importe quoi robotisé. Plus personne dans l'entreprise ne comprend rien aux divers sous-systèmes emboités qui se sont accumulés en strates réfractaires. Dans les magasins : des jeunes issus de la "diversité" (c'est moins cher) et des vieux recyclés (qui ne se sont pas encore suicidés). Ils vendent des contrats qu'ils ne comprennent pas et n'ont aucun pouvoir. Ils doivent appeler le même numéro que les clients pour obtenir des corrections et des remises en place. Ils n'ont même pas le pouvoir d'encaisser l'argent des clients. Ils sont tenanciers de show-rooms. Et le spectacle n'est pas triste. Il suffit de s'asseoir et d'entendre les jérémiades des clients pour se rendre compte du malaise. Les pauvres épaves électroniques qui s'échouent là après avoir pris leur numéro comme à la sécurité sociale vont perdre des heures pour rien sinon la compassion du personnel qui va pleurer avec eux sur la "fin du service public".

Juste une histoire comme çà, en passant. Ce "client" s'était vu proposer en avril 2014 de fusionner son contrat de portable et sa ligne ADSL pour un "forfait avantageux", permettant le passage à la fibre. De visites préparatoires en visites ans résultats, le nouvel internet sous fibre optique n'a été mis en place qu'en juillet  : quatre mois tout de même. On n'a pas précisé au client que toutes les options contractuelles et techniques précédentes étaient à reconfigurer. Par exemple; le prélèvement automatique s'est trouvé supprimé sans qu'on demande d'en souscrire l'option dans le nouveau  contrat.  Comme la mise en service a été décalée, la facture n'arrive qu'en plein mois d'Août, pendant les vacances. Quinze jours après le contrat est coupé et le vacancier se retrouve sans téléphone portable et sans internet !  Il pensait que le prélèvement se ferait automatiquement et n'a pas cru devoir faire suivre le courrier Orange. Il faut dire qu'un peu plus tôt son téléphone s'était trouvé arrêté parce que le changement de contrat supposait une réinitialisation technique qui avait été simplement omise. Plus tard il est apparu que rien ne marchait à l'étranger. Il fallait à nouveau remettre des paramètres techniques oubliés. Pire la ligne internet rétablie est constamment perturbée par des "réinitialisations de la liaison". L'avantage de vitesse s'avère nul. Le client a compté 16 "réinitialisations"  en 1 heure.  La fibre doit être pliée quelque part ! Il n'est pas vraiment content, le "client".  Surtout qu'il s'agit d'un contrat pro. Il pensait être servi plus vite à son agence de la rue de Rennes.  Mais "le système de priorité est arrêté quand il y a trop de monde pour éviter les émeutes".  Quand dix personnes attendent depuis une heure, elles deviennent un peu nerveuses quand on leur passe devant. Humain. De toute façon le préposé ne peut rien pour le client. Il faudra qu'il appelle tel numéro, en faisant bien attention aux horaires et en se munissant de ceci et de cela. Il pourra ainsi régler sa dette et voir ses services rétablis. "Nous, on ne peut rien". Pour les "réinitialisations pénalisantes", il faudra rappeler un autre numéro. Vous savez, ces systèmes à réponse vocale qui vous demandent  des tas de trucs dont votre numéro de ligne pour faire tourner le compteur des numéros surtaxés, et finissent par vous passer une téléopérateur dont la première question est : "quel est votre numéro de téléphone". Notons que tout cela doit se faire au téléphone et qu'on vous a coupé le téléphone.

Autre exemple : EDF. Ce mastodonte monopolistique dont les salariés se sont vu octroyer 1% de la facture des "usagers", et des conditions annexes totalement abusives qui sont un des scandales Français, considère qu'il a le doit de facturer des estimations de consommation maintenant qu'il ne vient plus relever les compteurs. Alors les clients se retrouvent tout soudain avec des factures monstrueuses. 3.500 Euros par exemple pour une maison de vacances utilisée deux mois par an. Appel pour contester la facture. Engagement est pris par un "téléconseiller" (non il ne s'agit pas de l'ORTF) de ne pas prélever la somme avant une visite contradictoire. Cause toujours : le prélèvement est fait aussitôt qui met le client en défaut bancaire avec blocage de son compte et signalement à la Banque de France. On va droit à l'interdiction bancaire. De crise d'hystérie téléphonique avec robots intercalés en crise d'hystérie téléphonique, sans robots intercalés, le rendez-vous finit par arriver. A quelle heure : "entre 8 heure et 12 heures". Vous n'avez qu'à prendre un jour de congé. Normal puisque vous allez dans votre maison de vacances. Au final c'est bien une erreur. La facture n'est que de quelques dizaines d'euros !

- "On s'escuse M'sieudam".

- "Le remboursement ? "

- "Cela se fera ne vous inquiétez pas".

- "Quand"?

- "Ah çà " ! …

Les mauvais esprits diront qu'au moins EDF produit de l'électricité. Les abus sont les mêmes à Gaz de France  et ces gens là ne produisent rien, sinon quelques explosions d'immeubles qui ravagent de temps à autres des familles incrédules. Tiens, il vient de s'en produire une à Paris. Quelques morts, quelques blessés graves, quelques familles traumatisées à vie. Quelle importance ?

Dernière aventure : une jeune femme est soudain inquiète pour son œil. Une douleur atroce. Elle est "en région" (on ne dit plus "en province"). L'ophtalmo le plus proche donne des rendez-vous à 3 mois et conseille d'aller aux urgences. Oui mais lesquelles ?

- "Vous avez le choix Nantes ou Paris, je ne vous conseille pas Saint Malo : ils ne sont pas bons !"

Appel aux Quinze Vingt à Paris. Réponse : on vous attend. En attendant il faut trouver un train. Pas de chance : le trafic Dol-Rennes est coupé. Pourquoi ? Nul ne sait. La SNCF n'a pas à donner de prétexte. Cette ligne est coupée de façon régulière sans qu'on ne sache jamais pourquoi, sauf si une voiture s'est fait amochée à un passage à niveau mal fichu ou si le groupe de Roms voleurs de cuivre a été arrêté sur le fait (et si on lit le journal local). Vite trouver quelqu'un pour vous emmener à Rennes en voiture. A Rennes, le train a trois quart d'heures de retard. Toujours pour les mêmes raisons indéterminées. Heureusement qu'on a encore le droit de prendre sa voiture. Mais là Paris c'est trop loin pour demander cela à un voisin. Alors on attend. A 23 heures arrivée aux 15/20. Suivent 5 heures de salles d'attente. Il n'y a pas de place assise. Va pour une attente assis par terre au milieu d'une population presque intégralement immigrée ! L'interne le dit en riant : "nous sommes un hôpital africain" !  Prélèvement dans l'œil : c'est bien une grosse infection sous la cornée, gravissime. L'œil risque d'être perdu.

- "Il faut attendre le résultat des cultures pour connaître le germe. Je vous prends un rendez-vous avec un médecin de jour pour demain après midi. Il verra avec les résultats en main".

- "Et qu'est ce que je fais maintenant ?"

- "Vous rentrez chez vous et revenez demain".

- "Mais je couche où ? Je n'habite pas à Paris".

- "C'est votre problème. On ne fait pas hôtel".

Il est quatre heures du matin ! Un parent compatissant fera l'effort d'aller chercher la malade, épuisée de douleur, d'inquiétude et achevée par les tribulations.  Le lendemain matin coup de téléphone du médecin avec lequel le RV a été pris.

- "J'annule le RV. Allez voir un médecin de ville".

La bataille commence. Appel au laboratoire pour connaître les résultats.

- "Nous ne les donnons qu'à un médecin".

Quelques hurlements plus tard :

- "C'est une amibe. C'est très grave. Venez immédiatement aux urgences".

Retour aux urgences. Six heures d'attente. Toujours pas de place assise. Pas de déjeuner. Bonne nouvelle, ce n'est pas une amibe. "La bactérie a des poils c'est pour cela qu'ils se sont trompés". Cela reste très grave.

- "Avec l'amibe l'œil aurait déjà été perdu. On va pouvoir essayer de sauver l'œil mais le traitement est très contraignant. Il faut vous hospitaliser pour quatre ou cinq jours. J'appelle."

- "Comment cela , il est impossible d'hospitaliser  mon malade ? Rien à faire ?".

Non il n'ya rien à faire. Alors "caltez volaille".  

- "On vous donnera demain matin le collyre correspondant à la bactérie. Revenez le chercher et vous vous appliquerez le traitement vous-même : toutes les deux heures, dans l'œil, de jour comme de nuit pendant six jours. Bon courage ".

Heureusement la patiente avait de la famille à Paris. Sinon quoi ?   

L'œil sera finalement sauvé. La facture EDF sera finalement régularisée. Les lignes Orange seront finalement restaurées. La ligne Internet sur la fibre coupe toujours toutes les 30 à quarante secondes. Le technicien ne comprend pas.

-  "Tout est correct pour moi".

Tout va très bien Madame la Marquise.

Ce matin, en plein centre de Paris, une altercation vient d'avoir lieu avec un clochard qui a traité un employé de magasin, noir lui aussi,  mais pas dans le même sens, de "gros trou du cul négroïde". Ce dernier lui a collé une baffe appuyée. Le clochard est en train d'appeler la police avec son téléphone portable (sic) ! Il faut dire que son "agresseur" travaille dans un magasin dans l'entrée duquel le clochard vient d'exprimer toute sa vessie vineuse. Au même endroit la police arrêtera dans l'après midi trois trafiquants de drogue. Ils étaient suivis et on attendait le flagrant délit. Un peu plus tard cela s'énerve devant la maternelle proche. Il y a du mou dans le périscolaire (un joli titre de roman). Il a fallu rechercher les enfants en quittant le travail trop tôt. Cela grogne sur les trottoirs. Pauvres trottoirs : ils sont couverts des déjections des clochards, des mégots des clients des boutiques , et de tout ce qu'on voudra. Cela fait des années que la propreté à Paris a été à peu près abandonnée. M. Delanoë, Maire honoraire, l'a constaté dès la fin de son mandat : "Je trouve Paris très sale" !  Le cynisme, il n'y a que cela de vrai.

Payer des impôts monstrueux, subir les dysfonctionnements continuels des molochs étatiques,  vivre "dans la m…" au milieu des clodos et des délinquants de tout poil !

Allons ne vous plaignez pas : les vilains sont arrêtés, comme la bactérie tragique. Les désordres n'ont pas été complètement réparés mais dans quelques semaines peut-être…  et votre enfant finira par savoir lire et écrire si l'enseignante n'est pas adepte de la méthode globale, interdite mais pratiquée malgré tout par des débiles mentales, et que vous y mettiez personnellement. "Do it yourself" est le slogan de l'époque.  Peut-être même que la Banque de France ne vous mettra pas au fichier des incidents de paiement. Ce n'est pas joué mais avec un peu de patience !

- "C'est la banque . Ah oui, on a oublié de vous dire : on a cassé votre placement d'épargne pour payer la facture EDF".

-  "Sans me le dire ?"

- "On a le droit Madame".

La banque a tous les droits : ruiner le pays par des placements indécents et tripoter vos comptes.

L'ennui c'est que ce vieux placement connait une plus value de 200%. Cela rentrera dans le revenu de l'année d'après et le revenu exceptionnel passera  dans la tranche maximale. 45+15.5, 60.5% d'impôt sur la plus value ! Salaud de riche !  

Comment oserait-on se plaindre ? Avoir perdu le tiers de son revenu disponible, la moitié de son épargne et un peu de son temps, n'est finalement rien. L'œil a été sauvé (de peu et dans quelles conditions !)  et cela seul compte.

Ce qu'il permet de voir n'est pas terrible.

Quel effondrement ! Que reste-t-il de la France sinon une trame usée jusqu'à la corde et qui menace de céder ?

Quo non descendat ?

Pantalonnade

"À l'origine, une pantalonnade désigne un canevas d'improvisation centré sur le personnage de Pantalon, célèbre Géronte de commedia dell'arte aux comportements ridicules1.

Un fait public, comme la visite d'un officiel, un spectacle de théâtre ou un film est traité péjorativement de pantalonnade lorsque son traitement, outrancièrement expressif, ne domine qu'imparfaitement ses effets et bascule dans l'exagération bouffonne, grotesque ou même macabre au détriment du ressenti et de la crédibilité du jeu. Contrairement au cabotinage, la pantalonnade est généralement un résultat collectif. Elle découle donc plus directement du script que d'initiatives venues des acteurs. C'est donc habituellement la direction d'acteurs qui est la vraie responsable d'une pantalonnade, bien que fort souvent ce soient les acteurs et les actrices qui en prennent directement le discrédit."  Wikipédia.

Que dire d'autre de la prestation de M. Valls 2 ?

Le scénariste pense élection présidentielle. Il calcule qu'il aura couvert tout le terrain de la démagogie ne laissant pas une herbe à brouter à son futur adversaire. Tout le champ du "sociétalisme" a été  soigneusement labouré. C'est le sens du maintien de Mme Taubira et Belkacem. Tout le champ du socialisme fiscal a été ensemencé avec des mesures qui liquident radicalement les Français aisés. Pour le reste, il suffit de se garantir. Deux moyens traditionnels : L'achat de vote ; le bouc émissaire. Après la frénésie fiscale, l'annonce avait déjà été faite qu'on redonnerait de l'argent aux classes qui votent. On commence. Des milliards pour des millions de votants. Le Medef et l'Union Européenne seront les boucs émissaires. C'était à eux de faire le travail. Si cela n'a pas été fait, ce n'est pas faute d'avoir crier dans les couloirs de Bruxelles  ni d'avoir fait des cadeaux aux entrepreneurs. Et surtout ne rien faire d'autre. Ne pas toucher aux fonctionnaires. Ne pas toucher à la dépense publique. Ne rien réformer, tout en tenant le terrain avec des mesures ruineuses touchant des minorités.  Les notaires, les vendeurs de lunettes, les huissiers, ... Quel impact électoral ? NUl ? On peut y aller. Cela laissera croire qu'on réforme. Les taxis, gare, ils peuvent faire du tort.

Lors des prochaines élections présidentielles Pantalon aura un langage, une défense. L'important c'est de pouvoir montrer que l'adversaire aurait été pire que lui. Ah ! Quelle chance si "Naboleon" pouvait revenir ! Il y a de quoi le faire judiciairement frétiller jusqu'au jour du scrutin. Il cristallisera à nouveau les tensions. Son équation personnelle a une pente négative. Pantalon redressera sa courbe d'autant en comparaison.

Et la France dans tout cela ?

Quelle France ?

 

Trois drames en cours.

Mugabe, sinistre vieillard, ancienne icône de la gauche conscientisée, et tyranneau sanguinaire, avait déjà défrayé la chronique en assassinant quelques blancs, en en volant quelques milliers d'autres, en créant les conditions d'une famine et en prenant la responsabilité de la dernière hyper inflation connue. Il vient de passer un contrat avec une société israélienne pour truquer les élections bidons qui donnent une apparence de légitimité à son pouvoir absolu. Ce contrat a été payé "rubis sur l'ongle"… en diamants volés. Le système monétaire international progresse.

Il est vrai qu'en Namibie, un exemple de démocratie à l'occidentale, la petite oligarchie formée au carrefour du tribalisme et du capitalisme entend bien désormais éviter les inconvénients de l'anarchie créative associée au libéralisme politique et économique. Son gouvernement vient de demander à la Chine, le pays bien connu des droits de l'homme, de construire son nouveau régime juridique. La Chine veut s'emparer des ressources de l'Afrique en utilisant les excédents majeurs de devises fortes accumulées grâce aux défauts du système monétaire international et qui représentent un multiple du PIB de nombreux pays africains. Pour cela elle est prête à rendre des services, comme celui de supprimer la démocratie. Le système monétaire qui a permis cela est sûrement parfait.

Puisqu'on parle de la Chine, notons qu'elle vient de passer avec l'Argentine des accords  bilatéraux à dimension monétaire, économique et politique marquée. On sait qu'une bizarrerie fait qu'un "hedge fund" qui avait racheté à bas prix de la dette argentine entend désormais se faire rembourser et a obtenu d'un juge américain une condamnation du gouvernement argentin à se faire. On se rappelle que l'Argentine, détruite par un péronisme irresponsable (il fallait éviter Evita !), avait tenté de s'en sortir en créant un "currency board", où sa monnaie était strictement liée à la monnaie américaine alors que le système mondial était fondé sur le change flottant.  Ce système aurait pu fonctionner dans un régime de changes fixes mais ajustables. Dans un système de changes flottants, la hausse verticale du dollar à la fin des années 1990 avait mis à l'arrêt les exportations argentines et brésiliennes. Le Brésil avait craqué le premier, dévaluant fortement sa monnaie, le Real. L'Argentine, dont le Brésil était le principal partenaire, s'était retrouvée à sec de devises donc en état de déflation monétaire radicale. Le "currency board" avait explosé et les créanciers de l'Argentine furent ruinés.  Voilà donc la Chine qui crée des accords de swap avec ce pays privé désormais d'accès au marché international des capitaux. Elle fournira des dollars à l'Argentine en contrepartie de quoi ? Ben heu ! On ne sait pas trop. L'explication publique : nourrir la Chine grâce aux exportations du "campo". Elle pouvait le faire en achetant directement en dollar la production. Alors quoi ?  Evidemment, le but est de sortir une partie des ressources de l'Argentine du "marché" pour le réserver à la Chine. Le système monétaire qui a permis cela est sûrement parfait.

Ces trois exemples sont pris dans le même numéro du Temps, journal suisse dont on ne dira jamais assez la qualité, du moins le lundi, jour des articles sur la finance et l'économie. Pour l'observateur le moins averti, ces signes témoignent que le système monétaire des changes flottants est non seulement responsable de la grande crise de la dette que nous connaissons mais destructeur de toutes les valeurs de liberté qui ont été portées par l'Occident.

On dira : vous exagérez l'exemplarité du Zimbabwe, de la Namibie et de l'Argentine ! Tout cela est du détail, et concerne des pays sans importance.

Tout de même. La Rhodésie était la Suisse du continent africain. L'Argentine est restée longtemps le symbole même de la richesse. La Namibie était le rare exemple d'une démocratie réussie en Afrique.  Avoir permis à une dictature communiste de capter les réserves de devises mondiales et l'industrie occidentale pour la laisser pourrir toutes les situations, ou autoriser un pays qui se réclame des valeurs occidentales, et vit du support américain, à pratiquer des transactions en diamants à finalité douteuse avec une dictature africaine caricaturale, sont la preuve d'un désordre international total.

Quand il n'ya plus d'ordre monétaire, il n'y a plus d'ordre politique. C'est une des lois de l'histoire.

La France au bord de la falaise grecque ?

Au bord de la falaise…grecque

 

la rentrée politique  baigne  dans le vaudeville. La réputation et la crédibilité du Président de la République ont sombré définitivement, selon les spécialistes. Que cela ne fasse pas oublier qu'une tragédie économique est en train de se jouer dans l'arrière plan, au moment même où le tissu national achève de se déchirer.

L'économie française est au bord de la falaise. Valls propose de faire un grand pas en avant …

Plus rien ne bouge en France dans le domaine économique. Tous les projets sont arrêtés depuis un an. L'immobilier a plongé. L'industrie complète sa récession profonde. Les services sont en berne. L'agriculture est en danger et crie à l'aide. Le chômage crève tous les plafonds. Le Ministère des Finances vient de déclarer qu'il renonçait aux économies prévues. Aucun des engagements européens ne sera tenu. L'Europe regarde la France avec inquiétude. Si elle sombre dans la situation grecque, tout le monde en est sûr, c'est la fin de l'Euro. Alors Mario Draghi ouvre les vannes d'un Quantitative Easing qui n'ose pas dire son nom. Alors Angela Merkel grogne, mais cède. Mais plus personne ne sait comment cela va tourner. La crise était finie. La voilà de retour, plus âpre que jamais. Le bord de la falaise est là, et c'est une falaise grecque. Comme George Papandreou, Hollande hésite à plonger et se tortille.

Sarkozy et Merkel l'avait finalement poussé dans le vide.

Personne ne poussera la France dans le vide.

Mais elle peut y tomber toute seule. La procédure budgétaire est bloquée. Plus personne ne sait comment la boucler. Tout le monde sait qu'il va falloir mentir, tricher, manœuvrer l'opinion et les organismes de surveillance. La France ne peut plus payer son train de vie étatique depuis longtemps, mais en dépassant 200% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand, la dette est désormais incontrôlable. On a commencé à ruiner "les riches". Les vrais riches quittent le navire. Alors on va écraser la partie aisée de la population qui ne peut ou ne veut pas partir. Ce n'est qu'un leurre. Quand les Français aisés toussent, la France pauvre crache ses dents. Dix millions de Français à la gamelle et dans la dépendance de l'argent public sont en danger de perdre tout ou partie de leurs moyens de subsistance. On leur a livré en pâture une démagogie anti-riches. Cela ne nourrit pas. Ce qui reste de la classe ouvrière est chez Marine Le Pen. Les "sans-dents" ont des crocs politiques. En attendant les crocs de boucher ?

La question se déplace désormais de l'économique vers le national. La posture électoraliste de François Hollande était d'affirmer que les riches paieraient. Le mensonge se retourne contre le démagogue. Tout le monde paie et durement, dans son patrimoine mais aussi dans sa vie. Voici ce reliquat  de président qui déclare lors d'une réunion de l'Otan, le lieu rêvé pour ce genre de déclaration, qu'il est "le président des pauvres", sans doute pour faire pendant à la caricature qu'il a faite de son concurrent comme "président des riches".  Personne ne se veut pauvre en France. Les Français ont traduit : "je suis le président de la pauvreté pour tous". Ils n'ont pas besoin d'un succédané d'abbé Pierre pour diriger le pays. Mais cela fait tellement de temps que les socialistes se comportent en curé.  Drôles de curés, toujours en chaire, rarement au sacrifice. Deux ministres fraudeurs fiscaux tenaient pour le PS la commission de lutte contre la fraude fiscale. Normal ! Où auraient-ils été mieux protégés ? Le Parti Communiste, à la Libération, s'était ainsi gonflé de nombre de collaborateurs et d'attentistes douteux. Où pouvait-on être mieux protégés que dans le parti des 50.000 fusillés avec à sa tête un mécano de chez Messerschmitt ? Alors la piétaille se révolte contre le Pape indigne. "Il faudrait le destituer" affirme dans le privé un Ministre important du gouvernement Valls.  Comme si la question de l'homme était la plus importante, voire la seule importante.

En cultivant le dégoût de l'histoire et des composantes de la nation, la gauche socialiste n'a pas créé un nouveau monde français apaisé, pur et limpide. Lors d'une réunion d'adolescents la question est posée : "que comptes-tu faire plus tard ?" Tous, absolument tous, ont déclaré qu'ils chercheraient un avenir hors de France. Tous. On annonce que les Juifs français font leur Alya par gros bataillons et sont ceux qui alimentent le plus le "retour" vers Israël. Toute la couche entreprenante est en mouvement, pas seulement celle-là. La culpabilisation des Français comme nationalistes, impérialistes, colonialistes, antisémites, racistes, sexistes, esclavagistes, et capitalistes soucieux de faire suer le burnous d'une classe ouvrière dominée, a crevé le tissu moral de la Nation. Hyper fiscalité punitive, hyper protection punitive du salarié, hyper protection déraisonnable des fonctionnaires, des personnels à statut, des femmes seules, des immigrés, des laissés pour compte, des petites mains du spectacle, etc. ont créé une situation intenable. A force de voir les Français en victimes, le socialisme larvé à la française en a fait des victimes.

Tout le monde a compris que le vol définitif des classes aisées ne changera rien à la condition de toutes ces catégories. La "stigmatisation" d'un prétendue "islamophobie" tombe à plat devant l'évidence de la barbarie du nouveau Califat constitué avec l'argent de nos amis les Cheiks gavés de rentes pétrolières et  à qui nous faisons des ponts d'or noir en France, pendant que les banlieues islamisées trafiquent et nourrissent le djihad. De Kelkal à Merah, le chemin de la défiance française n'a pas longtemps sinué.    

En Grèce, les fonctionnaires ont vu leur salaires et pensions baisser de près de 40% ! Les femmes sont hagardes. Les hommes à la rue. La salariés ? A merci. Les dockers qui restent filent doux sous la férule chinoise au port du Pirée. Partout la haine : haine de l'Albanais immigré ; haine des élites gouvernantes ; haine des armateurs ; haine de Merkel, "la nazie". Certains sites la présente nue avec une petite moustache… Des partis extrêmes sont au bord du pouvoir et de l'affrontement. Seuls des aides européennes évitent la guerre civile.

La France peut-elle suivre ce chemin là ? Non, car l'Europe n'a pas les moyens de payer ce qu'elle paie pour la Grèce. L'effondrement de la France au bas de la falaise grecque signifie la fin de l'Euro et de l'Europe.

Alors l'Europe va céder. Le triomphe de Merkel est factice. La nomination de Moscovici  la Commission en est un marqueur. L'acceptation que Draghi viole tous les principes de la Buba, dévalue l'Euro fortement,  et se lance dans le "quantitative easing" en est un autre. Le renoncement à obtenir de la France qu'elle tienne ses engagements en sera un troisième.

France en déshérence, Europe qui renie tous ses principes et viole tous ses traités, nervosité militaire dans l'ancien bloc soviétique, Russe ou Chinois, auto-destruction des nations vivant de la rente pétrolière, Etats-Unis aux abonnés absents, avec aucune réforme d'envergure du système faussé et lui aussi auto-destructeur des changes flottants.

Le pire n'est pas encore là. Mais la menace du pire est désormais crédible.

On mesure à nouveau l'incroyable erreur des deux premiers G.20 qui n'ont pas compris les causes de la crise  et ont laissé croire qu'en réaffirmant sa foi dans le système intenable mis en place à Jamaïque, il se réparerait tout seul, pourvu qu'on ouvre grand les vannes monétaires, qu'on relance à tout va, qu'on châtie les traders et les banquiers et qu'on modifie les règles comptables.   

Le seul avantage de ce désastre est dans sa pédagogie : la malfaisance du système des changes flottants et de la liberté totale des mouvements de capitaux, d'hommes et de marchandises, alors que chaque pays fait ce qu'il veut,  est désormais prouvée même si elle n'est pas encore actée. Les absurdités du système monétaire de l'Euroland ne peuvent plus guère être cachées. Le cycle ouvert par Mai 68 se referme en France. Le socialisme, même dégagé du communisme et de ses crimes, cela ne marche pas et aggrave tout. La France finit d'en faire la preuve par zéro, alors que les pays anciennement socialistes l'ont compris depuis au moins tente ans. On progresse.  

Encore faudrait-il que ces leçons soient assimilées et les corrections nécessaires appliquées. On en est loin.

Le pire n'est jamais sûr.

Mais le drapeau noir flotte sur la marmite. Les sièges de commandement sont vides. La falaise approche.



Rentrée 2014 : les Français sidérés.

L’ambiance est un sentiment fugace. Il est nécessaire de le fixer avant qu’il ne s’évapore. Les historiens sont incapables de le reconstituer et quiconque a regardé une émission de télévision cherchant à faire revivre un moment du passé qu’il a vécu ne reconnait rien de ce qu’on lui présente.

Alors pour aider l’historien qui se penchera sur cette rentrée 2014, essayons de capter les effluves du sentiment général.

D’abord et avant tout, les Français qui viennent de recevoir leur décompte final d’impôt sur le revenu 2013 n’en croient pas leurs yeux. L’augmentation est terrible pour beaucoup d'entre eux. Déjà l’année dernière il avait fallu casser la tirelire pour payer et une révolte avait fini par se produire avec les "Bonnets Rouges". Cette année les tirelires cassées ont créé des plus values intégrées dans le revenu et  les Français découvrent que la tranche haute est à 45 + 15.5 de CSG soit 60.5%. Quand ils ne paient pas le surimpôt de 5%, ce qui porte le tout à 65.5% ! Comme ils ont  utilisé les premiers  40% pour payer l’accroissement massif des impôts votés en 2012, il ne leur reste plus rien de leur épargne ! Tout est parti en deux ans.  Beaucoup découvrent qu’il faut vendre leur immobilier. Ceux qui ont voyagé cet été l’ont constaté : partout des écriteaux « à vendre ».  L’immobilier de loisir est à l’encan.  Et quand il sera vendu, gare aux plus values et aux redressements d’ISF. L’épargne de précaution se vide à gros bouillon. Les mesures de 2013 permettent à l’Etat de la voler sans scrupules. Partout des familles partent à l'étranger, soucieuses de conserver un peu de leur avoir « pour finir » ou pour aider leurs enfants. On voit cette situation curieuse où des employeurs français qui faisaient travailler des Portugais se retrouvent au Portugal  pour fuir un pays malade de son hystérie fiscale et qui annonce de nouveaux prélèvements ciblés !

M. Hollande se retrouve avec 13% d’opinions positives. C'est tellement bas que personne ne parvient à y croire. Son ancienne compagne, traitée avec plus que de la désinvolture, de la goujaterie assumée, sort en librairie un témoignage qui ne fait pas du résidant de la rue du Faubourg Saint Honoré une figure bien honorable de notre Panthéon national. Quo non descendam ?

Ce « président » a tout raté et finalement ruiné un grand nombre de Français réduits au chômage de masse ou à des changements radicaux de conditions de vie pour aucun résultat national. La contradiction entre la jouissance manifeste  qu'il montre dans l’exercice de fonctions dont il se montre indigne et le mépris public pour sa personne et sa gestion, est une dimension charnelle de cette rentrée. Elle met en cause l’institution présidentielle elle-même. Si l’élection présidentielle est un simple cadeau fait à des ambitieux sans substance, elle devient peu pertinente. L’explosion du gouvernement Valls après quelques semaines de non-fonctionnement, traduit par des couacs, des pas de clerc, des silences gênés et des rodomontades, alors que la situation économique s’effondrait, a fait ressurgir les parfums délétères de la Quatrième république. Surtout qu'à peine nommé voilà déjà un nouveau membre du gouvernement, au demeurant parfaitement inconnu, renvoyé à la régularisation de ses fraudes fiscales...

L’impotence et la négligence hollandaises ont stimulé les ambitions présidentielles dans son camp comme dans les oppositions. Mais les Français découvrent qu’ils n’ont pas de leader du niveau suffisant.  Bayrou s’est tué en soutenant Hollande. Fillon s’est tué dans sa guerre avec Copé.  Sarkozy fatigue le pays avant même d’avoir officialisé son retour politique. Les autres sont un peu jeunes. Alors le ton est au soutien de M. Juppé, dont on juge que les condamnations pénales anciennes étaient  subrogatoires, la morgue, un pêché de jeunesse et le socialisme larvé, sans grande importance, compte tenu de ce qu’on vient de vivre. Malheureusement il n’a aucun programme et, hélas, aucune plénitude de vue. Une relance de l’énarchie compassionnelle, sans la compassion, et le souvenir des plus grandes grèves que la France ait jamais connues depuis un demi-siècle s’ajouteront à l’absence totale de plan d’action  pour dissiper l’illusion Juppé. En attendant M. Juppé vit son heure de délice, un moment rare pour « Amstrad »qui en jouit intensément. Allons, tant mieux !

Une impression de vide politique s’est créée qui n’est pas gommée par les palinodies de M. Valls, chargé de tenir l’estrade par tout moyen et de priver la droite d’arguments en lui prenant sa rhétorique. Entendre chaque ministre tenir un propos symbolique de la droite la plus caricaturale sur l’immigration, l’aide aux chômeurs, les 35 heures, en même temps qu’on recrute un jeune normalien, aimant la finance  et un temps courtisé par N. Sarkozy, pour gommer des slogans (« je n’aime pas les riches" ;"mon ennemi c’est la finance") signent l'abaissement de la France dans la manœuvre politicienne de bas étage. Les Français le ressentent.  

Il est vrai que le bilan, malheureusement prévisible, de la politique imbécile suivie depuis deux ans et demi est tragique. Chômage en pleine explosion ; dettes incontrôlables ; faillites au plus haut historique ; déficits internes et externes incontrôlables ; construction en régression ; niveau de vie par personne en baisse. Ce n’est plus un bilan, c’est un avis de décès national. Surtout quand on se comporte en renégat satisfait sur tous les engagements internationaux qu’on a pris. Notamment vis-à-vis de l’Europe.

On sait bien que les penseurs politiques du gouvernement ont préparé quelque chose et que la contre offensive va avoir lieu, probablement avec de nouvelles annonces chocs. Après avoir provoqué la droite avec la promotion de Mme Belkacem, promenée comme un toutou par le chef du gouvernement et la maintien de Mme Taubira, qui catalyse de nombreux rejets, et la gauche avec les boniments sur le social libéralisme, il est probable que la présidence a concocté un plan pour éviter que le débat budgétaire ne tourne à nouveau à la révolte et noyer le poisson. Attendons un peu pour savoir ce que les "spin doctors" ont imaginé. Il est toujours plus facile de remonter quand on a touché le fond.

Parlons de l'Europe .

La comédie européenne se déroule sous les yeux de spectateurs taiseux mais faussement impavides. On a changé de femme au « ministère des affaires étrangères européennes » (sic). La sortante était décidemment trop moche. Alors on a casé une jeune blonde. De toute façon, elle n’a aucune importance, les gouvernements européens étant en désaccord à peu près sur tout et n’ayant aucunement la volonté de mettre en commun des moyens militaires conséquents. Les Pays-Bas ont même poussé le chic jusqu’à supprimer leur armée, se contentant de loger de minuscules unités dans celle des autres !  Un Président européen et surtout polonais remplace le rompu Rompuy. Il n’y avait pas grand-chose à remplacer. On est heureux que des postes soient pourvus mais personne ne sait pour quelle politique ont été choisies les nouvelles éminences. C’est toute la beauté de l’Union Européenne. On élit des députés sans programme. On nomme des dirigeants sans feuille de route.    En attendant, comme l’affiche en première page The Economist, l’Europe sombre.

Au niveau mondial on découvre que le prix Nobel de la Paix, Obama, a abandonné le terrain. Partout des puissances néocoloniales exercent leur pression sans pitié ni réserve. La Russie veut recoloniser l’Ukraine de l’Est, en attendant de reprendre l’Ukraine de l’Ouest. Les imbéciles croient que les Ukrainiens sont des Russes et quand ils ne le sont pas, de vils fascistes : 75 ans de propagande soviétique jamais contredite en France, cela  crée des habitudes. La Chine réprime violemment les révoltes au Tibet et dans ses marges. Elle rétablit totalement son emprise sur Hong Kong. Israël étend ses colonies. Pendant ce temps là la folie djihadiste embrase les pays musulmans avec une sauvagerie médiévale.

La gouvernance économique mondiale est au point mort.  La présidente du FMI est mise en examen.  Les causes de la crise et l’étude sereine des moyens d’en sortir, eux, n’ont toujours pas été mises à l’examen.  Chacun fait ce qui veut et ce n’est pas la réunion au « trou du fils de Jacques » (la trop symbolique ville de Jackson Hole) des gouverneurs de banque centrale qui aura fait progresser quoi que ce soit. Croire que les banques centrales peuvent résoudre, à elles seules, les difficultés  du moment, fait partie de ces erreurs récurrentes qui pourrissent l’esprit des économistes et des politiques. Les banques centrales sont comme les psychanalystes : elles ne peuvent guérir que les maladies qu’elles provoquent. Et encore, avec difficulté. La vérité est que le monde est en croissance très faible sans réelle reprise des  échanges internationaux ou de mouvements de capitaux raisonnables. La panique reste la règle. Jouer avec le feu n’est pas investir. Alors diminuer le taux d'intérêt de la BCE à quasi zéro (moins que l'inflation) sera sans doute un coup pour rien. Quand l'économie réelle est à 100 et les dettes à 400, le taux d'intérêt ne sert qu'à faire survivre les spéculations anciennes et à en nourrir de nouvelles. 

Reste la parole des économistes officiels. Comme toujours elle est indigente, et stimule l’indigence des notables.

Le CAE a voulu faire sensation avec un rapport apocalyptique sur la baisse de la productivité conduisant à une France définitivement en faillite. La productivité est un ratio. Si la croissance baisse et que le nombre d’habitants augmente, la productivité globale baisse nécessairement. La productivité globale n’est pas la somme des capacités potentielles de productivité. Ce n’est pas un agrégat, seulement un rapport. La vraie question est de comprendre pourquoi :

-          Le trend baisse régulièrement  à chaque décennie depuis 1971

-          Chaque crise périodique est plus forte

-          L’endettement  global qui baissait depuis 1944 a commencé à augmenter à partir de 1972 et a atteint des niveaux intenables.

Cela n'a strictement rien à voir avec la productivité potentielle.

Ces éminents économistes n’ayant jamais posé la question et n’ayant pas prévu la crise de 2007-20xx se contentent de gloser sur des apparences.

L’informatique a eu des effets sur la productivité absolument majeurs  Pour avoir chevaucher ce courant pendant 40 ans, je crois pouvoir l’affirmer avec des exemples particulièrement significatifs.

Plus généralement, jamais n’a-t-on vu à travers le monde autant de gens travailler à tant de nouveaux produits, et ouvrir autant de nouveaux marchés.

L’agriculture a connu des progrès de productivité absolument gigantesques. Il n’empêche qu’en Union Soviétique, on n’ a jamais pu nourrir la population. Ce n’était pas une question d’absence d’outils de productivité mais d’organisation défectueuse. Le potentiel de productivité est illimité et croire que cela va s’arrêter est absurde.  Croire que la productivité ne produit des gains qu’au profit d’une toute petite minorité est également absurde. Les beaux esprits imaginent que la richesse ne « cascadera » plus du haut vers le bas. Ils n’en donnent jamais la preuve. Ce sont de simples affirmations. Toutes les grandes crises ont stimulé ce genre de commentaires sans fondement.

L’Expansion recense les suggestions faites pour sortir de la crise française et les mauvaises idées. La lecture n’est pas consternante. Tout le monde a un peu raison, sauf quelques déraisons militantes. Mais personne ne sait comment appliquer ne serait-ce que le millième des mesures proposées. Personne ne parle de l’essentiel : la France ne peut pas s’en sortir seule et l’économie mondiale et européenne ne peuvent pas repartir sans réorganisations profondes.

M. Fillon a parfaitement raison : il faut bien baisser la dépense publique en reformatant l’Etat français, transférer sur la TVA les mesures de solidarité qui dépendent  de la nation  toute entière, rendre à la négociation dans les entreprises le temps de travail et les autres questions d’organisation sociale. La réduction du nombre des régions en soi n’apporte rien de convaincant, c’est vrai. Il faut bien éliminer un échelon. 

M. Peyrelevade veut réformer la Constitution pour éliminer certains blocages. Il a bien raison même si on pourrait lui suggérer d’autres articles à modifier que ceux qu’ils proposent. Il n’a pas tort d’affirmer qu’utiliser le CICE à augmenter les salaires n’améliorera pas la compétitivité ! 

Le PDG d’Air France explique qu’il faut desserrer le nœud coulant qui étrangle la vie sociale et qu’il faut réduire les dépenses sans casser la croissance. Les vérités premières pleuvent dans le rouge tablier.

Mme Verdier-Molinié veut geler toute embauche dans les trois administrations  et renoncer à fixer une durée minimale de travail. D’accord, mais est-ce que c’est réellement suffisant ?

A Rexecode on veut dynamiter le « mille feuilles » et supprimer le tiers payant. Certes. 

Au mouvement « Nous Citoyens » on veut supprimer le motif de licenciement et interdire les emplois dits d’avenir. Il est vrai que tous les licenciements sont devenus contentieux et que les "emplois d’avenir" n’en ont pas.

Pour le Nouveau Centre, il faut revenir aux 39 heures et ne pas faire confiance à la négociation entre partenaires sociaux.

Pour un certain Piette, il suffirait de renvoyer l’essentiel des règles sociales à la négociation entre les patrons et les syndicats, sauf un petit noyau dur d’ordre public.  Et il faut arrêter de surtaxer les riches.  

Pour un certain Tétreau, il faut se garder de faire des économies sans stratégie et réformer la formation professionnelle. Ouvrez à nouveau vos rouges tabliers.

Etc. Etc.

Si on veut bien se pencher sur les questions de fond, on arrive à un plan profondément différent.

-          Il faut revenir aux changes fixes et à l’obligation d’éviter les déficits et les excédents monstrueux.

-          A l’échelon européen, faute de pouvoir casser la zone euro sans aggraver la crise et ruiner tout le monde, il faut créer un poste de chancelier chargé de la coordination économique et monétaire, avec dans sa dépendance la BCE. Il faudra bien que la BCE finance les Etats en faillite et que le change externe soit géré.

-          En France il faut reformater radicalement l’Etat, réduire le champ des gratuités, unifier, temporiser et conditionner les aides, cesser de piller le propriétaire, qu’il soit loueur immobilier ou actionnaire d’entreprise, surtout lorsqu’il est en difficulté,  et réduire les mille et une subventions qui arrosent le décor électoral.

Reformater l’Etat ne consiste pas seulement à réduire le budget militaire au point que les missions de défense ne peuvent plus être assurées pas plus que la présence de la France dans le monde.

Il faut tailler dans le vif aussi ailleurs, c'est-à-dire supprimer des missions actuellement financées sur fonds publics. Un exemple : supprimer les Frac ; interdire les subventions à des projets à l’étranger aux collectivités locales ; fusionner d’autorité des institutions ayant le même objet ; fusionner des subventions ayant des objets proches. Il y a 500 à 600 thèmes de ce genre à analyser. Tant qu’un candidat n’aura pas listé les missions trop coûteuses en l’Etat de nos finances, il ne se passera rien. D’autre part il faut empêcher les statuts qui interdisent toute reconfiguration de l’organisation de l’Etat. Le statut de fonctionnaire devrait être réservé aux fonctions de catégorie A. Tout le reste doit être contractualisé.

Dans la santé, la vraie question est celle du petit risque et du champ de la gratuité. La question de l’unification du système de retraite autour d’un système à point, avec départ général à 67 ans et un minimum d’années de cotisation est difficilement évitable. 

On voit bien qu’aux trois niveaux mondial, européen et national, ces réformes sont impossibles.

Les Etats-Unis ne veulent pas revenir aux changes fixes et imposer la fin des excédents et des déficits grotesques.

L’Europe se ridiculise et ne veut pas faire autre chose que semblant.

Le gouvernement Valls fait de la politique en essayant de priver l’opposition de programme. Mais la gabegie continue dans le détail. Celle du jour : on aidera aux études supérieures même les mauvais élèves. La condition de mérite est supprimée. Les palinodies politiciennes continueront jusqu’aux prochaines élections présidentielles en dépit du désastre général constaté, sans aucune vraie réforme sinon d’apparence.

Le citoyen aura l’impression justifiée que ceux qui font de la politique ne veulent qu’assurer leur petit avenir personnel en manipulant l’opinion. Son mépris ne fera que grandir à proportion de la diminution de son avoir.

Actuellement à droite on espère en Juppé. A gauche dans le succès d’une politique de droite menée par Valls et quelques gros coups de bluffs lancés par Hollande à la mi septembre. C'est-à-dire qu’on se cache une dernière fois derrière son doigt.

Cette rentrée 2014 est sans doute le dernier instant où le Français aura cru que la France pouvait s’en sortir. La France dopée de l’après guerre qui s’était remise au travail et avait commencé à rattraper ses retards est désormais définitivement cassée. Il aura fallu quarante ans, ce qui prouve la résilience française.  

Le temps de la résignation au pire et du chagrin national s'installe insidieusement. On peut craindre que les nouvelles manœuvres qui vont se dévoiler dans quelques semaines ne modifient pas cet état d'âme dépressif.

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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