Le Club Périclès et les « cent premiers jours »

Ces références aux Grecs du Vème siècle av. JC ont quelques choses de réconfortant. On en revient toujours à l’essentiel : les bonnes réformes sous le soleil brillant de la sagesse. Bien sûr, on ne peut les faire que dans la foulée d’un grand succès électoral. La fenêtre des cents jours où on peut agir est une de nos idées forces qui traversent le temps. A croire que la démocratie ne peut fonctionner que cent jours. Après ? On ne sait trop comment juguler les forces de rappel qui noient toute volonté d’agir.

Va donc pour ce club Périclès et regardons son programme de cent jours.

« Notre monde n’est plus celui de 1935 ». Toujours cette notion de mutation à la quelle il faut s’adapter.

« Il ne faut pas nous laisser imposer une parité monétaire qui serait préjudiciable au développement de son économie ».

« L’allégement des charges  pesant sur les entreprises, une plus grande flexibilité de l’emploi, permettront à notre appareil productif de se reconstituer ». « Il faut diminuer les prélèvements sociaux  dans un délai de 5 ans »

« Nous restaurerons la confiance ».

« Les travailleurs immigrés, sans être racistes ou xénophobes, posent un réel problème ». Plusieurs millions d’étrangers ont des cultures incompatibles « avec le fonds gaulois » et posent donc un problème d’intégration insoluble.

« Réduire le chômage, le nouveau gouvernement ne pourra se dérober à cette impérieuse exigence de l’opinion ». « Une chose est certaine aujourd’hui : il n’y a pas de réponse socialiste au chômage ». Dans les 100 jours il lui faut sinon obtenir des résultats  du moins accomplir des gestes significatifs ». Le premier est de « libérer l’économie ». Le second est de libérer l’immobilier « particulièrement frappé  par les décisions erronées du gouvernement socialiste ». Le troisième est l’apport de l’état au soutien de l’emploi. « Pendant trois ans il prend en charge pour toute création nette d’emplois une partie de la cotisation patronale ». En quatrième, il faut un choc de simplification. « L’industrie est freinée par l’étendue et la superposition des règlementations ». Il faut convier les partenaires  sociaux à une conférence sur « l’assouplissement des blocages à l’emploi ».

« Le temps est venu de réformer la formation professionnelle ». « L’apprentissage est la clef de l’emploi pour des dizaines de milliers de jeunes ».

« La crise économique s’est accompagnée d’un fort accroissement des prélèvements obligatoires ». « Ces taux sont parmi les plus forts des économies occidentales ». Le coût des syndicats de commune, des districts, des communautés urbaines  devra faire l’objet d’une surveillance particulière. « Pour être authentique le plafonnement des prélèvements obligatoires doit être assorti d’un plafonnement de la dette ». Il faut « mettre les collectivités locales devant leurs responsabilités ».

Les prélèvements opérés par l’imposition du revenu sont excessifs et quasiment abusifs. « Le prélèvement de l’Etat ne doit en aucun cas dépasser le montant laissé au contribuable ». Il faut supprimer l’impôt sur le capital et sur les plus value mobilière. Pour les plus values immobilières, un impôt de 10% pour les plus-values de moins de 10% est amplement suffisant. « Notre système fiscal est trop complexe et doit être simplifié ». 

« Les taxes locales doivent être perçues sur la valeur ajoutée », ce qui en fait une TVA sociale.

« Pas de déficits budgétaires : les baisses d’impôts seront gagées sur les baisses de dépenses publiques »

Il faut supprimer la garantie totale du petit risque. « Nous proposons de suppression de la garantie jusqu’à la frontière du tarif K.40 dans l’échelle des actes ».

 Les prestations familiales ont été la grande victime de la gestion socialiste. « Depuis la Libération aucun gouvernement n’avait pratiqué une politique aussi nettement anti familiale ». Nous proposons de rétablir sans aucune modulation les prestations familiales et le quotient familial. Les prestations seront simplement fiscalisées à l’Impôt sur le revenu. 

Toutes les allocations et aides sociales seront confiées au département et pas aux organismes paritaires de sécurité sociale.

Pour l’immigration, compte tenu des circonstances, est proposé :

«  Un moratoire d’un an sur l’accueil d’immigrés nouveaux ».

« Tout étranger chômeur depuis plus de trois mois est renvoyé chez lui ».

« Tout délinquant étranger est renvoyé chez lui sa peine purgée ».

« Tout est géré par le préfet et non les juges ».

La décentralisation doit être revue. « Les déboires de l’assemblée régionale corse montrent les risques ». Dans les régions « le recrutement de personnel s’effectue trop souvent sans rigueur ni méthode par la voie du copinage politique ». « Il faut éviter l’enflure du fait régional ».

Ce programme est beau comme l’antique. Il semble qu’à droite comme à gauche, on pense qu’il faille aller en ce sens.

L’ennui, c’est qu’il date de 1985 et qu’il est extrait du livre d’Yve Guéna « Les cent premier jours » (Albatros – sept 1985).

Comment expliquer que trente ans après presque jour pour jour, la vie politique se réduise à rabâcher les mêmes diagnostics et proposer les mêmes formules ?

On peut dire : c’est la faute des Français. A chaque alternance, ils imposent une coalition autour du Parti socialiste qui fiche par terre l’économie, l’immobilier, l’emploi, les allocations familiales, la sécurité et poussent aux sommets la pression fiscale et l’immigration. L’alternance d’après, il faut tout remettre en ordre pour faire face aux conséquences. 

On peut dire : c’est la faute des politiques de droite : ils ne font pas vraiment le travail  et sont incapables de liquider le socialisme en France. Chirac et le « ni-ni », succédant à Giscard le fiscaliste gouvernant au centre, puis Sarkozy-la-fausse-rupture, ont ancré l’idée qu’il n’y a rien à tirer d’une fausse droite qui toujours frémit avant de réformer, se contentant d’une minimum de demi mesures. D’où le concours à droite des mâles propos expliquant que cette fois-ci cela va être différent, avec un Bayrou qui dit exactement le contraire, un Bertrand et un Estrosi qui font exactement le contraire, un Raffarin qui « raffarine » dans la recherche de l’union sacrée sur des thèmes ciblés,  une NKM qui joue à « plus bobo que moi tu meurs ». 

On peut dire aussi : c’est la faute aux crises cycliques, qui s’aggravent à chaque fois. Nous n’avions pas encore réussi à nous remettre de la crise de 73, que la crise de 93 nous est tombée dessus. Et la crise de 2008-2009 a été la plus terrible de tous. L’endettement il est partout, pas seulement en France. La surfiscalité, elle, étreint presque tout le monde. Le chômage est haut partout. La droite déçoit parce que c’est elle qui, à chaque fois, a pris la crise sur le coin de la figure. La gauche ne revient pas parce que les Français le veulent mais parce qu’ils se vengent de la crise en sortant les sortants.  Maintenant que le monde est pratiquement à l’arrêt avec une croissance minable, nous faisons encore pire qu’avant parce que nous avons touché un gouvernement socialiste au mauvais moment et un président démago, même s’il s’emploie à briser toutes les icônes idéologiques de gauche.

Lorsqu’on relit le texte de 1986, on note tout de même quelques différences avec la situation d’aujourd’hui.

On craignait alors le « travailleur immigré » et on pensait pouvoir domestiquer les immigrés musulmans de la seconde génération. Maintenant on s’inquiète de la seule présence de 6 millions de musulmans considérés assez généralement comme non assimilables, abusifs, violents et dont l’idéologie est bpotentiellement incompatible avec notre République et ses principes, du fait du fanatisme et de la violence intrinsèques à la religion musulmane. Et,en plus, ces drôles de Français, après avoir sifflé l’équipe de France de football black blanc beur au Stade de France, tuent des Français par dizaines aux terrasses des bistros parisiens et dans des stades, des trains ou des salles de concert. 

On croyait encore à une France qui était indépendante, souveraine et capable d’agir. Mitterrand ne l’avait pas encore réduite à quia par le Traité de Maastricht et le marché unique. Le gouvernement des juges commençait mais n’avait pas encore atteint la forme qu’il a atteinte aujourd’hui.  Les pays de l’Est n’étaient pas encore sortis du « socialisme réalisé » et on ne craignait pas l’arrivée massive de Roms quémandeurs et loustics de la Mittel Europa avec la reconstitution de taudis et des trafics moyenâgeux, ni les délocalisations massives et la concurrence de centaines de millions de travailleurs pauvres d’Asie.

Des lots d’immigrants comme on les voit maintenant auraient laissé les Français de l’époque totalement incrédules.

La situation est donc plutôt étrange.

Pour la droite, s’amuser à réciter les nouveaux « cent jours », comme il y a trente ans, est-il crédible et même simplement audible ?

Pour la gauche, croire qu’un peu sérieux économique permettra de se faire réélire sans coups férir,  comme il y a trente ans, est-il imaginable ?

Les enjeux sont beaucoup plus lourds et les pouvoirs disponibles plus limités.

Nous ne saurions trop suggérer à chaque candidat de relire le livre d’Yves Guéna. Non pas pour prendre des idées. Elles sont toutes sur la table depuis des lustres. Mais pour comprendre à quel point la répétition d’une vision étriquée quasi identique à celle d’il y a trente ans est une impasse.  

Une impasse inquiétante.

L'action du Cercle des Économistes E-toile en 2016

Les premiers intervenants de ce qui allait devenir le Cercle des économistes e-toile, ont commencé à s'exprimer avec l'arrivée des forums en 1997. Ils se sont rencontrés autour de quelques débats phares du moment et se sont trouvé d'accord sur les réponses :

- Que penser de la pétition des 1xx économistes en faveur des 35 heures ? Le plus grand mal.

- Comment s'explique la crise argentine ? Une nouvelle crise des changes flottants

- Pourquoi le délire de création monétaire ne se traduit pas dans les prix ? L'ouverture à la Chine et aux ex-pays de l'est ne permet pas d'augmenter les prix. Tout va dans l'immobilier et dans les bourses.

- Maurice Allais a-t-il raison d'annoncer une crise de 1929 renouvelée ? Oui. Mais elle n'a pas lieu maintenant. La grande crise viendra lors du futur épisode dur des crises décennales soit en 2009-2010

- Est-il vrai que la fin du travail est écrite dans le marbre des innovations techniques ? Non. Rifkin et son préfacier Rocard ont tort. Le monde créera d'ailleurs aussitôt plusieurs centaines de millions d'emplois.

- Les marchés financiers sont-ils réellement le vecteur de la bonne régulation des politiques économiques ? Non. Ils sont tenus par quelques grands intervenants et la spéculation amplifie tous les déséquilibres.

- Pourquoi le Japon sombre-t-il ? L'effondrement du dollar a ruiné l'épargne accumulée en dollar au moment des grands excédents.

- Existe-t-il une nouvelle économie dont les crises périodiques seraient définitivement bannies ? Sottise. Ce ne sont pas les stocks qui font les crises, contrairement aux facilités du cours de Samuelson mais les crédits bancaires en excès.

- L'Euro présente-t-il un danger et lequel ? Oui. On ne sait pas gérer les désajustements de productivité autrement que par la déflation. L'Euro stimule le laxisme. le cocktail est explosif. Un système de monnaie unique est contradictoire avec un système global de monnaies flottantes.

- Vivra-t-on le bug de l'an 2000. Non. C'est de la foutaise. Réécrire des fichiers du fait de changement de formats de données est la base de la programmation évolutive.

 - L'abandon des disciplines de balances de paiement notamment par la Chine et les Etats-Unis est-il bénéfique pour la prospérité ? Non. Les déficits sont recyclés et font monter le taux des dettes globales.

- L'abandon de toutes restrictions bancaires annonce-t-il un monde meilleur ? Non. L'excès de crédit crée un excès de dépôts et réciproquement. Sans contrôle on va vers le n'importe quoi généralisé.

- L'étouffement de type marxiste et trotskiste des relations entre patrons et ouvriers, propriétaires et locataires, clients et entreprises, mène-t-il à un mieux ? Ces cadenas portent en eux l'étouffement de l'économie tout entière.

- La décentralisation et le gonflement des effectifs régionaux sont-ils une bonne chose ? Une catastrophe. Il y a création nette d'emplois sans productivité..

- À quoi tient le gonflement indéfini de la dette globale ? Aux excédents et aux déficits monstrueux de certains pays qui impliquent recyclage monétaire permanent et un gonflement absurde des crédits.

- La crise de 98 est-elle "la crise des pays émergents" ? Non une crise du dollar flottant.

Sur toutes ces questions nous avons remis en cause les explications dominantes qui nous paraissaient totalement fausses. Quand on en trouvait. Les analyses que nous jugions les plus intéressantes étaient en général TOTALEMENT absentes des médias.

Quand on se penche à nouveau sur ces analyses de 1997 à 2000, il nous semble qu'elles ont toutes été validées par les faits. La suite a levé les doutes possibles sur leur pertinence.

On voit cette semaine même la question des 35 heures rebondir alors que les méfaits de la mesure ne sont même plus en discussion depuis l'effondrement relatif des échanges entre Allemagne et France depuis 2000.

L'étouffement trotskiste des relations sociales est également remis à l'ordre du jour du fait de ces méfaits. Mais les sottises de même inspiration de Mme Duflot dans le logement ne datent pas de très longtemps. Certains vivent encore sur l'idée qu'il faut tuer le renard libre dans le poulailler bunkerisé.

Personne dans les partis de droite et de gauche ne remet en cause de façon concrète le système monétaire international ni les mécanismes dépressionnistes de la zone euro.

On voit refleurir toutes les théories absurdes sur la fin du travail, à peu près aussi intelligentes que les théories récentes sur le pétrole à $600 le baril.

Bref le caractère manifeste des faits et de leur explication n'a qu'une influence modeste sur les esprits, tant est forte la prégnance des habitudes, des idéologies et des intérêts. Et de l'ignorance.

À partir de 2006, la montée vers la grande récession mondiale, l'étouffement de la France par le "ni ni", et le dérèglement progressif de la zone euro, après l'échec du référendum constitutionnel, offraient des axes nouveaux d'analyse, surtout dans la perspective des élections présidentielles de 2007.

Pour la première fois nous sommes intervenus directement auprès des candidats par écrit ou par lettre ouverte.

Nous paraissait dément le fait que la grosse crise arrivait sans que personne ne semble s'en rendre compte. Nous ne nous sommes pas beaucoup préoccupés du programme de Mme Royal, tant cette candidature était vouée à l'échec dès le départ. Le terrible affaiblissement du pays du fait de la politique DSK-Jospin nous paraissait de toute façon exclure une option socialiste à ce moment.

Le dépouillement du programme Bayrou montrait une vacuité étonnante. Sur tous les sujets, la réponse était la même : ils sont nuls ; quand ce sera nous, on saura faire parce que nous sommes les bons. Faire quoi ? Mystère. Le retour de la proportionnelle dans un régime présidentiel devait permettre à lui tout seul de mettre les meilleurs au boulot de façon unie et tout irait bien. Ce faux programme reste le leitmotiv de cette mini-mouvance.

Le programme de "rupture" de Nicolas Sarkozy était, lui, grevé d'une illusion dramatique : il ne prévoyait pas la récession qui allait gâcher la fête et les belles paroles annonçant une hausse phénoménale de la prospérité grâce à la libération des énergies. Nous l'avons, lui et ses équipes, lourdement averti de cette illusion dangereuse. Sans réponse, nous avons publié une lettre ouverte. Des fractions de ce texte ont longtemps été disponibles sur le forum du Monde. Absolument personne ne voulait voir venir la crise et personne n'envisageait qu'elle puisse avoir la moindre ampleur. La rupture annoncée par Sarkozy n'a jamais eu lieu, Sarkozy préférant préparer sa réélection plutôt que d'appliquer un réel programme de redressement. Une suite continuelle de demi-mesures, avec autant de concessions à la gauche pour se ménager un exercice électoral au centre la fois suivante, ne fait pas une politique. Surtout quand tout s'effondre et qu'il faut se précipiter les mains vides dans les jupes de Mme Merkel.

L'expérience était intéressante du fait de l'inconscience. générale initiale et aussi du détournement des institutions par des candidats en fait peu dignes de la fonction. La jouissance personnelle et l'absence à peu près totale de souci des mesures efficaces et des diagnostics utiles sont les deux mamelles de la présidence de 5 ans.

Nous avons ouvert ce blog parce que les forums disparaissaient, et surtout leurs archives. Ce qui ne permettait plus de mettre avec soi les analyses passées et leur débouché ultérieur. Il est important d'annoncer des conséquences et de vérifier si elles sont bien celles prévues. Pour simplement faire avancer la pertinence et évidemment pas la gloriole d'avoir eu raison avant les autres.

Les 450 articles publiés de 2008 à 2012, n'ont eu pour but que d'annoncer la crise et de l'expliquer tout en jugeant les politiques menées pour sortir de la récession. À chaque fois que nous avons annoncé en détail les conséquences le plus souvent mauvaises de mesures prises sans rapport avec un bon diagnostic de la situation, elles ont été confirmées par les faits ultérieurs.

Et nous sommes arrivés aux élections présidentielles de 2012. Elles ont été un exercice politicien assez abject. Non, le mot n'est pas trop fort. Nous lavons dénoncé violemment la dérive en son temps. Elles ne préparaient rien de bon et nous eûmes le pire. Comme Sarkozy, Hollande n'a dirigé qu'en fonction d'une stratégie de jouissance personnelle et de réélection sans aucun intérêt pour le pays.

Les élections actuelles ont un nouvel intérêt, tant on a touché le fond. Le monde des changes en folie avec des récessions partout alors qu'on devait connaître une formidable croissance ; une Europe de l'Euro étouffée par la liberté absolue des mouvements de personnes et incapables de contrôler la liberté totale de mouvements de capitaux. Une France totalement encalminée dans le chômage, la dépense publique, les impôts et la dette, incapable de la moindre réforme, sauf dans les mots.

Les médias s'intéressent uniquement aux chances de l'actuel et de l'ancien président, alors que leur réélection n'aurait aucun sens national. Ils ont tellement fait l'inverse de ce qu'ils avaient dit que tous les autres jurent de tenir leurs engagements, même les plus durs qui supposent des affrontements durs avec des maîtres chanteurs embossés depuis longtemps dans la République. En vérité aucune vraie direction ne se dégage. Parce qu'un langage de vérité est un obstacle majeur à l'élection.

Oui, il va falloir revenir sur la gratuité totale du petit risque, un gaspillage phénoménal. Qui en parle ? Personne. Si on ne le fait pas la possibilité de contenir la dépense par le simple rationnement de l'offre sera la mort de la médecine.

Oui, il va falloir revenir sur le statut des fonctionnaires hors catégorie A. Tous les professionnels doivent devenir des contractuels. Qui le dit ?

Oui, il va falloir réduire le champ d'action de l'action publique. Qui dit où l'Etat cessera d'intervenir et comment ?

Oui, il va falloir fixer un système unifié d'aides provisoires, diversifiées mais plafonnées pour les personnes en difficulté. Afin d'éviter les cumuls d'aides enchevêtrées et leur conservation ad vitam aeternam une fois obtenues. Guichet unique et panoplie d'aides temporaires, avec une distribution sous contrôle direct des élus régionaux et publicité des aides. On ne parle que d'un revenu garanti d'existence ouvert au monde entier !

Oui, il va falloir mettre en place un système d'aide aux personnes licenciées qui ne soient pas une véritable incitation à se mettre au chômage. Le licenciement négocié actuel signifie que l'Etat assume la conséquence du choix volontaire du salarié et de son entreprise de le faire cracher au bassinet. Avec trois ans de subventions et un an d'indemnité, cela fait quatre ans sans travailler et sans pertes de revenus. Franchement, est-ce raisonnable de ne pas exercer son droit au chômage ?

Oui, il va falloir toucher au GVT pour les fonctionnaires. Plus de glissement automatique des salaires mais des mesures individuelles, comme partout dans le privé. Aie !

Oui, il va falloir liquider des abus flagrants : intermittents au statut fou, EDF GDF, contrôleurs aériens, régimes spéciaux de retraite, dockers, ouvriers du livre. Qui en a envie, vraiment, sur chacune des cases de l'échiquier politique ?

Oui, il va falloir changer le statut de la haute fonction publique pour que la retraite soit comptée prorata temporis et non plus comme élément de statut. Qui le propose ?

Oui il va falloir interdire à la fonction publique de se faire élire dans des assemblées qui gèrent leur rémunération et conditions de travail. Qui l'annonce ?

Oui il va falloir interdire les cumuls de rémunération dans le secteur public. Qui en parle ?

Etc.

Sans une vision globale des problèmes qui nous accablent, impossible de faire autre chose que de lister des mesures impopulaires que l'on se sait incapable de mettre en œuvre.

Et que faire de la dette ? Là c'est le grand silence. Elle n'est tenable que si les taux d'intérêt sont négatifs comme actuellement. Donc nous dépendons des autres. Quelle est notre politique économique internationale ? Elle n'est définie nulle part, par personne.

On espère simplement que Draghi voudra bien continuer.

Quelles réformes de la zone Euro ? Silence. Quelles réformes du système monétaire international ? Silence.

L'observateur voit arriver la crise décennale "molle" qui suit les récessions dures. Elle mérite d'être annoncée et comprise. L'idée même que ce genre de chose existe semble totalement étrangère aux instituts de conjoncture qui tremblent devant les "cygnes noirs" et ne voit pas le rythme régulier des marées économiques.

Les questions internationales de fond seront éliminées du match des prétendants, comme il l'est généralement des médias qui mettent surtout en valeur les émotions provoquées par tels ou tels événements, sans jamais les expliquer. On croit décrypter alors qu'on glose.

Alors oui nous cherchons à influencer le débat présidentiel, dans sa composante économique. Non, nous ne croyons pas à une alternative "de gauche". On ne peut pas "perfectionner le socialisme" sur fond de diminution du revenu par tête de longue durée et d'affaiblissement de la natalité. Sinon on enfonce un peu plus le pays dans une situation inextricable. Nous ne croyons pas non plus à une alternative de droite qui serait simplement une potion à faire ingurgiter aux pauvres, aux fonctionnaires et aux étrangers.

Il faut une vraie politique économique et sociale, complète, qui dit les causes des difficultés, les remèdes que l'on cherche à apporter, la méthode que l'on va suivre, le bénéfice que l'on espère en tirer, dont le premier est de retrouver une parole crédible en Europe et dans le monde pour faire bouger les gouvernances qui doivent changer.

Il serait totalement faux de croire qu'une politique de redressement tenace et sévère soit si dure que cela à supporter. Travailler 40 heures avec 5 semaines de congés payés n'a rien d'indécent. Supprimer tous les systèmes abusifs pour revenir à la norme est de simple justice. Avoir une aide temporaire, plafonnée et dégressive en cas de perte d'emplois ou de difficulté sociale temporaire a été de règle en France et l'est partout ailleurs. Faire en sorte qu'un Inspecteur des finances ne touche pas une retraite pleine en revenant au bercail cinq jours avant son départ en retraite même s'il n'a travaillé que quelques années dans son poste, ne provoquera aucun drame. économique. Payer une partie des soins pour les rhumes et maladies légères est à la portée des citoyens d'un pays aussi riche que la France. Renoncer à un remboursement à 100 % du petit risque n'a rien d'antisocial quitte à traiter par exceptions les cas particuliers. Supprimer des pans entiers d'actions publiques dévoyées, comme les Frac, n'a aucune importance nationale. Fiscaliser le revenu du directeur du FMI et des agents expatriés ne serait que justice. Etc.

En jouant sur les mesures de fond et les mesures temporaires il est parfaitement possible de revenir à une situation d'excédent budgétaire primaire. Certes on ne fera baisser l'endettement public que très lentement. Mais la direction sera bonne.

Les expériences étrangères montrent que pratiquement tout le monde a été capable de revenir autour de 5 à 6 % de taux de chômage. On peut le faire sans grande difficulté technique.

En revanche on a besoin des autres pour éviter encore une crise financière dure, encore une déstabilisation d e tous les marchés financiers, encore une guerre des changes. Il est impératif d'imposer que les pays excédentaires, soit résorbent leurs excédents volontairement, soit paient une taxe de péréquation sur leurs ventes déséquilibrées à l'étranger.

Il faut être clair : les Allemands doivent payer une taxe européenne à la zone Euro de 10 % à 50 % sur leurs excédents vis-à-vis des autres pays de la zone Euro. Ces sommes serviront au désendettement global. De même il faut interdire aux pays pétroliers excédentaires les opérations en capital chez nous. ils doivent équilibrer leurs recettes avec des achats de produits et de services. Pas en réemployant les sommes pour acheter notre patrimoine. C'est vrai aussi de la Chine.

Si ces actions peuvent être mises en place de façon concertée en commençant par la zone Euro, nous pouvons retrouver une phase de croissance longue. De 45 à 71 nous sommes passés d'un endettement de 400 % à 75-100 % en moyenne en Europe. Le chemin est donc déjà connu. Il suffit de suivre la piste.

Comme nous ne cessons de le répéter, nous ne croyons pas à la notion de "monde nouveau" auquel il faudrait nécessairement s'adapter, pas plus que nous croyons à la catastrophe imminente qui doit mettre fin à "l'anthropocène" dans les dix ans. Nous croyons à un environnement économique malade du fait de mauvaises structures et de mauvaises pratiques. Quand Nicolas Baverez affirme que les Français "doivent rompre avec le déni et présenter des projets ambitieux placés sous le signe de la thérapie de chox", il a raison. Quand il ajoute : "seule à même de remettre la France en mouvement , non pour une chimérique remontée du temps vers le rêve des trente glorieuses, mais afin d'épouser la marche du XXIe siècle" , il tue son discours. Supposer que les Trente Glorieuses ont été une exception et sont désormais chimériques montre qu'on en a pas compris les ressorts. Annoncer qu'il faut s'adapter à un monde qui sera nécessairement glauque tue tout espoir. Ajoutons qu'il est regrettable que Le Point ait cru bon de confier à Valérie Giscard le soin de faire la leçon aux candidats. On a déjà listé ici la somme invraisemblable d'erreurs qu'il a faites pendant son septennat dont la pire est d'avoir signé les accords de la Jamaïque. C'est gentil de constater que l'Education nationale est par terre. Mais qui a fait la réforme Haby ? Que la France est surfiscalisée. Mais qui a commencé ? Un homme qui n'a jamais connu le travail privé nous recommande de lire un livre de haut fonctionnaire, Jean Serisé, auteur de la "serisette", bien oubliée aujourd'hui, qui était le prototype même du délire bureaucratique. De qui se moque-t-on ?

Si nous rappelons que le système des changes fixes et ajustables, accompagnés de diverses mesures d'aides et de coopérations, a permis de mettre en place la sécurité sociale en Europe, malgré mille défauts et insuffisances, ce n'est pas par nostalgie du passé. Une bonne gouvernance dans de bonnes structures est la clé d'une société qui progresse socialement, ce qui est le but principal.

Cette nouvelle organisation ne sera pas l'organisation passée qui a disparu pour de bonnes raisons. Il faut créer un cadre de prospérité internationale sur des bases qui tiennent compte non pas d'une "mutation" de l'ordre des choses venant d'on ne sait où et qui nous serait tombé dessus sans que nous l'ayons vraiment voulu, mais de ce que l'on veut obtenir en s'appuyant sur des mécanismes bien connus. Des dysfonctionnements existent qui sont parfaitement compréhensibles et que l'on peut corriger.

Le "roman" politique construit autour du "changement", mais sans le risque, grâce à l'élection d'intelligents modernistes qui seraient capables de dompter les mutations, est une fantaisie de communicants ou un rêve de technocrate ivre de lui-même.

Bien sûr, l'économie n'est pas toute la politique. Notre pays être choisi comme ennemi à notre corps défendant par des puissances qui nous imposent des combats dont on se serait passé. La défense du corps social contre les agressions internes ou externes de toute nature est l'essence même du politique. Une politique de paix est nécessaire pour que l'économie prospère. La prospérité n'est pas garantie par la paix. Elle doit se construire. Dans un monde que l'on a voulu interconnecté, elle se construit à plusieurs. L'action publique doit donc associer aux efforts d'efficacité interne une diplomatie de la prospérité.

Définir les voies et moyens de cette diplomatie de la prospérité est un des thèmes qui sera récurrent sur ce blog pendant l'année 2016. Car c'est là où le vide intellectuel du débat public est le plus abyssal.

Cercle des économistes e-toile.

Que faire du privilège EDF-GDF du 1% ?

A l'époque de l'emprunt Pinay,  le gouvernement avait considéré que le "cadeau" fait aux épargnants souscripteurs de l'emprunt devait être accompagné d'une mesure symétrique vis-à-vis de la CGT. C'est comme cela qu'est né le 1% donné aimablement aux œuvres sociales de la CGT à EDF. Un achat de la paix sociale comme les politiques aiment en faire.

La suite du cadeau aux épargnants sera fort coûteuse pour le budget national et finira par tuer l'idée qu'il fallait "sucrer" les emprunts de douceurs excessives. L'emprunt amorti, l'avantage disparût pour les investisseurs.

Il eût été logique que par symétrie le 1% EDF disparaisse. " Horresco referens" ! La paix sociale à l'EDF-GDF vaut bien tous les reniements.

Pourtant, l'avantage, déjà disproportionné au départ, est devenu scandaleux sous le poids la hausse considérable du prix de l'énergie.

Pourquoi était-il disproportionné ? Parce que le 1% est un impôt sur les pauvres directement  au profit des salariés riches. Toujours pour des raisons de paix sociale et de possibilités de chantage, les salaires EDF et les avantages annexes (logement etc.) sont très élevés à EDF, quasiment les meilleurs possibles si on excepte la Banque de France

L'EDF vient d'annoncer une  baisse de 9.000  postes de travail en même temps qu'une hausse de ses tarifs.  Le corollaire est le resserrement des bénéficiaires du 1% et une augmentation de leur rente.  Cet avantage n'a aucune justification. Des esprits chagrins pourraient  même parler d'extorsion de fonds au profit d'une minorité. Même la plus socialiste des belles âmes serait bien en peine de justifier qu'on taxe les pauvres au profit des riches par le chantage au bon fonctionnement des centrales électriques.

Au moins EDF produit-il quelque chose. GDF ne produit rien. Les gaziers n'ont même pas l'excuse d'un effort redoutable de production, avec ses sujétions.

Ajoutons que les autres avantages ne sont pas minces :

- Des tarifs électriques quasiment gratuits (90% de remise).

- Les 32 heures pour une grande partie de l'effectif.

- Un départ à la retraite entre 55 et 57 ans (dans les faits 4.5 ans d'avance sur les autres) basé sur le salaire des 6 derniers mois avec une taxe spéciale la CTA  qui rapporte en moyenne 100.000 euros par salarié

- Une hausse des salaires souvent  supérieure d'environ 1% à celles  autres salaires.

On sait depuis longtemps que la gestion des œuvres sociales d'EDF a été pour le moins problématique, pour ne pas dire pénale.

Quelles sont les solutions ? On peut imaginer que la suppression pure et simple d'une injustice aussi criante  ne serait pas jugée convenable. Les Français adorent les privilèges depuis la nuit du 4 Août.  Peut-être peut-on tout de même suggérer deux mesures :

- Le plafonnement de l'avantage à sa valeur actuelle par tête, avec une formule de dépérissement progressif jusqu'à revenir à la moyenne des dotations du Comité d'entreprise des  grandes entreprises.

- Sa taxation d'une part à la CSG (15.5%) et à l'IRPP forfaitisé par exemple à 29,5%, soit un prélèvement total de 45% somme tout généreux par rapport aux excès fiscaux que nous connaissent les travailleurs indépendants.

En contrepartie, la recette fiscale serait affectée pendant tout le processus  à des baisses  sensibles bien que temporaires du coût de l'énergie pour les familles nombreuses  les moins bien pourvues.

Notons au passage que le cours de l'action EDF a légèrement baissé depuis 2011 :  il a été divisé par trois.

Tout cela est d'une beauté démocratique et d'une efficacité économique presque parfaite.

Christine Lagarde doit-elle être reconduite à la tête du FMI ?

Lorsqu'on évoque les questions de personnes au sein de grandes institutions, elles n'ont d'intérêt que dans la mesure où elles sont liées à des questions d'organisation et de conception.

Le renouvellement du poste de directeur général du FMI conduit à s'interroger sur l'institution elle-même.

Le fonds a été créé pour associer de façon organique les nations alliées dans le cadre coopératif des changes fixes et ajustables. Ce système impose aux Etats de faire attention à la valeur externe de leur monnaie et propose aux états en risque de sortie du commerce international des moyens d'y rentrer sans entraîner les autres pays dans la récession.

En un mot, les Accords de Bretton Woods associaient commerce international et monnaie, dans une optique coopérative et multilatérale de prévention des désajustements et de non-régression si un accident quelconque venait à en provoquer un. On ne voulait pas revoir la situation d'avant-guerre marquée par des dévaluations sauvages et massives, des barrières douanières, et une attitude constamment cauteleuse, sur fond de spéculation financière internationale échevelée.

Le vice constitutif des Accords de Bretton Woods était d'avoir fait du dollar le pivot du système des paiements, tout en donnant aux Etats Unis des privilèges exorbitants, comme celui du droit de veto au sein du FMI, en plus de localiser le siège du FMI à Washington. Les Etats-Unis ne pouvaient plus dévaluer par rapport à l'or. Il fallait qu'ils aient une politique très sage de maintien de la valeur du dollar par rapport à l'or. Le Benign neglect c'est-à-dire la négligence offensive et offensante l'a emporté et avec lui les Accords.

Il eut été plus sage de fixer une valeur étalon extérieure à toute nation, afin que tous les membres soient réellement à égalité et qu'aucun pays puisse payer ses déficits externes avec sa propre monnaie. De même, les délégués auraient été bien inspirés de mettre en place un système de pénalités en cas d'accumulation d'excédents majeurs de balance des paiements, comme il avait été suggéré par plusieurs économistes dont Keynes.

Nous eûmes les "Trente glorieuses" jusqu'en 1973. Puis une économie baudruche, où le taux de dettes global a grimpé continûment, où le taux de croissance a constamment fléchi, décennie après décennie et où les crises décennales sont devenues de plus en plus fortes, jusqu'à l'explosion finale.

Normal puisqu'on avait créé un non-système monétaire international basé sur le n'importe quoi et le sauve-qui-peut. Quand chacun fait ce qu'il veut quand il veut et que le meilleur gagne, il faut s'attendre à tout. L'important pour les promoteurs du non-système des changes flottants était de laisser les marchés faire le travail et fixer le cours des devises. Pour cela il fallait faire tomber toutes les barrières à la circulation des capitaux. Ce qu'on fit. Avec les résultats que l'on voit.

Une anecdote peu connue : les délégués à Bretton Woods furent sommés de libérer leur chambre d'hôtel extrêmement vite pour laisser la place à… une conférence de banquiers New Yorkais bien décidés à torpiller les Accords ! Ces banquiers avaient gagné beaucoup d'argent avant guerre en finançant les Etats. Ils craignaient de voir disparaître un pan lucratif de leurs activités si le fonds assurait la plus large partie des financements d'urgence. Ils manquèrent leur coup.

Après 1971, le bon business revînt au galop, dont le symbole est sans doute le financement de la Grèce pour diverses tricheries par Goldman Sachs autour de l'an 2000.

Dans un système où les grandes banques américaines, pour l'essentiel, ont pour objet avec quelques banques amies hors des Etats-Unis, de fixer les différents marchés, avec l'aide des banques centrales, le FMI n'a plus de rôle.

Il était convenu dès la création de l'Euro que le FMI n'avait à s'occuper ni des Etats-Unis, ni de l'Europe développée.

Dès la fin des années soixante-dix, on considérait que le FMI était une espèce de Banque mondiale au petit pied chargée d'aider les pays du tiers-monde. Il y fallait un Directeur général façon Sœur Thérésa. On eût Jacques de Larosière puis Michel Camdessus. Même cette évolution christique finit par s'étioler. On choisit des personnalités en attente de postes suprêmes dans leurs pays d'origine. Hans Kohler réussit. Rodrigo Rato et DSK échouèrent. De toute façon le poste n'avait strictement aucune importance et les statuts du FMI étaient violés tous les jours dans l'indifférence générale. Rappelons tout de même que ces statuts prévoient que les Etats membres s'engagent à n'avoir ni déficits ni excédents démesurés. Rions ensemble mes bien chers frères !

Un misogyne comme Eric Zemmour aurait pu écrire : comme le poste n'avait plus d'importance, pourquoi ne pas nommer une femme ? Christine Lagarde sera nommée parce que femme, française, parlant anglais et portant beau, sans jamais faire de l'ombre au maître américain. Un concentré de soumission et d'insignifiance, propre à rassurer tout le monde.

Le FMI sous sa férule, façon belle photo sur papier glacé, n'aura aucune idée, aucun diagnostic et aucune proposition pour réformer un merveilleux système qui avait explosé apparemment sans raison digne d'être exposé. Ludion commode et docile elle accompagnera les demandes des uns et des autres sans rechigner. Qu'elle le veuille ou non Christine Lagarde symbolise la forme de néant intellectuel que l'on reproche à des élites vues comme uniquement intéressées par leur carrière personnelle et par l'or versé indéfiniment aux heureux bénéficiaires des postes de direction des "machins" publics. Pour disposer en net et à vie des sommes dont bénéficie le directeur général du FMI, il faudrait actuellement qu'il ait accumulé dans le privé une fortune de près de 2 milliards d'euros après impôts, ce qui suppose qu'il aurait créé près de 5 milliards d'Euros de valeur dans sa vie.

Cela rend tout à fait charmant les exigences du FMI en matière d'augmentation fiscale pour les pauvres en Grèce. Jamais n'aura-t-on entendu un Directeur général du FMI proposer de payer des impôts normaux ! Faites ce que je vous dis et pas ce que je fais !

Personnellement nous sommes en faveur de l'idée que la France ait une "diplomatie de la prospérité". Les nominations aux postes de direction des grands organismes internationaux doivent entrer dans cette diplomatie. Le FMI doit être utilisé comme base de réflexion sur les défauts du système et moteur pour forger un nouveau consensus. Le sexe du candidat et ses dons en anglais ne sont pas des critères. L'important est la politique que l'on veut impulser.

Alors faut-il renouveler Mme Lagarde dans son poste ? Elle n'y postule qu'après avoir vérifié que ses chances présidentielles sont nulles en France. Elle n'a strictement aucun programme et n'a aucune consigne de la part du gouvernement français. Donc elle ne servira à rien tout en s'ajustant servilement à la politique américaine qui soutient un système désastreux. Hollande est content de ne pas avoir à affronter une femme qui a un peu de classe. Il n'a aucune politique internationale économique. Qu'elle reste à Washington ! Les Américains sont contents de sa gracieuse soumission et de son manque absolu d'initiative. Seule l'envie de lucre de quelques gros pardessus de la politique financière internationale peut la déboulonner.

Le FMI restera ce qu'il est depuis 71 : une administration tenace qui survit à la disparition de son rôle.

Alors pourquoi pas à nouveau Lagarde. Cela n'a strictement aucune importance, sinon pour son portefeuille. Et elle est française. Cocorico !

Statistiques du site

L'année 2015 devait être une année où on ne parlerait pas trop d'économie, d'abord parceque les Français sont las de "la crise", ernsuite parceque l'année devait être celle de la reprise générale grâce à "l'alignement des planètes", enfin parceque le calendrier électoral faclisait l'attention sur les questions locales. L'actualité a de plus été marquée par la campagne d'attentats menés par le fanatisme musulman, en début comme en fin d'année.  La question des migrants a achevé de porter l'attention loin de l'économie. En revanche le retour très politique de la question de la dette grecque a porté les regards vers la situation de la zone Euro. L'illusion que 2015 serait l'année de la reprise en France a fini par s'évaporer complètement en fin d'année, avec des résultats déplorables en terme d'emploi et de dette.

L'année 2015 aura été une fois de plus une année de confirmation des trois maladies du monde que nous dénonçons depuis l'ouverture de ce blog.

- La gouvernance mondiale de l'économie, basée sur les changes flottants et les attitudes non collaboratives entre nations, sans obligations d'aucune sorte sinon de participer à des réunions où on chante les beautés de la coopération sans la pratiquer, a une nouvelle montrer sa perversité. Soigner la dette par la dette ne conduit qu'à des effondrements supplémentaires de banquise de dettes. Les déséquilibres monstrueux de balances de paiements et les spéculations qu'ils permettent finissent toujours par des rectifications sanglantes.

- La zone euro est minée par son organisation inepte. L'Europe elle, est ravagée par son soucis d'abaisser les Etats en poussant les régions, son parlement qui n'a aucun sens pratique, son juridisme étroit, façon puceau mystique, sa soumission aux Etats-Unis, et les défauts insurmontables de son organisation depuis l'élargissement massif post effondrement de l'URSS.  Le soft power a montré ses limites en Ukraine. Schengen était une absurdité qui explose à la figure de tous.

- Le prurit fiscal français a encore fait des ravages liquidant tout espoir d'investissement et de croissance réelle et sérieuse. La démagogie qui règne en maîtresse exigeante à l'Elysées a fait de l'achat de vote la boussole unique de ce gouvernement. Le Président, ayant cru malin de lier sa candidature à la baisse même artificielle des chiffres du chômage, se voit obligé de monter une formidable usine à gaz pour sortir 500.000 personnes des statistiques. Une honte jamais vue, du moins à ce niveau là. L'absence de tout scrupule semble sa marque de fabrique. Un gouvernement de médiocres apparatchiks finit de se ridiculiser.

Sur tous les sujets qui nous intéresse directement, la situation s'est aggravée. Il est intéressant que les articles les plus lus sur ce site se concentrent désormais sur l'explicaton de la crise et la question de la monnaie.

La monnaie est bien au coeur de tous les phénomènes désastreux que nous vivons. Il est sympathique de voir que ce point perce de plus en plus au moins dans la blogosphère. Reste à le voir naître dans la consience des décideurs. C'est loin d'être le cas.

Au moment où se prépare les programmes électoraux présidentiels, on voit qu'aucun ne présente la moindre esquisse d'une "diplomatie de la prospérité". La France ne peut plus s'en sortir seule, même si les politiques peuvent laisser croire qu'ils sont tout puissants. Les crises sont mondiales et aggravées par des structures régionales fautives. Sans vision dans ces deux domaines, on fait semblant.

Mettre l'accent sur ce point sera un de nos travaux d'Hercule en 2016.

Bonne année à tous



Baltic index : Est-il significatif ?

On lit et on entend dans les milieux qui se croient au top de la compréhension du monde qu'il ne faut pas s'occuper du Baltic Dry Index qui ne serait pas significatif compte tenu des énormes investissements faits dans le domaine du chargement maritime, bien au delà des nécessités.

Les deux graphiques que nous donnons ci-dessous prouvent exactement le contraire. Bien sûr les indicesde prix sont plus volatils que les statistiques en volume, mais cette sensibilité ne les rend pas inutiles, bien au contraire.

Nous avions appuyé en partie en juin 2006 notre prévision qu'une crise gigantesque allait se produire justement en analysant d'une part l'énormité de la poussée des prix, absolument intenable et d'autre part sur la violence du retournement prévisible.

En début 2015, nous avions alerté que "l'alignement des planètes" qui générait à l'époque des espoirs infinis (certains écrivaient même que Hollande était un génie d'avoir prévu que la courbe du chômage allait s'inverser toute seule en 2015 lui offrant un trône pour cinq ans de plus !) était sans doute intéressant mais que l'atonie du commerce international était un signe inquiétant. Croisé avec d'autres indicateurs comme celui des prix marchands, cette évolution marquait que nous étions en plein dégonflement de l'activité de panique des Chinois qui avait animé le commerce international résiduel de ses actions de précaution vis à vis du dollar. La baisse du pétrole s'inscrivait non pas dans le cadre d'un surplus d'offre comme tous les analystes moutonniers l'affirmaient en s'appuyant sur le phénomène du schiste américain  mais d'abandon de la demande spéculative, comme pour l'ensemble des matières premières.

En un mot, 2015 était encore une année de résorption de la crise violente de 2008, dont le premier effet était, comme nous l'avons écrit dès la fin 2008, le blocage du commerce international. Les émergents n'ont connu de belles croissances post 2008 que parce que la Chine sécurisait son stock de dollar en achetant partout des vivres et des matières premières. Les Etats-Unis s'en sortaient mieux que les autres parcequ'ils payaient tout en dollars, leur monnaie émise ad libitum. L'Allemagne profitait à plein de la dévaluation de l'Euro et des déficits des autres pays de la zone euro. En un mot : le désordre post récession,  les défauts structurels du système monétaire mondial et de l'euro et la malgouvernance de certains pays clés, s'alliaient non pas pour séparer des pays vertueux et admirables  et des pays du Club Med et de l'indécence économique, mais pour générer des spasmes qu'il ne fallaient pas confondre avec des sursauts de l'économie.

Il semble en ce début d'année, que cette analyse ait été la bonne. Les spasmes continuent, avec des révisions constamment à la baisse de la croissance.

Sommes-nous entré dans la phase de récession "décennale" mondiale ? Rappelons qu'elle commence TOUJOURS par un choc boursier aux Etats-Unis. Le Dow Jones est à un niveau totalement surévalué et intenable, reflétant la trouille des investisseurs mondiaux et le repli dans la cour du château du seigneur. On y est pas tout à fait. Mais cela se rapproche.

Hélàs.

Et aucune réforme de quoi que ce soit n'est en vue. L'idée même que ces réformes soient nécessaires n'existe médiatiquement nulle part. Les deux seules réflexions en cours au FMI, qui trône sur ce désastre et manque totalement à ses devoirs, concernent le perfectionnement du système  : rendre le Yuan bien flottant, réussir le traité transatlantique sur plus de libre échange. Les Etats-Unis en restent à leur doxa : sanctionner les vilaines banques qui ont pu faire croire que le système était mauvais. Le Ru tente de sauver leur poumon financier qui respire les bulles comme d'autres la marijeanne.  Les Allemands profitent. L'Europe stagne dans la douleur et la morosité, à peine troublée par quelques farces et attrapes maghrébines, et l'aimantation des migrants. La France s'enfonce dans le chômage, les dettes et l'abaissement politicien de troisième ordre. 

Jamais le décalage entre la simple observation des faits et la réflexion publique, noationale, européenne et mondiale n'a été plus grand.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

 



In Memoriam

Nous reprenons ici un article du jour du site le figaro, simplement pour conserver les statistiques.

 

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Un an! Le chef de l'État n'a plus qu'un an pour inverser, même si ce n'est que de manière statistique, la courbe du chômage ou alors il lui faudra ruser (et mentir aux Français) pour justifier de sa candidature à l'élection présidentielle de 2017. Pour l'heure, son bilan en matière de lutte contre le chômage et de créations d'emploi est catastrophique. Surtout François Hollande fait pire en 43 mois de présidence que Nicolas Sarkozy sur l'ensemble de son quinquennat sur un certain nombre d'indicateurs clés, tous publics mais qui sont très rarement mis en avant ou en comparaison. La preuve par 5.

• Plus de chômeurs par mois

François Hollande bat Nicolas Sarkozy sur la hausse, par mois, du nombre d'inscrits en catégorie A à Pôle emploi. En moyenne depuis son élection à la présidence de la République en mai 2012, on enregistre quelque 16.351 chômeurs supplémentaires chaque mois, soit près de 3000 de plus que lorsque Nicolas Sarkozy était à l'Élysée (+13.455 chaque mois). Au rythme actuel de progression, on devrait dépasser le nombre de chômeurs supplémentaires enregistrés au cours du précédent quinquennat (+807.300 en 60 mois) à la mi-2016. Bref, François Hollande affichera un aussi mauvais bilan en 4 ans que Nicolas Sarkozy en 5, la crise mondiale de 2008 en moins.

• Plus de chômeurs de longue durée

A fin novembre 2015 (ce sont les derniers chiffres connus de Pôle emploi), le nombre de chômeurs de longue durée (sans emploi depuis plus d'un an) supplémentaires enregistrés depuis l'élection de François Hollande était de 782.500. Soit 254.700 de plus, au bout de 3,5 ans, que la hausse enregistrée pendant les cinq ans de mandat de Nicolas Sarkozy. Voilà pour le quantitatif. Il faut y ajouter le fait que ces demandeurs d'emploi sont ceux qui sont les plus éloignés du marché du travail et que leur réinsertion est la plus compliquée à mettre en œuvre. Et plus le temps passe, plus c'est compliqué! Pour eux, c'est donc une sorte de double peine…

• Plus de chômeurs seniors

Là encore, François Hollande explose les compteurs. Depuis qu'il a été élu président de la République en mai 2012, Pôle emploi compte 294.400 demandeurs d'emploi de plus de 50 ans en plus. Et ce donc, en 43 mois alors que le total atteint sous Nicolas Sarkozy, en cinq ans, n'était «que» de 253.700. Soit quelque 40.000 de moins! On comprend mieux pourquoi l'exécutif, dans ses communiqués mensuels, préfèrent ne pas parler des chômeurs seniors…

• Des baisses moins fréquentes

À fin novembre, François Hollande a 8 baisses mensuelles du chômage à son actif, dont la moitié sur les 12 derniers mois. Une performance qui, mêlée à d'autres indicateurs en tendance, permet aujourd'hui à Myriam El Khomri, comme à François Rebsamen et Michel Sapin avant elle, les trois ministres du Travail qui se sont succédés rue de Grenelle depuis le début du quinquennat, d'affirmer que la politique du gouvernement a bel et bien des résultats. En 60 mois de présidence, Nicolas Sarkozy avait totalisé 16 baisses mensuelles du chômage. Ce qui porte la fréquence des inflexions de tendance, pour l'actuel chef de l'État, à une tous les 5,3 mois et, pour son prédécesseur, à une tous les 3,75 mois.

• Plus de destructions d'emploi

Au troisième trimestre 2015, la France avait détruit pas moins de 191.000 emplois depuis l'élection de François Hollande, soit en 13 trimestres. Sur l'ensemble du quinquennat de Nicolas Sarkozy les compteurs se sont arrêtés à -255.200 emplois, soit en 20 trimestres. Ce qui porte la moyenne du nombre d'emplois détruits par trimestre à 14.692 pour l'actuel chef de l'État, contre 12.760 pour son prédécesseur. Dit autrement, le nombre de postes détruits sous François Hollande est supérieur de 2000 chaque trimestre à ce qu'il était sous Nicolas Sarkozy.

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Pour nous ce n'est pas tant la comparaison entre Sarkozy et Hollande qui compte que l'incroyable coût en emploi de la crise et des méthodes utilisées pour en sortir. Le choix fait en 2011 de la voie la plus facile (augmenter les impôts) a eu une conséquence tragique. Celui de Hollande de détruire le début de réformettes structurelles faites par son prédécesseur et de lancer une campagne de haine contre les riches , lui a valu d'emmener la France exactement dans la voie inverse des autres, avec des résultats inverses et déplorables.

Nous avions écrit ici que la campagne de 2012 avait été absolument honteuse et préfigurait le pire. Nous en avons eu la confirmation chaque année depuis 2012. Quand on élit un vulgaire démagogue, on obtient une vile démagogie. les Français, à 75% ne veulent pas revoir l'affrontement stérile de "Bidochon et Foutriquet". Ils ont raison.

Pour compléter cette courte incursion dans l'air du temps, notons que :

- Le Figaro titrait il y a moins de dix jours sur : 2016 l'année de la hausse des bourses. Et elles ont aussitôt perdu 10%.
- Déjà la foire aux vanités qu'est Davois monte en puissance dans les médias avec un thème porteur : le nouveau monde ouvert par les technologies. Faisons rêver avec le futur quand le présent est glauque. Quelle chance auront les abrutis qui paieront des fortunes pour voir et être vus : ils auront Walls, Tsipras et un représentant de la Corée du Nord. Manque que Maduro. Sur les causes de la crise, les raisons de sa durée, les réformes de gouvernance nécessaires dans la zone Euro et dans le système monétaire international, pas un mot. Bien sûr.
- C'est bien de se livrer à l'achat de vote, ce que le candidat Hollande ne cesse de faire depuis un an ; Mais il faut de plus qu'il achète la possibilité de sa candidature. Alors on lance un plan prélectoral de sortie des statistiques  de 500.000 chômeurs par inscription dans des formations bidons. Former des gens pour qu'ils constatent à al fin du cursus qu'il y a moins d'emplois offerts qu'avant est le genre de "solutions" qui font jouir les dirigeants démagogues.
- Les naissances françaises ont baissé en 2015. Comme dans les années trente la crise s'accompagne d'un déficit démographique.
- On continue à tuer des Français en 2016 comme en 2015.

Que penseront de la France, de son peuple, de sa presse et de ses dirigeants les historiens qui se pencheront sur la période ?

Ils seront sévères, très sévères.

Le Baltic dry index au plus bas historique

L'indice est à 429, son plus bas, alors qu'au plus haut il était à 11.385 !

Nous avions commencé l'année 2015 avec un fléchissement du commerce international. Il ne s'est jamais réellement rétabli et reste encore déprimé.  La baisse de tous les cours de matières premières pèsent sur tous les chiffres. Mais pas seulement. Le financement du commerce international n'est plus assuré. Dans la folie monétaire du moment, les acteurs veulent du dollar fort et fuient les autres monnaies. Même les Chinois, qui paniquent à l'idée de recevoir du Yuan et exigent d'être payés en dollars, ce qui relativise les effets de la dévaluation du Yuan sur la compétitivité de la Chine. Le recyclage des énormes excédents des pays pétroliers  n'est plus ce qu'il était.

Une fois de plus, il faut répéter qu'on ne peut pas faire passer les énormes convois de la mondialisation des produits  sur une passerelle monétaire incertaine, flottante et spéculative qui admet énormes excédents et énormes déficits. Lorsque toutes les bulles se dégonflent et lorsque la crainte emplit tous les esprits, les comportements sont faussés.2016 ne sera pas une année "normale". La panique rode partout. L'affaire de la bourse de Shanghaï n'est pas en soi une source d'inquiétude pour le monde du fait d'une dynamique éventuellement catastrophique. Elle est le symptôme d'un état du monde économique fragile où la crainte règne et que plus personne ne contrôle.

Le moteur de la croissance qu'était l'expansion du commerce international tourne au ralenti. Cela ne changera pas notablement en 2016. Huit ans après le déclenchement de la récession. Et rien ne bouge.

 

 

"C dans l’air" : l’art de commenter sans jamais expliquer

Beaucoup de journalistes font un excellent travail en présentant les faits : on trouve presque toutes les informations nécessaires à un bon diagnostic économique dans la presse. Les commentaires sont le plus souvent intelligents (pas toujours). Seulement voilà : Il manque systématiquement les schémas explicatifs. On glose, on ne perce pas à jour. On expose mais on ne décrypte pas. Le téléspectateur reste sur sa faim et ne peut rien conclure.

Prenons l’émission C dans l’air du 6 janvier 2016 : la fin ou le début de la crise ? Le sujet est excellent.  Depuis plus de deux ans, on nous explique que les meilleurs sont sortis de la crise et depuis un an, que même la France, en dépit d’un début de mandat que tout le monde s’accorde désormais à trouver catastrophique,  va s’en sortir grâce à l’alignement des planètes. Et boom : rien ne s’est passé comme prévu et la crise financière chinoise inquiète.

Bien sûr Marc Fiorentino est à l’économie ce que Pierre Bellemare est à la criminologie. Beau physique, beau parleur, il diffuse du bruit de fond avec l’assurance d’un boursicoteur de media prétendument initié. Ce qu’il dit n’a aucune importance mais permet de prendre la mesure de la sottise ambiante.  

Avec Philippe Dessertine, l’affaire est plus sérieuse. Brillant universitaire, dans le domaine de la gestion et de la finance, ce n’est pas à proprement parler un économiste. Il dirige l’IHF, l’Institut de Haute Finance.  Il est Président du Cercle de l’Entreprise, Vice-Président du Cercle Turgot et Membre du Grand Jury du Prix Turgot et participe à de nombreuses instances gouvernementales, permanentes ou occasionnelles. D’un physique avenant et d’une élocution claire, il a fait son trou dans les médias et notamment à la télévision.  Où il parle essentiellement d’économie, et non pas de droit, de comptabilité et de gestion financière, ses disciplines de référence.  On touche là une des ambiguïtés générales qui expliquent bien des dérives : certains ont fait de la « finance » une discipline à part de l’économie qui s’y serait même substituée. Les ringards feraient de l’économie,  les modernes de la finance.

Du coup notre commentateur va se trouver extrêmement gêné dès lors qu’il s’agit d’énoncer des critiques vis-à-vis des systèmes financiers mis en place dans ces dernières années et dans l’impossibilité de véritablement remettre en cause l’organisation monétaire et financière mondiale, source des crises à répétition que nous connaissons. Si la finance, c’est le bien, alors il ne faut rien dire qui fâche vraiment. Alors on présente, souvent très bien. Alors on commente, souvent avec talent. Alors on fustige, parfois avec raison. Mais on n’explique rien, surtout sur les sujets qui pourraient fâcher.

Les bourses chinoises dégringolent. La bourse, c’est de la finance. Vite inviter des spécialistes de la finance et de la bourse. On ne peut rien reprocher à Yves Calvi.  

Sur quoi ces « experts » peuvent-ils se mettre d’accord ?  Sur l’idée que nous serions dans un nouveau monde où tout est changé et où rien ne marche comme avant. Les ringards doivent se faire une raison : il faut se projeter résolument dans les nouvelles réalités en laissant tomber les vieilles peaux du siècle passé. De nouvelles lois de l’économie (qu’on ne précise pas) exigeraient qu’on abatte les vieux systèmes notamment de protection sociale et « qu’on s’engage résolument dans le XXIème siècle ». Nos malheurs viendraient non de cette modernité, bonne en soi,  mais du fait navrant que nous n’avons pas su la maîtriser.

Quels sont les mots qui reviennent ? Mutation, crise différente, changement d’époque,  on a jamais vécu çà , voyage en terre inconnue, situation paradoxale ; raisonnement du passé inadapté,  France en retard, cancre comme la France, où sévit un « amateurisme économique fabuleux », pas de pression de faire des réformes, risques pires qu’en 2007, les valeurs n’ont plus de sens, impuissance si cela part en vrille, dominos écroulés en cascade, situation tendue…

On ne peut pas plus anxiogène On culpabilise ainsi le téléspectateur à qui l’on demande de changer ses anciennes visions. On fait de la chaleur autour d’attitudes.

Mais on n’explique rien. Et finalement on ne prévoit rien. Sans diagnostic, pas de pronostic et pas non plus de thérapeutique. Cela occupe le retraité inquiet pour son bas de laine, qui de surcroît, pense qu’on le défend. C’est un genre. Rien à dire. Cela fait un peu d’audience et cela nourrit quelques familles.

Quelle est l’erreur fondamentale ? C’est de croire que l’économie est une saine réalité qui s’impose à nous  et qu’on doit affronter son nouveau cours avec courage, comme un plaisancier de rivière  devrait ajuster ses méthodes pour faire face à une tempête en mer.  En vérité, l’état de l’économie dépend des institutions et nous sommes non pas dans une économie nouvelle mais dans une économie malade.

Cette vision change tout. Les organes ne suivent pas un cours nouveau symptomatique d’une nouvelle biologie ; ils s’étiolent sous le coup de la maladie. Nous n’avons pas à nous adapter à une nouvelle vie, mais à retrouver la santé en agissant sur les causes de la maladie. Nous n’avons pas affaire à une nouvelle normalité mais aux effets anormaux d’une situation dégradée par des défectuosités gravissimes.

L’intérêt se porterait sur le diagnostic et la pertinence des intervenants serait associée à la capacité de l’exposer et de proposer des remèdes. L’affaire serait moins anxiogène et plus centrée sur les obstacles à vaincre pour que le traitement démarre.

La crise chinoise est exactement du même type que la crise allemande lorsque ses réserves abusives se sont retrouvées en danger, et que la crise du Japon quand son système bancaire a été tué par les pertes accumulées sur les créances extravagantes accumulées dans les années 80.  Il n’y a pas de loi nouvelle de l’économie mais répétition d’un mécanisme connu.  Comment a-t-on pu laisser ces excédents gigantesques s’accumuler alors qu’ils sont interdits par les statuts du FMI ? Voilà la question. Elle ne sera pas posée. Trop dangereux. Cela supposerait de revenir sur le système monétaire déviant et dangereux mis en place par soumission aux Anglo-saxons. Finies les belles carrières de journalistes conformes ; les jolies conférences aux Etats-Unis ; les nominations avantageuses.

Le merveilleux défricheur d’un monde nouveau deviendrait un ennemi de l’Amérique et de la modernité. Un attardé qui veut revenir en arrière, un dangereux qui  fait porter une responsabilité directe à des organisations puissantes jugées défaillantes ; un ennemi ! L’aimable lanceur d’alerte qui suggère à tous de courber l’échine et de s’adapter, ne peut pas se convertir en imprécateur qui veut remettre en cause des modes de fonctionnement dangereux mais rentables, à court terme,  pour quelques-uns.

Alors va pour des commentateurs à belle gueule, bonne élocution et pensées conformes ! L’air est vicié. Mais c’est dans l’air.

Anatomie du pathétique en économie

Rappelons deux chiffres français :

-          La dette « globale » telle que définie par l’Insee (très minorée tant de nombreuses obligations de payer sont ignorées) est de plus de 4.000 milliards d’euros

-          La dépense publique est de plus de 1250 milliards d’Euros

Ces deux chiffres sont à rapprocher de la valeur ajoutée des entreprises de plus de 1 personne du secteur marchand non financier : environ 1250 milliards d’euros.

L’amortissement d’une telle dette et le paiement des intérêts exigeraient d’y consacrer la totalité de la valeur ajoutée précédente.

Le paiement de la dépense publique sans endettement supplémentaire exigerait également l’engagement de la totalité de la valeur ajoutée précédente.

En plus il faudrait tout de même payer les salaires et rémunérer le capital.

L’intégralité des réflexions discutées dans la presse touche les moyens de doper la production en dépit des forces considérées comme contraires de la numérisation et du partage entre particuliers. Pourquoi pas ? Mais qu’on remarque, au moins de temps en temps, que, de toute façon, une augmentation de la production ne réglera rien, sauf à envisager un triplement, ce qui paraît tout de même incertain.

L’échec du CICE et de la politique de l’offre tient entièrement au fait que même si ce n’était pas une grossière manœuvre politicienne de F. Hollande (ce qui est l’opinion de l’auteur) elle ne peut pas avoir de résultats probants sans que tous les autres facteurs de la prospérité économique ne jouent dans un sens favorable : commerce international en hausse,  baisse de la fiscalité, baisse de la dépense publique, réduction de la dette globale etc.

Nous voyons bien que le maintien d’un système monétaire international désastreux dans le monde et dépressif en Europe provoque à la fois un détournement des ressources vers des spéculations hasardeuses qui finissent toujours par imploser, des crises boursières et de changes, conjointes et  récurrentes, ainsi qu’une très faible croissance du commerce international. Dans un tel cadre nous n’avons rien à attendre de l’extérieur. Sans croissance mondiale coordonnée, aucune baisse de la dette globale n’est possible autrement que par des « effondrements de banquises » avec tsunamis associés. Il est amusant de voir comment l’effondrement boursier chinois est minimisé dans la presse, alors qu’il a des effets sévères sur toutes les bourses. Au même moment où le Figaro annonçait en première page une année formidablement positive à venir sur les bourses, le CAC40 se retrouve à près de 4400 points. 3.800 est le signal d’un état de crise de défiance  ouverte ! On n’en est plus loin. Pour les commentateurs, ce chaos est, semble-il, suffisamment modeste pour qu’on ne le commente pas. L’affaire est purement chinoise, comme la crise de 1998 était une affaire bénigne liée aux « cronies » des pays émergents. Qui rappellera que la RFA avait accumulée d’énormes excédents pour finir par en perdre une grosse partie dans les années 70, que le Japon lui avait succédé dans l’exercice et s’était retrouvé en faillite bancaire après la crise de 92-93  et que la Chine leur a succédé avec les mêmes résultats vingt ans plus tard. Les mêmes mécanismes sont à l’œuvre. Personne ne le remarque ni n’en donne l’explication. Comme si l’histoire économique était un exercice futile.

De même, on voit le gouvernement français tout à sa tâche de perfectionner le socialisme à la française, d’abord avec la prime d’activité dont le fondement est tout de même un peu étrange, la mise sous tutelle définitive de la médecine libérale, la collectivisation de la complémentaire santé, la baisse autoritaire des loyers, l’étouffement du (théoriquement) fort au profit du (théoriquement) faible, la consolidation de la sphère protégée . Certains y verront une formidable constance dans l’amélioration de la situation des « sans dents », d’autres (dont l’auteur) du pur achat de votes en vue des présidentielles, avec « suppression » achetée à crédit et totalement artificielle de 500.000 chômeurs dont la présence interdirait au sortant de se représenter.

Les rapports « actifs payeur / subventionnés » et « actifs non protégés/actifs protégés » s’aggravent donc continûment en France depuis 2012, en même temps que les désordres monétaires et financiers internationaux interdisent  toute croissance coordonnée et rapide.

Ce qui veut dire que l’écart entre valeur ajoutée des entreprises telles que définies et besoins de financement ne cesse de se creuser, ce qui implique l’emploi d’expédients de plus en plus radicaux pour que tout n’explose pas tout de suite.

Il va de soi que l’essentiel du débat économique dans la presse devrait se concentrer sur la réforme du système monétaire international et sur la réduction programmée et cohérente de la dépense publique en France. C’est le silence total sur le premier sujet et tout le monde semble d’accord pour penser que c’est après les élections présidentielles qu’il conviendra de parler chiffres avec les Français, même si Fillon a posé en partie la question et si Juppé compte faire de même dans peu de temps. Aucun ne peut proposer « des larmes et du sang »  contre un démagogue qui non seulement a « acheté le vote des masses » mais prétendra que sa politique a  marché en terme d’emplois et que seules les entreprises sont responsables  de ne pas avoir saisi  la main fiscale bien beurrée qu’on leur a tendu.

De toute façon on ne peut pas présenter les bienfaits d’une punition sans faire entrevoir une victoire. La victoire est impossible sans réforme du système monétaire et mondial et européen. « Nous allons nous en sortir seul » est un leurre bien intentionné, même si, naturellement, beaucoup doit être fait en interne.

Coincé entre le parasitisme démagogique des candidats socialistes et populistes à la présidentielle,  et la soumission béate à la finance anglo-saxonne et aux milieux européistes, un candidat proposant une politique responsable n’a pratiquement pas  de moyens de se faire entendre.

Il est tout de même dommage que la presse se fasse le complice d’une absence tellement pathétique de réflexion économique un peu  sérieuse et se contente d’asphyxier le débat en le détournant vers des sujets secondaires, spéculatifs, et finalement sans impact.

 

Post scriptum

Trois brèves dans le Figaro du 6 janvier 2016 :

« La France a emprunté 8.161 milliards d’Euros à court terme (13 à 48 semaines) à des taux compris entre -0.38 et -0.45% ».

« La Banque populaire de Chine a injecté 18 milliards d’euros sur le marché pour enrayer la chute boursière »

« La SNCF engagera en priorité des agents au statut de cheminots ».

Elles donnent une parfaite vision de ce qui se passe aujourd’hui.

La finance mondiale et les changes sont toujours en folie, huit ans après le début de la crise. La zone Euro a besoin de taux d’emprunt négatifs pour survivre. La France se gave des poisons qui l’ont tuée.

Et on nous reproche d’être pessimistes !

Sus aux « contractionnistes » !

Ceux qui s’intéressent un peu à l’histoire économique contemporaine (ils sont très peu nombreux, surtout dans les sphères décisionnaires) se rappellent qu’en juillet 1944,  parmi les délégations présentes à la conférence de Bretton-Woods pour fixer le cadre d’un retour à la prospérité générale, la fureur s’employait contre les « contractionnistes ». Le  « contractionnisme », tel était l’ennemi.   Il imposait des restrictions aux échanges, une déflation plus ou moins sévère, des manipulations de changes, dans un esprit de sauve-qui-peut général. Donc non ! Vraiment non !

La guerre de 1914 ayant marginalisé les étalons monétaires métalliques au profit d’une monnaie de papier imprimable sans limite, le commerce international était à la merci de tous les excès, de tous les malthusianismes, de tous les à-coups nationalistes dans le domaine des monnaies. Avec comme conséquence une crise générale et durable.

Du temps de l’étalon-or, l’or restait stable et les prix locaux étaient tenus de s’ajuster, éventuellement à la baisse.  Les déflations liées à ce système étaient violentes et provoquaient des récessions sévères, en général accompagnées de mouvements de révolte populaire. La croissance globale était de ce fait assez faible : environ 1% l’an sur l’ensemble du XIXème siècle. Bien sûr, les banquiers, notamment à Londres, s’empressaient pour limiter la casse. Des opérations en capitaux permettaient de limiter les besoins d’ajustement par la déflation. 

Certains ont cru après la guerre de 14-18 qu’on pouvait d’une-part revenir à l’étalon or et d’autre-part, le faire par la baisse des prix. Sauf que la création monétaire et les dettes avaient été tellement fortes et les déséquilibres poussés à tel point, que ces politiques n’aboutirent à rien sinon à la crise de 1929. 

Keynes et sa Théorie Générale signèrent un changement de vision. Puisqu’on en était maintenant arrivé à un système généralisé de « fiat money » (c'est-à-dire une monnaie qu’on pouvait multiplier à l’infini pratiquement sans frais), tenter de rétablir sa compétitivité par la déflation était contre-productif. Il fallait inventer autre chose et surtout faire la chasse aux « contractionnistes » qui amputaient la « demande globale » et provoquaient une spirale de dépression. 

Les Accords de Bretton Woods signèrent la victoire de ces idées, même si le plan White l’emporta sur le plan Keynes. L’idée de Keynes étaient de créer une véritable banque mondiale qui, manipulant une monnaie elle-mêmemondiale, le Bancor,  spécifique et réservée à la compensation inter-états, permettrait d’éviter qu’un pays en manque de devises soit obligé, pour rétablir ses comptes extérieurs, de se lancer dans des restrictions qui pousseraient tout le monde dans la crise. Un tel système n’était viable que s’il n’y avait pas de trop grands excédents et de trop grands déficits et si les monnaies nationales restaient en ligne avec la monnaie mondiale, réévaluations et dévaluations restant possibles mais dans des limites raisonnables et avec l’accord de tous. L’or était, dans ce système, totalement démonétisé (une obsession de Keynes). Un organisme supranational se chargerait de vérifier que l’aide ne tourne pas à la licence.  L’idée de White était de créer un « fonds » où la monnaie internationale serait l’Unitas, bientôt remplacé par le dollar, aussi solide que l’or. Les possibilités de création monétaire par le fonds seraient réduites.  L’or continuerait à jouer un rôle. Mais les règles du jeu seraient les mêmes : pas de déficits ou d’excédents majeurs ; monnaies stables dont la valeur externe serait de la responsabilité des Etats ; changements de parités possibles mais dans certaines limites, avec l’accord de tous et un gendarme évitant les abus.

Ce système a tenu jusqu’en 1971 et accompagné les « Trente Glorieuses ». Les contractionnistes avaient perdu et les expansionnistes gagné.

Il a explosé en 1971 du fait que l’imperium américain a décidé de s’affranchir de ses responsabilités monétaires particulières. La dissymétrie du système de Bretton-Woods était son défaut majeur. La multilatéralité entre égaux  était la vraie solution, comme Keynes l’avait vu. La monnaie d’un Etat ne doit pas être la monnaie du monde.

L’explosion de 1971 a eu deux conséquences organisationnelles en apparence totalement opposées et en vérité quasi similaires dans leurs effets néfastes.

Le monde est passé aux changes flottants, c'est-à-dire à un étalon dollar flottant sans plus aucune organisation des soldes de balances de paiements. Chacun faisait ce qu’il voulait et on verrait bien ce que les « marchés » diraient. Pour cela il fallait des marchés. Alors on a libéré totalement les mouvements de capitaux à court terme. On obtint un retournement de la courbe de l’endettement global qui, à 400% du PIB en 44 était repassée sous les 200% en 1971 et qui montera à nouveau à 400% en 2006 provoquant la crise que l’on sait. L’Allemagne, le Japon, la Chine furent autorisés à accumuler des excédents démentiels, source de replacements et de création monétaire globale. L’économie baudruche était née, avec ses explosions périodiques et le retour des « contractionnistes » pour y faire face, comme en 1929.  

L’Europe elle, qui voulait mieux solidariser ses monnaies dans le cadre de l’UEM décidée en 1969, fut abasourdie par le passage aux changes flottants. D’expériences malheureuses en expériences malheureuses, elle se décida pour une monnaie plurinationale unique, l’Euro.  Mais les traités ne précisèrent en rien les obligations des Etats membres en termes de balance des paiements intra européenne. Le seul moyen pour ajuster les économies déficitaires restait la récession et la déflation. On pensait qu’il suffirait de libérer totalement les mouvements de marchandises, de capitaux et de personnes, pour que les ajustements se fassent spontanément. Douce illusion !

Tenants des changes flottants et de la monnaie unique s’accordaient pour que la liberté totale des mouvements de capitaux, de personnes et de marchandises soient le ferment des ajustements. Que les défaillants se débrouillent et se remettent dans le jeu par la contraction de leur économie.

Les Contractionnistes ont donc gagné dans chacun des deux systèmes.

Ce qui est un contresens historique et une honte, une erreur intellectuelle et morale.

Dans les pays où contractionnisme et socialisme se sont mêlés, comme en France, la situation est devenue inextricable. L’économie a été mangée de l’intérieur par la démagogie redistributive et se retrouve déficitaire vis-à-vis de l’extérieur avec des effets dépressionnaires permanents. Revenir à la prospérité dans de telles conditions est quasiment impossible. 

La seule issue est d’obtenir la réforme des deux organisations internationales défaillantes :

-          Dans le cadre global, retour aux changes fixes et ajustables par consensus, ainsi qu’à la responsabilité des états vis-à-vis de la valeur externe de leur monnaie et de leurs excédents et déficits,.

-          Mise en place d’un mécanisme de compensation des excédents et des déficits, piloté par un « chancelier de la zone euro », au sein de l’Eurozone, avec prévention des désajustements et pilotage globalement expansionniste des retours à l’équilibre.

Alors et alors seulement sera-t-il possible de sortir sans trop de casse la France de l’impasse où elle s’est fourrée, en partie toute seule et en partie parce qu’elle y a été conduite par des systèmes extérieurs dangereux.

Idéologie socialiste résiduelle, tradition judéo chrétienne de charité et énarchie compassionnelle sont des attitudes pleines de bons sentiments. Mais elles  se sont lié à la démagogie électorale pour pousser au-delà du raisonnable la dépense publique et elles ont fini par stériliser les ressources productives vitales de la France. Manger et boire sont les moyens de la vie mais on creuse sa tombe avec ses dents et l’excès de boissons mène à la déchéance. La France doit entrer en cure de désintoxication.  Il faut déconstruire en douceur un système de transferts  excessifs, et réduire les abus de subventions et d’allocations qui ruinent la France, pour reconstruire un outil de production efficace. En Europe et dans le monde, il importe de rendre possible des systèmes monétaires compatibles avec des ajustements non «contractionnistes».

Une action qui demande, en interne, à la fois du doigté dans le dosage des redéploiements de ressources afin que les ajustements se produisent sans drame social, et, à l’extérieur une compétence, un sens diplomatique et une force de conviction peu commune.  

Voilà ce que serait un vrai programme économique et social présidentiel, si, un jour, nous consentons à élire des présidents dignes de ce nom et si les partis renoncent à penser qu’en créant un « marais » de micro factions à l’Assemblée nationale par la proportionnelle, on aboutirait mieux aux « compromis » nécessaires. Une politique réussie n’a pas besoin de compromis. Le consensus ne viendra que beaucoup plus tard quand la réussite sera là. Le pavois présidentiel ne doit pas être le but ultime du narcissisme politique de médiocres astucieux, mais le lieu où s’impulse les actions déterminantes pour l’avenir du pays, en s’appuyant sur l’accord de fond des Français et la réflexion des élus. Il ne faut pas parler de rupture radicale mais de guérison progressive. Desserrer les baillons règlementaires et fiscaux en redéployant mieux les ressources rares générées par les Français, n’est pas un acte de casse sociale mais d’oxygénation et de sauvetage de notre modèle social. Empêcher les inondations n’interdit pas d’irriguer : c’est même la condition de l’irrigation.

Pour réussir un tel projet économique, le prochain président idéal devrait être, en même temps, un leader affirmé, capable de fixer le cap que nous venons d’esquisser, un chef d’orchestre attentif, capable de mener à l’unisson une équipe convaincue,  et une personnalité d’une influence suffisante pour infléchir la politique européenne et internationale dans un sens positif.  

On imagine bien que les candidats-nains  s’accorderont pour exclure l’économie des thèmes fondamentaux de la campagne présidentielle. Les candidats nécessaires s’élèveront à la hauteur des enjeux économiques.

Utinam…

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

2015 : une nouvelle année « Hollandibilis ».

Eric Zemmour signe un billet dans le Figaro Magazine où il se réjouit que la question « qui sommes-nous ?» remplace celle de « combien gagnons-nous ?». « Les questions économiques avaient imposé leur diktat au politique transformant les politiques en administrateurs et en hommes de spectacle ».

On ne voit pas trop pourquoi l’économie aurait transformé les hommes politiques en « guignols de l’info ».  L’évolution des médias suffit seule à expliquer cette mutation. On ne voit surtout pas pourquoi l’urgence économique se serait tout à coup évanouie.

La vérité est que les politiques évacuent systématiquement l’économie du champ électoral.Les deux dernières élections présidentielles en témoignent. Nicolas Sarkozy ne voulait pas voir venir la crise et annonçait des croissances mirobolantes grâce à son « américanisme », un peu comme le facteur Tati faisait des tournées « à l’américaine » dans Jours de Fête. François Hollande expliquait la crise par les erreurs de son prédécesseur, ce pelé et ce galeux, et entendait revenir en deux coups de cuillères à pot à la prospérité française en sanctionnant la finance, en faisant payer les riches et en ne signant pas « tel quel »le traité Merkozy.  Il est clair que les élections prochaines verront une nouvelle fois les réalités économiques évacuées du débat public.  Sauf pour Eric Zemmour qui prétend que « tous ces grands esprits entendent qu’on parle à nouveau du chômage d’économie, de fiscalité ».

L’année 2015 signe une défaite nouvelle pour François Hollande sur à peu près tous les aspects de l’intérêt national mais surtout sur le front économique. Ceux qui pensaient que l’année Horribilis de 2013 aurait servi de leçon en sont pour leurs frais. Nous avons eu 2014 puis 2015, une nouvelle année Hollandibilis, en dépit de tous les espoirs, soulignés à grands coups de trompettes médiatiques, que suscitaient le passage à une politique de l’offre et « l’alignement des planètes » (dévaluation de l’euro, baisse des prix du pétrole, baisse des taux d’intérêt, plan d’investissement européen…).Tous les indicateurs économiques marquent des aggravations : déficits extérieurs, dépenses publiques, prélèvements, emploi marchand, dettes, chômage, prix, construction etc. La déflation, crainte en début d’année, s’est installée, avec encore une baisse des prix pour le dernier mois connu.

Le candidat puis président  Hollande l’avait annoncé sans vergogne : « Je distribuerai en fin de mandat ».  Il débite désormais son chapelet de mesures électoralistes. Inlassablement, il accumule les gracieusetés payées par les autres. Il le fait en restant totalement indifférent à l’état courant de l’économie. Il le fait avec un mépris total des conséquences à moyen et long termes. On ne voit pas très bien où Zemmour a vu Hollande en « administrateur ». Alors que l’économie stagne, il cadre sa réélection par des mesures démagogiques ciblées prévues longuement à l’avance et qui aggraveront tout. 

La généralisation du tiers payant est la mort de la médecine libérale, puisqu’elle fait des médecins des otages absolus des décisions de rémunération déléguées à la Sécurité sociale, organisme bureaucratique dirigée par les syndicats, incapable de se réformer et ruinée, qui se moque totalement du niveau de vie des médecins tant qu’il n’est pas en dessous du plus faible des salaires du plus mal classé de leurs apparatchiks. On les prive même de leur liberté d’appréciation en matière médicale en les subordonnant à des instances administratives régionales meublées d’incompétents (c’est pour cela qu’ils ont choisi ce métier). Leur paupérisation est programmée. Qu’importe que désormais les queues et les délais s’allongent partout en France et qu’on parle désormais de déserts médicaux. La gratuité, c'est-à-dire le paiement par les autres, entraîne toujours la répression des producteurs, la surveillance des consommateurs, la ruine des financeurs, et la raréfaction des produits et services.    

La réduction autoritaire et le blocage des loyers imposés par la loi imbécile d’une certaine Duflot, qui pense que sa nullité agressive lui vaut mérite et la pousse vers les sommets de l’Etat,  aura les mêmes conséquences à terme que les lois de 1948 : la raréfaction des logements à louer ; l’aggravation du mal logement ; des tensions partout. Associées à des surtaxations extravagantes, les mesures annexes de la loi imposent de nouvelles règles extrêmement coûteuses, qui ont provoqué la chute des mises en chantier. Alors on a aggravé la violence contre les propriétaires. On parlait de freiner l’activisme idéologique des lobbies malthusiens en matière de normes coûteuses, voilà que le mois de janvier voit mille règlementations se mettre en place qui font flamber le coût des copropriétés : Collectivisation des mutuelles de santé avec une hausse des coûts importantes pour tout le monde, (employeurs comme salariés), au seul profit des assureurs, devenus des assistants du Trésor ; paperasserie et obligations nouvelles des syndics qui font flamber les honoraires ; obligations médicales diverses, comme la pose en pleine vue de défibrillateurs dans les porches...   Ici encore on pare les conséquences à court terme en prenant des mesures radicales comme une hausse prévue par Mme Hidalgo de 100% de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires (alors qu’elle avait annoncé qu’elle n’augmenterait pas les impôts !) ou les projets de taxe d’habitation sur les maisons non habitées. Bien relire la phrase : on taxe un habitant même quand il n’existe pas.  Les socialistes traversent toutes les logiques et mettent à bas tous les principes pour faire face aux conséquences de l’imprévision des conséquences de leurs propres décisions, en aggravant tout. C’était la « logique » folle de l’Union Soviétique, où chaque nouvelle décision, imposé par les conséquences des précédentes,  violait tous les principes et faisait de la vie quotidienne un enfer délirant.

La « gratuité de la vie » est un grand must socialiste. « A chacun selon mes besoins électoraux » est le leitmotiv. Après l’extension des allocations aux 18-25 ans, voici qu’on subventionne les petits salaires. La rémunération n’est plus fonction de l’utilité sociale du poste mais de l’idée que se fait le Président de ses besoins électoraux. Ce n’est plus l’économie qui, par son progrès, fait grimper les rémunérations ni le mérite des uns et des autres. On emprunte ou on taxe pour redistribuer non plus aux personnes vulnérables ou empêchées, ce qui est l’essence même de la sécurité sociale, mais pour faire grimper artificiellement la rémunération de certaines catégories électoralement nombreuses. On a compris que les « coups de pouces au Smic » ruinaient les entreprises et l’emploi. Alors on donne directement de l’argent public sans impacter de façon trop visible l’entreprise. Cet argent est néanmoins pris quelque part. Soit sur les générations futures, par l’emprunt qu’il faudra bien rembourser un jour, au moins payer les intérêts ; soit sur les « riches » qui sont déjà tondus à zéro et qui, en net après impôts, gagnent désormais souvent moins que les nouveaux « damnés de la terre ».  Les « riches » fuient ou cessent d’investir. Mais qu’importe. Personne n’osera plus toucher à ces allocations qui, comme la prime de Noël, la prime de rentrée, ou autres libéralités démagogiques, verront des réclamations éternellement à la hausse que les politiciens professionnels se feront un plaisir de satisfaire dans l’espérance de quelques voix de plus. L’achat de vote est désormais bien installé dans les mœurs.

En France plus des deux tiers des résidents de plus de 18 ans attendent des autres leurs revenus et le financement de leurs frais de santé.  Rappelons tout de même les chiffres : 15 millions de retraités en 2016 plus 6 millions de chômeurs, plus 2 millions de personnes ne travaillant pas et vivant d’allocations, soit tout de même  23 millions de personnes ne travaillant pas du tout. Ajoutons presque 6 millions de fonctionnaires et près de 2 millions d’employés des associations financées par l’argent public, qui dépendent pour tout leur revenu de l’Etat et maintenant 6 millions de « salariés pauvres » pour une parti. A ces 14 millions de personnes il faut ajouter la paysannerie avec ses 30.000 euros de subventions par exploitation, et mille métiers subventionnés de milles façons. Quarante millions de Français adultes en tout ou partie accrochés à la mangeoire publique. Raisonnable ?  

Tout cela payé par 200.000 à 1 million de personnes encore un peu prospères ?

Cette France quasi totalement socialisée où le revenu par tête baisse continûment, où l’emploi marchand est aujourd’hui à 15, 848 millions de salariés, soit le même chiffre qu’en 2001 et le tiers du nombre des personnes inactives qui vivent de redistribution, où tous les problèmes s’aggravent, où plus rien ne marche vraiment (c’est de plus en plus le « n’importe quoi généralisé » du fait de l’impossibilité de disposer d’une force de travail compétente, motivée et organisable), où la rue est devenue un égout, cette France s’enfonce inexorablement, gangrénée par une démagogie (et non par l’esprit gestionnaire, Monsieur Eric Zemmour) tellement cynique qu’elle s’assume comme telle en rigolant et qu’elle touche en cascade tous les échelons de l’Etat.

En fait les politiciens français ne « gèrent » plus rien, parce que la France qu’ils dirigent se ridiculise tous les jours par ses résultats économiques grotesques, parce qu’elle ne pense plus rien, parce qu’elle n’est en pointe sur aucun débat économique, sur aucune querelle d’organisation.

Les prix baissent. Nous sommes donc en déflation, malgré les immenses inondations monétaires de Mario Draghi. Pourquoi ? Silence. L’Allemagne empoche de fabuleux excédents. Tout le monde sait que dans une zone de monnaie unique si un pays accumule des excédents massifs, surtout si la zone est globalement excédentaire, alors des pays doivent avoir des balances hyper déficitaires qui poussent à la déflation. Peut-être quelqu’un, dans ce gouvernement de « gestionnaires » pourrait rappeler que les excédents massifs sont interdits par les statuts du FMI et devraient l’être par ceux de l’Eurozone. Pas un mot. C’est la Commission Européenne qui s’inquiète dans la plus totale impuissance. Où est la France ?

La conjoncture mondiale est partout extrêmement difficile. La valse des monnaies est permanente. Tout est déréglé. En dehors des Etats-Unis et de l’Allemagne, plus quelques pays africains, la crise est partout. La panique est partout. Le FMI finit par corriger ses perspectives de croissance mirobolantes… à la baisse.  2016 sera une année « décevante ».  Quel plan d’action ? Quelles propositions de la France ? Quelles propositions du FMI ? Les énormes quantités de monnaies créées par les banques centrales ont réanimé les spéculations, ce qui a profité aux  Etats-Unis, qui paient leurs dettes dans leur monnaie. La hausse des intérêts aux Etats-Unis risquent de polariser un peu plus les flux de capitaux flottants, au détriment de tous. Après que l’élan de la petite reprise des affaires exportée par les Etats-Unis  se sera évanoui, le risque d’un à-coup conjoncturel de moyenne importance entre juillet 2016 et juillet 2018 devient fort. Qu’elle est la stratégie de la France ?

Bien sûr, on trouve dans l’opposition, notamment du côté de François Fillon, des gens qui pensent économie et redressement.

Ils ont bien compris qu’il fallait agir sur les grandes masses vivant de subventions qui coulent la France. Ils picoreront dans la longue liste des « mesures indispensables » :

-          Réduire le nombre des retraités par une hausse importante de l’âge du départ à la retraite et un alignement de tous les régimes sur celui des salariés du privé. Et probablement baisser le niveau des retraites.

-          Réduire le nombre des chômeurs en créant un cadre répulsif pour ceux qui veulent profiter du chômage sans véritablement chercher un emploi.  Des allocations temporaires, dégressives et plafonnées sont la seule solution.

-          Réduire le nombre des fonctionnaires et leur coût. Ce qui suppose des mesures très dures : baisse autoritaire des salaires de tous ceux qui ont eu des croissances de salaire supérieures à la croissance moyenne dans les deux dernières années, suppression du statut de fonctionnaire pour toutes les catégories inférieures à la catégorie A. Plafond d’emplois administratifs dans les régions en fonction des effectifs administrés. Réduction autoritaire des niveaux d’interventions. Suspension du GVT, qui fait croître automatiquement la masse salariale privée. Non indemnisation de l’absentéisme excessif…

-          Réduire les transferts sociaux qui sont les plus élevés du monde, notamment en mettant fin à des politiques aussi coûteuses que celle de la mixité sociale où l’on préempte des logements extrêmement coûteux pour y mettre des Roms, des clochards  et des réfugiés, ou des copains, ou encore  mettre fin au système des intermittents du spectacle, parmi mille autres mesures.  

-          Supprimer la gratuité du petit risque pour concentrer les paiements mutualisés sur les traitements lourds.

-          Revenir sur la subventionnite qui fait que pratiquement tous les secteurs économiques sont accompagnés de subventions publiques : culture, transports, agriculture, journalisme, …

-          Interdire les subventions aux associations de complaisance et réduire au strict nécessaire les financements associatifs inefficaces (exemples : supprimer les Frac ; réorienter la formation professionnelle, etc.).

-          - …

Une telle politique est nécessaire mais elle extrêmement dure et touchera nécessairement des personnes et des entreprises qui vivent en symbiose avec l’impôt dans le contexte fiscal et subventionnaire actuel. On a réduit l’enveloppe des ressources allouées aux collectivités locales : on a mis en faillite bien des entreprises des travaux publics ! La grille des emplois résiduels a tellement été tordue par les subventions et les effets fiscaux qu’un redéploiement des effectifs devra s’effectuer en cas de réduction des subventions. Il prendra du temps. Exactement comme en Union Soviétique quand le système s’est effondré. Autant dire qu’une telle action de redressement est politiquement impossible, s’il n’y a pas de croissance globale, en Europe et dans le monde.

La France doit donc avoir une « diplomatie de la prospérité » et abandonner son suivisme exonératoire et râleur actuel. On n’en trouve aucune trace dans les programmes électoraux d’aucun des postulants aux prochaines élections présidentielle. F. Hollande ne peut pas développer une telle diplomatie du fait de sa démagogie ridicule sur le front économique intérieur et de sa dépendance sur le front des actions militaires extérieures (on ne sait même pas fabriquer en  nombre suffisant les bombes qu’on envoie sur la Syrie !).

L’accumulation des années « Hollandibilis » rend inexorable à plus ou moins long terme un collapsus de type grec. Mais un redressement brutal sans croissance extérieure imposerait une souffrance importante au pays, souffrance vaine si les dysfonctionnements de la zone Euro et du système monétaire international, causes de la crise, ne sont pas traités. Mais souffrance moindre que celle qu’imposerait aux plus faibles un effondrement économique de type grec. Rappelons que si l’Etat se trouve sans ressources, tous les subventionnés se retrouveront sur le carreau. En même temps que les services publics essentiels.

Alors ?

François Hollande a fait le pari que l’Europe ne saurait accepter la chute de la France, qui effondrerait tout l’édifice européen. Jusqu’ici il n’a pas eu tort : Mario Draghi fournit l’argent de l’insouciance. On évite toutes les réformes de structures et on pratique un « achat de vote » forcené avec l’argent emprunté. La frénésie fiscale ciblée et quelques rabotages de dépenses  permettent de tenir les déficits dans des limites finançables au coût actuel du crédit. Mais le moyen terme est ignoré, comme le long terme. La vulnérabilité est constamment aggravée. Au moindre redressement des taux d’intérêt, l’Etat français sera étranglé.

Il fallait profiter des taux très bas pour commencer à casser la machine à subventionner. On fait l’inverse depuis 2012. Obtenir de l’Europe et du G.20 une politique progressive de sortie des erreurs de structures qui ont provoqué le collapsus de 2008 dans le monde et la crise spécifique européenne à partir de 2011, était une vraie nécessité. Le silence est assourdissant.

Sans crise majeure il faudra attendre les élections présidentielles de 2017 pour prendre un virage économique sérieux, ce qui promet dix huit mois de quasi stagnation. Le coût du quinquennat de François Hollande aura été désastreux.

Les Vœux du Président de la République ont été ce que pouvait craindre Eric Zemmour : on a évité de parler de la France et de son identité, c’est vrai. On a félicité les Français, comme la nounou félicite la petite Lulu d’avoir bien mangé sa soupe. Et on a parlé « gestion ».

Mais, une fois de plus, tout était « bidon » : de la soupe de politicien manipulateur ivre des conseils de ses « spin doctors ».   Le candidat Hollande a annoncé qu’il obtiendrait une baisse des statistiques du chômage lui permettant de se représenter en mettant 500.000 chômeurs en formation, des centaines de milliers d’autres dans le  Service civil, et des centaines de milliers d’autres en apprentissage (que la gauche a rendu quasiment impossible en France). A aucun moment il n’a dit ni le coût ni l’origine des fonds ni le mode d’organisation. Sa seule obsession est électoraliste. Son seul moyen, des financements publics pour des emplois artificiels et  précaires. Sans absolument rien réformer.

L’économie réelle, celle où l’on créé de la vraie richesse, de vrais emplois, de vraie carrières, a été encore une fois éliminée du discours politique. Ne parlons pas d’une action extérieure économique.

La France disparait des écrans radars de l’économie, en même temps que l’économie disparaît des radars des medias. Les seuls commentaires que les medias diffusent se concentrent sur la question grotesque  de savoir si le président sortant qui trône sur ce désastre a augmenté ou non ses chances de gagner les prochaines élections présidentielles en tchatchant dans le poste et en mimant l’air du chef de guerre.   A croire que les journalistes ont fini par se convaincre que plus aucune réforme économique n’était possible en France : elle toucherait trop de monde. En parler toucherait trop d’auditeurs et tuerait l’audimat. Faudra-t-il en passer, après l’effondrement inévitable, par une période de 10 à 20 ans de galères pour revenir à un semblant de prospérité et de lucidité publique ?

Non M. Zemmour, il n’y a jamais eu de « diktat de l’économie ». Les palinodies politiciennes n’ont jamais fait une politique économique. Nous sommes dans une forme de désert intellectuel et politique tout azimut. Le vrai devoir n’est pas tant de se plaindre que l’économie impose ses urgences, que de constater qu’il n’y a aucun plan économique sérieux, ni en France, ni en Europe ni même dans le monde, alors qu’il y a urgence. Chacun va à la catastrophe en sifflotant. Comme disait Maurice Allais : « ce qui doit arriver arrive ».  S’il y a « suicide français », c’est d’abord par l’économie qu’il se commet. S’il y a dislocation de l’Europe, c’est d’abord par l’économie qu’elle se produit. Et si le monde n’est plus coopératif, c’est fondamentalement parce qu’on a aboli toutes les structures obligatoires de coopération économique.

Bonne année 2016 !

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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