Le livre de NICOLAS DUFOURCQ : la dette sociale de la France 1974-2024

Voici un livre comme on aimerait en lire plus souvent et qui donnera matière à réflexion à tous ceux qui s’interrogent sur la Bérézina budgétaire, économique et sociale dans laquelle s’est noyée la France dans les cinquante dernières années. Plus personne n’a de doute sur l’échec monstrueux qu’a connu la France et qui la met au bord extrême de la falaise.

Pour l’observateur extérieur, il est assez facile de se faire une opinion sur l’état du pays en étudiant l’information disponible et en tenant compte de ses propres expériences. Mais disposer du récit précis de ce qui s’est passé vu de l’intérieur est évidemment un enrichissement remarquable. Savoir que tel jour à telle heure telles options ont été prises par tels acteurs, avec quelle préoccupation en tête permet de vérifier les intuitions qu’on en avait de l’extérieur. Et de les corriger à l’occasion.

Évidemment, il est très difficile de réaliser la synthèse d’un tel livre qui accumule des centaines d’actes et de décisions et fait intervenir des dizaines d’intervenants divers. Assez curieusement, le livre ne tente aucune conclusion. Un seul point de synthèse parcourt le livre entier : la dette est principalement une dette sociale et sans reconstruire l’architecture des prestations sociales nous n’en viendrons pas à bout. Ce n’est pas tant l’État qui est en cause mais le colosse d’une sécurité sociale que nous ne maîtrisons plus et que nous essayons néanmoins d’étendre et de renforcer éternellement par compassion universelle, sans se rendre compte que nous n’en avons pas les moyens. Ce déni nous a entraînés à sacrifier toutes les autres politiques régaliennes qui sont à l’os au profit d’une politique de soutien à toutes les consommations qui est impossible à finançer, sinon par la dette massive et elle aussi incontrôlable. Pas un jour sans un droit acquisitif de plus, ou une gratuité nouvelle, ou une subvention heureuse à telle ou telle catégorie. Se faire élire impose de distribuer des avantages aux masses, et ensuite on doit faire face aux conséquences qu’on croit pouvoir maîtriser mais qui s’échappent régulièrement.

Dans le secret de l’État profond naissent des plans et des rapports qui n’ont rien à voir avec le discours public. Les nouveaux présidents élus veulent aussitôt mêler leur grain de sel. Les alternances socialistes détruisent systématiquement les solutions de leurs prédécesseurs. Personne n’a l’entièreté du secteur social dans sa main. L’incohérence dans le temps et dans les différentes politiques menées s’arbitre par la dette et les impôts, après avoir épuisé « les dividendes de la paix », c’est-à-dire avoir réduit nos armées à presque rien.

Ce qui frappe, à la lecture du livre, est la séparation presque étanche entre ce qui se passe au sommet et la « discussion démocratique ». Tout se passe entre technocrates, apparatchiks des syndicats et quelques élus, sous l’œil attentif (à leur image et chances électorales) des grands élus. Personne n’est responsable de rien. La place de l’Enarchie Compassionnelle et Bienveillante est exorbitante.

Pour l’observateur extérieur attentif, le livre révèle aussi les véritables biais qui sévissent au sein de ce petit monde.

Nous avons montré depuis 50 ans que ce qui a totalement faussé les dynamiques économiques et sociales sont deux événements majeurs et totalement mis sous le tapis : la dénatalité massive et les crises à répétitions provoquées par des systèmes monétaires défaillants (changes flottants et Eurozone). Le livre démontre page par page l’effet de ces deux phénomènes ravageurs, mais sans que les acteurs n’en tiennent compte ni même ne les évoquent. Les élites ont démontré sur ces deux sujets une inconscience collective absolument stupéfiante. Chaque récession est censée être la dernière. Le drame démographique n’existe pas ou se résume à un ratio technocratique : nombre de cotisants sur nombre de retraités. Évidemment, ils ne voient jamais venir la prochaine récession qui est toujours « imprévisible » et liée à un incident particulier et non pas à un défaut de structure. Nicolas Dufourq reprend malheureusement certaines de ces erreurs traditionnelles. Un exemple : la crise de 73 qui serait due aux exigences de l’Arabie Saoudite et donc une « crise du pétrole », terminologie que la technocratie dominante a imposée. Tous les économistes sérieux savent qu’elle a commencé aux États-Unis avec l’abandon des règles de Bretton-Woods en 71, avec une crise forte aux États-Unis seuls en 2012 et la généralisation au monde en 1973. Ce n’est qu’en novembre 1973 que le cartel pétrolier privé de ressources par la chute drastique 1973 du dollar va réagir en haussant de façon démente les prix, aggravant tout. Le choc du pétrole est une conséquence pas une cause. On retrouvera cette volonté d’associer chaque grande récession à une cause conjoncturelle foireuse montée en épingle alors que c’est le système même qui provoque les récessions.

L’élimination de la question démographique est également fabuleuse. On constate le vieillissement et on ne veut pas voir l’effondrement des naissances qui est évidemment le fait majeur. Le narratif né dans les années soixante-dix, « notre natalité est meilleure que partout ailleurs, circulez il n’y a rien à voir », persistera jusqu’en 2024 où il devient évident que le renouvellement de génération va cesser à court terme, en fait dès mai 2025. On laisse le COR, conseil d’orientation des retraites et l’INED travestir la réalité démographique pour ne pas avoir à affronter les forces montantes du féminisme et LGBT. On voit le rigolo Hollande, Bidochon pour les humoristes, casser le quotient familial et réduire les allocations familiales. On aggrave le problème en croyant le financer. C’est que les riches doivent payer ! Une sottise ahurissante !

Nos propres analyses reprises dans notre dernier livre montrent que le non-renouvellement démographique s’effectue dès le début 2000 pour les familles dont le nom était présent en France en 1 890. A aucun moment n’apparaît en 2013, dans le discours public et dans les réflexions au sommet de l’État, le fait que dans les dix ans à venir la population des 20-60 ans va diminuer et que celle des plus de 60 ans va littéralement exploser. Tout le système social va aussitôt sauter, d’autant plus qu’on multiplie les libéralités ciblées et les gratuités. Personne n’a encore voulu comprendre que la gratuité est une force de destruction massive. On en vient à parler de la gratuité de la vie… Les robots et l’IA ont bon dos !

De cela, le livre de Nicolas Dufourcq ne parle pas, ou marginalement, car c’est resté hors du champ politique pendant 50 ans et le reste encore largement aujourd’hui.

Ce qu’il faut dire également à notre auteur, c’est que la politique sociale de la France n’est pas la seule en cause : récessions et dénatalité touchent l’intégralité des politiques nationales. Évidemment beaucoup d’entre elles sont désormais déléguées à l’Europe et sont, de ce fait, sorties du débat national et le gouvernement des juges a beaucoup réduit l’indépendance du politique. Alors n’en parlons pas, puisqu’on n’y peut rien ! Telle est la pensée subliminale du corps politique en France.

Mondialisme déséquilibré permettant d’accumuler des excédents déments, Euro qui ne permet plus aucun ajustement sans récessions au sein de l’Euroland, Europe en déclin au sein d’un Occident en difficulté, socialisme débridé allant aujourd’hui jusqu’au communisme avec une classe politique dominée par les hauts fonctionnaires qui l’ont phagocytée, forment également le décor permanent de notre effondrement.

Le livre vaut donc à la fois par ce qu’il dit et ce qui n’y est pas dit. Un joli miroir de l’impéritie volontaire et involontaire française des cinquante dernières années.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Livre "Les Malheurs de la Vérité" - L'interview de l'auteur

Les Malheurs de la Vérité

Didier Dufau

L’interview de l’auteur,

Question : Vous avez exploré les causes de la crise de 2008 dans votre premier livre L’Étrange Désastre, édité dans le cadre du Cercle des économistes E-toile que vous présidez. Vous avez ensuite publié une histoire de la monnaie de 1919 à 2019, La Monnaie du Diable, parce que vous jugiez que peu de gens connaissaient cette histoire fondamentale. En 2021, vous avez averti dans Réconcilier Économie et Écologie, deux trains lancés l’un contre l’autre sur la même voie, qu’on entrait dans une impasse.

L’actualité donne largement raison à vos thèses. La mondialisation déséquilibrée, qui permet d’accumuler d’énormes excédents et déficits, depuis que les changes flottants ont remplacé les Accords de Bretton Woods, a vu les États-Unis tenter de réduire ses déficits par les droits de douane décidés unilatéralement. L’étouffement économique associé à un écologisme déraisonnable a conduit l’Union Européenne à desserrer les règles folles imposées par J. Timmermans.

Pourquoi un économiste croit-il devoir aborder une question aussi générale que « la Vérité » qui ressort plus de la morale ou au moins de la sociologie ?

Didier Dufau : Les grandes questions économiques sont passées au second plan depuis le Covid. La dette a créé le sentiment que peu importait la production, on pouvait vivre avec l’argent des autres ou l’argent magique. Les analyses de l’opinion et des forces sociales ont pris l’avantage. Les travaux des sondeurs d’opinion ont la priorité sur la réflexion proprement économique.

Question : Pensez-vous que le débat économique serein n’est plus possible ?

DD : C’est un constat. Le spectacle indigne donné par les Parlementaires français en ce moment est pour le moins éclairant. Nous avons créé notre petit cercle pour faire valoir des idées qu’on ne retrouvait pas toujours dans les médias où la « vérité » est « construite ». Mais entre le silence et l’injure permanente, il faut constater non pas seulement un changement d’intensité de la querelle mais un début d’interdiction du débat.

Q. : En quoi le débat sur la Vérité est-il aujourd’hui indispensable ?

DD : Michel Barnier, au début de sa courte mission de Premier Ministre a déclaré : « Moi, je dirai la vérité ». Depuis, la dénonciation du mensonge se retrouve partout, pas toujours de façon très utile. Traiter ses adversaires de menteurs est le degré zéro de la politique. Mais comment a-t-on pu cumuler autant de crises, certains en ont compté une quarantaine, et aussi graves, s’il n’y a pas eu quelques dysfonctionnements dans le système d’information des Français ?

Normalement la « conversation démocratique » aurait dû permettre d’anticiper les difficultés et d’élaborer des solutions préventives et curatives. Là est le mystère et il importe de comprendre ce qui s’est passé.

Q : Vous considérez que le système d’information français a failli ?

DD : Très clairement. À partir du moment où les drames se sont accumulés à ce point, il faut se pencher très sérieusement sur la question. Il y a un vice quelque part qu’il importe de bien comprendre et de corriger.

Q. : Quel est donc ce vice, selon vous ?

DD : Nous l’avons examiné en détail et lui avons donné un nom : le Grand Mensonge Systémique. Un GMS est une vérité qui ne parvient pas à entrer dans la conversation démocratique. Pour un observateur raisonnable, elle ne fait aucun doute. Néanmoins, elle va rester hors du système d’information. Un Grand mensonge Systémique suit toujours à peu près la même séquence. Au départ est l’occultation. Si le système d’information n’en parle pas, la vérité n’est pas débattue. Les « forces d’occultation » sur certains sujets sont diverses, nombreuses et puissantes. Deuxième phase : on ne peut plus occulter la vérité qui s’infiltre un peu partout. Alors commence la négation. « Ce n’est pas vrai ! Ceux qui le prétendent sont des vilains. Ne les écoutez pas et circulez, il n’y a rien à voir ». Troisième phase : la minimisation. C’est vrai ! Mais ceux qui en parlent exagèrent. Ne les écoutez pas. Circulez, il n’y a toujours rien à voir. Le stade ultime : l’exonération. Oui c’est vrai ! On ne peut ni le nier, ni le minimiser. Et alors ? L’affaire est complexe et de toute façon ce n’est pas notre faute. Inutile de s’attarder.

Cette séquence, dite loi de Chaix, du nom du membre du cercle qui l’a explicitée, peut durer cinquante ans et plus.

L’ennui c’est que les vérités qui subissent ce traitement sont en général associées à des conséquences très graves. Si trop d’entre elles sont ainsi stérilisées, alors les crises finissent par s’accumuler de façon inextricable comme on le constate aujourd’hui.

Q. : Comment expliquer cette multiplication des Grands Mensonges Systémiques ?

DD : Les « élites » ne veulent pas remettre en cause les institutions ou les politiques ancrées dans des rapports de force sévères et considèrent que l’éviction des problèmes les plus graves permettra de passer les caps électoraux sans trop de dommages. On « enjambe » les élections ! Et on s’en vante ! Pour ces gens, il faut présenter une information « pédagogique », « performative », construite et purifiée. Le débat public devient non seulement insipide mais faux jeton. Car il faut à chaque échec donner une explication sans remettre en cause les mensonges récurrents. Des constructions publicitaires monstrueuses de sottise sont alors proposées aux masses ignorantes qui doivent s’en contenter. Logiquement, ces derniers le répètent depuis près de trente ans : « on marche sur la tête ». Ils ne sont pas entièrement dupes. Et ils ne vont plus voter ou ils votent « protestataire ».

Comme le disait Muyzenberg, l’astucieux théoricien de la dialectique communiste, « devant des ignorants, la vérité et le mensonge sont à égalité ». Alors ? Pourquoi se priver de mentir utile ? Mais l’auditoire décroche vite.

Q. Pourriez-vous nous donner des exemples ?

DD : Faire un inventaire de la sottise économique qui s’étale dans les médias serait amusant mais sans fin. Ces « narratifs » dont nous sommes accablés tous les jours sont consternants. On le jugera à ces petits exemples :

-            Les 35 heures ont créé de l’emploi

-            L’Union Européenne nous protège

-            La conversion énergétique va créer de l’emploi en France

-            Le wokisme est un fantasme

-            Le capitalisme est la cause de la dénatalité

-            Les éoliennes sont une solution évidente

-            La SNCF fait des bénéfices

-            Il faut être heureux de la crise immobilière, car la hausse a été « scandaleuse ».

-            La dette démente, c’est bien.

-            Le retour à la retraite à 62 ans est possible.

-            La dette française ne pouvant plus croître au même rythme, il faut que l’Union européenne prenne le relais et finance les transitions militaires, numériques, écologiques par d’immenses emprunts.

-            Un système de retraite par répartition est compatible avec le vieillissement de la population et la disparition progressive de la jeunesse.

-            Le néoféminisme politique n’a rien à voir dans la baisse des naissances.

-            Cela ne coûte rien c’est l’État qui paie.

-            Toute immigration est heureuse.

-            Le classement Pisa ne donne pas une vraie indication des progrès de l’éducation nationale.

-            La notation de la dette de la France n’a pas d’importance.

-            On a supprimé la taxe d’habitation et donc réduit les impôts (alors qu’on n’a fait que transférer le financement sur d’autres et la dette).

-            Macron nous protège.

-            Certes nous baissons régulièrement pour le rang dans le monde pour le rapport PIB par tête. Mais l’indice est mauvais. En matière de bonheur par tête nous sommes bien placés.

-            La prison conduit à la récidive. Les récidivistes ne doivent donc pas aller en prison !

-            On peut contrôler le trafic de drogues sans s’attaquer sérieusement aux jeunes immigrés qui s’y livrent quasiment impunément. Ni à leur famille.

-            Les ARS ont amélioré la gestion de la santé.

-            Les faits sont fascistes

-            Le calendrier prévu par l’Union Européenne pour décarboner totalement son économie est tenable.

-            La politique écologique n’a pas besoin d’étude d’impact. Les conclusions du GIEC suffisent.

-            Installer des champs d’éoliennes ou de plaques photovoltaïques n’est pas une artificialisation des sols

-            Exproprier progressivement chaque année et sans indemnité 2 % du capital des entreprises importantes n’a pas de conséquences sur le fonctionnement de ces entreprises

-            Redistribuer par les prélèvements l’équivalent de la valeur ajoutée globale des entreprises est durable. (1 600 milliards d’euros dans les deux cas en 2024).

Q. : Faire la chasse à toutes ces sottises vous paraît-il un travail surhumain ?

DD : Surtout inutile. La puérilité de toutes ces affirmations défie tout débat. Il faut se concentrer sur les Grands Mensonges Systémiques qui doivent être exposés en pleine lumière et qualifiés comme tel, afin que plus personne n’ose s’en emparer sans être ridicule.

Q. : Quels sont donc ces Grands Mensonges Systémiques ?

DD : Nous en avons isolé une demi-douzaine, en se concentrant sur ceux qui ont une influence directe sur les difficultés criantes que nous rencontrons et sont encore largement exclus du débat démocratique utile. Pour chacun d’entre eux nous avons d’abord clairement défini la vérité concernée et le mensonge associé. Nous avons fait l’historique de son apparition et de son développement, phase par phase, et clairement établi le lien avec les difficultés actuelles. Ce lien est tellement fort que nous avons eu du mal à finir le livre. Chaque semaine apporte son lot de confirmations et d’illustrations. On est tenté de rester coller à l’actualité !

G. : Pourriez-vous donner un exemple

DD : Le plus démonstratif est le Grand Mensonge Systémique démographique. Pendant cinquante ans le narratif public a voulu que la pilule, l’avortement, la remise en cause de la famille traditionnelle, le néoféminisme exalté et le Wokisme n’entraînent aucune conséquence sur la natalité. Tout allait bien en France qui faisait mieux que tous les autres pays développés. Jusqu’à ce qu’on constate que les moins de 20 ans sont 15 millions en 2025 alors qu’ils étaient 30 millions en 1971. Une division par deux. Un terrible effondrement. À ce rythme, ils seront 5 millions en 2 100 ! Souhaitable ? Et on découvre soudain que la classe des 20-60 ans a baissé dans les dix dernières années et n’a pas pu financer  les retraites de près de 3 000 000 de plus de 60 ans supplémentaires. Qui avait prévenu, anticipé et proposé des solutions ? Pas un mot ! Chut !!! L’occultation a été totale avec la complicité de l’INED. Il a fallu attendre 2 024 pour qu’on sorte de l’occultation, de la négation et de la minimisation en deux ans. Depuis mai 2025 le remplacement générationnel ne se fait plus. Difficile de ne pas voir le lien avec :

-            L’impossibilité de boucler les budgets sociaux et nationaux,

-            La stagnation de la croissance

-            La difficulté de trouver des collaborateurs et pire encore de réindustrialiser

-            La complexité de mobiliser une force militaire plus solide,

-            La baisse relative du PIB par tête,

Cependant les politiques suivies depuis 2013 ont été toutes contraires à la natalité. Hollande baisse le quotient familial et les allocations familiales. Macron et le Parlement constitutionnalisent le doit inconditionnel et gratuit à l’avortement. Rassurer le mouvement LGBTIA leur paraît plus important que de redresser la natalité.

Depuis cinquante ans, le Grand Mensonge Systémique démographique ne permet pas de laisser entrer pleinement dans le débat public la vérité de la dénatalité catastrophique. Aujourd’hui la vérité est bien exposée mais curieusement, les politiques considèrent que cela ne change rien et ne proposent toujours rien de sérieux. C’est le prototype d’une phase d’exonération. « C’est comme cela. C’est complexe et on n’y peut rien ». Luc Ferry explique la dénatalité par le mariage d’amour ! On ne va tout de même pas proscrire l’amour ! Circulez, il n’y a toujours rien à voir…

Q.  Restez-vous optimiste ?

DD : La pédagogie par l’exposition sans fards de la réalité est difficile. Tout le monde connaît le livre de J.-F. Revel sur « la connaissance inutile ».

Casser le cadre totalement fictif de certains « narratifs » politiques, alors que les médias n’osent pas faire véritablement leur travail et acceptent souvent de participer à la construction d’un habillage totalement insincère de la réalité, n’est pas simple. Mais lorsqu’un journaliste fait le lien entre les difficultés de plus en plus insurmontables et le discours dominant, il a en général honte de participer à ce jeu sinistre. Les journalistes ne sont pas des voyous, même si on voit que les lignes idéologiques sont très formées dans les différents médias et que le jeu des forces dominantes y est très présent.

Personne n’a réellement envie de participer à l’occultation d’une vérité nécessaire ou sa négation ou sa minimisation, dès lors qu’il est établi qu’il s’agit d’un Grand Mensonge Systémique qui provoque des conséquences dramatiques.

Tant que la nécessité d’arrêter la complaisance au mensonge ne s’est pas radicalement imposée dans les différents milieux qui participent à la construction de l’opinion, les logiques d’occultation, de négation, de minimisation et d’exonération resteront prégnantes. Il faut aussi étendre cette pédagogie au plus grand nombre. Les Français ont le droit et la capacité de savoir. Ils doivent se révolter contre les Grands Mensonges Systémiques qui les conduisent droit à la catastrophe.

C’est le message qu’il faut nourrir et faire passer dans les mentalités ! Je crois que personne lorsqu’il refermera le livre, ne pensera jamais plus qu’il faut perpétuer les Grands Mensonges Systémique. Les malheurs de la vérité sont d’abord des malheurs tragiques pour les Français.

Annonce du dernier livre de Didier Dufau : "Les Malheurs de la Vérité"

"50 ans de grands mensonges systèmiques"

Nous sommes heureux d'annoncer la pleine disponibilité du dernier livre de Didier Dufau, Président du cercle des économistes e-toile. 

Les malheurs de la Vérité

Présentation rapide

Le choc terrible de la crise parlementaire provoquée par la dissolution irresponsable de juin 2024 ouvre les yeux sur une situation générale déplorable. Les crises s’accumulent : Etat impuissant, naissances en berne, récession, services publics à la dérive, pouvoir d’achat attaqué, sécurité publique dégradée, justice effondrée…

On entend partout la même question. Comment se fait-il qu’on « marche sur la tête » depuis si longtemps avec une inconscience si folle des conséquences ? La qualité d’un système démocratique solide est liée à la bonne qualité du système qui informe le citoyen. Aurait-on perverti notre information ? Aurait-on menti aux Français ?

La crise budgétaire a conduit l’éphémère gouvernement Barnier à afficher un changement radical : « Nous allons dire la vérité ». La vérité ! Nous étions donc bien dans le mensonge. Les Français n’auraient plus eu les moyens de juger les politiques menées et de voter les yeux ouverts sur une réalité honnêtement présentée.

Le couvercle ainsi levé, on a vu soudain, dans la marmite où mijote l’information démocratique cruciale, une pléthore de mensonges allégués souvent emmêlés les uns dans les autres, comme dans un nid de serpents. Pendant ces cinquante dernières années, ils auraient corrodé les esprits et l’information au point d’expliquer l’essentiel des difficultés actuelles. Quelle est la pertinence d’une telle dénonciation, désormais générale ?

L’auteur développe un nouveau concept : le grand mensonge systémique, une circonstance qui empêche une vérité d’éclore dans la conversation démocratique. La séquence est toujours la même : au départ est l’occultation. On n’en parle pas donc cela n’existe pas ! Lorsque l’occultation n’est plus possible s’engage la phase de négation : ceux qui profèrent ces propos sont des vilains, ne les écoutez pas ! Lors qu’i n’est plus possible de nier, commence la minimisation. C’est vrai mais bouchez -vous les oreilles car les vilains qui prétendent dire la vérité exagèrent. Lorsqu’on ne peut plus minimiser reste l’exonération. C’est vrai mais bon, inutile de s’attarder. C’est complexe ou hors de portée. La vérité n’arrive jamais à entrer dans la réflexion collective sur des bases appropriées. Avec évidemment de graves conséquences.

L’auteur passe en revue sept grands mensonges candidats à l’explication des immenses difficultés que l’on connaît aujourd’hui. Il montre comment ces diverses déviations sont nées et ont déployé leurs effets délétères. Il suggère pour chacun les solutions appropriées.

Le système d’information a un rôle crucial à jouer pour le bon fonctionnement des démocraties. En montrant comment il a dysfonctionné depuis cinquante ans, l’auteur cherche à renforcer la démocratie, menacée aujourd’hui, autant qu’à remettre la France sur de bons rails.

Le livre est à la fois d’une grande rigueur conceptuelle et historique et basé sur des exemples très concrets. L’auteur qui a analysé ces questions pendant 20 ans pour ses étudiants de Sciences po et a eu l’occasion d’intervenir comme expert dans une vingtaine de pays dispose d’une expérience unique pour exposer ces questions difficiles avec exactitude, précision et pédagogie. Un essai original et indispensable, en plein cœur des problématiques actuelles en France et qui éclaire des choix réellement cruciaux.

 

Le livre est immédiatement disponible à la librairie en ligne du Club des économistes e-toile

Librairie-e-toile.fr

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Faut-il réellement démanteler notre système social ?

 

La France est dépassée par les énormes dépenses imposées par un système social hors normes qui a dérapé dans une orgie de dépenses qu’on cherche un peu désespérément à couvrir que par une orgie de taxes et d’impôts. Avec un niveau de dépenses publiques proche de la valeur ajoutée des entreprises, on constate que si on voulait un impôt unique de type TVA son taux serait de 100 % ! Raisonnable ? Non, évidemment !

Condamner une classe politique qui depuis 1968 aurait ainsi multiplié les gratuités et les droits acquisitifs, en les généralisant à la terre entière, au nom des droits de l’homme, pour peu qu’elle débarque sur notre sol, est évidemment facile. Le spectacle lamentable donné à l’Assemblée nationale conforte ceux qui veulent mettre un terme à la course sans fin entre démagogie et impôts délirants.

Rien de bon ne sortira de cette confrontation oiseuse, avec un retour étonnant aux querelles de l’entre-deux guerres et la remise au goût du jour de mesures clairement communistes.

La vérité est que nous avons besoin d’un régime social de qualité et que certaines réalités entravent notre bonne volonté. Les hommes politiques de tous bords n’en ont jamais tenu compte. Les ignorer ne les a pas fait disparaître. L’aveuglement volontaire est évidemment le pire. D’où le résultat problématique que nous subissons.

Les deux causes principales de la situation désastreuse de la France et de la faillite de son système social sont l’effondrement démographique et les défauts structurels des systèmes monétaires dominants. Ne pas le comprendre éloigne de toute possibilité de solution.

Depuis la découverte de la pilule, et la loi Neuwirth en 1968, puis la montée vers l’avortement gratuit et sans contraintes, puis la remise en cause du mariage traditionnel avec le Pacs et le mariage pour tous, puis la dévalorisation de l’image de la femme au foyer et la promotion symétrique des bénéfices d’une carrière professionnelle, des voix se sont élevées pour avertir du risque démographique. Michel Debré, à droite, a été le plus incisif. Il a été affublé d’un entonnoir sur la tête, signe des fous. Alfred Sauvy, le grand maître de la démographie française, à gauche, a progressivement été évincé du système d’information. Un narratif s’est alors imposé : « la France fait mieux que tout le monde en matière de natalité, circulez il n’y a rien à voir ! ». Comme pour tous les narratifs de ce genre, il s’agissait d’expulser la question hors de la « discussion démocratique ». La vérité était évidemment différente. Des calculs très simples permettaient de s’en rendre compte dès les années quatre-vingt-dix et surtout dès le début de ce siècle. Le ratio naissances sur population totale après l’an 2000 montrait une perte de près de 500 000 enfants à naître par an, par rapport aux chiffres de 1971, dernière date non grevée par l’effet des récessions et des nouvelles lois et mentalités. Disons-le clairement : nous avons perdu entre 10 et 12 millions d’enfants à naître entre 2000 et 2025. L’effectif des moins de 20 ans est de 15 millions quand il était de près 30 millions en 1971. Un effondrement radical. Les tableaux fournis par l’Insee et l’INED le confirment désormais de la façon la plus nette : entre 2015 et 2025 la population des 21 à 60 ans a baissé. Celle des plus de 60 a augmenté de presque trois millions. Aucun parti politique n’a voulu prendre le risque d’annoncer qu’une population en âge de travailler déclinante allait devoir financer l’équivalent de la population de Paris, plus Lyon, plus Toulouse ! Plus de 2 000 milliards d’euros de dépenses cumulées à assumer ! Il faudra attendre 2 023 et l’évidence que nous allions vers le non-remplacement générationnel pour qu’enfin le drame démographique prenne sa juste place dans le débat public. Depuis mai 2025, les décès excèdent les naissances. Si rien ne change, les moins de 20 ans seront 5 millions en 2 100 ! En dépit d’une immigration massive ! Souhaitable ?

Une telle situation a évidemment fait sauter notre système social et obligé les « élites » dirigeantes à un grand écart entre la multiplication des démagogies pour se faire élire ou réélire, et la maîtrise de déficits de plus en plus abyssaux.

On retrouve à peu près la même attitude face à la seconde cause systémique de nos tourments : les défauts structurels des systèmes monétaires dominants. Depuis 1917, les monnaies sont devenues « administratives » et déconnectées des valeurs de référence, comme traditionnellement l’or. Il en est résulté les difficultés qui ont ravagé l’entre-deux-guerres. À l’initiative des Américains, une réflexion de longue durée a été entreprise au début des années quarante pour que l’après-guerre ne souffre pas des mêmes errements. Les Accords de Bretton Woods ont permis les « trente glorieuses » et ses « miracles économiques ». Jusqu’à ce que les États-Unis décident de les détruire en 1971, provoquant aussitôt le retour des désordres et des récessions. Les changes flottants sont une catastrophe économique. Depuis leur mise en place, nous avons connu trois récessions mondiales majeures de type 1929, toujours plus graves : 1973, 1993, 2008, et trois autres plus légères. Saisissons l’occasion de tordre le cou à deux légendes. La crise de 1973 serait une « crise du pétrole ». En fait elle commence aux États-Unis dès 1971, gagne le monde en 1972 et devient catastrophique en 1973. Le cartel pétrolier réagit par une hausse démente des prix du pétrole en novembre 1973. Elle aggrave tout, mais c’est une conséquence pas une cause. De même, certains pensent que la reconstruction d’après-guerre impliquait automatiquement une période de forte activité. Plus fortes les destructions, plus forte la reprise ! C’est évidemment totalement faux. Toutes les défaites militaires en France, et à peu près partout ailleurs, ont été suivies par des années de difficulté. Ne jamais oublier que celles qui ont suivi la défaite de Sedan n’ont été qu’une longue dépression. Il a fallu plus de 20 ans pour en sortir.

Quel est le vice interne d’un système de change flottant ? Il met fin à la condamnation des grands déficits et des grands excédents. Si un pays accumule d’énormes excédents qui se comptent en milliers de milliards de dollars ou d’euros, il ruine l’emploi de ses partenaires en déficit et ne sait pas quoi faire des sommes accumulées. Investir chez lui ? Il est déjà sur compétitif : Investir dans les pays déficitaires ? Et rétablir ses concurrents ? Que nenni ! On ne peut plus ni réévaluer ni dévaluer en concertation pour rétablir l’équilibre des échanges. . Alors que faire ? Tenter de placer le magot sans risque ! Le destin des monnaies administratives gérées par des gouvernements est de perdre régulièrement toute valeur. Le dollar évalué en or a par exemple perdu 99 % de sa valeur depuis 1971 ! Pour les détenteurs de milliers de milliards de dollars, le risque est crucial. L’Allemagne et le Japon ont pu le découvrir fin 1980 pour l’un, mi 1 990 pour l’autre. La Chine tremble aujourd’hui pour les mêmes raisons. Plutôt qu’investir dans la production, on essaie de placer ces sommes colossales en actifs plus sûrs : bourse, immobilier et financement de la dette des pays déficitaires. Cette financiarisation ne permet pas de rétablir les équilibres mais noie d’argent les Etats dispendieux et fait grimper à des hauteurs inaccessibles la valeur de l’immobilier. La France en a bien profité qui va sans doute réussir à accumuler près de 3 500 milliards d’euros de dettes publiques à la fin 2025. Ne parlons pas des dettes privées.

Cumulées avec les effets de l’effondrement démographique, ces récessions périodiques ont détruit tout l’équilibre de notre système social, nous laissant avec peu de solutions. Ne faire aucune réforme significative et sombrer dans la dette, avec un recul radical du PIB par tête est celle choisie depuis 1973 par la France, avec aggravation en 1981, 1 998 et 2 017 ; (nous sommes désormais au 28e rang des nations en attendant mieux pour le PIB par tête). On aurait pu aussi se lancer dans des réformes structurelles lourdes qui auraient remis en cause radicalement le modèle social, au prix d’une période de difficultés sociales importantes. Pensons à la Grèce, au Portugal, etc. Aucun président de la République n’a voulu assumer un tel risque.

Pour un observateur un peu sérieux, le système social est entièrement sous la pression des défauts structurels des systèmes monétaires qui permettent d’accumuler d’énormes excédents fauteur de crises périodiques et de la situation démographique qui nous prive de bras.

Ce qu’on doit reprocher aux hommes politiques ce n’est pas tant qu’ils ont voulu sauver ou même étendre le champ de la politique sociale, mais qu’ils ne se soient pas saisis des vraies causes qui en empêchaient le déploiement durable puis la survie. Sans politique nataliste majeure et sans réforme des systèmes monétaires défectueux, il est impossible de conserver le système social français actuel.

Donald Trump s’est attaqué aux déséquilibres commerciaux en passant par les droits de douane. Vrai problème mais mauvaise solution. C’est le système monétaire qu’il fallait réformer. Avec l’Euro, l’Union Européenne a pérennisé les excédents phénoménaux de l’Allemagne, de la Hollande qui a capté une part colossale des importations européennes libérées par la fin du tarif extérieur commun, et de l’Irlande, pour des raisons cette fois-ci fiscales. On ne peut plus jouer sur les changes pour rétablir les équilibres, ce qui nous auraient permis de sortir plus progressivement de la stagnation dramatique qui en résulte pour nous.

Non seulement nous sommes paralysés, mais nous acceptons que le paralytique soit attaqué de toute part. Si nous devions réagir comme Trump, il faudrait exiger des droits de douane de 80 % sur les importations Allemande…

La priorité en France comme en Europe devrait être de juguler les deux sources de la déréliction des régimes sociaux : l’effondrement de la natalité et les défauts écrasant des systèmes monétaires. Alors, on pourrait concevoir une réforme tranquille et généreuse de notre système social. Sinon ? Sinon, ce sera un effondrement soit dans la surimposition intenable soit dans la dette impossible à financer (nous y sommes presque). Eventuellement, le cumul des deux pourrait survenir, avec le pire au bout du chemin.

Évidemment, là où nous en sommes, une politique résolue de modération des excès de notre politique sociale doit être engagée. Trop d’aspects sont intenables. Mais son ambition doit être conservée. Sans une diplomatie de la prospérité et une politique déterminée de ré enchantement de la natalité, rien ne sera possible et nous resterons sur le chemin de la catastrophe sociale et nationale. Comme le disait Maurice Allais, dont les avertissements prémonitoires ont été si mal acceptés en 1997, « ce qui doit arriver arrive ».

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Dernier ouvrage paru : Les Malheurs de la Vérité

Faut-il mettre en cause la Constitution de la Ve République ?

Le mensuel Causeur, dans sa livraison de septembre 2025, a publié la libelle anti-gaulliste la plus violente qu’on ait lue depuis les temps troublés de la guerre d’Algérie. Plus d’un demi-siècle après la mort du Général de Gaulle, une telle diarrhée d’invectives surprend. Pourquoi tant de haine rétrospective ? Voici quelques échantillons des « compliments » de l’auteur, Pascal Avot :

- Le gaullisme est un naufrage.

- Le naufrage idéologique du gaullisme

- Le gaullisme est devenu un ectoplasme

- Il relève du « cosplays » (sic)

- De Gaulle a conçu la machine qui a tué la nation.

- L’état gaulliste est un tueur en série économique.

- La géopolitique gaulliste est une décharge pour concepts hors service.

- Le gaullisme est une fin de race

- Laisser la France goûter à l’Après-Charles

- De Gaulle va perdre sa statue et devenir une statuette.

- Les admirateurs de De Gaulle « passeront au mieux pour d’aimables plaisantins, au pire pour de dangereux illuminés »

Pour l’auteur, cette statuette doit clairement subir un rite de style Vaudou, avec mille épingles traversantes permettant l’exécration et la malédiction. Présenter le fondateur de la Ve République comme un tueur, un naufrageur, un ectoplasme fin de race à jeter à la décharge, ne laisse pas entrevoir une analyse d’une grande profondeur. On se souvient d’un journal, Hara-Kiri, qui offrait en quatrième de couverture « une page de vomi ». Mais c’était pour rire ! Un rire pas trop distingué mais un rire tout de même. Ici, pas question de lâcher la guillotine. La tête au képi à deux étoiles doit rouler dans la sciure pour l’éternité, sous les crachats.

Pourquoi s’attarder sur ce texte injurieux ?

L’article est en vérité une critique acerbe du rôle de l’État. L’auteur montre sans originalité mais avec exactitude que l’État français s’est cru prométhéen et a utilisé sa force pour détruire l’économie française à force de socialisme et d’étatisme délirants. Il constate que « la droite n’a eu ni le courage ni l’intelligence d’annuler ces quatorze ans où la France est devenue un pays d’assistanat addictif, de redistribution ratée, de mépris pour les riches, d’hypnose idéologique, de bureaucratie galopante et de laideur morale ». « C’est l’État et lui seul qui a vidé le pays de sa substance économique dans le seul but de nourrir sa cohorte de serviteurs, sa myriade d’obligés et d’affidés et de monter en neige ses projets imbéciles ».

Comme la forme actuelle de l’organisation de l’État a été voulue par le Général, c’est lui le coupable. La voiture s’est plantée dans un platane : ce n’est pas la faute du conducteur mais du concepteur de la voiture. Sans doute veut-il dire que, sans volant, la voiture n’aurait pas eu d’accident !

De Gaulle était, en économie, le contraire même du laxisme. Il a très bien vu que la destruction des Accords de Bretton Woods mettrait fin aux « Trente glorieuses » et il a souhaité mettre fin au rôle du dollar et rétablir celui de l’or, comme base du système. Il a constamment rappelé notamment à M. Giscard qu’il ne fallait pas dépasser 32 % du PIB en prélèvements de toute nature. Il a souhaité une décentralisation et une association entre capital et travail pour permettre des arbitrages plus près du terrain et des acteurs. Il a dû faire face à une révolte venue des États-Unis et au laxisme de George Pompidou. Il est alors parti.

Le vrai coupable de ce qui s’est passé n’est ni de Gaulle ni la Constitution. L’Enarchie Compassionnelle et Bienveillante, stade suprême de la prise en main du politique par la haute fonction publique, n’est pas née en 1958. Dès la crise de 1929, les Polytechniciens ont lancé le mouvement X-Crise fondé sur l’idée qu’il ne fallait plus laisser le pouvoir à des politiciens ignorants. Maurice Allais est une des réussites de cette réflexion. Il a annoncé avec ténacité qu’une grande crise allait se produire, sans aucun écho dans le système médiatique. Des économistes polytechniciens plus actuels sont moins convaincants. Il ne suffit pas d’être polytechnicien pour avoir raison.

Les Inspecteurs de Finances ont eu le même réflexe après l’effondrement en quinze jours des armées françaises en mai 1940. Ils ont décidé qu’il fallait prendre en main les affaires, faire les réformes nécessaires et se faire nommer ou élire aux postes de responsabilités politiques pour éviter une telle déroute pour l’avenir. Pratiquement toutes les réformes qui se concrétiseront dans le plan du Conseil National de la Résistance date de Quarante et ont mûri pendant l’occupation avant de fleurir à la Libération. L’ENA est créée, comme pratiquement toutes les institutions sociales, au profit d’une nouvelle caste entreprenante et dominatrice : l’Enarchie.

Dès la Quatrième, le poste de président du Conseil est conquis d’abord par Mendès-France puis Bourgès Monoury puis Félix Gaillard. Ensuite, ce sera Michel Debré. Avec le couple Giscard-Chirac la main mise énarchique est totale. Elle s’épanouit dans la démesure sous Hollande et Emmanuel Macron. On voit alors que le poste de premier Ministre est juste une étape de carrière administrative entre un poste de président de société de bus et la direction d’une société de métro ou de chemins de fer. Le premier Ministre perd sa consistance politique en ne représentant plus aucun segment du corps électoral. Gauche, Centre et Droite deviennent des entités politiques indistinctes et dominées par des élites administratives. Tous font la même politique. L’impôt ; le règlement, la subvention, les trois disciplines de base du haut fonctionnaire, explosent littéralement et coulent la France.

L’auteur se trompe de combat. L’objet de son ressentiment devrait être l’Enarchie Compassionnelle et Bienveillante. Elle peut être réduite par deux mesures simples : interdire aux hauts fonctionnaires de devenir des élus, sauf à démissionner de leur statut ; interdire les cumuls de rémunérations publiques. L’épistémocratie ne vaut pas mieux que la partitocratie. La séparation des pouvoirs implique que les hauts fonctionnaires servent la République mais ne la dirigent pas.

Là est la mesure utile et intelligente.

Éructer contre le Général de Gaulle est une passion triste et morbide mais surtout une erreur de cible particulièrement embarrassante.

Maintenant, il reste la liste affligeante de Présidents qui se croient des Jupiter et finissent dans le n'importe quoi. Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron ont été des présidents catastrophiques. Tous ont laissé filer la dette et multiplié l'interventionnisme de l’État nounou, sans oser s'attaquer aux deux sources principales des malheurs français ; la dénatalité et les défauts radicaux des systèmes monétaires internationaux, au sein d'une mondialisation dérégulée et déséquilibrée ; après avoir perdu toute indépendance au profit des commissaires européens.

Le spectacle donné par les parlementaires actuellement indique tout de même qu'il y a pire que des présidents défaillants. Fin de régime ? Tout le monde l'annonce. Avoir laissé la France dégringoler à la 28e place pour le PIB par tête est en effet le genre de résultat que personne en 1973, dans ses pires cauchemars, n'entrevoyait. Encore 50 ans de délire et on sera dépassé par le Zimbabwe. L'Européisme, l'Étatisme, le Socialisme, le Wokisme, le Fiscalisme, l'Anticapitalisme, l'Escrologie, le Keynésianisme dévoyé, la démagogie de la "gratuité de la vie", le gouvernement des juges, l'idéologie de la non-répression et le Justicialisme, ont été de plus féroces ennemis du peuple Français et de sa prospérité que la Constitution.

Le problème de la France n'est pas d'avoir un président trop puissant, mais qu'il a perdu toute autorité. Le problème du peuple français n'est pas qu'il souffre, mais qu'il ne travaille plus et ne fait plus d'enfants. Dans ces conditions, l'effondrement est automatique. Les Français ont le choix de croire qu'ils peuvent vivre sur la dette et l'argent des riches, ou de se remettre au boulot avec détermination, réenchanter la natalité et revenir aux grands équilibres.

La personnalité du futur président est importante, mais le programme l'est plus encore. En sacrifiant une mesure indispensable (le recul de l'âge de la retraite) la classe politique jette un froid terrible sur notre avenir. Certains désormais finissent par croire que le communisme est une solution pour perdurer dans la fainéantise assistée.

La seule solution est de se remettre dans la dynamique de la Ve République et de faire admettre aux Français que le salut passe par un programme massif et dynamique de redressement, avec la nécessité d'infliger une défaite cuisante aux ennemis de l'intérieur et de faire gagner une diplomatie de la prospérité.

Il est malheureusement clair qu'on n'en prend pas le chemin.

C'est tout de suite qu'il faut corriger la trajectoire et construire le projet décisif.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

Taxe Zucman : l'aveu implicite d'une inspiration communiste

Merci à Gabriel Zucman d’avoir donné une clé d’interprétation significative de sa taxe, devenue virale dans le cadre de la grande opération de séduction du parti socialiste lancée par Emmanuel Macron, pour sauver les deux années restantes de son quinquennat. Dans un article sur Linkedin, il souhaitait répondre à ceux qui démontraient qu’elle ferait sombrer la croissance des entreprises concernées. Son argument : Il faut séparer l’actif de l’entreprise que la taxe n’altérerait pas et les administrateurs et actionnaires, les « hommes de papier », qu’on peut exproprier à petit feu sans dommage.

Gabriel Zucman reprend à son compte une distinction qui était courante en URSS et qui a été la base notamment de la politique soviétique en matière d’organisation de l’agriculture. La réification du paysan, devenu koulak en Russie et koulkoul en Ukraine, est équivalente à celle du patron propriétaire devenu un « papier » et non une personne de chair et de sang. On pouvait tout faire subir aux Koulaks. L’important était les semences, le tracteur et l’engrais. L’agriculture soviétique a été un désastre. Dès la chute du système communiste, on a assisté au retour de la grande vocation de l’Ukraine qui était d’être le grenier à grains du monde, rejointe par la Russie.

La vérité : une entreprise est un tout.

La leçon d’hier rejoint celle des grands États du moment. La Chine exige qu’une filiale étrangère soit associée à une société chinoise. Trump exige que le Tik Tok américain soit vendu à des Américains. On a pu vérifier qu’Orange privatisée n’est pas la même entreprise que France-Télécoms.

Stigmatiser de façon méprisante les propriétaires, et vouloir les exproprier progressivement sans indemnité, en pensant que l’entreprise elle-même n’en serait pas affectée dans ses résultats, est une pure spéculation idéologique de militant qui ne tient aucun compte de la réalité.

Merci vraiment pour cette clarification bienvenue qui souligne une inspiration communiste assumée, ce qui est bien toujours un peu surprenant quand on réfléchit aux 75 ans d’échec de ce régime avant son effondrement de l’intérieur. Elle permet d’en prévoir les conséquences et explique pourquoi beaucoup pensent qu’elle doit être dénoncée et écartée sans faiblesse dans une société de liberté où la propriété a valeur constitutionnelle.

Il est intéressant de noter qu’en France, pour être un économiste en vue, il suffit de proposer des taxes : taxe Tobin un temps ; délire Pic(po)ketty, ensuite ; taxe Zucman aujourd’hui.

Le Français, né malin…

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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