Deux malédictions françaises : 2. Le drame monétaire
La « négociation » vient de se terminer entre la présidente allemande de la Commission Européenne avec le « mâle dominant » Trump. Elle a été convoquée à une réunion sur un golf écossais appartenant à Trump, entre deux parties. On lui a dit : signe-là ! Elle a signé. Trump a commenté sa victoire éclatante devant une Van der Leyen muette et gênée. Fin de partie.
Comme dit le « narratif européiste » : l’Europe est notre avenir et nous protège car, seule son poids économique peut lutter contre les autres puissances mondiales. La France, qui est en déficit commercial continu et gigantesque depuis les mesures Jospin, notamment les trente-cinq heures et le début de la destruction de la filière nucléaire de production électrique, est traitée par les États-Unis, comme une puissance exportatrice abusive qui mérite des mesures de rétorsion. Ce qu’elle n’est pas. Une énorme injustice, fruit de notre inconséquence européenne.
L’Angleterre qui est sortie de l’Union Européenne, non seulement a une meilleure croissance mais a trouvé un arrangement très favorable avec Trump. La France elle paie pour l’Allemagne qui a accumulé des excédents démentiels avec tout le monde, notamment avec la France et, pour la seconde fois, a provoqué des mesures de rétorsion américaines qui touchent l’économie française. La Chine, elle a su résister et reste ménagée par Trump, tout comme Poutine. L’espèce de gamin immature et narcissique qui a réussi à s’imposer à la présidence française se fait traiter comme tel par Trump. Pour garder un peu d’actualité, il reconnaît de facto l’action du Hamas en reconnaissant une Palestine impossible. Bien sûr le tout et accompagné d’un narratif longuement travaillé avec des équipes qui ne servent qu’à cela : « grâce à la France, les pays arabes vont faire leur rupture avec le Hamas ». Rupture qui existe déjà !
Quelle est la vraie cause de tout ce cirque indécent ? Nous l’écrivons depuis plus de 25 ans. Le système monétaire larvaire et pervers qui a été mis en place par les Américains en été 1971, qui ont fait défaut sans scrupule sur tous leurs engagements précédents, a créé une situation de crise permanente, avec multiplication des récessions périodiques, qui avaient disparu, et une mondialisation totalement déséquilibrée alors que l’entre-deux-guerres avaient prouvé que si on laissait des pays accumuler de gros excédents et de gros déficits on flinguait l’économie mondiale. Tous les traités économiques de l’immédiate après-guerre l’ont consigné. Nous avons fait inlassablement l’analyse du phénomène, notamment dans notre livre L’étrange Désastre paru en… 2 015. Dix ans déjà.
On a laissé le Japon, l’Allemagne puis la Chine et tous les dragons d’Orient et la Turquie et le Mexique accumuler des excédents pharamineux.
L’Union Européenne a voté à Maastricht une réforme monétaire qui crée un système où les déséquilibres entre les pays ne peuvent pas être corrigés par le moyen monétaire. Trois pays, à l’intérieur de l’Eurozone, ont accumulé des excédents colossaux qui n’ont jamais pu être réduits. La zone, elle, a accumulé, via l’Allemagne des excédents importants vis-à-vis des États-Unis et des déficits colossaux avec la Chine. Tout était en place pour un désastre. Il a eu lieu d’abord en 2008 avec la pire récession mondiale depuis 1929, puis en 2011 avec la crise propre à l’Euroland. Il culmine avec la soumission honteuse aux exigences de Donald Trump.
L’Europe a-t-elle réagi et exigé une réforme du système monétaire international inconsistant et dangereux ? Pas un mot. A-t-elle exigé qu’on réforme l’Euroland ? Pas du tout. Mais on a permis des déversements de monnaie totalement inconséquents puis une politique d’étouffement du crédit. Le grand n’importe quoi d’une BCE dirigée par une incompétente !
Quant à l’Allemagne elle a décidé unilatéralement de renoncer à son énergie nucléaire remplacée par des achats colossaux de gaz en Russie, permettant à Poutine de réarmer et des ventes colossales en Chine, au prix de déficits colossaux vis-à-vis de la Chine dans les autres pays de l’Union. En même temps l’Allemagne tentait de diaboliser l’énergie nucléaire et soutenait un plan de développement des Enr totalement débile. Il aura suffi que le batave Timmermans veuille être élu dans une coalition avec les Verts, pour entraîner l’Europe dans un calendrier intenable de prétendue « transition énergétique » où seule au monde elle s’est voulue exemplaire et s’est ruinée.
L’attaque Russe en Ukraine a fait voler en éclats cette belle mécanique. Plus de gaz à bas coût pour l’Allemagne. Une production électrique qui devient calamiteuse partout en Europe. Une hausse des coûts énergétiques phénoménale. Des amendes européennes délirantes. Un green deal asphyxiant. Les industries en voie de destruction.
Et voici que l’attaque américaine conduit l’Allemagne à accepter des mesures unilatérales américaines non négociées qu’elle aurait dû, seule, supporter et qui désormais s’imposent à tous.
La France va toujours subir les excédents Allemands délirants et en prime payer 15 % de droits de douane pour les ventes aux États-Unis, sans aucune compensation, avec, en prime, l’obligation d’acheter au prix fort du gaz naturel obtenu par une fracturation qu’elle s’interdit d’utiliser chez elle et celle de participer à des investissements colossaux aux États-Unis alors qu’elle n’a plus le premier sou pour investir en France. La haute fonction publique socialiste, étatiste, anticapitaliste et oppressive s’est félicitée de n’avoir plus à faire attention à une monnaie nationale et elle a considéré que désormais on pouvait emprunter à tout va sans scrupule et sans réserve. 3 400 milliards de dettes plus tard, elle se retrouve hagarde et incapable de boucler un budget sans ruiner un pays devenu le champion du monde des prélèvements et qui va subir une force secousse économique à cause des Allemands.
On sait que la première des solutions aurait été d’exiger une réforme de l’Euro avant celle du système monétaire international. Il fallait que les excédents intra-européens fassent l’objet d’une taxe progressive, ce qui aurait forcé l’Allemagne et la Hollande a une révision de leur politique qui nuit aux autres pays de l’Union. Une fois cette réforme interne faite, il fallait se retourner vers le monde en exigeant une réforme massive du système monétaire international basée sur l’interdiction d’excédents et de déficits durables. Une mondialisation déséquilibrée ne pouvait que mal finir. Elle finit mal. Et nous ne faisons toujours rien.
La France, dirigée par un incapable psychotique qui ne gère que lui-même et son narratif s’est laissée totalement marginaliser et est tenue partout pour ridicule. Les pays d’Afrique et du Maghreb s’essuient les pieds sur elle sans scrupule à chaque occasion. Les États-Unis et la Russie la méprisent. Le reste de l’Europe s’en méfie. Le Moyen-Orient l’ignore. L’Extrême Orient la pille commercialement sans aucune réaction. Un président malade de lui-même a effondré la réputation et la place du pays dans le monde.
Emmanuel Macron a réussi à faire décliner l’influence de la France au niveau de Luxembourg et d’Andorre, tout en ruinant ses finances et son économie, sans parler de ses services publics. Il a ouvert la porte à des secousses sociales et politiques incontrôlables. Il se contente de propos de roquet, en interne ou en politique étrangère, pour exister, alors que les institutions sont bloquées par sa faute. La France aura payé un très lourd tribut depuis 2017.
Au-delà des choix politiques calamiteux, la vraie question est celle de la réforme des systèmes monétaires européens et mondiaux. La France doit prendre la direction du refus du statu quo en matière monétaire et exiger la réforme du système européen. Levier : le prix démesuré payé pour des débordements dont elle n’est en rien responsable. Payer pour les autres c’est bien une fois, mais c’est la dernière.
Une fois cette réforme faite, il faudra imposer à l’Union Européenne qu’elle prenne le leadership d’une réforme du système monétaire global. Pour cela il va falloir rétrécir considérablement le rôle dominant de l’Allemagne et renvoyer Mme Van der Leyen. Ce renvoi, la France devrait le demander dès maintenant et d’une voix tonitruante. Mais avant il va falloir expulser Emmanuel Macron de la présidence française, car il empêchera coûte que coûte toute action efficace de redressement. Quand on a nui sciemment à son pays, on ne se corrige jamais et on continue ad perpetuam. Alors, dehors ! Et vite !
Qu’on sorte enfin de l’effondrement et que les intérêts français soient réellement défendus. En commençant par l’élimination de la véritable tare que sont les dysfonctionnements des systèmes monétaires européens et mondiaux ! Sinon, il va falloir sortir de l’Union. Il suffit de constater les chocs subis par la France depuis ces dernières années : choc énergétique ; choc agricole ; choc industriel ; choc dans la construction ; choc fiscal avec le remboursement du grand emprunt européen, suites du choc de la récession de 2011 et maintenant choc commercial ! Cela commence à faire beaucoup ! Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.
Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
L'Euro s'est apprécié violemment par rapport au dollar (1.183 contre 1.018) , pratiquement 18%. Personne n'a rien dit. On crée 15% de droits de douane, tout le monde hurle à la mort. Il est vrai que dans l'affaire les deux s'ajoutent au détriment des partenaires européens des Etats-Unis qui doivent faire face à une hausse de leur prix à marge égale d'un tiers, ce qui est beaucoup.
L'ennui est qu'en système de changes flottants non régulés , les cours ne reflète que des mouvements de capitaux spéculatifs et non l'équilibre de moyen terme des relations économiques. La tentation est pour les plus forts d'imposer des taxes. Que faire si la situation ne s'améliore pas ? La Chine a annoncé qu'elle ferait chuter le Yuan à proportion des taxes. En fait le Yuan n'a été dévalué que de 1% et colle au dollar. On ne peut pas réguler les échanges commerciaux avec des changements permanents de droits de douane. Que se passera-t-il si le commerce américain devient excédentaire ? Une catastrophe puisque les déficits nourrissent la fourniture de liquidités mondiales en dollar. Là encore, le lien entre monnaie et commerce est très fort.
Heureux de constater que ce constat est fait sur des blogs économiques comme le vôtre alors que la presse et les politiques l'ignorent totalement.
Quand, en même temps, le système monétaire international et celui de la zone Euro sont dysfonctionnels, même le plus audacieux des politiques considèrera que la question est hors de portée, donc hors de tout débat. A l'impossible, nul n'est tenu !
La situation est aggravée par le fait que dans les deux cas, des tensions sont créées qui sont tranchées par la force. Cela pousse au retour aux relations de forces géopolitiques.
Il a fallu la guerre de 40 pour que les questions monétaires soient réellement prises en compte.
Espérons qu'il ne faudra pas une guerre mondiale pour provoquer les réformes nécessaires.
A noter l'indigence totale de la présidence française. Et celle de la Commission Européenne. Et celle de la directrice de la BCE. Et celle de la directrice du FMI.
On doit à Mme Van der Leyen une campagne menée au nom du féminisme outrancier contre le président du comité olympique japonais qui avait osé dire que les femmes ralentissaient par leur bavardage la durée des conseils d'administration, à Mme Lagarde au FMI et à la BCE pas mal d'interventions féministes totalement hors de son rôle. Quant à la Kristalina on lui doit la substitution de Greta Thunberg au prix Nobel de physique pour que le FMI fasse sa révérence au Giec.
Espérer de ces dames une compétence quelconque dans les questions monétaires serait évidemment aventuré. On a vu Mme Van der Leyen se faire "croquer" par Trump de façon caricaturale. Personne n'attend des deux autres une vision quelconque sur les questions dont elles ont théoriquement la charge. Elles font avec diligence ce qu'on leur dit de faire là où on leur dit de faire. De simples apparatchiks mondialisées et politiquement correctes (au sens américain). .
Pour la Commission européenne, on n'ose pas dire. Mais dans les faits c'est une institution qui n'a aucune influence internationale. Elle ne sait faire de dégâts qu'internes à l'UE
La question est intéressante et d’actualité. Le cœur de la réponse est la nuisance économique de relations économiques déséquilibrées entre deux nations. Ce sont les nations qui décident de leur structure économique et des composantes de leur productivité. Bien sûr les conditions naturelles de la production interviennent mais le plus souvent moins que les conditions étatiques d’organisation de la société. Par conséquent, ce sont rarement les produits eux-mêmes qui sont à l’origine des déséquilibres des échanges, avec l’exception notable de l’énergie et des ressources primaires stratégiques. La fiscalité, l’organisation du travail, le mode de financement des investissements, l’importance des dépenses publiques ont plus d’impact sur le déséquilibre des échanges qu’un produit particulier. Un produit qui supporte une forte fiscalité sera en difficulté face à un produit importé qui n’en supporte pas. Les produits et services étant extrêmement nombreux et changeant sous l’effet de l’innovation ou de changements extérieurs subis, vouloir équilibrer les échanges entre deux nations par les droits de douane sur les produits est une source inépuisable de conflits et devient un rapport de force. Vouloir équilibrer tous les échanges entre nations par les droits de douane devient une foire épouvantable qui finit toujours par entraver les échanges. Or l’échange est la base de la valeur.
L’invention de la monnaie qui a permis de sortir des relations de force, et de la compensation, a offert une solution beaucoup plus facile. En agissant sur un seul facteur, le taux de change, on pouvait immédiatement rétablir l’équilibre des balances de paiements, à condition que les ajustements se fassent de façon concertés et non conflictuels. À partir de 1917 les monnaies sont devenues administratives et non plus des étalons en matière précieuse. La catastrophe de la gestion monétaire de l’entre-deux-guerres a conduit à réfléchir à des modes de relations économiques et monétaires concertées. Ce furent les Accords de Bretton Woods : les changes sont fixes mais ajustables par accord général. Si une nation rend son système moins compétitif, sa monnaie devra fléchir. Dans le cas contraire, il faudra réévaluer. Un organisme international aidera à manœuvre pour alerter sur des dérives en cours de formation et aider à corriger des situations gravement compromises sans récessions majeures. On eut les Trente Glorieuses.
Les États-Unis ont fait sauter le système qui limitait leur possibilité d’inonder le monde en dollars et de se lancer dans des plans de dépenses délirants. Les monnaies sont devenues flottantes et n’ont plus joué leur rôle de régulation des échanges de biens pour ne servir que les mouvements de capitaux. Les excédents permettaient de générer des sommes colossales qui n’avaient plus de réemploi industriel. Ils se sont déversés sur les bourses et l’immobilier, le financement des déficits privés et publics, cassant les mécanismes de la croissance et provoquant des crises à répétition.
L’Allemagne, le Japon et la Chine ont accumulé des excédents se comptant en milliers de milliards de dollars. Les États-Unis pour fournir la liquidité mondiale en dollars ont accumulé des déficits colossaux. Le mauvais système monétaire international a été la cause de ces déséquilibres. En Europe, on a mis un système de monnaie unique qui ne permet plus de rééquilibrer les économies nationales par les taux de changes. L’Allemagne a accumulé sur les autres pays européens des excédents colossaux allant jusqu’à 8 % de son PIB. La récession était la seule solution pour que les pays en déficits sortent du piège des déficits. On l’a vu avec la Grèce. L’ensemble de la zone a commencé à perdre pied par rapport au reste du monde. La Grèce n’a pas décidé de mettre des droits de douane colossaux sur les produits allemands !
Les systèmes monétaires sont et la cause et le moyen de correction des déséquilibres des échanges.
En choisissant, parce qu’il est le pays le plus puissant économiquement, de frapper les échanges par les droits de douane, Trump entraîne le monde dans une guerre commerciale permanente et des relations de force. C’est une guerre sans fin qui aura sur la croissance globale un effet dépressif. Cela trouble tous les marchés de produits et services et altère la confiance. Au lieu de demander aux états en échanges ouverts de gérer harmonieusement leurs conditions économiques globales et en provoquant des récessions sur des marchés établis, l’action violente et massive sur les droits de douane a des conséquences psychologiques et pratiques destructives. Le grand marché européen qui est une zone d’échanges libres régulés par le droit, avec des nations suivant des modes d’organisation différents est structurellement déséquilibré et incapable de réagir à l’offensive de Trump sur les droits de douane, par ce qu’elle-même a supprimé l’essentiel des droits de douane en son sein et accepté que son pays économique dominant accumule des excédents délirants avec les États-Unis. La France est entraînée sans raison dans la riposte américaine à cause des excédents allemands. On ne voit pas comment cela pourrait être positif.
L’avant-guerre a montré qu’on ne pouvait pas s’en sortir par des guerres monétaires. On va découvrir qu’on ne peut pas s’en sortir par des guerres de droits de douane. Il faudra donc revenir à une régulation par des systèmes monétaires sains, permettant la stabilité et l’équilibre des échanges dans la durée, avec des politiques étatiques permettant de respecter les grands équilibres. Cela passe par le retour des changes fixes et ajustables par coopération aussi bien dans le monde et dans l’Union Européenne. Et l’élimination du dollar comme liquidité internationale.
Désolé pour cette réponse un peu longue. Mails il est impossible d’être sommaire en la matière.