Vous avez dit «morale » ?

Pour un polonais habitué aux allers-et-retours entre la Pologne et la France, la lecture de la presse est d’un côté comme de l’autre un sujet permanent d’étonnement.

Evidemment nous sommes plus connus pour nos plombiers que pour notre direction de l’Union Européenne et notre vision des questions économiques, mais  nous avons aussi un peu de mémoire.

Sous la bienheureuse dictature socialiste tous les plans gouvernementaux s’effondraient lamentablement avec la plus grande des régularités. Cela ne pouvait pas être à cause du socialisme, si gentil, si grand, si essentiel.

Alors c’était toujours la « faute à Jules » et aux vilains qui n’avaient pas conservé l’attitude socialiste essentielle qu’il s’agissait de restaurer aussitôt, en général en envoyant aux gémonies socialistes quelques dévoyés notables enrichis certes un peu vite mais bloquant surtout  la  promotion méritée d’une crapule encore pire mais bien vue de la Nomenklatura.

En lisant le Figaro on est saisi par l’identité des mécanismes. « Il ne s’agit pas faire de l’anticapitalisme mais de le moraliser ». Ah la morale ! Il n’y a que cela de vrai.  A peu de lignes de là on pouvait voir qu’un pauvre garçon plaqué par sa femme exigeait qu’elle lui retourne le rein dont il s’était privé pour qu’elle vive : « il ne s’agit pas de réformer le divorce mais de le moraliser ».  Ce n’est pas dit mais c’est subliminal.

N’a-t-on  rien fait depuis quatre mois sur le terrain de la morale ?  C’est doute pour cela qu’un éditorialiste   du joli nom  de Gaétan de Capèle   rappelle à temps  : « en dépit des apparences quatre mois après Lehman Brothers la crise de confiance persiste ». 

A quoi sert que le Président Sarkozy s’agite autant, on se le demande.  Heureusement la conférence de Londres s’avance en majesté et dit Gaétan, a capella : « une rémission ne sera assurée  que …lorsque la définition des normes comptables  aura été soigneusement réexaminée,  recodifiée et qu’elles seront les mêmes pour tous ».  

C’est sûr que cela aurait impressionné Madoff, Lehman Brothers, UBS, Natixis, l’Islande entière et peut être même un polonais totalement saoul.

Sans doute pour les mêmes raisons de normes  de très haut niveau on ne fera pas droit aux exigences de l’industrie pornographique (c’est évoqué dans le même numéro)  qui constatant des ventes flaccides  exigent les mêmes soutiens (une institution répandue  à titre individuel et même collectif dans ce secteur) que la banque ou l’automobile : la libido a un « bilan carbone » pourtant bien meilleur. Mais la morale ! La morale on vous dit !

Personne ne semble devoir admettre que les crises sont d’une part un rituel du capitalisme qui connaît une récession pratiquement tous les dix ans depuis au moins trois siècle (et sans doute plus) et d’autre part, dans le cas des dernières,  le fruit de défauts structurels  graves et pas seulement règlementaires.

Lorsque notre économiste en chef avait demandé publiquement  à Yves de Kerdrel, encore un bien joli nom, si les changes flottants n’avaient une petite responsabilité tout de même, la réponse avait été embrouillée pour se conclure par un « c’est nécessaire » plein d’autorité mais sans aucun argument.  
Sans doute le flottement incohérent et destructeur des monnaies est-il une catégorie de la morale.   

A quand le remplacement des économistes par des prêtres et des saints laïques ?

Nous,  on peut prêter notre « vierge noire », très dans le vent Obama.  Mais pas trop longtemps tout de même

Elle sera au moins aussi efficace que nos plombiers.  
 
Zbig Brataniec (qui n’ose pas dire qu’il parle au nom du Cercle des économistes E-toile).



La farce de la conférence de Paris des 8 et 9 janvier 2008

Monsieur  N. Sarkozy vient de réunir jeudi 8 et vendredi 9 janvier  à paris un aréopage d’experts plus sérieux les uns que les autres dont le motif est naturellement très restreint : trouver une tribune non franco-française à l’omni-président auto-déclaré maintenant que la présidence de l’Europe lui échappe. 

Il a réuni quelques gouvernants européens notables anciens et nouveaux et un économiste spécialiste de l’énumération  des nouvelles « régulations », le directeur de la London School of Economics ».

Le public n’a pratiquement pas été reçu en dépit d’une farce de procédure internet.  
Dommage on aurait aimé pouvoir poser quelques questions.
Comme celles-ci :

-    Nous vivons sous un système de changes flottants. Où sont les  théories convaincantes qui ont conduit à construire ce système ? Où s’agit-il d’un non système qui s’est imposé à force de résignation ?  Acceptez-vous encore cette résignation ?

-    Depuis l’introduction des changes flottants les crises financières n’ont pas cessé :

o    Crise du pétrole (liée à la baisse excessive du dollar)
o    Stagflation
o    Crise des prêts souverains aux pays du tiers monde
o    Crise des obligations pourris
o    Crise des savings and loans
o     Crise extrêmement brutale de 92-93
o    Crise dite des pays émergents
o    Crise extrêmement brutale dite des NTIC
o    Crise actuelle dite des subprimes.
S’agit-il à votre avis d’un hasard ou y-a-t-il quelques rapports avec le système des changes ?

-    Les changes de certains pays ont littéralement explosés pendant que certaines devises étaient dévaluées intentionnellement pour avoir un avantage dans la crise. Considérez vous réellement que les changes soient une affaire sans importance dont personne ne doit s’occuper ?

-    Les produits à risque sont en grande majorité des produits cherchant à cadrer le risque de variations de change tout en arbitrant les intérêts  prévalant sur les différentes places financières.  Comment éviter les « produits pourris » ou trop dangereux  ou avec une mathématique trompeuse si les changes restent à ce point variable avec des mouvements de capitaux libres ?

-    La plupart des opérations d’arbitrage des banques et des Hedge funds dépendent de changes variables qui en aggravent de façon systémique le risque. Comment réduire le risue en maintenant un risque de change sous jacents très grave.

-    Les variations de change immenses (du simple au double) portant sur les monnaies principales  ne sont jamais évoquées dans vos travaux. Pourquoi ? Doit-on considérer qu’à votre avis elles l’ont aucune importance ?

-    Trouvez vous normal et sain que les Etats-Unis aient été en déficit massif pendant  ces trente dernières années inondant le monde de dollars  sans fondement économique autre que la volonté des Etats-Unis d’avoir des ressources faciles ?

-    Croyez vous réellement que vous pourrez juguler une crise bancaire, monétaire et de change d’ampleur jamais vue et de diffusion mondiale, uniquement  avec une boîte à outils de « régulations » ?   A noter : en français régulation veut dire « corriger un compas par visée du soleil ».  Ne craignez vous pas de vous éblouir plus que de changer réellement les choses ?

-    Vous n’avez pas touché aux systèmes de change depuis le début de la crise (ni en 2006 pour le retournement américain, ni  en juillet 2007 pour le blocage du système des « subprimes», ni en septembre 2008  pour l’explosion des systèmes financiers) et la récession s’avance en majesté en dépit de tous vos efforts. Ne croyez-vous pas qu’il y ait comme un lien ?

Inutile de parier qu’ils auraient aussitôt répondu avec précision et moult arguments documentés en  déclenchant   aussitôt une adhésion intellectuelle totale   et un  enthousiasme dégoulinant de bonheur devant tant de connaissances et de sagesse !


Didier Dufau pour le cercle des économistes E-toile.



Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

Association loi 1901

  
BlogCFC was created by Raymond Camden. This blog is running version 5.9.002. Contact Blog Owner