Une France muette et paralysée

Depuis que le monde est monde et l’humanité ce qu’elle est, les contritions publiques sont la plaie des périodes de crise.  Toute difficulté est la sanction d’on ne sait quel pêché. Un malheur  est toujours une expiation méritée.  Il y a peu on aurait égorgé quelques vierges pour calmer l’ire des Dieux au  milieu de longs rites de repentance.   Aujourd’hui  quelques articles  pleurnichards dans la  presse suffisent.

Gérard Slama dans la dernière livraison du Figaro magazine fait ainsi  remarquer, après la présidente du Medef,   que: « Depuis 2000 la consommation s’est accrue en France de 21%, les importations de 41% et le production de …1% ».  On se moque des Etats-Unis qui ont cessé de produire pour acheter à crédit et à bas prix en Chine. Nous avons fait exactement la même chose !  En plus nous avons décrété les trente cinq heures, gonflé toutes les dettes publiques et poussé la dépense publique au plus haut, supprimé le tarif extérieur commun et créé l’Euro avec une politique d’accompagnement déflationniste. 

La crise est bien mondiale  mais on a tout fait pour qu’elle nous frappe en état de vulnérabilité et de faiblesse.  Un peu de lucidité après catastrophe, pourquoi pas après tout, sauf qu’il aurait été un peu plus utile de dénoncer les dérives quand elles avaient lieu. « Nous nous sommes payés de mots » ajoute l’éditorialiste. Abus de prévention, culte de la transparence, soucis excessif de l’exclusion : autant de bonnes intentions un peu trop faciles dont les effets pervers se seraient retournés contre une  société considérée comme « irresponsable » par des dirigeants soucieux surtout de la « protéger contre elle-même ».


En gros, nous avons voulu des dirigeants au grand cœur. Ils ont voulu à leur tour être trop gentils dans un monde de brutes.  Pleurons mes frères sur les funestes  résultats de trop bonnes intentions. 

L’ennui de ce genre de litanies c’est qu’elles ne mènent rigoureusement à rien.  Quelle politique mener à partir de là ? Les dégâts sociaux des deux prochaines années vont être tels, qu’il est absolument exclu que l’on puisse les calmer par des prêches. 

Il est clair que le Front populaire et sa démagogie étaient  suicidaires face à la montée de l’hitlérisme, que l’esprit munichois ne nous menait pas aux nécessaires mobilisations , que le souci militaire d’une défensive exclusive derrière la ligne Maginot ne nous conduisait pas à la victoire devant les blindés de Guderian,  mais gémir  sur nos fautes après la dérouillée et l’occupation n’a servi qu’à masquer les vilains calculs politiques de  crapules et de renégats.  Acceptons en la leçon !

Ce ne sont ni les pleurs ni la colère qui nous sortirons de l’ornière où l’on est. Ce qu’il faut c’est un diagnostic précis et une action percutante portant sur les leviers disponibles.

Le point clé est monétaire.

Nous vivons sous un système de changes flottants depuis 35 ans : les crises monétaires et financières s’enchaînent depuis de façon ininterrompue avec une gravité croissante et désormais  le système est exsangue. 

Il faut arrêter ce désastre.Tant qu'on ne touche pas au système monétaire international, on ne fait rien. On a moqué la passivité des gouvernements des années trente face à la dépression. On est EXACTEMENT dans la même situation.

Les pays pétroliers ne peuvent pas aspirer toute la richesse du monde ;  la Chine ne peut pas aspirer toute l’économie du monde.  La monnaie des Etats-Unis ne peut pas être celle du monde avec un émetteur qui se déclare indifférent aux conséquences  non nationales de sa politique. 

Il est rigoureusement certain que personne ne pourra accepter que le dollar s’effondre et avec lui le Yuan, ni que les pays pétroliers n’étranglent le monde  avec une politique monopolistique malthusienne.

En 1929, il a fallu près de trois ans pour que  l’impatience des nations finisse  par l’emporter sur l’esprit de concertation qui était celui de l’époque (on l’a totalement oublié).  Lorsque l’année 2009 aura fini de dévoiler ses dégâts,  les réactions nationalistes et protectionnistes l’emporteront naturellement et avec une grande vigueur.  Gare à 2010 et 2011 !

On a pu les constater dès 2008 : tentative de l’Irlande pour attirer les capitaux mondiaux par une garantie bancaire ; dévaluations rapides et successives du Rouble et de la Livre ; protectionnisme Russe dans le domaine des voitures ; arrêt du cycle de Doha etc.  Portons nous deux ans plus tard avec de grandes cohortes de chômeurs et une floraison de faillites !  Ce sera bien pire.

Il faut naturellement fixer sur une base réaliste les taux de change et décréter une politique mondiale de retour aux équilibres. Forcer les Etats à être responsables de leurs balances de paiement est indispensable.  Chaque pays doit être proche de l’équilibre et empêché de dévier trop loin soit dans le sens de l’excédent soit dans celui du déficit.

La vocation de la Chine est de se développer progressivement et sans secousses.  Aspirer le capital mondial et l’ensemble des usines ne mène à rien de durable. La vocation des pays pétroliers  est également d’équilibrer leurs comptes. S’il leur est interdit d’accumuler des réserves monétaires en les replaçant sur les places américaines et européennes, il faudra bien qu’ils investissent. 

Cela veut-il  dire qu’il n’y aura plus de mouvements de capitaux libres et d’investissements internationaux ?  Au contraire. Ce qui disparaîtra ce sont les mouvements de trésorerie et de spéculation à court terme.   La spéculation sur les monnaies sera interdite de même qu’on a interdit de « vendre à découvert »  les actions bancaires.  Les changes seront centralisés par les Etats. Il sera interdit d’emprunter directement en devises étrangères.  Le marché des changes disparaîtra.

En un instant l’ensemble du secteur bancaire (hedge funds compris)  spéculant sur les taux d’intérêt et  les devises sera paralysé et conduit à s’intéresser à autre chose.   En un instant l’économie aura vu le risque diminuer de plusieurs magnitudes.  Les mouvements de spéculation sur les marchés boursiers  seront partiellement contenus : on ne verra pas le cumul d’une double spéculation sur la bourse et sur le dollar comme en 1999.

Le réalignement des devises n’ira pas sans mal : il faut certainement dévaluer le dollar de 15 à 20% et réévaluer le Yuan de 30 à 40%.

Comment équilibrer les soldes de balance de paiements alors qu’il n’y a plus de monnaie internationale (or ou dollar) ?  En en créant une ou en permettant un jeu de découverts provisoires. Si un état n’ajuste pas sa politique économique pour revenir à l’équilibre et même retrouver les excédents qui lui permettent de rembourser,  un jeu de taxes automatiques prendra le relais interdisant tout dumping monétaire de longue durée.

Les libéraux crieront au massacre : seul le marché sait. En matière de changes la réalité constatée depuis 30 ans est qu’il ne sait rien.  Le flottement n’a aucun caractère correcteur et globalement les mouvements spéculatifs à court terme déséquilibrent les marchés de biens. 

Ils diront : mais pourquoi empêcher une nation qui est structurellement emprunteuse de capitaux  et exportatrice de biens de  vivre avec des déséquilibres de longue durée mais symétriques entre balance des paiements et balance commerciale ?   On n’empêchera rien : mais les déséquilibres ne pourront pas enfler démesurément ni perdurer indéfiniment. 

On affiche la responsabilité des gouvernements et leur volonté commune de commercer mais dans la raison et l’équilibre. 
En matière monétaire mondiale il n’y a pas et n’y aura pas avant longtemps d’organismes de régulation.  Il n’y a donc pas les conditions d’un marché totalement libre.  Inutile de faire comme si !

Cette politique peut porter ses fruits extrêmement rapidement :

-    Les agents économiques retrouvent aussitôt un horizon économique et une possibilité de calcul économique.  Aujourd’hui plus aucun calcul ne peut être fait ce qui contribue à l’arrêt des investissements et à l’extrême prudence des relations commerciales.

-    Les banques ne peuvent plus jouer de rôle que dans un cadre national et perdent tout le trafic généré par le flottement des monnaies. Les risques sont considérablement diminués.  Elles doivent se recentrer sur les métiers de prêts non spéculatifs.

-    Les salariés retrouvent un horizon : ils ne sont plus directement en concurrence avec le niveau le plus bas des salaires mondiaux  grâce à des changes équilibrés.  Ils sont tenus à l’effort, à la créativité  et à la productivité mais sans maelström.


-    Les épargnants retrouveront rapidement le souci d’une amélioration de rentabilité de leur épargne  dans la mesure où les prêts sans risque seront pratiquement sans rendement.


-    L’apparition de responsables étatiques en charge de résultats rétablira la confiance. Ces responsables ne peuvent être que nationaux.  Cela pose pour l’Euroland une question épineuse. Il faudra IMPERATIVEMENT un gouvernement économique de l’Euroland.  La BCE cesse d’avoir le rôle dirigeant exclusif de l’Euroland,  les manipulations monétaires sur les taux d’intérêt ne pouvant en aucun cas régler  seules la question des balances de paiements. 

On dira : quelle est la faisabilité pratique de cette politique ?
Un dirigeant qui se résoudrait à la proposer ne serait-il pas immédiatement marginalisé et ridiculisé ?

La réponse est : essayer pour voir ! 

Il y aura à fin 2009 un tel désespoir général  (et qui n’aura aucun exutoire puisqu’il n’y a aucune politique réelle annoncée, sinon des plans de relance incapables de sortir le monde de la crise ( dans un système de change flottant, les relances reviennent à verser de l’eau dans un tonneau percé) qu’il n’y aura guère de choix : où un cap est montré avec une grande force de démonstration où ce sera le sauve qui peut général.

Il faut à la France une voix capable de dire la vérité au monde,  à l’Europe et aux Français et de leur montrer un cap. Elle n’est pas là. 

Au monde il faut dire : fin des changes flottants ; retour à une politique concertée basée sur les équilibres de balances extérieures, sans la perturbation des mouvements de capitaux à court terme.

A l’Europe il faut dire : gouvernement économique  commun et fin de la primauté et exclusivité de la BCE. 

A la France il faut dire comment on va procéder à la  réduction drastique de la dépense publique, de l’endettement et de la  fonction publique et le faire.  Les cadeaux à répétition au peuple et les « droits à » se démultipliant à l’infini, c’est fini.  

Nicolas Sarkozy aurait pu être l’homme de cette politique.  Malheureusement il n’a aucune vision économique ; c’est un politicien démagogue qui n’hésite jamais à multiplier les cadeaux électoraux ciblés et à ouvrir de nouveaux « droits à » ; sa critique de la BCE n’est fondée sur rien de tangible ;  Il n’a rien à dire au monde sinon « réunissez vous », mais sans dire pourquoi faire. 

Nous sommes donc dans l’agitation plus que dans l’action. Les partis de gauche qui ont commis tant d’erreurs gravissimes et qui sont responsables de trois sources permanentes du déclin français, le programme commun de gouvernement, les dérives rocardiennes (RMI et CSG), et les trente cinq heures, n’ont aucune idée à présenter.

Autant dire que la France est muette et paralysée. 

Exactement comme elle l’était en 39 où tout allait à rebours des nécessités nationales sans qu’une voix puisse réellement se faire entendre.

Espérons qu’il faudra des évènements moins déplorables qu’à l’époque pour que se lève le vent nouveau. 

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile (en guise de bons voeux pour 2009)

Crise mondiale : laisser la presse faire son travail !

La campagne en cours pour que la presse cesse de parler de la crise mondiale est une des curiosités du moment.  La presse serait la cause du pessimisme et provoquerait une aggravation de la crise.  La presse est un thermomètre de ce qui préoccupe les gens. Croire qu’en cassant le thermomètre (bien imparfait) en rétablirait la confiance parait pour le moins aventuré.

Il est vrai que le public est abasourdi par des évènements que personne ne leur avait laissé prévoir et qu’il a contemplé un temps desa fenêtre sans pouvoir croire que cela pouvait vraiment le concerner.   Frappé d’incrédulité devant des évènements  dont il n’avait aucune expérience, il a hésité entre stupeur et tremblements.

Le système bancaire s’est quasi effondré en même temps que les bourses. Les épargnants ont été durement frappés dans leur épargne courte et longue, alors qu’ils étaient plutôt sur des bases prudentes.  Le spectacle de banquiers littéralement saisis par l’inconscience (jusqu’à se faire avoir dans un pyramide de Ponzi  de dimension méga-pharaonique] et ruinant aussi allègrement leur banque  que leurs clients n’a pas arrangé les choses.

Et l’immense barnum du G20 et des plans de sauvetage et de relance a inquiété le plus assoupi.  

En même temps le secteur immobilier et de la construction a flanché, comme celui de l’automobile,  des exportations, du tourisme etc.

Aujourd’hui c’est le coiffeur du coin qui est debout devant sa devanture à espérer quelque client aventurier.  Et son voisin le restaurateur  vient de se voir refuser son autorisation de découvert, comme cela, par un texto, alors qu’il  l’aide à passer les creux depuis dix ans !  Le bistro ne va pas si bien non plus : 30% de baisse de la clientèle depuis octobre ! 

Quand au boucher qui venait de reprendre un commerce déjà à un prix bradé mais tout de même à crédit, il revoit d’urgence ses prévisions pour 2009 et cherche un refinancement. Curieusement le téléphone du médiateur ne décroche pas. 

Comme il a de l’humour il raconte (au bistro, à ses copains coiffeur et restaurateur) : « ce qui est bien c’est que maintenant à Rungis on trouve à se garer sans problème ! ».

Comme on ne peut pas compter que sur les brèves de comptoir pour son information économique, il faut bien lire la presse. En temps de crise elle se lit comme les communiqués militaires en cas de guerre.  Et avec un peu de sagacité on peut y découvrir à peu près tout.

Prenez la presse du jour, qu’est-ce qu’elle nous révèle si on se donne un peu de mal ?

-    Les prix Nobel ont perdu 20% de leur prix entre le moment où il leur a été attribué  et le jour où ils l’ont touché.  La presse se repait  de l’anecdote.  L’observateur dit : tiens la Suède et la Norvège ont dévalué de 20% !  Deux dévaluations de plus !

-    Le Japon peste contre la taxe sur les automobiles imposée par la Russie. On creuse un peu : la Russie ne cesse de dévaluer sa monnaie. La Russie est bien en guerre

Tout en essayant d’augmenter les prix de son gaz avec l’Ukraine qui elle a vu sa monnaie dévaluée de 50%. Plus que la Russie : alors les discussions se tendent et on avertit l’Europe qu’il va y avoir des victimes collatérales du conflit. 

Poutine n'est pas dans l'esprit du G.20. Il pratique des droits de douanes déguisés en taxes intérieures  pour empêcher les importations et déévalue à répétition. Inquiétant, non ?

-    Le FMI fait une séance de rattrapage : la crise va être horrible dit son économiste en chef.  Plus question de passer pour des ignorants en retard sur la crise. Sauvons nous quitte à créer la panique !  Ce brave garçon révèle un fait nouveau : les banques désinvestissent en masse de l’Afrique qui est à la veille d’un choc épouvantable ! On croyait que l’Afrique serait le moteur  de la croissance en 2009.  Finalement non.

-    C’est la samba dans toutes les monnaies sud américaines et plus personne ne sait où on va.

-    Le RU pousse encore sa monnaie à la baisse qui dégringole  désormais de 20% par rapport à l’Euro.

-    L’Insee annonce la récession en France pour le premier semestre

-    La Japon indique qu’il est en récession et sévère.

-    L’industrie du jouet se déclare sinistrée.Aussi !


Cela veut dire quoi ?

- D’abord que la crise est là et bien là même si des pans entiers de l'économie ne sont pas encore touchés. Cela vient ! 

- La crise des banques n’est pas finie.  Les premiers bilans globaux 2008 vont commencer à sortir  et ils seront très mauvais.  L’industrie bancaire aura licencié près de 250.000 personnes en 2008 et on s’attend à peu près à la même chose en 2009.

- La crise des changes n’est pas terminée : c’est le désordre le plus total et chaque variation lourde crée un nouveau trou dans le commerce mondial   empêchant toute prévision stable et toute stratégie.

- Pendant la crise la spéculation continue.

- La guerre économique contrairement aux promesses du  G20 a bien lieu. Elle a pour terrain de jeu les changes.  Des personnes qui auraient hurlé à la mort si on avait pris 20% de leur avoir par l’impôt se résignent et se taisent. Mais la perte est bien là !  Des négociateurs à l’OMC qui auraient quitté la salle si on leur avait parlé d’une baisse unilatérale de 5% des droits de douane voient sans frémir des économies  prendre sur d’autre un avantage de 50% en matière de prix !

Nous n’avons pas cessé de répéter que la cause de la crise était monétaire et qu’on ne pourrait en sortir sans stabiliser les changes.  On voit que les changes sont le principal vecteur de propagation et d’approfondissement de la crise à tous les secteurs de l’économie dans toutes les parties du Monde.

Il n’y a AUCUNE coopération.

Et le désastre s’étend, en même temps que l’on constate l’inanité des conférences et des plans.Car où est l'effet des plans de l'automne ?

Quand le communiqué de guerre annonce qu'une brillante contre offensive a permis de repousser les Allemands à Sedan on sait au moins que nous avons été enfoncé à Sedan.

La presse malgré outs ses défauts jouent le même rôle. Chaque bribe mise bout à bout raconte la chanson fonalement assez bien.

Que ceux qui veulent la faire taire  au prétexte qu’elle en dit trop et pèse sur le moral des agents économiques   commencent par dire la vérité,  à faire les bonnes analyses et à prendre les bonnes décisions ! Et que les responsables de presse ne se laissent pas influencer.

Nemo auditur suam propram turpidudinem allegans.

Il n'ya pas de trop plein sur la crise même s'il faut combattre la tendance à laisser la parole à des histrions qui font de la chaleur pour vendre leurs livres et n'apportent aucun vrai diagnostic et aucune solution.

 
Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.



Suicide d'une nation

Avec l’élection comme Président de M. Giscard, nous étions entrés dans un nouveau système politique que j’avais appelé à l’époque : l’énarchie compassionnelle. 

L’énarchie compassionnelle est une véritable idéologie, fondée sur un postulat : seuls les hauts fonctionnaires issus de l’ENA ont la distance nécessaire pour arbitrer les conflits multiples de la société.  Un haut fonctionnaire a nécessairement une vision aigüe du bien public et en fait il est le seul à l’avoir, les autres étant rendus myopes ou agressifs  par leurs  intérêts particuliers.

L’énarque compassionnel (dont MM. Giscard et Chirac offrirent à droite la figure la plus caricaturale, mais dont à gauche les figures singulières de Mmes Royal et Aubry sont tout aussi significatives, après Fabius, Jospin  et Rocard), intervient partout  et donne son arbitrage :  


-    Entre les femmes et les hommes
-    Entre les piétons et les automobilistes
-    Entre les fumeurs et les non fumeurs
-    Entre les enfants et les parents
-    Entre les salariés et les patrons
-    Entre les villes et les campagnes
-    Entre Paris et la province
-    Entre les médecins et les malades
-    Entre les artistes et leurs œuvres
-    Entre les propriétaires et les locataires
-    Entre les transporteurs et les transportés
-    Entre les laïcs et les religieux
-    Entre les biens portants et les malades
-    Entre les lecteurs et les écrivains
-    Entre les producteurs et les consommateurs
-    Entre les enseignants et les élèves
-    Etc.

Arbitrer cela veut dire céder. On met son grain de sel en inondant d’argent le problème et les acteurs.  Les fonctionnaires doivent être multipliés à due concurrence.  Les impôts doivent être accrus et si cela ne suffit pas l’endettement y pourvoira.

Trente cinq ans de ce système ont produit une France étouffée dans les règlements, où l’on fume sur le trottoir, où on conduit en cherchant désespérément le numéro marqué sur le dernier panneau, où l’on ne trouve plus de spécialistes médicaux sans attendre de trois à six mois,  où on risque d’être dénoncé pour sexisme par sa femme et pour violence par ses enfants, où on est poursuivi pour ne pas avoir accepter de louer un logement à des gens dont la tête ne vous revient pas, où son ministère peut être envoyé du jour au lendemain n’importe où en province,  où l’on ne peut plus changer une ampoule sans être deux et avoir suivi une formation ad hoc, où mille examens doivent être faits avant de vendre un bien immobilier,  où il faut investir dans sa piscine et ses ascenseurs des sommes disproportionnées parce qu’un gamin a pu y perdre la vie,  où  toute séparation file au tribunal que ce soit un mariage, un contrat de travail ou quoi que ce soit, où on est expulsé de Paris pour loger des immigrés pauvres soigneusement sélectionnés qui rendent aussitôt fou le quartier où on les a imposé,  où l’on verse des primes de Noel aux indigents en agitant des clochettes, etc., etc.

Le système a provoqué la fiscalisation totale de la société et un endettement monumental, le tout au milieu d’un désastre total sur le front des missions régaliennes de l’Etat :

-    Armée fonctionnant avec des bouts de ficelles
-    Justice effondrée
-    Education nationale fabriquant des inadaptés sociaux par centaines de milliers
-    Diplomatie et action extérieure en totale déliquescence
-    Langue française en déshérence
-    Police incapable de faire front à l’explosion de la délinquance
-    Système de santé public se dégradant inexorablement.

Socialement il ne fallut pas dix ans pour que l’on vît revenir les pauvres, les soupes populaires (mais organisées de façon privée), les exclus, les chômeurs de longues durée.  
Près de 20 millions de personnes vivent plus ou moins directement   de l’argent de l’état, qu’il s’agisse de subventionnés, de fonctionnaires et ou d’aidés. 

La gamelle oriente le bulletin de vote : pas question de manquer à une part si importante de l’électorat.

La France bien entendu quitta  pendant la période le peloton de tête des nations dynamiques et prospères pour devenir une nation presqu’insignifiante dans à peu près tous les domaines.  Elle avait été « arbitrée » donc châtrée.

Certains ont cru à la « rupture ». En laissant la place à des avocats et en écartant les énarques, on allait enfin aller dans un sens moins déprimant.  Voici donc l’avocat Sarkozy, aidé de l’avocate Lagarde et de l’avocat    Borloo aux commandes avec une volonté de rupture annoncée.

Bien sûr ils n’avaient  pas vu venir la crise malgré les avertissements (dont les nôtres dès juin 2006).  Bien sûr ils ne connaissaient rien à l’économie.  Bien sûr c’était des politiciens aguerris parfaitement au courant de la sociologie électorale.  Mais bon : on pouvait espérer une forme de rupture.

On trouvait certes dès la campagne présidentielle que la démagogie était un peu trop visible. L’utilisation de l’argument sécuritaire était outrancière.  On se disait : au moins cela débarrasse de Le Pen.   On annonçait plein de nouveaux « droits à ». On se disait : il faut bien être élu.

On attendait pour voir ce qu’on allait voir.

On a vu.  On est passé de l’énarchie compassionnelle à la démagogie incandescente tous azimuts.

Il fallait attirer un maximum d’électeurs par des promesses électorales : on a touché les masses avec l’exonération partielle d’impôt sur les successions ; on a donné un bénéfice fiscal aux emprunteurs.

Il fallait nourrir quelques slogans forts comme « gagner plus en travaillant plus ». On a complètement détruit le système des heures supplémentaires sans aucun résultat tangible mais en ruinant les finances de l’Etat.

Il fallut alors gouverner. On multiplia les chantiers mais à chaque fois en multipliant les taxes.  Plus personne ne cherche à compter les taxes et impôts nouveaux ou augmentés (depuis 2002, plus de 40 !).  Plus personne ne tient non plus la liste des "cadeaux aux peuples".

Les « droits à » sont devenus opposables. Maintenant il faut bien payer.


Et l’arrosage des masses est nécessaire pour faire taire quelques impatiences.  Voici le RSA et son milliard et demi d’impôt nouveau.  Voici la télé publique sans Pub financée par des prélèvements.  Voici de nouvelles cartes de réduction SNCF. Voici 30% du financement des mosquées assuré par l’impôt. Voici nos logements à 15 euros par mois.  A chaque fois l'affaire est bien intentionnée. L'enfer est pavé des meilleures intentions.

Voici partout la hausse des tarifs des services publics et le gonflement ahurissant des déficits : on parle de 100 milliards d’euros pour 2008 et de 200 milliards pour 2009 !  

Comment sera 2010 : 12-14 % de la population active au chômage ;  l’industrie par terre ; plus de commerce extérieur ; les Français écrasés d’impôts après avoir perdu leur épargne ; un début d’hyperinflation ?

La crise mondiale frappe un pays gravement affaibli par l’énarchie compassionnelle, le socialisme, la démagogie. Mais croit-on réellement qu’on s’en sortira par plus de déficits, plus d’impôts, plus de « droits à » ?

La gestion par la démagogie politique et les grands moulinets de vent ne mène qu’à la catastrophe.

Il est déjà temps de se poser la question : comment sortira-t-on du piège où l’on tombe désormais verticalement ?  Bien sûr on ruinera les retraités.  Mais après ?  Que fera-t-on  avec une dette à 100% du PIB, un emploi marchand à 13-14 millions de salariés sur 66 millions de français,à peine le quart,   et un chômage à 14% de la population active,  des impôts à 85% des revenus des entrepreneurs, quinze à vingt millions de personnes dans l’extrême difficulté ?

Et mille « droits à » opposables ou non à servir !

La France est mal partie.

Ce que peu de gens voient c’est que sa situation après 40 années d’incuries diverses, est probablement irrémédiable.

Suicide d’une nation, aurait écrit Arthur Koestler



Bulletin semestriel de conjoncture – Premier semestre 2009.

 
Comme nous l’avons annoncé dès 2006, l’année 2009 sera une année de récession  globale, notamment en France.  Pour la première fois l’Insee rejoint nos prévisions mais avec encore un effet de frein : les chiffres pour 2008 seront probablement révisés.  

De combien le PIB se contractera en 2009 ? Probablement la baisse sera autour de 2%,  chiffre jamais vu depuis les années 30.  Compte tenu de la part gigantesque du secteur public en France, cela veut dire une restriction très forte dans le secteur marchand provoquant une rapide montée du chômage et des faillites, bien que ce soit surtout en 2010, 2011 que ces chiffres augmenteront vraiment.  

Le fort désendettement en cours continuera malgré le très bas coût de l’argent. Il mettra en difficulté toutes les entreprises endettées et les institutions financières.  Les épargnants perdront encore beaucoup d’argent.

Tous les secteurs seront concernés sans aucune exception.  Le fait apparaitra avec les premiers bilans du premier trimestre 2009 qui aggraveront la sinistrose et l’abstention des investisseurs.

Des dangers exceptionnels planent par ailleurs sur la planète. La multiplication des dévaluations compétitives  est le principal. 

Les Etats-Unis continuent une politique purement individualiste de sortie de crise en se moquant totalement de la valeur extérieure du dollar. Les nouveaux créanciers en dollars risquent d’y perdre beaucoup. Ils seront moins disposés que les Allemands et les Japonais, alliés fidèles des américains, à en supporter seuls le coût. 

Le Royaume Uni a commencé une politique de dévaluation massive qui va continuer.  La Russie est également sur le même chemin. La Chine a déjà dévalué deux fois.  De plus en plus de petites monnaies  seront dans une situation désastreuse. 

Le commerce international s’en trouvera totalement chamboulé.  L’Europe n’acceptera pas d’entrer dans une phase de déflation des prix et des salaires pour sauvegarder ses parts de marché.  De très gros dangers proviennent du front des monnaies dans un système de changes flottants qui permet à la fois toutes les manipulations  et aucun ajustement automatique d’équilibrage.

Un tel désordre monétaire dans des sphères économiques désormais très fortement imbriquées est lourd de menaces systémiques et politiques. L’impatience des opinions et des Etats commencera à se manifester et provoquera nécessairement une réaction des politiques.

Les difficultés des très grandes entreprises cotées empêcheront toute reprise de la bourse, les investisseurs craignant de mauvaises surprises en série avec des possibilités de grandes faillites. Il faudrait pour qu’une reprise ait lieu que les mesures de relance gouvernementale  marquent une reprise des ventes et de la rentabilité.  Compte tenu des baisses de la demande de plus de 20% dans de nombreux secteurs, l’action des gouvernements parait totalement insuffisante pour atteindre ces résultats.  

L’imbrication des économies rend de toute façon un plan purement national sans efficacité. 

Il est probable que la multiplication de l’émission de dollars (à un taux d’intérêt négatif !) et l’accumulation des déficits publics partout provoquent des craintes sur la valeur à venir des monnaies et un certain déplacement de l’épargne liquide vers l’or.  

Un commerce international au point mort,  des investissements très ralentis,  une épargne fortement  atteinte par la baisse des marchés, une formation de capital brut arrêtée, un système financier fragilisé et au bord de la rupture, des Etats au bord de la faillite, rien dans la situation que l’on observe à la veille de 2009 ne conduit à l’optimisme.

Si le cartel du pétrole parvient à répéter une opération de type 1974 de hausse massive du prix du pétrole moyennant des restrictions sévères de production, la situation globale en sera durablement aggravée. 

Reste la possibilité d’une gestion internationale de la crise mieux concertée avec la mise en œuvre de réformes de structure comme la suppression des changes flottants,  l’apurement concerté d’un certain nombre de dettes irrécupérables, et la mise en place d’un système monétaire mondial  obligeant tous les Etats au respect de certaines disciplines et provoquant une reprise concertée des affaires.   

On a bien le droit de rêver !

20 Décembre 2008
Cercle des économistes e-toile.

La nouvelle ESB : Encéphalite Spongiforme Bancaire !

Nous avions adoré l’encéphalite spongiforme bovine. Nous goutons à sa juste valeur l’encéphalite spongiforme bancaire.
On avait nourris les vaches avec de la viande, les rendant carnivores et rendant les mangeurs de viande fous.

On a nourri les SICAV de trésorerie, qui gèrent normalement des flux, et à court terme, donc sans grands risques,  de granulés solides : CDO, titres bidons de M. Fou Dehors (Mad off) et encore plus fou dedans, etc.

Résultats : les prudents qui avaient fui la bourse pour des placements sûrs voient leur avoir doublement atteints par des pertes en capital directe et par l’inflation.

L’épargne mondiale avait fui le long terme après la crise de 2001-2002.  Tout le monde avait recherché la sécurité. Donc le court terme et les emprunts d’état.  Jamais depuis le début du siècle passé elle n’avait voulu reprendre des risques.  Le placement sûr était le nouveau crédo.

Les banques ont cru malin de transformer cette épargne « liquide » en prêts à long terme par des moyens pour le moins aventurés. 

Après tout un prêt à long terme c’est une succession de prêts à court terme. Le savant Cosinus vous aurait expliqué cela très bien.  On gagnait sur tous les tableaux : le risque était transféré au client final, le souscripteur de papier de trésorerie ; on empochait les gras courtages sur les instruments en question et en plus on prélevait des honoraires de gestion  auprès de la victime, tout en lui faisant croire qu’il était un type tellement bien qu’on lui faisait bénéficier des dernières techniques à la mode.

Et puis on avait une bonne conscience en béton : si l’épargne fuyait le risque, au détriment de la croissance et de la bonne santé du monde,  il était heureux que de bons docteurs rétablissent la situation.

Evidemment il fallait capter le maximum d’épargne cherchant le placement court en trésorerie. On a inventé le concept de trésorerie « dynamique ».  Les institutions les moins importantes commencèrent : elles risquaient de voir pomper toute l’épargne liquide  par les grosses banques, placées près des dépôts. Les plus grosses banques s’y lancèrent peu après pour conserver leurs parts de marché.

Le client croyait toujours être dans le placement absolument sûr. La petite cerise sur le gâteau il la prenait au passage mais parce qu’on lui disait : il n’y a aucun risque, nos experts sont là et c’est parce qu’ils sont meilleurs que les autres qu’on peut vous servir ce petit supplément.  

L’ennui c’est qu’ils n’ont pas perdu la cerise mais une part sensible du gâteau.  

Lorsqu’on parle aux responsables de ces Berezina, ils vous disent :

-    Les subprimes : mais elles avaient d’excellents notes et puis tout le monde le faisait.

-    Les fonds Madoff ?  C’était un must de la banque juive. Sa réputation était excellente. Les Hedge nous avaient habitués à des performances ébouriffantes.  Un peu de gestion alternative à 10% c’était pain béni pour doper nos résultats et attirer de nouveaux gogos, pardon clients. 

Tout était bidon ? Et alors ? Puisque tout le monde était d’accord pour y aller. En plus nos directions étaient très heureuses des courtages fantastiques  qu’offrait ce délicieux philanthrope.    

« Les bonus « subprimes » et « madoff »   sont dans nos poches.  Vous pouvez toujours essayer d’aller nous les reprendre », affirment en cœur ces grandes âmes bancaires.
Au client mécontent on répond : « c’est la crise mon bon Monsieur.  C’est pour tout le monde pareil ».  
« Mais vos conseils ? » dit le benêt. « Ils n’engagent que les imbéciles qui y croient » réponds l’écho.

Nos barons belges après avoir  laissé faire Fortis et touché les plus gras jetons de présence, ont tout liquidé à la va vite et essayé de conservé le petit croupion qui restait.  Barons ou larrons ?  Ils viennent de se voir botter le derrière d’importance par la justice et les porteurs floués.

Mais qui s’occupera du postérieur d’un Prot à la BNP qui a la bonne idée de cumuler tous les bénéfices à la fois en tondant sa clientèle par la tarification de tous les actes  bancaires classiques (que le client est en plus obligé de faire lui-même : « do it yourself  and pay me »), tout en multipliant les conflits d’intérêt  entre la gestion privée et ses différentes branches d’investissement ?

On a envie de dire « off » à tous les « mads » qui ont orchestré ce désastre.  Après avoir tué l’épargne longue, le système bancaire a tué l’épargne courte.  C’est bien ce qui s’était passé en 1929. Il fallait bien que la fausse monnaie émise par l’intermédiaire des déficits perpétuels de la balance des paiements américaine  disparaisse. 

Les banques, honnêtes courtiers de la liquidation, sont maintenant hors jeu. L’inflation va devoir prendre le relais un jour ou l’autre.

Ce n’est pas 1929 qu’il faut regarder : mais la situation de l’Autriche en 1921 !

Van Mises est de mise !

Sylvain Dieudonné (vert de rage)

Aux fous !

Après le trader fou de la Société générale, le banquier fou du Crazy Lyonnais voilà le placier fou de la BNP.

On parle de banque universelle.  Universellement folle.

Quand on sait qu'on a été jusqu'à donner l'autorisation aux banques de mouvementer sans l'autorisation expresse des clients  leurs comptes chèques !

Mélanger les genres n'a jamais été bon. Permettre à un banquier de toucher sur tous les bouts de la chandelle tout en étant renfloué par le contribuable et en faisant digérer les pertes par les clients est au dela de l'absurde.

Les courtages sur les subprimes étaient gigantesques : on en a fourré partout où on a pu.  Le courtage sur les fonds Madoff étaient extrêmement gras.  Allons-y gaiment. Tout en touchant des honoraires de gestion sur les victimes de ces placements abjects.

Mais en même temps on taxe toutes les opérations du compte chèque.  Mais en même temps on joue sur compte propre quitte à mettre en péril les dépôts.

Que l'on sépare au moins la banque de dépôt et la tenue des comptes chèques du reste de l'act(ivité bancaire.

Le concept de banque universelle qu'on essaie évidemment de nous "vendre" à tour de bras comme plus "résistant" à la crise est pourri jusqu'à la racine. 

Les banques universelles ont trop de pouvoirs et trop d'opportunités de conflits d'intérêts avec une concentration excessive des possibilités d'enrichissement facile, les risques étant laissés aux contribuables et aux clients, victimes passives et impuissantes.

On aurait du nationaliser BNP PARIBAS, liquider l'ensemble de ses équipes de direction, fragmenter le molosse entre entités raisonnables et fonctionnellement sans possibilités de truander à ce point le vulgum pecus.

Il faut réformer de fond en comble le système financier et mettre fin à des anomalies qui désormais prennent une ampleur délirante.

Et il ne faut plus qu'on sauve ce qu'il faut bien appeler des truands au nom du salut supérieur de l'épargne.

La gestion privée doit être séparée des banques généralistes et soumises à une législation extrêmement stricte interdisant tout risque de conflits d'intérêt.  La rémunération des gérants de fortune doit être exclusivement basée sur la notion d'honoraires et non pas sur les courtages, les ristournes, les participations aux bénéfices, et milles autres moyens de se servir sur la bête.

Le mandat de gestion ne peut exonérer de toute responsabilité le gérant. Il faut en particulier que les risques pris sur des opérations dangereuses  soient officialisés actes par acte et non pas dans un cadre global qui ne veut rien dire. 

Quant aux honoraires, sachant qu'en moyenne de longue période le rendement moyen d'un portefeuille de 3 à 4% il ne doit pas dépasser .75%, avec une prime éventuelle en cas de bon résultat. 

Voir des équipes de 4 à 5 personnes gérer près de 10 à 50 milliards d'euros de fonds générant 2% de frais de gestion et autant de courtages et commissions diverses,  a quelque chose de délirant.  Surtout lorsqu'on sait qu'ils sont totalement épargnés en cas de désastre.

Les fortes rémunérations doivent aller aux risques personnels pris. Que les gestionnaires de fortune se mettent tous  en commandite et soient responsables sur leur fortune propre.

Finissons en avec le Bouton, le Prot et tous les énarques pantouflards qui tiennent l'Etat et savent y faire pour détourner les moyens de la loi à leur avantage exclusif.

Ces dirigeants de banque universelle qui s'en mettent plein les poches sans prendre aucun risque et en gagnant sur tous les tableaux, décidément ce n'est plus possible.

Et félicitons encore les patrons de Fortis et Natixis, pour l'ensemble de leurs décisions. A chaque fois qu'il fallait aller dans un piège ils ont foncé tête baissée.  Dans les deux cas ce sont des banques de dépôts qui ont voulu se faire banque universelle avec des capacités tous azimuts (banque d'investissement, gestion de fortune, etc.).  Les grenouilles ont voulu se faire plus grosse que les boeufs. 

Mais les boeufs sont tout aussi coupables.

L'année 2009 va être une longue litanie de désastres bancaires successifs. Avec à chaque fois une grosse surprise ? on croyait que c'était fini et qu'ils avaient tout dit. 

En 1929 les banques ont commencé à s'effondrer en 32-33-34. Dix mille banques cesseront leurs paiements. Nous en sommes aujourd'hui à l'équivalent de la situation de 1930 ! Bonjour le futur radieux. 

Il faut restructurer et réorganiser maintenant. Avec la plus extrême dureté et des idées claires : spécialisation et responsabilité.  Au lieu de cette recette pour la folie générale : universalité et irresponsabilité.

 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes E-toile



Les certitudes dans la crise mondiale (4) : il faut en finir avec les changes flottants.

Anatomie d'un désastre

Il n’est pas sûr qu’une doctrine scientifiquement étayée, nourrie par les réflexions nombreuses des meilleurs savants donne naissance aux meilleures institutions.

Mais que penser d’un système qui n’a fait l’objet d’aucune confirmation théorique, dont personne en vérité n’ose même parler et qui s’est imposé in abstentia faute de pouvoir résoudre une difficulté politique ?  

Il n’y a pas de doctrine des changes flottants.  Un seul auteur, et c’était en 1969, a écrit que c’était éventuellement une bonne chose : Milton Friedman. Personne depuis n’a réellement traité de la question sinon pour faire remarquer tel ou tel défaut majeur. 

L’étalon or a eu ses défenseurs. Il en d’ailleurs eu trop et cela a donné une orthodoxie particulièrement pesante.  Le système de Bretton Woods a fait l’objet de réflexions nombreuses.  C’est après une longue réflexion de deux années complètes que les alliés ont bâti le système : aucune improvisation dans l’affaire.

Le système des changes flottants, lui, s’est imposé faute d’accord international.  Les Allemands ne voulaient plus importer l’inflation excessive générée par les Etats-Unis. Les Etats-Unis ne voulaient pas perdre leur stock d’or.  Alors on a laissé flotter les rubans, et les monnaies.

C’était en 1971. Après presque quarante ans de ce merveilleux non système quels ont été les résultats ?  

Dès 73-74 s’ouvre la crise la plus sévère de l’après guerre puis une phase nouvelle qui montre l’incapacité des dirigeants à penser la nouvelle situation : 6 années de « stagflation » !  Les trente glorieuses étaient finies.  

La suite ? Une série de crises financières à répétition :

-    Crise des dettes souveraines : on avait recyclé les pétro dollars sous forme de prêts à des gouvernements qui ne pouvaient plus rembourser, culminant avec la crise « téquila » au Mexique en 85.

-    Récession aux Etats-Unis en 80-81 à la suite d’un coup de frein brutal et prolongé de M. Volcker, Président de la FED (celui qu’Obama vient de nommer à 81 ans président de son groupe de conseillers économique !).

-    Crise gravissime des « Savings and loans » aux Etats-Unis : le système bancaire est à deux doigts de flancher. Il n’est sauvé que par une injection de plus de 500 milliards de dollars de fonds publics !

-    Récession majeure de 91-93, après une frénésie spéculative sur le marché immobilier d’entreprise. La banque européenne est pratiquement exsangue et on passe de près à côté d’une catastrophe bancaire.  Pour la première fois depuis la guerre le monde entier subit une récession sévère.

-    Crise dite des pays émergents en 98 : en fait le dollar s’est mis à grimper brutalement, doublant en quelques mois. Tous les pays emprunteurs en dollar ne peuvent plus rembourser. Le chaos sur le marché des changes  fait sauter l’économie de quelques pays comme la Thaïlande ou l’Argentine. 

A cette occasion on s’aperçoit que de nouvelles institutions, les Hedge Funds, sont capables par les spéculations à effet de levier qu’ils pratiquent de faire sauter l’ensemble de la finance mondiale. L’affaire LTCM est étouffée à grands frais (il y avait plus de 1.000 milliards de dollars d’en cours !).

-    Récession de 2001-2002 après une chute boursière digne des années 29. Le scandale Enron démontre que l’on a changé de système. Les entreprises sont désormais des soufflés gonflés par la spéculation folle.

-    2006 : explosion d’une nouvelle bulle aux Etats-Unis, celle des prêts immobiliers. En juillet 2007 le marché interbancaire se bloque. En septembre 2008 le système bancaire mondial  explose en commençant par Wall Street.

Il n’y a pas besoin d’être grand économiste pour remarquer que le système des changes flottants n’a amené qu’une suite quasi ininterrompue de crises monétaires, financières et économiques.  Par rapport à la période précédente le taux de croissance a été à peu près divisé par deux !

Si on relit les textes (très courts) de Milton Friedman sur la bonté des changes flottants, on trouve des assertions qui, pour le moins, n’ont pas été confirmées par la réalité.  Les changes flottants devaient amener la STABILITE  des changes  et l’unification des taux d’intérêt.  Les flux de trésorerie mondiaux iraient toujours vers les places où les intérêts seraient momentanément hauts, provoquant leur baisse.  Ils quitteraient inversement les zones à bas taux d’intérêt, qui du coup monteraient à ces endroits là.  Ce serait comme avec l’étalon or mais en mieux.  Les capitaux iraient toujours vers l’optimum du moment.  On aurait peu d’inflation et le plein emploi.  Si un Etat s’avisait de créer trop de monnaie les taux d’intérêt baisseraient et tout filerait ailleurs réduisant à néant cet effort inopportun.  Le paradis !

La réalité a montré exactement l’inverse.  Les grandes monnaies n’ont cessé de faire le yoyo dans des proportions gigantesques.  Le dollar descend d’abord à 3.75 Francs pour remonter à 10 un peu plus tard et redescendre à 4.00.  L’Euro est un moment à 80 cents puis passe à 1.50 dollar.  En fait de stabilité nous avons des coups d’accordéon gigantesques qui traumatisent le commerce international et l’économie de nombreux pays qui résistent plus ou moins bien à de telles variations.

En vérité les changes flottants transforment toute l’économie en immense casino avec des aléas à variables multiples.  Le marché des changes devient comme celui des bourses : un marché non pas de flux, comme il le devrait, mais un marché de stock où ce sont les anticipations sur les variations de cours qui dominent.  Il se met à ressembler à la bourse avec des variations immenses ne correspondant à rien d’autres qu’aux espoirs et paniques des spéculateurs.

On arrive à cette situation absurde où de ridicules conférences internationales méditent des baissent de droits que quelques %  alors qu’une économie peut bénéficier du jour au lendemain d’une  dévaluation de 50% !

Si encore le marché des changes était libre !  Pas du tout ! 

Le désordre monétaire pousse les agents à monnaie faible à utiliser le dollar pour tous leurs contrats et échanges. Le dollar trop capricieux cesse d’être une monnaie de réserve quand il devient encore plus qu’avant une monnaie de paiement international.  L’émetteur de cette monnaie se considère-t-il une responsabilité sur cette émission ? Non. Il décrète que sa politique sera le « benign neglect ». 

La Chine déjà très favorisée par les très bas coûts de sa main d’œuvre suit une stricte politique de dumping monétaire.  Après 2002 elle bénéficie à la fois de ses coûts et d’une dévaluation de 50% par rapport à la monnaie européenne. A votre avis, est-ce que l’économie européenne a été en grande forme après cela ?  Pour aggraver les choses les autorités de l’union Européenne supprime leur tarif extérieur commun.  On croit rêver !

Le tourbillon finit par s’emballer et tout s’est effondré.

Penser ne serait-ce qu’une seconde que le système de facto de changes flottants n’est pour rien dans l’affaire   serait un exemple nouveau de ce genre de folie qui saisit parfois l’humanité.  Encore faudrait-il penser. Mais là c’est le silence.

PAS UN MOT JAMAIS SUR LES CHANGES FLOTTANTS.  On ne comprend rien ; on ne peut rien.  Alors on se tait.

Que faire quand la terrible réalité d’un système né de la  rencontre fortuite de lâchetés diverses  gâche la vie de l’humanité et que ceux qui doivent réfléchir et agir regardent ostensiblement  ailleurs ?  Ce n’est même pas un exemple de plus de la « tyrannie du statu quo ».

C’est une gravissime défaillance de l’intelligence et du courage.

Les certitudes dans la crise mondiale (3) : la réforme nécessaire du système bancaire

Banque universel = drame universel

Cette crise est à nouveau une crise bancaire.

La confusion des genres a été portée aux plus hauts sommets.  Les banques ont une fois de plus tout aggravé sans bénéfices pour personnes sauf quelques lascars qui se sont enrichis sans vergogne.  Le blocage des banques a arrêté pile l’économie mondiale.

Il a fallu une fois de plus l’intervention des Etats pour éviter le pire,  la disparition complète du système bancaire.  Si une panique à l’échelle du monde s’était produite, c’est en effet la banque mondiale dans son ensemble qui aurait disparu. Nous disons bien DISPARU !

Nous assistons aujourd’hui au renflouement bancaire  le plus massif de toute l’histoire de l’humanité avec des banques qui n’ont plus qu’une seule obsession : reconstituer leur capital en renchérissant de façon ahurissante le coût de l’argent et de toutes leurs opérations.  

Les banques n’ont pas seulement été la cause de la crise mais pire encore elles l’entretiennent.  En plus avec l’argent de leurs victimes !
La leçon immédiate qu’il faut tirer de cette crise, c’est l’obligation et l’urgence de réorganiser totalement le système bancaire.


La première règle est qu’il faut désormais séparer totalement la gestion des dépôts et des crédits.  Les dépôts sont des droits. Ils ne peuvent être mis en danger par ceux  à qui on en confie la garde et dont le seul rôle est de faciliter l’emploi des dépôts  pour les paiements.   

Les banques dans cette affaire ne doivent pas avoir un rôle autre que celui de notaire et de prestataires de service.  Bien sûr ce service et ceux qui lui sont associés comme l’utilisation des chèques et des virements serait facturé.  Les dépôts sont contre assurés à la banque centrale et la position de chaque banque tenue au jour le jour.  La concurrence entre les réseaux bancaires maintiendra les tarifs dans les limites raisonnables. 

Dans un tel système il ne peut y avoir de ruée sur les dépôts : au pire les particuliers se retrouveraient avec des masses de billets de banques fournis par la Banque centrale. On aurait juste un changement de structure de M0 ce qui pour un économiste n’a réellement aucune importance.

La seconde règle est que l’organisme bancaire qui croit pouvoir mieux que quiconque déterminer les placements rentables pourra le faire dans la limite de certaines règles prudentielles relative à son capital.  Les dépôts créés par ces crédits iront se loger hors de chez elles dans le système précédent. Les remboursements intérêt et principal venus à terme on vérifie s’il y a gain ou perte : les pertes s’affecteront au capital des banques.   La perte sur un portefeuille de crédits est l’affaire de la banque pas de la collectivité. 

La troisième règle est que les organismes financiers de gestion de fortune ne doivent pas être les banques.  Ces organismes ne font que gérer des propriétés qui ne sont pas les leurs. Ils reçoivent à cette occasion des honoraires  et ils ne peuvent en aucun cas être rémunérés autrement que par ces honoraires.  Comme les syndics ils n’ont pas droit de toucher des rémunérations  de leurs fournisseurs : courtages, primes etc. doivent être strictement interdits.  Leur rôle est de déterminer les possibilités d’investissements qui se présentent et en fonction des risques que veulent prendre leurs clients diversifier le portefeuille de façon convenable.  Le capital de ces sociétés doit permettre de couvrir une part notable de la valeur des portefeuilles gérés.

Il faut interdire ABSOLUMENT aux banques de toucher sur tous les tableaux tout en faisant prendre l’exclusivité des risques aux épargnants.   

Prenons un exemple : un gestionnaire de fonds reçoit la proposition d’acheter un bloc de subprimes moyennant une énorme commission ; actuellement il peut le faire et fourrer tout cela dans les comptes de son client en empochant à titre personnel le courtage.  Si c’est une banque qui en plus a été chargée de faire la commercialisation de masse, elle s’enrichit non pas du mandat de gestion et de sa sagesse de placement mais de la facilité qu’elle a de bourrer les comptes de ses clients en touchant  et la commission du grossiste et celle du détaillant. 

Il s’agit du meilleur cas. Le pire, c’est lorsqu’une banque a spéculé sans limite sur compte propre et qu’elle se débarrasse dans les comptes de sa clientèle privée de ses positions les plus risquées (du genre : larguer les subprimes juste au moment où ils commencent à sentir mauvais, comme cela a été fait à une très large échelle un peu partout).

La quatrième règle est la plus simple :   à chaque horizon de placement doit se trouver une ressource de même horizon.   Les ressources à long terme doivent financer les prêts à long terme.  « Transformer » des ressources à court terme pour financer du long terme est le genre de passe passe qui se retourne TOUJOURS contre la collectivité.

Il est facile de vérifier que la plupart des ennuis que nous connaissons depuis juillet 2007 auraient été IMPOSSIBLES dans un système de ce genre. Qui en aurait été gêné ? Personne. Les banques n’ont pas besoin des dépôts pour avoir une politique de prêt : il leur suffit soit de disposer des capitaux nécessaires soit d’emprunter les capitaux sur le marché monétaire et gagner sur la différence des taux.

Ajoutons que la typologie des prêts et leur marché de destination doivent être fournis aux autorités de surveillance de crédit et que ces dernières doivent avoir le pouvoir de faire cesser une expansion déraisonnable des en cours.  La crise de l’immobilier de bureaux qui avait quasi mis en faillite le système bancaire en 93-94  suivait une hausse de 700% des encours ! Celle des CDO a suivi une hausse du même ordre des encours (ils grimpaient de 100% par an à partir de 2002 !).  Ce n’est tout de même pas difficile de faire clignoter un feu rouge.

Une telle réforme doit d’abord être prise en Europe puis étendu au monde par une politique simple : toute opération avec des banques qui ne respectent pas ces règles seront interdites !

On aurait du profiter de la crise comme nous l’avons écrit pour nationaliser toutes les banques et faire les restructurations en conséquence.  En temps utile toutes les banques auraient été remises sur le marché.

Le coût global de cette sinistre affaire aurait été beaucoup plus faible pour la collectivité et au moins on serait reparti sur des bases saines alors que nous allons patauger dans la glue encore pendant longtemps. 


Didier Dufau    pour le Cercle des économistes  E-toile



Les certitudes dans la crise mondiale (2) : l’impuissance des banques centrales

Lorsqu’on étudie l’histoire des banques centrales ont est frappé par l’écart entre la haute réputation que ces institutions ont réussi à imposer au public et leur remarquable inefficacité. 

La France monarchiste a essayé avec Law un système qui s’est assez rapidement effondré, avec la Révolution un nouveau système qui s’est tout aussi vie  effondré et avec Bonaparte puis Napoléon un   système centralisé et pompeux  qui a tenu, mais essentiellement parce qu’il avait un monopole et que les billets étaient totalement convertibles en or et argent, et que la Banque n’avait aucun rôle vis-à-vis d’un système bancaire qui ne sortira de la léthargie qu’avec napoléon III. 

A partir de 1844 et le Banking act, la Grande Bretagne a eu sa banque centrale et son monopole absolu d’émission des billets.  Le résultat sera une formidable dépression dans les colonies et un système de « stop and go » absolument désolant qui a marqué tout le reste du 19ième siècle.  Entre 1873 et 1878 par imitation de la Banque centrale anglaise le bon chic bon genre et le prêt-à-porter  intellectuel de l’époque imposent un étalon or unique dont le premier effet est de provoquer une dépression pendant près de 15 ans !

Aux Etats-Unis, il faudra attendre la crise bancaire de 1907 pour qu’on crée une banque centrale sans lui en donner le nom  et en la divisant en un grand nombre d’établissements régionaux.  La grande crise de 1929  démontre que des erreurs ont été commises par ces banques qui n’ont rien vu venir de la débandade spéculative  et qui ont aggravé les choses.  10.000 banques disparaissent aux Etats-Unis alors qu’on avait créé une banque centrale  pour stabiliser le système bancaire ! C’est l’Etat par l’intermédiaire d’une obscure officine  la Société Fédérale d’Assurances des Dépôts  qui stoppe la crise de défiance des déposants.

  Aujourd’hui plus aucun observateur ne doute que la politique de la FED sous Alan Greenspan a été gravement perturbatrice, renonçant à toute régulation protectrice pour l’épargne et le système bancaire, oubliant totalement le change du dollar,  et faisant faire le yoyo aux taux d’intérêt dans des proportions déstabilisante. Passer d’abord en 2002 à un intérêt NEGATIF, le maintenir plus d’un an  et le  remonter ensuite à 5.5%, était-ce bien raisonnable ?

Le projet d’Euro d’abord par son ombre porté puis par sa réalité vécue en tant qu’institution  a toujours eu un rôle dépressif.  La BCE n’a rien vu venir et n’a rien su ou pu prévenir des pratiques bancaires dangereuses.  

Lors la FED cesse de publier M3, C. Noyer, vice président de la BCE,  ne trouve qu’une chose à dire, de tête à peu près cela : « avec les nouveaux produits de placements de toute façon cela devient compliqué à interpréter ». C’est ainsi que les CDO ont fait leur apparition dans le discours des banquiers centraux :   on ne comprend pas trop mais on ne fait rien. Ce brave garçon sera aussitôt nommé à la tête de la Banque de France, toujours aussi prestigieuse mais sans aucune fonction autre que micro résiduelle !

Lors que la crise éclate en juillet 2007 les banques centrales sont totalement surprises et il ne se passe …rien. Il faudra que l’explosion générale  ait lieu à partir de la mi-septembre 2008 et  que tout d’un coup la panique gagne tout le monde et que les banques soient à la merci d’une ruée des déposants. Qui l’empêche ? Les Etats comme en 1929.  Seules les garanties d’Etat permettent d’éviter l’effondrement.  Mais le Secrétaire d’Etat au Trésor, M. Paulson, a eu tout de même le temps de faire une énorme gaffe en liquidant Lehman Brothers. La FED est hors du coup.

Alors bien sûr maintenant  la FED et le BCE manipulent à tour de bras la planche à billets : il n’y a plus de marché interbancaire !  Les taux d’intérêt sont descendus à un niveau très bas, bientôt plus bas que ceux atteints par Greenspan ce qui laisse bien augurer de la suite. 

L’inondation monétaire est digne d’une crue du fleuve Pactole. On parle d’une émission de près de 10.000 milliards de dollars entre la Fed et la BCE ! Au passage, c’est le montant du PIB français, une paille.

Et pourtant les banques ne boivent pas à ses sources miraculeuses. C’est l’histoire de la ficelle. Avec elle on peut tirer mais on ne peut pas pousser. Toutes les banques sont en restructuration accélérée mettant le feu à ce qu’elles avaient adoré un temps : la conquête du monde, les placements dangereux à effets de levier, l’investment banking,  le LBO et le private equity, etc. 

On peut estimer que d’ici à fin 2009  entre 300 et 400.000 employés de banque auront été licenciés à travers le monde !  On reconstitue les marges en prêtant peu et cher au pékin de base. Et on élimine sans pitié l’économiquement faible et le canard boiteux. 


Les banques centrales n’y peuvent exactement rien. 

Alors on prend la pose. M. Obama va rechercher Volker, le prédécesseur de Greenspan pour bien montrer que la récréation est finie.  Il a quatre vingt un ans aux prunes. Il nomme un Secrétaire au Trésor qui est le président du System Federal Reserve Board de New York,  un machin qui n’a plus AUCUN pouvoir depuis… 1936.  C’est comme ci on allait chercher comme général d’armée le chef du bureau des médailles et pensions.

Ajoutons la géhenne du FMI et de son directeur dragueur compulsif, et finalement  l’absence de tout système monétaire international organisé : le tableau est complet.

La lumière crue de la crise est redoutable pour les institutions de régulation monétaire,  nationales et internationales.



Les certitudes dans la crise mondiale (1) : L’absence de prévisions sérieuses

Un des aspects qui frappe le plus durant cette crise qui tourne au drame, c’est l’absence à peu près totale de prévisions économiques correctes.

Pour l’anecdote, il y a l’affaire relevée par le Canard Enchaîné d’un économiste de banque  (un certain Patrick Artus, souvent sollicité par la presse) qui dans une note  de mars 2007 fait l’inventaire sous forme de bêtisier des propos du genre : « Le profitabilité va se retourner », « la crise du crédit immobilier  « subprime » va déclencher une crise économique », « il peut y avoir une récession aux Etats-Unis», tout en précisant  «les marchés financiers croient n’importe quoi ». 

Elle est significative des plusieurs caractéristiques de notre système :

-    Les vraies informations circulent mais  sous forme de bruits qu’il s’agit de dénoncer
-    Les économistes qui écrivent dans les journaux sont souvent juges et partis
-    Ce sont en général de faux notables de l’économie : professeurs nuls, figurant ès qualité dans des comités Théodule  et se contentant par prudence de commenter les évènements après coup, et se gardant bien de prendre le moindre risque dont celui de gêner le pouvoir qui les  honore.
-    Les polygraphes en mal de coups publicitaires et faisant monter la chaleur pour vendre des livres comme B. Attali, surgissent dans le décor comme la cerise sur le gâteau (on avait eu J. Forrester ; on a encore souvent Alain Minc). .
-    Trop d’économistes sont choisis pour leur posture idéologique à gauche,  comme J. Généreux, B. Maris (et bien d’autres). Ils  se contentent de réciter leur bréviaire en tenant le haut du pavé médiatique
-    Les journaux  n’acceptent de publier que l’insignifiance au lieu de multiplier les points de vue.
-    Les média télévisés ne cherchent que l’audience. Ils voudraient bien parler d’économie à condition de trouver des personnalités qui fassent du spectacle.


Comment s’étonner qu’un sondage laisse apparaître que les Français « aimeraient bien comprendre quelque chose à l’économie » ?
L’économie universitaire en France est à peu près totalement effondrée, traversée qu’elle est par l’idéologie (la prégnance marxiste y est délirante comme l’a révélé l’incident où tout ce petit monde s’est mobilisé en masse pour empêcher qu’un « libéral » puisse participer à un jury) et par l’apparence rassurante de la mathématique. 

Seuls des économistes à orientations communistes, socialistes ou marxisantes ont le droit de passer le tamis des postes universitaires. Les autres refusent d’entrer dans le système et partent. Les plus médiocres (plus on monte dans le système moins il y a de qualité) se cachent derrière de pseudo mathématiques  et enchaînent  la routine des répétitions confortables.


Qu’on me cite un seul membre du Conseil d’analyse économique (un machin rattaché au Premier Ministre) qui ait en 2006  alerté sur la crise à venir ! Ou qui ait fait une seule prévision utile depuis que cette chose existe.  Qu’on se souvienne de la procédure budgétaire de cette été où toutes les prévisions étaient outrancièrement fausses jusqu’au délirant (elles le sont toutes  depuis au moins quarante ans !) !

L’INSEE ne fait aucunes réelles prévisions. Pourquoi ? D’abord parce que l’Etat est son commanditaire et n’a pas nécessairement intérêt  à trop de lucidité.  Ensuite parce que les modèles macroéconomiques sont INCAPABLES de prévoir les ruptures qui exigent une PENSEE.  

Or l’observation des faits et une longue pratique de l’analyse conjoncturelle permettent de définir les scénarios dans leurs grandes lignes.  Nous avons prévu de façon extrêmement précise la reprise de l’emploi en 1996 pour les quatre ans suivants, la  crise de 2000-2001 aux Etats-Unis s’étendant ensuite, et dès 2006 nous alertions que la crise commencerait à l’automne 2008  et serait très forte en  2009.
Divinations ?

Certainement pas. Il suffit de regarder avec l’esprit vierge de tout préjugé et avec la force de l’expérience.  La bulle immobilière était totalement évidente. Le gonflement hystérique des CDO et des CDS se voyaient dans toutes les statistiques de la BRI (BIS). La croissance ridicule de la phase haute de la conjoncture montrait que les ressorts de l’économie étaient totalement grippés. 

Les excédents de la Chine avec une monnaie artificielle étaient démentiels.  Les déficits américains et la disparition de leur taux d’épargne crevaient les yeux.  Les banques ne faisaient plus que du refinancement et de l’agiotage pour compte propre.

Nous sommes en 2005 – 2006. Tout cela est patent et ne demande aucun effort de connaissance. Qui osera dire que tous les signes d’un effondrement ne sont pas  rassemblés ?  Le monde ne s’est pas remis de la crise de 2000-2002. Les injections massives de liquidité n’ont servi qu’à alimenter bulles et spéculations en même temps qu’un transfert massif de ressources se faisaient des pays développés vers le Moyen orient et la Chine, qui NE POUVAIENT PAS L’ABSORBER.

Dès 2006 tout était devenu totalement artificiel. Et le feu d’artifice pouvait commencer. 

On nous demande souvent : d’accord, on pouvait prévoir mais pourquoi avez-vous affirmé que la crise serait très dure ?  Tous les scénarii ne sont pas prévisibles. Nous le disons souvent : la dépression n’est pas prévisible.  Mais on peut savoir qu’une récession sera plus ou moins forte.  L’expérience nous apprend déjà qu’une crise sévère suit une crise relativement douce. 1974 sera sévère, 81-83 plutôt mollasson. 1992-93 sera très dur, la première vraie récession depuis la guerre, 2000-2003 plutôt doux.   

Ensuite, il suffit de regarder les faits : les bulles boursières ne sont pas mortelles mais celles qui affectent des marchés lourds et importants le sont. En 1992 la frénésie immobilière sur les bureaux a littéralement ruiné le marché (et les banques) pour de nombreuses années. La bulle sur le marché immobilier  des particuliers qui vient d’exploser  laissera des traces pour 20 ans.

Quand vous soyez ensuite que le dollar est au plus bas, et que les déficits américains sont astronomiques et continuent à exploser, détrompant les règles économiques de base qui veulent qu’après une dévaluation les comptes extérieurs se redressent,  on ne peut conclure qu’une chose : tout est faussé et le système va capoter.

Ce qu’on ne sait JAMAIS dire c’est où cela va craquer ni quand au mois près. Cela craque toujours là où cela n’a pas été prévu car si cela avait été prévu cela n’aurait pas craqué là ! 

Subprimes, CDO, CDS  ont surgi dans le désert de l’information comme de gros champignons vénéneux  sur une pelouse la veille immaculée.  Du coup tout le monde s’est précipité avec loupes, microscopes  et parfois lunettes astronomiques sans voir la situation d’ensemble.  On a confondu l’allumette avec la bombe.

Aujourd’hui, si l’on en croit certains, les Etats Unis ont créé 8.000 milliards de liquidité depuis trois mois. Le marché des subprimes c’est entre 750 et 1.500 milliards de dollars selon les sources. On en est donc à une création monétaire huit fois grosse comme les subprimes ! Le mal était ailleurs et bien plus important.


Depuis le début de la crise on reste effaré par le délire des prévisions officielles. Le FMI qui rassemble pourtant des milliers d’économistes (en fait des statisticiens observant les statistiques des autres) n’a pas cessé de se tromper. Il n’a pas vu la crise et ensuite ce ne fut qu’une longue palinodie de prévisions fantaisistes :

-    La crise était hyper  localisée aux « subprimes » et ne toucherait qu’une partie (petite) de l’activité américaine
-    D’accord l’ensemble de l’économie américaine serait touchée mais pas l’Europe ni le reste du monde (c’était la théorie du découplage que nous avons si systématiquement moquée).
-    Bon l’Europe est touchée mais le Bric (Brésil, Russie, Inde Chine) résisterait magnifiquement et deviendrait « le moteur » de la croissance mondiale.
-    Ah zut, le Bric est par terre, mais il reste le Moyen Orient et l’Afrique !
-    Surtout l’Afrique parce que le Moyen Orient est désormais cul par-dessus tête.

Encore un effort et le monde sera sauvé par le Zimbabwe ou Saint-Pierre et Miquelon !

Faut-il vraiment en rire ?

Rebâtir un système d’informations et d’analyses  économiques  mondial est une des leçons qu’il faudra bien tirer de cette mésaventure épouvantable.  Les directions sont claires :

-    Indépendance absolue
-    Polycentrisme et concurrence
-    Subventions importantes
-    Réfections des cursus universitaires et suppression des ilots idéologiques castrateurs
-    Dégroupement des mastodontes comme l’INSEE et réduction de son rôle à la production de la matière statistique et suppression de son rôle d’analyse.
-    Production systématique de courbes tendancielles longues.
-    Prix économiques accordés pour les meilleurs ouvrages écrits sur des thèmes particuliers d’importance stratégique.
-    Concentration des études universitaires (et surtout des doctorats) sur les sujets contemporains et pas seulement sur les habituelles ratiocinations des coupeurs de cheveux en quatre sur le passé.

Rendons au moins la crise utile !

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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