BCE : le mille-feuilles après le champagne !

La BCE, comme organe administratif, est la grande gagnante de la crise.  

Son bilan a enflé dans des proportions inespérées, et avec lui, les recettes qui n’ont jamais été aussi hautes.  Champagne !

Surtout, la crise a servi de levier à une extension des pouvoirs de la BCE qui est désormais chargée de la surveillance des banques systémiques.  Ce travail était fait au sein des banques centrales nationales. Des effectifs lui étaient consacrés. La BCE, comme toutes les instances de niveau supérieur, n’a que faire de ces vieilles structures. Elle recrute donc des superviseurs. Par centaines. Probablement plus de deux mille. Avec un statut spécifique et une rémunération plutôt conséquente. Il n’est évidemment pas question de réduire brutalement les effectifs des banques centrales nationales. Mille feuilles !

Au même moment où l’on s’indigne des groupements de communes qui créent des structures supplémentaires sans réduire les structures antérieures et de l’empilement des fonctions identiques à de multiples  échelons administratifs, le mécanisme natif du mille feuilles s’étale à l’échelon européen sans aucune vergogne.

La crise ? Connait pas ! Des postes ! Des responsabilités arrachées aux nations ! De magnifiques rémunérations !

Une entreprise de 2.000 personnes dans le secteur commercial devrait avoir un chiffre d’affaire de 400.000.000 d’euros pour survivre. Elle produirait une TVA de 80.000.000 d’Euros et paierait quelques  milliers d’impôts divers autres.   C’est le montant du manque à gagner pour les nations de cette création bureaucratique supplémentaire.

Personne n’a jamais expliqué en quoi la supervision serait meilleure du seul fait de passer à l’échelon fédéral.

La ville d’accueil de la BCE va bénéficier de l’apport de ces centaines de cadres supérieurs de plus. Il fallait certainement que les pays du « Club Med »  subventionnent Francfort !

Mauvais esprit, diront certains : La BCE va doubler de taille mais vous pouvez être sûr que les banques centrales nationales vont réduire leurs effectifs de moitié !

On parie ?

L'Euro et le déficit d'organisation de l'Euroland

Les élections européennes vont remettre sur le devant de la scène la question de l'Euro. Le débat portera sur "oui à l'Euro", "non à l'euro".

L'Euro n’est pas actuellement menacé s'il l'a jamais été, et, en vérité, la question ne se pose pas.

En revanche, le mode d'organisation de la zone Euro, si poétiquement appelé Euroland, est une des questions difficiles qui se pose avec acuité et urgence.

Comme tous les "soft powers", la gestion de la zone Euro s'est révélée extrêmement inefficace et lente lorsque la tempête a soufflé.

L'Europe de l'Euro s'est découverte sans moyens d'action, sauf à violer tous ses principes.

Comment gère-t-on une crise de surendettement qui provoque une chute de l'activité ? Les économistes étaient à peu près d'accord depuis 1929 qu'il fallait agir par la création monétaire à tout va, coordonnée avec une relance budgétaire.

Plus doucement, on ajoutait :

- un peu de dévaluation mais pas trop pour ne pas indisposer les copains

- par un peu d'inflation, mais trop, pour ne pas euthanasier les rentiers complètement

- par un grand emprunt, pour assécher les excès de liquidité et financer le plan de relance.

Qui gère le cours du change en Europe ? Ne répondez pas tous à la fois. Juridiquement c'est l'Eurogroupe. Si vous l'avez entendu s'exprimer sur la question, bravo ! Si vous avez compris de quels moyens il dispose pour agir, encore bravo ! Dans la pratique le levier du change a été abandonné par les nations et non repris à l'échelon européen. Il est vrai que la doctrine dominante veut que le change varie en fonction du marché. Rions ensemble mes bien chers frères ! F. Fillon rappelle à juste titre que Maastricht permet de faire des recommandations à la BCE. Mais que l'Allemagne ne voulant pas, cette arme a été abandonnée.

La BCE a comme rôle statutaire de lutter contre l'inflation. Pas plus de 2 %.

Les budgets sont contraints par les deux normes européennes : 60 % de dettes et 3 % d'impasse par rapport au PIB.

Pour la relance, chacun fait ce qu'il veut.

En un mot, le mode d'organisation de la zone Euro interdit tout moyen d'action "normal" en cas de crise. Il faut que chacun mange son chapeau et viole toutes les règles, pour réagir.

Comment s'étonner que la réponse ait été tardive, hésitante, mal centrée et finalement désastreuse, plusieurs pays étant envoyés goûter l'enfer économique d'une dépression extravagante, avec quasi-liquidation de la classe moyenne.

L'ennui du viol de ses principes, c'est qu'il donne mauvaise conscience. Il faut tôt ou tard revenir à la norme. Le traité Merkozy est là pour cela. C'est bien par la dépression sélective à l'intérieur de la zone euro qu'on retrouvera les grands équilibres.

Pour la France les résultats sont cinglants :

- nous allons la queue basse devant les Commissaires faire valider notre plan de correction par la dépression.

- nous avons perdu toute autonomie et tout pouvoir sur les flux de populations, les flux commerciaux et les flux financiers.

- notre monnaie est grossièrement surévaluée par rapport à notre propre situation.

- nous allons vers les 100 % de dettes publiques par rapport au PIB

- les riches paient entre 80 et 1xx % d'impôts et ne songent plus qu'à partir en courant.

- la dépense publique et les prélèvements excèdent la production des entreprises de plus de une personne du secteur marchand privé.

- il nous manque entre 5 et 10 millions de salariés dans le secteur marchand.

- nous avons un mendiant devant chaque supérette et chaque boulangerie, en même temps que nos dispositifs d'accueils sont saturés de demandes impossibles à satisfaire.

- les vols explosent et la police est débordée.

- des milliers de bons Français vont faire le djihad et enlèvent d'autres Français contre rançon.

- la justice est en déshérence.

- l'enseignement national sombre.

- l'hôpital n'y arrive plus.

- notre armée fait rire même en Afrique pour des opérations humanitaires (l'affaire ukrainienne après la Syrie a montré notre totale impuissance en cas de conflits sérieux).

À chaque fois qu'on veut agir on tombe sur une impossibilité venant de l'Europe, soit pour des raisons de droit soit pour des raisons d'organisation. On dira : les Français sont capables de se suicider tout seuls. Les trente-cinq heures et les autres folies socialistes comme la retraite à 60 ans et le statut des intermittents du spectacle ou le "sociétalisme" délirant, ce n'est pas l'Europe mais bien le gouvernement choisi par les Français.

Ce que la crise a montré est qu'on ne peut pas conduire une politique par la norme. Ce concept est mort. Il faut, en matière économique, une action quotidienne et n'abandonner aucun levier de pouvoir. Il faut agir et réagir. Lorsqu'il n'y a ni cabine de pilotage, ni moteurs, ni gouvernes, ni pilote, ni plan de vol, il devient difficile d'atterrir en douceur en cas de crise et de redécoller avec énergie lors d'un nouveau départ.

La demande de "gouvernement économique" est générale, dès qu'on réfléchit à la manière dont la crise a été gérée. Giscard a proposé l'idée d'un Directoire. Fillon la reprend en la complétant d'un dispositif permettant d'assurer un correctif démocratique. Tout le monde sait bien que Mme Merkel, qui a imposé le resserrement des normes avec le traité Merkozy, n'en veut pas. La position de Mme Merkel est indéfendable. Elle traduit un mercantilisme hyper-nationaliste à la tudesque en même temps qu'elle détruit l'idée même de zone Euro avec liberté totale des mouvements d'hommes, de marchandises et de capitaux.

Soyons clair : il est impossible d'accepter que la nation la plus grande d'un ensemble de monnaie unique gonfle indéfiniment un excédent commercial délirant vis-à-vis des autres. La conséquence est immédiate : la monnaie se retrouve dans les mains allemandes. Il faut alors les replacer. Mais où, sachant qu'on est déjà en excédent ? Dans des sottises. C'est l'argent capté par les Allemands qu'on retrouve dans toutes les opérations immobilières des pays du "club med", du Portugal à Ibiza, de l'Italie à la Grèce, mais aussi dans les subprimes américaines et les placements abusifs en Irlande ou en Islande. Ce sont toutes ces opérations qui se sont révélées en danger. Les différents plans dits de sauvetage ont été largement destinés à renflouer les projets d'investissements allemands en grand danger de tout perdre.

Une zone de monnaie unique sans organisation et uniquement gérée par la norme est une curiosité.

La constitution d'un gouvernement économique pose deux grandes questions :

- Doit-on l'envisager dans le cadre de la Commission ?

- Quel doit être son champ d'action ?

Mme Merkel ne veut entendre parler que de la Commission dont la supranationalité, l'alignement européen et la faiblesse lui conviennent. Des personnalités aussi appuyées que Barroso, Ashton et Van Rompuy, c'est elle.

Résumons : pas de gouvernement économique et si un croupion est mis en place, que ce soit via la Commission.

Nous sommes radicalement opposés à cette vision.

D'abord parce que les décisions à prendre sont si précises et lourdes pour les citoyens que le simulacre de démocratie qu'est l'appareillage de l'UE ne convient pas.

D'autre part, l'UE n'est pas la zone Euro. Il n'y a strictement aucune raison pour que des pays qui ne participent pas jouent un rôle dans la gestion de l'Euro.

Notre préférence va à un Chancelier de la zone Euro qui aura pour fonction de piloter les changes et la politique monétaire , en liaison avec la BCE, dont l'objet sera modifié pour intégrer le plein-emploi et la croissance, de contrôler les compatibilités budgétaires et de vérifier la compatibilité des politiques sectorielles afin d'éviter les divergences de trajectoire.

Nous souhaitons lui associer trois comités ad hoc, avec les représentants gouvernementaux des pays concernés, et une chambre consultative restreinte avec des délégués des différents parlements nationaux.

La mission exécutive de ce Chancelier sera d'abord de gérer le change et de promouvoir un système de changes fixes et ajustables comme système monétaire international. Il définira la politique monétaire en liaison avec la BCE. L'indépendance de la BCE sera garantie, mais comme aux Etats-Unis et partout ailleurs la politique générale viendra des Etats. On peut également confier au Chancelier la gestion des mécanismes de solidarités financières et la résorption de la dette.

Pour le reste, il n'a qu'un pouvoir de suggestion avec droit de veto contre des mesures qu'il estime dangereuses. Il peut dire non par exemple à, un déficit budgétaire extravagant ou une mesure comme la réduction du temps de travail, si elle n'est pas prise par tout le reste de la zone. Etc.

La structure n'a pas à être lourde. Nous suggérons qu'elle soit installée à Paris pour compenser le fait que le siège de la BCE soit en Allemagne.

On dira : il faut un traité, alors que l'idée du directoire n'en impose pas. On le fait et on agit dans le cadre des traités existants.

L'argument a du poids. Et il évite une dépossession trop apparente des Etats.

En fait, la discussion sur une organisation plus serrée de la zone Euro serait bénéfique. Au moins seraient posées les questions clé :

- Gère-t-on le change et comment et pourquoi ?

- Comment évite-t-on les divergences d'évolution entre les membres de la zone et les déséquilibres naissants ?

- Comment assure-t-on la convergence des économies autrement que par la déflation et la dépression ?

- Comment lutte-t-on contre la spéculation internationale ?

- Quelle vision et quelles propositions porte-t-on à l'échelon international ?

- Comment élimine-t-on le stock de dettes ?

Et au moins on aurait une chance que ces problèmes cruciaux soient, un jour, traités autrement que par l'horreur économique.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

L'Union Européenne et le déficit démocratique

La campagne pour les élections européennes a commencé par le torrent d'inepties habituel. Le Parlement Européen, depuis l'origine, pose une véritable difficulté. Les Français ne savent pas ce qu'il s'est passé lors des sessions de la législature qui s'achève. Posez la question, ou posez-vous la question ! Quels sont les votes importants de cette législature ? Étiez-vous d'accord ? Vous a-t-on consulté ? Y a-t-il eu des débats dans les médias ? Ajoutez la question : donnez cinq mesures phares prises par le Parlement. Le constat sera bref : personne ne sait en donner ne serait-ce qu'une seule.

On apprend, en général dix ans après, qu'une norme a été fixée et qu'il s'agit maintenant de la retranscrire dans le droit national, que la France traîne et que cette norme a causé ou va causer d'énormes dégâts. Nous avons donné sur le blog plusieurs exemples de cette manière de faire. L'affaire la plus caricaturale concernait le "cul-de-poule". Une charte du cul-de-poule et du citoyen a été votée à la fin du siècle dernier. Elle impose d'élargir les cages de 10 cm au droit du cul de la poule. L'ennui : il faut changer des millions de cages à poules et les bâtiments qui les abritent et qui sont au modulo ancien des cages. Résultat : abandon de la production par des milliers de producteurs en Europe. Pénurie de jaune d'œuf pour les industries agroalimentaires. Licenciement de plus de 5 000 personnes à travers l'Europe, avec plusieurs grosses faillites de transformateurs. Recours massif à l'importation d'œufs produits en dehors de toutes normes. Aggravation du chômage et des déficits. La totale !

Sur un plan politique, les décisions sont également quasi secrètes. On apprend par exemple que le Parlement Européen a jugé qu'il ne fallait pas déclarer génocide l'élimination de 3 à 5 millions d'Ukrainiens au début des années trente au nom du "grand tournant" vers le "socialisme réalisé" par le "génial Staline". Ajoutez la famine qui avait fait 3 500 000 morts lors de la guerre civile provoquée par la révolution d'octobre et la famine de 1947, mélangez avec la centaine de milliers d'exécutions sommaires et des millions de déportations en Sibérie et on comprend aussitôt pourquoi les Ukrainiens de souche ont développé une haine de la Russie dont on voit les résultats tous les jours. Si l'URSS avait été déclarée puissance génocidaire, Poutine l'aurait moins facile. Quel français est au courant de la lâcheté générale du Parlement Européen ? Où le débat a-t-il eu lieu ? L'Europe avait bonne mine d'envoyer Mme Ashton à Kiev.

Que ce soit pour l'essentiel ou pour le dérisoire, le Parlement Européen donne du corps à la notion de démocratie purement formelle, déguisée en "soft democraty, soft power et soft diplomacy" par la grâce du frenglish.

Personne ne sait quel est "son" député européen. Au sein des états-majors des partis, comme dans toutes les élections à la proportionnelle, la sélection des candidats se fait exclusivement sur des jeux de pouvoirs et d'amitiés entre apparatchiks. On choisit ou "le plus européen", façon Lamassoure ou Moscovici, ou celui qui a besoin d'argent et qui a été recalé au suffrage universel national, quand il a réussi à garder des amitiés dans le parti. Les exemples sont dans la presse tous les jours. N'insistons pas.

Plus curieux encore, les députés sont élus sur des listes nationales qui disparaissent dans d'autres formations à l'échelon européen. Reposez la question : quels sont les groupes au PE ? Citez en trois. Et vous constaterez les dégâts.

Au total l'électeur vote pour des candidats d'appareil, qui n'ont pas de bilan passé ni de programme explicite pour l'avenir, mais seulement une étiquette. On choisit une "identité", une "couleur". À charge pour la combinaison des couleurs représentée au Parlement de se mettre d'accord sur quelque chose. Quelque chose, mais quoi ?

À la limite, tant qu'il s'agit de fixer des normes dans des domaines où l'unification européenne aurait un sens, un système de sélection d'étiquettes, avec un esprit de conciliation pro européenne, peut s'envisager. Mais voilà : tout le monde en a ras le bol des normes qui finissent par coûter cher en emploi et en dépenses et, pire encore, l'idée que la subsidiarité est indispensable a fini par l'emporter.

Il est vrai qu'employer des fonctionnaires pour définir un horodateur "européen" de couleur bleue normalisée est d'un ridicule achevé.

Si on s'en tient à la montagne de textes votés par le PE, environ 98 % d'entre eux devraient être écartés au titre de la subsidiarité. Et si on freine sur les normes, à quoi sert tout cet appareillage ?

Alors la tentation est d'accroître le rôle "politique" du PE. Une Quatrième République avec crise ministérielle périodique, voilà ce qui remettrait un peu de lustre dans la communication. Donc on a accordé au Parlement un rôle dans le choix des Commissaires européens et il peut renverser la Commission. On choisira le président de la Commission par accord des gouvernements mais en fonction des majorités parlementaires.

Les Européistes font le forcing pour que le président de l'Union (le charismatique Van Rompuy est cet homme actuellement) soit aussi le président de la Commission et que le tout soit désigné par la majorité parlementaire. Bien sûr on est en contradiction avec ceux qui veulent une élection au suffrage universel du Président.

Les dirigeants de chaque Etat ne seraient rien à côté de cette nouvelle puissance, adoubée par une majorité parlementaire ou par le suffrage universel.

Et quel serait le champ du pouvoir de cet homme fort ? La seule politique commune est la PAC qui a été démantelée. Le reste est de la gestion de normes, principalement environnementales, et du grignotage de pouvoir réglementaire au-delà du champ des traités. La codécision avec les gouvernements reste de règle. Il est vrai que les commissaires ayant seuls le pouvoir d'initiative, ils ont la capacité d'empêcher tout ce dont ils ne veulent pas et la capacité de faire passer à la longue tout ce qu'ils veulent. Ils sont aidés par la justice européenne qui pratiquement à chaque fois donne raison au fédéralisme contre les états. Une exception : l'aide alimentaire avec les excédents de la PAC. La charité est du domaine national qu'on se le dise !

Voter pour le PE est donc un exercice très spécial. Le thème et toujours le même depuis 20 ans : oui à l'Europe mais pas exactement celle qu'on connaît. Ou non à l'Europe, en tout cas celle qu'on connait. Jamais la moindre discussion de programme. Regardez ma belle étiquette : je suis de gôche et vous aurez avec moi une Europe sociale ; je suis encore plus de gôche et dites avec moi "non à l'austérité" ; je suis centriste, chrétien, fédérolâtre et le mieux disant européen ; je suis gaulliste souverainiste ; je suis à droite un "Européen mais" ; je suis de droite et européen sans mais ; je suis d'extrême droite et j'en ai marre des normes, de l'Euro et des immigrés. On ne garde pas les sortants parce qu'il faut bien faire tourner les cadres du parti dans le fromage. Et l'on s'ennuie à Bruxelles-Strasbourg. Demandez à Rachida ! Les journaux français n'évoquent JAMAIS ce qui se passe dans les enceintes européennes. On vous oublie sauf lorsque vous faites (un peu) scandale.

Au total la tendance identitaire nationale sera noyée dans une couleur européenne indéfinissable car les milles nuances d'étiquettes ne se recoupent pas d'un pays à l'autre. On aura choisi en fonction de dégoûts nationaux un vague ragoût international.

Et qu'est-ce que tout ce petit monde va bien pouvoir faire dans les années du mandat ? On ne peut pas vous le dire, Messieurs Dames, puisque les textes qui viendront à notre vue sont décidés par la Commission et plus ou moins avalisés par les Etats. On ne sait pas ce qu'on va nous présenter. Donc on ne sait pas ce qu'on va voter. Mais faites confiance aux étiquettes choisies. Elles réagiront en fonction de leur sensibilité et ce sera super-démocratique.

On va donc très naturellement en France vers un vote pour ou contre l'Euro, pour ou contre l'austérité, pour ou contre Hollande, avec une abstention record.

Déjà, on sait que le futur président de la Commission ne sera pas français. Si on a un papa Shulz, socialiste à l'allemande, les Français, qui majoritairement vomissent le PS, l'auront drôle, même si un socialiste allemand est plutôt à l'extrême droite par rapport à un Juppé. Si c'est un centriste fédéraliste comme Verhofstadt, ils constateront que le centrisme n'est rien en France mais tout en Europe, toujours sans comprendre ce que le terme veut bien dire. Si c'est le luxembourgeois Juncker, ils verront que celui qui présidait l'Eurogroupe avec l'efficacité et la visibilité que l'on sait (ou qu'on ne sait pas, c'est pareil en Europe) pendant la crise, est devenu le président du plus grand espace démocratique mondial alors qu'il a échoué à conserver un poste dans le plus petit pays de l'Union.

Bref, on sait qu'on aura un président de la Commission qui, comme le précédent, ne correspondra à rien de bien net, et une majorité parlementaire pas plus nette, pour voter des textes qu'on ne connaît pas.

Doit-on s'étonner si l'abstention monte à 40 ou 50 % ?

La question de la démocratie se pose en Europe.

L'exonération de charges : une fausse solution

Une fois de plus, on parle d'exonérer les "charges" sur les bas salaires. Cela fait des années que l'on considère que des exonérations de charges sont la panacée. Les candidats aux présidentielles avaient proposé d'exonérer les charges sur le premier recrutement supplémentaire fait par les PME, sur les jeunes, sur les vieux, sur les stagiaires, sur …

Nous avons toujours été très réservés sur le concept de charges, notamment sur celui de "charges patronales".  En maniant des concepts faux on ne produit que des politiques à courte vue.

Quelle est la vérité économique d'un salaire ? L'entreprise donne en contrepartie d'un travail de quoi vivre, faire face à certains accidents de la vie et partir à la retraite lorsqu'on ne peut plus travailler. Mieux la structure du bulletin de paie traduit cette réalité de base, mieux on peut raisonner et meilleures sont les décisions.

Dans la pratique, les syndicats patronaux et salariaux, aimablement poussés par les gouvernements, ont tout fait pour embrouiller la situation. On a multiplié les canaux de prélèvements et tordu les circuits pour que plus personne ne s'y retrouve.

En haut de bulletin, on doit faire figurer TOUS les revenus du salarié, salaire de base et prestations annexes.  Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Par exemple les tickets restaurants pour ne prendre que les petites choses ou les bénéfices d'un Comité d'entreprise pour prendre une affaire plus sérieuse sont absents.  Les avantages transports de la SNCF,  les réductions de factures électriques d'EDF, et tous les bénéfices annexes de ce type, doivent être pris en compte.

Si on supprime la notion de charges patronales, leur contre-valeur doit figurer en haut de bulletin.  

Cela fait des changements radicaux.

Les charges patronales et salariales représentent à peu près 100% du salaire net. Cela veut dire que le salaire de base affiché sera, pour simplifier, deux fois plus importants que le salaire net actuel.

Si on ajoute la quote-part de subvention au CE, par exemple le 1% de la facture d'électricité des Français chez EDF, le salaire brut augmente encore plus sérieusement.

La physionomie du haut de bulletin change radicalement.

Par exemple le brut mensuel d'un smicard sera dans une PME autour de 2.500 Euros.

Un salarié d'EDF qui a un salaire de base de 3.000 euros se retrouvera autour de 5.800 avec intégration des charges patronales. Il faudra ajouter les avantages en nature.

Sous cette forme la vérité du bulletin et la comparabilité des situations sont assurées.

En matière de prélèvements, on ne doit faire figurer que les cotisations servant à assurer un revenu de compensation :

- retraite

- Indisponibilité au travail, en séparant l'absentéisme normal et le sur absentéisme  (par exemple plus de 3% du temps de travail)

- chômage

Comme on a supprimé la notion de charges patronales, c'est sur le brut salarial que toutes les cotisations vont être prélevées.

Si le temps moyen à la retraite est de 20 ans et le temps au travail de 40 ans, le taux de prélèvement, pour faire simple, doit être de 50%.

Si le temps de chômage moyen sur une vie doit être de deux ans, alors la cotisation doit être 2/40ème du salaire brut, soit 5% .

Si le temps moyen d'indisponibilité médicale doit être de 10% du temps théorique sur une vie de travail, alors les charges doivent être de 10%.

Tous ces ratios sont connus et faciles à calculer et à actualiser.

Cela fait un taux de charges d'environ 80%.

Le net imposable sera donc de 20% du salaire brut globalisé comme dit.

Appliquons ces règles à un salarié EDF

 

Salaire de base :            3.000+ anciennes charges patronales 4.800 = 7.800

CE (quote-part)  :            4.000

Avantages divers :           1.000

Salaire brut :                                                                                    12.800

Revenu retraite différé - 50% SB                             6.400

Revenu chômage éventuel 5%SB                               640

Revenu compensatoire

d'indisponibilité

                Maladie 10% SB                                       1.280

                Surabsentéisme                                           500

                Formation                                                   500

Sous total revenu socialisé                                         9.420

Salaire net  :                                                                                        3.480

Impôts précomptés

                - CSG 15% SN                    522

                - IR 20% SN                        696

                                                                                                                    

Salaire disponible                                                                                2.262

               

Bien noter qu'il n'y a plus de charges patronales(restituées au salarié) . Tout ce qui concerne le salarié est sur sa feuille de paie.

Le "sur-absentéisme" est la quote-part des frais subis par l'entreprise du fait d'un absentéisme supérieur aux 3% moyens, devenus légaux.  

Cette présentation, qui est le reflet de la situation actuelle mais reclassé montre qu'on aboutit à un salaire disponible qui est à moins de 20% du brut. Ce qui est la réalité actuelle : la seule différence est que beaucoup des prélèvements ne figurent pas sur le bulletin soit qu'elles soient prises directement dans le compte d'exploitation de l'entreprise ou payé par des salariés ne travaillant pas chez EDF, ou facturé au client d'EDF. Trois abus !  

On dira : c'est affreux. Vous avz vu le taux de charges. Mais oui c'est affreux. L'avantage de cette présentation est qu'elle permet au salarié de raisonner.

Pour retrouver du disponible, il peut :

- Renoncer à la quote-part CE. Il verra ses cotisations et ses impôts baisser à proportion.

- Renoncer au sur absentéisme et pousser ses collègues à être sérieux

- Renoncer à partir à la retraite trop tôt.

En militant pour une baisse des dépenses publiques et des diverses allocations abusives, il pourra obtenir une baisse éventuelle de la CSG et de la retenue à la source.

Dans notre présentation la CSG ne sert pas à couvrir tous les frais de sécurité sociale puisque la maladie PENDANT LA PERIODE DE TRAVAIL  est couverte par une cotisation spécifique. Elle couvre le risque maternité, le risque de maladie hors période de travail, etc. C'est une dépense de solidarité.

Les salariés d'EDF deviennent une force militante pour des actions socialement utiles. Une nouveauté. On a pris EDF on aurait pu choisir la Sncf etc.

Pour un smicard de PME, le bulletin prend à peu près la figure suivante

Salaire de base :              1.550+ anciennes charges patronales hors exonération 1550 = 3.100

Avantages divers (tickets restaurants)                 500

Salaire brut :                                                                                    3.600

Revenu retraite différé -  50%SB                             1.800

Revenu chômage éventuel 5% SB                               180

Revenu compensatoire

d'indisponibilité

                Maladie 10%SB                                           360

                Surabsentéisme                                           100

                Formation                                                    100

 

Sous total revenu socialisé                                         2.540

Salaire net  :                                                                                     1.060

Impôts précomptés

                - CSG 15% x .SN                                         159

Salaire disponible                                                                                  901

 

On note qu'il n'y a pas d'impôts sur le revenu dans ce cas. Le net n'est que 25% du brut, ce qui correspond à la réalité une fois que tous les prélèvements sont ramenés au même endroit.

Là aussi, le salarié est mis en mesure de raisonner. S'il veut augmenter son net, il peut facilement mesurer l'impact de l'action sur les différents postes.

À lui et son syndicat de savoir s'il veut une retraite plus longue, se livrer aux joies de l'absentéisme militant, financer la solidarité via la CSG, se mettre au chômage de longue durée etc.

Il devient plus facile de déterminer qu'elles doivent être les revenus du non-travail au-delà des garanties moyennes assurées, si on veut maintenir la volonté de travailler.  Les diverses allocations ne peuvent guère aller au-delà de 60% du net smicard, soit au mieux 500 Euros. Actuellement on sait que le cumul des différents avantages fait qu'un RSiste est plus proche de 1.000 euros nets par mois d'équivalents revenus  que de 500

Autre avantage de cette présentation, on peut mesurer l'impact des mesures nationales. Supprimer ou réduire les charges sociales sur tout ou partie du salaire devient une notion absurde. Cela revient à écarter de la vue des parties prenantes des dépenses réelles qui correspondent à des nécessités et qui doivent bien être associées à l'emploi.  Du coup plus personne ne raisonne bien.  Ce n'est pas à l'impôt de payer le chômage ou la maladie ou la retraite des gens en possibilité de travail : l'assurance doit suffire.  

La montée du salaire net ne peut se faire qu'en permettant la croissance qui hausse le revenu salarial brut  ou en réduisant les dépenses socialisées en travaillant plus longtemps ou en réduisant le coût de gestion des prestations socialisées.

La compétitivité est fonction du salaire brut. Pas des charges qui en sont déduites. Dans la zone euro la comparaison des salaires bruts sera plus facile à faire s'ils sont complets.  Il appartient aux entreprises de savoir jusqu'où elles peuvent aller en matière de salaire brut, pas à l'Etat.

Les salaires minimaux doivent être définis en brut. On voit qu'avec un SMIC à 3.600 on est assez haut en France. Et qu'il ne donne que 900 euros nets disponibles.

Ces présentations éviteraient les sottises et les démagogies. On s'apercevrait que les salaires bruts sont trop hauts en France relativement à nos voisins, que la non-activité est top longue sur une vie entière,  que l'absentéisme est excessif, que les avantages hors salaires de base dans les entreprises publiques sont extravagants, etc.  Bien entendu le bulletin de salaire des fonctionnaires des différentes catégories  aurait exactement la même structure.  On constaterait alors les distorsions. Le budget de l'Etat devrait s'ajuster aux nouvelles réalités et faire apparaître la vraie valeur des bruts versés (à l'heure actuelle l'équivalent des charges patronales n'apparait pas).

Tout le monde serait à égalité avec des règles identiques pour le revenu brut et pour les salaires différés, ce qui paraît normal.

Plus personne ne prétendrait "supprimer" des cotisations sociales qui ne sont quez des revenus différés pour ceux qui paient les cotisations ou actuels pour ceux qui sont dans les cas qu'elles financent.

Chacun serait devant ses responsabilités. Et serait obligé de raisonner correctement.

Ah oui : on aurait fait disparaître la fiction de la cogestion patron-syndicat.  À partir du moment où les prélèvements sont des cotisations  assurancielles ou des impôts retenus à la source, leur gestion n'a pas à être prise en charge par les patrons. Ils ne doivent voir que le salaire brut et trouver le moyen d'employer le maximum de personne à ce coût.

Le reste est l'affaire des salariés qui doivent devenir sociétaires des organismes chargés de gérer les revenus assurantiels, sous la supervision de l'état.  Les syndicats patronaux et salariaux ne doivent travailler que sur les conditions de travail et le salaire brut. Pour le reste leur avis ne doit être que consultatif.  À terme les sociétaires devraient même avoir la possibilité de choisir leurs organismes afin de permettre une concurrence sur les frais de gestion.

On notera qu'on ne fait plus aucune différence entre cadre et non cadre.  Cette distinction n'a plus de sens aujourd'hui.  On laissera simplement aux personnes concernées le choix de sa formule de retraite et de garantie salariale en cas de maladie.  

Résumons : le salaire brut doit être le salaire brut total. Les cotisations doivent être réalistes et ne concerner que les aspects assurantiels mais tous les aspects assurantiels liés à l'emploi. La hausse du net disponible ne doit être liée qu'à des mesures précises portant sur le brut si la compétitivité le permet et l'organisation de la couverture des revenus d'inactivité.

Si ces mesures étaient aujourd'hui en place on constaterait :

- que le déficit de l'Etat est beaucoup plus important qu'on l'affiche (il faudrait qu'il intègre l'équivalent des charges patronales et des surcoûts d'absentéisme de ses salariés, et qu'il reprenne à son compte des charges qui ne figurent pas sur le bulletin). On ne serait pas à 4.3% d'impasse par rapport au PIB ! Une fiction totalement poétique…

- que les salaires bruts recalculés sont trop hauts en France par rapport à nos concurrents de niveau comparable. Notamment le SMIC brut est déraisonnable.

- qu'on a poussé beaucoup trop loin la couverture de la non-activité pour les salariés

- qu'on a poussé beaucoup trop loin la couverture de la non-activité pour les gens qui ne travaillent pas ou occasionnellement.

- qu'il y a un écart de salaire brut vertigineux entre le salarié de PME et celui des entreprises de type EDF ou SNCF, ainsi que de toutes les entreprises à CE.

Le plan de redressement prendrait du coup une allure totalement différente.

La réduction du champ de l'action budgétaire  serait autrement plus drastique. On ne peut plus avoir un Etat qui prend l'équivalent de la totalité de la valeur ajoutée des entreprises de plus de 1 personne du secteur marchand non financier !

Les salariés seraient obligés de faire des choix. Plus d'absentéisme ou moins ; plus de retraite ou moins ; plus de revenus indirects genre CE ou moins ; plus de temps de travail ou moins. Ce serait leurs choix, pas ceux de l'Etat.

En un mot on verrait clair et les responsabilités seraient prises par les payeurs.

C'est tout de même au salarié de décider s'il veut que l'on prélève 70% de son vrai brut  et c'est au citoyen de dire clairement s'il accepte que toute la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand non financier passe en dépense publique.

La discussion avec l'employeur ne doit porter que sur le salaire brut et les conditions de travail.

Faire de la lumière et non de la chaleur, voilà le but. Et le moyen.  Actuellement le langage est tellement codé et faux que tout ce qui est dit n'a pas de sens.

PS : les calculs ont été faits très vite. Que ceux qui ont le temps les corrigent éventuellement. Cela changera les paroles mais pas l'air de la chanson.

   

Mario Draghi et le cours de l'Euro

On connait la ritournelle qui prévaut dans les milieux économiques internationaux, notamment anglo-saxon :  le change d'une monnaie ne doit dépendre que l'offre et de la demande sur un marché des changes le plus parfait possible. On doit donc laisser les marchés de capitaux à court terme aussi libres que possible pour que la vérité économique des cours apparaissent. Du coup l'optimisation des placements sera quasiment automatique. Les taux d'intérêt et les prix des produits seront véritables et correspondront  bien  à l'équilibre souhaitable. Les chocs extérieurs, seuls envisageables, seront gentiment absorbés.  Le bonheur !  

Les Etats doivent ôter leurs sales pattes des marchés monétaires et financiers pour éviter les distorsions.  Les banques centrales ne s'occupent légitimement  que d'une chose : éviter l'inflation. On aura alors une bonne monnaie permettant des calculs économiques justes.

Cette théorie est une farce. En quarante de ce système, les déficits et les excédents monstrueux n'ont cessé de fleurir, l'endettement mondial de grossir, les crises ont été constamment plus dures et la croissance plus basse.

 Les monnaies ont effectivement flotté mais sans autre raison que la force des spéculations les plus moutonnières ou les plus informatisées, les effets de la fixation des marchés par quelques intervenants importants, ou l'intervention des banques centrales. Les transactions proprement commerciales ne représentent pas 1/10.000e des flux et ne les orientent pas.

La peur y est un facteur décisif. Les paniques sur les monnaies sont une constante depuis 1971.

La théorie est donc fausse et les pratiques ne correspondent en rien à ce qu'elle stipule. Les Etats usent et abusent de manipulations monétaires : le Yuan, le Won, le Yen, le Dollar, la Livre britannique, le Franc Suisse ont tous des cours artificiels liés aux pratiques des gouvernements.

Jusqu'ici le seul bon élève était l'Euro et la BCE. Il fallait voir les contorsions de JC Trichet dès que la question du cours de l'Euro venait sur le tapis ! C'était d'un comique achevé.  La langue de bois était polie comme un miroir.

Après un nouvel épisode de crispations monétaires, avec de lourdes dévaluations dans de nombreuses nations émergentes,  après les Abenomics théorisant la dévaluation du Yen pour lutter contre la déflation, après les mille manipulations de cours  que l'on constatent depuis le 1er janvier sur des marchés affolés,  voici que Mario Draghi explique qu'il fera baisser le cours de l'Euro !

On ne peut que se féliciter que l'Euro ne soit plus ce ballon crevé dans lequel tous les autres donnaient des coups de pied.  Et ricaner de voir qu'il ne reste plus rien des justifications théoriques qui "fondent"  le système monétaire international, malgré des justifications alambiquées qui ne trompent personne et n'ont pour but  que de faire révérence aux principes que l'on viole.  .

N'est-il pas temps de constater qu'une théorie constamment prise en défaut est fausse ?  Le marché libre et pur permettant en concurrence parfaite de déterminer le meilleur taux des devises n'existe pas, n'a jamais existé et n'existera jamais.

Si la théorie est fausse alors l'organisation monétaire internationale est également controuvée.

Plutôt que de violer au quotidien tous les principes affichés, il faudrait mieux réformer le système monétaire international.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Sociologie du nouveau gouvernement

Il est intéressant de voir qu'elle est  la formation des Ministres chargés de "redresser le pays" dans la situation périlleuse où il se trouve, après six ans de crise, et près de deux ans de sottises politiciennes  exacerbées.  

Le président et trois ministres sont des énarques : Hollande, Fabius, Royal et Sapin. Mme Philippetti est normalienne.

Tout le reste a fait de petites  études faciles (licence d'histoire, pour Valls, le Drian  et Hamon,  droit pour Belkacem, Paul Langevin, Pinel et Montebourg , sciences éco  pour le Foll, Taubira et Rebsamen, IEP Bordeaux pour Cazeneuve,  licence d'aménagement du territoire (?) pour Lebranchu).

Il est également intéressant de regarder leur carrière et en particulier s'ils ont contribué à la production . En un mot, ont-ils travaillé ?  La réponse est non. Aucun n'a jamais eu de postes dans le processus de production de richesses.

A quelques rares exceptions près où, un temps, souvent très court, ils ont exercé un métier, tous sont entrés pratiquement dès leur université dans le circuit politique et ils n'ont fait qu'une carrière d'apparatchik, d'abord à l'UNEF ou aux Cal  et  ensuite au PS, dans  des mairies de gauche ou dans les équipes ministérielles ou parlementaires.

Ce sont des politiciens purs et pour plus de la moitié d'entre eux, de très petit niveau intellectuel.  Le commentateur Zemmour remarque que le niveau est à peine au tiers de ce qu'on trouvait en 81. Il a raison.

Ceux de  ces Ostrogoths qui ont fait partie du Ministère Ayrault, petit prof d'allemand qui ne maîtrisait pas la langue et qui, lui aussi, n'avait fait qu'une carrière politicienne, avaient montré qu'ils étaient incapables de maîtriser leur administration, en général  assez méprisante pour qui ne leur impose pas, et n'avaient fait que compliquer et politiser de façon imbécile les textes dont ils s'étaient vus confier la charge.  La loi Duflot, une licenciée en géographie qui met le Japon dans l'hémisphère sud, et la loi Pinel sont exemplaires de cette débilité.  Le texte d'une extrême violence, quasi soviétique, pondu par Cazeneuve pour le rapatriement de l'argent conservé à l'étranger, ou les interventions de Belkacem, sont assez exemplaires d'un état d'esprit forgé dans les fumées des AG et de l'UNEF.

Fabius est un gosse de riche, intelligent, dandy, cynique et carriériste. Rebsamen est le  fils d'un" ex-agent de la Gestapo d'origine russe" (Wikipedia)  recyclé comme beaucoup par le trotskisme. Hollande est lui-même le fils d'un petit bourgeois d'extrême droite, défaut corrigé par une militance à l'UNEF communiste .  Michel Sapin est un fils de bourgeois recyclé par les CAL, les comités d'action lycéens. Valls et Belkacem sont d'origine étrangère et se sont francisés dans la militance à gauche, comme Hidalgo à Paris.

François Hollande a innové en inventant le "néo-népotisme pour toutes", en faisant monter Royal au gouvernement et Hidalgo à la Mairie de Paris. Avec Ségolène et le retour de "bobonne"  il tente de se faire pardonner l'affaire Trierweiler.

Aucun membre de cette équipe n'a jamais fait la moindre étincelle.

Hollande reste au plus bas dans les sondages pour des contorsions qui ne font plus rire personnes.

Cazeneuve a mis les Bonnets Rouges dans la rue et sur les bordures de routes à quatre voies. .

Pinel est  l'auteur(e) d'une loi débile.

Touraine a surtout montré qu'elle comprenait lentement et qu'elle n'aimait pas qu'on s'en aperçoive, se comportant alors en harpie bornée, là où il fallait des idées élevées, du courage et de la diplomatie.

Belkacem  a surtout montré un culot en béton armé de propagande débile pour des causes problématiques.

Sapin a enfourché la courbe du chômage avec le succès que l'on sait.

Lebranchu a expliqué aux fonctionnaires qu'on ne leur ferait aucun mal et leur a restitué le droit à des absences abusives payées par le contribuable.

Montebourg est un bavard théâtral.

Taubira est entre les mains de la Franc-maçonnerie et a milité longtemps contre la France. Les magistrats, même de gauche, n'en peuvent plus de son incompétence et de ses caprices.  Ses lois ont été et sont   plus que problématiques.

Hamon n'a rien fait sinon un texte bêtassin et sans importance.

Mme Filipetti n'a eu aucun courage face aux excès des "porteurs de grenades et de sébile". On ne voit guère ce qui plaide en sa faveur sinon d'être une ancienne ségoléniste, ce qui semble important pour le moment du côté du Président.

Manuel Valls est un communiquant.  Il a été un ministre de la parole plus que des actes et n'a rien pu faire contre la montée verticale de la délinquance.  Il a facilement le menton en avant comme Mussolini et une certaine violence ciblée. Il a été un Ministre de l'Intérieur partial et impuissant.  Avoir un style plus dynamique que celui, variante endive bouillie, de Ayrault, n'est tout de même pas un exploit.

En dehors de Fabius et Le Drian qui ont montré une certaine solidité ministérielle dans des postes régaliens, il est  exact de dire, sans vouloir être inutilement péjoratif, que l'équipe est assez en deçà du niveau nécessaire pour se colleter aux énormes difficultés du pays.  Une sorte de "nightmare team" en plain cauchemars économique et social national.  

Fabius n'a rien vu venir de la crise Ukrainienne. Le Drian gère une armée réduite aux bouts de ficelles.  Même les meilleurs de l'équipe actuelle ne sont tout de même pas brillantissimes.

Au total on ne voit aucune personnalité solide armée par une manipulation  prouvée et réussie  des grands leviers qui font bouger le monde.  L'aréopage choisie n'a pas de consistance sociale et aucune connaissance du monde du travail et de la réussite économique.

L'ancienne "énarchie compassionnelle" dirige. Mais elle est relayée par une couche sous-intellectuelle et sous-professionnelle d'apparatchiks qui savent ruser et survivre dans les arcanes du militantisme, mais guère plus.

Cette même couche se retrouve à l'Assemblée, composée à gauche d'activistes  et de militants de basse facture.

Il ne s'agit pas ici de snobisme méprisant pour  la valetaille politicienne issue du socialisme municipal. Juste d'une analyse  sociologique objective qui permet d'évaluer la capacité de l'équipe nouvelle à être à la hauteur des enjeux.  Cette France des petits bourgeois post- soixante-huitards,  marqués par un enseignement en déshérence  et des diplômes pseudo supérieurs,  accessibles à n'importe qui, on la retrouve dans l'administration et les entreprises où elle ne fait pas de merveilles.

En ce sens l'indigence du gouvernement nouveau est aussi l'image d'une France abîmée par la destruction de son instruction nationale et  l'incertain mais exalté  curetonisme gauchiste qui prévaut depuis 1968 à gauche et dans la frange urbaine  boboïsée de la population.

Le mélange d'incompétence, de militantisme partisan et  d'ambition cynique bornée par l'idéologie qui marque le parcours de nos nouveaux ministres peut-il donner de bons résultats ou va-t-il accuser la sortie de l'Histoire d'une France hexagonale en souffrance et  accro à la dépense publique hargneuse et délirante ?

En balayant le socialisme municipal, les Français ont montré qu'ils avaient compris le danger. Mais le gouvernement  nouveau ne fait droit en rien à leur message.  

Le nouveau gouvernement a commencé à s'écharper sur l'attribution du Commerce extérieur. On ne pouvait pas décemment laisser à un ministre de l'économie anti européen et anti libéral le soin de négocier en liaison avec la Commission un traité de libre échange avec les Etats-Unis. Surtout quand on sait que ce ministre de l'économie n'a aucune compétence économique et juste une "tchache" nationaliste.

Pourquoi  a-t-on déplacé ou éliminé les ministres chargés de trouver 50 milliards d'économies ?

Ce salmigondis politicien de bas niveau et illisible qu'est le gouvernement va-t-il être à la hauteur d'une remise en cause radicale de l'enfermement français dans la dépense publique et dans la répression des travailleurs, patrons et salariés réunis ?  

Où va-t-il être un vaisseau ivre, à la remorque du monde et de l'Europe,  ballotté par ses propres contradictions et miné par son tout petit niveau, comme on en a connu sous la Quatrième République, avec les conséquences que l'on a vues ?

Laissons-leur une chance.

Notons simplement que la France s'est drôlement amochée, et en profondeur,  dans les dernières décennies. Et qu'elle prend des risques en mettant à sa tête ce qu'il faut bien appeler, avec toute la bienveillance , la circonspection et le respect  nécessaires,  une bande de minables.  

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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