Agnès Verdier-Molinié : « en marche vers l’immobilisme »

Agnès Verdier-Molinié, la directrice de l’Ifrap, publie chez Albin Michel : « En marche vers l’immobilisme ».  C’est le quatrième volet de notre réflexion sur la malgouvernance en France, après la mise en cause de la gestion de la Capitale Française par le groupuscule rassemblée autour d’Anne Hidalgo, les éléments de réflexion sur le « destin français » d’Eric Zemmour, et les inquiétudes démographiques et civilisationnelles autour d’un « grand remplacement »exprimées par L. Obertone.

L’Ifrap est une institution que nous approuvons et soutenons et dans sa démarche et dans ses résultats. Beaucoup de ce que nos intuitions suggèrent ou font craindre se trouve confirmé par les études de l’Ifrap. L’équipe est bien informée et sa directrice est une fille crane et courageuse qui n’hésite pas à se livrer à un exercice d’expression publique qui lui vaut insultes et crachats. Il faut du courage dans ce genre d’entreprise et la tenace Agnès en a. Bravo !

Le livre confirme ce que nous avons anticipé dès la campagne électorale d’E. Macron. On fera peu et relativement insignifiant, même si quelques mesures vitales seront tout de même prises. Pour l’essentiel, l’équipe d’Enarques réunie par l’Enarque Macron aura plus de mal à se sortir des conséquences de sa démagogie électorale,  et à se dépatouiller des médias, qu’il ne passera de temps à atteindre les objectifs quantifiés qui avaient été annoncés pour contrer les annonces de F. Fillon.

Sept ministres dont trois d’Etat ont démissionné, dans des conditions le plus souvent bizarres voire franchement déplorables, soit parce qu’ils étaient rattrapés par leurs propres turpitudes après avoir appelé à laver plus blanc que blanc, soit parce qu’ils voyaient bien que la fine équipe d’énarques qui dirigeaient tout ne leur laissait aucun espace d’action. Quant aux programmes, on voit qu’ils sont d’abord et avant tout des affichages, la réalité révélant une suite infinie de petites mesures ou de demi-mesures. 

Il était strictement indispensable de revenir sur l’ISF et de remettre une taxation forfaitaire sur l’épargne. Au lieu de défendre ces mesures simplement  en expliquant que les gouvernements socialistes avaient été trop loin et que les effets pervers étaient accablants et irresponsables, E. Macron a tenté de justifié une demi mesure de libération fiscale sur l’épargne en accablant l’immobilier. C’était du n’importe quoi démagogique. Il a tenté d’expliquer qu’il donnait du pouvoir d’achats aux pauvres, avec les mesures d’achat de votes démagogiques sur les cotisations sociales des salariés et la suppression de la taxe d’habitation sur une partie des assujettis. Cette farce se retourne contre lui au point qu’il vient dans son dernier discours d’avouer qu’il n’était pas en son pouvoir d’enrichir et de rendre heureux chaque Français !

Ce que montre le livre de notre auteur, c’est que dans le fatras de mesures qui ont été prises, rien de permet d’atteindre les objectifs affichés. Non, il n’y a pas de baisse des prélèvements ; non il n’y a pas de baisse de l’endettement ; non les réformettes prises n’ont pas les effets prévus car presque toutes laissent la place à des préoccupations corporatistes qu’on considère normal de prendre en compte. Le nombre des fonctionnaires ne baissent pas. Les syndicats bloqueurs bloquent toujours à peu près tout. On voit avec l’affaire qui secoue la tête de FO que les mauvaises habitudes ont la vie dure : népotisme, détournement de l’argent public, méthodes infectes.

Les économies sont fictives. Le prélèvement à la source est un voyage en Absurdie administrative. La réforme du CESE est une farce (l’auteur dit un trompe-l’œil). Les abus dans les collectivités locales sont toujours majeurs. AVM a beau jeu de montrer que dans la ville natale du Président, Amiens l’absentéisme est toujours stratosphérique : 49 jours ouvrés, s’ajoutant à un temps de travail quotidien faible et une durée annuelle très basse. Quand, de façon régulière, une partie des salariés publics ne travaillent que 6 mois payés 12, avec une rémunération moyenne supérieure à celle du privé, nous ne sommes plus en république.  L’accès aux données est toujours aussi bloqué. On ne doit pas savoir. Quant on voit que le président du syndicat FO, principal syndicat de la fonction publique, se met en congé maladie parce qu’on a découvert quelques unes de ses turpitudes, on comprend tout.

La grande affaire qui s’annonce est la réforme des retraites. Tout le monde sait que le système de retraite des fonctionnaires est totalement abusif. Le livre donne les chiffres et ils sont à frémir d’indignation : les fonctionnaires ont un avantage de 21% en montant  par rapport au privé, avec une retraite moyenne de près de 28.000 euros contre 22.000 pour le privé. Et la manière dont la réforme est conduite aboutira nécessairement sur un nouveau « trompe l’œil ».

Les « rentiers de la République laissent les citoyens dans l’illusion du redressement économique. Avec le risque majeur de dérouler le tapis rouge aux populistes autres bonimenteurs ». « Nous vivons en plein choc de complexité avec ce qui va de pair, l’opacité reine ». « Le risque est de dégoûter nos concitoyens de la démocratie ».

C’est là qu’on rejoint la malgouvernance parisienne, parodie de démocratie, les livres de Zemmour et d’Obertone et plus encore celui de Yascha Mounk « le peuple contre la démocratie (L’observatoire),». « Pour sauver la démocratie, nous avons besoin d’unir les citoyens autour d’une vision commune de leur nation, de restaurer leur espoir en l’avenir économique  et des rendre plus résistants aux mensonges et à la haine qu’ils rencontrent tous les jours sur les réseaux sociaux ». Nous-mêmes, depuis 1977, ne cessons de répéter dans l’indifférence générale : « attention à la colère des peuples ».  La malgouvernance générale et les dysfonctionnements économiques jamais réparés ont un coût qui n’est pas seulement économique.

Maintenant les avertissements viennent de partout. Il est bien tard.

 

Commentaire
stéphane's Gravatar Bonjour,

Mais faut-il réellement sauver la démocratie ? Toutes ces tares que vous dénoncez ne sont elles pas finalement liées à la nature même de la démocratie ?
Sans remonter à Tocqueville, il suffit de prendre les écrits récents du plus grand penseur vivant, Hans Hermann HOPPE, pour comprendre que ce que vous dénoncez arrivera toujours dans une démocratie, sauf si elle est la plus petite possible pour permettre le contrôle du voisin.

Si j'appelle à voler le riche de Lille, les pauvres de Marseille seront d'accord car ne le connaissant pas, ils penseront que c'est légitime de le voler, et que il a dû acquérir sa fortune de façon malhonnête.

Mais quand c'est le voisin qu'on appelle à voler, on sait mieux si celui-ci est honnête ou pas, et on se rends mieux compte de l'ignominie de cela.

La Suisse marche mieux car c'est un ensemble de petites communautés.

La démocratie est l'ennemie des droits de l'homme, à choisir, c'est le respect des droits de l'homme qu'il faut privilégier, plutôt que le respect de la démocratie qui n'est que la dictature des plus nombreux.

Hans Hermann Hoppe, je vous conseille ses lectures !!!

Bien cordialement,
# Posté par stéphane | 18/10/18 12:23
DvD's Gravatar Ceux qui ont cru se mettre « en marche » par simple attrait superficiel de la nouveauté sans remarquer la complète carence de diagnostic de l’etat du pays et la complète absence de solutions structurelles et opérationnelles susceptibles d’amorcer le redressement ne font que redécouvrir le constat millénaire qu’ « il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sais où il va ». Tout arriviste vit aux dépends de ceux qui l’écoutent, cette leçon vaut bien un fromage sans doute. Les marcheurs, honteux et confus, sont-ils en train de jurer, mais un peu tard, qu’on ne l’est y prendrait plus ?
# Posté par DvD | 21/10/18 11:22
Ange LERUAS's Gravatar @ Stéphane

le fait que Hoppe se définisse comme un capitaliste devient un handicap pour d'éventuel lecteur mais, il à raison de dire que la démocratie n'est possible que dans des petites société puisque -historiquement- cela est le cas depuis les démocraties grecques ce qui laisse penser que pour la démocratie existe il faut qu'il y ait une unité de pensée, c'est ainsi que l'on peut parler de démocratie communiste puisque les décisions sont prisent à unanimité dans les cellules qui partage les mêmes principes avec les autres cellules mais, conforme à la pensée de l'organe directeur.

Unanimité n'est pas la démocratie mais, ce sont les principes communs qui forgent la démocratie. Ne suffirait-il pas qu'une nation de 66 millions d'habitant ait une unité de principe sur la réalité de notre vie en société pour que la démocratie puisse exister ?
Confucius ne disait-l pas : '' sans principes communs ; impossible de discuter'' ?

Une démocratie à la place de ce que nous vivons aujourd'hui. Certes mais alors il faut changer nos principes de base. Prenons pour exemple ce que nous vivons qui est le reflet de l'anticapitalisme qui ne peut être considéré comme un principe commun d'une démocratie.

Quel pourrait être le principe d'une démocratie à mettre sur la table pour en discuter démocratiquement ?
C'est celui qui met à mal l'anticapitaliste primaire.

L'anticapitalisme est une obsession, mais aussi, un gagne pain pour les innombrables anti capitalisme qui occupent le panel politique d'une extrême à l'autre y compris ceux au centre et en particulier les têtes pensantes et dirigeantes, pour qui la disparition de anti capitalisme ce serai scier la branche sur laquelle ils sont assis.

Tous ont pour défaut de confondre épargne et patrimoine, Et ne savent pas que les prélèvements sociaux ou fiscaux se font à partir de l'épargne (les revenus de rétributions aux actifs ou attributions aux différents types d'inactivité ( des inactifs)).
Ils croient que la monnaie issue de la vente d'un patrimoine est une apparition spontanée. Alors qu'elle n'est que l'épargne de l'acheteur qui, de fait, va payer les taxes du vendeur, Comme est le cas de tous les consommateursqui payent les taxes des entreprises (un préjugé tenace ) alors que l'entreprise n'est qu'une intermédiaire entre le consommateur et les caisses de collecte dans le but soit de devenir
* une recette pour des dépenses sociales
* une recette pour des dépenses collectives.
L'idéologie anti capitaliste, comme toute idéologie s'appuie sur des préjugés et sur des boucs émissaires et dispense de réfléchir sur les réalités de notre vie sociétale.

Quand comprendrons t-il, ces préjugétistes, que le prix des choses n'est fait que pour devenir :
* des recettes pour des dépenses sociales
* des recettes pour des dépenses collectives.
* des rétributions des actifs qui produisent pour tous
* des attributions pour différents cas d'inactivité pour des inactifs qui vont consommer ce que les actifs leur apportent avec leurs productions pour partie échangées avec des importations.

Quand comprendrons t-il, ces préjugétistes, que la décomposition du prix des choses en ces quatre composantes décrites ci-dessus n'ont pour utilité que de partager notre consommation nationale (production nationale non exportée plus les importations) en :
* consommation familiale des actifs avec leurs rétributions.
* consommation familiale des inactifs avec leurs attributions.
* consommations des actifs et inactifs suivant le mode mutuel, pour partie avec les contributions prévues dans le prix des choses et une partie de leurs rétributions
* consommation des actifs et inactifs suivant le mode collectif, pour partie avec les contributions prévues dans le prix des choses et une partie de leurs attributions.

Sauf à démontrer que ce qui est écrit ici n'est pas la réalité : les préjugétistes ne pourront le comprendre que si de plus en plus de personnes vulgarisent nos réalités vraies de vie sociétale dans la nation ; notamment celle qui correspond à la première réalité économique ;

La production des uns devient la consommation des autres.
Suivant quel partage ?

C'est la question essentielle que nous devons nous posez et que nous connaissons statistiquement, à savoir :
* rétributions des actifs pour permettre leur consommation familiale : statistiquement 22 % de la consommation nationale.
* attributions des inactifs pour permettre leur consommation familiale : statistiquement 33 % de la consommation nationale.
* les contributions mutuelles pour la consommation des actifs et inactif suivant un usage mutuel : statistiquement13 % de la consommation nationale.
* les contributions collectives pour la consommation des actifs et des inactifs suivant un usage collectif : statistiquement 32 % de la consommation nationale.

Question à résoudre : les contributions mutuelles ou collectives incluses dans le prix des choses ne doivent-elles pas être considéré comme un prélèvement à la source sur les rétributions des actifs ou les attributions aux inactifs, puisque ces dépenses leurs profitent ?

Cela ne serait-il pas que la représentation de la réalité donc une possible base démocratique,  ?

Tout compte fait l'ISF qui demande
* des dérogations par rapport aux revenus des contribuables
* demande de multiples calcul en fonction du type de patrimoine, des appels à règlement, des vérifications, contrôles et redressement fiscaux
* alors que cette fiscalité est payée par les revenus des actifs et des inactifs soit directement, soit par retenue à la source (payé par le consommateur à l'entreprise laquelle transfère cette retenue à la source aux caisses mutuelles ou aux caisse collectives)

Ce que nous vivons ce n'est que démagogie pour satisfaire une idéologie anti-capitalisme et dont les effets vont à l'encontre du but recherché par ces idéologistes qui ont inventé milles et une taxe, contributions, impôts cotisations etc pour jusque que le partage de notre consommation nationale se modifie pour lever le pouvoir de consommation à l'un pour le donner à l'autre. Sans savoir s'il n'y a pas des effets induits qui neutralise la valonté de bien faire pour se travduire par un effet contraire à celui désiré, encore de la démagogie : Pourquoi.

Parce-qu'en France nous aimons mieux faire compliqué quant on peu faire simple. Le faire simple c'est: rechercher de l'équité dans la production des uns pour que les autres consomment avec équités.
Quel partage le meilleur des partages de la consommation nationale à 100 % entre
*actif et inactifs ( puis entre ayants droit dans chacune des catégories d'actifs et inactifs)
* entre usage familial, usage mutuel, usage collectifs

Si a cela ont ajoute que la monnaie à deux fonctions
* circulation des biens ou des services
* partage de la consommation nationale.

Puis que l'économe se décompose en
* économie patrimoniale
* économie productions voués à devenir consommation
puis entre ces deux économies :
* l'épargne, une interface ; où la monnaie ne sort pas ; mais passe de mains et mains à chaque fois que dans l'une ou l'autre des économies passe de main en mains des patrimoines, ou des biens et services, (les patrimoines ne sont plus plus des biens et services et encore moins de l'épargne).

C'est terminé : nous avons fait le tour de ce que l'économie doit être pour servir notre vie sociétale dans une nation et non une économie que les ideologistes veulent qu'elle soit, comme le disait en son temps Luwing Von Misse.

Face à cette base ( deux pages) pouvant servir de discussion qui nous mène vers des principes communs à adopter dans une démocratie, que valent les milles page de PIKETTY ?

La valeur des choses ne dépend que l'usage que nous en faisons.

Personnellement, me heurtant à la résistance quasi unanime à partager ma réalité : j'en tire la conclusion que le nombre de gens qui ne sont pas près de scier la branche sur laquelle ils se sont assis, pour en retirer des privilèges, ( le comble de l'anti capitalisme) est plus important que je le pensai.
# Posté par Ange LERUAS | 16/11/18 15:52
DvD's Gravatar Ange, le succès du livre de Piketty ne doit rien à ses 1000 pages mais au 5 mots du titre. Pour attirer l’attention, rien ne bat la concision et la clarté. Vous devriez essayer.
# Posté par DvD | 22/11/18 23:26
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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