Que se passerait-il si ...l'Europe dévaluait l'Euro de 50% ?
Que se passerait-il si ...
A force de faire des comparaisons avec la crise de 1929, on va finir par constater des ressemblances remarquables.
La politique de James Cameron commence à diablement ressembler à celle de Laval.
Et après trois ans de crise, on en arrive à une grande dévaluation d'un des acteurs majeurs qui traine comme la comète une queue monétaire chionoise de plus en plus visible, car injecter 800 milliards de dollars de monnaie, en changes flottants, cela revient à une dévaluation.
L'Europe comme le bloc or des années trente fait figure de victime expiatoire.
Ceci conduit à s'interroger ; que se passerait-il si l'Europe décidait de dévaluer aussi sa monnaie disons de 50% ?
Strictement rien ne l'en empêche. Il n'y a pas de système moéntaire international, les exemples conjoints de la Chine et des Etats Unis le montrent bien. La foire d'empoigne est institutionnalisée avec les changes dits flottants, en fait "non cconcertés entre les nations".
La justification serait toute trouvée : la situation de l'emploi et la prolongation d'une crise qui tourne à la stagnation de longue durée.
La Chine, l'Inde et le Brésil perdraient aussitôt l'avantage des prix de dumping permis par des monnaies artificiellement faibles. Ils garderaient des avantages de coût de revient. Malgré tout ils perdraient beaucoup en volume d'affaire.
Ils seraient obligés de se retourner vers l'autre grand marché, les Etats-Unis mais qui lui aussi serait sur la sellette.
Les Etats Unis perdrait de son influence sur les grands marchés mondiaux où l'Europe a une offre sérieuse. Et pour beaucoup des produits innovants qu'elle vend surtout en Europe, ce serait autrement plus difficile.
Pour la Suisse et le Japon la pression monétaire deviendrait insupportable. Le Franc Suisse et le Yen seraient soumis à une pressionénorme à la hausse rendant leur situation très difficile.
La fuite devant la monnaie (les monnaies) deviendrait sauvage, avec très certainement une reprise à la hausse des biens immobiliers et de la bourse.
En Europe les emprunts faits en monnaies étrangères seraient fortement pénalisés mais comme ils le sont dans des monnaies que leurs autorités monétaires laissent fondre, ce n'aurait que des conséquences passagères.
L'inflation partirait-elle fortement en Europe ? Par le biais des produits importés , oui. Mais les coûts salariaux sont verrouillés par la crise. Et les Etats n'auront de toute façon pas le moyen d'augmenter les salaires des fonctionnaires. Or toutes les grandes inflations d'après guerre ont eu, dans les pays "sérieux", ont eu besoin du relais des hausses de coûts salariaux.
Les pays endettés européens trouveraient un bol d'air. Les banques aussi. La thésaurisation serait aussitôt remise en cause : mieux vaut investir quand l'inflation est là.
Les balances de paiement en Europe se redresseraient. L'Allemagne aurait un très gros bénéfices pour ses exportations. Ce qui tirerait le reste de l'Europe, au lieu que sa politique de déflation salariale la bloque.
L'or verrait son cours monter vers le 2000 à 2500 $ l'once. Les matières premières suivraient (elles précèdent déjà !). Tout cela freinerait la consommation de pétrole en Europe et réduirait les ventes des émirats.
Une bonne partie de la valeur nominale de la monnaie de singe qui a été créée avant la crise de 207 s'évaporerait, réduisant le fardeau de la dette.
L'agriculture européenne s'en trouverait très bien.
Le bilan pour l'emploi serait sans doute favorable. Au moins un temps.
Surtout les grandes puissances comme les Etats Unis, la Chine, le Japon, le Royaume- Uni se trouverait confrontées, enfin, à l'existence de l'Europe. Et l'absurdité du système de changes actuel sauterait aux yeux.
On en viendrait très vite à une concertation sur les changes et à la mise en place d'un nouveau Bretton Woods sans dollar pivot sans véto des Etats unis au Fmi, sans mercantilisme chinois.
Notre scénario n'a donc rien de catastrophique. Ce n'est en rien une politique du pire. En fait l'Europe n'a le choix qu'entre deux attitudes utiles :
- subir en prenant date (c'est le thème de la proposition de discours de Sarkozy au G.20 lorsqu'il en prendra la présidence) tout en préparant les conditions intellectuelles et pratique du retour à une politique concertée en matière de taux de change.
- dévaluer à mort pour mettre le reste du monde devant ses responsabilités.
Malheureusement l'Europe ne fera ni l'un ni l'autre.
Son organiation interne est basée sur l'idée que les changes ne sont la responsabilité de personne et que la monnaie unique doit simplement conserver sa valeur en prix de vente de produits de grandes consommation.
Il n'y a donc personne pour définir et encore moins appliquer une politique de change aggressive (voire une politique de change tout court). La BCE crierait au charrond evaznt les risques, certains d'une inflation supérieure à 3%. L'Allemagne ferait un collapsus d'indignation. Le Royaume Uni verrait ses chances de reprise définitivement perdue. L'Europe serait à feu et à sang.
La France avec ses économistes de cour autistes, oublieux de leurs grands ainés et incapables de toute influence en dehors de leur minuscule milieu médiadico politique, n'est plus capable de parler au monde clair et fort avec un langage technique précis et solide. Lors que des économistes français finissent par prendre des positions dans les institutions internationales ils se coulent dans le verbiage débilo-américano-centré qui y règne ou font le bouchon comme DSK.
Donc l'Europe est vouée à la stagnation, la régression, le sous emploi permanent et à la colère des peuples. Jusqu'à ce ce cela casse. En général cela casse là où cela n'aurait pas du casser. Et les pertes deviennent irréparables pour au moins une génération.
Jamais l'idée Européenne n'aura été plus basse. Que l'Euro vienne en plus à exploser, ce qu'une politique de déflation généralisée au sein d'un monde qui dévalue de toute part rend presque nécessaire, et elle sera morte pour une génération.
Que faire ?
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Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Si nous n'étions pas dans l'Euro c'est très certainement la politique que nous conseillerons.
Sylvain.
Ces questions cruciales n'intéressent pas les journalistes, probablement parce qu'elles n'intéressent personne et que de toutes façons personne n'y comprendrait rien.
Une jolie méditation à faire sur l'expert la nation et le politique.