Commentaires sur le manifeste en 22 mesures des "économistes atterrés"
Des économistes se prétendant "atterrés" ont présenté un programme de 22 mesures. Les économistes officiels ne le commenteront pas. C'est dommage. Il faut toujours débattre en économie.
Voici nos commentaires.
Nous rappelons d'abord le texte du manifeste (fausse évidence et mesure proposée) puis nous donnons notre réponse
Fausse évidence n°1 : Les marchés financiers sont efficients
· Mesure n°1 : cloisonner strictement les marchés financiers et les activités des acteurs financiers, interdire aux banques de spéculer pour leur compte propre, pour éviter la propagation des bulles et des krachs
Le vrai problème est d'éviter que les dépôts des particuliers et des entreprises servent à des spéculations pour compte propre. Il ne faut pas interdire les opérations pour compte propre mais elles doivent être effectuées par des organismes financiers distincts des banques de dépôts et qui travailleraient sur leur capital. En cas de faillite, ces organismes ne seront pas sauvés par l'état au nom de la défense des dépôts.
· Mesure n°2 : Réduire la liquidité et la spéculation déstabilisatrice par des contrôles sur les mouvements de capitaux et des taxes sur les transactions financières
Les contrôles financiers n'auraient de sens que dans le cadre d'une défense concertée des valeurs des devises dans un système de change fixe. Le but serait alors de réduire des déséquilibres temporaires. Nous avons déjà dit ce que nous pensions de la Taxe sur les transactions financières.
· Mesure n°3 : limiter les transactions financières à celles répondant aux besoins de l'économie réelle (ex.: CDS uniquement pour les détenteurs des titres assurés, etc.)
Certains types de contrats peuvent être réglementés. Mais limiter les transactions financières parce qu'elles seraient "le mal" n'a pas de sens. Notons qu'on ajoute à une taxe de type Tobin des interdictions physiques de contracter. On bloque totalement les échanges.
· Mesure n°4 : plafonner la rémunération des traders
La rémunération des traders est une conséquence pas une cause. On entre dans la chasse aux rémunérations : on commence avec les traders et on finit où ?
Fausse évidence n°2 : Les marchés financiers sont favorables à la croissance économique
· Mesure n°5: renforcer significativement les contre-pouvoirs dans les entreprises pour obliger les directions à prendre en compte les intérêts de l'ensemble des parties prenantes
Il n'y a pas de pire contre pouvoir que les consommateurs eux mêmes : s'ils ne sont plus là il n'y a plus d'entreprise. La responsabilité de l'avenir économique d'une entreprise doit rester entre les mains de sa direction. Il existe toujours pour ceux qui le veulent de monter des coopératives.
· Mesure n°6: accroître fortement l'imposition des très hauts revenus pour décourager la course aux rendements insoutenables
Les prélèvements représentent en France plus que la valeur ajoutée des entreprises privées. Avec des taux d'imposition pour les hauts revenus entre 80 et 100% si on prend toutes les charges en considération. Mesure d'affichage politique populiste comme pour la rémunération des traders. Aucun effet bénéfique pour personne. En revanche il faut unifier la taxation de toutes les rémunérations et éviter que certaines d'entre elles aient des fiscalités dérogatoires trop favorables.
· Mesure n°7: réduire la dépendance des entreprises vis-à-vis des marchés financiers, en développant une politique publique du crédit (taux préférentiels pour les activités prioritaires au plan social et environnemental)
Cela existe ; cela s'est toujours fait. Cela continuera à se faire. Les "activités prioritaires au plan social" sont un concept politique vague et ouvrant la porte au n'importe quoi.
Fausse évidence n°3 : Les marchés sont de bons juges de la solvabilité des Etats
· Mesure n°8 : les agences de notation financière ne doivent pas être autorisées à peser arbitrairement sur les taux d’intérêt des marchés obligataires en dégradant la note d’un État : on devrait réglementer leur activité en exigeant que cette note résulte d’un calcul économique transparent.
C'est bien sûr en cassant le thermomètre qu'on fera tomber la température.
· Mesure n°8bis : affranchir les États de la menace des marchés financiers en garantissant le rachat des titres publiques par la BCE.
Les Etats ont bien d'autres moyens de se défendre. Engager structurellement la banque centrale à cautionner les emprunts d'états est la porte ouverte au n'importe quoi.
Fausse évidence n°4 : L'envolée des dettes publiques résulte d'un excès de dépenses
· Mesure n° 9 : Réaliser un audit public et citoyen des dettes publiques, pour déterminer leur origine et connaître l'identité des principaux détenteurs de titres de la dette et les montants détenus.
La connaissance précède l'action : chercher les propriétaires des créances sur l'état a simplement pour objectif de permettre de leur nuire en faisant à l'occasion de la démagogie sélective.
En revanche il est intéressant de savoir quelle est la part de la dette contractée en devise et l'importance des porteurs nationaux. Le Japon est lourdement endetté mais vis à vis de lui même (c'est l'épargne japonaise qui finance les déficits publics). La France a pris le risque de se financer beaucoup hors d'Europe. Des règles en la matière seraient sans doute utiles.
Fausse évidence n°5 : Il faut réduire les dépenses pour réduire la dette publique
· Mesure n°10 : Maintenir le niveau des protections sociales, voire les améliorer (assurance-chômage, logement…) ;
Nous avons déjà le niveau de protection sociale le plus élevé au monde ce qui explique que la récession ait de son seul mouvement mis tout notre système public en énorme déficit. Aller plus loin est un voeux pieux alors que nous sommes déjà le pays qui a la proportion la plus faible de sa population au travail. Il faut au contraire réduire la possibilité de vivre aux crochets de la collectivité indéfiniment en rendant les aides temporaires, avec une forte incitation à travailler. Mais cela veut dire une politique d'expansion et le rejet du malthusianisme. La politique de logement doit être centré sur les jeunes ménages qui ont des enfants.
· Mesure n°11 : accroître l'effort budgétaire en matière d'éducation, de recherche, d'investissements dans la reconversion écologique... pour mettre en place les conditions d'une croissance soutenable, permettant une forte baisse du chômage.
On retrouve toute l'ambigüité du discours politiquement correct sur l'écologie : on veut aggraver durablement tous les coûts au nom de l'écologie et on croit qu'avec cela on va réduire le chômage. On n'augmente pas la vitesse en montant sur les freins. Les mots sont impuissants à résorber cette contradiction.
Les économies à faire sur la nature sont des emplois de la richesse et de la productivité pas leur moteur
Fausse évidence n°6: La dette publique reporte le prix de nos excès sur nos petits-enfants
· Mesure n°12 : redonner un caractère fortement redistributif à la fiscalité directe sur les revenus (suppression des niches, création de nouvelles tranches et augmentation des taux de l’impôt sur le revenu…)
La fiscalité directe sur le revenu est payée par 500.000 personnes en France sur 66 millions de résidents. Le cumul des prélèvements et des impositions sur ces ménages aboutissent à des taux d'imposition de plus de 80% même avec le bouclier fiscal (qui laisse passer les deux impôts les plus importants : les charges patronales et la TVA). Croire qu'en finissant de ruiner ces moteurs de l'économie on va s'en sortir est (au mieux) une escroquerie morale et politique.
· Mesure n°13 : supprimer les exonérations consenties aux entreprises sans effets suffisants sur l'emploi
Si on veut dire que la subvention au 35 heures doit être supprimée, il n'y a aucun doute. Le gros problème est dans l'exonération des charges sociales des smicards actuellement reportée sur la dette. Comme système de croissance durable, il y a mieux. Il faut certainement réfléchir intensément à une meilleure solution. Cela dit les interventions économiques des collectivités locales et de l'Etat sont très généralement des échecs effroyables.
Fausse évidence n°7 : Il faut rassurer les marchés financiers pour pouvoir financer la dette publique
· Mesure n°14 : autoriser la Banque centrale européenne à financer directement les États (ou à imposer aux banques commerciales de souscrire à l’émission d’obligations publiques) à bas taux d'intérêt, desserrant ainsi le carcan dans lequel les marchés financiers les étreignent
La BCE a financé les Etats et indiqué qu'elle le ferait en cas de crise extrême. Que la planche à billets ne soit pas le mode de financement naturel des déficits publics est tout à fait normal. Qu'on y recourt en cas de crise exceptionnelle n'a rien de choquant.
· Mesure n°15 : si nécessaire, restructurer la dette publique, par exemple en plafonnant le service de la dette publique à un certain % du PIB, et en opérant une discrimination entre les créanciers selon le volume des titres qu'ils détiennent: les très gros rentiers (particuliers ou institutions) doivent consentir un allongement sensible du profil de la dette, voire des annulations partielles ou totales. Il faut aussi renégocier les taux d’intérêt exorbitants des titres émis par les pays en difficulté depuis la crise.
La ruine du rentier a été tentée par les gouvernements Laval et suivants : généralement accompagné d'une réduction de revenu des fonctionnaires, c'est une mesure de déflation. Elle n'a de sens que si les prix baissent ou ont baissé. Si l'endetté est dans une position dangereuse il lui sera difficile quoi qu'il arrive de trouver des bailleurs. Le transfert du risque qu'il crée sur d'autres ne peut être envisagé que comme une mesure transitoire accompagnant un fort plan de retour à l'équilibre des finances publiques. C'est d'ailleurs ce qui a été fait.
Fausse évidence n°8 : L'Union Européenne défend le modèle social européen
· Mesure n°16 : remettre en cause la libre circulation des capitaux et des marchandises entre l'Union européenne et le reste du monde, en négociant des accords multilatéraux ou bilatéraux si nécessaire
La vraie question est celle des taux de change et des politiques de changes mercantilistes, plus que celle du libre échange. On ne peut garantir le libre échange que dans un système concerté de changes fixes avec des obligations réciproques, afin que les produits s'échangent effectivement contre des produits, rendant l'affaire bénéfique pour tous. Des échanges structurellement déséquilibrés avec des aberrations constantes dans les changes ne conduit qu'au vol de l'emploi en Europe. La question est l'organisation monétaire. Cela dit un tarif extérieur commun était utile en Europe et aurait du servir de soupape tant que le désordre monétaire n'aurait pas été réglé. L'Europe est le dindon de la farce. Mais les solutions proposées n'ont aucun sens.
· Mesure n°17 : au lieu de la politique de concurrence, faire de « l'harmonisation dans le progrès » le fil directeur de la construction européenne. Mettre en place des objectifs communs à portée contraignante en matière de progrès social comme en matière macroéconomique (des GOPS, grandes orientations de politique sociale).
La tendance de la mondialisation est de créer des monopoles et des oligopoles. Une politique de lutte contre les concentrations abusives est donc strictement indispensable. Sinon les Etats et les consommateurs se retrouveront nez à nez avec des monstres plus gros qu'eux et capables de leur imposer leur loi. De même la notion d'industrie stratégique a un sens. En revanche les grands programmes multilatéraux fondés sur le politiquement correct n'aboutissent généralement qu'à des résultats foireux s'il n'y a pas d'organisme supranational imposant l'application des règles par la contrainte. On voit que l'Europe qui propose ce genre de cadre a déjà le plus grand mal à imposer des politiques limitées et précises. Des grands machines vagues aboutiront à des grandes bêtises inefficaces.
En revanche, il faut que la politique mondiale vise à la croissance et au plein emploi. Ce qui implique un cadre monétaire international le permettant. Les changes flottants sont l'exact système qui ne le permet pas. Rappelons que Bretton Woods avait pour but de permettre une politique expansionniste internationale.
Fausse évidence n°9 : L'euro est un bouclier contre la crise
· Mesure n°18 : assurer une véritable coordination des politiques macroéconomiques et une réduction concertée des déséquilibres commerciaux entre pays européens
Les déséquilibres commerciaux intra européens ne sont pas un problème. Pas plus que les déséquilibres commerciaux intra-français entre l'Auvergne et la Lozère.
En revanche une monnaie unique suppose une politique économique coordonnée. Là, les bœufs ont été mis avant la charrue. des corrections institutionnelles s'imposent.
· Mesure n°19 : compenser les déséquilibres de paiements en Europe par une Banque de Règlements (organisant les prêts entre pays européens)
Cela revient à mutualiser les dettes d'état. Certainement pas une bonne idée à terme. Chaque état est responsable de son équilibre macro économique. Les mesures de mutualisation n'ont à être envisagées que dans un cadre de secours exceptionnels. Que cela puisse être mieux fichu qu'actuellement, c'est sûr. De là à institutionnaliser la mutualisation, certainement pas tant qu'il n'y a pas unification des politiques économiques.
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· Mesure n°20 : si la crise de l'euro mène à son éclatement, et en attendant la montée en régime du budget européen (cf. infra), établir un régime monétaire intraeuropéen (monnaie commune de type « bancor ») qui organise la résorption des déséquilibres des balances commerciales au sein de l'Europe
Le système de type bancor doit être mis en place à l'échelon mondial. Il permettra à l'Euro de fonctionner bien plus confortablement.
Fausse évidence n°10: La crise grecque a enfin permis d'avancer vers un gouvernement économique et une vraie solidarité européenne
· Mesure n°21 : développer une fiscalité européenne (taxe carbone, impôt sur les bénéfices, …) et un véritable budget européen pour aider à la convergence des économies et tendre vers une égalisation des conditions d'accès aux services publics et sociaux dans les divers États membres sur la base des meilleures pratiques.
Des taxes ! Des impôts ! Encore, encore, encore. Toujours, toujours, toujours. Les impôts c'est bien. C'est le bien suprême.
On a inventé en France la liberté fiscale régionale via la compétence universelle sans régler la compensation par des pertes de recettes nationales. On a eu la taxe sur le beurre et la taxe sur la taxe sur le beurre. 1 millions d'emplois inefficaces dans les régions plus tard nous sommes obligés de revenir sur cette imbécilité et cette licence. Et on veut faire la même chose en Europe. Qu'on nous dise quelles taxes nationales on veut supprimer en compensation !
Quand au vieux serpent de mer des "services publics" qu'il faudrait égaliser, cela recouvre la vieille réclamation des syndicats du secteur public de perdurer dans l'être sous le couvert de monopoles inefficaces et couteux garantissant à ses salariés des avantages extravagantes dans de multiples domaines. L'obligation de service public peut très bien être pris en charge dans un système concurrentiel. Réclamation corporatiste d'anciens apparatchiks cégétistes et communistes dans un but exclusivement clientéliste. A condamner absolument.
· Mesure n°22 : lancer un vaste plan européen, financé par souscription auprès du public à taux d'intérêt faible mais garanti, et/ou par création monétaire de la BCE, pour engager la reconversion écologique de l'économie européenne.
La "reconversion écologique" est un mythe. Financer un mythe par la planche à billets une parfaite foutaise. Halte au feu !
Au total comme dans toutes les productions d'Attac, ou équivalents, on retrouve les mêmes articles de foi :
- l'impôt c'est bien :
- la planche à billets c'est formidable
- les monopoles publics c'est délicieux.
- les banques c'est horrible
- les riches c'est détestable.
- le libre échange c'est mal
- les transactions financières c'est parasite.
- le malthusianisme écolo c'est bien.
- l'inflation c'est ce qui nous faut
- l'Europe c'est bien si cela taxe et accepte les monopoles publics. Sinon c'est mal.
Un tel catéchisme est au mieux débile. L'économiste-cureton cégéto-trotsko-communiste pourra parfois, comme un Le Pen, poser de "bonnes questions". Il lui apportera toujours de mauvaises réponses. En tout cas une bonne réponse, comme les ressemblances au cinéma, "ne saurait être que le fait du hasard".
Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef, aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants, explications sur le retard français, analyses de la langueur de l'Europe, réalités de la mondialisation, les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable. Association loi 1901 |
Curieux que de tels économistes connus puissent se laisser attraper par de telles niaiseries ?
- qu'en groupe (certains diront en meute)
- et après avoir montré son allégeance à l'anticapitalisme primaire.
Cette économie inféodée n'a rien produit d'utile. En général un économiste qui pense d'abord à faire valoir son étiquette n'a aucun intérêt.
L'idéologie et la passion politique sont l'ennemi numéro un de l'économie. Mais comme vous ne faites carrière à l'université et dans les lycées qu'à force de mépris anticapitaliste et d'allégeance aux variantes diverses du socialisme, ce phénomène perdure.
Une des conséquences : la France n'existe plus en économie alors que c'était LE pays de l'économie. On ne s'y référe plus que comme conservatoire des idées anticapitalistes comme on visitait les villages de "sauvages" au XIXième siècle.
La France devra se dégager de ces pieuvres idéologiques. Ces pieuvres car à cette espèce d'étouffement socialiste s'oppose une défense presqu'aussi controuvée du capitalisme.
La vérité économique est dans l'observation et la raison ; dans la connaissance théorique et sa bonne application aux faits (et réciproquement).
Pas dans les adhésions idéologiques où on met en avant ses appartenances.
Sylvain
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Les deux camps devraient se mettre d'accord sur l'essentiel qui est qu'une politique purement déflationniste menée à l'échelon mondial n'aura pas de bons résultats. Il faut que le monde se donne les moyens de la croissance et du plein emploi. On ne peut compter ni sur les Etats seuls ni sur les marchés seuls pour aboutir à ces résultats.
Il faut des institutions globales adaptées sous tendues par cette volonté et qui se déclinent aux échelons régionaux et locaux dans le même esprit.
L'institution mondiale clé qui impose un certain nombre de règles sans être malthusienne par définition est un système de changes fixes et ajustables fortement régulés. Les Etats ont à défendre une parité, gage de la valeur de ce qu'ils échangent et des contrats qu'on prend sur leur foi. Ceci implique qu'ils peuvent pousser les feux tant que cette parité est respectée. Tout dérapage des prix entraînant des risques de désajustement et toute expansion incontrôlée du crédit notamment de la dette publique ayant les mêmes effets, la défense de sa valeur de change implique à la ois la sagesse budgétaire et la surveillance de l'inflation.
Les changes fixes contiennent toutes les autres politiques. Mais dans une ambiance générale de croissance, les désajustements globaux de liquidité étant gérés par la régulation de l'émission de monnaie mondiale.
Le balancier quitte la finance pour aussitôt revenir aux échanges de biens et de services. Les déséquilibres commerciaux reviennent en première ligne avec l'obligation de les résorber. Les dévaluations compétitives cessent aussitôt. Les entreprises qui commercent à travers le monde retrouvent un horizon confortable qui permet le calcul économique.
La spéculation perd plusieurs magnitudes. On ne spécule plus que sur une variable et non un composé de variables. La complexité diminue. Les mécanismes auto entretenus de création de dettes sont éliminés.
Dans un tel système tout le monde a à faire face à des contraintes rationnelles et explicables, alors qu'aujourd'hui on passe son temps à gérer l'irrationnel et le non maîtrisé. Quand on voit le change Euro/dollar passer de 1.24 à 1.37 en quelques semaines, presqu'en, quelques jours, on voit bien que ce n'est pas la raison à moyen terme qui guide les comportements, mais la panique et le grégarisme d'institution déboussolées.
Au lieu de se battre sur des thèmes purement idéologiques, les économistes devraient s'interroger sur les mesures concrètes immédiates au niveau des défis posés qui doivent s'imposer au G.20. En fait, on tournera le problème dans tous les sens et on n'aboutira jamais qu'à une seule solution : bâtir un cadre de coopération monétaire international contraignant.
Tout le reste est une perte de temps.
DD
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c'est clair, mais comment ne pas voir non plus que ce qui règne avant la raison s'appelle l'intérêt ? Et c'est avec cela que le politique travaille ( ou devrait travailler ). la dérégulation du systeme financier conjoint avec la mondialisation de l'économie entraine une lutte permanente qui traverse la société, et quand les politiques ou les économistes explique que l'on ne peut rien faire contre les délocalisations, alors ceux qui reçoivent ce message ne font rien non plus, il s'arrête de "faire" et ce que le champ du travail n'offre plus on le demande au champ du social.
vous dites: " On entre dans la chasse aux rémunérations : on commence avec les traders et on finit où ? "
et d'un autre point de vue " Quand au vieux serpent de mer des "services publics" qu'il faudrait égaliser, cela recouvre la vieille réclamation des syndicats du secteur public de perdurer dans l'être sous le couvert de monopoles inefficaces et couteux garantissant à ses salariés des avantages extravagants dans de multiples domaines"
pourquoi vouloir laisser libre les extravagances des uns et supprimer celles des autres ?
Parce que l'addition d'extravagances est mortifère.
Remettre l'emploi au cœur des politiques économiques est totalement légitime. C'est un de nos combats constants. Remettre en cause l'idée que la mondialisation basée sur les changes flottants et l'indifférence aux changes peut fonctionner est nécessaire. Associer les états dans une politique conjointe de contrôle monétaire basée sur l'expansion et non sur la désinflation est un devoir.
On n'a pas besoin pour faire progresser ces idées indispensables d'idéologie et de contre idéologie.
Au contraire les passions idéologiques malsaines tuent l'intelligence.
DD
Ô combien. Personnellement mon point de vue est plutôt celui d'un chef d'entreprise, et ce qui m'a toujours frappé c'est cet aveuglement vis a vis d'une mondialisation conçu comme une dérégulation, liberté de circulation des capitaux, des marchandises etc... L'évidence est qu'elle produit une concurrence sur le marché du travail et le capital s'investit selon ses intérêts et là ou les choses lui sont possible produit des pertes d'emploi par délocalisation. Il reste a assumer les emplois perdus soit par une augmentation des charges sur les entreprises, ou par des impôts, ou finir par baisser les protections sociales. La dérégulation favorise " la finance " mais détruit la société, sa stabilité.
Il faut un système monétaire international qui ne crée pas les conditions de la crises et qui n'empêchent pas la reprise. Une fois ce point acté tout le reste se décline sans difficulté.
DD
cela est peut-etre une bonne idée, tout dépend comment elle est géré.
La TVA sociale n'est possible qu'après avoir baissé MASSIVEMENT la dépense publique. C'était exactement le même problème avec la CSG. Si on avait substitué une CSG à une imposition sur le travail on aurait eu d'excellents résultats. On a ajouté la CSG aux autres impositions et on a fortement aggravé ses taux (de 2 à 12%).. Du coup la CSG a été le moyen de faire gagner près de 10% de PIB aux dépenses publiques.
La Taxe carbone a montré également combien, dans un système fiscal qui mange déjà entre 55 et 80% des revenus des ménages, l'ajout d'une taxe significative à qui on veut faire jouer un rôle significatif est ingérable.
La solution est parfaitement claire : il faut d'abord couper franchement dans les dépenses et bloquer tout développement de nouvelles dépenses pendant plusieurs années avant qu'un cercle vertueux de réforme puisse s'enclencher.
Lorsqu'on parlera enfin de supprimer 15.000 agents à la ville de Paris (Delanoé a créé 10.
000 postes supplémentaires dans une ville connue pour la pléthore des ses effectifs municipaux!) , de supprimer 500.000 postes de personnels sous statuts municipaux, départementaux ou régionaux et 300.000 postes de fonctionnaires centraux, on commencera à parler clair.
Lorsqu'on parlera de réduire sensiblement le nombre des députés et des sénateurs, de supprimer le Conseil économique et social, on commencera à parler clair.
Lorsqu'on parlera de taxer les avantages actuellement exonérés des comités d'entreprises , et à supprimer les exonérations fiscales des postes à l'étranger pour les fonctionnaires, on commencera à parler clair.
Lorsqu'on cessera d'admettre que le rail coûte annuellement à la nation deux fois son chiffre d'affaire, on commencera à parler clair.
Etc.
La réforme des assiettes fiscales et de leur taux ne peut venir qu'après avoir réduit massivement la dépense.
Lorsqu'un malade a les quatre membres brisées, il faut d'abord les ressouder avant d'essayer de lui faire courir les jeux olympiques grâce à de nouvelles techniques d'entraînement.
Le grand crime a été commis par Rocard à la fin des années 80. Bénéficiant d'une conjoncture mondiale hyper favorable, il aurait du réduire fortement les dépenses et transférer une partir de la charge fiscale sur la CSG. Au lieu de cela il a "réhabilité la dépense publique", ouvert un trou béant sous la coque de l'économie nationale avec le RMI, cette fabrique à chômeurs perpétuels. Lorsque la récession de 93 est arrivée tout a explosé ! Nous ne nous en sommes toujours pas remis.