Le futur discours inugural de Sarkozy au G.20

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes réunis à un moment très particulier de notre histoire récente. Depuis juillet 2007 et le blocage du marché interbancaire, le monde est en crise. Les troubles financiers ont culminé en septembre 2008 entraînant la plus grande récession depuis les évènements tragiques de 1929.  Les conséquences ont été dramatiques : des millions d'hommes ont été confrontés à un changement majeur de leurs conditions de vie. Les Etats sont désormais alourdis par des endettements colossaux  et ont perdu beaucoup de leur marge de manœuvre.  L'activité est basse et incertaine partout dans le monde et inquiétante dans les pays développés.   

Ce G.20 a fait preuve  dès qu'il a été réuni  après l'éclatement financier, du meilleur esprit de coopération. Tous ses membres ont parfaitement compris que sans coordination et sans esprit d'unité, la récession tournerait à la dépression. Nous avons évité à ce jour cette funeste évolution.  Mais rien n'est gagné. L'inquiétude est partout devant une reprise économique réelle qui ne vient pas. Des tensions peuvent être constatées partout et sur tous les fronts.

Notre mission aujourd'hui est d'éviter que la stagnation s'installe dans l'instabilité générale avec des risques évidents de crispation et de mesures à l'emporte pièce destructrices du fragile équilibre actuel.  C'est notre urgence d'aujourd'hui. En même temps, nous devons absolument éviter le retour d'une pareille crise et corriger tout ce qui est à la source du malheur qui nous frappe depuis maintenant trois longues années.

L'explication de la crise doit être au cœur de nos raisonnements.  Sans diagnostic exact pas de thérapeutique efficace, ni à court, ni à long terme.

Ce diagnostic peut-il être formulé avec un certain degré de certitude ? Heureusement oui. 

Le monde a essayé depuis 1971 et la destruction du système de Bretton Woods une formule d'organisation monétaire nouvelle, qui jamais dans l'histoire n'avait été essayée : les changes flottants avec une monnaie de réserve internationale appartenant à une nation particulière.

Dès l'instant où cette formule a été mise en place, les "trente glorieuses" de la croissance presque continue, se sont évaporées.  Les années 70 verront ce qu'on a appelé la stagflation, c'est-à-dire une inflation à deux chiffres avec une stagnation économique de longue durée et de très graves difficultés pour ne nombreux états.  Tout cela se terminera au début des années 80 par une récession provoquée afin de mettre fin à  la dérive des prix.

Les années 80 ne seront guerre meilleures. Certes, on constatera pendant deux trois ans une forte reprise économique mais elle débouchera sur une bulle financière et immobilière de grande ampleur  qui finira par exploser et entraînera la crise de 92-93 qui, déjà, était la plus violente depuis la crise de 1929.

La décennie 90 sera traversée de crises financières et monétaires violentes, dont la crise dite "des pays émergents" fut l'acte le plus représentatif.  Des politiques monétaires laxistes ont permis  alors de surmonter ces crises mais au prix de nouvelles bulles et d'une nouvelle récession internationale au début des années 2000.

A nouveau il a fallu ouvrir toutes les vannes de la création monétaire pour tenter de la  surmonter. Nous avons à peine eu le temps  de revenir à une certaine normalité que cette fois ci le système financier et monétaire mondial explosait.

Le système de monnaies administrative et de changes flottants que nous avons mis en place de façon un peu aventurée à partir 1971 n'a jamais fonctionné. Et après quatre décennies d'échec, on peut légitimement craindre qu'il ne fonctionne jamais.  

Il est vrai que l'abandon  des dispositions de l'accord de Bretton Woods n'a pas été provoqué par des considérations doctrinales. Les changes flottants n'étaient pas un système recommandé par la science économique unanime. La simple consultation des grands manuels d'économie de l'époque montre que l'hypothèse des changes flottants était à peine évoquée, jamais conseillée.  On se contentera donc des affirmations d'un seul auteur qui affirmera que ce système aurait de merveilleuses conséquences : diminution des réserves de changes et moindre stérilisation du capital ; répartition optimale des capitaux mondiaux ; convergence des taux d'intérêt,  absorption plus souple des chocs externes, stabilisation d es taux de changes.
    
Ces  prévisions apparaissent aujourd'hui comme des fariboles. Jamais les réserves de changes n'ont été aussi hautes dans tous les pays ; jamais les écarts de taux d'intérêt n'ont été plus importants ; jamais les capitaux ont été plus dévoyés qu'aujourd'hui dans des opérations purement spéculatives  au détriment de la création de richesses ;  jamais les changes n'ont été plus volatils.

Les changes flottants n'ont jamais produit les effets heureux annoncés. En revanche, que d'effets pervers !

La conjonction des changes flottants et d'une monnaie internationale de facto basée sur une monnaie nationale a entraîné l'apparition de mécanismes délétères qui ont sapé l'équilibre de l'économie mondiale.

Le phénomène le plus grave est celui de la double pyramide de crédit décrit par le grand économiste Jacques Rueff et confirmé par le prix Nobel d'économie Maurice Allais.  La monnaie dominante pour  être utilisée mondialement supposait des déficits extérieurs permanents de balance de paiement , dont le financement ne pouvait se faire que par des souscriptions venant  de pays excédentaires.  Un tourbillon s'est ainsi créé où les pays excédentaires recevaient  des avoirs contre lesquels ils battaient monnaie locale mais ces réserves étaient aussitôt replacées dans le pays émetteur où ils justifiaient une nouvelle création monétaire.  

Cette valse dangereuse a eu des conséquences mortifères :  la première est le gonflement partout de l'endettement. A la veille de la crise de 2007, l'endettement global dans la majorité des pays importants dépassait les 300% et pouvait atteindre de taux encore plus importants chez certains.  Il est évidemment impossible de gérer durablement des taux d'endettement pareils.

Le système financier a, au moins dans un premier temps, fortement bénéficié de ce gonflement gigantesque de l'endettement : c'est lui qui le sert !   On a vu les résultats du secteur s'envoler et avec lui le niveau des rémunérations de ses personnels qui est devenu rapidement  indécent.  En même temps les changes flottants ouvraient la possibilité d'une économie casino  d'une  complexité toujours croissante.  La spéculation et l'importance des aléas nouveaux  ont entraîné une imagination technique non maîtrisée avec la création de  contrats de plus en plus obscurs et dangereux.     

Plus on augmente les prêts, plus ceux-ci sont spéculatifs, moins ils n'ont de sens dans l'économie réelle.  On ne peut pas avoir un système financier qui prend l'ascenseur pendant que l'économie réelle prend l'escalier.

Tous ceux qui avaient observé et compris ces mécanismes, à la vérité tellement massifs qu'on se demande comment ils ont pu être ignoré par le plus grand nombre des observateurs,  ont annoncé que l'explosion arriverait et qu'elle serait terrifiante.

Si le marché interbancaire s'est bloqué c'est bien entendu parce que chaque  banques savait que ses consœurs étaient comme elle-même gorgées de prêts aventurés, complexes, à l'issue incontrôlable.  Du jour où le système bancaire fut miné par la méfiance il était voué à s'écrouler et il le fit en moins d'un an.

Le monde ne peux plus fonctionner sur la base des changes flottants et d'une monnaie internationale qui soit celle d'une seule nation, qui a  théorisé la négligence qu'elle affecte et qu'elle pratique des conséquences internationales.  Quarante ans d'échecs et de crises pour aboutir  finalement à  une explosion dévastatrice  jugulée à grand peine  ont tranché la question. Cela suffit ! Stop !

Bien sûr, "la tyrannie de l'existant" pousse en ce sens, on peut essayer de juguler les conséquences sans travailler sur les causes.

C'est ainsi qu'on peut essayer d'encadrer le système bancaire pour que les prêts ne gonflent pas dans la double spirale décrite par J. Rueff.  C'est essayer de mettre un couvercle sur un volcan en gênant les financements d'investissements utiles sans empêcher les financements spéculatifs inutiles.

C'est ainsi qu'on peut tenter de réduire le caractère spéculatif , complexe et obscur de la finance internationale.  Mais cette complexité est liée à la complexité intrinsèque d'un système où les monnaies valsent en permanence. et où pour chaque transaction il faut s'inquiéter de l'évolution d'un marché particulier et des monnaies impliquées dans la transaction.  La complexité est un produit dérivé des changes flottants.

C'est ainsi qu'on peut tenter de fixer des règles quantitatives pour éviter que les déséquilibres dans un sens où un autre 'ne dépassent pas une certaine proportion du PIB, par exemple 4%. Mais si on conserve une monnaie nationale comme monnaie internationale , la nation concernée sera en déficit de paiement permanent et  de grande ampleur à proportion de la croissance mondiale. On sait que la crise est au bout. 

Toutes ces mesures trouveraient leur pleine efficacité si on supprimait d'abord la cause des difficultés.  Mettre en place un système de change fixe attaché à une monnaie internationale qui ne soit pas en même temps  une monnaie nationale,   avec des disciplines de type du premier accord de Bretton Woods, mais cette fois ci effectivement  supervisées, voilà la vraie solution.

Dès qu'un pareil système sera mis en place nous verrons disparaître l'économie casino, la guerre des monnaies, le gonflement imbécile de l'endettement, la complexité des  produits financiers, les sur rémunérations du secteur financier et l'instabilité générale .

Aussitôt la coopération remplacera les différentes guerres commerciales et monétaires et aussitôt le plein emploi partout pourra être recherché collectivement.

Oui, le G.20 a une fonction essentielle  : permettre la coopération en vue du plein emploi. Partout. Croire qu'on pourra gagner durablement des emplois en les arrachant aux autres est une folie.  Croire qu'on peut installer durablement le monde dans un sous emploi chronique sans conséquences, une faute morale et intellectuelle. Il faut une croissance concertée avec une responsabilité des états  vis à vis des engagements internationaux.   Cela passe aujourd'hui  prioritairement par la réforme du système monétaire international.

En s'attachant dès aujourd'hui à cette tâche exaltante le G.20 enverra quelques signaux forts au monde.  Il prouvera qu'il a compris les causes de la crise actuelle. Il prouvera que la solution est à portée de la main. Il rétablira immédiatement la confiance tout en mettant fin aussitôt à la spéculation effrénée et mortifère que nous connaissons sur les monnaies.  

Notre responsabilité est grande. Exerçons là, pleinement, avec courage et lucidité, ici et maintenant !

pcc  Didier Dufau



Commentaire
KP's Gravatar Cela aurait été parfait. On dépasse le conflit Chine-Etats-Unis ; on prend date. L'Europe dit enfin quelque chose. Une perspective d'avenir est dressée pour les populations : ils ont compris la crise ; les actes sont conformes à ce qu'il faut faire ; on sait où on va et on peut quitter nos comportements de paniques.

Mais on n'en prend pas le chemin. Les "sherpas" ont sorti un projet de communiqué affirmant qu'il faut aller vers plus de flexibilité et plus de rôle du marché juste après que les dits marchés se soient écroulés ! Il n'y a aucune explication de la crise. On va vers un affrontement stérile entre bloc, l'Europe étant le bloc qui se couche, comme d'habitude. Comment pourrait-elle faire autre chose puisqu'il n'y a aucune gouvernance économique accordée à la monnaie unique, que la BCE n'a qu'un objectif de stabilité monétaire interne et que toute la construction monétaire européenne repose sur l'idéologie d'une banque centrale indépendante ne s'occupant pas des changes.

Les changes sont une variable d'ajustement dont personne ne devrait s'occuper mais qui préoccupe tout le monde . Donc chacun sen occupe sans le dire tout en le disant. Et on finit par la "guerre des monnaies". C'est inévitable.

Au lieu de parler croissance de façon coopérative, le G.20 prisonnier d'une idée monétaire controuvée qui embrume les cerveaux va montrer malgré les bonnes paroles, un affrontement de puissance à puissance.

Il ne peut pas y avoir de coopération avec des changes flottants laissés à la spéculation.

Il ne peut pas non y avoir de plein emploi et de croissance régulière.

C'est pour cela qu'il faut absolument prendre date.

Constater l'erreur ; constater la carence ; et renvoyer à la suite néfaste des évènements pour y revenir plus tard avec le vent de l'histoire derrière soit.

Mais il fallait que les instances internationales s'expriment fortement en tant qu'expert. L BIORD a clairement par la voix d'un de ses dirigeants annoncé qu'il fallait revenir vers des formes plus stables où l'or aurait son rôle. C'est déjà quelque chose. La drame vient du FMI : la réforme de la représentation est un sujet mineur tant qu'on ne supprime pas le veto des Etats Unis qui ne justifie en rien. Le FMI n'a produit aucune explication crédible e la crise et aucun plan de restructuration du système monétaire . Au contraire il travaille contre les obligations explicites de ses statuts. DSK fait de la politique ce qui lui vaut tous les éloges : il ne heurte personne.

Mais, l'Allemagne étant figé dans un dogme paralysant, aurait pu prendre date avec le soutient de la Bird, de la BRI et du FMI.

Tant que cette coalition ne prendra pas forme, on continuera à sombrer dans le chaos.

Karl Peiper
# Posté par KP | 11/11/10 08:50
SD's Gravatar Meeting of Ministers and Governors in Kleinmond, South Africa, 17-18 November 2007
G-20 members welcomed the continued strong growth of the global economy in the first half of 2007 but noted that downside risks to the near-term outlook have increased as a consequence of recent financial market disturbances. We were pleased to note the resilience of emerging market and other developing countries during the recent turbulence. While the likely slowdown in global economic growth is expected to be modest, its extent and duration remains difficult to predict. While the slower pace of growth is expected to moderate pressures on capacity and resources, rising energy and food prices will remain an important source of price pressures. Monetary authorities in G-20 countries will need to assess carefully the inflation outlook in light of both tight conditions in commodity markets and the downside risks to growth. We also agreed that an orderly unwinding of global imbalances, while sustaining global growth, is a shared responsibility involving: steps to boost national saving in the United States, including continued fiscal consolidation; further progress on growth-enhancing reforms in Europe; further structural reforms and fiscal consolidation in Japan; reforms to boost domestic demand in emerging Asia, together with greater exchange rate flexibility in a number of surplus countries; and increased spending consistent with absorptive capacity and macroeconomic stability in oil-producing countries. The need to address rising pressures on health and social security spending and infrastructure was also stressed.



On voit bien à quel degré d'aveuglement sont conduits les membres du G.20. Ils sentent bien que quelque chose ne va pas mais ils ne comprennent rien. C'est fascinant. Ils avent bien que les déséquilibres structuraux qu'ils acceptent depuis des années sont intolérables, mais ils ne font rien. Ils sont obnubilés par les thèmes à la mode d'un côté et par les effets de la poussée spéculative du début d'année qui étaient en fait une fuite caractérisée devant la monnaie. On verra d'ailleurs les banques centrales resserrer les conditions de crédits à la mi 2008 précipitant la faillite de Lehman Brothers.

Un peu plus loin le G.20 recommande de pousser les produits de hedging tout en reconnaissant qu'ils créent un risque de contrepartie incontrôlable.

Et évidemment il demande plus de flexibilité dans les changes alors que ce sont les changes flexibles associés à l'emploi d'une monnaie nationale comme monnaie internationale qui sont à la source des problème.

Le G.20 éructe un tissu de non sens depuis longtemps. Mais sur quelle expertise s'appuie-t-il ? Normalement cela devrait être le FMI. Mais le FMI ne joue pas son rôle. Il ne fait que de la politique en suivant comme un mouton les concepts américains qui en l'occurrence sont grossièrement biaisés et faux.

On voit que pour faire bouger le G.20 il faut prendre un position forte sur les doctrines sous jacentes de telle façon à briser le conformisme de la répétition de slogans insensés de la part d'ignorants.

Il faut briser le consensus sur la vulgate qui a tué l'économie mondiale afin de recréer une occasion nouvelle pratique consensuelle.

Cela n'a pas été fait à Séoul.

Cela pourrait l'être sous la présidence française à condition que les experts français et le FMI se mettent d'accords sur une pression doctrinale forte contre les changes flottants.

Je ne sais pas qui était le sherpa de la France à Séoul et sur qui Nicolas Sarkozy s'appuie pour se forger ses opinions économiques. Mais il semble bien qu'il faille dans ce domaine un peu plus de muscle et de cervelle. Quant à l'affligeant DSK, il a compris qu'en ne faisant rien d'autre qu'accompagner le mouvement il règne indûment en maître sur l'opinion française et internationale. PLus navrant on ne peut pas. Pas une idée ; pas une contestation ; pas le moindre plan sur rien sinon d'affaiblir l'Europe dans les instances du G.20. C'est Daladier à Munich. Sauf qu'au G.20 de Séoul il n'a même pas dit : "les cons s'ils savaient...".

Sylvain
# Posté par SD | 12/11/10 09:29
KP's Gravatar On ne fera jamais mieux dans la nullité que M. Van Rompuy :

"Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, a déclaré que les membres du G-20 doivent travailler ensemble pour surmonter les difficultés auxquelles ils sont confrontés".

Quand on sait que M. Barroso lui a dit qu'il fallait que le G.20 s'occupe des pays en voie de développement (c'est gentil non ?), le rôle de l'Europe s'avère totalement décisif.

Karl
# Posté par KP | 12/11/10 11:10
SD's Gravatar Tu as parfaitement raison Karl. Ce n'est pas pour défendre Rompuy (on l'a voulu diaphane et transparent il est diaphane et transparent) mais Barroso a fait fort aussi en déclarant qu'il fallait profiter de l'occasion pour demander à Barrack Obama à quoi rime son plan d'émission de 600 milliards de dollars.

Mesure européenne urgente : offrir un téléphone avec l'international à Barroso !

Le plus drôle c'est que Barroso et Rompuy étaient à Séoul. Probablement pour visiter.

La décrépitude de l'Europe est phénoménale. Ilmaginez les face à une question monétaire internationale !

Sylvain
# Posté par SD | 12/11/10 11:16
DD's Gravatar Personne n'étant en charge de la valeur externe de la monnaie en Europe, on ne peut s'étonner que personne ne soit au niveau des questions qui se posent à ce sujet. Les autorités européennes sont en position de commentateurs (au mieux).

En revanche l'Europe devrait avoir au moins un début d'idée sur les causes de la crises et les remèdes à mettre en œuvre pour en sortir et pour qu'on n'y retourne pas.

Jusqu'ici la thèse subliminale est que la crise a été provoquée par la spéculation. Mais si on renforce les besoins en capital des banques on n'a exactement rien fait pour diminuer la pression spéculative qui détourne des investissements réels l'essentiel des masses d'épargne. Un certain Vincent Jabob dans le Monde datée du 13 novembre le dit très bien. "L'approche prudentielle ne suffit pas. Les autorités de régulation doivent se montrer prescriptives et discriminantes pour orienter les activités et les flux financiers". "La réorientation de la finance passe par l'interdiction de certains produits (...) par l'interdiction de pratiques qui encouragent l'instabilité et la volatilité (...) comme le prêt sur titre, les ventes à découvert et la spéculation pour compte propre".

Le seul problème de ce genre d'articles c'est qu'ils ne précisent jamais pourquoi la spéculation est juteuse et considérée comme indispensable par les acteurs financiers.

Il faut aller aux sources de l'économie casino. Nous disons depuis des lustres que les changes flottants et l'abandon des monnaies à leur sort par les états en sont la cause principale. Dès que les changes cesseront d'être flottants aussitôt la spéculation baissera de plusieurs magnitudes. Ils donnent à la fois l'opportunité de gain importants (en contrepartie de risques de même ampleur) et l'obligation de se lancer sur ces activités pour ne pas être largué par les autres.

La myopie est une des grandes constantes de cette crise.
# Posté par DD | 13/11/10 09:45
DD's Gravatar Dans le même journal il y a également un article d'une certaine Sylvie Goulard qui parle de la manière dont l'Europe se présente aux différentes réunions internationales et qui énonce une énormité : " En parlant d'une seule voix nous défendrions mieux notre monnaie".

Ce qu'elle oublie c'est que la monnaie est l'affaire de la BCE qui parle d'une seule voix et qui n,'a comme objectif que la stabilité (à3%) près de sa valeur interne mesurée en terme de produits de consommation.

Et que personne n'a en charge sa valeur externe. En système de changes flottants le concept de défense de la monnaie contre les autres n'a pas de sens. Et même c'est interdit comme le rappelle le communiqué minimaliste du dernier G.20.

Le pire est que la dame est députée européenne (elle devrait savoir pour la monnaie unique) et qu'elle est libérale (donc favorable à la fixation par les marchés de la valeur externe des monnaies).

Plus d'ignorance et de confusion, on ne peut pas.
# Posté par DD | 13/11/10 12:38
SD's Gravatar Ill faudrait presque écrire un bêtisier. Entre Sorman qui écrit que les pays les plus touchés par la crise sont ceux qui ont fait le plus gros plans de relance (les pays les plus touchés par la crise sont ceux qui vivaient le plus à crédit et qui lors du credit crunch se sont trouvés avec un énorme trou d'activité) et les exemples précédents, il y a de quoi faire.

C'est traditionnel : dès qu'on parle monnaie, les sottises pleuvent. beaucoup croient savoir mais en fait ils ne comprennent rien.

Sylvain
# Posté par SD | 13/11/10 22:25
Grock's Gravatar Il a pire que le bêtisier, le non dit des responsables qui ne veulent pas exercer de responsabilité mais perdurer dans des postes jusqu'au prochain un peu plus haut.

L'interview de DSK de matin sur France Inter est très typique : toute question précise est éludée. On joue avec les mots. On marque de l'autorité et presque de la présomption mais avec des mots vides. Rien ne peut être discuté puisque rien n'est dit. Reste le ton qui est censé tonifier l'image.

DSK dirige le FMI sans le diriger, mais avec fermeté. Vous avez écrit quelque part " il flotte comme un bouchon". C'est vrai. Mais on ne sait jamais de quelle bouteille vient le bouchon. Chacun peut croire qu'il boit habituellement une bouteille du même vin que lui. Mais il boit du vain.

Tout est dit avec un air catégorique. Mais en fait rien n'est dit. Et les seules décisions qui soient prises sont celles du consensus mou.

Paradoxalement les écrits sont pointus même si la vérité est entre les lignes plus que dans les apparences. Les termes employés sont ceux du combat pour les plus hautes valeurs socialistes. DSK le jeune était un excité socialiste. Il le reste. Mais l'argent et les honneurs sont tout pour lui. Cela le force à jouer double jeu tout le temps. Comme avec les femmes.

L'affaire de la MNEF a montré une morale élastique. Avec son comportement de "womaniser" que les anglo saxon n'ont guère apprécié, elle est la marque d'une avidité sans limite et d'un manque de scrupule à proportion.

La résultat est une méprise totale de l'opinion sur à peu près tous les plans.

Les Français le croient modéré ; il ne l'est pas du tout.
Beaucoup de gens le croit bon économiste : il n'y a pas une mesure économique délétère qu'il n'a pas proposée ou soutenue.
Même les journaux anglo-saxons le croit sérieux, alors qu'il est exactement l'inverse.

Il y a une imposture DSK.

Que les yeux s'ouvrent un jour ! Son rôle est désastreux au FMI comme il a été désastreux lorsqu'il fut ministre des finances (les 35 heures c'est lui ; la cagnotte et la surfiscalité c'est encore lui) . Il n'y a rien à attendre de ce genre de vipère matinée de couleuvre. Trois ans de direction du FMI et nous sommes en pleine "guerre des monnaies".

On imagine de quelle guerre on parlerait s'il devenait président de la République Française.
# Posté par Grock | 15/11/10 10:29
Fred's Gravatar Un peu violent tout de même ce commentaire de Grock. Mais il est vrai que DSK est insaisissable dans son discours et qu'il a pluitôt été un ministre des finances néfastes et du directeur du FMI , disons, arrangeant avez tout le monde et sans réel poids sur les évènements.
# Posté par Fred | 15/11/10 13:01
DD's Gravatar D'accord avec Fred sur le ton mais d'accord aussi avec Grock sur l'étonnant oubli devant les erreurs de DSK.

Sur le plan purement économique :

- c'est le théoricien des 35 heures et celui qui au nom "de la compétence économique" a fait passer le projet au PS même si Jospin confiera la réalisation à Martine Aubry qui était tiède sur le sujet et qui malgré elle est devenue "la dame des 35 heures".

- C'est le praticien de la surenchère fiscale sur le coup de massue fiscal de Juppé. Il proférera à ce moment là une erreur magistrale qui devrait être enseiognée dans les université économique : " la croissance réduira la pression fiscale" (avec ce simplisme arithmétique qu'une masse fiscale donnée sera étalée sur un PIB plus grand, vision statique que la réalité dynamùique contredit : l'impôt étant progressif en France, la croissance aggrave la pression fiscale). On aboutira à la surimposition française et aux records de prélèvements de 2000 qui imposeront la rectification Fabius et les baisses fiscales Chiraquiennes et Sarkosiennes.

- C'est le théoricien de "l'égalité réelle" une vision éminemment gauchiste du socialisme. Rappelons que le socialisme réel sera celui de Staline et que la démocratie "réelle" des pays marxistes léninistes sera la dictature. Il ne s'agit plus de massacrer les "ennemis du peuple" mais on ne doit pas laisser croire que la Kalachnikov fiscale règlera le problème. Le mot "réel" accolé à socialisme voudra toujours dire : faire du tort à quelqu'un en employant la violence d'état.

- Au FMI il n'a bien aucune vision propre et en tout cas ne mène aucun combat utile pour la suite.

La popularité de DSK est bien un mystère si on s'en tient au DSK "réel".
# Posté par DD | 15/11/10 13:22
SD's Gravatar On peut comparer aujourd'hui le discours réel à la suggestion que nous avons faite.

Pas de diagnostic. Pas d'analyse des faits réels. Pas de tension vers des solutions précises. Un véritable sirop de bonnes intentions gagées sur aucun raisonnement solide. Les armes ont été rendues avant même de combattre. Et en prime on en revient à la Taxe Tobin vue comme une pompe à fric "innovante" pour faire la charité au monde en voie de développement dont la croissance est revenue pendant que l'Europe et les Etats unis stagnent.

Mister Fier-à-bras peut aller faire le mariolle à Davos. Tout cela n'a aucun sens.

Sylvain.


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# Posté par SD | 27/01/11 08:44
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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