Qui a tué Keynes ?

Qui a tué Keynes ?

Keynes est justement honoré pour avoir changé la manière de considérer l'économie. Jusqu'à Keynes les économistes étaient "une secte" comme on disait à la fin du 18ème siècle. Une secte intéressante mais une secte tout de même dont les membres étaient aussi distingués que loin des affaires et du gouvernement. Les crises se succédaient et personne ne contestait leur caractère naturel ni le fait qu'il faille laisser faire la nature. L'important était de ne pas en fausser les mécanismes. La politique était l'ennemi de l'économie. Il fallait apprendre à l'Etat à être sage et absent, afin de laisser se développer les forces créatives de richesses.

Tout allait changer sous la double pression de la montée des socialismes, dont certains décidés à la violence révolutionnaire totale, et de la guerre de 14-18. Les Etats occidentaux se trouvent conduits à essayer d'apaiser la violence sociale et son débouché politique par la dépense publique et des lois plus ou moins contraignantes pour les affaires. Ce mouvement commence dès la fin du 19ème siècle  avec les premiers appels à un impôt progressif sur le revenu, à une organisation de prévoyance, à la constitution de filets de sécurité contre le chômage, la maladie, la vieillesse.  Arrive alors la catastrophe effroyable que fut la guerre de 14 qui littéralement change tout. Le monde découvre la mort industrielle, l'importance des médias et du contrôle de l'opinion, ainsi que la force des capitaux lorsqu'ils sont concentrés, en particulier dans la main de l'Etat, mais aussi dans les trusts.

Le domaine du plus grand changement est celui de la monnaie. Depuis deux siècles toute l'évolution bancaire évolue vers un moindre rôle de la monnaie métallique (or et argent). Le billet et le compte de dépôt supplantent progressivement la circulation de l'or, resté seul en piste depuis 1873 avec la démonétisation assez générale de l'argent. La guerre achève le mouvement : pendant des années, la monnaie sera purement administrative. Ce n'est plus rien d'autre que du papier avec un nombre imprimé dessus par le gouvernement.  Bien sûr, on essaiera de revenir à l'étalon or. Mais personne ne veut renoncer aux facilités de la planche à billets. La révolution russe multiplie le papier qui finalement ne vaut plus rien. L'Autriche et l'Allemagne connaissent au début des années 20 une hyper inflation désastreuse qui fixera longtemps les mentalités.

L'après guerre n'est qu'une suite de déséquilibres et de crises. La crise de 1929 et la dure dépression qui suit marque définitivement la fin d'une époque.

Keynes sera celui qui fera la nécessaire synthèse entre capitalisme orthodoxe, aspiration sociale et ordre monétaire éloigné de l'étalon-or.

Etayée par les faits vécus par des millions de personnes et la sorte de scandale que fut l'appauvrissement général des années 30, sa pensée balaie l'orthodoxie classique. L'important, c'est la demande globale et si pour une raison quelconque elle vient à être insuffisante il appartient à l'Etat de fournir la demande manquante par ses investissements. La monnaie est un instrument au service de la croissance. Elle doit être fournie avec un certaine abondance et les pays en rupture de balance de paiements doivent être assistés par la collectivité, au prix de mesures de redressement, pour que leurs difficultés n'entraînent pas  l'ensemble des autres dans la déflation.

En un mot Keynes supprime la déflation des radars politiques. Le débat après la guerre de 40 portera sur la manière de réguler inflation et emploi.  Ce qu'on appellera les trente glorieuses sera une période de plein emploi, alimentée par une abondance monétaire constante, provoquant une inflation permanente. Le seul frein, ténu, était le rattachement du dollar à l'or et la définition des autres devises par rapport au dollar. Les Etats-Unis ne dévaluaient jamais mais les autres pays à l'occasion rectifiait la valeur de leur devise par rapport au dollar et donc indirectement à l'or.  En vérité le Gold Exchange standard était trompeur. Le dollar était déjà une monnaie administrative entièrement gérée par une puissance nationale ayant assuré son leadership sur le monde libre après la victoire sur les puissances de l'axe. Dès que des Etats décidèrent de rompre le pacte non écrit qu'on ne convertirait jamais ses dollars en or, le caractère artificiel du système s'imposa.

On entra dans le système des changes flottants, avec monnaie de réserve américaine, sans doctrine mais par voie de faits. Désormais l'ensemble des monnaies étaient purement administratives. Après l'argent, l'or était démonétisé. Les devises auraient comme valeur ce que le marché voudrait bien dire.  Les Etats ne comprirent pas les effets de la nouvelle situation. Ils continuèrent leur politique "keynésienne"  et, oh surprise, plus rien ne fonctionna comme avant. Le monde connu la stagflation. On mit évidemment toute l'affaire sur le compte du cartel du pétrole : il ne s'agissait que des conséquences des chocs pétroliers successifs. On ne se rendit pas compte que la valeur des choses s'ajustaient à nouveau à un nouvel étalon "réel". Jacques Rueff avait justement calculé qu'il fallait dévaluer le dollar dans un rapport de dix par rapport à l'or pour tenter de conserver un juste rapport entre la valeur des monnaies, dans un régime de changes fixes mais ajustables. On n'en fit rien. Ce sont les prix des matières premières internationales qui s'ajustèrent, peu ou prou dans la même proportion.

Une chose était sûre : dans le nouvel ordre économique, le keynésianisme ne fonctionnait plus. C'est l'époque où on en appelait à "un nouveau Keynes". Dans un système de change flottant les politiques nationales de dépenses publiques entraînent aussitôt des effets non pas sur l'emploi et l'inflation mais sur la valeur de la devise. Si on ajoute un régime général de libre concurrence mondiale, la compétitivité n'est possible qu'avec une certaine rigueur salariale.  Libre échange absolu et monnaie administrative dans un système général de changes flottants conduisent à la nécessité d'une politique presque constamment déflationniste. M. Trichet fut un de ceux qui le comprirent le plus vite.  

L'inconvénient des changes flottants avec un situation asymétrique pour le dollar, monnaie de réserve, est le déversement indéfini de dollars sur le monde avec une instabilité générale permettant mille spéculations. La double pyramide de crédits démontrée par J. Rueff, présente sous le régime du gold exchange standard, devient encore plus grosse en mode change flottant. Les Etats sont obligés d'emprunter massivement. Le sous emploi devient structurel un peu partout qu'il faut financer par l'Etat. Partout on voit les dépenses publiques grimper à des niveaux intenables. Une première rectification se fait à partir de 90. Des Etats dégonflent leurs dépenses publiques en comprenant qu'ils ne pourront pas aller plus loin. D'autres, comme la France ou la Grèce, ne le font pas.  Le taux de croissance mondial de longue période baisse (d'environ 1/2 point), le phénomène étant partiellement masqué par le rattrapage des économies libérées du joug communiste.

Le grossissement de la dette globale aboutit à des crises de plus en plus fréquentes et violentes. Le phénomène est d'abord nié : voir les observations absurdes du FMI à la fin des années 90. Les explosions successives en 2000-2002 et 2007-2010 ont fait litière de ces illusions.

Aujourd'hui le monde est gros Jean comme devant. Le recours à l'esprit de Keynes ne fonctionne toujours pas, puisqu'on a gardé les changes flottants et  les monnaies administratives non corrélées. Les taux de dépenses publiques et de prélèvements sont si hauts dans certains pays qu'il n'y a aucune chance qu'on puisse aller plus loin. C'est pour cela que l'appel à un retour durable de l'Etat est un voeu pieux. Quand vous dépensez 55% du PIB, dont 10% en permanence en empruntant, vous ne pouvez pas aller plus loin et vous êtes même obligés de rétropédaler.

L'effondrement financier du système des monnaies administratives en régime de change flottant est irrémédiable.  Le dollar et les principales monnaies ont perdu 98% de la valeur en or depuis l'instauration du système. Les banques centrales sont gorgées de "collatéraux non conventionnels" c'est à dire de cochonnerie. Les Etats sont en faillite.

Croire une seule seconde que tout va se remettre en place sans rien faire d'autre que de "réguler" la finance par des règles prudentielles est une incroyable bévue. Croire une seule seconde que l'état va pourvoir de façon keynésienne à une insuffisance de demande globale est ne rien comprendre aux quarante ans d'histoires économiques qui viennent de se dérouler.

On peut donc facilement répondre à la question : qui a tué Keynes ? Les changes flottants, l'hégémonie du dollar  et  l'appétit sans frein de certains états pour la dépenses publique.

L'unique question est de déterminer s'il faut ou non revenir à des changes unifiés et défendus de façon concertée par les Etats, l'émission de monnaie globale étant rattachée à quelque chose de plus ou moins fixe,  à l'abri desquels les Etats peuvent maintenir le plein emploi.  Nous avons expliqué mille fois ici pourquoi nous étions pour cette solution. Dans un système d'échanges mondialisés, celui qui reçoit de la monnaie doit savoir ce qu'il reçoit. Pour que la boucle des échanges réels puissent se fermer. Au final les produits s'échangent contre des produits, du travail contre du travail.

On notera que cette question fondamentale n'est traitée nulle part. Les changes flottants sont un sujet totalement tabou. Il est vrai que les Etats Unis ne veulent pas perdre le bénéfice à court terme ou apparent d'une monnaie de réserve, malgré la preuve actuelle de ses inconvénients. Les Chinois se moquent de leur population et peuvent bien troquer du travail serf contre de la monnaie dévaluée si cela leur permet d'imposer certains de leurs objectifs nationaux socialistes. L'Europe a créé une monnaie unique mais sans gouvernement unique pour la gérer. On ne gère pas une monnaie par un traité. La situation est donc totalement bloquée. Les boeufs piétinent allégrement la charrue qu'on leur a mis sous le nez.

Nous sommes donc dans un contexte de trouble idéologique proche de celui où était le monde en 1932. Une conjonction bloque les mesures qui s'imposeraient. Résultats : les solutions proposées sont dérisoires ; la crise dure ; les querelles s'aiguisent.

Keynes est mort. Il faut sans doute ressusciter une partie fondamentale de son message : le plein emploi seul compte et la défense déflationniste par chaque état livré à lui même  et aux caprices de sa monnaie flottante, alors qu'il dépense une part  démesurément grande des ressources de son pays est une voie sans issue. Mais ne voir dans le message de Keynes que la gestion d'un surcroît de dépense publique est aujourd'hui absurde et à côté de la plaque. C'est sur la partie organisation générale du système monétaire international qu'il faut se pencher. La proposition keynésienne du Bancor est toujours une excellente base de discussion, même si elle doit aujourd'hui être améliorée en fonction des leçons récentes de l'histoire économique.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Commentaire
Vladimir Vodarevski's Gravatar Keynes a surtout apporté aux gouvernements une excuse pour promettre la croissance simplement par la dépense publique. Mais le keynésianisme n'a pas produit la croissance: y aurait-il eu la guerre si le monde avait été en pleine prospérité. Et après guerre, est-ce le keynésianisme, ou la mondialisation des accords du Gatt, et la transformation des économies qui ont provoqué la croissance?
Cependant, il est vrai que Keynes a influencé la doctrine monétaire, en se prononçant contre l'étalon or. Il était pour une monnaie mondiale et opposé aux accords de Bretton Woods. Relier ces accords aux keynésianisme est paradoxal.
# Posté par Vladimir Vodarevski | 09/04/10 22:00
dd's Gravatar Une fois encore vous vous trompez sur la positon de Keynes en matière de système monétaire international.

Keynes n'était pas "contre les accords de Bretton Woods". Il faisait partie de la délégation britannique Il a proposé son plan et White pour les Etats Unis, le sien. C'est celui de White qui a gagné. Ce sont les aléa des négociations internationales.

Le plan Keynes prévoyait des changes fixes et ajustables avec une monnaie de réserve qui ne soit pas nationale, le bancor. Le but de cette monnaie de réserve dont les DTS actuel sont une pâle copie, était de fournir de la liquidité en fonction de la croissance. Il pensait que l'or ne serait plus produit en quantité suffisante pour ne pas avoir un effet déflationniste. Sur ce point il se trompait. la production d'or a augmenté dans une proportion qui n'aurait pas été dommageable pour la croissance mondiale.

Keynes n'a jamais écrit qu'il fallait que les Etats finissent par dépenser plus que la valeur ajoutée des entreprises ! Les Etats comme la France ont réussi ce tour de force sans poursuivre une politique keynésienne mais simplement par démagogie. Il pensait que la demande globale devait être surveillée et en cas de besoin (et non pas e façon permanente) l'investissement public devait venir compenser les effets d'un credit crunch et d'une demande flageolante.

De même Keynes n'a jamais été partisan des hyper déficits ou des hyper excédents. Il voulait simplement qu'en cas de problème dans un pays la liquidité internationale soit fournie par une instance multilatérale pour éviter une fuite dans les dévaluations compétitives et le protectionnisme ou les affres de la déflation. Le FMi devait agir contre les déséquilibres majeurs (ce qu'il a renoncé à faire) et traiter les crises mineures, le tout pour assurer le plein emploi et une croissance maximale.

Dans tous les cas ( réforme du système monétaire international, rôle de l'état et des finances publiques), les Etats ont choisi de prendre dans Keynes ce qui les intéressait et d'oublier l'essentiel du message.

Comme nous l'avons écrit il y a maintenant plus de dix huit mois la relance keynésienne dans un cadre de changes flottants alors que tous les états sont gorgés de dettes n'est pas d'un intérêt prouvé et ne rentre pas dans le cadre de la pensée keynésienne. Faire une relance keynésienne sans fixer d'abord les changes aura été une erreur conceptuelle majeure. On voit le résultat aujourd'hui.

DD
# Posté par dd | 09/04/10 22:20
Sarton du Jonchay's Gravatar Quels sont les économistes les plus avancés aujourd'hui dans l'actualisation de la proposition keynesienne du bancor ? J'ai personnellement étudié Robert Mundell (http://sdujonchay.blog.sfr.fr/Pdf/ReformeSMI.pdf). Y en a-t-il d'autres ?
Le fond du message keynésien est à redécouvrir : il n'y a pas d'économie prospère sans responsabilité publique. Le rôle de des Etats n'est pas de vendre des promesses mais de les financer. Financer n'est pas faire tourner la planche à billlets mais définir un Etat de droit où des citoyens puissent s'échanger la satisfaction de leurs besoins socialement reconnaissables.
La mondialisation sans définition partagée des biens économiques échangeables est le système des changes flottants où la mesure internationale des engagements échangés n'obéit à aucune loi, même pas économique. Il est heureux que vous évoquiez le bancor.
# Posté par Sarton du Jonchay | 09/04/10 22:55
Sarton du Jonchay's Gravatar Pour être précis sur l'actuelle relance keynesienne concertée entre les Etats occidentaux, elle n'a pas encore eu de conséquences majeures sur la stabilité des changes du fait de l'unité de mouvement. En revanche elle va bientôt avoir des effets cataclysmiques quand les marchés admettront que la croissance est devenue impossible dans les Etats développés par l'accumulation de dettes publiques et privées en contrepartie des créances des pays émergents. La Chine poursuivra-t-elle sa croissance quand il sera devenu évident que ses réserves de change sont creuses ? Quand tous les pays développés devront taxer leurs importations pour resolvabiliser les finances publiques et redonner du potentiel de croissance à leurs économies domestiques ? Vous avez tout à fait raison, nous sommes en 1931 à la veille de la seconde chute beaucoup plus profonde et réelle que la première.
# Posté par Sarton du Jonchay | 09/04/10 23:11
Jean-Marc's Gravatar "L'unique question est de déterminer s'il faut ou non revenir à des changes unifiés et défendus de façon concertée par les Etats, l'émission de monnaie globale étant rattachée à quelque chose de plus ou moins fixe"

Mais alors l'Europe avec sa monnaie unique est aussi concernée, comment lié des économies différentes quand les échanges ne sont pas équilibrés ?
# Posté par Jean-Marc | 13/04/10 00:46
DD's Gravatar On est entré depuis 1973 dans un système hybride où aucune des institutions crées n'est conforme à la théorie économique.

L'Euro est une décision POLITIQUE qui implique qu'il n'y ait plus aucune divergence de politique économique, mais sans institution commune autre qu'un traité. Le rattachement successif d'économies très différentes a accentué ce vice de construction du traité de Maastricht (dénoncé à l'époque).

Les changes flottants sont une décision unilatérale des Etats-Unis après que l'Allemagne ait donné l'ultime coup de poignard dans le les accords de Bretton Woods, sans aucune théorie économique validée sous-jacente. Le système n'est pas en vérité pur puisque partout des éléments de rigidité ont été mis en oeuvre pour faire face à des difficultés majeures. La Chine ne pratique pas la flottaison et entre dollarisation, zones monétaires, pegs divers, flottaison contrôlée etc. il n'y a pas véritablement de système monétaire international.

Coexistent donc des systèmes bizarres contraires aux doctrines économiques connues et qui ne fonctionnent qu'au prix d'un ralentissement de la croissance mondiale (le trend s'est infléchi à partir de la crise de 73-74) et au prix d'une aggravation ses crises périodiques (qui à chaque fois depuis le début des années 80 ,demande le secours des Etats pour ramasser des systèmes bancaires ruinés.

Tout le monde se retrouve à contre emploi.

Le FMI habitué à agir par dévaluation et reprise en main pour que la dévaluation réussisse ne sait que faire en Grèce comme il n'a pas su que faire en Argentine.

La gouvernance européenne "par traité" s'avère un enfantillage.

Le benign neglect monétaire des Etats Unis a eu un effet boomerang aux Etats unis même.

Le mercantilisme chinois s'avère ce qu'il est : un mercantilisme possible uniquement parce que la Chine est une dictature impitoyable avec ses citoyens et développant un impérialisme Han parfaitement déplacé.

La situation est globalement ridicule.

Nous nous trouvons à une croisée des chemins INTELLECTUELLE. On ne peut pas construire une globalisation avec liberté totale des échanges et des mouvements de capitaux dans un cadre pareil sans qu'il y est des conséquences. Le G.20 n'a absolument pas compris les enjeux.

Comme absolument tout le monde est dans une situation fausse, la suite des évènements est hautement problématique. Comme en 1930 où un changement structurel du monde était affronté avec des théories décalées de la réalité nouvelle. J'ajouterai même comme en 1873 où des idées bloquées ont entraîné la première "grande dépression".

Le défi est aussi politique qu'économique. Où on met en place un système mondial concerté qui a un certain réalisme économique ; ou on laisse faire l'impéritie économique des gouvernements baignée dans la folie furieuse des marchés de capitaux à court et à long terme en attendant de voir ce qui en sort.

Ce qu'on voit déjà très bien c'est que l'appareil intellectuel et économique des gouvernements ne permet pas encore la première solution. Les remises en cause sont telles qu'elles n'auront pas lieu par simple effort de réflexion. C'est donc tout l'aléa de la seconde qui va l'emporter un temps.

Les séquences de crise vont donc se succéder. Jusqu'à ce que nécessité fasse loi.



.
# Posté par DD | 14/04/10 14:08
Sarton du Jonchay's Gravatar @DD
"Les remises en cause sont telles qu'elles n'auront pas lieu par simple effort de réflexion" . Tout n'est pas perdu puisque vous montrez qu'on peut réfléchir sans nier la réalité ; une réalité finalement plus simple à comprendre qu'on ne l'imagine si l'on veut bien comme vous le faites la considérer telle qu'elle est historiquement. Où actuellement la pensée politique va-t-elle se dégeler suffisamment tôt pour que la dévastation en cours ne nous rende pas la reconstruction trop coûteuse ?
# Posté par Sarton du Jonchay | 16/04/10 13:51
DD's Gravatar @ Sarton du Jonchay

J'apprécie votre optimisme et j'espère que vous avez raison. On peut trouver quelques signes encourageants : l'explication par les subprimes est maintenant définitivement enterrée. Les débats se portent sur les déséquilibres infernaux américains et chinois, sur les effets destructeurs de changes chaotiques, sur la sous évaluation de la monnaie chinoise, sur le rôle amplificateur des crises liées aux CDS plutôt qu'à leur rôle régulateur, sur les conflits d'intérêts monstrueux permis par la concentration des activités financières entre quelques mains, sur l'impossibilité de déterminer le contenu réel des placements "pochette surprise", sur la difficulté de gérer des ilots de fixité dans un océan de flottabilité, sur les méfaits de l'endettement global (et pas seulement celui des Etats), sur l'impossibilité de gérer de la même façon qu'en 2008 toute nouvelle crise, ...

La seule lecture de la presse, notamment américaine, démontre néanmoins que les changes flottants restent un sujet tabou dont la responsabilité directe dans la crise n'est pas comprise. Quant aux gouvernements ils ont appris à s'en accommoder : ils leur permettent de ne pas être en première ligne.

Une telle persistance du tabou des changes flottants pose problème. Lewis Holden, sans doute le seul économiste américain à ne pas dénigrer les changes fixes, est en train de rédiger un article centrée sur ce que serait la défense explicite des changes flottants (le sujet étant traité par prétérition, il est important de tenter d'en faire apparaître la légitimité éventuelle pour clarifier les jugements). Et nous ferons symétriquement une petite étude de la pensée de J. Rueff sur la double pyramide de crédits et ses conséquences, un sujet qui parait totalement ignoré de la majorité des commentateurs.

DD
# Posté par DD | 20/04/10 10:20
Gloups's Gravatar @DD

"Les séquences de crise vont donc se succéder. Jusqu'à ce que nécessité fasse loi".

Vous avez raison. Mais on peut trouver le temps long ! Ce message a déjà deux ans. Et en deux ans aucun progrès ; qu'une descente aux enfers !
# Posté par Gloups | 18/11/12 12:55
Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

Association loi 1901

  
BlogCFC was created by Raymond Camden. This blog is running version 5.9.002. Contact Blog Owner