Le retour du complexe de Zorro

La cote de popularité d’Emmanuel Macron s’effondre au fur et à mesure que la démagogie exagérée de sa campagne apparaît à tous, y compris aux niais qui ont voté les yeux fermés, sans rien lire de son programme. La hausse gigantesque  de 25 % de la CSG apparaît pour ce qu’elle est : une hausse de plus de la pression fiscale. Les contreparties démagogiques qu’il avait annoncées, autant d’achats de vote, s’effilochent au fil du temps. On est revenu au Hollandisme de base : raboter les dépenses et éviter toute réforme de structure, tout en lançant du sable aux yeux des nigauds.

Les Français ne voulaient plus d’une alternance gauche droite, avec des mesures de plus en plus radicales divisant de plus en plus profondément le pays. C’est vrai. Emmanuel Macron a exploité parfaitement ce sentiment.

Le risque, on le voit est celui de la pusillanimité.

Les socialistes, lors de leurs quatre passages, ont mis l’entreprise sous la tutelle des salariés, en leur donnant le renfort institutionnel des juges, dont on sait que nombre d’entre eux sont « rouges », plutôt vifs. Un salarié malveillant ou simplement mal embouché peut agir contre l’entreprise à peu près totalement à sa guise. Le congé maladie bidon, les menaces pénales pour harcèlement, l’impossibilité de sanctionner l’indiscipline, la paresse et même le vol (des juges ont refusé de poursuivre une comptable dans l'entreprise que je dirigeais qui était partie avec la caisse !), ont tout autant que l'impossibilité de licencier sauf à se ruiner, mis KO bien des PME. La vraie réforme est de supprimer la notion de délit de licenciement. Licencier est normal, soit que les projets tournent mal ; soit que l’attitude du salarié est intolérable. Au même titre que recruter. Que l'on demande à l’entreprise une participation aux frais de reclassement est une chose. Transformer les relations sociales en terrain de jeu pour les juges en est une autre. Barémiser la « faute », en fait inexistante, est une manière de dire au salarié douteux : voilà ce que tu toucheras de façon certaine. L’incertitude de la justice limitait un peu les abus. La certitude d’un gain quasi automatique les multipliera. La pusillanimité est de faire semblant d'annoncer un changement radical alors qu’on ne fait qu’entériner un abus général, en interdisant simplement les jugements intolérables.

La question de la directive des travailleurs détachés est du même tonneau. Les effets nets négatifs de la directive n’ont jamais réellement été évalués. Les « dommages » sont probablement nuls et l'effet sur le chômage est non évalué précisément et sans doute inexistants, en tout cas minimes par rapport à d’autres causes. Passer de deux ans à un an la durée d’un détachement ne changera exactement rien. Cela ne vaut certainement pas une crispation diplomatique avec la Pologne, avec le degré de violence verbale que l’on constate.

Dans les deux cas on soulève des problèmes doctrinaux fondamentaux : ici le sens profond du droit du travail ; là l’Europe « protectrice ». Pour accoucher de minuscules souris. On se gardera bien d’évaluer les conséquences. En France, on ne parle d’une difficulté que lorsque le gouvernement a décidé de faire une réforme. On l’a encore vu avec le RMI ; intouchable sauf quand on a voulu créer le RSA. Et on ne cherche jamais à savoir l’effet réel d’une mesure. Les objectifs du RSA ont été totalement perdus de vue. L’argent coule à flots. Le pays coule. Tout le monde s’en fiche. On découvrira que le RSA est une trappe à chômage de longue durée lorsqu’on inventera un RAST (revenu à vie sans travailler).

Claude Allègre avait souligné le « complexe de Zorro » qui semblait animer Sarkozy qui s’était lancé en début de mandat dans une série de combat douteux, les infirmières bulgares ou surtout la TVA des restaurateurs. « Quels résultats ? On ne sait pas ! Passons à autre chose ». 

Jouer au fortiche en début de mandat n’est pas la marque des forts.

Le rôle des politiques n’est ni de complaire ni de se faire plaisir mais de trouver de vraies réponses à des problèmes difficiles. La politique n’a pas besoin de marqueurs mais de résultats.

Plutôt que de dégoiser pendant des heures sur les conséquences sur la communication du Président et son image des derniers évènements, les radios et télévision devraient plutôt documenter et éclairer les difficultés et les solutions possibles. On ne moque totalement de savoir si la cote du Président sera un peu plus négative ou un peu plus positive. Mais on aimerait bien qu’on nous chiffre l’effet d’un raccourcissement à un an des détachements (sachant que deux détachements d’un an font un détachement de deux ans !). Ou qu’on nous explique pourquoi licencier est un acte pénalisable, si recruter ne l’est pas. Le « recrutement à vie sauf sanction » est une absurdité digne d’un adepte de la Révolution Bolivarienne, pas d’un pays à l’origine de bien des innovations et longtemps conquérant.  

On aurait pu faire l'économie de tout ce cinéma.

Le régime des travailleurs détachés : un psychodrame révélateur

Le 16 décembre 1996 a été édictée la directive des travailleurs détachés. C’était le début du forum du journal le Monde, encore sous Compuserve, un nom qui ne dit plus rien à personne, et la tonalité générale des commentaires, sur un forum dominé par les intervenants de gauche, était totalement négative. Admettre que l’on puisse travailler dans un pays sans suivre les lois sociales du pays leur paraissait un crime contre le progrès social et la preuve d’une dérive « néolibérale » des hauts fonctionnaires de Bruxelles.

La réaction était intéressante par ce qu’elle montrait de la mentalité de la gauche française et aussi du caractère étrange de la procédure des directives européennes. Proposées par la Commission et elle seule, les firectives étaient travaillées dans le silence médiatique et votées presque automatiquement par le Parlement, où les européistes étaient majoritairement élus, puisque notamment en France on choisissait les candidats dans les partis de gouvernement uniquement dans la frange la plus fédéraliste, et les gouvernements étaient bien obligés de suivre pour ne pas bloquer une procédure de plusieurs années. Les médias français se désintéressaient totalement de la procédure jusqu’au jour où, tout étant fini, on entendait des protestations enflammées en tout point de l’échiquier lorsqu’il fallait intégrer la Directive dans le droit national.

Rappelons que le 16 décembre 1996, le gouvernement Jospin tenait les manettes. Et voici que la gauche de forum lui reprochait d’avoir autorisé « une arme de destruction massive contre les droits sociaux ». Des propos que l’on retrouvera lors du vote de la directive Bolkestein sur la libéralisation des services « faits à l’étranger avec les règles sociales du pays d’origine ».

La droite de son côté, après la calamiteuse gestion des Énarques Chirac et Juppé, terminée comme on sait, n’avait absolument rien à dire sur le sujet.

Sic transit gloria gallica.

Alors que se posait de façon criante la question de l’organisation du marché unique imposé par Mitterrand, alors que l’effondrement du bloc socialiste de l’est de l’Europe créait une situation pour le moins nouvelle et complexe, compte tenu de l’énorme écart des salaires, les grands partis français n’avaient rien à dire et n’avaient absolument jamais discuté au fond la manière de faire face à cette situation très délicate.

Le Commission a été laissé seule à formuler ses solutions. Elle l’a fait comme elle sait le faire : non pas sur la base réaliste des rapports d’intérêts mais sur celle essentialiste des trois libertés fondamentales de circulation des biens, des personnes et des capitaux. Et adviennent que pourra !

Comme les principes ne se discutent pas, l’essentialisme européiste a triomphé dans le non-débat auprès des instances politiques et médiatiques. Ensuite, plus de débats possibles et seulement des grognements vains. Les européistes se sont contentés de crier à une victoire formidable du droit et des bons sentiments. Les autres ont gesticulé pour rien.

Et voilà comment 20 ans plus tard, on essaie de changer une directive qui a naturellement connu un grand succès mais qui, dans le cadre d’un chômage désastreux, a pris l’allure d’une provocation. La campagne électorale a montré que tous les candidats étaient pour un durcissement ou une suppression de la Directive ! L’essentialisme est incompatible avec les élections nationales. On découvre qu’il est presque impossible de modifier un directive. Il faut reprendre tout le processus , aboutir à une quasi-unanimité, alors que les règles mises en place ont créé des avantages acquis et des divergences marquées entre les pays signataires. Le seul argument des pays demandeurs est que  la directive pousse à des conséquences électorales « populistes ». Macron n’a guère d’autres arguments que de dire : c’est cela où un gouvernement populiste et antieuropéen sera élu au prochain coup en France ! C’est peu.

La vérité est si simple. Il y a toujours eu des accords de détachements entre les pays, même si les régimes sociaux étaient très différents. Les Algériens ont par exemple commandé à la Chine la construction de milliers de logements clefs en main, intégralement réalisés avec de la main d’œuvre chinoise. Quiconque a voyagé beaucoup sur les lignes orientales sait que depuis les années soixante- dix on y voit des cohortes d’hommes venant tous du même village aller vers des pays d’accueil temporaire pour y faire des travaux à bas prix. Des groupes d’Indiens, de Pakistanais, de Coréens, d’Indonésiens, ont ainsi rayonné pendant des décennies un peu partout et notamment dans les pays du Golfe.

La France, elle-même, a longtemps pratiqué le recours aux travailleurs temporaires maghrébins, dans l’industrie automobile, dans le bâtiment et dans l’agriculture, jusqu’à l’erreur magistrale de Giscard, qui, inquiet des conséquences électorales de la montée du chômage, a interrompu ces contrats et privilégié l’immigration permanente et le regroupement familial.

Une écluse vaut toujours beaucoup mieux qu’un mur ou une liberté totale.

Ajoutons, et c’est un des arguments que nous avions défendus à l’époque, qu’il est des situations où il est impossible de faire autrement que d’envoyer temporairement à l’étranger des techniciens aux conditions du pays d’origine. Si vous avez conçu un logiciel très performant et dominant sur un créneau donné, vous allez le vendre partout dans le monde et le soleil ne se couchera plus sur votre zone de chalandise. Nécessairement l’installation et la formation des utilisateurs se feront au moins tant que la masse de clientèle n’aura pas atteint un certain niveau, par vos techniciens. Ils seront détachés à vos conditions dans le cadre d’un contrat global où vous aurez défini votre prix accepté par l’autre partie contractante. Il est strictement impossible de l’empêcher et ce serait dommageable : si le client a investi c’est que c’est son intérêt et donc celui du pays importateur du service.

Dans le cadre européen il était parfaitement légitime de définir un cadre réglementaire libéral permettant que ces activités soient parfaitement légales et inattaquables. Sinon elles se seraient développées « au noir », ou elles auraient été réduites, ce qui aurait privé les économies de solutions utiles.

Dans le cas de la directive sur les travailleurs détachés comme sur celle sur les services (dite Bolkestein), la légitimité de l’élaboration d’un cadre commun est parfaitement compréhensible, et le principe de la conservation des conditions sociales du pays d’origine n’est pas attaquable.

Restent les modalités, dans un cadre où les écarts de niveau de vie et de compétences sont aussi extrêmes qu’entre l’ouest et l’est, le nord et le sud de l’Europe !

Dans le secteur informatique, il est vite apparu que le coût des logiciels par exemple français, ne permettait pas des ventes de masse au Portugal ou en Roumanie. La solution aurait été de recruter des informaticiens de ces pays, à leurs conditions d’origine, pour écrire à bas coûts des logiciels moins chers. Au passage, le mécanisme aurait permis d’équilibrer les comptes extérieurs de ces échanges. Mais là il fallait créer une filiale dans le pays le plus pauvre, ce qui impliquait des délais et des coûts. Pendant ce temps-là, les États-Unis acceptaient sans états d’âme de faire venir chez eux des programmeurs indiens et attaquaient les marchés européens…

Dans un système de liberté générale des échanges, seule la souplesse paie.

Il est évident que le gros du marché du travail détaché concerne les ouvriers et la main d’œuvre non qualifiée à faible productivité. Dès le début de l’année 1997 on a vu débarquer sur la Côte d’Azur des « jardiniers » anglais offrant leurs services sans charges sociales. Ils ont clairement déréglé le marché local et… permis à des tas de gens de faire des travaux qu’ils n’auraient pas fait autrement. Le marché de la rénovation d’appartement a bénéficié du même engouement pour des travailleurs deux fois moins chers que les artisans français. L’agriculture a également bénéficié des salariés moins coûteux. On ne voit que l'aspect « concurrence déloyale ». On ne voit pas que beaucoup des travaux faits ne l'auraient pas été autrement. Il ne faut pas non plus trop crier à la concurrence déloyale : beaucoup des travailleurs détachés sont utilisés par les artisans locaux les plus performants…

L’équipement des bateaux construits à Saint Nazaire repose, pour être compétitif, sur le recours massif aux emplois détachés. C’est cela ou la fermeture des chantiers.

La construction, accablée de règles contraignantes et absurdes, et en disette de candidats depuis des lustres, a évidemment usé et abusé des travailleurs détachés. Cela a permis le boom de la construction que l’on a connu, sans altérer la santé des artisans locaux, qui sont, aux endroits où la demande est forte, quasiment en manque permanent de professionnels compétents. Que l’on regarde ce qui se passe par exemple en Bretagne où le marché a surmonté la crise de 2008-2009 sans drame.

Revenir sur les deux directives est une orientation malthusienne et politicienne.

La France a répondu aux trois crises majeures (1 974, 1 993 et 2 009) en faisant venir au pouvoir des socialistes qui ont incroyablement bloqué les relations sociales, réduit le travail et accru les coûts. Ces mesures ont largement tué la compétitivité française, comme on le voit en ce moment même avec l'accroissement des déficits au moment où l'euro et le Monde connaient une petite reprise. Il est sûr que le problème des travailleurs détachés (comme celui du travail au noir, où celui de l'immigration clandestine) aurait été bien moins présent sans ces politiques désastreuses.

Il ne faut en aucun cas revenir sur le détachement d’accompagnement des grands et petits investissements. En aucun cas. C’est la condition de la survie de nos fournisseurs sur le marché intérieur comme extérieur dans l’environnement ouvert qui est le nôtre.

En revanche l’intérim de longue durée, massif et organisé, d’ouvriers étrangers à bas coûts par des entreprises ad hoc devrait être autorisé au coup par coup au sein de l’Europe comme il l’est sur une base bilatérale avec de nombreux pays.

La France aurait par exemple intérêt à passer des contrats de ce type pour les constructions associées aux jeux olympiques dont elle a obtenu l’organisation. Elle ne disposera pas des capacités nécessaires sur une base purement nationale, et s’agissant de travaux massifs et très concentrés dans le temps, aurait-elle pu rassembler de telles capacités, elle se serait retrouvée avec un chômage de masse à la fin des travaux.

Autant dire que la démarche Macron, d’inspiration purement politicienne (cela faisait plaisir aux électeurs d’entendre la condamnation des directives sur les travailleurs et les services détachés, notamment à gauche), se heurtera nécessairement à de vraies résistances parfaitement fondées. Les commentateurs de TNT n’y voient d'ailleurs qu’un enjeu politicien (l’Europe est-elle vraiment indéformable comme le disaient le FN et une myriade de petits candidats lors des récentes élections présidentielles).

Le débat de fond sur les vrais enjeux est, lui, toujours inexistant.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Lord Adair Turner : l’erreur comme un grand art politico social

Une forme aigüe de l'imposture économique

Adair Turner est probablement ce qu’on trouve au Royaume Uni de plus proche d’un Énarque Compassionnel français. Il est passé des postes publics aux postes privés et retour dans une belle chorégraphie, digne de nos meilleurs Inspecteurs des finances. Il a trempé dans tout et rien et cautionné toutes les imbécillités à la mode, un temps, avant de les dénoncer. Il restait à mettre tout cela dans un livre ce qu’il fit avec Between Debt and the Devil : Money, Credit, and Fixing Global Finance, Princeton University Press, 2015, 320 p. (ISBN 978-0691169644) qui a été traduit et publié en France sous le titre : « Reprendre le contrôle de la dette. Pour une réforme radicale du système financier » ; Édition de l’Atelier. (ISBN 2-7082-4513-6).

« Turner est Directeur général de la Confédération de l'industrie britannique (CBI) de 1995 à 1999. Dans ce rôle, il est l'un des principaux promoteurs de l'adhésion britannique à l'euro -- une position qu'il a avoué plus tard être erronée », écrit Wikipédia.

De 2000 à 2006 il est vice-président de Merrill Lynch pour l'Europe. Il est donc banquier au pire moment des folies bancaires. En vérité il a un poste politique et peu financier. Ce qui lui permettra de faire feu sur la finance en quittant le poste.

Plus tôt il avait été un fanatique de la taxe Tobin, une erreur majeure.

Plus tard il sera pour 5 ans président du FSA, la Financial Services Authority, qui supervise les marchés financiers, ce qui est bien normal pour un homme de Merrill Lynch.

C’est cette expérience qu’il monétise par des conférences et ce livre.

Une telle girouette est toujours dans le politiquement correct du moment et l'originalité de ses réflexions est exactement nulle. Son intérêt doit se chercher dans une capacité presque surhumaine à cumuler toutes les sottises que l’on a pu écrire sur la crise et ses solutions, alourdie par un art très particulier d’aller les chercher et dans les milieux anglo-saxons et dans le fond de sauce social-démocrate  européiste.

Anobli pour ce talent unique, il est le témoin presque emblématique de l’idiotie de l’époque.

Nous avions décidé de ne jamais traiter sur ce blog de cette noble figure pour ne pas aggraver votre tendance naturelle à la critique. Mais la couverture de cet ouvrage est telle dans les médias français qu’il faut bien faire un certain travail de correction.

Comme toujours on met en avant des chiffres exacts mais avec une interprétation fausse.

Citons : « dans les années 1990-2000 la dette privée augmentait de 15 % d’an. On croyait que cette augmentation était indispensable pour atteindre un tel niveau de croissance [5 %] ».

L’auteur ne comprend absolument rien à la cause de la hausse de la dette privée et accuse un « on » dont il ne donne aucune composante. À cette époque de très nombreuse voix se sont élevées pour contester les mécanismes qui poussaient à cette hausse indécente, dont celle de Maurice Allais qui a été particulièrement forte et précise. Ce sont les énormes excédents et déficits croisés de l’époque qui ont créé la bulle de crédits mais il est hors question ni de le voir, ni de le critiquer. Cela forcerait à aller trop loin dans la remise en cause des idées communes et ferait perdre tous les beaux postes publics, privés et parapublics.

Citons : « Les crédits ne financent pas les investissements productifs » Ils « alimentent la distribution de crédits immobiliers ». Là encore, c’est parfaitement exact. Nous avons théorisé cette forme d’économie, sous le nom d’« économie baudruche » car elle finance la recherche spéculative de gains en capital, donc des bulles alimentées par la création monétaire.

Au lieu de voir la vraie cause, l’auteur sombre dans le politiquement correct à trois balles en incriminant la montée des inégalités. On retrouve le keynésianisme pour enfant de chœur qui explique que les riches consomment moins que les pauvres et donc perdent les ressources rares dans des spéculations honteuses. Comme pour la « cupidité des banquiers », il semblerait que dame nature ait voulu que les riches entre 1990 et 2 000 se soient mis spontanément à investir comme des malades dans l'immobilier.

L’auteur manipule des « marqueurs » de gauche, nécessaires à sa crédibilité dans l’ambiance du moment, rejoignant Krugman et tous les keynésianistes américains. L’explication est totalement fausse. La France n’a pas connu d’amplification de l’écart de richesses entre riches et pauvres et l’immobilier est tout de même monté à des sommets. La plus grande crise immobilière a eu lieu avant : avec la spéculation mondiale sur les bureaux de 88 à 91, source de la gravité de la crise de 92-93. L’auteur de toute façon est incapable de couvrir la période 1 971 – 2 008. Les dettes créées n’ont, nulle part ailleurs qu’aux États-Unis, avec les subprimes garanties par l’État, servi à financer les achats des pauvres.

La création monétaire forcenée des banques centrales a fait baisser les taux d’intérêt si bas que tout le monde a cherché à emprunter, les plus gros emprunteurs étant les états et les fonds spéculatifs.

Citons : « Je vous défie de trouver une seule entreprise allemande ayant augmenté un tant soit peu ses plans d’investissement du fait de l'annonce de l’assouplissement quantitatif de la BCE ». « Si elle a un tant soit peu fonctionné c’est uniquement parce qu'elle permet de relâcher les politiques budgétaires ».

Ce que notre auteur oublie c’est que cette politique a eu pour but principal de sauver les banques (et les dépôts du grand public) confrontées à une perte globale supérieure à 10 mille milliards de dollars et les États sur endettés. On ne voit pas trop où a été le relâchement des politiques budgétaires. Demander aux Grecs.

Le sous-investissement a été la caractéristique principale de toute la période 1971-2016, et correspond à l'installation de l’économie baudruche par les accords de la Jamaïque.

Citons : « [les banques centrales] doivent financer les déficits de façon permanente en monétisant la dette des États. En clair en faisant marcher la place à billets ».

Eureka, j’ai trouvé ! Youpi, c’est facile ! Le Graal, j’ai trouvé le Graal ! Vive la planche à billets !

En revanche il faut contraindre les banques pour qu’elles ne prennent pas de risques insensés. On oublie d’expliquer pourquoi elles ne finançaient pas l’investissement ni pourquoi l’investissement ne serait pas risqué.

Tout cela est de la posture et n’a strictement aucun intérêt ni explicatif ni curatif. On fournit à tous les « marqueurs » idéologiques qu’ils attendent et on les présente « en même temps » comme tout bon haut fonctionnaire ambitieux, sans se soucier de rien, ni des explications ni des contradictions. Cela permet d’être édité, puisqu’on n’a aucun ennemi, et de briguer les postes les plus éminents, puisqu’on défend l’État, les petits pauvres et la facilité, tout en se flattant d’être « pro business ».

Et d’être fait Lord. Une pensée nulle servie par une sorte d’imposteur sympathique, à éviter absolument comme dirait le Canard Enchaîné !

France : encore des statistiques accablantes.

Et aucune réaction du bon niveau

Les résultats du commerce extérieur pour juin viennent d’être publiés. Ils sont dramatiques. La France a vu son déficit commercial monter à 4.7 milliards d’euros. Sur les six premiers mois de l’année, le cumul des déficits est de 34,3 milliards. La hausse est de 50 % sur l’année dernière. Depuis les mesures Jospin-Aubry de la fin du siècle dernier, la France a totalement perdu sa compétitivité ; Pas une année à l’équilibre ou en excédent ; En 20 ans près de 1 000 milliards de déficits, c’est-à-dire de besoin de devises qu’il a fallu emprunter, d’assèchement de la demande nationale, des capitaux qui partent à l’étranger, de pression sur le système bancaire, de pression sur l’emploi. Cette perte de substance correspond à presqu’une année de valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand.

Inutile de chercher loin les bénéficiaires : pour l’essentiel la Chine et l’Allemagne.

L’Allemagne a accumulé 22 milliards d’euros d’excédents en juin, 121 milliards depuis le début de l’année. Dès 2009 l’excédent dépassait 138 milliards. En 2016, il était de 252 milliards. Et l’Allemagne a dû intégrer l’économie malade de RDA pendant la période !

Rappelons que les gros déficits et les gros excédents sont théoriquement interdits dans les statuts du FMI et, en Europe, soumis à une action correctrice de Bruxelles…

La presse a largement rendu compte de ce désastre. Il manque une analyse des causes et des conséquences. Pour beaucoup d’observateurs ces écarts sont un simple épiphénomène. Les imbéciles heureux, et il y en a une flopée dans les médias de la TNT obligés de bavarder pendant des heures, ces déficits ne sont pas graves, pas plus graves que les excédents allemands. Les taux d’intérêt étant très faibles, nous finançons nos dettes sans problème. Youpi. Toute cette consommation à crédit auprès d’entreprises étrangères nous tue à petit feu sans que personne ne le réalise.

Les excédents allemands sont une autre calamité. Les banques allemandes voient leurs coffres se remplir d’une monnaie qu’elles peuvent multiplier. Mais pour en faire quoi ? Les entreprises allemandes n’ont pas besoin d’investir puisqu’elles sont déjà sur compétitives. S‘agissant des soldes en euros, le gouvernement parle de remboursement de la dette d’état. Mais les excédents n’appartiennent pas à l’état. Ils sont détenus par les entreprises et déposés dans les banques. Ces capitaux vont aller à la recherche de gains en capital un peu partout dans le monde et cautionner une hausse des encours de dettes du système bancaire allemand. S’agissant des en-cours en devise non-euro, en général en dollars, le remploi local est impossible. Les devises vont donc être replacées sur leur marché émetteur, où ils vont permettre une poussée de crédits, contribuant à aggraver l’économie baudruche. Car là aussi l’argent va rechercher des plus-values à court terme.

Et susciter désormais l’ire de Trump qui considère que les déficits américains sont de la seule faute des pays en excédents.

L’irresponsabilité de facto des grandes nations vis-à-vis de leurs soldes extérieurs, est incontrôlable en régime de changes flottants comme de monnaie unique, sauf à créer des mécanismes coercitifs automatiques qui sanctionnent automatiquement les grands déséquilibres et mettent en branle les politiques correctrices des États.

Excédents et déficits sont directement corrélés au système de change et au système financier mondial. Cette corrélation n’est jamais évoquée dans la presse, alors qu’elle est cruciale et explique l'essentiel des mécomptes de la croissance mondiale depuis 1971. Les grands déficits et les grands excédents sont le signal des dysfonctionnements des systèmes monétaires internationaux et pas seulement des forces et faiblesses respectives des économies.

La France continue de s’enfoncer dans une situation à la grecque. M. Macron est semble-t-il particulièrement heureux du résultat des « cent jours » de sa gestion. On ne trouve aucune mesure à la hauteur des déficits constatés et de leur aggravation. Supprimer aux parlementaires la possibilité d'employer des proches et de distribuer des subventions n’a pas d’impact macroéconomique. À plus long terme donner l’argent des retraités aux salariés actifs ne fera qu’aggraver les choses. Toute hausse artificielle du pouvoir d’achat est convertie en déficits extérieurs aggravés. La loi travail n’aura aucun impact notable, comme la loi El Khomry l’a bien montrée. Si l’inversion confirmée de la chaîne des droits est idéologiquement très connotée et très forte du point de vue des principes, les très minimes mesures concrètes, elles, sont certes nécessaires à long terme mais à la limite de l’effet zéro dans les prochains mois.

La vérité est plus prosaïque.

-        En interne, il faut travailler plus, supprimer effectivement et massivement des emplois publics sans réelles nécessités ou à la productivité quasi nulle et que l’état réduise drastiquement sa voilure, avec une baisse massive des impôts, en commençant par l’ISF.

-        En externe, il faut une diplomatie de la prospérité qui permette de supprimer les dysfonctionnements des systèmes monétaires internationaux.

Les deux actions sont corrélées puisque, sans santé interne, il est impossible d’obtenir la moindre crédibilité externe.

Macron aurait donc dû décréter dès son arrivée la fin de l’ISF et la hausse de la durée de travail partout (retour aux quarante heures, notamment dans les collectivités locales), avec une modification radicale du statut des fonctionnaires (contractualisation de tous les fonctionnaires sauf la plus haute classe de la catégorie A).

Ne l’avoir pas fait est une faute. Le temps perdu ne se rattrape jamais.

Anniversaire du blocage financier de 2007 : toujours les mêmes erreurs

En dix ans aucun progrès dans la compréhension des mécanismes du désastre

On pourrait penser qu’avec le temps, la crise de 2008 aurait été comprise dans la totalité de ses dimensions et qu’on éviterait, 10 ans après le blocage du marché interbancaire dès l’été 2007, anticipant la récession globale, les mêmes fausses explications et les mêmes simplismes qui ont été la règle dans les instances officielles et, par contagion, dans la presse. Le côté amusant de l’affaire est de voir coexister un commentaire débile et sa réfutation sous forme graphique dans mille exemples publiés dans le même journal ou dans les diverses publications du jour. Comme si les chiffres étaient une décoration et qu’il n’importait pas de faire le lien entre l’histoire qu’ils racontent et le commentaire.

On ne veut accabler personne et surtout pas les journalistes : ils travaillent avec les interprétations fournies par les instances officielles, mais certains parviennent à un degré de représentation des erreurs ambiantes qui mérite d’être honoré.

Prenons par exemple, parmi plusieurs autres du même tabac, l’article de François Vidal dans Les Échos du 7 août.

Première erreur : la crise a été provoquée par « la bombe à fragmentation des subprimes américaines » (sic). Les subprimes, représentent 600 milliards de dollars de dettes difficiles à recouvrer. Au final, on trouvera 300 milliards de pertes. C’est grave. Coupable même, tant les risques associés aux mécanismes et aux pratiques de ce marché étaient visibles. Mais la perte globale internationale  est de 10 000 à 12 000 milliards de dollars. C’est ce désastre qui allait mettre les banques mondiales au tapis, pas les subprimes. Les subprimes ont joué le rôle de l’allumette. C’est bien ce marché qui a bloqué les relations interbancaires. Mais la bombe était ailleurs et c’est l’explosion de la bombe qui a fait mal. Si HBOS et Lloyds ont liquidé 67 000 salariés sur 135 000, ce n’est pas à cause des subprimes. Si RBS a fait de même (69 000 sur 135 000 également) ce n’est pas pour cela non plus. Si les banques centrales ont gonflé de 12 000 à 13 000 milliards de dollars leurs en-cours et proposé des intérêts négatifs sur une longue durée, du jamais vu historique, ce n’est pas pour couvrir 300 milliards de pertes, couvertes facilement  par le Trésor américain et les amendes internationales que les États-Unis ont imposées aux banques mondiales.

Deuxième d’erreur : « des progrès spectaculaires ont été faits pour domestiquer la planète finance ». N’ayant aucune idée des sources du délire financier qui s’est emparé de la planète en question, le commentateur ne peut que répéter des banalités faciles. Rappelons que la crise est associée aux énormes déficits américains et excédents croisés au Japon, en Chine et en Allemagne. Par le mécanisme de la double pyramide de crédits démontrés par Rueff et Allais, on sait que ces énormes flux financiers et monétaires ont provoqué l’apparition d’une économie baudruche où l’argent n’allait plus principalement aux investissements productifs mais à des spéculations sur des possibles gains en valeur. Le haut de bilan a remplacé le compte d'exploitation.  Et la spéculation généralisée s’est envolée à des sommets intenables. On a depuis essayé d’étouffer l’amplificateur bancaire qui a été la principale victime de l’explosion mais on n’a rien touché des causes. Aujourd’hui encore l’Allemagne la Chine et le Japon ont accumulé environ 1 000 milliards de dollars de bons du trésor américain.  Ces flux ont les mêmes conséquences. La planète finance n’est en rien domestiquée. Elle panse ses plaies et a le plus grand mal à purger ses pertes accumulées dont l’essentiel a été caché pendant des années. L’Europe a été trop loin dans la mise en place de règles constrictives dont les banques américaines se sont libérées très vite, ce qui leur a permis de revenir à une meilleure situation. La finance grise a repris une bonne partie de la spéculation faite par les banques de dépôts, les banques universelles et les banques d’affaires. L’auteur de l’article le souligne. Mais il ne voit pas que des bulles existent partout. Elles exploseront comme d'habitude. Le journal Les Échos le confirme lui-même dans la même édition en citant le fait que le Nickel a vu son cours augmenté de 18 % depuis juin. La preuve explicite que « la planète finance est domestiquée » !

Troisième erreur : « En Europe la création de l’union bancaire et la correction des déséquilibres de la zone euro ont renforcé la solidité du secteur ».

L’union bancaire n’a rien renforcé du tout. Les instances fédéralistes ont profité de la crise pour pousser leur avantage et imposer une réforme qui n’apporte rien de fondamental sinon plus de pouvoir européen et moins de responsabilités nationales. Quant aux déséquilibres de la zone Euro, il suffit de voir, en interne, les excédents de l’Allemagne, jamais plus importants (voir un de nos articles récents), pour vérifier qu’il n’y a eu aucune correction. En externe ce n’est pas mal non plus. Le déficit de la zone euro vis-à-vis de la Chine est 146 milliards d’euros en 2016 !

Quatrième erreur : « C’est toujours sur les épaules d’une poignée de banquiers centraux que repose le sort de la finance comme de l’économie mondiale ».

L’illusion que les marchés fonctionnent bien sous la houlette bénéfique des banques centrales est une des sottises du temps. Les équilibres macroéconomiques ne dépendent que marginalement des banquiers centraux. Ils sont de la responsabilité des États et des politiques économiques et sociales menées, ainsi que du cadre institutionnel global. Si ces politiques sont non coopératives (ou coopérative uniquement dans les mots) et poussent à de graves déséquilibres, et si les institutions n’imposent pas les comportements correctifs nécessaires, alors c’est l’économie dans son ensemble qui devient dysfonctionnelle. Le fait que les banquiers centraux soient à ce point sollicités montre bien que le système global est vicié et pas autre chose.

Rappelons un dernier chiffre : le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de la Chine est de 347 milliards de dollars en 2016. Cet afflux de dollars a mis en branle une bulle de crédits en Chine que tout le monde constate. Comme les dollars eux-mêmes sont replacés finalement aux États unis, ils y créent une bulle de création monétaire qui explique la hausse historique des bourses locales et la meilleure santé des institutions financières américaines, au prix de placements toujours aussi spéculatifs. La crainte commence à entourer à nouveau le dollar. Voici que l’Euro remonte. Merci pour les équilibres et l’action régulatrice des banques centrales.

À force de ne jamais faire les bons diagnostics, on finit par n’écrire que des bêtises sans rapport avec les réalités.

Consternant.

En relisant « La mondialisation heureuse » d’Alain Minc

Lorsque les mouches ont changé d’âne, après avoir compris qu’Alain Juppé était hors course et qu’il fallait se précipiter vers Emmanuel Macron, un des premiers migrants fut Alain Minc, légèrement décrié pour un amour de la mondialisation, puis étrillé par la dépression de 2008-2009 et la stagnation qui s’en est ensuivie. La réaction « populiste » de droite comme de gauche exigeait d’ériger un rempart et vite.

Ce goût pour les Énarques politiciens est tout à fait étrange pour qui s’amusera à relire « La mondialisation heureuse », paru chez Plon en 1997, 20 ans déjà.

« La mondialisation impose sa dynamique : davantage de marché, des États sur le recul, ». Pas de chance une grave crise du système des changes flottants se déclenche peu après la parution du livre, appelée à tort « crise des pays émergents », alors que c’était une première explosion de l’économie baudruche qui affolée s’était repliée à toute vitesse vers le dollar, provoquant une réappréciation totale du rôle des marchés financiers dans moult pays et une première intervention massive des banques centrales, c’est-à-dire de l’État. La crise de 2001 et surtout la récession suivante allaient provoquer l'effondrement des marchés et le cadenassage de la finance par les États. Jamais l’emprise des États par la monnaie, la réglementation et les impôts n’a été plus sévère.

On pourrait récrire la phrase : « la dynamique détestable d’un système monétaire dysfonctionnel a provoqué le contrôle serré des marchés et une extension massive du rôle de l’état ».

Alain Minc poursuit : « L’avenir n’appartient ni aux emplois publics ni à la gestion administrée ni aux bureaucraties, ni aux mécanismes centralisés. Et nous seuls au monde à accroître le poids des emplois publics ». « Le pays unanime s'enorgueillit de son service public à la française, sans s’étonner de voir la SNCF crouler sous les dettes au moment même où la Bundesbahn va être privatisée ».

Cette remarque est, elle, parfaitement fondée. Malheureusement les Présidents Énarques Chirac et Hollande, aggraveront tout, le malheureux Sarkozy s’épuisant dans des demi-mesures d’apparence ou de détail. Entre un million et un million cinq cent mille emplois publics ou « quasi publics » pour reprendre la terminologie d’Alain Minc, seront créés dans les 20 années suivant la parution du livre. La France se retrouvera à 56 % du PIB de dépenses publiques (120 % de la valeur ajoutée du secteur marchand), un niveau de prélèvement fiscal communiste, et une dette irrécouvrable de 100 % du PIB pour la partie publique et 400 % pour la dette globale, avec 5 à 6 millions de chômeurs.

Quant à la SNCF, qui croule sous un statut des cheminots et des pratiques managériales qui interdisent tout espoir de productivité, sans parler de rentabilité, elle s’effondre sous la direction d’un dirigeant qui ne dirige rien (sa seule mission est d’éviter la grogne sociale, c’est-à-dire les grèves Juppé), multipliant les accidents, les retards, les abandons de lignes, le pourrissement du réseau francilien, et les dettes. L’incident du Week-End qui a vu une gare bloquée pendant quatre jours lors du moment de pointe des migrations vacancières est une forme de feu d’artifice dans le domaine de l'incompétence technique et de la faillite commerciale.

Du coup on ne comprend plus très bien les choix politiques d’Alain Minc. « Plus jamais d’Énarques » aurait dû être son slogan. En choisissant Emmanuel Macron, il a soutenu le pronunciamiento des hauts fonctionnaires et l’énarchie triomphante est partout. Mme Parly, Ministre de la guère (comme on dit dans les casernes), faisait carrière à la SNCF où elle a couvert de sa sagacité la dérive financière mortelle de la société publique. La ministre des transports a exactement le même profil, mélangeant l’engagement socialiste et les carrières à cheval entre haute fonction publique et entreprises nationales. On s'étonne du manque de réaction de l’une comme de l’autre devant les problèmes dramatiques que posent d’un côté le sur engagement de nos forces militaires et de l’autre la consternante panne de la gare Montparnasse, ainsi que de la réaction poussive et convenue d’un Edouard Philippe qui lui a virevolté entre le socialisme et sa variante juppéiste, des engagements bidon dans une entreprise publique et le carriérisme local.

Cet étonnement frappera d’étonnement ceux qui savent comment fonctionnent les hauts fonctionnaires.

Une des curiosités du temps, est qu’on juge le mouvement En Marche, comme naguère nos journalistes et universitaires jugeaient l’Union Soviétique : uniquement sur les intentions. Pendant 75 ans on a présenté en Occident l’univers soviétique sans tenir compte une seule seconde de la réalité. Les quelques rares voix qui disaient la vérité étaient immédiatement écartées comme « fascistes » ou « faisant le jeu des fascistes » ou « victime d’un anti communisme viscéral et primaire ». Après l’effondrement du régime monstrueux, on a dû constater à regret que c’était pire que le pire. Mais on rechigne à l’écrire. On aurait l’air trop stupide.

Pour En Marche, c’est la même chose. « Ils le feront… un jour ». Attendre avec la foi chevillée au corps, tel est le mantra. Faire confiance car cela va se faire, compte tenu du pouvoir politique obtenu des urnes et qui sera conforté bientôt au Sénat.

La réalité est moins glorieuse : la poursuite de la politique de F. Hollande, sans les cris d’orfraies de la gauche du PS. On rabote la dépense sans mesures de structure. On augmente massivement les impôts (+25 % sur la CSG). Pour le reste, il faut s’extasier sur la fin des emplois familiaux en politique.

À nouveau on explique que l’important est… l’explication. Il ne s’agit pas de discuter de mesures mais de mettre l’inaction gouvernementale « en perspective ». Le discours avant l’action, à la place de l’action.

En attendant Godot : c’est-à-dire une croissance importée de l’extérieur.

Alain Minc va pouvoir écrire un nouveau livre : « la Macronisation heureuse ».

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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