Note de conjoncture - juin 2017

Qu’écrivions-nous il y a deux ans, en mai 2015 ?

 « Que nous soyons dans la phase haute du cycle décennal, nous l'affirmons depuis un moment. Le schéma conjoncturel se répète de cycle en cycle depuis 1972 avec une belle régularité : crise ; rebond avec contre-choc ; stagnation puis reprise lente et deux à trois ans de folie spéculative. Ce que nous constatons aussi, c'est que le trend baisse de cycle en cycle, les récessions sont de plus en plus violentes et les reprises sont de plus en plus lentes et artificielles, surtout dans les pays qui comme la France ont fait le choix de voler radicalement leurs citoyens. Ce qui se passe ces derniers mois est l'exact reflet de cette analyse. La reprise est née comme d'habitude des États-Unis, a percolé vers les pays ouverts, comme la Grande Bretagne et commence à s'étendre. Mais le rythme de la reprise est très faible, encore plus faible qu'en 2006-2007, dernière phase haute du cycle, et elle extrêmement artificielle » ;

Dans la pratique la phase de haute conjoncture s’est développée partout ces deux dernières années, sans atteindre des niveaux de croissance importants. La France, sous l’effet des mesures prises en 2010,11 et 12, a connu une croissance faible de 1.1 % sans accélération jusqu’au début de cette année.

Le commerce extérieur très malade encore en 2015 a fini par reprendre également en 2017 permettant au Japon de sortir partiellement son marasme. L’entrée en phase haute du cycle de l’automobile et la bonne tenue du bâtiment sont les deux supports de la croissance. La France désormais connaît une petite accélération de sa croissance avec des taux qui remontent progressivement vers 2 %.

Nous ajoutions :

Le schéma le plus probable est qu'après le sursaut habituel de fin de cycle, les bulles spéculatives accumulées exploseront à nouveau. Elles sont moins généralisées que d’habitude. La crise sera donc relativement faible. Avec probablement un effet important sur les bourses mais peu marqué sur les PIB. À quelle date ? Entre 2016 et 2018.

C’est la grande question. Les crises quasi décennales étant généralement le fruit des excès de crédits et de surinvestissement, l’étouffement du crédit d’investissement pendant de longues années, a lissé une partie des causes d'explosions. De même l’étouffement des banques sous les contraintes a réduit l’euphorie de fins De cycle. Il peut être légitimement avancé que l’alternance cyclique habituelle peut être sensiblement modifiée. On peut à l’inverse constater que les déséquilibres structurels de balances de paiements ont néanmoins provoqué une croissance notable de la dette globale, largement assumée par les banques centrales, et une survalorisation des actifs notamment aux États-Unis, où la croissance de la bourse n’a pas de rapport avec celle du PIB. On devrait donc assister à une correction des bulles sans énormes conséquences sur le PIB, puisque celui est relativement atone.

Avec plus de réserve que d’habitude, nous maintenons une alerte sur la conjoncture quelque part entre mi 2 017 et 2 019. Nous maintenons que la correction devrait être de faible ampleur sur le PIB dont la croissance sera simplement ralentie mais pas annulée et une correction plus forte sur les marchés qui ont très fortement augmenté, comme la bourse aux États-Unis et certains marchés immobiliers.

Il est significatif que la presse qui ne se préoccupait pas du rythme décennal des crises, y fait une large place, pour éviter de passer à côté une nouvelle fois d’un incident majeur de conjoncture. Mais il est possible que l’étouffement du crédit ait rendu ce mécanisme obsolète et qu’il faille désormais changer de modèle.

Ci-dessous nous donnons la correction de notre scénario avec un léger décalage dans le temps et dans l’intensité de la correction. Il est basé sur notre ancien modèle. Nous le maintenons tant qu’il n’aura pas été invalidé. Mais il faut admettre que nous vivons dans un contexte absolument nouveau.



Edmund Phelps : « La Prospérité de Masse » - Odile Jacob

Une pensée réellement originale et utile totalement étrangère en France

J’ai croisé pour la première fois les travaux d’Edmund Phelps à la fin des années soixante. La thèse de doctorat que je préparais concernait la prévision à long terme. Plus j’avançais dans ce travail, moins il m’apparaissait que cet exercice fut, sinon utile, du moins possible. Comme mon directeur de thèse vivait de la passion de l’époque pour le futur, les tensions grandissaient. Le travail universitaire est ainsi fait qu’il me fallait trouver des études extérieures corroborant les hypothèses désagréables que j’avais émises. Il n’y en avait pas. Sauf un texte d’un certain Edmund Phelps qui expliquait très justement que l’économie concurrentielle était fondée sur l’imagination et la rupture et que toute prévision longue n’avait strictement aucun sens, ce que la suite allait prouver au-delà de toute contestation. Cette référence entraîna le retrait immédiat de mon directeur de thèse, peu soucieux de travailler contre son gagne-pain. La connaissance n’est pas la seule mamelle de l’Université, ni l’objectivité et le courage intellectuel. La mode de la futurologie est passée depuis longtemps. RIP.

Edmund Phelps a, lui, continué à montrer une capacité à s’investir dans les grands problèmes économiques sans préjugés ni révérences excessives aux anciens. On reconnaît les grands maîtres à ce qu’ils s'attaquent aux grandes questions. Quel était le drame intellectuel de la science économique à la fin des années soixante ? Deux branches contradictoires de la discipline s’étaient développées en parallèle : la microéconomie et la macroéconomie. Pour simplifier, l'économie basée sur le modèle Pareto-Walrasien, et l’économie keynésienne fondée sur le jeu de variables globales. Les professeurs d’économie prudents, comme Raymond Barre en France ou Samuelson aux États-Unis, se sont contentés, dans leurs manuels, de faire coexister les deux mondes sans tenter de les réconcilier. Dans le premier tome de son manuel Barre explique que les crises ne sont pas possibles car les marchés réagissent pour « revenir à l’équilibre ». Dans le second il explique comment on jugule les crises… Edmund a essayé pour sa part de fusionner les deux mondes et de montrer comment on pouvait tenter de créer une explication microéconomique de la macro. On peut juger qu’il n’y a pas totalement réussi. Mais il a ouvert de nombreuses portes, et partiellement démonté les thèses keynésiennes. C’est cet effort qui lui a valu un prix Nobel mérité (ce qui est rare), car il a réellement influencé la manière de penser l’économie, tout du moins hors de France.

Son dernier livre, Prospérité de Masse, chez Odile Jacob, porte toujours la marque des grands. La question la plus importante du moment est bien la prospérité générale. La crise de 2008 et la stagnation qui a suivi ont frappé les esprits et les petits penseurs se sont tous lancés dans des explications abracabrantesques sur la fin d’un monde livré aux robots, aux codeurs et à Uber qui ne pouvaient que créer les conditions d’une régression misérabiliste.

Edmund Phelps considère à juste titre qu’il faut d’abord comprendre la nature exacte de la rupture totale avec le monde ancien qui s’est produite, selon lui, de façon différentielle, au XIXe siècle et qui a provoqué l’énorme croissance subséquente.

Il va le faire de façon plutôt iconoclaste par rapport aux grandes machineries historiques qui ont cours. Il n’hésite pas à contredire de nombreux grands auteurs comme Marx, Keynes mais aussi Schumpeter ou Max Weber, ce qui surprendra des lecteurs habitués à entendre des louanges constantes sur ces deux auteurs.

Le traducteur n’a pas dû s’amuser. L’auteur n’a pas la rigueur conceptuelle des grands philosophes et il a du mal à forger les mots qui vont avec ses concepts (et réciproquement). Ne donnons qu’un exemple, mais il y en a beaucoup d’autres : l’auteur distingue le capitalisme marchand et une économie « moderne » très différente qui s’est imposée dans quelques endroits privilégiés après elle. Il ne peut plus employer le mot capitalisme pour qualifier ce nouvel état, puisqu’il préexiste dans un état différent. D’où ce concept de « modernité » qui s’appuie sur un mot-valise et creux qui dessert son propos. Heureusement si l’esprit anglo-saxon ne porte pas aux rigueurs conceptuelles kantiennes, il n’interdit pas de se faire comprendre, même si c’est au prix de très nombreuses redites et de quelques abus de mots.

Décrire et expliquer les conditions de cette économie moderne voire « résolument moderne » est l’objet premier du livre. Démontrer que la force culturelle de cette économie est essentielle et qu’il faut la renforcer encore pour construire une prospérité de masse en est le second but. Constater que c’est le contraire qui a été fait depuis les années soixante aux États-Unis donne, pour l’auteur, l’explication de la stagnation actuelle.

Nous laissons au lecteur le soin de lire et de digérer ces analyses qui le surprendront tant les concepts sont loin de ce dont il a l’habitude. L’auteur cite beaucoup d’auteurs américains qui sont de parfaits inconnus en France. Il pratique un américanocentrisme typique des auteurs américains pour qui l'économie est d’abord celle des États-Unis

S’il prend soin de passer le cap de la surprise et de la nouveauté totale, le lecteur accédera à de très nombreuses idées intéressantes. Nous y attachons de l’importance parce qu’elles recoupent beaucoup des observations que nous faisons nous-mêmes, si on nous pardonne ce narcissisme déplacé. Inutile d’en faire l'inventaire exhaustif ici, mais comment ne pas comprendre que la ville, la démographie nombreuse, l’esprit critique, l’imagination, la volonté de réussir sa vie, le rejet des corporatismes d’état, le sens de l’avenir, la réflexion libre, le plaisir de l’action collective avec des résultats, le sentiment du bien commun, la « vie belle », le goût pour les fruits du succès, la fierté d’une innovation réussie, l’acceptation de voir des situations acquises se perdre, sont les moteurs indispensables du dynamisme économique. Comment ne pas accepter l’idée que le système économique le plus juste est celui qui permet au plus pauvre d’être le moins pauvre possible. La prospérité est le fruit d’une acceptation collective que l’innovation et la productivité permettront de faire mieux que le conservatisme et l’étatisme.

Comme nous, Edmund Phelps refuse les explications simplistes ou mécanistes. Non l’explosion économique des cent dernières années n’est pas principalement liée aux grandes inventions. La connaissance n’est pas seulement celle des sciences mais aussi l’expérience accumulée sur le terrain par des millions de personnes qui apprennent patiemment les mille et une règles essentielles à la maîtrise des domaines que l’imagination et le rêve ouvrent en permanence à l’esprit d’entreprise. Les grandes masses ne jouent pas le rôle qu’on affirme trop légèrement. L’accumulation de capital ne suffit pas à provoquer la prospérité. Le gonflement étatiste de la demande globale ne suffit pas à créer de la croissance etc. « L’Europe tuera son économie aussi longtemps qu’elle s’accrochera à sa conviction qu’une économie corporatiste peut produire une stabilité et une harmonie inaccessibles au capitalisme sans rien perdre de son dynamisme ». Edmund Phelps n’est pas favorable à ce que nous appelons « l’énarchie compassionnelle », dont le triomphe électoral récent en France nous laisse sceptique.

Trois évènements qui ne sont pas cités dans le livre viennent corroborer le caractère populaire de ce qu’il appelle l’économie d’innovation et de dynamisme, l’économie « moderne ».

Lors de la chute du mur les socialistes démocratiques de l’Europe de l’Est ont cru leur temps arrivé : le visage humain du socialisme allait séduire les foules énamourées. Toute la jeunesse s’est précipitée dans la joie de l’autonomie et du dynamisme personnel, cherchant les libertés d’agir en toute autonomie, loin des verbiages d’un état moralisateur. À Cuba, la possibilité d’avoir un tant soit peu d’autonomie loin des haut-parleurs de la propagande castriste a fait naître des milliers de micro-entreprises. En France, Huber a vu l'émergence d’une classe de fils d’immigrés sans diplômes heureux d’agir en toute autonomie. Le 9.3 s’est retrouvé avec de l’espoir.

La pulsion de l’autonomie, de la construction de soi-même, de l’imagination de son cadre professionnel, du travail intellectuel de maîtrise d’environnements nouveaux, offrant à l'esprit de nouveaux vecteurs d’application, là se trouve le cœur du dynamisme de l’économie prospère. A contrario : le « retour à l'obsession prémoderne du patrimoine, […] a poussé toute une génération à dédaigner la créativité, l’exploration et la découverte. Avec l’émergence d’une culture prémoderne et médiévale des droits acquis, de la suffisance, du conformisme et de la dépendance vis-à-vis du groupe, on a assisté à un déclin du vitalisme et du « faire » ».

Donc du dynamisme endogène.

Les idées d’un Phelps ne sont jamais présentes et encore moins discutées en France dans les médias qui se contentent de ressasser des idées pré calibrées et de juger en fonction de cases prédéfinies. Lire Phelps est un exercice contre la sclérose. Les imbéciles à œillères idéologiques le classeront stupidement dans les « libéraux » incoercibles, ce qu’il n’est pas. Phelps n’est pas Ayn Rand. Il n’hésite pas à contredire Von Mises et Hayek. Nos contempteurs, si jamais ils se commettaient à lire le livre, seraient étonnés du nombre d’institutions et de comportements, propres au capitalisme actuel, que l’auteur condamne. Il analyse de très nombreuses évolutions, notamment financières, qui vont dans le sens de l’étouffement du dynamisme, du renforcement des situations acquises, du refus des remises en cause progressistes des manières de faire.

Est-ce à dire qu’Edmund Phelps est totalement convaincant ? La grande faiblesse du livre est de ne pas prendre acte de la bascule du début des années soixante-dix. Il voit bien qu’il y a un avant et un après, mais il n’explique pas pourquoi. Il glose énormément sur les conséquences et les comportements qui ont renforcé les difficultés, mais il n’analyse pas les causes. Le système monétaire international est totalement absent de ses réflexions. Même s’il admet que certaines institutions sont dysfonctionnelles, il ne voit pas que les changes flottants et les déséquilibres monstrueux de balances de paiement sont à l’origine de pratiquement tous les maux de détails qu’il souligne. De même il laisse de côté totalement la question de l’énergie et celle de l’écologie et du développement durable.

Cela tient à son parti pris ancien d’expliquer le macroéconomique exclusivement par le microéconomique. Cette tentative a largement avorté sur un plan universitaire et théorique. Maintenir cet angle de vue inexact lui interdit l’analyse de grandes erreurs dommageables dont beaucoup sont la cause des phénomènes qu’il dénonce.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

La minirébellion de trois économistes bien en cour

Un des grands miracles d’Emmanuel Macron est d'avoir réussi à faire écrire des choses intelligentes à des économistes qui se contentaient jusqu'ici de faire valoir leur prudente officialité et d’avoir vu Le Monde les publier.

Philippe Aghion, Gilbert Cette, et Elie Cohen tancent le nouveau pouvoir dans un article du monde daté du 12 juillet 2017. Pour une fois, nous allons leur donner raison. Que disent-ils ? Ce que nous ne cessons de répéter depuis des lustres et qu’ils ont bien tardé à faire valoir.

Ils indiquent qu’il est souhaitable de mettre en œuvre immédiatement la réforme de l’ISF et de la taxation forfaitaire des rémunérations du capital. Ils pourraient ajouter qu’il est regrettable de ne pas avoir supprimé totalement cette imposition idéologique et antiéconomique. Ne chipotons pas. Les économistes de cour ont montré tellement de pudeur à dénoncer cette imposition du temps du socialisme au pouvoir et même de Sarkozy, qu’on ne peut que se félicite de cette évolution même partielle.

Ils soulignent que l’exonération de 80 % des assujettis à la taxe d’habitation « leur paraît plus discutable ». Très bien, mais qu’ils la discutent donc, ce qu’ils n’ont jamais fait pendant les 9 derniers mois ! Et qu’ils aillent plus loin : cette mesure est purement électoraliste et ne mérite pas d'être maintenue. En ne suggérant que de la reporter, le message est un peu court.

Ils reprennent cette vieille antienne que le coup de rabot uniforme passé sur l'ensemble des dépenses est une vieille technique pour gouvernement paresseux. Mieux vaudrait faire des réformes structurelles. Mais bien sûr, Messieurs ! Gentils à vous de penser à nous rappeler qu’on doit en effet songer à réduire les effectifs publics, redimensionner les politiques publiques, réduire les étages administratifs, ce que l’on chante sur tous les tons depuis au moins 1 997.

Les auteurs soulignent que la paupérisation du secteur public n’est pas la solution. Ils oublient un peu vite que le GVT est plus qu’une poire pour la soif et que dans certains secteurs les hausses de rémunérations ont été fortes, en particulier au Ministère des Finances. Ce sont les cadres moyens publics, pléthoriques, qui ont trinqué et qui vont continuer avec la hausse de la CSG. Ils oublient aussi que la productivité est faible et les temps de travail courts, avec des avantages exceptionnels.

Alors il serait honnête de dire qu’il faut réduire les effectifs mais aussi en augmenter le temps de travail et la productivité. Ce n’est pas une méthode de type RGPP où on demande aux fonctionnaires eux-mêmes d’écheniller leur process qui peut donner des résultats mais une commission de suppression des missions abusivement captées par la puissance publique. Il ne s’agit pas de réviser mais de supprimer des pans entiers d’interventions où l’État n’a rien à apporter sinon des prébendes et des postes.

Quant aux réductions d’étages administratifs, ne parler que du conseil départemental, dont les missions seraient par ailleurs maintenues, cela n’a pas de sens. Aujourd’hui nous sommes pour la suppression et du département et de la région, au profit d’une circonscription optimisant l’action régionale publique qui, à notre avis, correspond peu ou prou aux anciennes régions, d’avant le regroupement. Il s'agit de prendre acte qu’on n’en est plus au trajet à cheval et qu’on peut concentrer l’action en région sur moins de pôles que les départements actuels. Une division par trois ou quatre est raisonnable. Les énormes satrapies conçues comme des länder n’ont strictement aucun sens économique et présentent de graves dangers politiques et nationaux.

La procédure budgétaire régionale doit être également totalement revue. Il faut former la recette et permettre à l’autonomie de s’exercer à l’intérieur d’un volume accordé, des exceptions, pour des projets lourds, pouvant être accordés par une chambre spécialisée du Parlement.

C’est tout l’État qui doit être « reformaté » et probablement les ambitions européistes qui doivent être freinées.

Il est juste de souligner que trouver moins de 10 milliards d’euros d’économies dans un budget de 1 250 milliards, c’est gratter moins de 1 % des dépenses. On peut le faire facilement, pensent nos trois économistes. Ils ont raison. Ils pourraient aussi souligner que trouver 200 000 postes à supprimer dans une masse de près de 6 millions de personnes rétribuées par l’État est également un tout petit effort et que 500 000 n’étaient probablement pas un objectif si difficile à atteindre que cela. Pour notre part nous pensons qu’il faut défonctionnariser tout ce qui inférieur au sommet de la catégorie A et de viser la suppression en cinq ans de près d’un million de postes public, à 80 % dans les régions. F. Fillon voyait un peu petit.

La chute du PS a eu cet avantage que les économistes officiels peuvent maintenant affirmer ce qu’ils pensent sans se soucier trop de savoir si cela sera accepté par « la gauche » de châtiment, prompte à tacher l’image et briser la carrière des mauvais penseurs, qui régnait sur les esprits faibles ou prudents et dans maints médias.

Messieurs, encore un effort. Vous allez voir : Dans plein de domaines une pensée totalement libérée peut s’envoler vers le bien public d’une façon exceptionnellement positive.

Pris au piège de la démagogie

Dès les débuts de la campagne d’Emmanuel Macron nous avons souligné qu’il cherchait à être positif avec tout le monde, en accumulant les oxymores, et que sa volonté de répondre concrètement au consumérisme électoral constamment aiguillonné par la Presse l’avait conduit trop loin dans la voie de la démagogie et de l’achat de vote (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/4/4/Prsidentielles-2017--Les-quatre-propositions-dmagogiques--les-plus-basses). Deux de ses promesses de campagnes figurent dans la liste des quatre mesures les plus déplorablement démagogiques de la campagne.

Le transfert intégral sur d’autres de 80 % de la taxe d’habitation n’a strictement aucune justification. Il est indéfendable, en morale démocratique, qu’un habitant ne contribue pas, à la mesure de ses moyens, au financement de sa collectivité de base qui apportent les services de proximité. Sinon on n’est plus un citoyen mais un parasite. C’est vraiment l’exigence minimum. Et il appartient au maire de la moduler et surtout d’éviter qu’elle ne soit trop élevée pour des services inutiles ou insuffisamment efficaces. Effectuer ce transfert pour 80 % de la population est une insulte crachée au visage et au portefeuille des 20 % autres, et à la conscience de 100 % des démocrates.

La hausse massive de la CSG, de 25 % sur les retraités, de 20 % pour les autres, est un coup de massue fiscal qui demanderait être justifié. À un moment où la conjoncture se tient enfin un minimum, et alors que le taux d’imposition est le plus haut du monde, on ne voit aucune raison de prélever à nouveau 20 milliards d’Euros sur les ménages. Cela n’a aucun sens.

S’il ne s’agit que de financer des cadeaux aux masses pour acheter le vote électoral, où est, à nouveau, la morale démocratique ?

Dire : « je donne du pouvoir d’achat aux salariés » est un abus de mot. Seule la croissance de l’économie et le retour au plein-emploi justifient la hausse globale des revenus. Les salariés du privé ont été les mieux servis, ces dernières années, du fait de la politique patronale qui a consisté à ne plus investir et à bunkériser l’activité existante, tout en acceptant des pertes irresponsables de compétitivité par une politique libérale de hausse des rémunérations. Voler l’argent des retraités dont le revenu net a constamment baissé depuis 8 ans pour en faire cadeau à d’autres, dont le revenu est en croissance, est un abus de pouvoir pur et simple. Christophe Barbier, qui joue au couteau sa place sur sa révérence et sa soumission totale au nouveau pouvoir, s’y est essayé inlassablement sur les chaînes de la TNT, et s'est ridiculisé à l’exercice. Quand il n’y a pas de bonnes raisons, sinon l'achat de votes, il n’y a pas de bonnes raisons. Inutile d’en chercher.

De voir s’échiner trois anciens membres du parti d’en face, ralliés sans vergogne à l’adversaire et empressés d’éliminer leurs camarades aux législatives (le propre du renégat), à tenter de trouver des justifications à ces mesures absurdes, sans même croire devoir démissionner du parti qui leur a permis de faire carrière, à quelque chose de passablement abaissant pour les Français, témoins obligés de cette farce abjecte.

Qu’ils ne parviennent pas à mettre en musique cette symphonie fiscale frelatée est plutôt réjouissant. Emmanuel Macron avait cru qu’en laissant la patate chaude aux ralliés de la dernière heure et aux traîtres de comédie, il pourrait s’en sortir sans se salir les mains. C’est raté. Il aura suffi que la vox populi fasse valoir qu’on en revenait à Hollande 2012, pour que parte de la coulisse un coup de pied occulte particulièrement ajusté et pour que « Jupiter » soit obligé de remettre les mains dans sa propre mélasse fiscalo-électorale.

Il le fait par une relance à pic totalement médiatique. Mais, comme dans le lit du Procuste, dès qu’il tire à droite, cela sort à gauche et réciproquement. Il n’y a rien à faire pour tirer partout « en même temps ». Comme dans les Westerns, on voit une jolie danse où les pieds se lèvent en cadence pour éviter les balles. Emmanuel Macron est le danseur, mais c’est lui qui a tiré les balles.

Espérons pour le pays qu’on ne passera pas trop vite du danseur au guignol. Quant aux Philippe et Lemaire, quel effondrement et quelle nouvelle honte !

L'économiste, la démographie, le planning familial et l'avortement

De quelques faits cruciaux sur lesquels il vaut mieux ne pas s'attarder

Tout le monde vous le dira : l'économisme est un vilain défaut et toujours juger d'une mesure par rapport à ses effets économiques est malséant.

Mais bon. Il fut bien que la réflexion économique se fasse, même en cachette. Alors pour ceux qui n'ont pas peur, regardons de sang froid quelques réalités.

L'introduction de l'avortement libre et remboursé par la sécurité social a entraîné des pertes démographique depuis 1976 qui ne font pas consensus mais qui se situent entre 5 et 6.5 millions de naissances.

L'excédent naturel des naissances sur les décès est passé de 300.000 à 200.000, Sur trente ans, une génération, cela représente mécaniquement un équivalent de 3 millions.

Le démantèlement partiel de la politique familiale a eu des effets immédiats puisque depuis deux ans, date du lancement des mesures les plus dures, la baisse des naissances, ignorée depuis la guerre, a commencé avec une baisse régulière du taux ce fécondité qui est passé rapidement de 2 à 1,93. On craint, à l'exemple d'autres pays que désormais il ne plonge.

La pilule a entraîné une épidémie de cancers du sein. Cette épidémie est terrifiante dans la classe d'âge 45-55 ans, avec pour les derniers chiffres près de 50% de victimes.Autrement dit, une femme sur deux développe un cancer du sein, dans cette tranche d'âge, avec une tendance à l'accélération.

Le divorce touche plus d'un cople sur deux en moyenne France entière et près de deux couples sur trois dans les grandes villes.

Le phénomène des femmes seules avec enfant, source de pauvreté de masse et d'assistanat est devenu extrêmement important. Il s'ajoute à l'immigration de familles sans hommes ou d'ont l'homme est parti.

La surconsomation du tabac et de l 'alcool par les femmes  a également rapproché la mortalité des hommes et des femmes. Bien que caché par la hausse de la durée de vie générale, cela représente une perte démographique conséquente et prélmaturéee pour les femmes.

La substitution de poluplation par l'immigration de masse a partiellement masqué les évolutions démographiques indigènes.

Les principales victimes de cette évolution sont d'abord les femmes,  les couples, les enfants et la nation.

L'économie souffre.

Jamais la structure de l'offre de l'emploi désiré n'a été plus en contradiction avec l'offre disponible. Savy n'avait encore rien vu !

Ces questions sont tabous en France. Il est interdit d'en parler. Il est interdit de mener des politiques correctives.

Au terme de la longue année électorale, il est notable qu'aucune de ces questions n'ait été soulevée et que les discours aussi bien du Président à Versailles ou de Philippe à l'Assemblée n'en font aucune mention alors qu'elles sont d'importance structurelles et à long termes.

Le malthusianisme a de belles années devant lui. Les conséquences sont et seront moins de travail et plus de chômage, plus de charges et moins de production. L'inverse de ce qu'il faudrait.

Mais chut !!!!

 

Deux lois bien intentionnées mais loin du compte : 1 – la pureté des Parlementaires

Le quinquennat du Président Macron s’ouvre sur deux lois présentées comme emblématiques : la purification des mœurs des députés et une nouvelle poussée de libéralisation du droit du travail. Elles sont présentées dans la presse comme deux lois enchanteresses qui vont tout changer. L’union des bonnes volontés de droite et de gauche va permettre de retrouver la confiance dans les hommes politiques et l’emploi va surgir comme une eau de source longtemps comprimée au milieu de nos déserts industriels.

Depuis l’origine, nous considérons ce blog comme un moyen de faire valoir des réflexions qui n’ont pas leur place dans la presse classique, qui propose un cadre prédéfini, en partie sclérosé, en partie acheté. Alors essayons quelques remarques sur ce que l’on connaît des deux lois proposées.

Apprécier la « loi de pureté » des Parlementaires demande de partir d’une sombre réalité : le député français n’a aucun rôle à jouer, sinon à valider les options de l’équipe au pouvoir. Le Parlement est croupion. Pour un salarié du privé, devenir député est une option impossible. On perd sa carrière et on se retrouve au chômage au premier revirement politique. Pour un entrepreneur ou un médecin libéral c’est également très difficile. Sans véritable statut de l’homme politique, la seule possibilité de se lancer dans cette activité est soit d’être une épouse sans travail qui a du temps libre et du goût pour la politique, soit d’être retraité, soit de faire une carrière en s’inscrivant dans une forme de professionnalisation (membre de parti, cumul des mandats, etc.), soit d’avoir un métier qui permet de cumuler les approches comme celui d’avocats. Quand les grandes familles avaient un rejeton un peu nul, mais sympathique on en faisait un homme politique et tout le monde s’y retrouvait. En vérité, seuls les hauts fonctionnaires et les enseignants sont à l’aise dans ce système qui leur permet de cumuler tous les avantages sans aucun risque. Cela explique que ces groupes soient surreprésentés massivement dans les instances élues.  

La question de la rémunération des députés ne peut être séparée de celle du financement de la politique. Dans beaucoup de partis il faut restituer une partie de son indemnité de mandat. Du coup les carrières individuelles politiques longues doivent être sponsorisées avec les moyens du bord. François Mitterrand avait ses bailleurs attitrés dont le premier était Eugène Schueller, le créateur de l’Oréal, solidarité de la Cagoule oblige, qui avait même fait de son poulain un directeur de Votre Beauté, pendant un moment de dèche électorale. Michel Rocard, le pur parmi les purs, s’est fait fournir ses matériels de campagne, lors de sa candidature présidentielle avortée, par Lorentz qui a mis Bull, dont il était le patron, à son service. Un parmi d’autres. Nicolas Sarkozy avait des contrats de « veille judiciaire » de la part de plusieurs grands groupes. Macron a ses sponsors. Plus vous êtes « présidentiable » plus vous êtes bancable. Plus vous avez d’amis et plus vous devez en avoir. Pour ceux qui ne sont pas bancables et qui n’ont pas une carrière de premier plan, les temps sont durs. La politique coûte cher et seul un ancrage local permet de s’en sortir dans la durée, accompagné de petites combines.

Tout cela n’a pas de réelle gravité. Les sommes sont modestes. La grande prévarication n’est pas au Parlement, mais dans les régions. Deferre fêtait publiquement l’élévation de sa fortune à chaque incrément d’un milliard. Les grandes villes se prêtent à des financements inattaquables, même quand ils sont abusifs. La plupart des grandes tables parisiennes sont subventionnées par les dîners et déjeuners de cadres de la Ville de Paris : les cartes bleues de la ville flambent en permanence. Les grosses cylindrées locales vivent pratiquement à l’œil, voyages touristiques inclus. Chaque grande ville gère des dizaines de sociétés d’économie mixte. Dans chacune d’entre elle il est possible de grappiller quelque chose, qui, à l'échelon de chaque entité paraît raisonnable, et dont le cumul est parfois phénoménal. Ici, vous disposez d’une voiture, là d’un chauffeur, plus loin d’un appartement de fonction dans un lieu de vacances en bord de mer et encore plus loin d’un autre appartement de fonction à la montagne (les centres aérés ont bon dos et il faut bien que le président puisse se loger sur place quand il vient présider !), ailleurs on fournit une secrétaire, ailleurs un bureau, ailleurs un garage, ailleurs une petite rémunération, de quelques centaines d’euros (pour trente sociétés, cela finit par faire un petit magot). Les sociétés d’économie mixte sont vraiment des bénédictions. Le grand commerce, les travaux routiers, les autorisations de permis de construire, les contrats de service, sont des sources de revenu importantes et régulières à l’échelon local. Il n’y a pas nécessité d’aller aussi loin que les Balkany (si on en croit les mises en examen), pour se faire une vie confortable.

En coupant le lien entre local et national et en réduisant le nombre de réélections, on limite effectivement les grandes tentations des élus nationaux. Mais le vrai désordre est à l’échelon local. Et là, rien ne bouge.

L’action politique nationale coûte cher et les hommes politiques de premier plan ne s’enrichissent pas. Que F. Fillon n’ait même pas réussi à finir une des plus belles carrières politiques en France avec plus d’un million d'Euros de patrimoine est plutôt la preuve d’une certaine austérité.

On en revient toujours à la même conclusion : seuls les fonctionnaires y trouvent leur compte. Ils peuvent pimenter leur carrière en politique sans prendre le moindre risque, faire quelques allers et retour juteux dans les entreprises liées à l’état, banques ou entreprises publiques, et cumuler toutes les retraites.

Une loi de moralisation dont les mesures phares seraient l’interdiction de cumuls, l’encadrement des attachés parlementaires et des vocations d’avocat avec en prime l’impossibilité d’être réélu plus de trois fois consécutivement serait une bonne blague.

Quels auraient pu être les axes d’une vraie réforme ?

D’abord édicter deux règles simples :

Nul ne peut toucher plus d’une rémunération publique.

Nul ne peut être élu dans une assemblée qui fixe les conditions de son emploi principal.

Aucun fonctionnaire ne pourrait être éligible au Parlement, comme c'est le cas pratiquement partout dans le monde et, notamment, au Parlement européen.

Ensuite, et là c’est prévu par Macron et ne peut être que recommandé, réduire le nombre des députés autour de 380 et des sénateurs autour de 220. Un parlement de 600 personnes pour une population de 66 millions d’âmes, paraît plus que raisonnable. Cela permettra non pas de faire des économies mais de payer bien les élus et effectivement leur donner des conditions d’action renforcées. Une circonscription électorale de 150 000 et 200 000 électeurs n’a strictement rien de choquant.

Enfin donner un rôle au Parlement

Il faudrait le diviser en cinq chambres.

- Chambre des affaires européenne et diplomatique

Pour discuter en même temps que les parlementaires européens des mesures en discussion dans le cadre européen.

Pour apprécier et contrôler l’action extérieure des organes diplomatiques français

- Chambre du contrôle de la dépense publiquAnalyse et Vote le budget

Dispose d’un large pouvoir d’investigation et peut exiger l’arrêt ou l réorientation de certaines dépenses déjà votées.

- Chambre du contrôle des collectivités locales et de l’équipemenDispose du pouvoir d’accorder dans certaines limites des crédits à des collectivités locales au-delà de normes annuelles impératives (à instituer).

Contrôle la politique des grands équipements nationaux.

- Chambre des lois

Étudie et vote les lois proposées par le gouvernement

- Chambre des affaires de sécurité intérieure et extérieure

Étudie toutes les politiques de sécurité

Supervise les armées

Contrôle la politique étrangère.

À l’intérieur de ces chambres, les parlementaires peuvent créer les commissions qu’ils veulent.

Actuellement rien de ce qui se passe en Europe n’est traité à l’Assemblée, sauf pour la mise dans le droit français des directives, c’est-à-dire trop tard et dans l'indifférence générale.

Actuellement les crédits votés sont hors des discussions parlementaires.

Actuellement rien de ce qui se fait en matière de grands équipements décidés par les collectivités territoriales ne vient à l’assemblée. De même les collectivités peuvent engager des dépenses somptuaires sans véritables contrôles et limites pourvu qu’elles les financent. L’impact sur l(endettement global du pays n’est pas apprécié.

Le gouvernement perdrait la tranquillité qui est la sienne sur les dépenses votées et sur son activité au sein du Conseil Européen. Les collectivités locales perdraient le pouvoir de faire n’importe quoi sans un accord de la représentation nationale dès lors que les budgets seraient conséquents.

Les députés seraient amenés à se construire une vraie compétence tout en ayant un rôle d’influence non pas sur la dépense mais sur l’empêchement de la dépense. Un département ministériel pourrait se trouver sur la sellette dans le cadre d’un examen multipartisan allant au fond des choses et non pas comme actuellement lors du vote rapide lors du budget des crédits nouveaux que le gouvernement exige. L’activité diplomatique dans un pays donné pourrait être revue de fond en comble. La justice et la police d’une zone quelconque pourraient être passées au crible. L’analyse détaillée de telle ou telle politique publique d’intérêt subalterne pourrait conduire à son démantèlement. On voit l’intérêt de ne pas avoir de fonctionnaires élus à l’assemblée. Le conflit d’intérêts serait immédiat.

Au passage on pourrait revenir sur le statut ridicule des fonctionnaires de l’Assemblée et du Sénat. Ils ne peuvent faire carrière que dans ces deux institutions ! Résultats : une armée mexicaine et un manque de renouvellement terrifiant. Là aussi, il faut remettre de la fluidité.

Les mesures prises ces dernières années pour tenter de redonner un peu de vie à l’Assemblée sont toutes problématiques :

Les questions au gouvernement sont un exercice pénible jusqu’au ridicule.

La coproduction législative est un mythe

Le budget à dépenser localement par chaque Député pousse automatiquement aux abus de dépenses et au clientélisme.

Le Parlement n’existe actuellement que dans la fronde.

Si on fait des parlementaires des élus hors sol sans autre fonction que ce qui existe actuellement, tout en les privant de ressources et en exigeant d’eux une pureté absolue, on ne trouvera bientôt plus que des fonctionnaires et des occasionnels opportunistes.

Les partis et les assemblées ont tout de même pour but essentiel de former de véritables hommes politiques capables de gouverner.

Si on en reste aux mesurettes actuelles, on aggravera le schéma caricatural actuel : l’énarchie compassionnelle dirige et des zombies font de la figuration plus ou moins intelligente. Le système Macron est la quintessence de cette évolution, avec des députés inconnus et sans expérience, à l’exception de quelque vieux chevaux de retour, et tous les postes clés tenus par les copains de promotion du président et du premier ministre, qui s’activent avec les hauts fonctionnaires des ministères.

Avec sa conséquence immédiate : un pays qui reste surfiscalisé au-delà de toutes limites acceptables, un gouvernement qui refuse de redimensionner autrement que dans les mots le champ d’action de l’État, et dont la seule mesure sérieuse est une hausse des impôts, une presse bananière qui illustre le communiqué.

Et une bande de marcheurs en sandalettes, ivres à l’Assemblée mais déprimés en région devant leur impuissance à participer à quoi que ce soit et qui se taisent, en commençant à s'inquiéter de la suite et notamment du jugement de la vox populi qui est de plus en plus tentée par les noms d’oiseaux depuis que la hausse des impôts est immédiate et le reste différé, sinon des lois d’apparence.

Au total les vrais risques sont ceux d’une déchéance démocratique, par capture de tous les pouvoirs par la Haute administration, par enracinement de la démagogie basée sur l’achat de votes périodique éhonté, et le vol aggravé des revenus et du capital des citoyens. En comparaison, les quelques « avancées » promises sont presqu’insignifiantes quand elles sont ponctuelles, et problématiques lorsqu’elles sont importantes, faute de s’inscrire dans un cadre  plus riche, mieux intentionné et plus rigoureux sur la représentativité des élus.  

 

Deux lois bien intentionnées mais loin du compte : 2 – la nouvelle loi sur le travail

La nouvelle loi travail est présentée comme le Saint Graal de l’emploi. On n’en connaît pas encore toutes les modalités, mais on sait qu’elle simplifiera la représentation syndicale dans les grands groupes, plafonnera les indemnités de licenciement et donnera aux entreprises la possibilité de créer leur propre droit social. Le tout doit permettre aux entreprises d’embaucher à nouveau. Pour beaucoup il s’agit d’une illusion, pour ne pas dire plus, c’est-à-dire une simple opération politique, liquidant l’épisode électoral. Pour les médias sous le charme, on touche enfin à l’essentiel.

Qu’en penser ?

30 années de direction d’entreprise et plus d’une centaine d’entreprises conseillées permettent de pousser la réflexion un peu plus loin que les plans de communication médiatique habituels.

Une entreprise est un organisme vivant qui cherche en permanence des marchés et des capacités d’y intervenir de façon rentable.

Si on ne comprend pas cela, on passe à côté de l’essentiel.

Celle que j’ai créée a changé trois fois de métier principal en 25 ans. Lors de sa vente, les dossiers historiques du personnel comptaient plus de deux cents noms. Alors que nous n’avons jamais dépassé 20 ingénieurs. Nous n’avons pas cessé de recruter et de former des jeunes qui après un temps d’expérience partaient ailleurs. Les difficultés de recrutement de personnel capable et formé ont été le principal frein à notre expansion. Nous n’avons procédé qu’à un seul licenciement. Autant dire qu’aucune des dispositions de la loi travail n’aurait eu le moindre impact sur notre activité.

Bien sûr, les lois Auroux, puis les salades jospiniennes, ont eu un impact. Il a fallu se doter de casiers métalliques hideux pour les salariés (qui avaient tous leur bureau privatif) et qui n’ont jamais servi. Un règlement intérieur a dû être affiché sur un mur, que personne n’a jamais lu. Il spécifiait que quiconque dirait « c’est mieux ailleurs » ou « ce n’est pas mon boulot » pourrait être licencié pour faute grave ! On a même fait, une fois, une élection. Après on a constaté la carence et on a pensé à autre chose. La médecine du travail était affreusement coûteuse et ne servait à rien. Il aurait suffi de payer une consultation à leur médecin de ville à chaque salarié. Au lieu de cela, chaque salarié perdait une demi-journée de travail et il fallait payer 20 fois le prix de la consultation normale. Nous n’avons d’ailleurs jamais eu le moindre malade, l’effectif étant jeune (en moyenne 30 ans). En 25 ans nous n’avons eu qu’une fois une visite de l’inspection du travail qui est resté trois minutes environ. Et un seul contrôle de l'Urssaf qui a relevé un oubli microbique et sans conséquence. Inutile de préciser que nous n’avons jamais eu un seul salarié au SMIC.

On pourrait donc affirmer que toutes les lois sociales aberrantes imaginées par les socialistes et les hauts fonctionnaires n’ont eu aucune conséquence et prétendre tout aussi bien que les réformes dans ce domaine n'auront aucun effet sur l’emploi : c’est la disposition de salariés compétents qui fait le chiffre d’affaires accompagné par les moyens d’investir pour aller au grand large. Au moins pour les sociétés d’ingénieurs travaillant sur des créneaux porteurs.

Ce ne serait pas exact. Les lois et règlements ont été si loin dans le détail, et si forts, qu’elles ont fini par empêcher de travailler.

-        Les 35 heures sont une contrainte impossible, dans un contexte de sous-effectif permanent et de croissance de l’activité

-        Dans une entreprise où les interventions se font partout en France et beaucoup à l’étranger, il est impossible d’intégrer totalement les temps de transports à partir du domicile du salarié dans le temps de travail et de calculer les heures supplémentaires de façon classique.

Donnons un exemple : il faut installer un système dans un pays du Maghreb. La mission couvre quatre jours comprenant le samedi et le dimanche (ouvert dans les pays arabes). En appliquant strictement toutes les règles, il faut que le salarié prenne quasiment six jours de récupération. Impossible !

-        Le recrutement d’un mauvais fer qui se révèle une horreur après sa période d’essai est une véritable catastrophe. Il se met en arrêt maladie de longue durée et vous ne pouvez le remplacer. Tout finit par du chantage et des coûts délirants.

-        Si votre entreprise a des difficultés, tout est fait pour ruiner les actionnaires. Tout argent mis dans l’entreprise doit être considéré comme perdu.

Alors se sont développées des stratégies putrides qui se sont retournées contre les salariés. Licenciements pour faute bidon se finissant par des « arrangements » (sur le dos des contribuables) ; dépôts de bilan devenus mode de gestion ; multiplication des stages de très longue durée et des contrats précaires, faux collaborateurs indépendants, etc.

Si vous ne vendez pas votre boîte, au moment de partir à la retraite, vous êtes proprement ruinés par sa dissolution. Etc. Etc. Etc.

Le plus grave : vous ne pouvez pas capitaliser vos gains et vous manquez en permanence de ressources de développement. La fiscalité est totalement folle. Les impôts locaux ont triplé en trente-cinq ans. La taxe sur les bureaux, exemple type d’une mesure malthusienne, a plus que triplé également grâce à Delanoë et Hidalgo, les fossoyeurs et pourrisseurs de la Capitale.  Les coûts de location de bureaux se sont envolés (doublement dans les dix dernières années). Chaque année, une ligne de charges de plus est arrivée sur le bulletin de salaire. Au départ, c’était une bande de 5 cm de haut et 21 cm de large. À la fin, c’était un bulletin A4 sur une page et demie. Merci les négociations à l’échelon de la branche.

Il faut donc trouver des créneaux très rentables pour pouvoir embaucher. Qui sont rares. Si vous atteignez les seuils sociaux les contraintes de tout genre deviennent telles que vous rusez pour ne pas les subir. Vous finissez par cacher tout bénéfice et distribuer des avantages en nature faciles à dissimuler. En fait, faute d’hommes formés et de ressources, vous laissez passer des opportunités et cédez le champ à l’étranger.

Pour les PME, on voit bien ce qu’il faut faire. Admettre que le contrat de travail ne concerne que la relation dans l’entreprise (pas le contenu des vacances, pas les transports, et autres fariboles). Revenir à la liberté contractuelle dans les relations avec les salariés. Comme dans certains pays qui ont fait une vraie révolution, laisser le champ des relations salariales hors du champ législatif. Baisser les coûts de structures (immobiliers et taxes locales). Former un plus grand nombre de cadres et de techniciens compétents. Réduire les charges d’état et de sécurité sociale qui pèsent sur l’entreprise. Dépénaliser la fin de vie d’une entreprise ou d’une activité. Empêcher les dérives des salariés pourris qui tentent par tous les moyens d’exploiter le système et d’escroquer les employeurs et les organismes sociaux. Aligner le niveau de charge et d’impôt sur la moyenne européenne serait un plus, en sortant le plus possible de l’entreprise ce qui n’est pas de son ressort direct (maladie, etc.).

À l’heure actuelle, ce qui est le plus bloquant pour l’emploi est l’absence de personnel compétent, motivé et en nombre suffisant. S’ajoutent la paperasserie, la surfiscalité et l’absence de liberté contractuelle.

On voit que les esquisses que l’on connaît de la loi travail n’auront aucun effet pour les PME. On ne baisse aucune charge. L’énorme accroissement sélectif de la CSG, la moitié en une seule fois du coup de massue fiscal de Hollande, va casser une partie de la demande. Une hausse de la TVA aurait au moins permis de rétablir un peu de compétitivité extérieure et de financement par l’étranger de certaines de nos dépenses. Mais l’équipe Macron savait que la TVA était vue comme un impôt sur les pauvres et l’achat de vote aurait moins efficace qu’une hausse des impôts sur les retraités, couplés à une baisse des cotisations sur les salariés. Mais l’intérêt n’était qu’étroitement électoral.

La négociation dans l’entreprise de règles dérogatoires ne sera possible que dans des conditions très difficiles à réunir et elle ne portera pas sur l’essentiel. Le plafonnement des indemnités n’aura qu’un effet très restreint puisqu’on ne change aucune loi et que le licenciement est toujours une faute ouvrant droit à indemnisation.

L’effet sur l’emploi sera nul. Nos Énarques le savent et espèrent dans la reprise importée de la croissance. Comme Hollande. Le début de quinquennat est une réplique du précédent.

Ne parlons pas des grands groupes. On sait comment ils fonctionnent : comme des administrations. Sauf que lorsque la situation devient impossible, ils restructurent et se déploient autrement, ce que ne font jamais les entreprises nationales ni l’Administration. Les grandes entreprises avaient profité des 35 heures et des allégements de charges pour revenir sur bien des petits aménagements grignotés au fur et à mesure du temps par les syndicats. Et après la crise de 2001, elles ont restructuré, en cédant des parties entières, sous-traitées internationalement ou délocalisées.

Les arrangements prévus leur simplifieront la vie, leur permettront de licencier plus facilement et ne changeront rien de fondamental.

Pour les banques, où le Président a fait une rapide fortune et qui sont soumises à la Taxe sur les salaires, on baisse fortement cet impôt. Certains y verront un renvoi d’ascenseur. Tant mieux pour les bénéficiaires mais cela n’a effectivement aucun intérêt national, la réduction de l’effectif des banques étant inscrit dans le marbre des évolutions technologiques et des excès passés. On aurait pu choisir d’autres priorités.

Quant à la baisse d’impôts sur les bénéfices, envisagée pour un futur incertain, elle bénéficiera surtout aux investisseurs étrangers qui possèdent désormais plus de 50 % du capital des entreprises françaises et facilitera les stock-options. La belle affaire.

Rien de tout cela ne parait à la hauteur des enjeux.

Qu’attendre de plus d’un collège de hauts fonctionnaires, dont la majorité a fait carrière entre la fonction publique, la politique et les entreprises nationalisées ou pseudo-privées et vivant en symbiose avec l’État (cf. Philippe, Parly, Borne...) généralement en faisant une révérence au socialisme ?  À l’ENA, on n’oublie pas de se servir. Rappelons que la dernière directrice de l’école s’est vue attribuer 400 000 euros de prime de départ à la retraite, dans le silence de l’entre-soi. Pourquoi se gêner ? Servir l’intérêt général est plus difficile et exigeant.

Cette privilégiature publique politisée n’a strictement aucune idée des difficultés et des contraintes d’entreprises captives qu’ils ont toujours considérées comme des vaches à lait sans pouvoir de négociation et à merci.

Elle a pensé à gagner l’élection par des annonces et à récompenser quelques affidés. Cela ne fait pas une politique active de libération du dynamisme des PME françaises.

Pour le reste, que les entrepreneurs se débrouillent. Croire qu’ils vont, soudain, touchées par la grâce, se mettre à recruter comme des malades en criant « Hosanna je suis sauvé », est proprement méprisant pour l’intelligence des Français et injurieux pour les entrepreneurs.

Nous n’avons pas encore atteint le retournement de la phase de haute conjoncture de fin de cycle. Des recrutements peuvent continuer. Quelques apparences pourront être sauvées.

Pas plus tard que le retournement probable du climat international des affaires, dont quelques signes se font jour, notamment aux États-Unis. Alors on verra que rien de fondamental n’a changé et que la force économique du pays continue de partir à vau l’eau, cornaqué par des hauts-fonctionnaires politiquement surpuissants mais économiquement atrophiés, qui auraient mieux fait de rester dans le giron de l’Administration.

Alors qu’on sait parfaitement ce qu’il faut faire.

Le vrai problème de la France

Au moment où le nouveau pouvoir multiplie les initiatives et les prises de parole plus ou moins éloquentes ou grandiloquentes, comme on voudra, il est bon de rappeler la question fondamentale qui se pose au pays. Elle n’est pas très compliquée à énoncer : mettre fin à l’écrasement fiscal délirant qui accompagne les 6.6 millions de chômeurs, les dix millions de pauvres, les 5 à 6 millions d’emplois dépendant directement de la dépense publique, les 15 millions de retraités et la dette de 2.200.000.000.000 d’euros. Tout le reste est « du bruit de fond ». L’énarchie compassionnelle de droite et de gauche, depuis Giscard, a effondré le pays en le conduisant dans le sous-investissement permanent et la sous productivité généralisée. Les Énarques de droite et de gauche ont réduit dramatiquement  la capacité productive du pays.

Sortir de cette impasse ne peut se faire que par des mesures drastiques. Oui, il faut passer la retraite à 67 ans. Oui il faut réduire de près d’un million le nombre des emplois publics et rapidement, probablement après avoir réduit autoritairement de 10 % les rémunérations. Oui il faut revenir aux 40 heures pour tous. Oui il faut supprimer ou la région ou les départements. Non il ne faut pas créer un impôt européen. Non il ne faut plus subventionner les immenses pertes d’AREVA, d’EDF et de la SNCF. Oui il faut drastiquement réduire le champ de l’action publique. Oui il faut mettre fin à la gratuité du petit risque et supprimer le système de gestion soviétique des hôpitaux publics. Oui il faut mettre fin à l’encadrement soviétique de l’agriculture française. Oui il faut supprimer l'ISF, intégralement. Oui il faut mettre fin à l’exode fiscal. Oui il faut réorganiser profondément la haute fonction publique en réduisant drastiquement le nombre des statuts et en les alignant sur les règles du privé. Oui il faut édenter les syndicats mafieux et politisés. Oui il faut orienter la formation de masse vers des filières productives. Oui il faut encadrer les dépenses des collectivités locales. Non il ne faut pas réduire les aides familiales. Non, on ne doit pas accueillir toute la misère du monde. Oui il faut accueillir des travailleurs étrangers. Non, on ne doit pas conserver les organisations européennes dysfonctionnelles. Oui il faut réformer le système monétaire international.

Les Français, par leur vote, ont détruit le socialisme de gouvernement qui justifiait et alimentait en permanence les dépenses et sous productivités qui ont fini par faire sombrer le pays. Par crainte illusoire de l’arrivée des incapables du Front National, ils ont en partie éliminé la droite non énarchienne. Désormais la vie politique se résume à deux partis aboyeurs aux extrêmes, dirigés par des Zigomars et un marais indéfinissable et divisé qui s’est rendu à une coalition d'énarques astucieux et peu scrupuleux.

Les premières annonces sont dérisoires. La moralisation de la vie politique en supprimant les attachés parlementaires familiaux et en interdisant les cumuls entre postes électifs locaux et nationaux est une farce. La libération des énergies entrepreneuriales en modifiant de façon finalement très faible le droit du travail étouffant mis en place depuis 1974 en est une autre. Bien sûr dans les deux cas, certaines mesures « vont dans la bonne direction » mais si peu et si faiblement.

Le paradoxe des Français est d’avoir donné, lors des dernières élections présidentielles, le pouvoir à la caste de hauts fonctionnaires qui a ruiné le pays et qui l’a mis dans la situation cauchemardesque où il se trouve.

On demande à l’énarque Macron, et à son entourage d’énarques, à l’énarque Philippe, et à son entourage d’énarques, à l’énarque Lemaire, et son entourage d’énarques, de bien vouloir, s’il vous plaît, desserrer l’étreinte mortelle nouée autour du cou des Français par les énarques Giscard, Chirac, Juppé, Hollande, Rocard, Jospin, Aubry et leur nuage respectif de petits-maîtres énarchiens.

Pourquoi sommes-nous saisis par une forme de doute ? Macron serait-il une sorte de Gorbatchev à la française, prêt à trahir la nomenklatura publique ? L’abus du Château de Versailles laisse planer le doute.

Sa première mesure est d’augmenter de plus de 12 % l’impôt le plus lourd, la CSG, et qui a le moins d’effet sur la compétitivité française. Changera-t-on jamais les priorités d’un haut fonctionnaire ? Empêchera-t-on jamais une caste de hauts fonctionnaires de faire ce qu’elle est seulement capable de faire : étendre son pré carré, bunkériser ses avantages, ruiner les Français qui travaillent et créent de la richesse quitte à lâcher quelques concessions quand cela tangue trop fort ?

Alors que les Français baignent dans la douce euphorie d’une macromania postélectorale, il est certainement malséant d’avoir un doute.

Eh bien zut ! Nous avons un doute. Un gros doute.

Enarchie : le sinistre retour aux vieilles habitudes

Le Macron de première génération, révolté par les blocages du gouvernement socialiste auquel il participait, était intéressant. Sur de nombreux sujets, il rejoignait nos critiques incessantes. Perte de compétitivité liée aux 35 heures ; découragement de l’investissement par l’ISF ; excès de protection des salariés permettant aux plus malhonnêtes de ruiner les PME ; excès du nombre de fonctionnaires ; excès d’impôts ; excès de parlementaires ; excès de dépenses publiques ; surréglementations pénalisantes ; blocages de la loi Duflot ; etc.

Le second Macron, l’auteur du livre Révolution, commençait à l’être moins. Le livre était incantatoire, moralisateur, attrape tout, tenté par l’oxymore à chaque paragraphe et ne proposait plus rien de vraiment concret et d’important. On sentait une volonté de « dépasser le clivage gauche-droite pour que sautent les blocages qui nous nuisent tant et depuis si longtemps », mais rien de radical n’était dit sur les actions concrètes à mener.

Le troisième Macron, le candidat à programme, s’avérait un vil démagogue, pratiquant l’achat de vote sans vergogne (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/3/2/Que-penser-du-programme-Macron- …). Il s’agissait de dire à chacun ce qu’il voulait entendre et de laisser croire à tous que ce serait bon pour le pays. On ne supprimait plus l’ISF, on ne supprimait plus les 35 heures. On distribuait l’argent des uns aux autres en fonction de leur poids électoral présumé. Pas une aspérité. Sur tous les sujets qui fâchent, RSI défaillant, pérennité du CICE, heures supplémentaires défiscalisées, la réponse était toujours : oui, oui, oui. Et encore oui.

Monsieur OUI et sa Youpee attitude, ont gagné. De peu. Il s’en est fallu que du déplacement de 2.5 % des votes de droite.

Marquées par une abstention jamais vue (et porteuse de graves inquiétudes), les élections législatives ont vu ce léger ébranlement se traduire en un glissement gigantesque du terrain politique, sans aucun débat, sur aucun sujet, les retournements de veste suffisant à nourrir les gazettes. Avec l’adhésion de 12 % des inscrits, l’Énarque Macron, après avoir trahi son mentor énarque, est Président de la République et dispose d’une chambre jaune, mais sans mystère, pléthorique et malléable. Au nom de la morale on voit l’Assemblée Nationale présidée par un renégat, discutant avec un Premier Ministre énarque renégat, d’un budget présenté par un Ministre des Finances énarque renégat, alors que tout le pouvoir est concentré à l’Élysée qui est devenu, comme jamais, un terrain de jeu de l’Énarchie. « Il y a des Énarques partout », remarque un « visiteur du soir » à l’ancienne mode. Normal, puisque la victoire a été obtenue à la suite d’un pronunciamiento d’Énarques dévoyés.

Comme Giscard, un ex-jeune Énarque adepte du changement dans la continuité, le nouveau Président « fait de la communication ». Un peu de prestance comme Giscard et d’abus, comme Giscard, mais bien plus vite. On n’a pas encore les airs d’accordéon et l’invitation faite aux éboueurs, mais on sent que cela vient. On a déjà le président en sportif, sur les quais, façon Poutine, mais sans les pectoraux. Giscard avait invité son premier ministre à Brégançon avec son prof de tennis (qu’il omettait de payer tout en exigeant de lui fournir à chaque leçon des balles neuves). Macron s’invite à Versailles un jour avant le discours d’investiture du Premier Ministre dont la volte politique disgracieuse et opportuniste ne lui permet plus de se plaindre des couleuvres qu’on sera amené à lui faire avaler à répétition. Nemo auditur suam propram turpitudinem allegans.

On entend de façon subliminale ce beau discours à Édouard Philippe :

-        « Cause toujours mon lapin à ton troupeau de communiants, menés à l’Assemblée par mon copain disqualifié Ferrand, mutualiste tendance « poulettes et cupidité ». C’est moi, Macron, qui a désormais toutes les clés, tous les pouvoirs. Mesure ta chance : les retraites, dont on n’a jamais parlé pendant la campagne électorale sombrent dans le déficit ? Pas une remarque dans la presse. Le chômage qu’on disait maîtrisé, monte à 6 600 000, mesuré par les inscriptions à Pôle emploi. Un record historique : pas un mot négatif dans la presse. Les comptes publics étaient totalement dévoyés dans leur présentation, comme l’affirmait le candidat Fillon. Confirmation : 9 milliards de chutes la première année, 18 milliards la seconde. Pas la moindre réaction dans la presse. Ces idiots commentent ma photo photoshopée et pourrie de symboles de gamin. Et bientôt mon fanion présidentiel ou la dernière tenue de Brizitte. C’est ta chance. Laisse-moi faire et obéit ».

On retrouve la même technique employée par tous les démagogues depuis des lustres en France : les promesses n’engagent que ceux qui y croient et la belle excuse fonctionne toujours : « les circonstances me conduisent à différer car mes prédécesseurs m’ont laissé un terrain miné et moi je suis un type bien et responsable. Je ne vais pas faire n’importe quoi, je veux dire, appliquer mon programme ». Comme disait Edgar Faure : « Le contexte nuit aux textes cons ». Il aurait pu ajouter à la Audiard : « C’est comme cela qu’on les reconnaît ».

Alors qu’on se souvient des rodomontades des candidats aux deux primaires : l’important c’est de dire avant ce qu’on va faire et de tenir après. « Les vilains démagogues façon Hollande et Sarkozy qui ont fait le contraire de ce qu’ils ont promis, c’est fini ! », disait-on.

Voici donc le premier ministre brandissant un prétendu sens des responsabilités pour reporter en bloc tout ou presque du programme électoral du candidat Macron, sauf les mesures franchement démagogiques qui ne coûtent rien aux hauts fonctionnaires, comme « donner du pouvoir d’achat aux salariés avec l’argent des indépendants et des retraités » et qui aideront à faire passer la pilule.

On va donc faire voter des lois poudre aux yeux comme celle sur la moralisation de la vie publique, comme si la démagogie et le retournement de veste étaient des attitudes morales (tous les auteurs de coups d’État prétendent à la pureté retrouvée), et celle sur le droit du travail, dont on prétend qu’elle libérera l’emploi, alors qu’elle est totalement insignifiante et ne concerne que les grands groupes, qui de toute façon ont un régime fiscal dérogatoire et peuvent délocaliser à volonté (et bientôt pour moins cher).

Comme Hollande, comme Chirac, comme Giscard, comme tous les énarques, Macron cède aux « sociétalisme » qui valorisent l’image « moderniste » et réformatrice, et ne coûte en apparence rien à l’État. Toutes les revendications immigrationnistes, multiculturalistes, homosexuelles portées par des minorités agissantes reviennent au premier plan. Pour les revendications européistes, il va falloir la jouer fine. Le départ des britanniques et diverses dérives conduisent la Commission à réclamer un impôt européen massif (on parle de démarrer à 80-100 milliards avec un doublement en cinq ans). Le triomphe du « sympathique Macron » au dernier conseil européen n’a été perçu que par la presse française. Elle n’a pas voulu s’étendre sur son premier grand échec : sa demande de modification de la directive emploi détaché a été platement éconduite. Même triomphe que Hollande dans sa renégociation du traité Merkozy ! Le goût pour les normes coûteuses et excessives devait être maîtrisé. On maintient des interdictions qui vont au-delà des normes européennes (en important des produits qui ne les appliquent pas). On découvre, sans réagir, que 4.5 milliards d’euros, non financés, devront être dépensés par les collectivités locales pour se mettre aux normes de chauffage. Les fonctionnaires arbitrent la société pour le bien commun et coûte que coûte. Qu’on se le dise !

Tout continue comme avant. Impôts, dépenses, normes, contraintes, soumission à l’Europe, armes rendues devant les groupuscules : du Hollande 2012 pur jus.  

On ne fera aucune des réformes de fond qui auraient un véritable effet sur les causes des difficultés françaises et dont aucun aspect n’a été débattu depuis décembre 2016 pendant la campagne électorale.

Le Macron de l’été 2017 est le même que le conseiller de Hollande de l’été 2012, avec le même système : pour commencer, un coup de matraque fiscale ciblée (ici avec la CSG, augmentée de plus de 12 %), tout en faisant de la com’. Pour le reste on bloque tout, notamment les dépenses d’investissement, on pose, on jacte et on laisse la piétaille En Marche piétiner comme les soldats d’opérette qui chantent « en avant, c’est nous l’avenir » en restant sur place.

Le Français est né malin, comme chacun sait. Il jure mais un peu tard qu’on ne l’y reprendra plus ! C’est promis, la prochaine fois il votera pour le candidat le plus sérieux qui a un vrai programme de rupture et qui ne se laisse pas aller à la démagogie.

Si l’Énarchie le veut bien et si M. Mélenchon ne casse pas les urnes.

En attendant : Wet and sea.

Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

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